Matthieu

Chapitre 7

Conduite envers autrui

(v. 1-12). — Dans le chap. 6, nous voyons l’exercice de la piété envers Dieu et envers les hommes et, au commencement du chap. 7, la conduite à suivre vis-à-vis de nos frères, ou de nos semblables. Les v. 1-5 nous mettent en garde contre la tendance du cœur naturel à juger les autres, à vouloir redresser, chez eux surtout, ce qui nous déplaît. Dans son gouvernement, Dieu agira envers nous comme nous aurons agi envers les autres (chap. 6:14, 15). «De la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré», tandis que: «Bienheureux les miséricordieux, car c’est à eux que miséricorde sera faite». Le plus souvent, lorsque nous voyons des défauts chez nos frères — la paille qui est dans leur œil — c’est que nous sommes peu capables d’en juger, ayant dans le nôtre une poutre, c’est-à-dire un péché, un défaut bien plus grave que celui qui nous offusque chez notre prochain. Examinons-nous à la lumière de Dieu et là, voyant tout le mal qui est dans notre cœur, nous ne jugerons pas notre frère, si même nous discernons en lui une paille, nous serons miséricordieux.

Combien ces enseignements ont aussi d’à-propos dans nos familles, où les enfants sont facilement portés à s’accuser et à se juger les uns les autres, au lieu de s’occuper chacun de soi-même devant Dieu, lui confessant ses propres fautes pour être délivré du mal et être rendu plus agréable à autrui. Il faut avoir aussi du discernement au sujet des choses saintes (v. 6), pour savoir quand les présenter aux hommes. Il y a des occasions qu’il faut savoir saisir, dit l’apôtre Paul (Colossiens 4:5).

Aux v. 7-12, le Seigneur revient sur le sujet de la prière, car si, d’un côté, notre Père sait de quoi nous avons besoin, il veut que nous mettions de l’énergie et de la persévérance dans nos requêtes. Cherchez, heurtez, demandez; le Père vous entend. Précieux encouragement de savoir qu’il répondra à nos demandes! Celui qui dit: «Je donnerai», dit aussi: «Demandez». Si l’homme dont le cœur est méchant sait donner de bonnes choses à ses enfants, «combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent!»

Cette manière d’agir de notre Père doit trouver son expression en nous, de manière à ce que nous soyons des modèles pour les autres. «Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur, vous aussi, de même; car c’est là la loi et les prophètes». L’apôtre Pierre dit: «Qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de celui qui est bon?» (1 Pierre 3:13).

 

Chemin étroit et chemin large

(v. 13, 14). — À cause du péché et de la volonté de l’homme, ennemis de Dieu, il y a dans ce monde une opposition constante à ce qui est bien, de sorte qu’il faut une énergie continuelle pour entrer dans le chemin de Dieu et accomplir le bien. C’est ce que représente l’effort à faire pour entrer par une porte étroite, tandis que la porte large, qui ouvre sur un chemin spacieux, se franchit sans difficulté. Il n’y a qu’à se laisser aller au courant entraînant de ce monde et aux penchants naturels de son propre cœur qui aime ce qui est facile et donne du plaisir. L’homme n’est pas ici-bas pour toujours, comme ce serait arrivé s’il était resté dans l’innocence. À cause du péché, la naissance place tout homme sur le chemin de la perdition. Grâces à Dieu! son amour a ouvert un autre chemin, celui qui mène à la vie. Mais peu y entrent, parce qu’il n’offre pas au cœur naturel l’aliment qu’il désire, en un mot: le péché, qui le conduit à la mort et au jugement.

Chers lecteurs, souvenez-vous que tout ce qui attire la chair, tout ce que le monde approuve, ce qui ne demande aucun effort, caractérise le chemin large. Jamais l’entraînement dans ce chemin n’a été si puissant et surtout si subtil que maintenant. On y est entraîné par le luxe, par les études, les lectures, le choix de ses camarades, les exercices corporels de tous genres, et tant d’autres choses qui agissent d’autant plus subtilement que plusieurs sont utiles et même nécessaires. Pour en user d’une manière saine et ne pas se laisser entraîner par elles dans le chemin large qui conduit à la perdition, il faut une vigilance qui ne s’obtient qu’en écoutant la parole de Dieu. Tout ce qui sert à nous introduire et à nous maintenir dans le chemin étroit qui mène à la vie est désagréable au cœur naturel et se heurte contre la volonté propre. Écouter et lire la Parole et les publications qui en parlent, agir d’après les enseignements divins, obéir à ses parents en tout, renoncer à tant d’attractions offertes à la jeunesse, tout cela coûte des efforts à faire pour entrer par la porte étroite et demeurer dans le chemin resserré qui mène à la vie. Comme Moïse, choisissez «plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte; car il regardait à la rémunération» (Hébreux 11:25, 26).

