Matthieu

Chapitre 25

Parabole des dix vierges

(v. 1-13). — Voici une parabole du royaume des cieux, de cet état de choses qui existe pendant le temps où le roi est rejeté, mais où un témoignage lui est rendu par ceux qui l’ont reçu et le connaissent. Le Seigneur présente ici une des formes de ce royaume1. Il le compare à dix vierges sorties à la rencontre de l’époux. Cette rencontre, dans les noces, telles qu’elles se célèbrent encore en Orient, a lieu la nuit, moment de l’arrivée de l’époux. Il faut donc lui donner de la lumière pour lui permettre d’entrer dans la salle des noces. C’est à ce service que sont appelées les vierges. Seul il leur accorde le privilège d’entrer avec l’époux aux noces.

1 Nous en avons vu plusieurs autres formes au chapitre 13.

Ces dix vierges, ayant pris leurs lampes, «sortirent à la rencontre de l’époux». Elles représentent tous ceux qui ont reçu l’Évangile depuis que le Seigneur l’a fait proclamer en tous lieux, et qui, dès lors, ont fait profession de christianisme. L’Évangile ayant été prêché aux Juifs et aux Gentils, tous ceux qui l’acceptèrent sortirent du judaïsme et du paganisme qu’ils avaient pratiqués comme religion; ils sortirent pour attendre le Seigneur. Le christianisme vital, tel qu’il se réalisait aux premiers temps de l’Église, se caractérisait par l’attente vivante du retour de Christ. On racontait comment les Thessaloniciens s’étaient «tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1 Thessaloniciens 1:9). Mais de bonne heure il entra dans ce témoignage public des personnes professant le christianisme comme religion, mais sans la vie, sans la puissance de l’Esprit qui fait briller la vie de Dieu, comme l’huile qui fait brûler la lampe. Elles sont représentées par les cinq vierges folles. En effet, quelle folie que de s’engager à éclairer, peut-être toute une nuit — car on ne savait à quelle heure l’époux venait — sans prendre avec soi l’huile nécessaire pour alimenter sa lampe1. Les vierges prudentes avaient pris de l’huile dans leurs vases, car elles se rendaient bien compte de leur service. Elles représentent donc ceux qui, dans la chrétienté, ont la vie de Dieu, dont l’Esprit fait briller les caractères dans la nuit morale où le monde se trouve jusqu’au retour de Christ.

1 Les lampes antiques se composaient d’un récipient fermé, muni d’une poignée. Le couvercle était percé de deux trous, l’un qui contenait la mèche, l’autre servant à verser l’huile à l’intérieur. Si l’on utilisait ces lampes en plein air ou dans de grandes pièces, on les portait au bout d’une longue tige de bois.

Hélas! «comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent». Les croyants, aussi bien que les non-croyants, ont perdu de vue la pensée du retour de Christ. L’influence endormante de la nuit a produit ses effets sur les uns comme sur les autres, car il faut une énergie constante pour ne pas s’endormir, parce que ce n’est pas naturel d’être éveillé pendant la nuit. Il faut pour cela qu’un objet captive le cœur. Or si cet objet n’est pas Christ, le chrétien s’endort vite; il suit le courant de ce monde, ce qui est naturel à la chair.

