Nombres

Chapitres 17 et 18

Ces deux chapitres forment une partie distincte dans laquelle nous sont présentés l’origine, les responsabilités et les privilèges de la Sacrificature. Celle-ci est une institution divine. «Nul ne s’arroge cet honneur, mais seulement s’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron.» Ceci est rendu manifeste dans le chapitre 17. «Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Parle aux fils d’Israël, et prends d’eux, de tous leurs princes, selon leurs maisons de pères, une verge par maison de père, douze verges; tu écriras le nom de chacun sur sa verge; et tu écriras le nom d’Aaron sur la verge de Lévi; car il y aura une verge pour chaque chef de leurs maisons de pères. Et tu les poseras dans la tente d’assignation, devant le témoignage, où je me rencontre avec vous. Et il arrivera que la verge de l’homme que j’ai choisi bourgeonnera; et je ferai cesser de devant moi les murmures des fils d’Israël, par lesquels ils murmurent contre vous. Et Moïse parla aux fils d’Israël; et tous leurs princes lui donnèrent une verge, une verge pour chaque prince, selon leurs maisons de pères: douze verges; et la verge d’Aaron était au milieu de ces verges.» (Versets 1-6.)

Quelle incomparable sagesse brille dans cet arrangement! Comment l’affaire est complètement ôtée des mains, de l’homme, et placée uniquement là où elle devait être, savoir dans les mains du Dieu vivant! Ce n’était pas un homme s’établissant lui-même, ou un homme établissant son semblable; c’était Dieu, établissant l’homme de son propre choix, dans l’office que Lui-même a institué. En un mot, la question devait être définitivement résolue par Dieu lui-même, de sorte que tous les murmures pussent être étouffés à jamais, et que personne ne pût de nouveau accuser le souverain sacrificateur de Dieu de prendre trop sur lui. La volonté humaine n’avait absolument rien à faire dans cette circonstance solennelle. Les douze verges, toutes dans une même condition, étaient placées devant l’Éternel; l’homme se retirait et laissait agir Dieu. Il n’y avait pas lieu ni occasion pour l’intervention humaine. Dans la solitude profonde du sanctuaire, loin de toutes les pensées des hommes, la grande question de la sacrificature allait être fixée par la décision divine; puis, une fois fixée, elle ne pourrait jamais être soulevée de nouveau.

«Et Moïse posa les verges devant l’Éternel, dans la tente du témoignage. Et il arriva, le lendemain, que Moïse entra dans la tente du témoignage, et voici, la verge d’Aaron, pour la maison de Lévi, avait bourgeonné, et avait poussé des boutons, et avait produit des fleurs et mûri des amandes.» (Vers. 7-8.) Figure admirable et frappante de Celui qui devait être «déterminé fils de Dieu, en puissance,… par la résurrection des morts!» (Rom. 1:4.) Les douze verges étaient toutes pareillement sans vie; mais Dieu, le Dieu vivant, entre en scène; et, par cette puissance qui lui est particulière, il introduit la vie dans la verge d’Aaron, et la présente portant sur elle les fruits exquis de la résurrection.

Qui pourrait nier cela? Les rationalistes peuvent s’en moquer, et soulever mille questions. La foi contemple cette verge chargée de fruits, et y découvre une belle image de la nouvelle création où toutes choses sont de Dieu. L’incrédulité peut discuter en alléguant l’apparente impossibilité du fait qu’un bâton, de bois sec, ait bourgeonné et porté des fruits dans l’espace d’une nuit. Aux incrédules — aux rationalistes — aux sceptiques, cela paraît impossible. Pourquoi donc? Parce qu’ils excluent toujours Dieu. Rappelons-nous ceci l’incrédulité exclut invariablement Dieu. Elle formule ses raisonnements, puis en déduit ses conclusions dans les ténèbres d’une nuit profonde. Il n’y a pas même un seul rayon de vraie lumière dans toute la sphère où l’incrédulité travaille. Elle exclut la seule source de lumière, et laisse l’âme enveloppée dans les ombres et la profonde obscurité de ténèbres palpables.

Il est bon que le jeune lecteur s’arrête ici et pèse sérieusement ce fait solennel. Qu’il réfléchisse avec calme et gravité sur cet effet spécial de l’incrédulité, de la philosophie, du rationalisme, ou du scepticisme. Il commence, continue et s’achève en excluant Dieu. L’incrédule s’approche avec un impie et audacieux «comment» du mystère de la verge d’Aaron bourgeonnant, fleurissant et portant des fruits. C’est là le grand chemin de l’incrédule: il peut soulever dix mille questions, mais jamais il n’en résout aucune. Il vous enseignera à douter de tout, et à ne croire à rien.

Voilà, cher lecteur ce que c’est que l’infidélité. Elle provient de Satan qui a toujours été, qui est encore et sera jusqu’à la fin, le grand spécialiste pour soulever les questions. Il remplit le cœur de toutes sortes de «si» et de «comment», plongeant ainsi les âmes dans de profondes ténèbres. S’il peut réussir à soulever une seule question, il a déjà atteint son but. Mais il est complètement impuissant sur une âme simple qui croit que DIEU EST, et que DIEU A PARLÉ. Voilà la noble réponse de la foi aux questions de l’incrédule — sa solution divine à toutes les difficultés de l’incrédule. La foi introduit toujours Celui qui exclut toujours l’incrédulité. Elle pense avec Dieu, l’incrédulité pense sans Dieu.

Nous dirons donc au lecteur chrétien, et particulièrement au jeune chrétien: N’admettez aucune question lorsque Dieu a parlé. Si vous le faites, Satan vous tiendra bientôt sous ses pieds. Votre seule et suffisante ressource contre lui se trouve dans cette réponse ferme et immuable: «Il est écrit». Quel avantage pourrait avoir l’homme, en discutant avec Satan, sur le pied de ses expériences, de ses sentiments ou de ses observations? Notre terrain doit être absolument et exclusivement celui-ci: Dieu existe; et Il a parlé. Satan ne peut jamais rien contre ce puissant et invincible argument qui annule tous les autres, qui confond Satan et le met bientôt en fuite.

Nous voyons ce fait démontré d’une manière très frappante dans la tentation de notre Seigneur. L’ennemi selon sa manière habituelle s’approche du Bien-aimé avec un doute: «Si tu es Fils de Dieu». Le Seigneur lui répond-il: «Je sais que je suis le Fils de Dieu — j’en ai reçu le témoignage des cieux ouverts et par l’Esprit qui est descendu et qui m’a oint — je sens, je crois et j’éprouve que je suis le Fils de Dieu?» Non, telle n’est point la manière de repousser le tentateur. «Il est écrit:» telle fut la réponse, trois fois répétée, de l’Homme obéissant et soumis; telle doit être la nôtre si nous voulons triompher à notre tour.

