Philippiens

Chapitre 3

V. 1

Paul et les Philippiens se réjouissaient donc au sujet d’Épaphrodite; mais en abordant le chapitre 3, nous découvrons où se trouve pour le chrétien la source de joie la plus vraie et la plus durable. Dieu peut nous donner de faire l’expérience de Sa miséricorde, et réjouir nos cœurs, et Il le fait souvent, mais d’un autre côté Il doit souvent nous faire passer par la vallée des larmes. Or même s’il est permis aux circonstances de nous être contraires, et que la maladie ait une issue fatale, le Seigneur Lui-même demeure le même. Notre joie est vraiment en Lui. «Réjouissez-vous dans le Seigneur» est le grand message adressé à chacun de nous. En écrivant cela, l’apôtre se répétait, mais ce message heureux n’était pas ennuyeux pour lui, et il était la sécurité pour eux. Aucun serviteur de Dieu n’a à craindre de se répéter, car nous n’assimilons les choses que lentement. La répétition est un processus de sûreté dans les choses de Dieu.

 

V. 2

C’est «dans le Seigneur» que doit être notre joie. Il y a ceux qui voudraient nous détourner de Lui, comme l’indique le verset 2. En parlant de «chiens», l’apôtre fait probablement allusion aux hommes de très mauvaise vie, comme les gens des nations impurs. «Mauvais ouvriers» se rapporte à ceux qui, tout en professant être chrétiens, introduisaient le mal. La «concision» se rapporte aux judaïsants, en contraste avec ceux qui sont la vraie «circoncision» dont parle le verset 3. Le mot traduit par «concision» signifie simplement «coupure», en contraste avec la séparation complète qu’est la mort, figurée par la circoncision. Les judaïsants croyaient qu’il fallait couper les vilaines excroissances de la chair, mais ils ne voulaient pas qu’on introduise la mort par «la circoncision du Christ» (Col. 2:11), ce qui est la vérité du christianisme. L’objectif des judaïsants était «de se glorifier dans votre chair» (Gal. 6:13). Comme les hommes ne peuvent pas vraiment fanfaronner dans les manifestations les plus grossières de la chair, ils cherchent à ôter celles-ci pour favoriser des manifestations plus aimables et plus esthétiques dans lesquelles ils peuvent fanfaronner. Mais cela reste la vanterie de la chair.

 

V. 3

Le verset 3 parle, par contraste, de ce que sont les croyants, vus selon les pensées de Dieu à leur égard. Nous sommes la vraie circoncision spirituelle, nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui n’avons pas confiance en la chair. Nous acceptons la sentence de condamnation de Dieu sur la chair, et trouvons notre tout en Christ. C’est alors que, dans l’énergie d’un Esprit non contristé, nous sommes remplis d’adoration envers Dieu.

Or d’habitude nous passons beaucoup de temps à apprendre à ne pas faire confiance à la chair, à faire passer un «vote de défiance» à son égard. Que d’expériences par lesquelles il nous faut souvent passer! Ce genre d’expériences auxquelles nous faisons référence est détaillé en Romains 7, mais c’est une leçon qui ne peut pas être apprise simplement en théorie; il faut l’apprendre expérimentalement. Il n’est pas besoin de beaucoup de temps pour apprendre cette leçon, mais en fait il arrive souvent qu’il nous en faille beaucoup.

 

V. 4-7

Le cas de Paul, auquel se réfèrent les versets 4 à 7, montre que la leçon peut être apprise très profondément en très peu de temps. Si jamais un homme fût exemplaire selon la chair, c’était bien lui. De nos jours on parle de gens qui meurent «fortifiés par tous les rites de l’église»; mais on peut dire de Paul qu’il avait vécu des années en étant fortifié par tous les rites et ordonnances et privilèges et justices du judaïsme. Si jamais il y eut une chair éduquée et religieuse à laquelle on aurait dû faire confiance, c’était bien celle de Saul de Tarse. Il était rempli de religion, et rempli de l’orgueil généré par sa croyance que tout cela était un si grand gain pour lui.

Mais tout fut renversé dans cette fantastique révélation sur le chemin de Damas. Il découvrit qu’il avait scandaleusement tort. Il découvrit que ses privilèges imaginaires étaient des désavantages; que sa chair religieuse était une chair rebelle. Tout ce sur quoi il avait compté, tout ce en quoi il s’était confié, et tout ce dont il s’était glorifié, tout s’écroula avec fracas. Christ dans Sa gloire s’était révélé à lui. Tout ce qu’il avait estimé être un gain pour lui, il l’estimait désormais comme une perte à cause du Christ. Sa confiance en la chair était disparue pour toujours. Dès la fin des trois jours où il avait été aveugle, il commença à se glorifier dans le Christ Jésus. En l’espace de trois jours, il avait appris sa grande leçon.