«Mais au milieu de la nuit il se fit un cri: Voici l’époux; sortez à sa rencontre». De nouveau il faut sortir, non plus du judaïsme et du paganisme comme au commencement, mais de l’état de sommeil dans lequel la chrétienté tout entière était tombée, faute de vigilance. Un réveil se produit; c’est ce qui eut lieu dans la première moitié du siècle passé, lorsqu’on retrouva dans la Parole la vérité concernant la venue du Seigneur; toutes les vierges pour ainsi dire se levèrent et apprêtèrent leurs lampes, mais les lampes de celles qui n’avaient pas d’huile avec elles s’éteignirent bientôt, car à quoi bon ranimer une mèche sans huile pour l’alimenter? On a beau vouloir réformer une religion sans vie; elle ne produit pas de lumière pour le Seigneur, l’huile manque. Les fruits d’une nature religieuse ne sont pas les produits du Saint Esprit et ne peuvent se soutenir. «Les folles dirent aux prudentes: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent». Les vierges prudentes ne pouvaient qu’envoyer leurs compagnes à la source, «vers ceux qui en vendent». Le croyant possède la vie et le Saint Esprit pour lui-même; mais il ne peut les communiquer à d’autres. «Or, comme elles s’en allaient pour en acheter, l’époux vint; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces». Elles avaient accompli le service pour lequel elles avaient été appelées; leur place était avec l’époux dans la salle des noces. «Et la porte fut fermée». Quelle chose terrible que la porte fermée, cette porte que personne ne peut ouvrir, et qui sépare ceux qui sont dans l’allégresse et la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres et les pleurs! Cela rappelle cette porte que Dieu lui-même ferma sur un monde impie qui allait être englouti par les eaux (Genèse 7:16). Les autres vierges, viennent, disant: «Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! Mais lui, répondant, dit: En vérité, je vous dis: je ne vous connais pas». Réponse terrifiante! L’Époux avait besoin de ces vierges pour lui donner de la lumière au moment de son arrivée; elles ne se trouvaient pas là; aussi ne savait-il que faire d’elles dans la salle des noces. «Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure».

Cher lecteur, qui pourriez n’être pas prêt, ne jouez pas avec le temps. Nous connaissons celui qui est derrière nous, mais non pas celui qui est devant. Ce temps de la grâce est limité; nous touchons à son terme. Le cri: «Voici l’époux» s’est fait entendre il y a plus de cent ans déjà, lorsque la vérité relative au retour de Christ fut retrouvée et proclamée dans toute la chrétienté. Ce cri ne précède que d’un instant l’arrivée de l’Époux. On alléguera que ce retour n’est pas imminent. Mais, au contraire, il s’est rapproché de nous d’une centaine d’années. Du reste n’oublions pas «qu’un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour» (2 Pierre 3:8). Il ne nous appartient pas de discuter sur le temps avec Dieu, car le temps appartient à lui seul. Le Seigneur appelle insensé celui qui décidait du temps pendant lequel il pourrait faire bonne chère et se réjouir (Luc 12:19). On frémit à la pensée que tant de personnes, et même des enfants de chrétiens, pourront se trouver dans le cortège des vierges folles, puisqu’elles n’auront ni la vie, ni le Saint Esprit, et ne manifesteront aucune lumière pour le prochain retour de Christ. C’est pour cela que nous répétons qu’il faut posséder ces choses aujourd’hui pour être sûr de les avoir plus tard. Si vous croyez qu’il y a encore du temps jusque-là, puisqu’il s’en est déjà tant écoulé, rejetez cette pensée qui en a entraîné un si grand nombre dans l’abîme. Puisque ce jour peut être aujourd’hui, c’est aujourd’hui qu’il faut accepter le salut, car demain vous pourriez bien crier, avec vos compagnons d’infortune, derrière la porte fermée: «Seigneur, Seigneur, ouvre-nous», et recevoir pour toute réponse cette parole solennelle: «je ne vous connais pas». Le Seigneur pourrait vous dire aussi: «Je vous ai appelé tant et tant de fois; je vous ai fait dire que le temps était court, que j’allais venir; vous avez laissé écouler ce temps précieux, préférant jouir du monde et des choses qui sont dans le monde, maintenant il est trop tard, trop tard». Même si quelqu’un connaissait le jour de sa mort, ou le jour de la venue du Seigneur, nul n’oserait garantir qu’il en profiterait pour se convertir. Vous connaissez peut-être l’histoire d’un jeune homme averti dans un songe que, dans un an et un jour, il descendrait en enfer. Un avertissement pareil aurait dû le décider pour Christ et produisit en lui, sur le moment, une profonde impression. Mais le monde reprit le dessus et, un an et un jour après son rêve, il disparaissait dans l’abîme, chargé de tous ses péchés:

«Hâte-toi, le temps passe
Et ne reviendra plus.
Aujourd’hui, jour de grâce,
Viens à Jésus».

«Veillez donc; car vous ne savez ni le jour ni l’heure». C’est ainsi que le Seigneur lui-même termine cette solennelle parabole des dix vierges. Dieu veuille qu’elle ne soit présentée en vain à aucun de nos lecteurs!

