Psaumes

John Gifford Bellet

Introduction

Les Psaumes et la communion — L’exemple de Christ

Le Livre des Psaumes est un recueil de méditations, de prières et de louanges prononcées par diverses personnes en diverses circonstances, sous l’action du Saint Esprit. Ce titre de «Livre des Psaumes» lui est donné par une autorité inspirée (Actes 1:20).

Les Psaumes eux-mêmes sont ou commémoratifs, ou prophétiques, ou bien encore ils expriment les circonstances par lesquelles passe une âme. On y trouve aussi bien des confessions, des supplications, que des louanges. Le style en est doctrinal, historique aussi bien que prophétique. On y voit et on y entend le Seigneur Jésus, personnellement ou en esprit. Il en est quelques-uns auxquels on peut assigner une date et une place dans l’histoire du Seigneur: ils expriment ses sentiments dans une circonstance spéciale. Par exemple le Psaume 22. Mais il en est d’autres auxquels on ne peut attribuer un caractère aussi net; ce sont alors des méditations ou des expériences moins définies.

Et c’est bien ce qui se voit dans la communion des saints avec Dieu. Parfois cette communion résulte des circonstances que l’on traverse; d’autres fois elle suit le fil des pensées du croyant, amenées non pas par ce qui l’entoure présentement, mais par ce qu’il connaît de Dieu, de ses voies envers les hommes, ou de la manière dont Dieu s’occupe de son âme.

La vie du Seigneur Jésus a été une vie de communion constante et jamais interrompue. Son cœur était l’autel où le feu brûle continuellement (voir Lév. 6). Et ainsi, lors même qu’aucune circonstance particulière ne faisait ressortir sa communion avec Dieu, son âme était dans le sanctuaire; le feu était entretenu par sa propre vertu.

Il faut remarquer que notre Seigneur a été solitaire dans l’adoration. Il est dit de lui qu’il se levait avant le jour, et s’en allait dans un lieu désert pour prier, ceci pour nous faire clairement comprendre qu’il priait seul. C’est ainsi qu’on lit: «Il se retira pour prier»; «il passa toute la nuit à prier Dieu»; «il priait seul». On ne le voit pas une fois en prière avec les disciples, quoiqu’il approuvât leurs prières, leur enseignant à prier et les y encourageant.

Pourquoi donc en est-il ainsi? S’il leur apprenait à prier et les y exhortait, et s’il priait lui-même, pourquoi ne se joignait-il pas à eux dans la prière?

On peut répondre que ses prières avaient en elles un caractère qu’aucune autre ne pouvait avoir. Il fut exaucé «à cause de sa piété» (Héb. 5:7). Il n’avait besoin d’aucun médiateur, étant accepté à cause de ce qu’il était. Il ne se réclamait des mérites de personne, et n’avait pas besoin du propitiatoire avec le sang d’aspersion. Tel était le caractère de sa communion avec Dieu dans la prière; aucun autre adorateur ne pouvait s’y associer. Il a prié, pour ainsi dire, dans un temple érigé spécialement pour cet adorateur qu’était le Fils de Dieu. Il a offert la prière sur un autel qui n’a pas son pareil. Nul modèle ne s’en trouvait en haut de la montagne. Il était un adorateur et un serviteur d’un ordre particulier, tout comme il était un sacrificateur d’un ordre particulier. Il ne devait pas le service, mais il l’apprit. Il ne devait pas l’adoration, mais il la rendit. Il fut le serviteur volontaire (Ex. 21:5; Héb. 5:8) et l’adorateur personnellement accepté. C’est ainsi qu’il pria seul.

Mais je n’ai nullement l’intention de dire que tous les Psaumes peuvent être mis dans la bouche du Seigneur Jésus. Rien ne justifierait cette pensée. Le Psaume 1, par exemple, n’est pas directement son langage, mais bien la description que Dieu lui-même fait de l’homme béni et prospère. Je ne doute pas que Jésus soit, dans un sens complet et parfait, l’homme bienheureux décrit ici; mais le Psaume n’est pas prononcé par lui.

