Matthieu

Chapitre 3

Jean le Baptiseur

(v. 1-12). — Le temps arrive où Christ doit être manifesté à Israël; mais le Seigneur ne pouvait prendre place au milieu de son peuple dans le triste état où il se trouvait, sans une œuvre opérée dans les cœurs. Ésaïe avait prophétisé que la venue du Seigneur serait annoncée et préparée par un précurseur: «Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, faites droits ses sentiers» (Ésaïe 40:3). Ces paroles font allusion à ce qui se passait autrefois au moment de l’arrivée d’un souverain. Les routes n’étant pas entretenues comme elles le sont aujourd’hui, on faisait enlever les obstacles, niveler et redresser les chemins, de manière à faciliter la marche du roi et de sa suite. Ici, la préparation pour la réception du roi était morale; elle devait s’accomplir dans les cœurs, par l’action de la parole de Dieu et du Saint Esprit. Jean le Baptiseur avait reçu de Dieu cette mission au milieu du peuple. Matthieu ne parle pas de la naissance de Jean, mais Luc en donne le récit détaillé et intéressant. Ici, comme en Marc, Jean apparaît soudain, prêchant dans le désert de la Judée et disant: «Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché». Chose étrange que de voir quelqu’un prêcher dans un désert, mais ce désert représente ce qu’est pour Dieu le cœur du peuple, le cœur naturel de tout homme. Quelle merveilleuse bonté de sa part, qu’il ait fait prêcher les richesses de sa grâce. En effet, Jean avait vécu dans la solitude, dans une séparation entière d’avec un peuple corrompu. Il portait le vêtement des prophètes (voir 2 Rois 1:8): un manteau de poil de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage (v. 4). Les sauterelles, grosses et abondantes en Orient, servent encore à l’alimentation des habitants de ces contrées. Mais celui qui vit pour Dieu, séparé de ce monde, ne se nourrit pas de ce que le monde peut fournir.

Le Seigneur, ou l’Éternel, allait venir dans la personne de Jésus. Le royaume des cieux s’approchait, celui dont le gouvernement siège dans le ciel, en contraste avec les royaumes dont le gouvernement est de la terre. Le Seigneur ne pouvait pas établir son règne sur le peuple dans l’état de péché qui caractérisait celui-ci. S’il s’était présenté soudain dans l’exercice de son pouvoir, il aurait anéanti par le jugement ce peuple, composé uniquement d’hommes pécheurs. Comment donc un pécheur aurait-il place dans un royaume où seul ce qui est de Dieu peut subsister? C’est ce que Jean annonçait en prêchant la repentance et en disant au peuple de croire en celui qui devait venir (Actes 19:4). Il se tenait à part du peuple, comme nous l’avons vu. On venait à lui de partout; on confessait ses péchés, puis on était baptisé dans le Jourdain, du baptême de la repentance, et rendu propre pour recevoir le Messie. Dieu agit d’après le même principe pour la conversion du pécheur aujourd’hui; Dieu lui offre le ciel; mais à cause de son absolue sainteté, le pécheur ne peut y entrer. Que doit-il faire? Confesser ses péchés. Ne pas dire seulement: «J’ai eu tort», mais dire: «Voilà ce que j’ai fait», en reconnaissant le jugement qu’il a mérité. Alors il pourra s’écrier, avec le psalmiste: «Je t’ai fait connaître mon péché, et je n’ai pas couvert mon iniquité; j’ai dit: Je confesserai mes transgressions à l’Éternel; et toi, tu as pardonné l’iniquité de mon péché» (Psaume 32:5).

