Nombres

Chapitre 6

«Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Parle aux fils d’Israël, et dis-leur: Si un homme ou une femme se consacre en faisant vœu de nazaréat, pour se séparer afin d’être à l’Éternel, il s’abstiendra de vin et de boisson forte, il ne boira ni vinaigre de vin, ni vinaigre de boisson forte, et il ne boira d’aucune liqueur de raisins, et ne mangera point de raisins, frais ou secs. Pendant tous les jours de son nazaréat, il ne mangera rien de ce qui est fait de la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau. Pendant tous les jours du vœu de son nazaréat, le rasoir ne passera pas sur sa tête; jusqu’à l’accomplissement des jours pour lesquels il s’est séparé [pour être] à l’Éternel, il sera saint; il laissera croître les boucles des cheveux de sa tête. Pendant tous les jours de sa consécration à l’Éternel, il ne s’approchera d’aucune personne morte. Il ne se rendra pas impur pour son père, ni pour sa mère, ni pour son frère, ni pour sa sœur, quand ils mourront; car le nazaréat de son Dieu est sur sa tête. Pendant tous les jours de son nazaréat, il est consacré à l’Éternel» (vers. 1-8).

L’ordonnance du nazaréat est pleine d’intérêt et d’instruction pratique. En elle nous voyons le cas de celui qui se met à part, très strictement, des choses qui, n’étant pas absolument coupables en elles-mêmes, sont néanmoins propres à nuire à cette entière consécration du cœur qui se montre dans le vrai nazaréat.

En premier lieu, le nazaréen ne devait pas boire de vin. Le fruit de la vigne, sous quelque forme qu’il se présentât, lui était interdit. Or le vin, comme nous savons, est le symbole tout naturel de la joie terrestre, l’expression de cette jouissance sociale à laquelle le cœur humain est si pleinement enclin à se livrer. Le nazaréen devait s’en garder soigneusement dans le désert. Pour lui c’était une ordonnance littérale. Il ne devait pas exciter la nature par des boissons fortes. Pendant les jours de sa séparation, il était appelé à observer la plus stricte abstinence du vin.

Tel était le type, écrit pour notre instruction, dans ce merveilleux Livre des Nombres si riche en leçons pour le désert. C’est d’ailleurs ce que nous devions nous attendre à y rencontrer. L’institution frappante du nazaréat trouve sa place naturelle dans le Livre des Nombres. Elle est en parfaite harmonie avec le caractère de ce livre, qui contient, ainsi que nous l’avons déjà fait observer, tout ce qui concerne spécialement la vie dans le désert.

Recherchons donc quelle est la leçon qui nous est enseignée dans la privation du nazaréen de tout ce qui appartenait à la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau du raisin.

Il n’y a qu’un seul Nazaréen véritable et parfait dans ce monde, Celui qui, du commencement à la fin, a observé la plus complète séparation de toute joie purement terrestre. Depuis le moment où Il entra dans son œuvre publique, Il se tint Lui-même en dehors de tout ce qui était de ce monde. Son cœur s’occupait de Dieu et de son œuvre, avec un dévouement que rien ne pouvait ébranler. Il ne laissa jamais un seul instant les prétentions de la terre ou de la nature se placer entre son cœur et cette œuvre qu’il était venu accomplir. «Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père?» Et encore: «Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme?» Avec de semblables paroles, le vrai Nazaréen cherchait-il à satisfaire aux droits de la nature? Il avait une chose à faire, et pour cela Il se séparait Lui-même parfaitement de tout le reste. Son œil était simple et son cœur n’était point partagé. C’est ce qu’on voit d’un bout à l’autre de sa carrière. Il pouvait dire à ses disciples: «J’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas»; et lorsque ceux-ci, ne comprenant pas la signification profonde de ces paroles, disaient: «Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger?» Il répondit: «Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre» (Jean 4:33-34). Aussi, au terme de sa carrière ici-bas, nous l’entendons prononcer des paroles comme celles-ci, en prenant dans sa main la coupe: «Prenez ceci et le distribuez entre vous, car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu» (Luc 22:17-18).

Ainsi nous voyons comment le parfait Nazaréen se comportait en tout. Il ne pouvait avoir aucune joie sur la terre, aucune joie dans la nation d’Israël. Le temps n’était pas venu pour cela, et par conséquent Il se détachait de tout ce que l’affection purement humaine pouvait trouver avec les siens, afin de se vouer au seul grand objet qui occupait toujours son esprit. Le temps viendra où, comme Messie, Il se réjouira dans son peuple et dans la terre; mais jusqu’à ce que vienne ce moment béni, Il est à part comme le vrai Nazaréen et son peuple lui est associé. «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité.» (Jean 17:16-19.)

Lecteur chrétien, étudions sérieusement ce premier grand trait du caractère du nazaréen. Il est important que nous nous examinions fidèlement à sa lumière. C’est vraiment une très grave question que de savoir jusqu’à quel point, comme chrétiens, nous comprenons réellement le sens et la puissance de cette entière séparation de toute excitation de la nature et de toute joie purement terrestre. On peut dire peut-être: «Quel mal y a-t-il à s’accorder un léger amusement ou une petite récréation? Assurément nous ne sommes pas appelés à être des moines. Dieu ne nous a-t-il pas donné richement toutes choses pour en jouir? Et tandis que nous sommes dans le monde, n’est-il pas à propos que nous en jouissions?»

À tout cela nous répondrons: Il ne s’agit pas ici du mal de ceci ou de cela. Il n’y avait pas de mal, en règle générale, dans l’usage du vin; rien de mauvais dans le fruit de la vigne, en lui-même. Mais voici la vraie question: Si quelqu’un se proposait d’être nazaréen, s’il aspirait à cette sainte séparation pour le Seigneur, alors il devait s’abstenir entièrement de l’usage du vin et des boissons enivrantes. D’autres pouvaient en boire, mais le nazaréen ne devait pas y toucher.