 

Faux prophètes et faux ouvriers

(v. 15-23). — Les choses mondaines ne sont pas seules à nous nuire; il y a aussi des gens qui affectent un certain dédain des choses mondaines et qui ont l’apparence des «brebis», c’est-à-dire, de ceux qui font partie du troupeau du bon Berger et qui ne sont en réalité que des loups ravisseurs, qui introduisent de faux enseignements, prétendant parler, comme les faux prophètes d’autrefois, au nom de l’Éternel. On les reconnaîtra à leurs fruits, seul moyen de discerner à quelle espèce un arbre appartient. Malgré leur belle apparence, ils ne produiront rien pour Dieu, ils seront coupés et jetés au feu.

D’autres personnes n’auront que l’apparence de la piété. Elles se réclameront du nom de Christ — aujourd’hui du nom de chrétiens — disant à tout propos: «Seigneur, Seigneur!» Mais Lui leur dira: «Je ne vous ai jamais connus; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité».

Ces avertissements, toujours à propos, seront tout particulièrement appréciés par le futur résidu juif, dans les temps terribles d’épreuve qu’il traversera avant la venue glorieuse de Christ, en vue duquel le Seigneur a prononcé ces discours; ils s’adressaient au résidu juif d’alors et demeurent écrits pour le résidu à venir. Dans ce temps-là, des méchants s’élèveront du milieu d’eux pour leur nuire: «Plusieurs se joindront à eux par des flatteries». Il y en a qui seront entraînés «par de douces paroles» (Daniel 11:32-34). «Plusieurs faux prophètes s’élèveront et en séduiront plusieurs: et parce que l’iniquité prévaudra, l’amour de plusieurs sera refroidi; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé... Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus» (Matthieu 24:11, 12, 13, 24). Ces passages font comprendre combien il faudra lutter pour entrer par la porte étroite, et se défier des apparences trompeuses de ces loups et faux prophètes, dans les temps à venir, où tous ces enseignements trouveront leur application littérale. En attendant, n’oublions pas qu’ils sont écrits pour nous aussi.

 

Conclusion

(v. 24-29). — Dans les v. 24 à 29, qui terminent ces discours, le Seigneur montre d’une manière solennelle la différence qu’il y a entre le fait d’écouter ses paroles seulement, et celui de les mettre en pratique. Celui qui les met en pratique est semblable à un homme qui a fondé sa maison sur le roc; les torrents et le vent se sont déchaînés contre cette maison; mais elle est demeurée ferme. Celui qui se contente d’écouter, sans mettre en pratique ce qu’il entend, est comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. Les torrents et le vent sont venus, ils ont donné contre cette maison, sans plus de violence que contre celle qui est bâtie sur le roc; mais, fondée sur un sol mouvant, elle est tombée, et sa chute a été grande. Au jour de l’épreuve ou du jugement, pour qui que ce soit, tout ce qui se basera sur les pensées et les raisonnements des hommes sera renversé; la ruine sera grande aussi, car elle sera éternelle. Au contraire, tout ce qui reposera sur le roc de la parole de Dieu, demeurera éternellement. «Le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement» (1 Jean 2:17). Il n’est pas dit «celui qui entend», pas même «celui qui dit qu’il croit», mais «celui qui fait la volonté de Dieu». Faire la volonté de Dieu, c’est la seule preuve à donner que l’on a cru. Il importe de saisir que l’on est sauvé par la foi sans œuvres de loi, mais on risque d’oublier que les œuvres qui découlent de la foi sont inséparables du salut et qu’il est inutile de prétendre être sauvé, si l’on ne met pas en pratique la parole de Dieu; le Seigneur dit: «Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique» (Luc 8:21; Matthieu 12:50). «Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux» (v. 21). Lire aussi ce que dit l’épître de Jacques à ce sujet (chap. 2:14-26).

«Et il arriva que, quand Jésus eut achevé ces discours, les foules s’étonnaient de sa doctrine; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes» (v. 28, 29). Ce sont, en effet, des paroles d’autorité divine, propres à introduire dans la vie éternelle, qui se font entendre aux oreilles de chacun, de la bouche même d’Emmanuel, Dieu avec nous, venu en grâce pour sauver sa créature perdue.

Puissions-nous tous, chers lecteurs, n’être pas des auditeurs oublieux, mais des faiseurs d’œuvre! (Jacques 1:25).