Si donc quelqu’un demande, au sujet de la verge d’Aaron: «Comment se peut faire une telle chose? Cela est contraire aux lois de la nature; et comment Dieu pouvait-il renverser les principes établis de la physique?» La réponse de la foi est sublime dans sa simplicité: Dieu peut faire comme il lui plaît. Celui qui a appelé les mondes à l’existence peut, en un moment, faire bourgeonner, fleurir et fructifier une verge. Introduisez Dieu, le vrai Dieu, vivant et véritable, tout devient simple et clair au possible. Mettez Dieu de côté, aussitôt tout est plongé dans une confusion désespérante. Vouloir assujettir le Tout-Puissant Créateur du vaste univers, à certaines lois de la nature ou à certains principes de physique, n’est rien moins qu’un blasphème impie. C’est presque pire que de nier tout à fait son existence. Il est difficile de dire quel est le pire, de l’athée, qui prétend qu’il n’y a pas de Dieu, ou du rationaliste, qui soutient que Dieu ne peut pas faire comme il lui plaît.

Nous sentons l’immense importance qu’il y a à voir les causes réelles de toutes les théories plausibles qui affluent de nos jours. L’esprit de l’homme s’occupe à former des systèmes, à tirer des conclusions et à raisonner, à tel point qu’il exclut complètement le témoignage des Saintes Écritures, et sépare Dieu de ce qu’il a créé lui-même. Il faut que les jeunes gens soient sérieusement avertis de tout cela. On doit leur montrer l’immense différence qui existe entre les faits de la science et les conclusions des savants. Un fait est un fait, où que ce soit qu’on le rencontre dans la géologie, dans l’astronomie ou dans telle autre branche de la science; mais les raisonnements, les conclusions et les systèmes sont tout à fait autre chose. Or l’Écriture ne portera jamais atteinte aux faits réels que la science aurait pu constater; tandis que les raisonnements des savants se trouvent, le plus souvent, en collision avec l’Écriture. Combien il est malheureux qu’il y ait de tels hommes! Et quand le cas se présente, nous devons signaler ouvertement l’incrédulité, en nous écriant avec l’apôtre: «Que Dieu soit vrai et tout homme menteur!»

Donnons toujours aux Saintes Écritures la première place dans nos cœurs et dans nos esprits. Inclinons-nous avec une soumission absolue, non pas devant: «Ainsi dit l’Église»; — «ainsi disent les pères»; — «ainsi disent les docteurs»; mais devant: «Ainsi dit le Seigneur»; — «il est écrit». C’est notre seule sécurité contre le torrent envahissant de l’incrédulité qui menace de détruire les fondements des pensées et des sentiments religieux dans toute l’étendue de la chrétienté.

Reprenons l’étude de notre chapitre: «Et Moïse porta toutes les verges de devant l’Éternel à tous les fils d’Israël; et ils les virent, et reprirent chacun sa verge. Et l’Éternel dit à Moïse: Reporte la verge d’Aaron devant le témoignage, pour être gardée comme un signe aux fils de rébellion; et tu feras cesser leurs murmures de devant moi, et ils ne mourront pas. Et Moïse fit comme l’Éternel lui avait commandé; il fit ainsi.» (Vers. 9-11.)

Ainsi la question était divinement résolue. La sacrificature est établie sur la grâce toute-puissante du Dieu qui tire la vie de la mort. C’est la source de la sacrificature. Il n’aurait servi absolument à rien de prendre l’une des onze verges sèches et d’en faire l’insigne du service sacerdotal. Toute la puissance humaine sous le soleil n’aurait pu introduire la vie dans un bâton mort, ou faire de ce bâton un canal de bénédiction pour les âmes. Et de même, il n’y avait pas dans toutes les onze verges réunies un seul bourgeon ou une seule fleur. Mais là où il y avait des preuves précieuses d’une puissance vivifiante — des traces rafraîchissantes de vie et de bénédiction divines — des fruits odorants de grâce efficace — là, et là seulement, devait se trouver la source de ce ministère sacerdotal qui pouvait conduire à travers le désert un peuple non seulement nécessiteux, mais murmurant et rebelle.

Pourquoi la verge de Moïse n’était-elle pas avec les douze? La raison en est simple. La verge de Moïse était le signe de la puissance et de l’autorité. Celle d’Aaron était le signe de la grâce qui vivifie les morts et qui appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient. Or la puissance ou l’autorité seules ne pouvaient pas mener le peuple à travers le désert. La puissance pouvait anéantir le rebelle l’autorité pouvait frapper le pécheur; mais la miséricorde et la grâce étaient seules indispensables à une assemblée d’hommes, de femmes et d’enfants, nécessiteux, faibles et pécheurs. La grâce, qui pouvait d’un bois mort faire surgir des amandes, pouvait aussi mener Israël à travers le désert. C’était seulement en rapport avec la verge bourgeonnante d’Aaron que l'Éternel pouvait dire: «Tu feras cesser leurs murmures de devant moi, et ils ne mourront pas.» La verge de l’autorité pouvait ôter les murmurateurs, mais la verge de la grâce pouvait faire cesser les murmures.

Le lecteur peut se reporter avec intérêt et profit à un passage du commencement du chapitre 9 des Hébreux, au sujet de la verge d’Aaron. L’apôtre, en parlant de l’arche de l’alliance, dit: «Dans laquelle était la cruche d’or qui renfermait la manne, et la verge d’Aaron qui avait bourgeonné, et les tables de l’alliance». La verge et la manne étaient les provisions de la grâce divine pour la course et les besoins d’Israël dans le désert. Mais lorsque nous arrivons à 1 Rois 8:9, nous lisons: «Il n’y avait rien dans l’arche, sauf les deux tables de pierre que Moïse y plaça en Horeb, quand l’Éternel fit alliance, avec les fils d’Israël, lorsqu’ils sortirent du pays d’Égypte». Le pèlerinage du désert ayant pris fin, et la gloire des jours de Salomon répandant ses rayons sur le pays, la verge bourgeonnante et la manne sont omises. Il ne reste plus que la Loi de Dieu, base de son juste jugement au milieu de son peuple.

En cela, nous avons non seulement une illustration de la divine exactitude de l’Écriture dans son ensemble, mais aussi le caractère spécial et l’objet du livre des Nombres. La verge d’Aaron était dans l’arche pendant les cheminements dans le désert. Quelle chose précieuse! Que le lecteur cherche à en saisir la signification profonde et bénie! Qu’il pèse la différence entre la verge de Moïse et celle d’Aaron. Nous avons vu la première opérant son œuvre caractéristique dans d’autres temps et au milieu d’autres scènes. Nous avons vu le pays d’Égypte tremblant sous les coups accablants de cette verge. Plaie après plaie tombaient sur ces lieux voués à la ruine, sous l’action de cette verge. Nous avons vu les eaux de la mer se séparer sous elle, car elle était une verge de puissance et d’autorité, mais impropre à apaiser les murmures des enfants d’Israël et à conduire le peuple à travers le désert. La grâce seule pouvait faire cela; grâce pure, libre et souveraine, figurée par le bourgeonnement de la verge d’Aaron.