Or, la question pour nous est celle-ci: Aspirons-nous à être nazaréens? Soupirons-nous après une séparation complète et un dévouement de nous-mêmes, corps, âme et esprit, à Dieu? S’il en est ainsi, il faut que nous nous tenions en dehors de toutes ces choses, dans lesquelles la nature trouve ses jouissances. C’est sur cette vérité que repose toute la question. Il ne s’agit certes pas de demander: «Devons-nous être des moines?» mais: «Sentons-nous le besoin d’être des nazaréens?» Est-ce le désir de notre cœur d’être comme Christ notre Seigneur, mis à part de toute joie simplement terrestre, d’être séparés pour Dieu de toutes ces choses qui, bien que n’étant pas absolument coupables en elles-mêmes, tendent néanmoins à empêcher cette entière consécration du cœur qui est le vrai secret de tout nazaréat spirituel? Le lecteur chrétien ne sait-il pas qu’il y a, en réalité, beaucoup de pareilles choses? Ne sent-il pas qu’il y en a d’innombrables qui exercent une influence distrayante et affaiblissante sur son esprit, et qui, cependant, si elles étaient éprouvées à la mesure de la morale ordinaire, pourraient passer comme innocentes?

Mais nous devons nous souvenir que les nazaréens de Dieu ne mesurent pas les choses à une telle règle. Leur morale n’est point du tout une morale ordinaire. Ils regardent les choses d’un point de vue céleste et divin, et par conséquent ils ne peuvent laisser passer comme innocent rien de ce qui tend, en quelque manière que ce soit, à porter atteinte à ce caractère élevé de consécration à Dieu, après lequel soupirent ardemment leurs âmes.

Puissions-nous obtenir de Dieu la grâce de peser ces choses, et de nous tenir en garde contre toute influence corruptrice. Chacun doit être instruit de ce qui, dans son cas, se trouverait être pour lui comme le vin ou les boissons fortes. Cela peut paraître une bagatelle; mais nous pouvons être assurés que rien de ce qui rompt le cours de la communion de notre âme avec Dieu, et nous prive de cette sainte intimité dont la jouissance est notre privilège, ne peut jamais être une bagatelle.

Mais il y avait autre chose qui caractérisait le nazaréen. Il ne devait pas raser sa tête. «Pendant tous les jours du vœu de son nazaréat, le rasoir ne passera pas sur sa tête; jusqu’à l’accomplissement des jours pour lesquels il s’est séparé pour être à l’Éternel, il sera saint; il laissera croître les boucles des cheveux de sa tête.» (Vers. 5.)

Dans 1 Cor. 11:14, nous apprenons qu’une longue chevelure est regardée comme un manque de dignité pour l’homme. «La nature même ne vous enseigne-t-elle pas que, si un homme a une longue chevelure, c’est un déshonneur pour lui?» Cela nous montre que, si nous désirons réellement vivre d’une vie de séparation pour Dieu, nous devons être prêts à renoncer à notre dignité naturelle. C’est ce que notre Seigneur Jésus Christ a fait parfaitement. Il s’est anéanti lui-même. Il a renoncé à ses droits en toutes choses. Il pouvait dire «Je suis un ver, et non point un homme». Il se dépouilla entièrement Lui-même et prit la place la plus humble. Il se négligeait pour prendre soin des autres. En un mot, son nazaréat fut parfait en ceci comme en tout autre chose.

Or, c’est justement là ce que nous aimons si peu faire. Nous défendons naturellement notre dignité nous cherchons à maintenir nos droits, ce qui est considéré comme une action virile. Mais l’Homme parfait ne le fit jamais; et si nous aspirons à être nazaréens, nous ne le ferons pas non plus. Nous devons faire l’abandon des dignités de la nature, et nous départir des joies de la terre, si nous voulons marcher ici-bas dans un sentier de complète séparation pour Dieu: Plus tard, bientôt, ces deux choses iront ensemble, mais non point maintenant.

Remarquons encore qu’ici la question n’est pas de savoir si tel ou tel cas est licite ou mauvais. En règle générale, il convenait à un homme de se couper les cheveux; mais, pour un nazaréen, ce n’était pas bien, c’était même tout à fait mal. Voilà ce qui fait toute la différence. Pour un homme ordinaire, c’était bien de se raser et de boire du vin; mais le nazaréen n’était pas un homme ordinaire; il était mis à part de tout ce qui était ordinaire pour marcher dans un sentier particulier, et ç’aurait été pour lui l’abandonner entièrement que d’employer le rasoir ou de goûter du vin. Par conséquent, si quelqu’un demande «N’est-ce pas bien de jouir des plaisirs de la terre et de maintenir les dignités de la nature?» nous répondrons: «C’est très bien, si nous devons marcher comme les hommes; mais c’est entièrement mauvais, ou absolument funeste, si nous désirons marcher comme des nazaréens».

Cela simplifie étonnamment les choses, répond à mille questions et résout mille difficultés. Il est inutile d’être méticuleux au sujet du mal qui peut se trouver dans ceci ou dans cela. La question est: quels sont notre but et notre objet réels? Désirons-nous simplement nous conduire comme les hommes, ou notre besoin est-il de vivre comme de vrais nazaréens? Selon le langage de 1 Cor. 3:3, les expressions: «Marcher à la manière des hommes» et «être charnel» sont synonymes. Entrons-nous dans l’esprit d’une telle écriture, en sentons-nous tous les effets? Ou bien sommes-nous dirigés par l’esprit et les principes d’un monde sans Dieu et sans Christ? Il n’est pas utile de perdre notre temps à discuter des points qui ne seraient jamais soulevés, si nos âmes étaient dans une bonne atmosphère morale, dans une bonne attitude spirituelle. Sans doute, il est parfaitement légitime, parfaitement naturel, parfaitement conséquent pour les hommes de ce monde, de jouir de tout ce qu’il a à leur offrir, et de maintenir, de tout leur pouvoir, leurs droits et leurs dignités. Il serait puéril de mettre cela en question. Mais, d’un autre côté, ce qui est légitime, naturel et conséquent pour les hommes de ce monde, est mauvais, contre nature et inconséquent pour les Nazaréens de Dieu. Tel est l’état de la question, si nous nous laissons gouverner par la simple vérité de Dieu. Nous voyons au chapitre 6 des Nombres que, si un nazaréen buvait du vin ou rasait ses cheveux, il rendait impure la tête de son nazaréat. Ceci n’a-t-il pas de voix et de leçon pour nous? Assurément oui. Il nous enseigne que si nos âmes désirent continuer à marcher dans une entière consécration du cœur à Dieu, nous devons nous abstenir des joies de la terre, et renoncer aux dignités et aux droits de la nature. Il faut qu’il en soit ainsi, vu que Dieu et le monde, la chair et l’Esprit ne se concilient pas et ne peuvent pas se concilier. Le temps viendra où il en sera autrement; mais maintenant tous ceux qui veulent vivre pour Dieu et marcher par l’Esprit, doivent vivre séparés du monde et mortifier la chair. Que Dieu, dans sa grande miséricorde, nous rende capable de le faire!

