Matthieu

Chapitre 12

Dans le chapitre précédent, Jésus constate pleinement son rejet et le ressent douloureusement dans son cœur. Ici, ce rejet s’accentue et les conséquences pour le peuple juif sont présentées, savoir le rejet du peuple et son jugement.

 

Le Fils de l’homme, Seigneur du sabbat

(v. 1-8). — Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs de blé, et ses disciples, ayant faim, se mirent à manger des grains. La loi de Moïse permettait de faire cela en passant dans le champ de son prochain, pourvu que l’on se borne à arracher les épis, sans les couper avec la faucille (Deutéronome 23:25). Mais c’était le sabbat et les pharisiens firent observer au Seigneur que les disciples commettaient un acte interdit ce jour-là. Jésus rappelle que David, lorsqu’il fuyait de devant Saül (1 Samuel 21), mangea des pains de proposition que les sacrificateurs seuls avaient le droit de manger. David, comme Jésus, était le roi rejeté; à quoi donc servait l’observation des ordonnances, si l’on méconnaissait le roi? Le Seigneur cite un autre fait: c’est que les sacrificateurs, qui officiaient dans le temple le jour du sabbat, n’étaient pas tenus pour coupables, parce qu’ils se trouvaient dans la maison de Dieu sur la terre. Jésus ajoute: «Mais je vous dis qu’il y a ici quelque chose de plus grand que le temple». C’était Dieu lui-même au milieu de son peuple, non dans le temple, mais dans la personne de son Fils, ce Fils que nul ne connaît si ce n’est le Père. «Et si vous aviez connu, dit-il, ce que c’est que: «Je veux miséricorde et non pas sacrifice», vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont pas coupables». Si les pharisiens avaient compris que Dieu visitait son peuple en pure miséricorde, ils auraient agi selon cet esprit et n’auraient pas condamné les disciples, qui, vu l’état des choses, n’étaient pas coupables.

Puis Jésus ajoute: «Car le Fils de l’homme est Seigneur du sabbat». Jésus étant rejeté comme Messie, tout le système légal était mis de côté et le Seigneur prend le titre de Fils de l’homme dont les droits s’élèvent au-dessus de tout, de sorte qu’il pouvait disposer du sabbat au lieu de lui être soumis. Mais les pharisiens voulaient garder le sabbat ainsi que tous les privilèges extérieurs qui appartenaient au peuple juif, tout en rejetant le Messie, Dieu lui-même qui leur avait donné la loi.

Le sabbat rappelait l’alliance de Dieu avec son peuple (Exode 31:16, 17; Ézéchiel 20:12). Dieu montrait par là à Israël son intention de le faire participer à son repos. Mais, avec le principe légal, on ne peut trouver de repos d’aucune sorte, parce que la loi a démontré l’incapacité de l’homme à faire le bien et sa perte irrémédiable. Or Israël avait non seulement violé la loi dès le commencement, mais il rejetait son Sauveur et son Roi, et dès lors il perdait droit à la bénédiction sur le pied de la loi; inutile donc de conserver les ordonnances légales, puisque, sous elles, les hommes périssaient. Dieu désirait agir en grâce envers Israël, comme envers tous, car il ne peut se reposer en voyant l’homme demeurer sous les conséquences du péché. Le Seigneur ne voulait pas laisser croire à ce pauvre peuple qu’il pouvait continuer à observer le sabbat, tout en le rejetant Lui-même, lui son Sauveur. Il était là pour travailler en grâce. «Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille», dit-il dans une circonstance semblable (Jean 5:17). C’est pourquoi, au chapitre précédent, il invite à venir à lui pour avoir le repos que jamais la loi n’a pu donner.

 

Guérison d’un homme ayant la main sèche

(v. 9-21). — Le fait suivant démontre que le système légal, sous lequel les Juifs voulaient absolument demeurer, ne pouvait convenir au misérable état dans lequel l’homme était tombé.

