Matthieu

Chapitre 8

Trois guérisons

(v. 1-15). — Après avoir présenté, dans ces discours, les caractères de ceux qui participent à son royaume, le Seigneur descend auprès du peuple pour agir en grâce et en puissance, afin de le délivrer des conséquences du péché et de la puissance du diable, montrant qu’il est Emmanuel, Dieu avec nous, le même qui avait dit autrefois à Israël: «Je suis l’Éternel qui te guérit» (Exode 15:26). C’est la personne de Jésus, se présentant en grâce et en puissance à son peuple, qui fait le sujet de ce chapitre et du suivant.

À son retour de la montagne, un lépreux s’approcha, se prosterna et lui dit: «Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre net». Il savait que le Seigneur avait le pouvoir de le guérir; mais il doutait de son vouloir. Jésus étendit la main et le toucha en disant: «Je veux, sois net. Et aussitôt il fut nettoyé de sa lèpre» (v. 1-3). La lèpre est une figure du péché sous son caractère de souillure, un mal sans autre moyen de guérison que la puissance de l’Éternel (voir Lévitique 14:1-9). Remarquez, chers lecteurs, combien la gloire de la personne de Jésus est évidente dans cette guérison, ainsi que sa puissance: il peut guérir; sa bonté: «Je veux»; sa divine pureté, car il est Dieu manifesté en chair. Il étend sa main, il touche le lépreux, et au lieu d’être souillé par cet attouchement, comme tout homme l’aurait été, c’est le lépreux qui est purifié. Quel sujet de contemplation que la personne de Jésus dans son abaissement, au milieu des hommes souillés et perdus, pour leur apporter les ressources divines que réclamait leur état misérable. Tout ce qu’est Dieu en puissance, en grâce, en pureté, était là dans un homme, l’Homme-Dieu, inattaquable par le péché, et à la disposition de tous ceux qui voulaient en profiter.

Le Seigneur reconnaît le système légal sous lequel il est venu; c’est pourquoi il envoie le lépreux purifié se montrer aux sacrificateurs, pour offrir ce que Moïse avait ordonné, et il ajoute: «Pour qu’il leur serve de témoignage». Si les sacrificateurs reconnaissaient que le lépreux était net, ils avaient devant leurs yeux, d’une manière évidente, le témoignage que Jésus était l’Éternel, puisque lui seul pouvait guérir la lèpre. Hélas! ce témoignage irrécusable de la présence du Messie au milieu d’eux, suivi de bien d’autres, ne les a pas empêchés de le rejeter.

Le second miracle narré dans ce chapitre s’opère en faveur d’un Gentil, un étranger aux bénédictions que le Messie apportait à son peuple, mais chez qui se trouvait la foi, une foi, dit Jésus, telle qu’il n’en avait point trouvée en Israël. Ce centurion, officier romain, reconnaissait la puissance divine et la grandeur de la personne du Seigneur. Dans une touchante humilité, il supplie Jésus au sujet de son serviteur atteint de paralysie. Le Seigneur, dans son dévouement, lui dit: «J’irai, moi, et je le guérirai». Mais le centurion répond: «Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri; car moi aussi, je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats; et je dis à l’un: Va, et il va; et à un autre: Viens, et il vient; et à mon esclave: Fais cela, et il le fait» (v. 7-10). Cet homme illustre, par son exemple, la position dans laquelle il trouvait le Seigneur sur la terre: c’était l’homme dépendant, l’homme parfait; mais le Fils de Dieu qui avait autorité sur toutes choses. Il reconnaît donc à Jésus un pouvoir illimité et le droit de le faire valoir. Quel bel exemple de foi! Il est à remarquer que la foi voit les choses comme Dieu les voit. La grande foi honore Dieu; la petite foi sauve, parce que Dieu a égard non à la mesure de la foi que nous avons, mais à l’objet que la foi saisit. La foi reconnaissait au Seigneur sur la terre la puissance par laquelle il établirait son royaume: telle celle du brigand repentant sur la croix. Aussi la réponse à cette foi est-elle une part à ce que la grâce donne actuellement comme plus tard. La foi du centurion fournit au Seigneur l’occasion de parler de l’introduction des Gentils dans les bénédictions du royaume, tout en déclarant aux Juifs que leurs privilèges extérieurs ne leur donnaient pas le droit d’y avoir accès, sans la foi. «Et Jésus, l’ayant entendu, s’en étonna, et dit à ceux qui le suivaient: En vérité, je vous dis: je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi. Et je vous dis que plusieurs viendront d’Orient et d’Occident, et s’assiéront avec Abraham et Isaac et Jacob dans le royaume des cieux; mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors: là seront les pleurs et les grincements de dents» (v. 10-12). Les fils du royaume, sous la loi, étaient les Juifs; mais par la loi, personne n’a pu rien obtenir; alors Dieu accorde à la foi, où qu’elle se trouve, l’accès à ses bénédictions; car sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu (Hébreux 11:6). Le Seigneur montre donc aux Juifs le moyen d’hériter de la bénédiction à laquelle ils pensaient avoir droit par nature; et, puisque c’est par la foi, tous ceux qui la possèdent auront une part à la bénédiction du royaume des cieux, tandis que ceux qui ne l’auront pas seront jetés dehors, qu’ils soient Juifs, païens, ou chrétiens de nom; aucun titre, aucune religion, pas plus que le privilège si grand d’être un enfant de chrétien, ne peut donner le droit d’entrer dans le royaume, sinon la foi qui reconnaît Dieu tel qu’il se révèle, et qui prend sa place humblement devant lui comme un pauvre être indigne de tout. Le Seigneur répondit au centurion: «Va, et qu’il te soit fait comme tu as cru; et à cette heure-là son serviteur fut guéri» (v. 13).