Il n’y a rien de plus frappant, rien de plus beau. Cette baguette sèche, morte, était la vraie image de l’état naturel d’Israël et de chacun de nous. Il n’y avait ni sève, ni vie, ni puissance. On pouvait bien dire: Que peut-il en sortir de bon? Rien du tout, si la grâce n’était pas survenue et n’avait pas déployé sa puissance vivifiante. Ainsi en était-il d’Israël, au désert; ainsi en est-il de nous maintenant. Comment étaient-ils conduits de jour en jour? Comment étaient-ils soutenus dans toutes leurs faiblesses et leurs besoins? Comment toute leur folie et tous leurs péchés étaient-ils pardonnés? La réponse se trouve dans la verge bourgeonnante d’Aaron. Le bois sec et mort était l’expression de l’état du cœur naturel. Les bourgeons, les fleurs et les fruits montraient la grâce vivante et vivifiante de Dieu, sur laquelle était fondé le ministère sacerdotal qui seul pouvait conduire la congrégation à travers le désert. Seule la grâce peut réponde aux mille nécessités du peuple en marche. Ni la puissance ni l’autorité ne pouvaient suffire. La sacrificature seule pouvait fournir ce dont on avait besoin; et la sacrificature avait été instituée sur cette grâce efficace qui pouvait tirer du fruit d’un bâton desséché.

Il en était ainsi de la sacrificature d’autrefois; et il en est ainsi du ministère maintenant. Tout ministère dans l’Église de Dieu est le fruit de la grâce divine — un don de Christ chef de l’Église, ainsi que Paul le dit aux Galates, en parlant de lui-même: «Apôtre, non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts» (Gal. 1:1).

C’est ici, qu’on le remarque, l’unique source de laquelle émane tout ministère; non de l’homme, en aucune manière. L’homme peut ramasser du bois sec, le travailler et le façonner à son gré; il peut le consacrer et l’établir, lui donner certains titres officiels, bien ronflants. Mais à quoi bon? On peut dire, en vérité, qu’ils ne sont que des bâtons secs, morts. Où y a-t-il le moindre fruit? La moindre fleur? Le moindre bouton? Un seul bouton ne suffisait-il pas pour manifester ce qu’un don en exercice peut avoir de divin? Et quel ministère vivant peut-il y avoir dans l’Église, en l’absence de cette preuve? Seul, le don donné par Christ fait d’un homme un ministre. Sans cela s’établir ministre soi-même ou être établi ministre par les autres n’est qu’une présomption vide.

Le lecteur est-il bien conscient de ce grand principe? Est-il clair comme le jour pour son âme? Sinon nous le supplions de se débarrasser de toutes pensées préconçues, de quelque côté qu’elles viennent; qu’il s’élève au-dessus des brumes floues de la religion traditionnelle; qu’il prenne son Nouveau Testament et qu’il étudie en présence de Dieu: 1 Corinthiens 12, 1 Corinthiens 14, et Éphésiens 4:7-18. Dans ces passages il trouvera exposé le sujet du ministère; et de ces passages il apprendra que tous les vrais ministères, que ce soit apôtres, prophètes, docteurs, pasteurs ou évangélistes, viennent tous de Dieu — viennent tous de Christ le Chef de l’Église, haut élevé. Si un homme ne possède pas ce don de la part de Christ, il n’est pas ministre. En un mot, tout ministère est de Dieu, non de l’homme; il est par Dieu, et non par l’homme. Le Nouveau Testament ne fait nulle part mention d’un ministère ordonné par l’homme. Tout vient de Dieu.

Nous parlons des dons du ministère dans «l’Église de Dieu»; non des charges pour le service des assemblées locales, telles que les anciens ou les diacres. Ceux-ci pouvaient posséder et exercer, pour un ministère, quelque don spécial dans le corps; ni l’apôtre Paul, ni aucun délégué de sa part, ne les consacra ou ne les établit jamais comme ministres, en vue d’un tel don. Les dons spirituels quelconques, comme procédant du Chef de l’Église, sont absolument distincts du service dans des charges locales.

Il est très nécessaire d’être au clair sur la distinction entre un don spirituel pour le ministère dans l’Église de Dieu, et une charge locale. Il règne, dans toute l’église professante, une confusion des plus grandes relativement à ces deux genres de services la conséquence en est que le ministère n’est pas compris, et que les membres du corps de Christ ne connaissent ni leur place ni leurs fonctions! Nous affirmons hardiment qu’il n’existe pas, dans le Nouveau Testament, une chose telle que l’intervention de l’autorité de l’homme pour former, choisir, établir, ou accréditer l’exercice des dons, c’est-à-dire du ministère dans l’Église de Dieu.

Béni soit Dieu, le ministère dans son Église n’est ni de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme, mais par «Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts». «Dieu a placé les membres, — chacun d’eux — dans le corps, comme il l’a voulu» (1 Cor. 12:18). «À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ. C’est pourquoi il dit: «Étant monté en haut, il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes»… Et lui, a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme, évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs; en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ; jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ» (Éph. 4:7-13).

Ici tous les degrés des dons ministériels sont placés sur un seul et même terrain, depuis les apôtres jusqu’aux évangélistes et aux docteurs. Ils sont tous conférés par le Chef de l’Église; une fois accordés, ils rendent leurs possesseurs responsables d’abord envers la Tête (ou Chef) qui est dans les cieux, puis envers les membres qui sont sur la terre. L’idée que le possesseur d’un don positif de Dieu doive se faire consacrer par l’autorité humaine n’est qu’une insulte à la majesté de Dieu, aussi grande que si Aaron était allé avec sa verge bourgeonnante en main, se faire établir dans la sacrificature par quelques-uns de ses semblables. Aaron était appelé de Dieu, et cela lui suffisait. Maintenant aussi, tout ceux qui possèdent un don divin sont appelés de Dieu au ministère, et n’ont besoin de rien autre que de s’acquitter de leur ministère en exerçant le don qu’ils ont reçu.

Le ministère est de Dieu, quant à sa source, sa puissance et sa responsabilité. Nous ne pensons pas que cette assertion soit mise en doute par ceux qui sont heureux d’être enseignés exclusivement par l’Écriture. Tout ministre, quel que soit le don qu’il possède, doit pouvoir dire dans sa mesure: «Dieu m’a établi dans le ministère». Mais qu’un homme se serve de ce langage sans posséder un don quelconque, ceci est tout aussi mauvais, si ce n’est pire que le fait de celui qui, possédant réellement le don, en subordonne l’exercice à une autorisation, — nous voudrions pouvoir dire — à une accréditation humaine quelconque.

