Philippiens

Chapitre 2

V. 1-2

Le premier verset du chapitre 2 parait être une allusion à l’aide matérielle transmise par les Philippiens à Paul par l’intermédiaire d’Épaphrodite. Ces dons avaient été pour Paul une expression très rafraîchissante de l’amour et de la compassion qui les caractérisaient, et de la vraie communion de l’Esprit qui existait entre lui et eux. Son cœur en avait été rempli de consolation et de réconfort au milieu de ses afflictions. Tout en reconnaissant cependant l’application directe de ce verset 1, ne passons pas à côté de sa portée plus générale. Christ est la source des consolations; l’amour est ce qui produit le réconfort; l’Esprit de Dieu, possédé en commun par tous les croyants, est la source de la communion. Ces faits demeurent à travers tous les âges, et valent pour nous tous.

Ces choses étant des faits, l’apôtre s’en sert comme une sorte de levier pour son exhortation. Le «si» répété quatre fois au verset 1, a en réalité la force de «puisque». Puisqu’il en est ainsi, il les prie de rendre sa joie accomplie en ayant une même pensée et en se débarrassant des derniers vestiges de dissensions.

L’expérience montre, à notre avis, que les dissensions sont une œuvre de la chair parmi les dernières à disparaître, et notre passage montre combien grand était le désir de l’apôtre qu’elles disparaissent du milieu des Philippiens. Remarquez la variété des expressions utilisées pour exprimer son désir qu’il en soit ainsi.

Tout d’abord, ils devaient avoir «une même pensée». C’est évidemment merveilleux quand tous les croyants ont une même pensée, mais il faut aussi considérer l’esprit qui est derrière leurs pensées. S’il n’est pas bon, penser la même chose ne sera pas une garantie contre les dissensions. C’est pourquoi il ajoute: «ayant un même amour». Seul l’amour peut produire ce dont il parle ensuite: être «d’un même sentiment», ou plus littéralement «d’une même âme», ce qui, à son tour, conduit à penser tous une même chose.

Au chapitre 3 nous entendrons Paul dire: «je fais Une chose». Il était l’homme d’un seul objet, poursuivant une seule chose, au lieu de dissiper son énergie à poursuivre plusieurs choses. Ici il exhorte les autres à penser tous une seule chose. Seul un homme dont l’esprit est focalisé sur une seule chose de toute importance, est susceptible d’être caractérisé par la poursuite de cet objet unique. Il n’est pas difficile de voir que, si nous pensons à cette seule chose, sous le contrôle du même amour, il ne restera plus guère de place pour les dissensions.

 

V. 3-4

Mais même avec tout cela, l’apôtre a encore quelque chose à rajouter sur ce sujet. Le verset 2 apporte en effet des éléments très positifs pour faire de cette unité une réalité, et il veut en outre combattre pour éliminer les éléments de mal qui la détruisent. D’où le verset 3. Il est très possible de faire beaucoup de choses tout à fait justes en elles-mêmes, mais dans un esprit de dispute, comme nous l’avons vu au chapitre 1, où l’on a vu des frères prêchant Christ «par envie et par un esprit de contention» [= de dispute]. De plus, la vaine gloire est un mauvais fruit de la chair qui est profondément enraciné dans le cœur de l’homme déchu. Combien n’avons-nous pas souvent fait ce qui était tout à fait juste, mais avec le secret désir de gagner du crédit et de la gloire parmi nos semblables? Prenons le temps pour laisser nos consciences répondre, et nous ressentirons l’acuité de ces paroles.