 

Origine et portée des Psaumes

On parle communément des Psaumes comme des Psaumes de David, et à juste titre, car si Moïse, Éthan, Asaph et d’autres en ont composé quelques-uns, c’est David qui a été le plus souvent employé pour les écrire. Et en outre David, qui fut, par l’Esprit Saint, le vrai «maître de la lyre hébraïque», a fait des expériences plus riches et plus variées que n’importe lequel des saints de jadis. Il a connu toutes les souffrances pour la justice et toutes celles qui sont la conséquence du péché, les épreuves d’un martyr et aussi celles d’un pénitent. Il a connu aussi tous les degrés tant de l’humiliation que des honneurs. Sa vie, pleine de vicissitudes, a donné à l’Esprit nombre d’occasions d’exercer son âme. De tout cela pouvait bien sortir un livre comme celui des Psaumes.

2 Samuel 22 et 1 Chroniques 16 sont des exemples de la manière dont beaucoup de psaumes ont pris naissance. Ils contiennent des extraits de plusieurs psaumes. Et nous apprenons ainsi que les conditions dans lesquelles se sont trouvés David et d’autres saints hommes de Dieu, leurs circonstances et leurs actes, sont devenus autant d’occasions pour le Saint Esprit d’exprimer ou de révéler par leur moyen ce qui convenait à la circonstance, tout en allant bien au-delà. David délivré de Saül, l’arche amenée dans la tente préparée pour elle, sont des événements dont l’Esprit fait usage. Mais selon le champ et l’étendue de l’inspiration (car Il connaît la fin d’une chose depuis le commencement), l’Esprit embrasse des scènes plus grandes et encore lointaines. Le cantique d’Anne peut être considéré comme un psaume de cette sorte. Le fait qu’elle allait devenir mère donne au Saint Esprit l’occasion de l’employer comme son instrument, et il lui inspire des expressions qui, tout en célébrant son bonheur personnel, anticipent les intérêts et les joies du royaume de Dieu dans d’autres dispensations (1 Samuel 2).

C’est de là que beaucoup de psaumes tirent leur origine; c’est, si j’ose dire, l’histoire de leur naissance, chacun en son lieu et en son temps. David est spécialement employé par l’Esprit à cet effet. Et à la fin de sa vie mémorable, si merveilleusement caractérisée par la puissance de Dieu et par l’Esprit de Dieu, il dit de lui-même et de ses cantiques: «David, le fils d’Isaï, a dit, et l’homme haut placé, l’oint du Dieu de Jacob, et le doux psalmiste d’Israël, a dit: l’Esprit de l’Éternel a parlé en moi, et sa parole a été sur ma langue» (2 Samuel 23:1-2). C’est ainsi qu’il a été employé; il était le chantre, mais le Saint Esprit a composé la musique. Les cantiques de David étaient les «cantiques de l’Éternel», et par eux il a prophétisé, dirigé par l’Esprit. Sa langue a été le style d’un écrivain habile. Le Seigneur «disait en David» (Héb. 4:7).

 

Importance morale des aspects prophétiques des Psaumes

Il y a une grande importance morale à apprendre les vérités prophétiques par les Psaumes; elles ne sont pas traitées là comme pure doctrine, mais elles sont éprouvées dans les divers exercices de l’âme. Ainsi Paul nous enseigne qu’un «aveuglement partiel est arrivé à Israël», ou que «les branches ont été coupées». C’est une vérité doctrinale qu’il nous faut comprendre et croire. Mais on trouve la même vérité dans les Psaumes (voir le Ps. 65), par exemple dans les mots: «Les iniquités ont prévalu sur moi». Il ne s’agit pas ici d’une doctrine telle qu’elle peut être développée dans le style didactique des épîtres, mais de l’expression de ce qui brisait le cœur d’un pauvre Juif, lorsqu’il y pensait. De même «tout Israël sera sauvé» est un autre enseignement de l’apôtre Paul. Mais nous le retrouvons dans le même psaume 65 sous cette forme: «Nos transgressions, toi tu les pardonneras» (v. 3), non pas comme une simple déclaration, mais comme une heureuse anticipation dans le cœur de ce même Israélite affligé.