Il nous reste à mentionner un autre fait particulier au nazaréen. Il ne devait pas toucher un corps mort. «Pendant tous les jours de sa consécration à l’Éternel, il ne s’approchera d’aucune personne morte. Il ne se rendra pas impur pour son père, ni pour sa mère, ni pour son frère, ni pour sa sœur, quand ils mourront; car le nazaréat de son Dieu est sur sa tête» (vers. 6-7).

Ainsi nous voyons que, soit que l’on bût du vin, que l’on rasât sa chevelure, ou que l’on touchât un mort, l’effet était le même chacune de ces trois choses entraînait la souillure de la tête du nazaréat. C’est pourquoi il est évident que boire du vin ou raser sa tête souillait le nazaréen tout autant que de toucher une personne morte. Il est bon de considérer cela. Nous sommes disposés à faire des distinctions qui ne soutiendront pas un seul instant la lumière de la présence divine. Quand une fois la consécration à Dieu reposait sur la tête de quelqu’un, ce grand fait devenait la règle et la pierre de touche de toute moralité. Il plaçait l’individu sur un terrain entièrement nouveau et particulier, et lui faisait un devoir d’envisager toute chose à un point de vue nouveau et particulier. Il n’avait plus à demander ce qui lui convenait comme homme, mais ce qui lui convenait comme nazaréen. Par conséquent, si son plus cher ami tombait mort à côté de lui, il ne devait pas le toucher. Il était appelé à se tenir lui-même à part de l’influence impure de la mort, et tout cela parce que le «nazaréat de Dieu était sur sa tête».

Or, dans ce sujet complet du nazaréat, il est nécessaire pour le lecteur de bien comprendre qu’il n’est, ici, en aucune manière, question du salut de l’âme, de la vie éternelle, ou de la parfaite sécurité du croyant en Christ. Si l’on ne saisit pas clairement cette distinction, l’esprit peut être jeté dans la perplexité et dans les ténèbres. Il y a dans le christianisme deux grands anneaux qui, bien que très intimement unis, sont tout à fait distincts, savoir l’anneau de la vie éternelle, et l’anneau de la communion personnelle. Le premier ne peut jamais être rompu par quoi que ce soit; le second peut l’être en un moment par la cause la plus chétive. C’est au second de ces anneaux que se rapporte la doctrine du nazaréat.

Nous voyons, dans la personne du nazaréen, un type de celui qui entre dans une position particulière de dévouement ou de consécration à Christ. La puissance pour persister dans ce sentier gît dans une secrète communion avec Dieu, de sorte que si la communion est interrompue, la puissance cesse. Ceci rend le sujet particulièrement sérieux. Il y a un très grand danger à vouloir suivre un chemin, lorsque ce qui constitue la source de la puissance pour cela fait défaut. Cela est très fâcheux et demande une extrême vigilance. Nous avons brièvement examiné les diverses choses qui tendent à interrompre la communion du nazaréen; mais il serait tout à fait impossible de dépeindre, par des paroles quelconques, l’effet moral des essais que l’on fait pour conserver l’apparence du nazaréat, quand la réalité intérieure a disparu. C’est extrêmement dangereux. Il vaut infiniment mieux confesser notre chute et prendre notre vraie place, que de garder une fausse apparence. Dieu veut de la réalité; et nous pouvons être convaincus que, tôt ou tard, notre faiblesse et notre folie seront manifestées. C’est une chose très déplorable et très humiliante quand les nazaréens qui «étaient plus purs que la neige» deviennent «plus sombres que le noir» (Lam. 4:7-8); mais c’est bien pis encore lorsque ceux qui sont devenus noirs, ont la prétention d’être nets.

Considérons le cas solennel de Samson, qui nous est décrit dans le chapitre 16 des Juges. Dans une heure funeste, il trahit son secret et perdit sa force, et il la perdit sans le savoir. Mais l’ennemi le sut bientôt; il fut aussi bientôt rendu manifeste pour tous que le nazaréen avait souillé la tête de son nazaréat. «Et il arriva, comme elle le tourmentait par ses paroles tous les jours et le pressait, que son âme en fut ennuyée jusqu’à la mort; et il lui déclara tout ce qui était dans son cœur, et lui dit Le rasoir n’a jamais passé sur ma tête, car je suis nazaréen de Dieu dès le ventre de ma mère. Si j’étais rasé, ma force s’en irait de moi, et je deviendrais faible, et je serais comme tous les hommes.» (Vers. 16-17.)

Hélas! c’était la révélation du secret intime et saint de tout son pouvoir. Jusque-là son sentier avait été un sentier de force et de victoire, simplement parce qu’il avait été celui du saint nazaréat. Mais le cœur de Samson fut vaincu par les séductions de Delila, et ce que mille Philistins n’avaient pu faire, l’influence séduisante d’une seule femme le fit. Samson tomba de la haute élévation du nazaréat au niveau d’un homme ordinaire.