La vaine gloire est la racine d’un bon nombre de conflits et de dissensions qui distraient l’esprit des chrétiens, même de ceux qui, par ailleurs, sont spirituels. Le contraire de la vaine gloire est cette humilité d’esprit qui conduit à estimer les autres supérieurs à nous-mêmes. L’humilité d’esprit conduit en outre à cette largeur d’esprit mentionnée au verset 4. Si je suis centré sur moi, ne cherchant guère que mon propre intérêt et ma propre gloire, je ne considère naturellement que ce qui me concerne. Si inversement je suis centré sur Christ, recherchant Ses intérêts et Sa gloire, je me mets à considérer aussi les choses des autres. Et si les choses des autres sont réellement davantage à la gloire de Christ que ne le sont les miennes, je regarderai plus aux choses des autres qu’aux miennes.

 

V. 5-11

L’apôtre semble alors anticiper ce que les Philippiens pourraient vouloir lui répondre: «Tu nous a exhortés à avoir une même pensée, un même sentiment, un même esprit. Mais comment y arriver? On ne peut nier le fait que des différences de pensées et de jugement règnent parmi nous. Quelles sont les pensées qui prévaudront?»

La réponse de Paul est: «Qu’il y ait donc en vous cette pensée», celle qui était dans le Christ Jésus. Par «pensée», ici, nous ne devons pas comprendre juste un avis ou une opinion, mais toute une manière de penser. La manière de penser de Christ doit nous caractériser, et elle est bien plus profonde. Si Sa manière de penser nous caractérise, nous serons délivrés des dissensions, même si nous ne voyons pas tout à l’identique. Les versets 15 et 16 du chapitre 3 nous le montrent.

 

V. 6-8

Quelle était donc cette pensée qui était dans le Christ Jésus? On peut répondre par les cinq mots du verset 8: «Il s’est abaissé lui-même». La pensée qui était en Christ était diamétralement opposée à celle qui était en Adam. Les paroles du Seigneur en Matthieu 23:12 l’illustrent. La pensée d’Adam était l’exaltation du moi, et il est par conséquent tombé dans le gouffre. En Christ il y avait l’abnégation, l’abaissement de soi, et comme nous le voyons dans ce passage, Il a été exalté à la position suprême.

Nous partons des hauteurs suprêmes au verset 6. Il était en forme de Dieu. Nos premiers parents furent tentés de s’emparer de quelque chose bien au-dessus d’eux, de devenir comme des dieux, selon le témoignage de Genèse 3:5. Cette place n’était pas pour eux, et s’en saisir était du vol à l’état pur. Mais il n’y a rien eu de cela chez notre Seigneur. Dans Son cas, l’égalité avec Dieu n’était pas à saisir: elle était Sienne dès le commencement, car Il était Dieu. Il ne pouvait pas être plus haut qu’Il n’était. Il ne disposait que de deux alternatives: ou bien rester comme Il était et là où Il était, ou bien descendre dans l’humiliation.

Béni soit Dieu, Il a choisi la seconde alternative. Le verset 7 est le début de cette histoire merveilleuse. Bien qu’originellement en forme de Dieu, Il prit sur Lui une autre forme, celle d’un esclave, étant fait à la ressemblance des hommes. Cela impliquait qu’Il s’anéantisse lui-même.

Il y a des années, des critiques non croyants de la Bible, se trouvant en conflit avec les paroles du Seigneur, inventèrent la théorie de la «kenosis» pour pouvoir nier Ses paroles tout en Lui gardant un certain respect et en lui rendant un certain hommage, sans aller jusqu’à Le rejeter entièrement comme un imposteur. Kenosis est un mot forgé à partir du mot grec utilisé dans ce passage, dont le sens littéral est «vidé», et traduit ici par «anéanti». La théorie représente Christ se vidant Lui-même complètement de tout ce qui était divin, au point de devenir un Juif, tout aussi ignorant que la majorité des Juifs de Son époque. À partir de là, la critique du dix-neuvième et du vingtième siècle, après avoir proposé cette théorie et s’être fortifiée par l’érudition moderne, s’est sentie tout à fait capable de contredire ou de corriger le Fils de Dieu.

