Osée

Chapitre 2

Dieu rejette Israël et l’introduit par la repentance dans les bénédictions millénaires.

Le premier verset de ce chapitre: «Dites à vos frères: Ammi! et à vos sœurs: Rukhama!» semble se rapporter à l’espérance donnée à Israël, à la fin du premier chapitre. C’est comme si le prophète disait: Dans le jour actuel il est possible de réaliser le caractère d’un Résidu. Mais il y aura, en un temps futur, non encore déterminé, des fidèles qui se reconnaîtront, les uns les autres, comme étant le peuple de Dieu et comme ayant obtenu miséricorde. Seulement ces fidèles, unis dans l’heureuse pensée d’appartenir à l’Éternel et d’être en faveur auprès de Lui, «plaideront contre leur mère» (v. 2), la femme prostituée, Israël apostat, «qui n’est pas la femme de l’Éternel et dont il n’est pas le mari». Eux sont issus de Dieu, puisque l’Esprit de prophétie (le prophète) les a engendrés, mais, obligés de reconnaître qu’Israël idolâtre est leur mère, ils entrent en procès avec elle pour revendiquer leur droit à la sainteté de Dieu. Une dernière fois ce pauvre peuple est sommé par ses enfants eux-mêmes qui appartiennent à l’Éternel, de revenir de sa mauvaise voie, sinon Dieu le mettra à nu, lui ôtera tous les privilèges qu’il lui avait accordés et le laissera dans l’horreur de sa prostitution, objet d’un jugement sans rémission (v. 3). Ses enfants même, en tant qu’ils ne prennent pas le caractère du Résidu, seront Lo-Rukhama (je ne ferai pas miséricorde), car ils sont le fruit de sa prostitution. Ainsi il y aura, comme descendant d’Israël, des enfants nés de la prostitution et des enfants nés de Dieu, ceux dont il est dit: «Sortez du milieu d’elle, soyez purs, vous qui portez les vases de l’Éternel», et «vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant» (Ésaïe 52:11; 2 Cor. 6:18).

Cet abandon de Dieu est, chez Israël, le fruit d’une volonté sans frein qui pousse le cœur vers ses convoitises et le met en opposition avec Dieu: «J’irai après mes amants qui m’ont donné mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson» (v. 5), comme si ces choses appartenaient au peuple infidèle, par la libéralité du monde dont il voulait les recevoir! — «J’irai!» Combien cette propre volonté diffère de la volonté de Rebecca, interrogée par ses parents, et qui leur répond aussi: J’irai. Qu’importent la fatigue, les privations, le désert sans pain, sans eau, sans huile et sans vin. J’irai! Aucun avantage pour compenser ceux de la maison paternelle, rien qui réponde aux habitudes ou aux aspirations de son cœur; dans ce désert tout est contre elle, et cependant elle dit: J’irai! C’est qu’elle a devant elle un personnage en qui elle a mis sa confiance, en qui elle croit, quoiqu’elle ne le voie pas, et qu’elle aime sans le voir: Isaac. Pour l’atteindre, sous la conduite du Saint Esprit qui ne l’abandonnera pas dans le désert, elle consent à laisser les affections les plus chères, le toit familial, à endurer toutes les privations. Elle veut arriver à lui, comme une vierge pure et chaste, digne objet de son affection. Remarquez cependant que ce n’est pas Rebecca qui choisit Isaac comme époux. C’est lui qui l’a choisie et qui, avant qu’elle se voue tout entière à lui, lui a donné les arrhes de son propre amour. Tel est le premier amour, l’amour de l’Époux s’emparant du cœur de l’Épouse pour l’attirer au devant de lui. Israël avait trouvé cet amour au début de sa carrière, quand, racheté d’Égypte, il marchait dans le désert après l’Éternel (Jér. 2:1-3). Il l’a perdu pour «aller après ses amants» (v. 5). Il ne le retrouvera plus tard que sur le chemin de la repentance (v. 14-17).