«Et Delila vit qu’il lui avait déclaré tout ce qui était dans son cœur; et elle envoya, et appela les princes des Philistins, disant Montez cette fois car il m’a déclaré tout ce qui est dans son cœur. Et les princes des Philistins montèrent vers elle, et apportèrent l’argent dans leur main. Et elle l’endormit sur ses genoux (fatal sommeil, hélas! pour le nazaréen de Dieu!), et appela un homme, et rasa les sept tresses de sa tête; et elle commença de l’humilier, et sa force se retira de lui. Et elle dit: Les Philistins sont sur toi, Samson! Et il se réveilla de son sommeil, et se dit: Je m’en irai comme les autres fois, et je me dégagerai. Or il ne savait pas que l’Éternel s’était retiré de lui. Et les Philistins le saisirent et lui crevèrent les yeux, et le firent descendre à Gaza, et le lièrent avec des chaînes d’airain; et il tournait la meule dans la maison des prisonniers» (Juges 16:18-21).

O lecteur, quel tableau! qu’il est solennel! et quel avertissement il donne! Quel triste spectacle pour Samson se levant pour sortir des mains des Philistins «comme les autres fois!» Hélas! «comme» était hors de place. Il pouvait se tirer de leurs mains, mais ce n’était plus «comme les autres fois», car la force avait disparu; l’Éternel s’était retiré de lui; et le nazaréen, naguère puissant, devint un prisonnier aveugle; et au lieu de triompher des Philistins, il dut tourner la meule dans leur prison. Voilà ce qui arrive lorsqu’on cède à la nature. Samson ne recouvra jamais sa liberté. Il lui fut permis, par la volonté de Dieu, de remporter une victoire de plus sur les incirconcis; mais elle lui coûta la vie. Les nazaréens de Dieu doivent se conserver purs, sinon ils perdent leur puissance. Pour eux la puissance et la pureté sont inséparables. Ils ne peuvent pas avancer s’ils n’ont pas la sainteté intérieure; de là pour eux l’urgente nécessité d’être toujours en garde contre les diverses choses qui tendent à entraîner le cœur, à distraire l’esprit et à abaisser le degré de spiritualité. Ne perdons jamais de vue ces paroles de notre chapitre: «Pendant tous les jours de son nazaréat, il est consacré à l’Éternel». La sainteté est le grand et indispensable caractère, de tous les jours du nazaréat, de sorte que si une fois la sainteté est perdue, le nazaréat est près de sa fin.

Que faut-il donc faire? pourrait-on demander. L’Écriture nous donne la réponse. «Et si quelqu’un vient à mourir subitement auprès de lui, d’une manière imprévue, et qu’il ait rendu impure la tête de son nazaréat, il rasera sa tête au jour de sa purification; il la rasera le septième jour. Et le huitième jour il apportera au sacrificateur deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, à l’entrée de la tente d’assignation. Et le sacrificateur offrira l’un en sacrifice pour le péché, et l’autre en holocauste, et fera propitiation pour lui de ce qu’il a péché à l’occasion du mort; et il sanctifiera sa tête ce jour-là. Et il consacrera à l’Éternel les jours de son nazaréat, et il amènera un agneau, âgé d’un an, en sacrifice pour le délit; et les premiers jours seront comptés pour rien, car il a rendu impur son nazaréat» (Nombres 6:9-12).

Nous trouvons ici l’expiation sous ses deux grands aspects, comme étant le seul principe d’après lequel le nazaréen pouvait retrouver la communion. Il avait contracté une souillure; et cette souillure ne pouvait être enlevée que par le sang du sacrifice. Nous pourrions traiter à la légère le fait de toucher un corps mort, et surtout dans de pareilles circonstances. On pourrait dire: «Comment aurait-il pu s’empêcher de toucher une personne morte quand elle était tombée à ses côtés?» La réponse est à la fois simple et grave. Les nazaréens de Dieu doivent maintenir leur pureté personnelle; et de plus la mesure par laquelle leur pureté doit être réglée n’est pas humaine, mais divine. Le simple attouchement de la mort était suffisant pour rompre l’anneau de la communion; et si le nazaréen avait voulu continuer, comme s’il ne fût rien survenu, il aurait désobéi aux commandements de Dieu et aurait amené sur lui-même un sévère jugement.

Mais, béni soit Dieu, la grâce avait pourvu à cela. Il y avait l’holocauste, type de la mort de Christ relativement à Dieu. Il y avait le sacrifice pour le péché, type de la même mort relativement à nous. Il y avait encore le sacrifice pour le délit, type de la mort de Christ, dans son application non seulement à la racine ou au principe du mal en la chair, mais aussi au péché commis actuellement. En un mot, il fallait la plénitude de l’efficace de la mort du Christ pour enlever la souillure causée par le simple attouchement d’un corps mort. Ceci est particulièrement sérieux. Le péché est une chose extrêmement odieuse aux yeux de Dieu. Une seule pensée, un seul regard, une seule parole coupables suffisent pour jeter sur l’âme un lourd et sombre nuage qui cachera à notre vue la clarté de la face de Dieu et nous plongera dans une détresse et dans une misère profondes.

Gardons-nous donc de traiter légèrement le péché. Rappelons-nous que pour effacer une seule tache de la culpabilité du péché, même la plus petite, le Seigneur Jésus Christ a dû passer par toutes les inexprimables horreurs du Calvaire. Ce cri profondément amer: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» est la seule chose qui puisse nous donner une juste idée de ce qu’est le péché; et nul mortel ou nul ange ne pourrait pénétrer les profondeurs immenses de ce cri. Et, quoique nous ne puissions jamais sonder les mystérieux abîmes des souffrances du Christ, nous devons au moins chercher à méditer plus habituellement sur sa croix et sur sa passion, et à obtenir, par là, une intelligence beaucoup plus profonde de l’odieux caractère du péché, aux yeux de Dieu. Si, en effet, le péché était tellement affreux et tellement abominable pour un Dieu saint, qu’il était contraint de détourner la clarté de sa face du Bien-aimé qui avait habité dans son sein de toute éternité; s’il l’avait abandonné parce qu’il portait le péché en son corps sur le bois, que doit donc être le péché?