 

V. 7-11

Et cette grande leçon était apprise solidement et pour toujours. Le verset 7 parle de la conclusion à laquelle il est arrivé sur le chemin de Damas: «je les ai regardées» (le verbe est au passé). Le verset 8 nous amène au jour où il écrivait cette épître dans une prison de Rome: «et je regarde même aussi» (le verbe est au présent). Le point atteint lors de sa conversion est confirmé et même accentué, environ trente ans plus tard. C’est seulement maintenant qu’il peut dire ce que, dans la nature des choses, il ne pouvait pas dire lors de sa conversion. Pendant trente ans, il avait grandi dans la connaissance de Christ, et l’excellence de cette connaissance le gouvernait. Comparées à cela, toutes choses n’étaient qu’une perte, et la profondeur et l’ardeur de sa dévotion sont exprimée dans ces mots ardents: «le Christ Jésus, MON SEIGNEUR».

Regarder toutes choses comme une perte n’était pas une simple manière de penser, car il ajoute: «à cause duquel j’ai fait la perte de toutes». C’est une chose de regarder toutes choses comme une perte, c’en est une autre d’en souffrir effectivement la perte. L’apôtre avait fait l’expérience des deux. Il ne fut pas perturbé outre mesure quand il perdit tout, car il avait déjà tout estimé comme une perte. De plus, en Christ il avait un gain infini, en comparaison de quoi tout le reste n’était qu’ordures.

Ce n’était pas qu’il espérait «gagner Christ» en échange de l’abandon de tout, à la manière de ceux qui abandonnent tous leurs biens et se retirent dans un couvent ou un monastère dans l’espoir d’assurer le salut de leur âme. C’était plutôt qu’ayant trouvé en Christ une valeur surpassant tellement tout, une telle excellence dans la connaissance du Christ Jésus, il était préparé à subir la perte de tout afin d’avoir Christ comme son gain. C’était une forme remarquable de compte de pertes et profits, duquel Paul sortait infiniment gagnant.

Tout le gain de Paul pouvait se résumer en un seul mot: CHRIST. Mais, bien sûr, tout ceci était basé sur le fait d’être «en Christ» et de se tenir devant Dieu dans cette justice qui est par la foi en Lui. En dehors de cela, il n’est pas possible d’avoir Christ comme son gain, ni d’être prêt à souffrir des pertes dans ce monde.

Au verset 9 il y a un contraste frappant entre «ma justice» et «la justice qui est de Dieu». La première, s’il était possible de l’atteindre, serait «de la loi»; elle serait quelque chose de purement humain, et selon la norme définie par la loi. La seconde est la justice dans laquelle nous sommes comme fruit de l’évangile. Elle est «de Dieu», c’est-à-dire divine, en contraste avec la première qui est humaine. Et elle est «par la foi en Christ», c’est-à-dire disponible pour nous sur la base de Son intervention et de Son œuvre telles que l’évangile les présente à la foi; et elle est «moyennant la foi», c’est-à-dire que nous la recevons sur le principe de la foi, et non pas sur le principe d’œuvres de loi.

Avons-nous tous saisi cela? Nous réjouissons-nous d’être dans une justice entièrement divine dans son origine? Comprenons-nous que toutes les choses de la chair dans lesquelles nous pourrions nous glorifier sont autant de pertes, et que tout notre gain est en Christ?

Ce sont des questions importantes, auxquelles chacun de nous doit répondre.

Nous pouvons entrer beaucoup plus en profondeur dans le caractère d’un homme si nous connaissons ses véritables désirs et aspirations. Notre passage nous fait justement pénétrer le caractère de l’apôtre Paul. Ses désirs semblent se ranger sous trois chefs qu’on trouve tous dans la longue phrase allant de la fin du verset 7 à la fin du verset 11.

En premier lieu, il désirait gagner Christ. En deuxième, il désirait être trouvé en Christ, dans une justice entièrement divine. Troisièmement, il désirait connaître Christ et, découlant de cela, connaître une identification avec Christ, dans Sa résurrection, dans Ses souffrances et dans Sa mort. Nous réalisons tout de suite que cette troisième aspiration va très loin. Nous pouvons avoir vraiment Christ pour notre gain et notre justice, et être cependant très pauvres et superficiels dans notre connaissance de Christ. «Pour Le connaître, LUI» semble avoir été le désir suprême de Paul.