Il y avait, dans la synagogue, un homme à la main sèche, et les Juifs, pour pouvoir accuser Jésus, lui demandèrent s’il était permis de guérir le jour du sabbat. Mais il leur dit: «Quel sera l’homme d’entre vous, qui aura une brebis, et qui, si elle vient à tomber dans une fosse un jour de sabbat, ne la prendra et ne la relèvera pas? Combien donc un homme vaut-il mieux qu’une brebis! ... Alors il dit à l’homme: Étends ta main. Et il l’étendit, et elle fut rendue saine comme l’autre». Or, puisque les Juifs ne tenaient pas compte du sabbat pour sauver une brebis, combien plus Dieu travaillerait-il en grâce tous les jours pour délivrer les hommes tombés sous les conséquences terribles du péché!

La guérison de cet homme, et plus encore les paroles de vérité que les pharisiens venaient d’entendre, les exaspérèrent au point qu’ils tinrent conseil pour faire mourir Jésus. Mais Jésus, le sachant, se retira de là, suivi de grandes foules, et il guérit tous les malades. La haine implacable des Juifs à l’égard du Seigneur ne l’empêchait pas de répondre aux nombreux besoins de la foule qui l’entourait malgré l’animosité de ses chefs. L’amour du Seigneur ne cherchait qu’à se satisfaire en faisant du bien, en délivrant ceux que le diable avait asservis à sa puissance (Actes 10:38). Il accomplissait la volonté de son Père, et ne voulait pas attirer sur lui l’attention curieuse des hommes, ni leurs louanges. C’est pourquoi il leur défendit expressément de publier son nom, afin que soit accomplie cette parole d’Ésaïe 42:1-4: «Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui; il fera valoir le jugement à l’égard des nations. Il ne criera pas, et il n’élèvera pas sa voix, et il ne la fera pas entendre dans la rue. Il ne brisera pas le roseau froissé, et n’éteindra pas le lin qui brûle à peine. Il fera valoir le jugement en faveur de la vérité. Il ne se lassera pas, et il ne se hâtera pas, jusqu’à ce qu’il ait établi le juste jugement sur la terre; et les îles s’attendront à sa loi». Quel contraste entre l’appréciation de Dieu et celle des hommes au sujet de son Fils! Il est dit de lui qu’avant la fondation du monde, il était le nourrisson de Dieu, ses délices de tous les jours, toujours en joie devant lui (Proverbes 8:30). Quand Dieu eut besoin d’un serviteur pour accomplir sa grande œuvre sur la terre, c’est ce Bien-aimé qui fut élu pour cela. On comprend donc la satisfaction que le cœur de Dieu éprouva en le voyant ici-bas. Aussi il a pu dire en d’autres circonstances: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir» (Matthieu 3:17; 17:5). Mais, hélas! rien ne fait mieux ressortir l’abîme moral qui se trouve entre Dieu et l’homme que l’appréciation de l’un et de l’autre quant à la personne du Seigneur, ainsi que le montrera la suite de notre chapitre. Qu’est-ce que Dieu peut attendre d’un être qui hait si parfaitement l’objet de ses délices éternelles? Comment un tel homme peut-il être agréable à Dieu? C’est pourquoi Paul dit: «Ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu» (Romains 8:8). Mais du Seigneur Jésus, Dieu peut dire: «Je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera le jugement aux nations». Nul ne pouvait recevoir l’Esprit de Dieu, si ce n’était Jésus à cause de sa propre perfection. Il fut scellé de l’Esprit dès son entrée publique dans ce monde, tandis que le croyant ne peut recevoir le Saint Esprit qu’une fois purifié de ses péchés par la foi au sang de Christ, ainsi que nous l’avons vu au chapitre 3. «Il ne contestera pas, et ne criera pas, et personne n’entendra sa voix dans les rues». Ces paroles indiquent bien le caractère de grâce de cet Homme doux et humble de cœur, agissant dans la puissance de l’Esprit pour accomplir son œuvre d’amour, sans attirer l’attention, s’effaçant toujours dans une parfaite abnégation de lui-même, contrairement aux hommes qui font beaucoup de bruit pour peu de chose. On l’a dit: «Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien». Venu pour accomplir la volonté de son Père, c’est pour lui que le Seigneur agissait toujours. Il ne cherchait que son approbation, jamais celle des hommes, ni même celle des disciples.

Chers lecteurs, prenons pour modèle ce serviteur parfait; soyons pénétrés des principes qui le faisaient agir, afin que notre vie, notre service se réalisent en vue de plaire à Dieu seul; car si nous lui sommes agréables en ce que nous faisons, nous accomplirons toujours le bien, et nous serons sûrement agréables et utiles à d’autres. Le jour viendra où le travail de chacun sera manifesté selon l’appréciation du Maître, et où chacun recevra sa louange.