O lecteur! considérons sérieusement ces choses. Puissent-elles toujours avoir une place profondément établie dans nos cœurs qui sont si aisément entraînés dans le péché! Combien nous pensons légèrement parfois qu’il a coûté au Seigneur Jésus, non seulement la vie, mais ce qui est meilleur et plus cher que la vie: la clarté de la face de Dieu! Puissions-nous avoir un sentiment beaucoup plus réel du caractère odieux du péché! Puissions-nous nous tenir assidûment en garde contre un seul coup d’œil dans une mauvaise direction; car nous pouvons être certains que le cœur suivra l’œil, que les pieds suivront le cœur, et ainsi nous nous éloignerons du Seigneur, nous perdrons le sentiment de sa présence et de son amour, et nous deviendrons misérables, ou, si nous ne sommes pas misérables, nous serons, ce qui est bien autrement mauvais, morts, froids, insensibles, «endurcis par la séduction du péché».

Que Dieu, dans sa grâce infinie, veuille nous garder de chute! Qu’il nous fasse la grâce de veiller, avec plus de zèle, à tout ce qui pourrait souiller la tête de notre nazaréat! C’est une chose sérieuse de sortir de la communion; et une chose des plus dangereuses d’essayer de continuer d’agir dans le service du Seigneur avec une conscience souillée. Il est vrai que la grâce pardonne et restaure, mais nous ne regagnons jamais ce que nous avons perdu. C’est ce que démontre, avec une force solennelle, le passage de l’Écriture qui est devant nous: «Il consacrera à l’Éternel les jours de son nazaréat, et il amènera un agneau, âgé d’un an, en sacrifice pour le délit; et les premiers jours seront comptés pour rien, car il a rendu impur son nazaréat».

Ceci est une partie de notre sujet, pleine d’instruction et d’avertissements pour nos âmes. Quand le nazaréen avait été souillé par une cause quelconque, ne fût-ce que par l’attouchement d’un mort, il devait tout recommencer. Ce n’était pas seulement les jours de sa souillure qui étaient perdus ou qui ne comptaient pour rien, mais réellement tous les jours de son nazaréat précédent.

Qu’est-ce que cela nous enseigne? Tout au moins ceci, savoir, que lorsque nous nous écartons, ne fût-ce que de la largeur d’un cheveu, de l’étroit sentier de la communion, et que nous nous éloignons du Seigneur, nous devons retourner au point même d’où nous sommes partis et commencer tout à nouveau. Nous en avons plusieurs exemples dans l’Écriture; et il serait sage de notre part de les considérer, et de peser aussi la grande vérité pratique qui en découle.

Prenez le cas d’Abram, lors de sa descente en Égypte, comme elle nous est racontée au chapitre 12 de la Genèse., Évidemment, il s’était détourné de son sentier. Et quelle en fut la conséquence? Les jours passés en Égypte furent perdus ou ne comptèrent pour rien; il dut retourner au point d’où il s’était éloigné et recommencer sa marche. Ainsi, en Genèse 12:8, nous lisons: «Et il se transporta de là vers la montagne, à l’orient de Béthel, et tendit sa tente, ayant Béthel à l’occident, et Aï à l’orient; et il bâtit là un autel à l’Éternel et invoqua le nom de l’Éternel.» Puis, après son retour du pays d’Égypte, nous lisons: «Et il s’en alla, en ses traites, du midi jusqu’à Béthel, jusqu’au lieu où était sa tente au commencement, entre Béthel et Aï, au lieu où était l’autel qu’il y avait fait auparavant; et Abram invoqua là le nom de l’Éternel» (Gen. 13:3-4). Tout le temps passé en Égypte fut annulé. Il n’y avait là aucun autel, aucun culte, aucune communion; et Abram dut retourner exactement au même lieu qu’il avait quitté.

Il en est ainsi dans tous les cas; ce qui explique les progrès misérablement lents de quelques-uns de nous dans, notre carrière pratique. Nous tombons, nous nous détournons, nous nous éloignons du Seigneur, nous sommes plongés dans des ténèbres spirituelles; alors sa voix d’amour, puissante et fortifiante, parvient jusqu’à nous et nous ramène au point d’où nous nous étions éloignés; nos âmes sont restaurées, mais nous avons perdu notre temps et nous avons inexprimablement souffert. Cela est très sérieux et devrait nous faire marcher avec une sainte vigilance et avec circonspection, de telle sorte que nous n’ayons pas à rebrousser chemin, et à perdre ce qu’on ne peut jamais regagner. Il est vrai que nos égarements, nos trébuchements, et nos chutes nous éclairent sur l’état de nos propres cœurs, nous apprennent à nous défier de nous-mêmes, et amènent le déploiement de la grâce immuable et sans bornes de notre Dieu. Tout cela est parfaitement vrai; néanmoins, il y a un moyen tout autre, bien meilleur que les égarements, les trébuchements et les chutes, de nous connaître nous-mêmes et de connaître Dieu. Notre moi, dans toutes les fatales profondeurs de ce mot, doit être juge dans la pure lumière de la présence de Dieu, là où nos âmes croissent aussi dans la connaissance de Dieu, tel qu’il se révèle Lui-même par le Saint Esprit, dans la face de Jésus Christ, et dans les précieuses pages de la Sainte Écriture. Ceci est assurément le plus excellent moyen de connaître et nous-mêmes et Dieu; et c’est aussi la puissance de toute vraie séparation du nazaréen. L’âme, qui vit habituellement dans le sanctuaire de Dieu ou, en d’autres termes, qui marche dans une communion continuelle avec Dieu, est celle qui aura un sentiment vrai de ce qu’est la nature dans toutes ses phases, sans avoir eu cependant à l’apprendre par de cruelles expériences; et non seulement cela, mais elle aura en outre un sentiment plus profond et plus juste de ce qu’est Christ en Lui-même et de ce qu’il est pour tous ceux qui mettent leur espérance en Lui. C’est une pauvre chose que d’apprendre à se connaître par des expériences. Nous pouvons être sûrs que le vrai moyen d’apprendre, c’est d’être en communion; et quand nous l’apprendrons ainsi, nous ne serons pas continuellement préoccupés de la pensée de notre état d’abjection, mais nous serons plutôt occupés de ce qui est en dehors et au-dessus de nous-mêmes, c’est-à-dire de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, notre Seigneur.

