Psaumes

Psaume 44

La plainte devient ici collective. Les fidèles ont conscience de leur intégrité au travers de leur grande affliction; mais ils se rappellent les bontés de Dieu envers leurs pères, et cela leur donne confiance pour crier à Lui.

Nous avons là de façon frappante la prière d’un peuple martyr. S’ils souffrent de la part des hommes, c’est pour la justice, et non en raison de quelque iniquité ou de quelque tort qu’ils aient commis. Il en était ainsi de David poursuivi par Saül. Il en sera ainsi du résidu pieux d’Israël quand il sera opprimé par le pouvoir impudent et incrédule des derniers jours. Et il en fut ainsi, cela va sans dire, pour Jésus, le témoin parfait de la justice en face des œuvres du monde (Jean 7:7). Mais il devrait en être ainsi de nous tous, selon notre mesure: nous devrions refuser de nous joindre au train de ce présent siècle mauvais, et prendre la place de séparation que prit Jésus.

Il y a progrès dans l’expérience que fait ici l’âme du fidèle. Les deux psaumes précédents (42, 43) étaient plutôt le cri d’un pénitent, justement éloigné de la maison de Dieu, comme David aux jours d’Absalom; mais ici c’est le cri des martyrs.

Ce psaume montre de façon frappante que l’Écriture, dont l’application première ou prophétique concerne un peuple particulier, peut avoir une application morale ou générale; car le verset 1 montre clairement que ce psaume est l’expression des sentiments du résidu juif, mais Paul en applique un passage à tous les saints (Rom. 8:36, 22). Et il donne à connaître que, comme c’est l’office béni du Saint Esprit de maintenir l’âme dans la conscience de l’amour de Dieu (Rom. 5:5), rien ne pourra être aussi fort contre nous que ne l’est pour nous l’Esprit Saint qui entretient cet amour (Rom. 8:39).

Il y a cependant cette différence, entre le suppliant du psaume et l’apôtre dans l’épître: le psalmiste trouve un motif de confiance au travers de ses afflictions dans ce que les pères ont raconté des bontés de Dieu aux jours d’autrefois tandis que l’apôtre est plein de confiance parce que l’Esprit Saint le rend capable de considérer les conseils de Dieu, conseils d’amour et de gloire envers lui et envers tous ceux qui aiment Dieu — ceux qui sont appelés selon son propos. Ainsi il y a, peut-on remarquer, une différence dans les sentiments qu’ils éprouvent: chez le premier, c’est la crainte, née de la conscience que Dieu sonde le cœur; chez l’autre c’est l’amour, né de la conscience de Son amour inaltérable.