 

Parabole des talents

(v. 14-30). — «Car c’est comme un homme qui, s’en allant hors du pays, appela ses propres esclaves et leur remit ses biens». Cet homme, c’est Christ venu dans ce monde, chez les siens; il ne fut pas reçu, et dut s’en aller pour un temps. Nous savons où il se trouve maintenant. «Ses biens» sont ceux qui dépendent de sa venue ici-bas et de son œuvre à la croix. Il les confie à chacun selon sa sagesse pour qu’on les fasse valoir pendant son absence et qu’il en retire le profit à son retour. Nous avons donc ici un autre côté de la conduite et de la responsabilité de ceux qui attendent le Seigneur. Au chapitre 24, nous voyons le service de l’esclave qui a pour tâche de nourrir ceux qui habitent la maison avec lui. La parabole des vierges parle de la lumière de la vie divine qui doit briller en vue du retour de Christ. Ici ce sont les biens que la grâce nous a apportés et qu’il faut mettre en valeur dans ce monde pour le compte du Seigneur.

À l’un il donne cinq talents, à un autre deux, et à un troisième un. À son retour, longtemps après, comme les esclaves avaient eu le temps de trafiquer, le maître régla compte avec eux. Les deux premiers avaient doublé les sommes qui leur avaient été confiées. Aussi le maître dit à chacun d’eux: «Bien, bon et fidèle esclave; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup: entre dans la joie de ton maître». Avec Dieu, les récompenses dépassent infiniment les services rendus. Dieu agit toujours en grâce, quoiqu’il récompense le travail fait pour lui. «Je t’établirai sur beaucoup», c’est une participation bien précieuse à la domination du Seigneur, ainsi qu’à sa joie. Ces esclaves avaient joui de son amour, de sa communion dans le temps du labeur; la connaissance de sa personne leur avait fourni l’énergie nécessaire pour le servir fidèlement, en sorte que leur part heureuse n’est pas seulement d’être établis sur beaucoup, mais d’entrer dans la joie de celui qui jouira aussi, d’une manière infinie, du fruit du travail de son âme.

Quelle différence lorsque le maître en vient à celui qui n’avait reçu qu’un talent! Il n’en avait rien fait, il l’avait caché dans la terre; il s’était montré paresseux parce qu’il ne connaissait pas le caractère de son maître, quoiqu’il dise: «Je te connaissais, que tu es un homme dur, moissonnant où tu n’as pas semé et recueillant où tu n’as pas répandu; et, craignant, je m’en suis allé et j’ai caché ton talent dans la terre; voici, tu as ce qui est à toi». On ne saurait trouver une appréciation plus opposée à la vérité quant au caractère du Seigneur, ce maître qui a vécu dans la pauvreté afin de nous enrichir (2 Corinthiens 8:9), celui duquel «nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce» (Jean 1:16), le Fils de l’homme qui «n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs» (Matthieu 20:28), le Fils du Père, «débonnaire et humble de cœur» (Matthieu 11:29). S’il avait vraiment cru avoir affaire avec un maître tel qu’il prétendait le connaître, il aurait dû travailler énergiquement pour le satisfaire. Seule la connaissance de la grâce dont le Seigneur Jésus a été l’expression ici-bas, peut donner l’énergie de travailler avec zèle et intelligence au service du maître. Malgré tous ces biens que le Seigneur a laissés dans ce monde pour son service, personne ne peut les employer pour lui, s’il ne possède une connaissance vitale de lui-même. Sans cela le talent est caché dans la terre. Si l’on connaît Christ, son amour remplit le cœur; il donne le zèle et l’intelligence nécessaires pour travailler pour lui; si cet amour manque, rien ne peut se réaliser, et l’on se fait de Dieu une fausse idée, car on ne peut connaître Dieu que par Christ; lui seul l’a révélé dans son amour infini. Sans cette connaissance, on ne peut avoir, vis-à-vis de Dieu, que la méfiance introduite par Satan dans le cœur de l’homme à la chute, lorsqu’il lui fit croire que Dieu ne lui avait pas donné tout le bonheur possible, puisqu’il le privait du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. L’homme crut Satan et il eut dès lors une fausse idée de Dieu; puis sa conscience lui reprochant ses fautes, au lieu de l’amener à s’humilier devant Dieu, le fit accuser Dieu d’être la cause de son malheur. Dans son amour infini, Dieu a voulu montrer à l’homme qu’il était au contraire la seule cause possible de son bonheur. Il est venu ici-bas dans la personne de son Fils unique apporter le pardon et la paix. Mais pour le connaître ainsi, il faut accepter Christ; car, si Christ est rejeté, Dieu l’est aussi, et l’homme reste dans son état de péché pour l’éternité.