En terminant cette section, nous citerons au long pour le lecteur l’exposé de la loi du nazaréat: «Au jour où les jours de son nazaréat seront accomplis, on le fera venir à l’entrée de la tente d’assignation et il présentera son offrande à l’Éternel, un agneau mâle, âgé d’un an, sans défaut, pour holocauste, et un agneau femelle, âgé d’un an, sans défaut, en sacrifice pour le péché, et un bélier sans défaut, pour sacrifice de prospérités; et une corbeille de pains sans levain, des gâteaux de fleur de farine pétris à l’huile, et des galettes sans levain ointes d’huile, et leur offrande de gâteau et leurs libations. Et le sacrificateur les présentera devant l’Éternel, et il offrira son sacrifice pour le péché, et son holocauste; et il offrira le bélier en sacrifice de prospérités à l’Éternel, avec la corbeille des pains sans levain; et le sacrificateur offrira son offrande de gâteau et sa libation. Et le nazaréen rasera, à l’entrée de la tente d’assignation, la tête de son nazaréat, et il prendra les cheveux de la tête de son nazaréat et les mettra sur le feu qui est sous le sacrifice de prospérités. Et le sacrificateur prendra l’épaule cuite du bélier, et un gâteau sans levain de la corbeille, et une galette sans levain, et il les mettra sur les paumes des mains du nazaréen, après qu’il aura fait raser les cheveux de son nazaréat. Et le sacrificateur les tournoiera en offrande tournoyée devant l’Éternel c’est une chose sainte qui appartient au sacrificateur, avec la poitrine tournoyée, et avec l’épaule élevée. Et après cela le nazaréen boira du vin. Telle est la loi du nazaréen qui se sera voué, telle son offrande à l’Éternel pour son nazaréat, outre ce que sa main aura pu atteindre; selon son vœu qu’il aura fait, ainsi il fera, suivant la loi de son nazaréat» (Nombres 6:13-21).

Cette merveilleuse «loi» nous conduit à quelque chose de futur, quand le résultat complet de l’œuvre parfaite du Christ apparaîtra, et lorsqu’à la fin de son nazaréat le Seigneur goûtera, comme Messie d’Israël, une véritable joie dans son peuple bien-aimé et dans cette terre. Alors, pour le Nazaréen, le temps sera venu de boire du vin. Il se tient à part de tout cela pour l’accomplissement de cette grande œuvre, si pleinement exposée, sous tous ses aspects et dans toute sa portée, dans la «loi» précédente. Il est séparé de la nation, séparé de ce monde, dans la puissance du vrai nazaréat, comme il le dit lui-même à ses disciples, en cette nuit mémorable: «Désormais (avp∆ avrti) je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père» (Matt. 26:29).

Mais il y a un brillant jour à venir, où l'Éternel le Messie se réjouira en Jérusalem et dans son peuple. Les prophéties d’Ésaïe à Malachie, sont pleines de glorieuses et émouvantes allusions à ce jour heureux et éclatant. Nous remplirions littéralement un volume à citer les passages qui s’y rapportent. Mais si le lecteur veut chercher les derniers chapitres des prophéties d’Ésaïe, il y trouvera un exemple de ce que nous voulons dire. Il rencontrera aussi plusieurs autres passages semblables dans les divers livres des prophètes.

Nous n’essayerons pas de faire des citations, mais nous voudrions prémunir le lecteur contre le danger d’être induit en erreur par les sommaires non inspirés qui se trouvent à la tête de ces magnifiques chapitres sur l’avenir d’Israël, tels que ceux-ci, par exemple «Les bénédictions de l’Évangile», — «l’agrandissement de l’Église». Ces expressions sont propres à fourvoyer plusieurs lecteurs pieux, trop disposés à croire que ces arguments sont aussi bien inspirés que le texte; ou, s’ils ne le sont pas, qu’ils contiennent au moins un exposé exact de ce que le chapitre présente. Le fait est qu’il n’y a pas une seule syllabe sur l’Église, du commencement à la fin des prophètes. Que l’Église puisse trouver une très précieuse instruction, de la lumière, de l’encouragement et de l’édification dans cette grande division du volume inspiré, cela est heureusement vrai. Mais elle ne le trouvera que dans la proportion où elle pourra, par l’enseignement de l’Esprit, discerner la véritable application et le véritable but de cette portion du Livre de Dieu. Supposer un instant que nous ne pouvons retirer d’encouragement et de profit que de ce qui se rapporte exclusivement ou tout premièrement à nous, ce serait avoir une vue des choses très étroite, pour ne pas dire égoïste. Ne pouvons-nous rien apprendre du Livre du Lévitique? Et cependant qui pourrait affirmer qu’il se rapporte à l’Église?

Non, lecteur, vous pouvez être assuré qu’une étude faite avec calme, sans idée préconçue et avec prière, de «la loi et des prophètes», vous convaincra que le grand sujet de l’un et de l’autre, c’est le gouvernement du monde par Dieu, en rapport immédiat avec Israël. Il est vrai que partout, par «Moïse et par tous les prophètes», il y a des choses qui concernent le Seigneur Lui-même. Cela est évident d’après Luc 24:27. Mais c’est «Lui-même», considéré dans son gouvernement de ce monde et d’Israël en particulier. Si ce fait n’est pas clairement saisi, nous étudierons l’Ancien Testament avec peu d’intelligence ou peu de profit.

