Néhémie

Chapitre 11

Jérusalem repeuplée

Nous avons déjà fait remarquer que ce chapitre se relie directement au chap. 7. L’autel, les fondements, le temple, la muraille avaient été rebâtis, mais «la ville était spacieuse et grande, et le peuple peu nombreux au milieu d’elle, et il n’y avait point de maisons bâties» (7:4). La question qui se pose maintenant est celle-ci: La ville avait-elle été rebâtie pour rester déserte et sans habitants? À quoi servait-il de la défendre, si personne ne s’y rassemblait? Or Dieu avait préparé son peuple à ce rassemblement, d’abord par sa Parole (chap. 8), puis en le séparant d’avec les gentils (chap. 9). Les fidèles comprennent maintenant qu’il faut réaliser ce rassemblement, et non pas seulement le proclamer en principe. Jérusalem doit être repeuplée, ne fût-ce que par un Juif sur dix (v. 1). Ce rassemblement dans la cité sainte exigeait beaucoup d’oubli de soi-même et de dévouement. L’héritage auquel l’Israélite pieux tenait avant tout, il lui fallait l’abandonner, abandonner ses proches, sa vigne et son figuier; s’exiler volontairement des choses auxquelles il avait raison de tenir, puisqu’elles lui étaient données de Dieu, — et cela sans autre but que de repeupler Jérusalem; mais il était encouragé par le motif très élevé de ce renoncement. Il avait compris que Sion était «la ville sainte» (v. 1, 18), la cité du libre choix de Dieu, cité qu’il aimait plus que toutes les demeures de Jacob, et ce motif suffisait pour la lui faire chérir plus que sa propre demeure.

Cependant Jérusalem était diminuée, abattue, sans maisons bâties, et son propre état témoignait qu’elle n’était pas ce que Dieu voulait qu’elle fût (voyez Psaume 27:13; 87:5-7; És. 33:20; 60). Mais, dans ces temps de ruines, avant même que la muraille fût reconstruite, Zacharie avait prophétisé à son sujet: «Jérusalem sera habitée comme les villes ouvertes, à cause de la multitude des hommes et du bétail qui seront au milieu d’elle» (Zach. 2:4). Jérusalem, au milieu de sa ruine actuelle, ne pouvait avoir d’attrait pour le peuple de Dieu que si elle était considérée avec les yeux de la foi, au point de vue de sa gloire future. Il fallait pour s’y rendre en abandonnant tout le reste, une décision que la foi seule peut donner, que l’espérance seule peut soutenir. Ce ne pouvait être qu’un acte d’amour et de dévouement volontaire pour la ville du grand Roi; abnégation qui n’était pas la part de tous et que Dieu n’exigeait pas d’eux. Toutefois le peuple, moralement restauré, comme nous l’avons vu, était en pleine communion avec ceux qui prenaient cette responsabilité: «Il bénit tous les hommes qui s’offrirent volontairement pour habiter Jérusalem» (v. 2). De tels sentiments avaient l’approbation de Dieu.

Ces faits ne nous parlent-ils pas du devoir et de la mission des rachetés dans le jour actuel. Comme la Jérusalem de Néhémie, l’Église est aujourd’hui en ruines. Cependant, les principes sur lesquels elle est édifiée, l’autel: — la croix de Christ; le fondement: — un Christ ressuscité; le temple: — l’habitation de Christ au milieu des siens; la muraille: — la sainteté qui convient à une telle demeure; tout cela a été remis en lumière par la Parole. Il s’agit maintenant, pour les fidèles, d’abandonner leurs demeures pour venir occuper cette ville désolée avec un cœur qui lui soit affectionné et partage les sentiments du cœur de Dieu pour elle. La foi seule peut produire ce dévouement.

Pourrait-on dire aujourd’hui, que le peuple de Dieu bénit ceux qui s’offrent volontairement pour cette tâche? N’est-il pas vrai plutôt qu’il les combat et les méprise? Mais il doit leur suffire d’avoir l’approbation du Seigneur. Ils sont enregistrés de la même manière que ceux qui remontèrent au commencement avec Zorobabel (v. 3 -19); et nous avons quelque lieu de supposer que leurs noms furent ajoutés à ceux de la liste primitive. Remarquez encore que, malgré la dévastation de Jérusalem, chacun de ceux qui viennent l’habiter y trouve une place à occuper. Nous avons ici ceux qui sont «préposés sur l’ouvrage extérieur de la maison de Dieu» (v. 16), celui qui entonne la louange à la prière (v. 17), ceux qui gardent les portes (v. 19), les chantres (v. 22). En un mot, chacun d’eux remplit ses fonctions comme si tout était en ordre et, de son côté, Dieu en tient compte. Tout cela a lieu, sans doute, en un temps de misère et de ruine, mais est-ce peu de chose aux yeux de Dieu, que l’on reconnaisse l’ordre institué par Lui, et qu’on réalise cet ordre, malgré la ruine, en vue d’un temps de perfection future? Ce pauvre résidu de Jérusalem a la noble et précieuse mission de relier en des jours d’abaissement et d’opprobre, les temps de la gloire passée de Salomon avec ceux de la gloire à venir du Messie!

Les versets 25 à 36 énumèrent les villes de Juda et de Benjamin habitées par ceux qui remontèrent de Babylone. Là encore l’ordre n’est pas parfait; Juda sort même un peu de ses limites à Beër-Shéba. Mais ces défectuosités sont accompagnées du vrai désir de chacun d’occuper la place que Dieu lui a assignée. C’est ainsi que les Nethiniens habitent en Ophel, dans une partie de la cité de David qui se trouvait en dehors de la nouvelle muraille, mais à portée du temple auquel ils accédaient par la porte des eaux.