Tous ceux qui venaient à Jean en toute droiture de cœur, confessant leurs péchés, étaient propres à recevoir le Seigneur, qui par ses souffrances à la croix, en ferait l’expiation. Mais il se trouvait là aussi des pharisiens et des sadducéens qui voulaient participer au royaume des cieux en vertu de leur position nationale et religieuse, croyant que, pour obtenir cette part, il suffisait d’appartenir à la race d’Abraham, sans que leur état de péché fût en jeu. Ils se trompaient entièrement, car ce n’est qu’en vertu de la grâce, par laquelle Dieu pardonne au pécheur, que le Juif, comme tout homme, peut jouir des bénédictions apportées par le Seigneur. Aussi Jean, indigné de leur manque de conscience et de leur mépris des droits et du caractère de Dieu, leur dit: «Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère qui vient?» Il ne leur dit pas qu’ils sont trop mauvais pour éviter cette colère, mais: «Produisez donc du fruit qui convienne à la repentance», c’est-à-dire: «Reconnaissez avec droiture votre état de péché, confessez-le, et que votre marche réponde à vos paroles». Il faut des fruits qui prouvent la réalité de ce que l’on professe. C’était inutile de se vanter de sa position d’enfant d’Abraham; l’épreuve que Dieu avait faite de ce peuple et, par lui, du cœur de tout homme, était à son terme et n’attirait sur lui que le jugement. Aussi Jean ajoutait: «Déjà la cognée est mise à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit est coupé et jeté au feu». Le jugement ne s’exécutait pas encore, la hache n’était pas encore levée; elle était posée au pied de l’arbre, prête à frapper, si les fruits de la repentance ne se produisaient pas.

Jean annonce ensuite l’arrivée de Celui qui venait après lui, qui était plus puissant que lui, dont il n’était pas digne de porter les sandales; il ne baptiserait pas d’eau, mais de l’Esprit Saint et de feu: de l’Esprit Saint, qui serait la puissance de vie par laquelle ceux qui croyaient pourraient servir et glorifier Dieu dans le nouvel état de choses que le Seigneur introduirait; de feu, c’est-à-dire du jugement de Christ sur ceux qui ne le recevraient pas. «Il a son van dans sa main, et il nettoiera entièrement son aire et assemblera son froment dans le grenier; mais il brûlera la balle au feu inextinguible». Le van sert à séparer la balle du grain, lorsqu’on a battu le blé. L’aire était Israël, et le Seigneur venait pour accomplir ce triage et exécuter plus tard le jugement. C’est ce que les Juifs alors, ainsi que tout homme aujourd’hui, avaient à prendre en considération, afin d’agir en conséquence, en acceptant, comme pécheurs coupables, la grâce venue dans la personne de Celui qui sera le Juge pour ceux qui l’auront rejeté comme Sauveur.

 

Baptême de Jésus

(v. 13-15). — Quelle scène merveilleuse ces versets placent devant nous! Nous venons d’entendre la solennelle invitation à la repentance, adressée par Jean au peuple, quand il annonce l’arrivée d’un plus puissant que lui, le Seigneur, qui sauverait les siens de leurs péchés.

Le peuple attendait Celui qui allait paraître. D’où viendrait-il? Comment apparaîtrait-il? Quel serait son aspect?

Un jour, sur les bords du Jourdain, arrive auprès de Jean un homme venu de Nazareth de Galilée, le plus humble des hommes qui n’ait jamais été vu sur la terre. Il demande le baptême, lui aussi. Jean, enseigné de Dieu, le reconnaît aussitôt (Jean 1:29-31), et veut l’empêcher de se faire baptiser, disant: «Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi!» Que pouvait penser le peuple qui assistait à cette scène? Celui-là serait-il donc le Messie? Comment se fait-il qu’il demande le baptême, lui, dont Jean a dit qu’il n’était pas digne de porter les sandales, lui qui doit exercer le jugement sur les pécheurs, lui qui n’a point de péchés à confesser? Oui, c’est bien lui, mais, mystère insondable! au lieu d’apparaître dans l’éclat de sa gloire messianique, il vient en grâce se joindre aux pécheurs repentants, prendre place au milieu d’eux? Il les accompagne dès leurs premiers pas dans le chemin que Dieu leur ouvre pour les sortir de leur triste condition, pour les conduire aux bénédictions qu’il venait leur apporter, avant d’accomplir son œuvre en jugement. Ces pécheurs repentants étaient les seuls sur la terre d’Israël en qui il puisse prendre plaisir; c’est ce qu’exprime le Psaume 16:3: «Tu as dit aux saints qui sont sur la terre, et aux excellents. En eux sont toutes mes délices». Le Seigneur formule la même pensée quand il dit: «Il y aura de la joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent, plus que pour quatre-vingt-dix neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance» (Luc 15:7). Quel amour que celui dont Jésus a été l’expression ici-bas et qui trouve son plaisir, sa satisfaction dans un pécheur qui se repent! C’est au milieu de ces pécheurs que nous verrons ce précieux Sauveur tout le long de son ministère ici-bas; et pour l’éternité, ce sont eux encore, alors glorifiés, qui l’entoureront en célébrant sa grâce et sa gloire dans un monde nouveau. Dieu veuille que tous nos lecteurs soient du nombre!