Telle est la théorie de la kenosis: une toile filée par les araignées critiques à partir de leurs propres cœurs incrédules. Car ce sont eux les menteurs, et non pas le Fils de Dieu. Il est triste de devoir dire que cette toile n’a que trop bien servi les desseins du diable. Beaucoup de mouches imprudentes se sont fait prendre dans cette toile. Elle leur a donné des raisons de croire exactement ce qu’ils avaient envie de penser.

Or tandis que nous nous détournons avec horreur de cette mauvaise théorie, nous ne devons pas négliger le fait qu’il y a eu un vrai «kenosis», un vrai anéantissement, car ce passage en parle. Si nous désirons comprendre ce que cela veut dire, tournons-nous vers les évangiles, et nous y verrons ce que Son humanité impliquait, et aussi ce que Sa déité impliquait, cette dernière brillant continuellement à travers Son humanité. Citons-en deux ou trois exemples à titre d’illustration.

Étant devenu Homme, Jésus fut oint de l’Esprit Saint et de puissance. Par conséquent, au lieu d’agir par la simple force de Sa propre déité, Il agissait dans la puissance de l’Esprit. Dans cette situation, Dieu opérait par Son moyen (Actes 10:38; Luc 4:14; Actes 2:22).

Il était le Créateur, comme Colossiens1:16 l’affirme si clairement, mais dans Son humanité, Il déclarait que ce n’était pas à Lui d’attribuer les places dans le royaume à venir (Matt. 20:23).

En accord avec cela, Il renonçait à l’initiative ou à l’action individuelles dans Ses paroles et dans Ses actes. Il les attribuait tous au Père (Jean 5:19, 27, 30; 14:10).

En considérant ces choses, nous voyons immédiatement ce vrai anéantissement (qui était un acte fait par Lui-même) avait pour but que le fait de prendre la forme d’esclave soit une pleine réalité. S’il y avait eu un autre but, nous aurions tout de suite conclu que «prendre la forme d’esclave» signifiait simplement se mettre formellement à la place d’un esclave, comme par exemple le pape de Rome, selon ce qu’on dit, prend en certaines occasions la place d’un serviteur en lavant les pieds de certains pauvres mendiants. Il le fait dans la forme, mais ceux qui regardent voient qu’en réalité cela est accompli dans un environnement d’élégance et de splendeur. Quand le Seigneur Jésus a pris la forme d’esclave, Il l’a fait dans toute la réalité que cela impliquait.

Le verset 8 amène l’histoire de Son humiliation à son point culminant. Si le verset 7 nous relate l’abaissement extraordinaire, à partir de la pleine gloire de la déité jusqu’à l’état et à la position d’homme, ce verset 8 décrit un abaissement supplémentaire de l’Homme qui était le Compagnon de l’Éternel: l’abaissement jusqu’à la mort de la croix. Toute Sa vie a été marquée par un abaissement continuel, par une humiliation croissante de Lui-même jusqu’à en arriver à la mort, et à la mort sous la forme extrêmement infamante et douloureuse de la mort de la croix.

Sa manière de penser, c’était de s’abaisser, et il faut que cette manière de penser soit aussi en nous. Mais penser ainsi n’est possible que si l’on est né de Dieu et qu’on possède l’Esprit de Dieu. Grâce à Dieu, il est possible pour nous de penser ainsi. Alors, faisons-le. L’obligation repose sur nous. Acceptons-la, et laissons-nous juger par elle.

 

V. 9-11

Les trois versets qui détaillent Son humiliation sont suivis par trois versets qui proclament Son exaltation selon le décret de Dieu le Père. Mais là encore, Il prend tout de la main du Père, et il Lui est accordé un Nom absolument suprême. Nous pensons que dans ce passage, le mot «nom» est utilisé comme en Hébreux 1:4. Aucun nom particulier n’est visé, ni le nom de Seigneur, ni celui de Jésus, ou de Christ, ni aucun autre, mais le mot «nom» fait plutôt allusion à Son renom ou à Sa réputation. Ce Jésus autrefois méprisé et rejeté, a un tel renom que finalement tout être créé devra s’incliner devant Lui et confesser Sa Seigneurie. Et quand l’univers rassemblé Lui rendra hommage, que ce soit de bon gré ou sous une contrainte douloureuse, tout sera à la gloire de Dieu le Père.