Le maître dit de l’esclave paresseux: «Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents; car à chacun qui a il sera donné, et il sera dans l’abondance; mais à celui qui n’a pas, cela même qu’il a lui sera ôté. Et jetez l’esclave inutile dans les ténèbres de dehors: là seront les pleurs et les grincements de dents». C’est comme «inutile» que l’esclave paresseux est condamné. Il n’y a de vraie utilité dans ce monde que dans ce qui est fait pour Christ. De toute l’activité humaine, si belle et si productive qu’elle puisse être ou paraître ici-bas, rien ne subsistera dans l’éternité que ce qui aura été fait pour Christ et dans la connaissance vitale de sa personne; car on ne peut avoir Christ pour objet que si on a Christ pour la vie.

Le fait que le talent a été ôté à cet homme et donné à celui qui en avait déjà dix, place devant nous ce principe que celui qui est fidèle reçoit toujours davantage. Plus on grandit en connaissance et en obéissance à Dieu, plus on reçoit de bénédiction, et cette bénédiction est une part éternelle dans la présence du Seigneur. Tous les bienfaits du christianisme dont le monde religieux s’est paré et se vante, en contraste avec les nations encore plongées dans l’idolâtrie, lui seront ôtés un jour, lorsque ceux qui auront connu et servi le Seigneur entreront dans sa joie et recevront une abondante et éternelle bénédiction.

Puissions-nous tous, jeunes et vieux, connaître toujours mieux Christ, afin d’acquérir, par cette connaissance, la capacité d’accomplir pour lui un service dont les résultats seront éternels. Choisissons, comme Marie, la bonne part qui ne peut être ôtée, ni ici-bas, ni dans l’éternité! (Luc 10:42).

 

Le trône du Fils de l’homme

(v. 31-41). — Lorsque le Fils de l’homme sera venu pour délivrer le résidu juif des terribles persécutions mentionnées au chap. 24, il s’assiéra sur son trône pour juger les nations auxquelles l’Évangile du royaume a été proclamé (voir 24:14). Cet Évangile invitera les hommes à craindre Dieu et à lui donner gloire (Apocalypse 14:6, 7), en leur annonçant que le roi qu’il faut reconnaître est le Seigneur qui viendra du ciel, et non les souverains impies et puissants qui s’élèveront alors sur la terre grâce à la puissance de Satan.

«Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui». C’est de ce fait probablement que parle Joël 3:2 et 12. Outre les nations assemblées devant lui, une autre classe de personnes se présente aussi, ceux que le Seigneur appelle les petits «qui sont mes frères» (v. 40 et 45), à savoir les messagers qui ont annoncé l’Évangile du royaume aux nations qui n’auront pas entendu l’Évangile de la grâce dans le temps actuel.

Le Fils de l’homme est comparé à un berger qui sépare les brebis d’avec les chèvres. Il met les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. Il connaît ses brebis; elles ont pris ce caractère parce qu’elles ont écouté et reçu les messagers que le roi leur a envoyés. Elles se distinguent des chèvres en ce qu’elles ont accueilli ceux qui, au travers de beaucoup de privations, de douleurs et de persécutions, leur ont apporté l’Évangile du royaume, service que le Seigneur considère comme rendu à lui-même; il le dit aux douze, lorsqu’il les envoie annoncer ce même Évangile (10:40, 42). «Celui qui vous reçoit, me reçoit; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé... Et quiconque aura donné à boire seulement une coupe d’eau froide à l’un de ces petits, en qualité de disciple, en vérité, je vous dis, il ne perdra point sa récompense». Le Seigneur tient compte de tout ce qui est fait à un des siens, en bien ou en mal, comme si c’était fait à lui-même. C’est pourquoi il dit à Saul, lorsqu’il l’arrêta sur le chemin de Damas: «Pourquoi me persécutes-tu?» Saul ne savait pas qu’il persécutait le Seigneur dans la gloire, en persécutant ceux qui croyaient en lui. Il en va toujours de même aujourd’hui à cause de l’union qui existe entre Christ et les croyants, puisque chaque croyant est membre du corps de Christ. Nous devons donc porter à chacun d’eux la bienveillance, le respect, la considération, l’amour qui sont dus au Seigneur; car nous aussi, nous aurons à paraître devant lui, mais pas en même temps que les nations. Voir 2 Corinthiens 5:9, 10: «C’est pourquoi aussi, que nous soyons présents ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables; car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal».

