Michée

Chapitre 5

L’Assyrien et la victoire du Résidu d’Israël

À la fin du chap. 4, il est moins question du siège de Jérusalem elle-même que du combat porté hors de ses murs, par l’Éternel et son peuple, contre les nations assemblées, bien que Jérusalem reste le centre que vise tout leur effort. D’autres passages (Abdias, Ésaïe 63) nous apprennent que le choc final et la défaite des nations auront lieu en Édom.

Cependant un dernier ennemi surgit. Ce n’est pas l’empire universel confié aux nations, dont Babylone est la tête, puis anéanti, à la fin du chap. 4, dans sa dernière incarnation satanique, l’Empire romain ressuscité. Non, c’est l’Assyrien, l’ennemi du dernier jour, qui, comme nous l’avons dit, joue le rôle prépondérant dans Michée, soit comme Assyrien historique avant que l’Éternel abandonne son peuple, soit comme Assyrien prophétique au moment où Dieu reprend ses relations avec Israël. Nous le voyons entrer en scène dans notre chapitre.

«Maintenant, attroupe-toi, fille de troupes» (v. 1). Cette «fille de troupes» est mise en contraste avec la «fille de Sion» (4:10, 13). Elle est appelée par l’Éternel à s’attrouper. Elle ne connaît pas davantage «les pensées et le conseil de Dieu» que les autres nations amassées par l’Éternel (4:12). Cette fille de troupes est, comme le v. 5 nous l’apprend, l’Assyrien poussé par son aveuglement à mettre le siège contre Jérusalem. On voit ainsi réapparaître l’Assyrien prophétique, avec les caractères de l’Assyrien historique, comme en témoignent aussi les prophètes Ésaïe, Joël, Nahum et d’autres.

La raison de cette invasion nous est donnée par Michée. C’est un jugement sur Israël à cause de la manière dont il a traité son Juge, son Messie et son Roi. «Ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue» (v. 1). Le mépris et la haine du peuple incrédule de jadis contre le Christ, telle est la cause de ce jugement du dernier jour, mais le but de ce jugement est de produire dans le cœur et la conscience du Résidu une complète repentance, comme on le voit en Zach. 12:8-14.

Notons les interlocuteurs dans ce v. 1. D’abord la voix de l’Éternel après avoir rassemblé les nations au chap. 4:11, appelle maintenant l’Assyrien à s’attrouper. Après cela le Résidu prend la parole: «Il a mis le siège contre nous». Il reconnaît que ce jugement vient de l’Éternel. Puis le prophète explique la cause de ce jugement: «Ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue». Ésaïe aussi nous présente les causes du jugement de Dieu sur Israël. D’abord l’idolâtrie (40-48), puis comme ici, le rejet du Messie (49-57).

Au v. 2 l’Éternel parle, dans une parenthèse1 délicieuse et pleine de grâce, de ce qu’il avait voulu faire à l’égard d’Israël en lui donnant un Roi selon son propre cœur: «(Et toi, Bethléhem Éphrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi Celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité)».

1 La traduction très répandue qui commence le cinquième chapitre au verset 2 nous semble indiquer un manque réel d’intelligence de tout ce passage.

Les principaux sacrificateurs et les scribes avaient cité cette parole à Hérode qui s’enquérait d’eux où le Christ devait naître (Matt. 2:3-6). Mais pourquoi Bethléhem Éphrata au lieu de «Bethléhem, terre de Juda», selon la citation de Matthieu? Je pense que l’Esprit de Dieu reporte ici notre pensée à la naissance de Benjamin et à la mort de Rachel (Gen. 35:16-19; 48:7). Benjamin est le «fils de la droite» du père (Gen. 35:18), comme il est le Bien-aimé de l’Éternel (Deut. 33:12). Bethléhem est «petite entre les milliers de Juda». Il a plu à Dieu de choisir cette bourgade humble et sans apparence pour en faire sortir le dominateur. Dieu enlevait ainsi à l’homme toute prétention de se glorifier; d’autre part, c’était la cité de David (Luc 2:4); il fallait donc que le vrai David y naquît. Mais Dieu a encore une autre raison pour nommer ce lieu Bethléhem Éphrata. C’est là que la mort atteint l’épouse du choix de Jacob; c’est donc en figure quand tout espoir de vivre est perdu pour Israël que surgit le Christ. «De toi sortira pour moi celui qui doit dominer sur Israël» «Pour moi»; Dieu parle ici. Ses conseils sont accomplis dans cet homme qui n’apporte pas seulement la bénédiction au peuple, mais fait resplendir la gloire de Dieu. Jamais pareille chose ne s’était encore produite. Ni David, ni Salomon, hommes faillibles, n’auraient pu être, sans réserve, des hommes selon le cœur de Dieu. Lui ne pouvait être satisfait que du Dominateur qui en sortirait pour Lui, le même qui aurait dominé sur Israël, si ce dernier avait voulu le recevoir. Mais qu’a fait son peuple? Il l’a rejeté, accablé de mépris, frappé de verges, il a craché contre lui et lui a donné des soufflets. Et cependant «ses origines étaient d’ancienneté, dès les jours d’éternité!» (v. 2; És. 9:6). N’est-ce pas la condamnation absolue de l’homme? La dernière attaque de l’Assyrien est la vengeance exercée contre Jérusalem pour un tel mépris de Dieu!