 

V. 12-13

Au verset 12, l’apôtre laisse ce sujet si précieux, et revient à son exhortation commencée au verset 1:27. Il désirait ardemment que leur manière de vivre soit à tous égards en accord avec l’évangile, et qu’ils soient caractérisés par l’ardeur au travail pour l’évangile dans l’unité de pensée, et par le courage face à l’opposition. Dans le passé, quand Paul allait et venait parmi eux, ils avaient été marqués par l’obéissance à ce qu’il commandait. Il désirait qu’ils soient maintenant si possible encore plus obéissants à sa parole, du fait qu’ils étaient privés de son aide en personne. Des dangers les menaçaient de l’extérieur, et à l’intérieur il y avait la menace de ce danger subtil de la dissension: Paul désirait donc qu’ils redoublent d’énergie pour chercher à avoir et à manifester l’esprit qui était dans le Christ Jésus; ce faisant, ils travailleraient à leur propre délivrance [= salut] de tout ce qui les menaçait. Paul désirait qu’ils le fassent avec crainte et avec tremblement, se souvenant de leur propre faiblesse. Pierre avait une fois pensé pouvoir opérer son propre salut sans crainte ni tremblement, et nous savons ce qu’il en advint.

Telle est évidemment la signification simple de ce verset 12 dont on a tant usé et abusé. Chacun de nous ne peut-il pas se l’appliquer? Nous le pouvons certainement, si nous le voulons; or Dieu peut nous donner de vouloir le faire. Au vu du verset 13, nous ne devons pas reculer d’agir selon le v. 12. Nous avons à travailler à notre propre salut, mais «c’est Dieu qui opère en nous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir». Notons cela. Dieu opère le vouloir aussi bien que le faire, et le vouloir vient en premier. Ainsi, le travail de Dieu et notre travail sont considérés comme allant de pair harmonieusement. Le travail de Dieu doit toujours avoir la préséance sur le nôtre, à la fois chronologiquement et quant à l’importance. Mais la chose ne nous est pas présentée de manière à nous rendre fatalistes. Au contraire, notre travail est mentionné le premier, et il est insisté sur la responsabilité qui nous incombe à cet égard. Le fait que Dieu travaille est introduit comme un encouragement et un stimulant.

 

V. 14-16

Ainsi, enseignés de Dieu à aimer Sa volonté, nous la faisons, et si la pensée de Christ est en nous, nous la faisons correctement — non pas à contrecœur avec des murmures et des contestations, mais comme des enfants de Dieu simples et sans malice, portant le caractère de Dieu dont nous sommes les enfants. L’humanité est devenue une génération tortue et perverse, et nous devons vivre d’une manière diamétralement opposée. C’est la seule manière d’être des lumières («de reluire comme des luminaires») dans les ténèbres de ce monde.

Le mot traduit par «reluire» est un mot utilisé, nous dit-on, pour le lever ou l’apparition des astres [ou: corps célestes] dans le ciel. Ceci amène une pensée saisissante. Nous devrions apparaître comme des luminaires célestes dans le ciel de ce monde. Le faisons-nous? Ce n’est possible que si nous sommes tout à fait distincts de la génération de ce monde, selon ce que dit le début du verset 15. C’est la seule manière de pouvoir effectivement présenter aux autres la parole de vie (2:16).

