Michée

Chapitre 4

Chapitre 4 (v. 1-8) — Restauration glorieuse de Jérusalem

«Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l’Éternel sera établie sur le sommet des montagnes, et sera élevée au-dessus des collines, et les peuples y afflueront» (v. 1).

Ce verset fait suite au dernier verset du chapitre précédent (3:12) qui parle de la maison détruite. Nous voyons ici la maison reconstruite. Tout ce passage est, en outre, la contrepartie du chap. 3 dont il ne peut être séparé. Comme en tant d’autres passages nous y voyons que les voies du gouvernement de Dieu ne se terminent pas au jugement, mais aboutissent à un temps futur de restauration et de gloire. Alors enfin le gouvernement sera confié à des mains qui en seront dignes. Ce n’est pas la vengeance sur ses ennemis qui glorifie Christ et son œuvre, mais c’est la réconciliation, le retour de toutes choses à Dieu. Cette réconciliation est basée sur le sang de la croix, comme nous le voyons en Col. 1:20-22. N’oublions jamais, quand la prophétie déploie devant nous la scène glorieuse du règne futur de Christ sur la terre, que cette scène a la croix pour point de départ. C’est là qu’eut lieu le premier acte de la victoire de Christ sur Satan, et que celui qui avait le pouvoir de la mort a été rendu impuissant, sans être encore brisé. Il ne peut plus réussir dans ses desseins, mais cherche jusqu’au bout à arracher les élus des mains de Christ. Le second acte de la victoire de Christ sur lui sera de le précipiter, lui et ses anges, sur la terre quand l’Épouse de l’Agneau, l’Église glorieuse, sera introduite dans le ciel (Apoc 12:7-9). Le troisième acte de cette victoire se produira quand, à la suite de la défaite des nations (Apoc. 19:11-16), Satan, lié et enfermé dans l’abîme pour mille ans, sera dans l’impossibilité de séduire les hommes (Apoc. 20:1-3). Alors sera inauguré le règne de justice de paix, conséquence des victoires successives remportées sur l’Adversaire. Enfin, dernier acte du triomphe de l’Agneau, Satan sera brisé sous nos pieds et jeté dans l’étang de feu et de soufre (Apoc. 20:10).

Considérons maintenant la description merveilleuse de ces temps de bénédiction. À la fin du chap. 2, v. 12 et 13, le prophète avait annoncé le rassemblement futur du peuple de Dieu. Notre passage décrit le centre glorieux du gouvernement de ce peuple. Ce sera la montagne de Sion, où le Roi de grâce, le vrai David, sera établi; puis Jérusalem, capitale du Roi de gloire, du vrai Salomon; enfin le temple, la maison où l’Éternel fera habiter son nom à jamais et qui, établie sur sa montagne («la montagne de la maison»), formera, comme nous le voyons en Ézéchiel (40 à 47), le centre d’une divine monarchie universelle où l’Éternel lui-même, Christ le Messie, régnera sur toute la terre. Israël sera le peuple le plus rapproché de ce centre terrestre, comme l’Église sera l’associée la plus intime du trône céleste.

«Et beaucoup de nations iront et diront: Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l’Éternel» (v. 2).

Toutes les nations afflueront à Jérusalem et seront de franche volonté pour se laisser instruire par le Dieu d’Israël et pour lui obéir docilement. Elles reconnaîtront sa loi et seront soumises à sa Parole. C’est de Jérusalem que cette Parole sortira pendant le millénium (Ésaïe 2:3). Aujourd’hui l’Église en est la dépositaire, la colonne et l’appui, mais quand l’Assemblée aura été enlevée dans la gloire, la cité et le temple terrestres reprendront leur place et leurs privilèges ici-bas.

«Et il jugera au milieu de beaucoup de peuples, et prononcera le droit à de fortes nations jusqu’au loin; et de leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances, des serpes: une nation ne lèvera pas l’épée contre une autre nation, et on n’apprendra plus la guerre» (v. 3).