Paul ne Le connaissait-il pourtant pas? Certainement, il Le connaissait, et en effet tout croyant Le connaît aussi. Mais Paul Le connaissait en fait dans une mesure bien plus grande que la plupart des croyants. Cependant, il y a un tel infini en Christ, de telles profondeurs à connaître, que nous voyons ici l’apôtre brûlant d’en connaître toujours plus. N’avons-nous pas au moins un peu de l’esprit de l’apôtre? Soupirons-nous de mieux connaître notre Sauveur, non pas simplement de connaître quelque chose à Son sujet, mais de Le connaître Lui-même dans l’intimité de Son amour?

Notre connaissance de Christ se fait par le Saint Esprit, et d’abord par les Écritures. Si nous avions été sur terre aux jours de Sa chair, nous L’aurions connu pour peu de temps «selon la chair». Mais même ainsi, nous aurions dû dire: «toutefois maintenant nous ne Le connaissons plus ainsi» (2 Cor. 5:16). Quand Ses disciples ont passé ces courtes années en Sa compagnie, ils ont fait une expérience des plus merveilleuses, mais ils n’avaient pas encore reçu le Saint Esprit, et ne pouvaient donc alors n’en comprendre que très peu. Ce n’est qu’après avoir perdu Sa présence parmi eux, et gagné celle du Saint Esprit, qu’ils connurent vraiment le sens de tout ce qu’ils avaient vu et entendu. Tout ce que nous connaissons de Christ objectivement nous est présenté dans les Écritures, mais le Saint Esprit qui demeure en nous, nous le fait vivre dans nos cœurs subjectivement.

Si la connaissance du vrai Christ vivant, présenté ainsi objectivement, pénètre nos cœurs subjectivement par le Saint Esprit, cela conduit à une troisième chose: Le connaître, Lui, par expérience et dans la pratique. C’est ce à quoi Paul fait allusion à la fin du verset 10. L’ordre des mots est significatif. L’ordre historique, dans le cas de notre Seigneur, était: les souffrances, la mort et la résurrection. Ici, la résurrection vient en premier. Ni Paul ni aucun d’entre nous ne peut envisager les souffrances et la mort sans avoir été fortifié par la connaissance de la puissance de Sa résurrection. Sa résurrection est le modèle et la garantie de la nôtre. En effet notre résurrection dépend entièrement de la Sienne.

Tandis que l’apôtre comprenait dans son esprit la puissance de la résurrection de Christ, il regardait «la communion de Ses souffrances» comme quelque chose de réellement désirable. Il désirait même être «rendu conforme à Sa mort»! Jusqu’à ce que le Seigneur vienne, nous ne pouvons connaître la puissance de Sa résurrection que d’une manière intérieure et spirituelle, mais la communion de Ses souffrances et la conformité à Sa mort sont de nature très pratique. Paul voulait goûter les souffrances pour la cause de Christ et selon le modèle de Christ — des souffrances du même ordre que celles endurées par Christ Lui-même de la main des hommes. Il voulait même mourir en témoin de la vérité, voyant que Christ était mort de cette manière. C’était là tout ce qu’il désirait effectivement.

Prenons chacun un moment de tranquillité pour nous interroger dans nos cœurs. Désirons-nous ces choses? Nous craignons que poser la question ne soit déjà y répondre. Il se peut que quelques-uns d’entre nous disent: «Je crois que, par la grâce de Dieu, je pourrais faire face à ces choses si j’étais appelé à le faire. Mais les désirer? Eh bien, non». Le fait que Paul les désirait est un témoignage éloquent du degré tout à fait exceptionnel auquel Christ avait personnellement captivé son cœur, et auquel la puissance de Sa résurrection l’avait rempli d’un saint enthousiasme. Il était semblable à un athlète bien entraîné courant une course d’obstacles et plein d’un grand enthousiasme pour atteindre le but. Les versets précédents nous ont dit comment il avait rejeté de soi-disant avantages comme autant d’obstacles à sa course. Ces derniers versets nous disent qu’aucun obstacle ne le retiendrait, qu’il parcourrait son chemin à travers les fils de fer barbelés des souffrances, et qu’il plongerait dans le courant de la mort si c’était la manière d’atteindre le but.