Un autre trait de la grâce, de la bonté qui caractérisait Jésus est indiqué par ces paroles: «Il ne brisera pas le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume, jusqu’à ce qu’il ait produit en victoire le jugement; et les nations espéreront en son nom». Le roseau froissé représente l’état de faiblesse du peuple Juif, écrasé sous la domination romaine, quoique tiré de l’idolâtrie pour être la lumière de Dieu au milieu des nations. Cependant le Seigneur tient compte du peu qu’il trouve, jusqu’au moment où le jugement introduira son règne, et alors les nations espéreront en son nom, lors même qu’il semble souvent que cela aurait été juste d’en finir avec un tel peuple.

Ce Sauveur débonnaire et plein de grâce agit de même envers chacun de nous.

 

Le blasphème contre l’Esprit

(v. 22-32). — Un homme démoniaque aveugle et muet fut amené au Seigneur, et il le guérit. Les foules, voyant un miracle si merveilleux, disaient avec étonnement: «Celui-ci serait-il le Fils de David?» En entendant cela, les pharisiens, qui redoutaient les effets de la puissance de Dieu, ne pouvant renier le miracle, l’attribuèrent au chef des démons. Leur haine pour Jésus les aveuglait à tel point qu’ils ne se rendaient pas compte de l’absurdité de leur accusation; car, comme le Seigneur le leur dit: «Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert... Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même; comment donc son royaume subsistera-t-il?» C’est par la puissance du Saint Esprit que le Seigneur chassait les démons; pour s’en servir, contre Satan, il avait dû lier l’homme fort, lors de la tentation au désert; et, en vertu de cette victoire, il pouvait piller ses biens, c’est-à-dire délivrer ceux que Satan avait asservis à sa puissance. Le déploiement de cette puissance sur les démons prouvait que le royaume était parvenu jusqu’à ces misérables Juifs. C’est par l’exercice de cette puissance que s’établira plus tard le royaume, lors de l’apparition du Fils de l’homme.

Cette accusation de chasser les démons par Béelzébul constituait un péché d’une gravité exceptionnelle, car ce n’était rien moins qu’attribuer à Satan la puissance par laquelle le Seigneur agissait. Aussi le Seigneur dit que «tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes... Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir». Le Seigneur dit aussi en parlant de ses bourreaux: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font». Quelle grâce insondable ces paroles révèlent! Mais traiter la puissance du Saint Esprit de puissance du diable, cela ne serait pardonné à ceux qui s’en rendraient coupables, ni dans ce siècle-ci — le siècle de la loi, le siècle où les Juifs étaient alors — ni dans le siècle à venir — le siècle où le Seigneur établirait son royaume en vertu de cette même autorité. Car comment des hommes qui attribueraient à Satan la puissance par laquelle le royaume serait établi, pourraient-ils avoir la vie pour y entrer? Le temps actuel est celui de la grâce, qui se trouve entre les deux siècles mentionnés. Il y a des personnes que l’Ennemi trouble de nos jours en leur faisant croire qu’elles ont commis le péché ou blasphémé contre le Saint Esprit, et que par conséquent elles ne peuvent être sauvées. Pour le commettre il faut se trouver dans le temps où cette puissance s’exerce. Aujourd’hui, «quiconque croit a la vie éternelle».

 

Bon trésor et mauvais trésor

(v. 33-37). — Dans les versets 33 à 37, le Seigneur montre à ces hommes que leurs paroles manifestaient ce qu’ils étaient: des méchants, du cœur desquels il ne pouvait sortir de bonnes choses; car de l’abondance du cœur la bouche parle, et l’arbre est connu par son fruit. Comme c’est par la bouche que se manifeste l’état du cœur, il faudra rendre compte à Dieu, au jour du jugement, de toutes les paroles oiseuses qu’on aura dites. Car, «par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné». De même aussi il est dit: «Du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut» (Romains 10:10), car comment savoir si quelqu’un est sauvé s’il ne le confesse pas?

