Néhémie

Chapitre 12

La dédicace de la muraille

Ce chapitre commence par la récapitulation des sacrificateurs et des lévites qui remontèrent avec Zorobabel. Aux v.10-11, nous trouvons l’énumération des souverains sacrificateurs, à commencer par Jéshua du livre d’Esdras. Joïakim, son fils, lui avait succédé. Éliashib, fils de Joïakim, qui exerçait la sacrificature au temps de Néhémie, est le dernier souverain sacrificateur que l’Ancien Testament nous montre dans l’exercice de ses fonctions. Le chap. 13 nous dépeindra cet homme avec des couleurs qui font de lui un objet de réprobation. Joïada succéda à Éliashib, son père, qui selon 13:6-7, était encore sacrificateur après l’année 443 A.C.; aucun détail ne nous est donné sur lui. Jonathan ou Jokhanan (v. 11, 23), fils de Joïada et petit-fils d’Éliashib, est appelé, au v.23, comme aussi en Esdras 10:6, fils d’Éliashib, selon la coutume si fréquente des Juifs. Il vivait sans exercer la sacrificature, quand Esdras arriva à Jérusalem. Jaddua est le dernier souverain sacrificateur nommé dans l’Ancien Testament. Il exerçait ses fonctions sous le règne de Darius, le Perse (A.C., 336-330), et, s’il faut se fier à l’histoire, il était encore souverain sacrificateur lors de l’invasion de la Palestine par Alexandre le Grand. Comme cela est fréquemment le cas dans les livres historiques et prophétiques, ce passage, inspiré comme tout le reste, a été ajouté plus tard au livre de Néhémie, pour compléter l’information donnée par l’écrivain sacré.

Aux versets 27 à 43, nous trouvons la dédicace de la muraille. Des fêtes semblables eurent lieu à diverses reprises dans l’histoire d’Israël: 1° Lorsque David ramena l’arche de la maison d’Obed-Édom (2 Sam. 6:12). 2° Lors de la dédicace du temple de Salomon (1 Rois 8:12-66). 3° Lorsque les fondements du temple furent posés (Esdras 3:10-13). 4° Lors de la dédicace de la maison (Esdras 6:16-18); enfin, 5° dans notre passage. Ces fêtes qui, sauf une exception, n’exprimaient que de la joie, étaient spontanées et ne faisaient pas partie des ordonnances de la loi. La joie qui s’y manifestait était toujours en rapport avec la maison de Dieu. Nous pouvons en tirer la conclusion consolante que le sentiment du déclin ne doit en aucune manière affaiblir notre joie, car les bénédictions que le Seigneur répand aujourd’hui sur son Assemblée ont autant de valeur qu’aux temps les plus prospères de l’histoire de l’Église. «Réjouissez-vous toujours», nous est-il dit, «dans le Seigneur», et cela en des jours où la ruine s’accentuait de plus en plus.

Lors de la dédicace de la muraille, les lévites dont le caractère, dans ces livres, toucha parfois à l’indifférence, semblent de nouveau peu empressés à accourir: «On envoya quérir les lévites de tous leurs lieux d’habitation» (v. 27). Les chantres se rassemblent d’eux-mêmes pour cette grande fête. En prévision sans doute de leur service dans la maison de Dieu, «ils s’étaient bâtis des hameaux dans les environs de Jérusalem» (v. 29).

Avant la fête, il fallait que les sacrificateurs et les lévites se purifiassent, trait bien caractéristique du régime de la loi, en contraste avec celui de la grâce (Héb. 7:27); sans cela, ils ne pouvaient purifier le peuple, les portes et la muraille. La fête elle-même et le cortège aboutissaient à la maison de Dieu. La sanctification de Jérusalem et du peuple n’avait pas d’autre but que de glorifier Celui qui voulait bien faire là son domicile.

(v. 31-37). — Néhémie plaça les deux chœurs sur la muraille à la porte du fumier1. De là, le premier chœur, remontant la muraille au levant, accéda, par les «degrés de la cité de David», à la porte des eaux qui fermait l’enceinte du temple au midi. Dans cette partie du cortège qui était la plus importante, Néhémie donna la première place à «Esdras le scribe» (v. 36). Ce dernier marchait en tête; il est très touchant de voir, dans ce livre, Néhémie s’effacer et s’anéantir devant une autorité spirituelle supérieure à la sienne. En distinguant Esdras, Néhémie donnait de fait toute sa place à la parole de Dieu, dont Esdras était le représentant. Quant à lui, le Thirshatha, qui certes avait le droit de prendre la première place dans le second chœur, il y prend la dernière: «Et le second chœur marcha à l’opposite sur la muraille, et moi après lui» (v. 38). Ce chœur s’arrêta à la «porte de la prison», au nord du temple. Les deux cortèges se réunirent enfin dans les parvis de la maison de Dieu (v. 40), pour offrir des sacrifices et célébrer son nom. «Et ils se réjouirent, car Dieu les avait réjouis d’une grande joie; et les femmes aussi et les enfants se réjouirent; et la joie de Jérusalem s’entendait au loin» (v. 43). Tout cela était loin d’égaler, sans doute, la gloire des jours de David et de Salomon, mais la joie était tout aussi grande, car c’était la joie d’un peuple saint, et ayant la parole de Dieu pour le conduire.

1 Voir le plan de Jérusalem en annexe.

Aux versets 44 à 47, nous voyons les effets de la consécration du peuple à Dieu, malgré l’abaissement dans lequel il se trouvait. Beaucoup de choses manquaient; «car autrefois, aux jours de David et d’Asaph, il y avait des chefs pour diriger les chantres et les chants de louanges et les cantiques d’actions de grâces à Dieu» (v. 46). Cependant l’ordre ne manquait pas, d’abord parce que le peuple recourait à ce qui avait été établi au commencement par David et Salomon (v. 45); ensuite, parce que le zèle qui accompagne toujours une grande joie, aidait à combler les lacunes (v. 44, 47). On voit ici, ne fût-ce que pour un moment, une conséquence de la joie commune, la réalisation pratique du premier amour.