Les enfants de Dieu peuvent aisément voir où se trouve un don spirituel réel, car sa puissance se manifestera sûrement et clairement là où il s’exercera. Le discernement, la soumission à ces ministères, sont l’affaire des membres du corps et constituent leur responsabilité, comme l’affaire des membres d’un corps est d’user de leurs articulations. Mais si les hommes prétendent à un don ou à la puissance sans en avoir la réalité, leur folie sera bientôt manifestée devant tous. Voilà pour le ministère et la sacrificature. La source de l’un et de l’autre est divine. Le vrai fondement de tous deux nous est comme dépeint par la verge bourgeonnante. Aaron pouvait dire: «Dieu m’a donné la sacrificature»; puis, si l’on réclamait des preuves, il pouvait montrer la verge portant des fruits. Paul pouvait dire: «Dieu m’a établi dans le ministère»; puis, si l’on réclamait ses titres, il pouvait montrer les milliers de fruits vivants, résultats de son œuvre. Il faut qu’il en soit toujours ainsi en principe, à quelque degré que ce soit. Le ministère ne doit pas seulement être en paroles ou sur les lèvres; mais il doit être de fait et en vérité. Dieu ne reconnaîtra pas seulement les paroles, mais la puissance.

Avant d’abandonner ce sujet, nous croyons qu’il est très nécessaire d’insister auprès du lecteur sur l’importance de la distinction entre le ministère et la sacrificature. Le péché de Coré consistait en ceci: non content d’être ministre, il aspirait à être sacrificateur; or le péché de la chrétienté porte le même caractère. Au lieu de laisser le ministère du Nouveau Testament reposer sur sa propre base et montrer son caractère distinctif en accomplissant les fonctions qui lui sont propres, on en a fait une sacrificature, une caste sacerdotale, dont les membres doivent se distinguer de leurs frères par leur manière de s’habiller, ou par d’autres titres, privilèges ou prérogatives.

En opposition évidente avec cette confusion, tous les croyants sont sacrificateurs, selon l’enseignement béni du Nouveau Testament (1 Pierre 2:9; Apoc. 1:5-6; Héb. 10:19-22; 13:15-16).

Combien ne devait-il pas paraître inouï aux saints juifs — à ceux qui avaient été élevés dans les institutions de l’économie mosaïque d’être exhortés à entrer dans un lieu où, seul, le souverain sacrificateur en Israël ne pouvait entrer qu’une fois l’an; et encore pour un instant seulement! Apprendre qu’ils devaient offrir des sacrifices, qu’ils devaient remplir les fonctions spéciales de la sacrificature! Tout cela était merveilleux! Or il en est ainsi dès que nous nous laissons enseigner par l’Écriture, non par les commandements, les doctrines et les traditions des hommes. Tous les chrétiens ne sont pas apôtres, prophètes, docteurs, pasteurs, ou évangélistes; mais ils sont tous sacrificateurs. Le plus faible membre de l’Église est un sacrificateur, aussi bien que Pierre, Paul, Jacques ou Jean. Nous ne parlons pas de capacité ou de puissance spirituelles, mais d’une position que tous occupent en vertu du sang de Christ. Il n’est pas fait mention dans le Nouveau Testament d’une certaine classe d’hommes, ou d’une certaine caste privilégiée, qui serait placée dans une position plus élevée, ou plus rapprochée de Dieu que les simples frères. Tout cela est complètement opposé au christianisme — c’est une audacieuse dénégation de tous les préceptes de la Parole de Dieu, et de tous les enseignements particuliers de notre bien-aimé Seigneur et Maître.

Ces choses touchent aux fondements mêmes du christianisme. Nous n’avons qu’à ouvrir, les yeux et à regarder autour de nous pour voir les résultats pratiques de la confusion actuelle entre le ministère et la sacrificature. Le moment approche rapidement, où ces résultats prendront un caractère encore plus affreux et finiront par attirer les jugements les plus terribles du Dieu vivant. Nous n’avons pas encore vu l’antitype complet de «la contradiction de Coré»; il sera cependant bientôt manifesté, et nous en avertissons sérieusement le lecteur chrétien afin qu’il prenne garde de ne pas sanctionner la grave erreur qui consiste à mêler deux choses aussi entièrement distinctes que le ministère et la sacrificature. Nous l’exhortons à examiner le sujet tout entier, à la lumière de l’Écriture, en se soumettant à l’autorité de la Parole de Dieu. Peu importe de quoi il s’agisse: d’une institution vénérable; d’un arrangement utile; d’une cérémonie convenable, consacrée par la tradition, ou encouragée par des milliers d’hommes excellents. Si la chose n’a pas de fondement dans la Sainte Écriture, c’est une erreur, un mal, un piège du diable pour séduire nos âmes et nous éloigner de la simplicité qui est en Christ. Par exemple, si l’on nous dit qu’il y a dans l’Église de Dieu un ordre sacerdotal, une classe d’hommes plus saints, plus élevés, plus près de Dieu que leurs frères, — que les chrétiens ordinaires; qu’est-ce autre chose que le judaïsme remis en vigueur, et revêtu de formes chrétiennes? Et quel en doit être l’effet, sinon de frustrer les enfants de Dieu de leurs privilèges, de les tenir à distance de Dieu, et de les placer sous l’esclavage? Mais assez sur ce sujet, que le lecteur sérieux étudiera de près pour lui-même.

Les dernières lignes du chapitre 17 fournissent une preuve remarquable de la rapidité avec laquelle l’esprit de l’homme passe d’un extrême à l’autre. «Et les fils d’Israël parlèrent à Moïse, disant: Voici, nous expirons, nous périssons, nous périssons tous! Quiconque s’approche en aucune manière du tabernacle de l’Éternel, meurt; faut-il donc que nous expirions tous?» (v. 12-13). Dans le chapitre précédent nous voyons un téméraire orgueil en présence même de la majesté de l'Éternel, lorsqu’il aurait dû y avoir une profonde humilité. Ici, en présence de la grâce divine et de ses ressources, nous voyons une crainte et une défiance légales. Il en est toujours ainsi. La simple nature ne comprend ni la sainteté ni la grâce. Un moment nous entendons des paroles comme celles-ci «Toute l’assemblée, eux tous, sont saints»; et un autre moment: «Voici, nous expirons, nous périssons, nous périssons tous.» L’esprit charnel s’enorgueillit quand il devrait s’humilier, et il se défie lorsqu’il devrait se confier.

Cependant tout ceci devient, par la bonté de Dieu, l’occasion de nous révéler d’une manière parfaite et bénie les saintes responsabilités aussi bien que les précieux privilèges de la sacrificature. Quelle bonté de la part de notre Dieu — comme c’est bien selon son cœur — de profiter des erreurs de son peuple pour lui faire connaître plus profondément ses voies! C’est sa prérogative, béni soit son nom, de tirer le bien du mal, de faire procéder de celui qui dévorait le manger et du fort la douceur (Juges 14:14). Ainsi, «la contradiction de Coré» donne lieu à la grande abondance d’instructions fournies par la verge d’Aaron; et les dernières lignes du chapitre 17 amènent un exposé détaillé des fonctions de la sacrificature d’Aaron. C’est sur ce dernier point que nous dirigeons maintenant l’attention du lecteur.