À ceux qui sont à sa droite, le roi dira: «Venez, les bénis de mon Père, héritez du royaume qui vous est préparé dès la fondation du monde», bénédiction précieuse, faveur qui accorde la jouissance du royaume du Fils de l’homme; ils y trouveront un bonheur parfait sur cette terre, où règneront la justice et la paix après tant de souffrances. Mais ces privilèges font ressortir la supériorité de ceux que possèdent déjà, par la foi, les croyants d’aujourd’hui; ils font partie de l’Église, qui participera à ce beau règne comme épouse du Roi, et non comme sujette de ce royaume. Les croyants actuels non seulement sont bénis du Père, mais sont enfants de Dieu. Le Seigneur Jésus les a identifiés avec lui dans la position qu’il occupe actuellement comme homme ressuscité et glorifié, ainsi qu’il l’annonce aux disciples le jour de sa résurrection en Jean 20:17. Actuellement nos bénédictions sont spirituelles et célestes en Christ, préparées avant la fondation du monde (Éphésiens 1:3, 4), tandis que le royaume qui sera la part du peuple béni sur la terre est préparé dès la fondation du monde, et il prendra fin après l’accomplissement des mille ans (Apocalypse 20:6, 7). Cependant tous les croyants qui participeront au règne de Christ sur la terre se trouveront aussi sur la nouvelle terre que nous attendons tous, et cela pour l’éternité, lorsque la terre et les cieux actuels auront passé (2 Pierre 3:13, Apocalypse 21:1).

Le Roi rappelle à ceux qui sont à sa droite ce qu’ils ont fait pour lui: «Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli; j’étais nu, et vous m’avez vêtu; j’étais infirme, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus auprès de moi». Tout ceci fait comprendre par quelles circonstances pénibles ces envoyés du Seigneur auront à passer pour porter l’Évangile aux nations, dans un temps de ténèbres où tous seront ligués pour s’opposer au règne de Christ. Mais, du haut de sa demeure glorieuse, le Seigneur veillera sur eux et appréciera tout ce qui se fera pour chacun de ceux qu’il appelle «ses frères»; dans son jour les conséquences de la conduite de chacun seront manifestées: les justes entrent dans la bénédiction qui leur avait été annoncée.

Aucun des justes ne croit avoir rendu de tels services au Roi. Ils ne l’avaient pas fait en vue d’une récompense; ils n’avaient pas pensé à la portée de leurs actes envers les frères du Roi. Mais le Seigneur, dans sa bonté, tient compte de tout ce qui est fait pour lui, accompli souvent sans éclat devant le monde, dans l’obscurité, service méprisé par les hommes, mais apprécié par Dieu qui discerne les motifs qui font agir et sont le fruit de l’amour pour lui, sans que celui qui agit s’en rende compte. Au jour où tout sera manifesté, il montrera ce qui a eu du prix pour son cœur. Nos services qui en auront eu le plus pour Christ seront, sans doute, ceux dont la valeur nous aura le moins préoccupés, mais qui auront été le fruit naturel de l’attachement à Christ, réalisé dans toute notre vie, dans les plus petits détails, comme aussi par les soins prodigués aux enfants de Dieu dans les circonstances difficiles que tous ont à traverser ici-bas, en un mot: tout ce qui aura été fait pour son nom.

À ceux qui sont à sa gauche, le Roi dira: «Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire; j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli; nu, et vous ne m’avez pas vêtu; infirme et en prison, et vous ne m’avez pas visité». Eux non plus ne savent pas quand ils ont eu l’occasion de faire toutes ces choses au Roi. Cette occasion, ils l’ont perdue pour toujours; en méprisant les envoyés du Roi, ils l’ont méprisé lui-même.