Pour que la parole de vie soit présentée, il faut la vie aussi bien que le témoignage oral. La parole de témoignage devient la plupart du temps une parole de vie pour d’autres, quand elle s’exprime premièrement dans la vie du témoin. Si cela avait lieu dans le cas de ses chers convertis de Philippes, Paul aurait l’assurance de ne pas avoir travaillé en vain pour eux. Il aurait alors abondamment de quoi se réjouir par anticipation de l’apparition de Christ inaugurant Son jour. Il verrait le travail de Dieu en eux dont il avait parlé au verset 6 du premier chapitre, et il le verrait amené à son terme et pleinement accompli.

 

V. 17-18

Ayant placé devant les Philippiens l’exemple suprême du Seigneur Jésus «obéissant jusqu’à la mort», et les ayant exhortés à l’obéissance, c’est-à-dire à faire de cœur le bon plaisir de Dieu, l’apôtre fait encore allusion à son propre cas, au verset 17. Bien qu’il ait exprimé la pensée de pouvoir continuer à être parmi eux pour un temps (1:25), il envisage cependant ici la possibilité d’un martyre prochain. Certains font grand cas de leurs «impressions», et leur attribuent une certitude et une autorité presque égales à celles des Écritures. C’est une erreur. Paul avait ses «impressions» quant à son futur, et nous sommes persuadés que les événements lui ont donné raison. Cependant même lui, tout apôtre qu’il était, entretenait la pensée que les évènements pourraient démentir ses impressions.

Le mot traduit par «servir d’aspersion» est le même dont Paul se sert en 2 Timothée 4:6 (il est traduit là par «servir de libation») alors que son martyre était imminent. Il fait allusion, bien sûr, à ces offrandes de boissons que la loi commandait. «Un quart de hin de vin» devait être versé sur certains sacrifices, devant l’Éternel.

Ceci étant, nous trouvons deux choses très frappantes dans les versets 17 et 18. Tout d’abord, il rappelle les dons des Philippiens, envoyés malgré leur pauvreté, et transmis par Épaphrodite: «le sacrifice et le service de votre foi». Autrement dit, il les considère comme étant le sacrifice principal, son propre martyre n’étant qu’une petite quantité de vin versée sur leur sacrifice, à titre de libation, c’est-à-dire comme un sacrifice mineur. Quelle manière extraordinaire de considérer les choses! Nous aurions fait l’inverse, et pensé que l’abnégation des Philippiens était une libation versée sur le grand sacrifice de Paul comme martyr.

Pourquoi Paul considérait-il ainsi les choses? Parce qu’il ne regardait pas «à ce qui est à lui, mais … à ce qui est aux autres» (2:4). Il était un exemple frappant de ce sur quoi il insistait auprès des Philippiens, et de la valeur et de l’excellence de la pensée qui était dans le christ Jésus. Rien n’était affecté chez Paul, et il ne faisait pas de simples compliments. Ravi par la grâce de Christ telle qu’il la voyait dans ses bien-aimés convertis, il pensait réellement ce qu’il disait.

La seconde chose qui nous frappe c’est qu’il envisageait effectivement son propre martyre comme calculé pour provoquer une explosion de joie pour lui-même et pour les Philippiens, une joie réciproque. Tout cela est bien contraire à la nature! — contre nature, mais spirituel. Le fait est que Paul croyait VRAIMENT ce qu’il avait dit au sujet de «déloger et d’être avec Christ». C’EST réellement «de beaucoup meilleur». Il savait que, véritablement, les Philippiens l’aimaient tellement, que malgré la douleur de le perdre, ils surmonteraient leurs propres sentiments pour se réjouir de sa joie. Nous craignons beaucoup que Philippiens 1:23 soit souvent tourné en une pieuse platitude. C’était bien plus que cela pour Paul.

 

V. 19-24

Cependant il ne prévoyait pas son martyre pour le moment, comme il le leur avait déjà dit, et il envisageait donc de leur envoyer bientôt Timothée pour leur être en aide spirituellement, et aussi pour avoir de leurs nouvelles sur l’état de leurs affaires.