Le troisième miracle est la guérison de la belle-mère de Pierre, qui était atteinte de la fièvre (v. 14, 15). Si la lèpre est une figure du péché dans son caractère de souillure, la paralysie nous représente l’incapacité où le péché met l’homme quand il s’agit pour lui d’accomplir la volonté de Dieu. La fièvre symbolise l’agitation qui caractérise l’homme sans Dieu. Le péché prive du repos et de la paix qui sont la part de celui qui a été amené à Dieu. Toute l’activité fiévreuse, qui augmente de plus en plus dans ce monde, vient de ce que l’homme, loin de Dieu, cherche sa propre satisfaction dans ce que le monde peut offrir; il s’agite pour l’obtenir, terrible distraction qui l’empêche de penser à Dieu et de voir son état dans sa présence! De cette manière, l’homme est incapable de servir Dieu; pensant n’avoir pas assez de temps pour lui-même, il ne peut en consacrer à Dieu. Lorsque le Seigneur eut touché la main de la belle-mère de Pierre, «la fièvre la quitta; et elle se leva et le servit». Quand Dieu a accompli son œuvre dans une âme et l’a délivrée de la puissance du péché qui cause cette agitation, cette âme peut jouir du repos de la conscience et du cœur; elle est en paix; elle possède le calme et peut ainsi servir le Seigneur. L’apôtre dit aux Thessaloniciens: «Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1 Thessaloniciens 1:9).

 

À la suite de Jésus

(v. 16-22). — Le soir était venu (v. 16, 17); c’est, en Orient, le moment favorable pour sortir à cause de la chaleur excessive qui règne pendant la journée. On conduisit auprès de Jésus beaucoup de démoniaques dont il chassa les esprits par une parole, et il guérit tous ceux qui se portaient mal. Il accomplissait ce qu’Ésaïe avait dit: «Lui-même a pris nos langueurs, et a porté nos maladies» (És. 53:4). Ces paroles nous font comprendre de quelle manière le Seigneur faisait usage de sa puissance: il n’a jamais délivré quelqu’un auquel son cœur et ses sentiments, aussi parfaitement humains que divins, seraient restés étrangers. Il ne délivrait personne des conséquences du péché, sans avoir ressenti en sympathie toute la douleur qu’éprouvaient ceux qu’il soulageait. C’est pourquoi il est dit qu’il a porté nos maladies, ce qui est autre chose que d’avoir porté nos péchés sur la croix, pour en recevoir le châtiment. Il n’a porté nos péchés que sur la croix, tandis que, durant tout le cours de son ministère, son cœur sentait tout le poids des conséquences du péché sous lesquelles gémissaient ceux qu’il affranchissait. C’est pourquoi nous voyons ce précieux Sauveur pleurer au tombeau de Lazare, au lieu d’aller directement l’appeler hors du tombeau, ce qu’il fit après avoir témoigné sa sympathie à celles qui pleuraient leur frère et ressenti profondément la puissance de la mort qui pesait sur l’homme par suite de sa désobéissance.

Il est précieux, chers amis, de savoir que le Seigneur est toujours le même en faveur de ceux qui sont dans l’affliction, de quelque manière que ce soit; la gloire où il se trouve n’a pas changé son cœur, au contraire, hors d’atteinte de la souffrance, il peut d’autant plus sympathiser avec ceux qui s’y trouvent encore.