Il y a donc un profit moral à apprendre ces vérités par le moyen des Psaumes. Car nous avons tendance à saisir la vérité par l’intelligence, comme un objet ou une proposition, et à en parler de même. Mais dans les Psaumes la vérité est présentée en même temps que les exercices de l’âme. Les Psaumes sont, si j’ose m’exprimer ainsi, le cœur du divin volume. Ils se trouvent placés au centre du corps, là où l’on sent battre les artères, l’endroit d’où le sang sort et où il retourne, autrement dit où les affections du nouvel homme ont leur siège et leur exercice. Il est bon de se trouver là quelquefois: on y apprend à se servir des autres portions de la Parole.

Je n’ai pas besoin de dire que quelques-uns des psaumes sont des dialogues; certains introduisent même plus de deux interlocuteurs; d’autres apparaissent comme des méditations solitaires.

Certains aussi se trouvent être la suite logique les uns des autres, tels les chapitres d’un livre; alors que d’autres doivent être lus isolément, sans relation avec les psaumes voisins.

Mais pour discerner ces choses, le sens spirituel doit être exercé (Héb. 5:14). La pensée de Dieu ne peut être connue, profitablement et saintement, que par l’Esprit de Dieu. Cependant, tant que nous sommes dans ce monde, il ne peut être question, pour chacun de nous, que de «connaître en partie» (1 Cor. 13:9).

Les esquisses suivantes n’ont d’autre propos que d’aider quelque peu à saisir la pensée de l’Esprit dans ces passages précieux, soit quant à leur portée prophétique, soit quant à leur portée morale, ou les deux à la fois. Car l’âme réalise très bien qu’elle ne boit que quelques gorgées de ces eaux vives et rafraîchissantes. Mais ce que nous pouvons bien désirer et rechercher avant tout, c’est que nous les communiquions sans les polluer ni les troubler, pour la bénédiction d’autres brebis du troupeau de Dieu. Qu’il en soit ainsi, Sauveur adorable!

 

Le Résidu d’Israël: ce qu’il est et ce qu’il sera

Le mot de «résidu» se retrouvera maintes fois dans ces méditations. Je ferai simplement remarquer que ce mot est employé par les prophètes et les apôtres, et que les fidèles qu’il désigne sont souvent dans pensée de ceux-ci, alors même que le mot n’est pas utilisé. Ce mot se rapporte d’une manière générale au vrai Israël des derniers jours, ce troupeau fidèle qui, dans le temps de la complète apostasie de la nation, sera attaché au Seigneur, à la vérité et aux promesses de son alliance. En raison de cela, au moment où les jugements divins tomberont sur le peuple à cause de la transgression parvenue à son comble, il sera préservé comme Noé, pour la terre, et deviendra enfin la semence et le centre de la nation qui, acceptée et bénie, rendra culte aux jours du royaume.

Voyez ce mot: «résidu», ou «reste», ou «réchappés» dans: Ésaïe 1:9; 10:21-22; 11:11; Éz. 14:22, Joël 2:32; Amos 5:15; Michée 2:12; 4:7; Sophonie 3:12-13; Zach. 8:12; Rom. 9:27; 11:5 et autres passages.

On trouve des types ou des échantillons de ce résidu à chaque époque de l’histoire de la nation. Les prophètes en parlent souvent, et le décrivent dans ses épreuves, dans sa repentance, dans sa foi et son obéissance, discipliné sous l’action de l’Esprit et sous la main de Dieu, dans ses larmes, ses expériences et ses délivrances. Les Psaumes ont beaucoup de rapports avec tout cela. (Voyez, entre autres: Ésaïe 6:13; 25-27; 33:15; 50:10; 59:9-15; 65:8-9; 66:2-5; Jérémie 31; Ézéchiel 6:8; 7:16; Osée 2:14; Joël 2:28; Zach. 12, 13: Mal. 3:16.

Je suis toujours plus disposé à interpréter d’une manière générale les Psaumes comme les paroles du résidu l’Israël des derniers jours, sous la conduite de l’Esprit de Dieu, plutôt que comme l’expression du cœur du Seigneur Jésus, dans les jours de sa chair sur la terre. Mais n’était-il pas lui-même, pour ainsi dire, le résidu, le représentant de l’Israël de Dieu dans ce temps-là?