Combien Israël, la prostituée, diffère de Rebecca! Israël dit: «J’irai après mes amants», l’Assyrie et l’Égypte. Elle se donne à eux pour les avantages terrestres qu’elle pense retirer de ce commerce. Elle ne voit pas que, même ces avantages temporels lui viennent de Dieu: «Elle ne sait pas que c’est moi qui lui ai donné le blé, et le moût, et l’huile». Et, chose pire encore, des richesses que Dieu lui donne elle se fait des idoles: «Je lui ai multiplié aussi l’argent et l’or: — ils l’ont employé pour Baal» (v. 8). Mais le Créateur lui retirera ses dons, et elle verra s’ils venaient de ses amants: «C’est pourquoi je reprendrai mon blé en son temps, et mon moût en sa saison; et j’ôterai ma laine et mon lin qui devaient couvrir sa nudité». Dieu lui enlève les biens de la terre (v. 9); elle est humiliée aux yeux des nations (v. 10). Les fêtes solennelles, tous les dehors de son culte, lui sont ôtées (v. 11); les signes de la faveur de l’Éternel, la joie et l’abondance terrestres, lui sont retirés; elle devient la proie de ses ennemis (v. 12). Dieu se vengera de son idolâtrie, car «elle m’a oublié, dit l’Éternel!» (v. 13).

Ce tableau de l’état d’Israël est aussi celui de l’état actuel de la profession chrétienne. On recherche le monde et ses avantages, ses richesses et sa prospérité, les douceurs de l’existence qu’il nous procure, sans s’enquérir du Dieu auquel ces choses appartiennent, et on les fait servir à la satisfaction de ses convoitises, au lieu de tout abandonner pour suivre Jésus.

Parfois, l’âme désabusée, voyant que «ses amants» ne lui offrent plus ce qu’elle désire, et après avoir poursuivi en vain les choses par lesquelles Satan l’a leurrée, s’écrie: «J’irai et je m’en retournerai à mon premier mari; car alors j’étais mieux que maintenant» (v. 7). Ne nous y trompons pas, ce n’est pas la description de ce qui se passe dans le cœur du fils prodigue: «Je me lèverai et m’en irai vers mon père». Heureux ceux qui, sous le poids de leurs désillusions et de leur misère, ont enfin senti qu’il n’y avait pour eux de ressource que dans les bras du Père qu’ils avaient déshonoré, et qui retournent à lui, repentants, et lui disant: «J’ai péché contre le ciel et devant Toi!» — Mais ici nous ne trouvons aucune repentance. La lassitude, le découragement, la nausée du péché, peuvent pousser les âmes vers la religion, et leur faire désirer un changement, mais il ne peut être obtenu que sur le chemin de la repentance.

Ici, l’horreur des idoles ne remplit pas encore le cœur d’Israël. Il ne se doute pas quel personnage effroyable se cache derrière les Baals. En apparence une idole n’est rien; les hommes cherchent à se persuader qu’il est bien indifférent de se livrer à ses convoitises, pourvu qu’elles n’appartiennent pas au groupe des choses dégradantes, mais se doutent-ils que les démons sont cachés derrière chacun des objets de leurs désirs? (1 Cor. 10:20).

Nous l’avons dit: les paroles d’Israël, au v. 7, ne sont pas réellement la repentance. Le dégoût, le vide que laissent les convoitises, jamais satisfaites par la possession des choses désirées, l’espoir de trouver mieux que cela en se tournant vers Dieu, la résolution d’en finir, ne sont pas encore le vrai «J’irai» du fils prodigue. Il faut, comme lui, se lever et s’en aller vers son père. Israël ne le fait pas ici; il dit simplement: «J’étais mieux que maintenant». La pensée d’avoir péché contre l’Éternel ne monte pas dans son cœur, et, de fait, ce qui nous convertit, c’est la conviction d’avoir offensé l’amour de Dieu au moment même où il avait tout fait pour nous. Mais il arrive un moment où Dieu ôte tout, même les formes religieuses (v. 11) qu’Israël accordait avec le culte des démons et l’impureté. Il en sera de même de la chrétienté, ces formes y subsistent encore aujourd’hui, mais seront bientôt englouties dans l’apostasie générale et, dès lors, le Dieu auquel on a si légèrement tourné le dos sera introuvable!