Or c’est justement la force du verset 11: «Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts». Il y arriverait de toute manière, peu importe par quels obstacles, même par les souffrances et le martyre. Il ne s’agit pas ici simplement de la résurrection, mais de la résurrection d’entre les morts, c’est-à-dire la première résurrection, dont Christ est les prémices. C’est dans l’attente de cette résurrection que nous avons à connaître la puissance de Sa résurrection d’entre les morts, et ainsi marcher ici-bas comme ceux qui sont ressuscités avec Christ.

 

V. 12-14

Les versets 12 à 14 nous montrent que l’apôtre avait présent à l’esprit la pensée d’une course quand il écrivait ces mots. Il ne voulait pas qu’on pense qu’il avait déjà reçu le prix, ou qu’il était arrivé à la perfection. Il était plutôt en train d’encore chercher à l’atteindre. Le Christ s’était saisi de lui, mais lui n’avait pas encore saisi le prix. Il cherchait encore ardemment à le saisir, tendant avec effort comme un athlète avide du «prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus».

Le mot traduit par «céleste» signifie «en haut». Le même mot est utilisé en Colossiens 3:1 où il nous est commandé de «chercher les choses qui sont en haut». Le prix de l’appel vers les choses d’en haut est sûrement cette pleine et parfaite connaissance de Christ Lui-même, qui sera possible pour nous quand, à Sa venue, nos corps seront changés en la conformité de Son corps de gloire.

Paul avait soif de Le connaître plus profondément, comme nous l’avons vu, alors qu’il courait encore la course dont le prix final était une pleine connaissance de Christ. Son désir était si intense qu’il faisait de lui l’homme d’une seule chose. Il était marqué par l’intensité et la concentration sur son but, ne souffrant pas que quoi que ce soit l’en détourne. Cela explique bien sûr en bonne partie l’étonnante puissance et fécondité de sa vie et de son ministère. La faiblesse et la stérilité qui marquent si souvent notre vie et notre ministère sont à attribuer très largement à des caractères exactement opposés: le manque de résolution et de concentration. Le temps et l’énergie sont dissipés en mille et une choses sans grande valeur ou importance, au lieu que nous ne soyons dirigés que par une seule chose. N’en est-il pas ainsi? Alors recherchons la miséricorde de la part du Seigneur pour que, dans une mesure croissante, nous puissions dire: «Je fais Une chose».

 

V. 15-16

C’est là la substance du verset 15. Paul se réjouissait de savoir qu’on pouvait parler d’autres frères que lui comme étant parfaits, ou adultes en Christ: Ils auraient le même sentiment que lui à ce sujet. D’autres n’avaient guère fait les mêmes progrès spirituels, et pouvait donc voir les choses quelque peu différemment. Ceux-ci sont exhortés à marcher dans le même chemin dans les choses auxquelles ils étaient parvenus, avec l’assurance que Dieu les conduirait jusqu’à ce qu’ils voient les choses juste comme elles avaient été révélées à l’apôtre.

Nous devons prendre très à cœur ces deux versets, car ils illustrent la manière dont les croyants plus spirituels et plus avancés doivent se conduire avec ceux qui sont moins avancés. Notre tendance naturelle est de regarder de haut ceux qui sont moins avancés que nous, de les mépriser ou même de les attaquer pour leur manque de conformité à ce qui nous semble juste. Cette tendance est surtout prononcée quand l’avance, dont nous nous glorifions, est plutôt une question d’intelligence que de vraie spiritualité.

 

V. 17-19

Les versets 15 et 16 révèlent alors l’esprit de vrai pasteur chez Paul, et au verset 17 nous trouvons qu’il peut donner en exemple sa propre vie et son propre caractère. On se souvient des paroles d’un poète décrivant le pasteur comme celui qui «attire vers des mondes plus brillants, et qui ouvre la voie». Aux versets 15 et 16, Paul attire ses frères plus faibles vers des mondes plus brillants. Au verset 17 nous le voyons les guider sur le chemin. L’exemple est majeur, comme nous le savons. Paul pouvait dire aux Philippiens comme il le fit aux Éphésiens à la fin de son ministère, qu’il avait prêché [ou (en anglais): «montré»] et enseigné (Actes 20:20). Il y avait chez lui la pratique autant que la doctrine.

Pour cette raison il pouvait demander à ‘ses’ convertis d’être ses «imitateurs». Il devait être un exemple, c’est-à-dire un type ou un modèle pour eux.