Il peut sembler à quelques-uns de nos lecteurs, que c’est une assertion exagérée que d’affirmer qu’il n’y a rien sur l’Église proprement dite, dans tous les prophètes, ou même dans tout l’Ancien Testament; mais un passage ou deux de la plume inspirée de Paul résoudront toute la question pour quiconque veut réellement se soumettre à l’autorité de la Sainte Écriture. Ainsi en Romains 16, nous lisons: Or, à celui qui est puissant pour vous affermir selon mon évangile et la prédication de Jésus Christ, selon la révélation du mystère à l’égard duquel le silence a été gardé dès les temps éternels, mais qui a été manifesté maintenant, et qui, par des écrits prophétiques (évidemment du Nouveau Testament) a été donné à connaître à toutes les nations, selon le commandement du Dieu éternel, pour l’obéissance de la foi. (Vers. 25-26.) De même dans le chapitre 3 de l’épître aux Éphésiens, nous lisons: «C’est pour cela que moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus pour vous, les nations — si du moins vous avez entendu parler de l’administration de la grâce de Dieu qui m’a été donnée envers vous: comment, par révélation, le mystère m’a été donné à connaître… lequel, en d’autres générations, n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes1 par l’Esprit: savoir que les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l’évangile…, et de mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses; afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée» (vers. 1-10).

1 Les «prophètes», dont il est question dans les citations précédentes sont ceux du Nouveau Testament, comme cela ressort de la forme de l’expression. Si l’apôtre avait voulu parler des prophètes de l’Ancien Testament, il aurait dit: «Ses saints prophètes et apôtres». Mais le point même sur lequel il insiste, c’est que le mystère n’avait jamais été révélé avant son temps — qu’il n’avait pas été donné à connaître aux fils des hommes dans d’autres générations — qu’il était caché en Dieu non pas caché dans les Écritures, mais dans l’éternelle pensée de Dieu.

Mais nous ne devons pas poursuivre le sujet profondément intéressant de l’Église; nous avons seulement rappelé les passages précédents de l’Écriture, afin de fixer l’esprit du lecteur sur ce fait que la doctrine de l’Église, telle qu’elle est enseignée par Paul, ne se trouve nulle part dans les pages de l’Ancien Testament; et par conséquent, lorsqu’il lit les prophètes et qu’il rencontre les mots «Israël», «Jérusalem», «Sion», il ne doit pas les appliquer à l’Église de Dieu, vu qu’ils concernent le peuple d’Israël lui-même, la semence d’Abraham, la terre de Canaan, et la ville de Jérusalem1. Dieu sait ce qu’il dit; aussi ne devons-nous jamais approuver quoi que ce soit qui ressemble à une manière légère et irrévérencieuse de se servir de la Parole de Dieu. Quand l’Esprit parle de Jérusalem, il s’agit de Jérusalem; s’il voulait parler de l’Église, il le dirait. Nous n’aurions pas l’idée de traiter un document humain respectable comme nous traitons le volume inspiré. Nous regardons comme certain, qu’un homme sait, non seulement ce qu’il a l’intention de dire, mais qu’il dit ce qu’il a voulu dire; et si cela est vrai d’un faible mortel, sujet à l’erreur, à plus forte raison l’est-il pour le Dieu vivant, seul sage, qui ne peut mentir.

1 L’énoncé du texte se rapporte naturellement aux prophéties de l’Ancien Testament; il y a, dans les épîtres aux Romains et aux Galates, des passages où tous les croyants sont envisagés comme la semence d’Abraham (Rom. 4:9-17; Gal. 3:7, 6, 29; 6:16); mais ceci est évidemment une chose tout à fait différente. Noua n’avons pas de révélation de l’Église proprement dite dans l’Ancien Testament.

Mais nous devons mettre fin à l’étude de ce sujet et laisser le lecteur méditer seul sur l’ordonnance du nazaréat, si féconde en saintes leçons pour le cœur. Nous désirons qu’il examine, tout spécialement, le fait que le Saint Esprit nous a donné l’exposé complet de la loi du nazaréat dans le livre des Nombres — le livre du désert. Puis encore, qu’il considère non seulement le fait, mais, soigneusement aussi, l’institution elle-même. Qu’il tâche de bien comprendre pourquoi le nazaréen ne devait pas boire de vin, pourquoi il ne devait pas raser sa chevelure, pourquoi il ne devait pas toucher une personne morte. Qu’il médite sur ces trois points, et qu’il cherche à recueillir les instructions qui y sont contenues. Qu’il se demande: «Est-ce que je désire réellement être un nazaréen? — marcher dans l’étroit sentier de la séparation pour Dieu? Et s’il en est ainsi, suis-je prêt à abandonner tout ce qui tend à souiller, à distraire et à entraver les nazaréens de Dieu?» Enfin, qu’il se rappelle que le temps vient, où le nazaréen pourra boire du vin; c’est-à-dire un temps où il ne sera plus nécessaire de veiller contre les diverses formes du mal intérieur ou extérieur; où tout sera pur; où les affections pourront avoir leur libre cours; où il n’y aura, pas de mal dont il faille se séparer et, par conséquent, où il n’y aura pas lieu de parler de séparation. En un mot, il y aura: «de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite». Que Dieu, dans sa grâce infinie, nous garde jusqu’à ces heureux temps dans une vraie consécration de cœur à Lui-même.

Le lecteur remarquera que nous touchons ici à la fin d’une section très distincte de notre livre. Le camp est dûment arrangé; chaque guerrier occupe sa propre place (chap. 1, 2); chaque ouvrier est à son propre travail (chap. 3, 4); la congrégation est purifiée de la souillure (chap. 5); il est pourvu au suprême caractère de séparation pour Dieu (chap. 6). Tout cela est bien spécifié. L’ordre est d’une beauté remarquable Nous avons devant nous non seulement un camp purifié et bien ordonné, mais aussi un caractère de consécration à Dieu qu’il est impossible de dépasser, attendu qu’il n’a été vu, dans toute son intégrité, que dans la vie de notre Seigneur Jésus Christ Lui-même. Ayant donc atteint ce point élevé, il ne nous reste qu’à voir l'Éternel prononçant sa bénédiction sur la congrégation entière; en conséquence, nous trouvons cette bénédiction à la fin du chapitre 6; et nous pouvons assurément dire que c’est une bénédiction tout à fait royale. Lisons et examinons.

«Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Parle à Aaron et à ses fils, disant: Vous bénirez ainsi les fils d’Israël, en leur disant: L’Éternel te bénisse, et te garde! L’Éternel fasse lever la lumière de sa face sur toi et use de grâce envers toi! L’Éternel lève sa face sur toi, et te donne la paix! Et ils mettront mon nom sur les fils d’Israël; et moi, je les bénirai» (vers. 22-27).

Cette riche bénédiction se répand par le canal du sacerdoce. Aaron et ses fils sont chargés de la prononcer. L’assemblée de Dieu doit être bénie et gardée par Dieu continuellement elle doit toujours se réchauffer aux rayons de sa face miséricordieuse; sa paix doit couler comme un fleuve; le nom de l'Éternel doit être réclamé sur elle; Il est toujours là pour bénir.

Quelle richesse! Oh! si Israël en avait usé, s’il en avait réalisé la puissance! Mais ils ne le firent pas.

Ils se détournèrent bientôt, comme nous le verrons. Ils échangèrent la clarté de la face de Dieu contre les ténèbres du mont Sinaï. Ils abandonnèrent le terrain de la grâce et se placèrent eux-mêmes sous la loi. Au lieu d’être satisfaits de ce qui leur était donné dans le Dieu de leurs pères, ils convoitèrent d’autres choses. (Comp. Ps. 105 et 106.) Au lieu de l’ordre, de la pureté et de la séparation pour Dieu, que nous trouvons au commencement de notre livre, nous avons le désordre, la souillure et l’idolâtrie.

Mais, béni soit Dieu, le moment s’approche où la magnifique bénédiction du chapitre 6 des Nombres aura sa pleine application: quand les douze tribus d’Israël seront rangées autour de cette impérissable bannière «Jéhovah Shamma» (l’Éternel est là, Ézéchiel 48:35), quand elles seront purifiées de toutes leurs souillures, et consacrées à Dieu dans la puissance du vrai nazaréat. Ces choses sont présentées de la manière la plus parfaite et la plus claire, dans les prophètes. Tous ces témoignages inspirés, sans qu’il y ait même une seule dissonance, annoncent le glorieux avenir réservé à Israël lui-même; ils montrent tous les temps où les lourds nuages, amassés, et encore suspendus à l’horizon des nations, seront chassés au loin devant les brillants rayons du «Soleil de Justice»; le temps où Israël jouira d’un matin sans nuage de bénédiction et de gloire, sous les vignes et sous les figuiers du pays que Dieu donna en possession éternelle à Abraham, à Isaac et à Jacob.

Si nous nions ce qui précède, nous pouvons tout aussi bien retrancher une partie considérable de l’Ancien Testament, et aussi une grande partie du Nouveau; car, dans l’un et dans l’autre, le Saint Esprit rend très clairement et sans équivoque témoignage à ce fait précieux, savoir la grâce, le salut et la bénédiction pour la semence de Jacob. Nous n’hésitons pas à déclarer notre conviction, que nul ne peut vraiment comprendre les prophètes, s’il ne voit pas cette vérité: Il y a un brillant avenir réservé aux bien-aimés de Dieu, quoiqu’ils soient maintenant un peuple rejeté. Prenons garde à la manière dont nous traitons ce fait. C’est une chose très grave que d’essayer d’introduire, de quelque façon que ce soit, nos propres pensées dans l’application vraie de la Parole de Dieu. Dieu s’est engagé à bénir le peuple d’Israël, gardons-nous soigneusement de chercher à détourner le courant de la bénédiction pour le faire couler dans une autre direction. C’est une chose sérieuse de dénaturer le propos arrêté, le dessein manifesté de Dieu. Il a déclaré que son ferme propos est de donner la terre de Canaan en possession perpétuelle à la postérité de Jacob, et si cela est mis en question, nous ne voyons pas comment nous pouvons maintenir l’intégrité d’une portion quelconque de la Parole de Dieu. Si nous nous permettons de traiter légèrement une grande division du Canon inspiré — et très assurément c’est la traiter légèrement que de vouloir la détourner de son véritable objet — alors quelle sécurité aurons-nous jamais quant à l’application de l’Écriture en général? Si Dieu ne sait pas ce qu’il dit quand Il parle d’Israël et de la terre de Canaan, comment savons-nous qu’Il sait ce qu’Il dit quand Il parle de l’Église et de sa part céleste en Christ? Si le Juif est dépouillé de son glorieux avenir, quelle sécurité le chrétien aura-t-il pour le sien?

Lecteur, rappelons-nous que «Toutes les promesses de Dieu (non pas seulement quelques-unes) sont oui et amen dans le Christ Jésus». Et tout en nous réjouissant de l’application qui nous est faite de cette précieuse affirmation, ne cherchons pas à nier qu’elle soit applicable à d’autres. Nous devons croire fermement que les enfants d’Israël jouiront encore de la plénitude de la bénédiction, présentée au dernier paragraphe du chapitre 6 des Nombres, et jusqu’alors l’Église de Dieu est appelée à participer aux bénédictions qui lui sont propres. Elle a le privilège de savoir que la présence de Dieu est continuellement avec elle et au milieu d’elle — de demeurer dans la clarté de sa face — de boire au fleuve de la paix — d’être bénie et gardée de jour en jour par Celui qui ne sommeille et ne dort jamais. Mais n’oublions point, ou plutôt rappelons-nous sérieusement et constamment, que le sentiment pratique et la jouissance expérimentale de ces bénédictions et de ces prérogatives immenses seront en proportion exacte avec la mesure dans laquelle l’Église cherche à maintenir l’ordre, la pureté, la séparation nazaréenne, choses auxquelles elle est appelée, comme étant la demeure de Dieu, le corps de Christ, l’habitation du Saint Esprit.

Puissent ces pensées pénétrer dans nos cœurs et exercer leur influence sanctifiante sur notre vie entière et sur tout notre caractère!