«Et l’Éternel dit à Aaron: Toi et tes fils, et la maison de ton père avec toi, vous porterez l’iniquité du sanctuaire; et toi et tes fils avec toi, vous porterez l’iniquité de votre sacrificature. Et fais aussi approcher tes frères, la tribu de Lévi, la tribu de ton père, avec toi, et ils te seront adjoints, et ils te serviront; et toi et tes fils avec toi, vous servirez devant la tente du témoignage. Et ils vaqueront à ce dont tu leur donneras la charge, et au service de toute la tente; seulement, ils n’approcheront pas des ustensiles du lieu saint, et de l’autels de peur qu’ils ne meurent, eux et vous aussi. Et ils te seront adjoints, et ils seront chargés de ce qui concerne la tente d’assignation, selon tout le service de la tente; et nul étranger n’approchera de vous. Et vous serez chargés de ce qui concerne le lieu saint, et de ce qui concerne l’autel, afin qu’il n’y ait plus de colère contre les fils d’Israël. Et moi, voici, j’ai pris vos frères, les Lévites, du milieu des fils d’Israël; ils vous sont donnés en don pour l’Éternel, afin qu’ils s’emploient au service de la tente d’assignation. Et toi, et tes fils avec toi, vous accomplirez les fonctions de votre sacrificature en tout ce qui regarde l’autel et relativement à ce qui est au-dedans du voile, et vous ferez le service. Je vous donne votre sacrificature comme un service de pur don; et l’étranger qui approchera sera mis à mort» (chap. 18:1-7).

Ici nous avons une réponse divine à la question soulevée par les enfants d’Israël: «Faut-il donc que nous expirions tous?» «Non», dit le Dieu de grâce et de miséricorde. Et pourquoi pas? Parce que «Aaron et ses fils avec lui seront chargés de ce qui concerne le lieu saint et de ce qui concerne l’autel, afin qu’il n’y ait plus de colère contre les fils d’Israël. Ainsi le peuple apprend que c’est dans cette sacrificature même, qu’il avait tant méprisée et contre laquelle il avait tant parlé, qu’il devait trouver sa sécurité.

Nous devons noter soigneusement que les fils d’Aaron et la maison de son père lui étaient associés dans ses responsabilités et ses saints privilèges. Les Lévites étaient cédés comme un don à Aaron pour faire le service du tabernacle d’assignation. Ils devaient servir sous Aaron, le chef de la maison sacerdotale. Cela nous donne une belle leçon, bien nécessaire aux chrétiens en nos jours. Nous avons tous besoin de nous rappeler que tout service, pour être intelligent et acceptable, doit être fait avec soumission à l’autorité et à la direction du Sacrificateur. «Fais aussi approcher tes frères, la tribu de Lévi, la tribu de ton père, et ils te seront adjoints et ils te serviront.» Cela implique un caractère distinct sur tous les détails du service du lévite. La tribu entière des ouvriers était associée au souverain Sacrificateur, et lui était soumise. Tout était sous sa direction et son contrôle immédiats. Il en doit être de même maintenant quant à tous les ouvriers de Dieu. Tout service chrétien doit être fait d’accord avec notre grand Souverain Sacrificateur, et dans une sainte sujétion à son autorité; autrement il n’aura aucune valeur. On peut faire beaucoup d’ouvrage, on peut développer une grande activité; mais si Christ n’est pas l’objet immédiat du cœur, si sa direction et son autorité ne sont pas pleinement reconnues, l’œuvre ne servira de rien.

D’un autre côté, le plus petit acte de service, la moindre œuvre faite sous le regard de Christ, en rapport direct avec Lui, a sa valeur aux yeux de Dieu et recevra certainement sa récompense. Combien cela est encourageant et consolant pour le cœur de tout ouvrier zélé! Les lévites devaient travailler sous Aaron. Les chrétiens doivent travailler sous Christ. C’est envers lui que nous sommes responsables. Il est très bien et très beau de marcher en accord avec nos chers compagnons d’œuvre, et d’être soumis les uns aux autres dans la crainte du Seigneur. Rien n’est plus loin de notre pensée que de nourrir ou d’approuver un esprit d’orgueilleuse indépendance, ou quelque autre état d’âme qui entraverait une joyeuse et cordiale coopération a toute bonne œuvre avec nos frères. Tous les lévites étaient «adjoints à Aaron», dans leur ouvrage, et par conséquent ils étaient adjoints les uns aux autres. Ils devaient donc travailler ensemble. Si un lévite tournait le dos à ses frères, il l’aurait tourné à Aaron. Nous pouvons nous représenter un lévite, s’offensant de quelque détail dans la conduite de ses compagnons et se disant: «Je ne puis pas continuer avec mes frères. Il faut que je marche seul. Je puis servir Dieu, et travailler sous Aaron, mais je dois me tenir à l’écart de mes frères vu que je trouve impossible de m’accorder avec eux sur la manière de travailler.» Nous pouvons facilement voir la fausseté de tout ce raisonnement. Adopter une telle ligne d’action n’aurait produit que la confusion. Tous étaient appelés à travailler ensemble, quelque différent que pût être leur ouvrage.

Et, qu’on s’en souvienne toujours, leur tâche variait, et de plus chacun était appelé à travailler sous les ordres d’Aaron. Il y avait une responsabilité individuelle avec la plus harmonieuse action collective. Nous désirons certainement encourager de toute manière l’unité dans l’action; mais nous ne devons jamais souffrir qu’elle empiète sur le domaine du service personnel, ou qu’elle intervienne dans les rapports directs et individuels de l’ouvrier avec son Seigneur. L’Église de Dieu offre un champ de travail très étendu à toute sorte d’ouvriers du Seigneur. Nous ne devons pas chercher à les réduire tous à un niveau parfaitement semblable, ou à restreindre les diverses facultés des serviteurs de Christ en les confinant dans certaines vieilles ornières de notre propre création. Cela ne sera jamais béni. Nous réunirons l’unanimité la plus cordiale à la plus grande variété d’action individuelle si, tous et chacun, nous nous souvenons que nous sommes appelés à servir ensemble sous Christ!

Voilà le grand secret. Ensemble sous Christ! Puissions-nous nous en souvenir. Cela nous aidera à reconnaître et à apprécier la ligne de travail d’un autre, quoiqu’elle puisse différer de la nôtre; cela nous préservera, en outre, de tout sentiment d’orgueil quant à notre part de service, sachant que nous ne sommes les uns et les autres que des coopérateurs dans un seul et même immense champ; et que le grand but que se propose le cœur du Maître ne peut être atteint qu’autant que chaque ouvrier suit sa ligne spéciale de travaux, et la suit dans un heureux accord avec tous les autres.