«C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps où celle qui enfante aura enfanté» (v. 3).

Ici le prophète reprend la parole, interrompue par l’Éternel au v. 2. Le «C’est pourquoi» du v. 3 se relie aux mots: «Ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joué». En présence de toute la grâce divine qui donnait le Christ pour Roi à Israël, le peuple et particulièrement Jérusalem, sujet principal de la prophétie de Michée, avait commis cet épouvantable attentat. C’est pourquoi la rétribution d’un tel forfait doit avoir lieu. Israël sera livré par l’Éternel jusqu’au temps de l’enfantement. Au lieu d’avoir été rassemblé, comme il aurait dû l’être, par la venue du Messie, il sera livré jusqu’à ce que tout le travail de son angoisse et de sa tribulation ait pris fin. Il s’agit moins ici du fruit de l’enfantement (voyez 4:9, 10) que des douleurs et de la détresse d’Israël, quand elles auront été consommées1. «Il les livrera»; c’est Dieu qui les livre jusqu’à ce que la tribulation soit terminée.

1 Je pense que tel doit être le sens. Si l’on voulait considérer le produit de l’enfantement, on pourrait invoquer non pas Apoc. 12:4, 5, où l’Israël des conseils de Dieu enfante le «fils mâle», Christ et l’Église, dont l’enlèvement au ciel met fin à la période actuelle; mais plutôt le «Résidu de la semence de la femme» (Apoc. 12:17).

«Et le reste de ses frères retournera vers les fils d’Israël» (v. 3). Ce reste avait été délivré de la captivité de Babylone sous Cyrus (4:10), mais, au lieu de recevoir le Messie, en vue duquel il était ramené dans son pays, il l’a frappé sur la joue, comme nous l’avons vu, et en vertu de ce péché, il est retourné dans la dispersion vers «les fils d’Israël». Pareil aux dix tribus, il est rentré dans la captivité au sein des nations.

Il n’en a pas été de même au début de la parenthèse par laquelle s’ouvre l’histoire de l’Église et qui se ferme ici-bas à la venue du Seigneur. Le Résidu d’Israël, le reste des frères de Christ, est venu à l’Église pour en faire partie; «ceux qui devaient être sauvés», terme employé pour le Résidu, ont été ajoutés à l’Assemblée (Actes 2:47), au lieu d’être dispersés de nouveau comme le furent les transportés de Babylone à la suite du meurtre du Fils de Dieu.

«Et il se tiendra et paîtra son troupeau avec la force de l’Éternel, dans la majesté du nom de l’Éternel, son Dieu. Et ils habiteront en sûreté, car maintenant il sera grand jusqu’aux bouts de la terre. Et lui sera la paix» (v. 4).

Ce n’est plus seulement, comme au chap. 4 v. 8, le royaume revenant à la fille de Jérusalem; car le prophète nous décrit ici la personne du Roi, du Berger d’Israël. Après que le jugement aura été exécuté sur Jérusalem, le Juge souffleté jadis, Celui dont les origines sont éternelles, se tiendra là et paîtra son troupeau. «De Dieu», dit Jacob, «est le Berger, la pierre d’Israël» (Gen. 49:25). Ce Christ, autrefois bafoué, se tiendra là dans la force1 et dans la majesté de l’Éternel, comme le «Dieu fort, le Père du siècle, le Prince de paix» (Ésaïe 9:6). Qu’y a-t-il, en effet, de plus paisible qu’un Berger paissant son troupeau? Mais cette calme fonction sera remplie par Celui qui, maintenant, sera grand jusqu’aux bouts de la terre. «Lui sera la paix.» Tableau, à la fois reposant et grandiose, de cette période millénaire où, sur la nation délivrée et jusqu’aux bouts de la terre, resplendira la face paisible et souveraine de l’homme autrefois anéanti pour accomplir l’œuvre de la Rédemption, maintenant souverainement élevé, tout en restant le fidèle Berger de ses brebis et le serviteur de ses bien-aimés. Ce service éternel d’amour nous le goûterons, nous aussi, dans la gloire, mais eux, «l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra», est-il dit en Apoc. 7:17.

1 Ce mot caractérise la force divine elle-même, force qui appartient de la même manière à Christ (Ps. 110:2) et dans laquelle tous les saints de son peuple trouvent leur force.

Le v. 4, ayant fait la description magnifique de la personne glorieuse à laquelle sera confiée la garde du troupeau, les v. 5 à 9 nous renseignent sur les caractères du troupeau lui-même, du «Résidu de Jacob», qui prend la parole au v. 5:

«Quand l’Assyrien entrera dans notre pays, et quand il mettra le pied dans nos palais, nous établirons contre lui sept pasteurs et huit princes des hommes. Et ils ravageront le pays d’Assyrie avec l’épée, et le pays de Nimrod dans ses portes.»