Ce sera le règne de la justice et du droit. Les hommes changeront leurs armes de guerre en instruments aratoires (Ésaïe 2:4). Le dernier effort des nations, réunies avant l’établissement du royaume dans la vallée de Josaphat, poursuivra un but exactement opposé: «Qu’ils montent, tous les hommes de guerre! De vos socs forgez des épées, et de vos serpes, des javelines» (Joël 3:9, 10). Ils monteront pour faire la guerre au Christ et à ses saints, et Joël nous décrit leur jugement. Dans le temps où nous vivons, un soupir de la création tout entière monte incessamment, souhaitant le jour où «on n’apprendra plus la guerre»! Le règne de paix sera aussi celui du repos et de la liberté introduite par la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8:19-22).

«Ils s’assiéront chacun sous sa vigne et sous son figuier, et il n’y aura personne qui les effraye: car la bouche de l’Éternel des armées a parlé» (v. 4). Le règne de Salomon était un faible avant-goût de celui-ci: «Juda et Israël habitaient alors en sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier» (1 Rois 4:25), mais quand «l’homme dont le nom est Germe... s’assiéra et dominera sur son trône», «chacun conviera son prochain sous la vigne et sous le figuier» (Zach. 6:12, 13; 3:8-10).

«Car tous les peuples marcheront, chacun au nom de son dieu; et nous, nous marcherons au nom de l’Éternel, notre Dieu, à toujours et à perpétuité» (v. 5). Ici le Résidu reprend la parole. Comme le prophète avait annoncé que, sous l’instruction du Dieu de Jacob, les nations «marcheraient dans ses sentiers» (v. 2), le Résidu annonce que lui-même marchera à toujours et à perpétuité au nom de l’Éternel, son Dieu. Il ne se laissera pas distancer par les nations; il mettra tout empressement à proclamer ce qu’est pour son peuple ce Dieu qui s’était jadis révélé à lui au milieu des nations idolâtres. Elles ne connaîtront Dieu que de fraîche date, mais Israël l’a connu dès que l’Éternel l’eut enfanté.

Ce verset 5 est une comparaison; il ne signifie pas qu’en un temps futur les peuples marcheront chacun au nom de son dieu, car alors le nom de l’Éternel sera reconnu dans toute la terre (Ésaïe 2:18-21; Soph. 3:9); mais il indique que, comme les peuples marchent chacun invariablement au nom de son dieu, Israël aura dans l’avenir et pour toujours le nom de l’Éternel pour enseigne. Il en aura fini avec les dieux étrangers qui ont causé sa ruine, pour n’appartenir désormais qu’au seul Éternel, invariablement son Dieu.

Par la bouche du prophète, au v. 6, l’Éternel reprend son discours, interrompu par l’heureuse exclamation du Résidu fidèle qui, ayant rejeté pour toujours ses idoles (5:12-15), est devenu le vrai peuple de Dieu. «En ce jour-là, dit l’Éternel, je rassemblerai celle qui boitait, et je recueillerai celle qui était chassée et celle sur laquelle j’avais fait venir du mal. Et je ferai de celle qui boitait, un reste, et de celle qui avait été repoussée au loin, une nation forte; et l’Éternel régnera sur eux, en la montagne de Sion, dès lors et à toujours» (v. 6, 7).

«En ce jour-là.» Il parle de «la fin des jours» (4:1), et y reviendra au chap. 5:10. Ici (v. 6, 7) l’Éternel annonce, comme au chap. 2:12, 13, le rassemblement futur du troupeau d’Israël, mais il n’est pas en marche vers le repos, ayant son roi à sa tête; le repos est atteint, le règne est déclaré, le royaume établi: «L’Éternel régnera sur eux, en la montagne de Sion, dès lors et à toujours». Deux interlocuteurs chantent à l’unisson et s’entre-répondent dans ces versets: d’un côté le Résidu, de l’autre le prophète qui est la bouche de l’Éternel, et leurs strophes triomphantes se terminent par cette merveilleuse parole: «À toujours!»