Le Seigneur dit au v. 35: «L’homme bon, du bon trésor, produit de bonnes choses, et l’homme mauvais, du mauvais trésor, produit de mauvaises choses». Comment peut-il venir quelque chose de bon de l’homme? Car il est dit que «nul n’est bon, sinon un seul, Dieu» (Luc 18:19). Pour qu’il puisse sortir quelque chose de bon de l’homme, il faut que Dieu y ait premièrement placé ce qui est bon. Il le fait par la nouvelle naissance, cette régénération dont parle Jacques 1:18: «Il nous a engendrés par la parole de la vérité». Mais ce n’est pas tout que d’être né de nouveau; il faut ensuite écouter la Parole, s’en nourrir, la lire; c’est l’exhortation que donne Jacques dans le verset suivant: «Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère». Que nos pensées soient formées par la parole de Dieu, afin que nous puissions, de ce bon trésor, produire de bonnes choses! Souvenons-nous qu’il ne peut rien venir de bon de notre cœur, sinon ce que Dieu y met par sa Parole. C’est pourquoi nous trouvons constamment, dans les discours de la Sagesse, ces exhortations: «Écoute»; «Écoutez»; «N’oublie pas mes enseignements»; «Sois attentif à mes paroles»; etc., etc. (Proverbes 1 à 9). L’auteur de ce livre, lorsqu’il était encore jeune et que Dieu lui disait: «Demande ce que tu veux que je te donne», au lieu de souhaiter des richesses, répondit: Donne-moi «un cœur qui écoute» (1 Rois 3:1-9). Que ce soit là votre prière, afin que Dieu puisse aussi vous dire: «Voici, j’ai fait selon ta parole» (v. 12). Car «bienheureux l’homme qui m’écoute, veillant à mes portes tous les jours, gardant les poteaux de mes entrées! Car celui qui m’a trouvée a trouvé la vie, et acquiert faveur de la part de l’Éternel; mais celui qui pèche contre moi fait tort à son âme; tous ceux qui me haïssent aiment la mort» (Proverbes 8:34-36).

 

Le signe de Jonas

(v. 38-42). — Il est peu de portions de l’Évangile qui montrent, comme le fait ce chapitre, la méchanceté et l’aveuglement de ces hommes religieux qui entouraient le Seigneur. Après avoir vu les guérisons merveilleuses qu’il venait d’accomplir et entendu les foules, frappées par ces signes évidents de la présence du Messie au milieu d’elles, s’écrier: «Celui-ci serait-il le Fils de David?» les scribes et les pharisiens osent venir à Jésus avec cette requête: «Maître, nous désirons voir un signe de ta part» (v. 38-42). Le Seigneur leur répond selon la connaissance qu’il avait de leurs intentions: «Une génération méchante et adultère recherche un signe; et il ne lui sera pas donné de signe, si ce n’est le signe de Jonas le prophète. Car, comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre». Ce signe, c’est la mort et la résurrection de Jésus. Bien qu’il ait accompli toutes les œuvres par lesquelles ils pouvaient reconnaître en lui le Messie promis, ils ne voulaient rien de lui. Ainsi le seul signe à leur présenter, puisque tout autre était inutile, était celui de Jonas, sa mort, résultat de leur haine contre lui. Mais sa résurrection est aussi comprise dans ce signe, puisque Jésus ne sera que trois jours et trois nuits dans la terre1.

1 On a souvent objecté à ce passage que le Seigneur n’avait pas été trois jours et trois nuits dans le sépulcre, puisqu’il avait été enseveli le vendredi soir et qu’il était ressuscité le dimanche matin. Cette apparente inexactitude provient de la manière de compter des Juifs, qui considéraient comme entière une journée dont une partie seulement entrait dans l’espace de temps embrassé. Ainsi le Seigneur fut enseveli le vendredi soir, ce qui fait le premier jour. Il passa le sabbat en entier dans le sépulcre et ressuscita le matin du premier jour, dimanche (troisième jour).

Ce signe impliquait en même temps leur condamnation; ils se montraient bien inférieurs aux païens de Ninive, qui s’étaient repentis à la prédication de Jonas, et ils avaient au milieu d’eux quelqu’un de plus grand que Jonas. Aussi, au jour du jugement, ce mépris de Jésus, le divin prédicateur, aggravera fort leur condamnation, et la reine de Sheba se lèvera en témoignage contre eux, car la sagesse de Salomon l’avait attirée des bouts de la terre, tandis que cette génération a eu au milieu d’elle, non pas Salomon, mais la Sagesse même, cette Sagesse qui parle au chapitre 8 des Proverbes, et elle n’en a rien voulu.