Quelques esprits ont une pernicieuse tendance à déprécier toute sphère d’activité autre que la leur. Gardons-nous en soigneusement. Si tous suivaient la même ligne, où serait cette précieuse variété qui distingue l’œuvre et les ouvriers du Seigneur dans le monde? Il ne s’agit pas seulement du genre de travail, mais encore de la manière particulière dont chaque ouvrier s’en acquitte. On trouvera deux évangélistes, distingués chacun par un vif désir pour le salut des âmes, prêchant chacun, au fond, la même vérité, quoiqu’il puisse y avoir la plus grande différence dans la manière dont chacun cherchera à atteindre le même but. Il faut nous y attendre. Or cela s’applique à toutes les autres branches de service chrétien. Rien ne devrait être fait, qui ne le soit dans la dépendance et sous les ordres de Christ. Et tout ce qui peut être fait ainsi, le sera sûrement en communion et d’accord avec ceux qui marchent avec Christ.

Revenant maintenant aux fils d’Aaron, nous méditerons sur la riche provision faite pour eux dans la bonté de Dieu, et sur les solennelles fonctions qui leur étaient échues dans leur position sacerdotale. «Et l’Éternel parla à Aaron: Et moi, voici, je t’ai donné la charge de mes offrandes élevées, de toutes les choses saintes des fils d’Israël; je te les ai données, à cause de l’onction, et à tes fils, par statut perpétuel. Ceci sera à toi des choses très saintes, qui n’ont pas été consumées toutes leurs offrandes, savoir toutes leurs offrandes de gâteau et tous leurs sacrifices pour le péché et tous leurs sacrifices pour le délit qu’ils m’apporteront; ce sont des choses très saintes pour toi et pour tes fils. Tu les mangeras comme des choses très saintes, tout mâle en mangera; ce sera pour toi une chose sainte.» (Vers. 8-10.)

Nous avons ici un type du peuple de Dieu vu sous un autre aspect. Ils sont présentés non comme des ouvriers, mais comme des adorateurs; non comme lévites, mais comme sacrificateurs. Tous les croyants, tous les enfants de Dieu sont sacrificateurs. Une caste sacerdotale spéciale est une chose non seulement inconnue dans le christianisme, mais très positivement contraire à son esprit et à ses principes. Nous avons déjà examiné ce sujet, et cité les divers passages de l’Écriture qui s’y rapportent. Nous avons un grand Souverain Sacrificateur qui a traversé les cieux, car s’il était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur. (Comp. Héb. 4:14, et 8:4.) «Notre Seigneur a surgi de Juda, tribu à l’égard de laquelle Moïse n’a rien dit concernant des sacrificateurs.» Par conséquent, un sacrificateur officiant à part, comme tel, sur la terre, est une négation directe de la vérité de l’Écriture, une complète annihilation du fait glorieux sur lequel est fondé le christianisme, savoir une rédemption accomplie. S’il est maintenant besoin d’un sacrificateur pour offrir des sacrifices pour les péchés, assurément la rédemption n’est pas un fait accompli. Mais l’Écriture, en des centaines d’endroits, déclare que le fait existe et que, par conséquent, nous n’avons plus besoin d’offrandes pour le péché. «Mais Christ étant venu, souverain sacrificateur des biens à venir, par le tabernacle plus grand et plus parfait qui n’est pas fait de main, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création, et non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle» (Héb. 9:11-12). Nous lisons encore au chapitre 10: «Par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés.» Et aussi: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités. Or, là où il y a rémission de ces choses, il n’y a plus d’offrande pour le péché.»

Ces passages résolvent la grande question de la sacrificature et du sacrifice pour le péché. Les chrétiens ne peuvent être trop au clair ou trop fermes là-dessus, puisque cette vérité est à la base même du vrai christianisme. Elle demande une profonde et sérieuse attention de la part de tous ceux qui désirent marcher dans la pure lumière du salut parfait, en prenant et en gardant la vraie position chrétienne. Il existe, de nos jours, une forte tendance au judaïsme. On fait de vigoureux efforts pour greffer des formes chrétiennes sur la vieille souche juive.

Lorsque les âmes ne sont pas au clair et fixées, lorsqu’elles ne sont pas spirituelles, lorsqu’il y a du légalisme, un esprit charnel, ou de la mondanité, alors on désire avoir une sacrificature humainement établie. Il n’est pas difficile d’en voir la raison. Si un homme n’est pas lui-même dans un état convenable pour s’approcher de Dieu, ce sera un soulagement pour lui que d’en employer un autre pour s’approcher à sa place. Or, très certainement, nul homme n’est dans un état convenable, pour s’approcher d’un Dieu saint, s’il ne croit pas ou s’il ne sait pas que ses péchés sont pardonnés, s’il n’a pas eu une conscience parfaitement purifiée — s’il est dans un état d’âme incertain, obscur et légal. Pour entrer hardiment dans le sanctuaire, il faut que nous sachions ce que le sang de Christ a fait pour nous; il faut que nous sachions que nous sommes faits sacrificateurs à Dieu; et qu’en vertu de la mort expiatoire de Christ, nous sommes amenés tellement près de Dieu, qu’il est impossible à qui que ce soit, et combien moins à une catégorie ou à une caste entière d’hommes, de s’interposer entre nous et notre Dieu et Père. Il nous aime et «nous a lavés de nos péchés dans son sang, et il nous a fait un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père» (Apoc. 1:5-6). «Mais vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple acquis, pour que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.» Et encore: «Vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2:9, 5). «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom. Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices» (Héb. 13:15-16).

Nous trouvons là les deux grandes branches du sacrifice spirituel, que nous avons comme sacrificateurs le privilège d’offrir, savoir la louange à Dieu, et la bienfaisance envers les hommes. Le chrétien le plus jeune, le plus inexpérimenté, le plus illettré, est capable de comprendre ces choses. Qui y a-t-il dans toute la famille de Dieu — dans toute la maison sacerdotale de notre divin Souverain Sacrificateur, qui ne puisse dire de cœur: «Le Seigneur soit loué!» Et qui ne peut de ses mains faire du bien à son prochain? Voilà le culte et le service sacerdotaux — le culte et le service communs à tous les vrais chrétiens. Il est vrai, la mesure de la puissance spirituelle peut varier; mais tous les enfants de Dieu sont constitués sacrificateurs, et cela sur un même et seul rang.