Christ lui-même est le Libérateur quand l’Assyrien entre dans «notre pays» (c’est-à-dire celui du Résidu, du vrai Israël). Mais il emploie des instruments de sa puissance, une plénitude de pasteurs (sept) et de princes (huit), en rapport avec son gouvernement terrestre (quatre + quatre). Ce sont les «sauveurs» d’Abdias 21. Ils ravagent le pays d’Assyrie. J’ai suggéré autre part1 que cette invasion de l’Assyrie pourrait être la cause du retour de l’Assyrien, lors de sa campagne d’Égypte, quand «des nouvelles de l’Orient et du Nord l’effrayeront» (Dan. 11:44).

1 L’histoire prophétique des derniers jours, par H. R.

«Et il (le Messie) nous délivrera de l’Assyrien, quand il entrera dans notre pays, et qu’il mettra le pied dans nos confins» (v. 6).

Nous assistons maintenant à cette destruction finale de l’Assyrien par le Seigneur lui-même, mentionnée en Dan. 11:45 et prédite par Ésaïe, Ézéchiel, Joël et d’autres prophètes.

«Et le Résidu de Jacob sera, au milieu de beaucoup de peuples, comme une rosée de par l’Éternel, comme des ondées sur l’herbe, — qui n’attend pas l’homme, et ne dépend pas des fils des hommes» (v. 7).

Tel est le premier caractère du Résidu sous le sceptre de Christ. Il portera les traits de Celui qui s’est mis à sa tête (2 Sam. 23:4; Prov. 16:15; 19:12; Osée 14:5); il sera comme une rosée qui n’exige aucun effort; un pur fruit de la grâce qui n’attend pas l’homme, ni ne dépend des fils des hommes. Ainsi sera l’aube du millénium, et ce Résidu dont il est dit. «Du sein de l’aurore te viendra la rosée de ta jeunesse» (Ps. 110:3). Toute bénédiction découlera du Roi céleste qui viendra manifester sa présence au milieu de son peuple; elle sera la part d’Israël, en communion avec son Chef.

«Et le Résidu de Jacob sera, parmi les nations, au milieu de beaucoup de peuples, comme un lion parmi les bêtes de la forêt, comme un jeune lion parmi les troupeaux de menu bétail, qui, s’il passe, foule et déchire, et il n’y a personne qui délivre» (v. 8).

Tel est le second caractère du Résidu de Jacob. Juda, la tribu royale est à sa tête, ce qu’implique le nom de Jacob, comme nous l’avons souvent remarqué. C’est de Juda qu’il est dit: «Juda est un jeune lion; tu es monté d’auprès de la proie, mon fils. Il se courbe, il se couche comme un lion, et comme une lionne; qui le fera lever?» (Gen. 49:9, 10). Mais Juda porte avant tout le caractère de son Chef qui est le Christ. C’est lui qui est appelé «le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David» (Apoc. 5:5). Comme il communique sa grâce à ceux qui sont de sa race, il leur communique aussi sa force, et c’est par Lui que le Résidu asservira les nations et dominera «parmi les bêtes de la forêt».

Au v. 9, le Résidu s’adresse au Seigneur lui-même: «Ta main se lèvera sur tes adversaires, et tous tes ennemis seront retranchés». Il donne la gloire à Christ seul, ne s’attribuant aucune vertu pour vaincre ce qui s’élève contre son Roi, mais la grâce et la force lui sont communiquées par le Chef adorable auquel il appartient pour toujours. C’est ainsi que le Résidu a appris, dans le chemin de l’humiliation, à n’avoir aucune confiance en lui-même et à attribuer à l’Éternel tout le bien qui est produit. Comparez ce que Dieu dit du Résidu aux v. 7 et 8, avec ce que le Résidu pense de lui-même en Esdras 9:5-15. Dans ces conditions Dieu fait savoir, par la bouche du prophète, au «reste des réchappés», qu’Il veut faire de lui le vase de sa grâce et de sa puissance. Le Résidu répond (v. 9) en attribuant toute la gloire à son Seigneur et à son Dieu.

Aux v. 10 à 15 l’Éternel parle. Il retranchera du milieu du peuple apostat l’appareil guerrier, les villes et les forteresses, retraites de l’Antichrist (Dan. 11:39). Toute cette puissance sera réduite à néant, avec ses enchantements et ses idoles (v. 10-14). Du même coup (v. 15), la colère et la fureur de l’Éternel tomberont sur les nations auxquelles le peuple incrédule s’était assimilé et dont il avait partagé l’apostasie. Ainsi le règne de paix sera établi par les jugements. L’Éternel commence par exercer le jugement sur sa propre maison, puis il l’étend au monde et à la nation apostate, mais tout cela en vue de la bénédiction finale de son peuple et de l’établissement du royaume glorieux de Christ.