Mais les gloires du royaume ne sont pas seules proclamées: la miséricorde et la tendresse, toutes les compassions du souverain Pasteur pour ses brebis boiteuses, repoussées, chassées, objets jadis d’un juste châtiment, sont maintenant découvertes. Si l’Éternel avait fait venir du mal sur ses brebis, était-ce qu’il y prît plaisir? Le résultat final montre ce qu’il y avait dans son cœur à leur égard.

Quelle merveilleuse chose que ce tableau de la fin des jours! (v. 1-8). L’ordre divin est établi sur la terre. Sion, Jérusalem, le temple, en sont le centre, la loi et la parole de l’Éternel, la règle. La paix est fermement fondée; un repos délicieux est goûté sous la vigne et sous le figuier; la nation nouvelle marche dans sa force au nom de l’Éternel seul, à toujours; — Lui-même règne sur elle à toujours!

«Et toi, tour du troupeau, colline élevée de la fille de Sion, à toi arrivera et viendra la domination première, — le royaume, à la fille de Jérusalem» (v. 8). Désormais le troupeau de l’Éternel sera mis à l’abri au pied de la tour qui le protège. Cette «tour du troupeau», Migdal-Eder, est mentionnée comme située près de Béthel, en Gen. 35:21; mais il n’est nul besoin d’en faire une localité particulière. C’est une image de Jérusalem, lieu de protection autour duquel se réunit le troupeau d’Israël (2 Chron, 26:9, 10); lieu élevé qui domine le pays (Zach. 14:10, 11). La «domination première», le royaume d’autrefois, celui du fils d’Isaï, reviendra à la fille de Jérusalem, au Résidu, faible et boiteux jadis, mais reconnu maintenant comme la nation forte, sous le sceptre du vrai David, auquel le royaume appartiendra; mais son épouse juive partagera le règne avec Lui, tandis que la nouvelle Jérusalem, son épouse céleste, aura une part bien plus étendue qu’Israël, et sera associée à la fois au règne céleste et terrestre de son Époux.

 

Chapitres 4 (v. 9) à 5 — Babylone et l’Assyrien. Double jugement, actuel et futur, sur Jérusalem, et restauration finale du peuple

Chapitre 4 (v. 9-13) — Babylone et les nations

Après la description de la glorieuse bénédiction future (v. 6-8), le prophète, reprenant la parole, s’adresse à Jérusalem. Il montre ce qui a complètement entravé les conseils de grâce de Dieu envers son peuple, mais aussi que Dieu saura tirer Israël de cet état misérable pour le restaurer. Deux grands instruments de son jugement sont mentionnés ici, Babylone (chap. 4:9-13) et l’Assyrien (chap. 5:1-6). La ruine morale de la royauté (4:9) et le rejet du Messie, sont les deux causes de ces fléaux déchaînés contre le peuple (5:1). L’absence de roi et de conseiller caractérise la fin de l’histoire de Juda. C’est alors que Dieu prononce le Lo-Ammi, détourne sa face d’Israël, le rejette complètement, et confie le gouvernement à Babylone «tête d’or» du premier empire universel des Gentils. Le rejet du Messie caractérise la fraction de Juda, que Dieu avait fait remonter de la captivité pour attendre dans son pays la venue de son Roi. Comme conséquence de ce crime, Jérusalem est foulée aux pieds des nations; cet état dure encore et n’a jamais cessé. Mais il arrivera un moment où l’Éternel reprendra ses relations avec le Résidu fidèle, qu’il appellera son peuple. C’est alors que le dernier ennemi, l’Assyrien, réapparaîtra pour être définitivement détruit.