À Jean le Baptiseur qui, par une humilité bien compréhensible, refusait de le baptiser, Jésus répond: «Laisse faire maintenant, car ainsi il nous est convenable d’accomplir toute justice». Là encore, nous voyons la grâce merveilleuse et condescendante qui le fait s’associer aux pécheurs repentants et à Jean comme serviteur, en lui disant: «Il nous est convenable d’accomplir toute justice». C’était juste, pour celui qui entrait par la repentance dans le chemin de Dieu, de se faire baptiser; le Seigneur qui entre en grâce dans ce chemin, comme homme, ne veut pas qu’il y ait d’exception pour lui; Jean doit donc accomplir ce qui est juste à cet égard.

 

Le Saint Esprit descendant sur Christ

(v. 16, 17). — De sa demeure céleste, Dieu contemplait cette scène merveilleuse, où l’objet de ses délices éternelles, l’homme de ses conseils, était confondu avec les autres hommes et refusait toute distinction. Alors il proclame lui-même publiquement ce qui distingue son Fils. Jésus ayant été baptisé, «les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe, et venir sur lui. Et voici une voix qui venait des cieux, disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir».

De grandes et merveilleuses choses sont présentées dans ce moment sublime. Énumérons-en seulement quelques-unes:

  1. Le ciel est ouvert, afin que les regards de Dieu et son bon plaisir reposent sur un objet selon son cœur, chose que Dieu n’avait pu faire jusqu’ici à l’égard d’aucun homme.
  2. Dieu lui-même proclame que Jésus était son propre Fils.
  3. La Trinité se manifeste pour la première fois: le Père envoyant le Saint Esprit sur le Fils. Cette pleine révélation de Dieu caractérise les bénédictions du christianisme, où Dieu est révélé comme Père par le Fils et où le Saint Esprit est le sceau par lequel Dieu reconnaît le croyant comme enfant. C’est la grâce parfaite.
  4. Le Seigneur est scellé du Saint Esprit en vertu de sa nature divine, absolument exempte de toute tache, afin que, dans la puissance de cet Esprit, cet Homme divin accomplisse son ministère de grâce au milieu des hommes, tandis que le croyant ne peut être scellé du Saint Esprit qu’une fois accomplie l’œuvre expiatoire de Christ. Dieu ne peut le reconnaître comme enfant avant qu’il n’ait été purifié de ses péchés par le sang de Christ.

Remarquons aussi la forme sous laquelle le Saint Esprit descend sur Christ. La colombe exprime l’humilité, la grâce, la douceur qui l’ont caractérisé dans son service d’amour ici-bas.

Quels sujets infinis les évangiles placent devant nous! Quelle profondeur divine nous entrevoyons dans la glorieuse personne de Jésus, l’Homme-Dieu venu en grâce au milieu des pécheurs! Mais c’est encourageant de savoir que, si ces choses merveilleuses sont cachées aux sages et aux intelligents, cachées à la raison humaine, elles sont révélées aux petits enfants, c’est-à-dire aux croyants.