Aujourd’hui, comme alors, il n’y a rien d’attrayant pour le cœur naturel dans la présentation de l’Évangile. Le monde et ses avantages présents font mettre de côté la bonne nouvelle du salut et ceux qui l’annoncent. Mais le jour du Seigneur s’approche où tout sera manifesté dans la lumière, et alors, nombreux seront ceux qui voudraient avoir agi autrement, car, dans ce jour-là, que donneront les plaisirs et les avantages mondains? Quelle sera la valeur des raisonnements de l’esprit humain qui auront paru plus sages que la parole de Dieu? Il sera trop tard pour revenir en arrière; le temps sera passé; on aura beau n’être plus incrédule, constater que toute sa sagesse était folie: le repentir est inutile au jour du jugement. Pour tous, comme pour ceux qui seront à la gauche du roi, il sera dit: «Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges». Toute protestation sera inutile; il fallait profiter, en son temps, de l’occasion fournie par la prédication de l’Évangile. Que ce soit l’évangile de la grâce, comme aujourd’hui, ou l’évangile du royaume, comme alors, il faut le recevoir lorsqu’il est présenté. «Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs» (Hébreux 3:7). Cette scène de jugement se termine par ces mots: «Et ceux-ci s’en iront dans les tourments éternels, et les justes, dans la vie éternelle» Déclaration solennelle pour les condamnés, et réponse simple et claire à ceux qui nient les peines éternelles, tout en admettant qu’il y a un bonheur éternel pour ceux qui croient; car si l’expression «éternelle» s’applique à la vie, elle s’applique nécessairement aussi aux peines. Nier l’une, c’est nier l’autre.

Remarquez aussi, cher lecteur, combien la bonté de Dieu est grande et merveilleuse. Dieu a préparé pour l’homme un royaume de gloire et de félicité sur cette terre, malgré la connaissance qu’il avait de son état de péché et de révolte contre lui, comme il a préparé une éternité de bonheur pour tout croyant, tandis qu’il n’a réservé aucun lieu de malheur pour l’homme. Le feu éternel a été destiné au diable et à ses anges. Ceux qui écoutent la voix du Seigneur tandis qu’il offre le salut, vont avec lui dans la gloire éternelle; mais ceux qui écoutent la voix de Satan iront avec lui dans les tourments éternels. Qui pourra accuser Dieu d’être la cause de son malheur, comme, hélas! nous l’entendons souvent dire à des hommes insensés? Tous, nous avons mérité le malheur éternel par nos péchés. Mais Dieu a préparé un lieu de bonheur dans la gloire de sa présence, et il fait connaître à tous les hommes qu’ils peuvent y avoir accès par la foi. De son côté, le diable, meurtrier et père du mensonge, trompe les âmes en les détournant de Dieu et de sa Parole, en vue de les plonger dans le malheur éternel, de sorte que chacun sera dans l’éternité avec celui qu’il aura écouté. Où serez-vous, lecteur?

En terminant ce sujet, remarquons que cette séance de jugement n’est nullement celle du jugement dernier, comme on l’enseigne assez fréquemment. Celui-ci est décrit dans le chapitre 20 de l’Apocalypse, v. 11-15. Il a lieu lorsque le ciel et la terre se sont enfuis; c’est le jugement des morts. Celui que nous voyons dans notre chapitre est un jugement des vivants1. Devant le grand trône blanc ne comparaissent que ceux qui sont morts dans leur état de péché; ils ont été ressuscités pour paraître devant Dieu et être jugés selon leurs œuvres. Aucun de ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie ne paraît là, car tous ceux qui sont morts en Christ ont été ressuscités avant le règne de mille ans, tandis que la séance de jugement, où les nations sont assemblées devant le Fils de l’homme, a lieu avant le règne, et seulement pour les nations qui seront alors sur la terre, dans le but d’ôter de la terre ceux qui n’ont aucun droit à jouir du règne de Christ, puisqu’ils ont refusé de recevoir le message qui leur en offrait l’entrée.

1 Il y a aussi un Jugement guerrier qui fait partie du jugement des vivants (Apocalypse 19:11-21).