C’était d’autant plus nécessaire, même dans ces temps du commencement, que beaucoup marchaient d’une manière qui reniait ce qui est propre au christianisme, tout en prétendant bien sûr faire encore partie de la sphère de la profession chrétienne. Ceux qui sont placés ici devant nous ne sont pas des croyants immatures comme au verset 15, ni des croyants animés d’un esprit tout à fait pervers comme au verset 15 du chapitre 1, mais des adversaires dont la fin est la destruction. Ils sont démasqués en termes très énergiques.

Ne manquons pas de remarquer l’esprit qui caractérisait l’apôtre en les dénonçant. Il n’y avait rien de mesquin ni de vindicatif chez lui, mais plutôt un esprit de douleur compatissante. Il pleurait même en écrivant cette dénonciation. Du reste, il était si zélé dans son souci pour les Philippiens qu’il les avait souvent avertis auparavant au sujet de ces gens.

Son exposé s’articule en cinq points:

  1. Ils sont ennemis de la croix de Christ. Peut-être pas de Sa mort, mais de Sa croix — de cette croix qui, devant Dieu, a mis la sentence de mort sur l’homme, sur sa sagesse et sur sa gloire.
  2. Leur fin est la destruction. Cela suffisait à faire pleurer Paul en pensant à eux.
  3. Leur Dieu est leur ventre; c’est-à-dire qu’ils étaient gouvernés par leurs convoitises et leurs désirs, — désirs de nature souvent grossière, pensons-nous, mais pas toujours. Cependant, quelle qu’en soit la forme, le moi était toujours leur dieu.
  4. Ils se glorifiaient dans ce qui était leur honte. Ils n’avaient aucune sensibilité spirituelle. Tout dans leur esprit était à l’envers. Pour eux la lumière était ténèbres, et les ténèbres, lumière: leur gloire était une honte, et la honte était une gloire.
  5. Leurs esprits étaient fixés sur les choses terrestres. La terre était la sphère de leurs pensées, et leur religion. Ils maintenaient la tradition de ceux dont le psalmiste parlait, disant: «Ils fixent leurs yeux, se baissant jusqu’à terre» (Ps. 17:11).

Cette tradition se poursuit encore avec énergie. La génération de ceux qui ont leurs pensées aux choses terrestres est encore florissante. Elle s’est même multipliée de manière étonnante dans la chrétienté. Les incrédules qui occupent tellement de chaires censées être chrétiennes, et qui contrôlent l’avenir de tellement de dénominations — ce sont eux qui peuvent incontestablement se réclamer de cette succession non-apostolique. Ils ne veulent pas de la croix de Christ qui verse le mépris sur l’orgueil et les capacités de l’homme. L’homme, c’est-à-dire le moi, voilà leur dieu. Ils se glorifient par exemple dans le fait de descendre de créatures bestiales, ce qui serait à leur honte si c’était vrai. La terre est tout leur horizon. Ils ridiculisent comme étant des extra-terrestres les croyants à la vieille mode, selon le type du Nouveau Testament. Eux-mêmes sont entièrement pour ce monde.

 

V. 20-21

Or «notre bourgeoisie est dans les cieux». Voilà vraiment notre domaine de vie, notre citoyenneté. Nos associations vitales sont là, non pas ici-bas comme les ennemis de la croix voudraient l’enseigner. Le ciel est notre patrie, et c’est bien vers les cieux que nous allons. Mais avant d’y arriver, nos corps ont besoin d’un grand changement, qui aura lieu à la venue du Seigneur. Nos corps d’humiliation vont être transformés en la ressemblance du corps de Sa gloire, et l’opération de Son pouvoir puissant est nécessaire pour accomplir cette transformation.

Notre attitude est donc une attitude d’attente du Sauveur, qui va venir des cieux, auxquels nous appartenons. Il vient comme Celui qui exerce un pouvoir Lui permettant finalement de s’assujettir toutes choses. N’est-ce pas une pensée touchante que le tout premier exercice de ce pouvoir sera de s’assujettir les pauvres corps de Ses saints, vivants ou morts, en les rendant conformes à Lui-même? Puis, étant faits à Sa ressemblance, nous entrerons dans tout ce qu’implique notre citoyenneté céleste.

Ainsi, nous attendons le Sauveur. Gardons les yeux de notre cœur dirigés vers les cieux, car le prochain mouvement d’importance décisive viendra des cieux.