Cependant, au milieu de toutes ces ruines, Dieu a des vues de grâce envers Israël et nous les trouvons dans les v. 14 à 17. «C’est pourquoi, voici, moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur; et de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d’Acor pour une porte d’espérance; et là elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour où elle monta du pays d’Égypte. Et il arrivera, en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu m’appelleras: Mon mari, et tu ne m’appelleras plus: Mon maître (mon Baal). Et j’ôterai de sa bouche les noms des Baals, et on ne se souviendra plus de leur nom». — Ce sera comme un renouveau, un recommencement de l’histoire d’Israël (c’est-à-dire des dix tribus qui sont spécialement en vue dans ce passage). D’abord Dieu lui-même l’attirera après Lui dans le désert pour le bénir. Le peuple retrouvera ce qu’il avait eu autrefois quand la fraîcheur du premier amour l’attirait, à sa sortie d’Égypte, après son Époux dans une terre inhabitée (Jér. 2:1-3). Hélas! ce premier amour avait été abandonné pour la recherche des idoles, des Baals dont Israël avait fait ses maîtres. N’y avait-il donc plus aucun espoir de le retrouver? Aucun pour l’ensemble du peuple, pas plus que pour l’ensemble de l’Église professante de nos jours. Mais un Résidu pourra retrouver ce premier amour, cette bienheureuse communion avec le Mari d’Israël. «Israël fût-il comme le sable de la mer, un résidu seulement reviendra». Ce Résidu sera éprouvé, jugé, purifié dans le désert, pour retrouver le chemin de la bénédiction et rentrer en possession de son pays (Ésaïe 11:11-16; 27:12, 13; Éz. 20:10-38; Zach. 10:7-12; Soph. 3:10). Dans cette épreuve un grand nombre de ceux qui s’étaient mis en route avec le Résidu sera jugé et ne verra jamais le pays de la promesse; ce sera la répétition de l’histoire du peuple de jadis, dont les corps tombèrent dans le désert. Mais, de même qu’autrefois, un Résidu sera sauvé; «l’Éternel parlera à son cœur». Éphraïm retrouvera ses vignes (v. 15), mais non plus comme au temps passé où il cherchait sa joie dans l’ivresse; — et combien de fois l’ivrognerie d’Éphraïm n’est-elle pas mentionnée par les prophètes? (Ésaïe 28:1-4, etc.) — il retrouvera sa joie dans la communion avec son Dieu. «Je lui donnerai ses vignes», dit l’Éternel; cette restauration sera due entièrement à la grâce; le Seigneur se servira des souffrances du désert pour produire ce résultat. Mais, comme toute restauration, elle ne pourra avoir lieu sans un travail de repentance. Le premier amour perdu ne peut être retrouvé que par ce chemin-là. Il en a été, il en est, il en sera toujours ainsi pour toute conversion véritable; aussi trouvons-nous ici: «Je lui donnerai la vallée d’Acor pour une porte d’espérance». La vallée d’Acor (Josué 7:19-26), c’est-à-dire la vallée du trouble, le jugement du mal, était le lieu où Acan qui avait amené, par l’interdit, le trouble sur Israël, avait été lapidé, puis brûlé, lui, ses fils et ses filles, tout son bétail, ainsi que l’interdit qu’il s’était approprié, afin de détourner d’Israël l’ardeur de la colère de l’Éternel. Cette vallée du trouble, dont la solennité atteint la conscience d’Éphraïm quand il assiste, pendant le voyage, au jugement terrible de l’Éternel sur le peuple dont il fait partie, devient pour le Résidu une porte d’espérance et ouvre l’issue à la délivrance finale. Alors, et seulement alors, l’heure d’une seconde jeunesse aura sonné pour les dix tribus. «Elle (l’Épouse) chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour où elle monta du pays d’Égypte». Le Résidu d’Israël comprendra de nouveau la douceur des liens d’amour qui l’unissent à l’Éternel, la douceur de pouvoir l’appeler: «Mon Mari», et de ne plus l’appeler «Mon Maître», nom que les dix tribus donnaient aux Baals, car Maître et Baal sont le même mot. Elles s’étaient livrées à Baal, au démon caché derrière l’idole, maintenant elles ont oublié jusqu’à son nom (v. 17). Quelle grâce! Comme l’Éternel, en ce jour-là, ne se souviendra plus des iniquités d’Israël, Israël ne se souviendra plus du nom de ses faux dieux! Le passé, l’esclavage de Satan, aura disparu pour faire place au renouvellement des heureuses relations avec Dieu, si longtemps méconnu, si longtemps méprisé. Cet avenir d’Éphraïm est pour nous, chrétiens, le présent. Dieu nous dit lui-même qu’Il ne se souviendra plus jamais de nos péchés, ni de nos iniquités, et, en vertu du sang de Christ versé pour nous, nous pouvons nous présenter devant Lui, sans aucune conscience de péché. Ces heureuses certitudes attachent nos cœurs à Celui auquel nous devons nos bénédictions. Le connaître, Lui, devient la source de toutes nos joies et de toute notre activité. C’est le premier amour. L’avons-nous perdu? Retrouvons-le promptement par une libre repentance, sinon Dieu, pour nous le faire retrouver, produira dans nos cœurs cette repentance sur le chemin de ses jugements!