Or le chapitre 18 des Nombres nous présente un exposé très complet de la part faite à Aaron et à sa maison, comme type de la portion spirituelle de la sacrificature chrétienne. Nous ne pouvons pas lire ce récit sans comprendre quelle royale portion est la nôtre. «Toutes leurs offrandes, savoir toutes leurs offrandes de gâteau et tous leurs sacrifices pour le péché et tous leurs sacrifices pour le délit qu’ils m’apporteront; ce sont des choses très saintes pour toi et pour tes fils. Tu les mangeras comme des choses très saintes, tout mâle en mangera ce sera pour toi une chose sainte.»

Il faut une grande mesure de capacité spirituelle pour saisir la profondeur et la signification de ce merveilleux passage: Manger le sacrifice pour le péché, ou le sacrifice pour le délit, c’est en figure s’identifier avec le péché d’autrui. C’est une œuvre très sainte. Chacun ne peut pas, en esprit, s’identifier avec le péché de son frère. Le faire en propitiation, c’est, nous n’avons guère besoin de le dire, totalement impossible pour nous. Un seul a pu le faire et — que son nom soit à jamais béni! — Il l’a fait parfaitement.

Mais une chose est possible, c’est de prendre le péché de mon frère, et de le porter en esprit devant Dieu, comme s’il était le mien propre. Ceci est représenté par l’action du fils d’Aaron mangeant le sacrifice pour le péché dans un lieu très saint. Ce n’était que les fils qui faisaient cela. «Tout mâle en mangera.»1 C’était l’office le plus élevé du service sacerdotal. «Tu les mangeras comme des choses très saintes.» Nous avons besoin d’être bien près de Christ pour saisir le sens et l’application spirituels de tout cela. C’est un exercice merveilleusement saint et béni, et on ne peut le connaître que dans la présence immédiate de Dieu. Le cœur peut rendre témoignage du peu que nous en connaissons réellement. Notre tendance habituelle est de porter un jugement sur un frère quand il a péché, de nous poser en censeur rigide, de regarder son péché comme quelque chose avec quoi nous n’avons absolument rien à faire. En faisant cela, nous manquons tristement à nos fonctions de sacrificateurs; nous refusons de manger le sacrifice pour le péché dans le lieu très saint. C’est un fruit de la grâce que de nous identifier avec un frère égaré, jusqu’à pouvoir nous charger de son péché comme s’il était le nôtre et de le porter, en esprit, devant Dieu. C’est là vraiment un ordre supérieur du service sacerdotal, qui exige une grande mesure de l’esprit et de la pensée de Christ. Une âme spirituelle, seule, pourra comprendre réellement cela. Hélas! combien peu d’entre nous sont vraiment spirituels! «Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté. Portez les charges les uns des autres, et ainsi accomplissez la loi du Christ» (Gal. 6:1-2). Que le Seigneur nous accorde la grâce d’accomplir cette «loi» bénie. Combien elle ressemble peu à ce qui se trouve en nous! Comme elle condamne notre dureté et notre égoïsme! Oh! soyons plus semblables à Christ, en ceci comme en toute autre chose.

1 En principe général, le «fils» présente la pensée divine; la «fille» l’idée que s’en fait l’homme. Le «mâle», expose la chose comme Dieu la donne; la «femme» comme nous la réalisons et la montrons.

Il y avait un autre office du privilège sacerdotal, moins élevé que celui que nous venons de considérer. «Et ceci sera à toi les offrandes élevées de leurs dons, avec toutes les offrandes tournoyées des fils d’Israël; je te les ai données, et à tes fils et à tes filles avec toi, par statut perpétuel; quiconque sera pur dans ta maison en mangera.» (Vers. 11.) Les filles d’Aaron ne devaient pas manger les offrandes pour le péché ou les offrandes pour le délit. Elles étaient pourvues selon la limite extrême de leur capacité; mais il y avait certaines fonctions qu’elles ne pouvaient remplir — certains privilèges qui étaient au-delà de leur portée — certaines responsabilités, pour elles trop pesantes à porter. Il est de beaucoup plus facile de se joindre à un autre pour présenter un holocauste, que de prendre sur soi le péché d’autrui. Ce dernier acte demande une mesure d’énergie sacerdotale qui trouve son type dans les «fils» d’Aaron, et non dans ses «filles». Nous devons nous attendre à ces capacités variées, au milieu des membres de la maison sacerdotale. Nous sommes tous, béni soit Dieu, sur le même terrain; nous avons tous les mêmes titres, nous sommes tous dans la même relation; mais nos capacités varient; et quoique nous devions tous aspirer au plus haut degré du service sacerdotal, il n’y a aucun profit pour nous de prétendre à ce que nous ne possédons pas.

Une chose cependant est clairement enseignée au verset 11: Nous devons être «purs» pour jouir des privilèges du sacerdoce, ou pour user des aliments du sacrificateur — purs par le précieux sang de Christ appliqué à notre conscience — purs par l’application de la parole par l’Esprit à nos habitudes, à nos relations et à nos voies. Quand nous sommes ainsi purs, quelle que soit notre capacité, la plus riche provision est assurée à nos âmes par la précieuse grâce de Dieu. Écoutez les paroles suivantes: «Tout le meilleur de l’huile et tout le meilleur du moût et du froment, les prémices qu’ils donneront à l’Éternel, je te les donne. Les premiers fruits de tout ce qui est dans leur pays, qu’ils apporteront à l’Éternel, seront à toi; quiconque sera pur dans ta maison en mangera.1» (Vers. 12-13.)

1 Que le lecteur considère quel effet moral aurait une interprétation littérale du passage précédent appliqué à une certaine classe sacerdotale dans l’Église de Dieu. Prenez-le symboliquement et spirituellement; vous aurez une figure frappante de la nourriture fournie à tous les enfants de Dieu, comme à une famille sacerdotale, c’est-à-dire Christ dans toute sa valeur et dans toute sa plénitude.

Assurément nous avons là une portion princière accordée à ceux qui sont faits sacrificateurs à Dieu. Ils devaient avoir la meilleure partie et les premiers fruits de tout ce que produisait la terre de l’Éternel. Il y avait «le vin qui réjouit le cœur de l’homme, faisant reluire son visage avec l’huile; et avec le pain il soutient le cœur de l’homme» (Ps. 104:15).

Quelle image nous avons on tout cela de notre portion en Christ l’olive et le raisin étaient pressurés et la moelle du froment était moulue, afin de nourrir et de réjouir les sacrificateurs de Dieu; et l’Antitype béni de toutes ces choses a été, dans sa grâce infinie, meurtri et froissé dans la mort, afin que par sa chair et son sang il pût administrer à sa maison la vie, la force et la joie. Lui, le précieux grain de froment, est tombé en terre et il est mort, afin que nous pussions vivre; et le suc de ce sarment vivant fut exprimé pour remplir la coupe de salut, dont nous buvons maintenant et dont nous boirons à toujours en la présence de notre Dieu.