Entrons dans quelques détails sur ce passage: «Maintenant, pourquoi pousses-tu des cris? N’y a-t-il point de roi au milieu de toi? Ton conseiller a-t-il péri? car l’angoisse t’a saisie, comme une femme qui enfante. Sois dans l’angoisse et gémis, fille de Sion, comme une femme qui enfante; car maintenant tu sortiras de la ville, et tu habiteras aux champs, et tu viendras jusqu’à Babylone; là, tu seras délivrée; là, l’Éternel te rachètera de la main de tes ennemis» (v. 9, 10). Le mot «maintenant» est à remarquer dans tout ce passage. Nous le trouvons aux v. 9, 10, 11 et au chap. 5:1, 4. Il a pour point de départ les événements actuels et se prolonge en apparence sans interruption et sans transition dans les événements futurs (comp. v. 9 avec v. 11, puis 5:1 avec v. 4). Le prophète Michée, comme du reste presque toute la prophétie, voit dans les choses à venir une reproduction de choses passées qui n’en sont que les faibles avant-coureurs. La fille de Sion est dans l’angoisse et pousse des cris comme une femme qui enfante. Qu’enfantera-t-elle? Que sortira-t-il de ses douleurs? La royauté coupable va être détruite; le peuple, chassé hors de la ville, habitera aux champs, sans défense, et viendra jusqu’à Babylone. Nous trouvons ici la captivité de Jérusalem et de Juda sous Nebucadnetsar à Babylone. Elle sera délivrée et rachetée de la main de ses ennemis. C’est l’annonce du retour des Juifs en Palestine, sous le règne de Cyrus.

Mais là ne se termine pas leur histoire. Le «maintenant» se continue dans un jour futur: «Et maintenant sont rassemblées contre toi beaucoup de nations qui disent: Qu’elle soit profanée, que notre œil voie Sion!» (v. 11). C’est de cette attaque que l’Éternel délivrera Jérusalem. Actuellement elle n’est pas délivrée et ne l’avait été que momentanément sous Ézéchias. Depuis Nebucadnetsar elle continue, encore aujourd’hui, à être foulée aux pieds par les nations. Dans un jour futur elle ne le sera plus; tout au contraire, c’est elle qui les foulera aux pieds. «Elles ne connaissent pas les pensées de l’Éternel et ne comprennent pas son conseil; car il les a amassées comme la gerbe sur l’aire. Lève-toi et foule, fille de Sion, car je ferai ta corne de fer, et je ferai tes sabots d’airain, et tu broieras beaucoup de peuples» (v. 12, 13).

Nous arrivons donc à une seconde phase de l’histoire de Jérusalem qui suit, non pas seulement sa prise par Babylone, mais sa délivrance et son rétablissement sous Cyrus. «Beaucoup de nations» sont maintenant rassemblées contre elle. La prophétie nous annonce continuellement cet événement futur (voyez, par exemple, Ésaïe 17:12-14; Joël 3:9-12; Abd. 15, 16; Zach. 12:1-5; Ps, 83:5-9). Au temps de la fin, toutes les nations se rassembleront contre Jérusalem pour la profaner, mais elles «ne comprennent pas le conseil de l’Éternel». Jérusalem deviendra une coupe d’étourdissement pour toutes les nations qui monteront contre elle, ayant pour but de la détruire et qui seront elles-mêmes détruites (Zach. 12:2, 9). Elles ne voient pas que Dieu, dans ses conseils, les voue à une ruine irrémédiable. «Il les a amassées comme la gerbe sur l’aire» (v. 12). La fille de Sion qui, par la grâce de Dieu, aura retrouvé ses relations avec Lui, vrai Israël dont l’Éternel «a fait un reste» (4:7), Jérusalem se lèvera avec la force que son Dieu lui donnera pour fouler et broyer beaucoup de peuples, elle sera un cheval de bataille, ayant une corne de fer au front et dont les sabots sont d’airain. Nous avons vu dans Abdias que, d’un côté le peuple de Dieu, de l’autre, le Seigneur lui-même, prennent part à ce combat.

«Et je consacrerai leur butin à l’Éternel, et leurs biens au Seigneur de toute la terre» (v. 13).

Ici le Résidu reprend la parole, touchante communion de pensée et d’affection entre le peuple et son Dieu. Comme jadis sous Josué, ou comme plus tard, sous David, tout l’interdit sera consacré à l’Éternel qui a conduit son peuple à la victoire.

 

Le chap. 5 va nous parler de la seconde puissance qui prendra part au conflit de la fin, de cet Assyrien prophétique qui, nous l’avons vu, est l’ennemi principal dans le livre de Michée.