 

Le sort d’Israël incrédule

(v. 43-45). — Dans les versets 43 à 45, Jésus donne un tableau de l’état terrible de cette génération aux derniers jours, comme conséquence de son incrédulité. «Or quand l’esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti. Et y étant venu, il la trouve vide, balayée et ornée. Alors il va, et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui-même; et étant entrés, ils habitent là; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Ainsi en sera-t-il aussi de cette génération méchante».

Le Seigneur prend pour figure de l’état d’Israël aux derniers jours, ce qui pouvait arriver, paraît-il, à un homme dont un démon était sorti. Dieu seul sait tout ce qui se passe dans ce domaine invisible, où se meuvent les mauvais esprits. Ce démon, une fois sorti de l’homme, représente l’idolâtrie à laquelle s’était livré le peuple d’Israël autrefois et qui avait causé sa transportation à Babylone; car l’idolâtrie n’est autre chose que l’adoration des démons (Voir 1 Corinthiens 10:19, 20). Revenu de la captivité, le peuple ne retomba pas dans l’idolâtrie. Le temple fut rebâti, le culte lévitique rétabli; extérieurement tout paraissait en ordre. C’est au milieu de cet état de choses que Jésus vint, pour être reçu dans sa maison. «Il vint chez soi; et les siens ne l’ont pas reçu». Si le démon de l’idolâtrie avait été chassé, c’était pour que le peuple reçoive son roi; mais comme il s’y refusait, la maison restait vide, non seulement vide et balayée de l’idolâtrie, et ornée de formes du culte du vrai Dieu, mais vide aussi de Celui qui venait apporter à son peuple bien-aimé les bénédictions promises; on l’avait rejeté en disant: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous» (Luc 19:14). Alors ce démon de l’idolâtrie s’étant trouvé à son aise en Israël, il revient, trouve la maison vide et bien préparée à le recevoir, prend avec lui sept autres démons plus méchants que lui-même, entre et habite là.

Rentré dans son pays, ce qui aura lieu prochainement, le peuple juif se trouvera dans le même état d’incrédulité quant à Christ qu’au temps où Jésus était sur la terre. Le temple sera rebâti, le service lévitique rétabli; tout marchera, pendant un temps, avec les formes du culte juif. Mais bientôt, qui viendra occuper ce temple? Le Seigneur? Rejeté autrefois et l’étant toujours, il est caché dans les cieux. Nous trouvons la réponse à notre question en 2 Thessaloniciens 2:4. C’est l’Antichrist, l’homme de péché, celui dont le Seigneur parle en disant aux Juifs: «Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez» (Jean 5:43). Telle est cette idolâtrie de la fin, sept fois pire que celle qui amena la transportation d’Israël à Babylone; elle aura pour conséquence le jugement radical, exercé par le moyen du terrible Assyrien, alors que le résidu croyant recevra le Christ pour sa délivrance, et constituera le nouvel Israël qui jouira du règne millénaire du vrai Fils de David.

 

La mère et les frères du Seigneur

Comme Jésus s’adressait aux foules, on vint lui dire que sa mère et ses frères cherchaient à lui parler. Mais il répondit: «Qui est ma mère, et qui sont mes frères? Et étendant sa main vers ses disciples, il dit: Voici ma mère et mes frères; car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère». L’état d’Israël, représenté par la mère et les frères de Jésus, ne lui permettait plus aucune relation avec le Seigneur. Jésus prononce donc la rupture de ses relations avec ce peuple; mais il reconnaît de nouvelles relations avec ceux qui recevront sa parole et feront la volonté de son Père. Nous savons que sa mère était du nombre de ceux-là et que, plus tard, ses frères entrèrent aussi dans ces mêmes relations avec lui, bien que, pendant un temps, ils n’aient pas cru en lui. Désormais tout est fini avec Israël selon la chair, comme peuple de Dieu; par son incrédulité, il s’est exclu lui-même des bénédictions qui lui avaient été apportées avec tant de grâce et d’amour. Mais Dieu a ses ressources à lui et agira par sa parole pour se former un peuple céleste, comme nous le verrons au chapitre suivant.