(v. 18-22) Comme les foules se pressaient autour de Jésus, attirées, sans doute, par les miracles qu’il faisait, il voulut se soustraire à leur curiosité, comme à leur admiration, puisqu’il avait accompli son service au milieu d’elles, et commanda de passer à l’autre rive. Un scribe lui dit: «Maître, je te suivrai où que tu ailles. Et Jésus lui dit: Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des demeures; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête» (v. 18-20). Ce scribe, les foules émerveillées, les disciples même, tous étaient heureux et honorés d’avoir au milieu d’eux un tel homme. Les foules disent au chapitre suivant (v. 33): «Il ne s’est jamais rien vu de pareil en Israël». Aussi, ce scribe pensait à la gloire qu’il y aurait pour lui à suivre un maître comme celui-là. Mais si tous avaient un domicile dans ce monde, où la grâce avait fait descendre le Fils de l’homme, lui, venu du ciel, ne pouvait en avoir ici-bas, car rien sur la terre ne pouvait offrir de repos à un tel Homme, tout étant empreint des conséquences du péché et de la puissance de Satan. Il n’était pas venu pour rendre agréable à l’homme son séjour sur la terre, mais afin de lui ouvrir un chemin le sortant du monde et l’amenant là où le Seigneur est déjà lui-même, hors de cette première création souillée et soumise à Satan, là où Dieu se reposera dans son amour et où il introduira tous ceux qui auront cru en son Fils bien-aimé et auront marché dans le chemin qu’il leur a frayé ici-bas. Jésus, dans sa réponse, indique à ce scribe à quelle condition on peut le suivre. C’est comme s’il disait: «Voilà l’avantage matériel que tu trouveras en me suivant, car le chemin ne peut être différent pour toi et pour moi: tu n’y trouveras pas un lieu pour y reposer ta tête».

Un autre de ses disciples lui dit: «Seigneur, permets-moi de m’en aller premièrement et d’ensevelir mon père. Mais Jésus lui dit: Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts» (v. 21, 22). Le Seigneur montre que pour le suivre, il faut reconnaître entièrement ses droits sur notre cœur. Le Seigneur a quitté la gloire pour venir ici-bas ouvrir le chemin du ciel à l’homme perdu, de sorte que, pour marcher après lui, il faut abandonner tout ce qui caractérise un monde étranger à la vie de Dieu. Le Seigneur seul a des droits absolus sur son racheté. On peut aller ensevelir son père, mais pas premièrement, comme disait le disciple; il faut premièrement suivre Christ et lui obéir.

Laissez-moi vous demander, chers lecteurs, combien de choses vous faites premièrement, avant celles qui sont agréables au Seigneur. Savez-vous que Christ seul a tout droit sur vos cœurs, si vous êtes à lui? Et si vous ne marchez pas à sa suite, sur le chemin du ciel, vous savez dans lequel vous vous trouvez; il n’y en a que deux: le chemin étroit qui mène à la vie, et le chemin large qui conduit à la perdition. Dans les versets qui précèdent, nous venons de voir ce qui doit caractériser celui qui veut suivre le Seigneur. Dans les v. 23-27, nous trouvons ce que l’on rencontre dans ce chemin: «Et quand il fut monté dans la nacelle, ses disciples le suivirent». Les disciples pouvaient penser qu’en accompagnant le Seigneur, ils seraient à l’abri de toutes les difficultés. Il n’en est rien; les difficultés abondent, au contraire, car Satan sait susciter l’orage sur la route de ceux qui ne sont plus sous son pouvoir; c’est ce que nous enseigne la tempête qui surprend et effraie les disciples. «Et voici, une grande tourmente s’éleva sur la mer, en sorte que la nacelle était couverte par les vagues, mais lui dormait». Malgré leur effroi et les dangers apparents du voyage, il aurait dû suffire aux disciples que Jésus soit avec eux. L’Éternel ne dit-il pas au résidu d’Israël qui passe par l’orage de la persécution: «Ne crains point, car je suis avec toi» (Ésaïe 41:10)? Le Seigneur dormait, mais il était avec eux. Il manquait aux disciples la connaissance de la gloire de sa personne; s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas été effrayés, sachant qu’ils avaient avec eux le Créateur du monde, venu dans la forme d’un homme pour accomplir les conseils éternels de Dieu; ils auraient compris que sa vie ne pouvait être en danger, que les flots ne pouvaient l’engloutir, ni eux non plus, puisqu’ils étaient avec lui. Il nous arrive souvent de ne croire à la puissance et à l’amour de Dieu que si nous les voyons en activité en notre faveur; si non, le Seigneur nous paraît, comme aux disciples, indifférent à nos circonstances. «Les disciples s’approchèrent et le réveillèrent, disant: Seigneur, sauve-nous! nous périssons. Et il leur dit: Pourquoi êtes-vous craintifs, gens de petite foi? Alors, s’étant levé, il reprit les vents et la mer, et il se fit un grand calme». Le Seigneur éprouve la foi, afin de la fortifier en manifestant sa puissance et sa bonté en son temps; ainsi nous apprenons toujours mieux qui est Celui qui veut être toujours avec nous, afin que nous puissions dire, comme le psalmiste: «Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal; car tu es avec moi» (Psaume 23:4).