C’est seulement après le travail de repentance que s’ouvre devant Israël la scène merveilleuse des bénédictions du règne millénaire (v. 18-23). «En ce jour-là» (v. 18), l’Éternel apaisera tous les instruments de ses jugements contre son peuple: les bêtes sauvages, les oiseaux de proie, les serpents venimeux; il «ôtera, en les brisant, l’arc et l’épée, et la guerre», tous les ennemis divers que Dieu avait si souvent suscités pour châtier cette nation. Israël «reposera en sécurité». Ce peuple qui avait fermé l’oreille à son Messie quand il venait lui dire: «Je vous donnerai du repos», trouvera enfin le repos par la repentance, et à travers la tribulation.

«Et je te fiancerai à moi pour toujours; et je te fiancerai à moi en justice, et en jugement, et en bonté, et en miséricorde; et je te fiancerai à moi en vérité; et tu connaîtras l’Éternel» (v. 19, 20). Israël connaît désormais l’Éternel, car ses fiançailles dépendent entièrement de Sa grâce. La justice est désormais inséparable de la miséricorde. Le peuple entre en relation avec Dieu sur le pied d’une justice basée sur le jugement, et d’une miséricorde fondée sur l’amour. C’est ce que nous, chrétiens, nous avons trouvé à la croix de Christ; ce sera la part d’Israël en un jour futur; ce sera le fondement du règne glorieux de Christ sur la terre: «La justice et le jugement sont les bases de ton trône; la bonté et la vérité marchent devant ta face» (Ps. 89:15).

«Et je te fiancerai à moi en vérité» (v. 20). La repentance d’Israël l’amènera à des rapports avec Dieu, non seulement en justice et en grâce, mais aussi en vérité, c’est-à-dire selon le caractère qu’il donnera à son peuple pour qu’il puisse entrer en relation avec Lui. Ce caractère dépend entièrement de la grâce, car c’est d’elle seule que provient ce que nous sommes devant Dieu, et ce qu’Israël sera devant Lui. Et c’est alors qu’Israël pourra dire: Je connais l’Éternel! (v. 20).

«Et il arrivera, en ce jour-là, que j’exaucerai, dit l’Éternel, j’exaucerai les cieux, et eux exauceront la terre, et la terre exaucera le froment et le moût et l’huile, et eux exauceront Jizreël (Dieu sème). Et je la sèmerai pour moi dans le pays, et je ferai miséricorde à Lo-Rukhama, et je dirai à Lo-Ammi: Tu es mon peuple, et il me dira: Mon Dieu» (v. 21-23). Nous trouvons ici la plénitude des bénédictions de la terre millénaire. Remarquons dans tout ce passage, depuis le v. 18, trois choses: 1° Le mal, instrument extérieur du jugement, est supprimé; car, nous l’apprenons autre part, Satan qui le met en œuvre est lié pour mille ans (Apoc. 20:1-3). 2° Le mal dans le cœur du peuple est ôté, et remplacé par un cœur nouveau et par la connaissance de Dieu. C’est la nouvelle alliance dont nous parle Jérémie, fondée entièrement sur la grâce (Jér. 31:31-34; Héb. 8:10-13). 3° La création, soumise autrefois à la «servitude de la corruption», est affranchie pour jouir de la liberté de la gloire des saints (Rom. 8:19-22).

Il y aura accord entre le ciel et la terre dans les semailles et dans les moissons. Jizreël ne sera plus le lieu du meurtre et du carnage, mais correspondra à son nom: «Dieu sème». Oui, Dieu sèmera dans ce qui était autrefois le lieu de la violence de l’homme et des jugements de Dieu, et la semence tombant dans une terre préparée par Lui, portera du fruit au centuple. La bénédiction du froment, du moût et de l’huile, qu’Israël avait d’abord cherchée auprès des nations (v. 5), puis que Dieu lui avait ôtée (v. 8, 9), il la retrouvera sous le règne du Médiateur, du vrai Melchisédec, qui bénira le peuple de la part de Dieu et Dieu de la part du peuple. Alors Israël sera revenu par la foi aux bénédictions d’Abraham; il sera semé par Dieu et pour Dieu dans son pays. Lo-Ammi deviendra: Mon peuple; Lo-Rukhama deviendra: Objet de miséricorde. Et Israël dira: Mon Dieu! Il y aura confiance réciproque, amour réciproque, joie débordant dans la communion avec Dieu. Toutes ces choses seront la part d’Israël repentant et restauré. Elles appartiennent aujourd’hui aux chrétiens, en vertu de relations avec le Fils et avec le Père, bien plus intimes et plus précieuses que celles d’Israël avec son Dieu (1 Pierre 2:10).