Parmi ceux qui étaient disponibles alors, aucun n’était autant animé d’un même sentiment avec lui, ni n’était aussi zélé pour le bien des Philippiens. La plupart des gens, même croyants, était caractérisés par la recherche de leurs propres intérêts plutôt que ceux de Christ. Timothée était une heureuse exception. Il était un véritable fils de son père spirituel. L’esprit qui était en Christ était aussi en lui. Nous craignons que cette recherche de nos propres intérêts et non pas de ceux de Christ, ne soit tristement banale de nos jours, parmi les croyants. Aucun serviteur de Dieu ne peut servir effectivement les saints si ce n’est en agissant parmi eux sans recherche d’aucune autre chose sinon les intérêts de Christ.

Timothée était donc celui qu’il espérait bientôt leur envoyer, et il espérait même être libéré pour pouvoir venir lui-même.

 

V. 25-30

Cependant il désirait avoir un moyen de communication plus rapide avec eux en reconnaissance de leurs dons, et il leur renvoyait donc Épaphrodite, qui avait été leur messager auprès de lui; il devenait maintenant le porteur de cette lettre que nous sommes en train de considérer.

Les versets 25 à 30 donnent un aperçu du genre de personne qu’était Épaphrodite, lui que Paul appelle «mon frère, mon compagnon d’œuvre et mon compagnon d’armes». Lui aussi était animé des mêmes sentiments que l’apôtre, et nous voyons de suite que, quand l’apôtre dit «je n’ai personne qui soit animé d’un même sentiment avec moi» (2:20), il voulait dire «je n’ai personne parmi ceux qui ont été mes aides et mes assistants proches, ici à Rome». Épaphrodite était un Philippien, et n’était donc pas visé par la remarque précédente.

Nombreux étaient et sont encore ceux dont on ne peut guère dire qu’ils sont des compagnons d’œuvre ou des compagnons d’armes, même s’ils sont reconnus comme frères. Épaphrodite était tous les trois, et non seulement cela, mais il était ouvrier et soldat en tant que compagnon de Paul. Ils travaillaient et combattaient en semble avec des buts et objectifs identiques. Y a-t-il quelqu’un à qui un tel témoignage puisse être rendu aujourd’hui? Nous croyons que oui, vu que le Nouveau Testament nous informe si pleinement quant à la doctrine, la manière de vivre, et le service de Paul, ce serviteur-modèle de Dieu. En même temps, nous craignons beaucoup qu’en pratique ce soit bien rare. Tout croyant est appelé à être un ouvrier et un soldat. La truelle et l’épée devraient tous nous caractériser. Mais est-ce le cas? Sommes-nous considérés comme des «compagnons» de Paul quand nous les utilisons?

En exerçant son service consistant à voyager vers Paul, Épaphrodite était tombé malade jusqu’à être au bord de la mort. Deux fois dans ce passage, nous trouvons l’expression «près [ou: proche] de la mort». Dieu avait en effet eu pitié de lui, et avait épargné ce grand chagrin à Paul et aux Philippiens, et pourtant il n’avait pas fait cas de sa vie dans l’intérêt de l’œuvre de Christ, et il devait donc être honoré.

Épaphrodite est ainsi un autre exemple de quelqu’un qui suivait les pas de Paul et de Timothée, tout comme ils suivaient Christ. La pensée qui se trouvait dans le Christ Jésus se trouvait aussi en lui, car non seulement il risquait sa vie pour servir son Seigneur, mais alors qu’il était malade au point d’être près de la mort, il était «fort abattu», non pas à cause de sa maladie, mais parce qu’il savait que ses frères à Philippe avaient eu des nouvelles de sa maladie et allaient être douloureusement attristés à son égard. C’est un bel exemple de quelqu’un qui «ne regardait pas à ce qui est à lui, mais … à ce qui est aux autres» (2:4). C’était vraiment de l’abnégation!