 

Au pays des Gergéséniens

(v. 28-34). — Le récit suivant (v. 28 à 34) nous fait voir l’accueil que le Seigneur reçut dans ce monde. Arrivé sur l’autre rive du lac, dans le pays des Gergéséniens, «deux démoniaques, sortant des sépulcres, vinrent à sa rencontre; et ils étaient très violents, en sorte que personne ne pouvait passer par ce chemin-là. Et voici, ils s’écrièrent, disant: Qu’y a-t-il entre nous et toi Jésus, Fils de Dieu? Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter?» Quelle épouvantable figure de l’état de l’homme sous le pouvoir de Satan nous représentent ces deux démoniaques: l’homme violent, qui n’est plus maître de lui-même, et qui est dangereux pour ses semblables! Quel affreux caractère de l’homme tombé par le péché entre les mains de l’Ennemi, et qui a transformé ce monde en un sépulcre, le péché y étant entré et, par le péché, la mort! C’est au milieu de ces êtres et dans cet état de choses, que Jésus est descendu pour apporter la délivrance. Si «personne ne pouvait passer par ce chemin-là» (v. 28), lui le pouvait, et il y a passé en grâce pour nous délivrer.

Mieux que les hommes, les démons reconnaissent en Jésus le Fils de Dieu, celui qui les jugera quand le temps sera venu. Lorsqu’un pécheur reçoit le Fils de Dieu comme son Sauveur, il possède le salut; mais, pour les démons, il n’y a ni pardon, ni délivrance. Ils le savent; et ceux-ci demandent au Seigneur de leur permettre de s’en aller dans le troupeau de pourceaux qui paissait non loin de là, puis ces animaux se ruèrent du haut de la côte dans les flots et y périrent. Leurs gardiens s’en allèrent dans la ville pour y raconter tout ce qui s’était passé. «Et voici, toute la ville sortit au-devant de Jésus; et, l’ayant vu, ils le prièrent de se retirer de leur territoire». Triste tableau de ce qui est arrivé lorsque le Seigneur se présenta pour délivrer l’homme de la puissance du diable! L’homme préféra l’esclavage de Satan à la présence de Dieu en grâce, et c’est ce qui causa pour Israël sa ruine définitive; car semblables aux pourceaux qui périrent dans les eaux, sous l’influence des démons, les Juifs ont été chassés de leur territoire et engloutis dans la mer des peuples, jusqu’au moment où ils reconnaîtront celui qu’ils ont rejeté.

Remarquons que la ville est mentionnée ici, non à cause de son importance, mais à cause de son caractère qui, dans la Parole, est toujours mauvais. L’homme déchu, sous le pouvoir de Satan, et chassé de la présence de l’Éternel (Genèse 4), se construisit une ville. Cette ville, figure du monde avec tous ses agréments, semble lui fournir tout ce qu’il faut pour rendre supportable la présence de Satan et les conséquences du péché. Lorsque Dieu se présente en grâce pour le délivrer, l’homme le prie, pour ainsi dire, de se retirer, comme les Gergéséniens. N’est-ce pas ce que fit entendre le cri: «Ôte, ôte, crucifie-le», et: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous»? Aussi, depuis le rejet de Christ, ce qui caractérise le monde — et non seulement les Juifs — c’est que Satan, que l’on a préféré à Christ, en est devenu le chef. Dieu ne cesse pourtant pas d’offrir sa grâce à chacun; il déploie sa grande patience envers tous les hommes; il les supplie d’être réconciliés avec lui, pour éviter la colère à venir. Position effrayante que celle des gens du monde au jour du jugement! Que tous nos lecteurs qui pourraient n’être pas encore sauvés, acceptent, sans retard, la grâce qui leur est offerte aujourd’hui, afin de pouvoir attendre du ciel Jésus qui nous délivre de la colère qui vient!