Que nous faut-il encore, si ce n’est une plus grande aptitude à jouir de la richesse et de la valeur de notre part à un Sauveur crucifié, ressuscité et glorifié? Nous pouvons bien dire: «Nous avons amplement de tout et nous sommes dans l’abondance.» Dieu nous a donné tout ce qu’il pouvait nous donner — ce qu’il avait de mieux. Il nous a appelés à nous asseoir avec Lui dans une communion sainte et heureuse, et à nous nourrir du veau gras. Il a fait entendre à nos oreilles et saisir à nos cœurs, en quelque faible mesure, ces merveilleuses paroles: «Mangeons et faisons bonne chère».

Combien il est admirable de penser que rien ne pouvait satisfaire le cœur et l’esprit de Dieu, si ce n’est de réunir son peuple autour de lui pour le nourrir de ce qui fait ses propres délices! «Or, notre communion est avec le Père et avec son fils Jésus Christ» (1 Jean 1:3). Que pouvait faire de plus pour nous, même l’amour de Dieu? Et pour qui l’a-t-il fait? Pour ceux qui étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés — pour des étrangers, des ennemis, de coupables rebelles — pour des «chiens» Gentils — pour ceux qui étaient loin de Lui, sans espérance et sans Dieu dans le monde, pour ceux qui n’avaient mérité que les flammes éternelles de l’enfer. Oh! quelle grâce merveilleuse! Quelle incalculable profondeur de souveraine miséricorde! Et, pouvons-nous ajouter, quel divin et précieux sacrifice expiatoire que celui qui amène de pareils coupables dans cette ineffable bénédiction, pour en faire des sacrificateurs à Dieu, après avoir enlevé de dessus nous tous nos «vêtements sales», afin de nous amener purifiés, vêtus et couronnés dans sa présence et à sa louange! Puissions-nous le louer! Que notre cœur le loue et que notre vie le glorifie! Apprenons à jouir de notre place et de notre part de sacrificateurs. Nous ne pouvons, ici-bas, rien faire de mieux, rien de plus élevé, que de présenter à Dieu, par Jésus Christ, le fruit de lèvres qui bénissent Son Nom. Ce sera notre éternel emploi dans ce séjour où nous serons bientôt pour y habiter à jamais avec Dieu, avec notre Sauveur béni, «Celui qui nous a aimés, et qui s’est donné lui-même pour nous».

Dans les versets 14 à 19, nous avons des instructions touchant «tout ce qui ouvre la matrice… tant homme que bêtes.» Remarquons que l’homme est placé sur le même niveau que les bêtes immondes. Les deux devaient être rachetés. La bête immonde n’était pas digne de Dieu; l’homme non plus, à moins qu’il ne fût racheté par le sang. L’animal net ne devait pas être racheté. Il était propre à l’usage de Dieu, et était donné pour nourriture à toute la maison du sacrificateur — aux fils et aux filles également. En ceci, nous avons un type de Christ en qui Dieu trouve l’unique objet dans lequel il puisse prendre un plein repos et une entière satisfaction. Merveilleuse pensée! c’est là ce qu’il nous a donné, à nous, Sa maison sacerdotale, pour être notre nourriture, notre lumière, notre joie, notre tout à jamais1.

1 Pour de plus amples détails sur le sujet présenté en Nombres 18:14-19, nous renvoyons le lecteur aux «Notes sur l’Exode», chapitre 13. Nous désirons éviter autant que possible toute répétition de ce qui a été dit dans les volumes précédents.

Le lecteur aura remarqué dans ce chapitre comme ailleurs, que chaque nouveau sujet s’ouvre par ces mots: «Et l’Éternel parla à Moïse» ou «à Aaron».

Ainsi les versets 20 à 23 nous enseignent que les sacrificateurs et les lévites — les adorateurs et les ouvriers de Dieu — ne devaient pas avoir d’héritage parmi les enfants d’Israël, mais qu’ils devaient dépendre absolument de Dieu seul pour leur subsistance et pour tous leurs besoins. Position des plus bénies! Rien ne saurait être plus attrayant que le tableau qui nous est présenté. Les enfants d’Israël devaient apporter leurs offrandes et les déposer aux pieds de l'Éternel, qui, dans sa grâce infinie, commandait à ses ouvriers de recueillir ces précieuses offrandes — fruits du dévouement de son peuple — et de s’en nourrir, en sa présence bénie, avec des cœurs reconnaissants. Tel était pour eux le cercle de la bénédiction: Dieu pourvoyait à tous les besoins de son peuple; celui-ci avait le privilège de partager les fruits abondants de la libéralité de Dieu avec les sacrificateurs et les lévites; puis il était permis à ces derniers de goûter le plaisir exquis de faire hommage à Dieu des biens qu’il avait répandus sur eux.

Tout cela est divin. C’est une figure frappante de ce que nous devrions toujours réaliser dans l’Église de Dieu sur la terre. Comme nous l’avons déjà remarqué, le peuple de Dieu est présenté, dans ce livre, sous trois aspects distincts, savoir comme guerriers, comme ouvriers, et comme adorateurs. Sous ces trois aspects aussi, il est vu dans l’attitude d’une absolue dépendance du Dieu vivant. Dans nos luttes, dans notre travail et dans notre culte, nous dépendons de Dieu: «Toutes nos sources sont en lui». Que faut-il de plus? Nous tournerons-nous vers l’homme ou vers ce monde pour avoir du secours ou des ressources? À Dieu ne plaise! Non, mais que notre seul grand but soit de prouver, dans toute notre vie, dans chaque développement de notre caractère, et dans chaque partie de notre travail, que Dieu suffit à nos cœurs.

Il est vraiment déplorable de voir le peuple de Dieu et les serviteurs de Christ attendre du monde leurs moyens de subsistance, ou trembler à la pensée que ces moyens pourraient leur manquer. Essayons seulement de nous représenter l’Église de Dieu dans les jours de Paul, se reposant sur le gouvernement romain pour soutenir ses évêques, ses docteurs et ses évangélistes. Oh non! cher lecteur; l’Église regardait pour tous ses besoins, à son divin Chef qui est dans les cieux, et à l’Esprit de Dieu qui est sur la terre. Pourquoi en serait-il autrement maintenant? Le monde est toujours le monde; et l’Église n’étant pas du monde, ne devrait pas rechercher l’or ou l’argent du monde. Dieu prendra soin de son peuple et de ses serviteurs, pourvu qu’ils se confient en Lui. Nous pouvons être sûrs que le divinum donum (don de Dieu) vaut beaucoup mieux pour l’Église que le regium donum (don du gouvernement). — Il n’y a même pas de comparaison possible aux yeux d’un chrétien spirituel.

Puissent tous les saints de Dieu, et tous les serviteurs de Christ appliquer sérieusement leurs cœurs à ces choses! Que le Seigneur nous fasse la grâce de confesser, en pratique et à la face d’un monde impie, infidèle et sans Christ, que le Dieu vivant suffit amplement à chacun de nos besoins.