Marc

Chapitre 4

Parabole du semeur

(v. 1-25). — Puisque l’homme naturel est incapable de faire la volonté de Dieu, en d’autres termes, de porter du fruit, Jésus indique dans ce chapitre comment il pourra en obtenir.

Une grande foule se rassemble autour de lui, près de la mer; de nouveau il monte dans une barque et, de là, il enseigne beaucoup de choses par des paraboles, entre autres celle du semeur, où il montre le changement nécessité de la part de Dieu par le misérable état de l’homme naturel; ce changement consiste à semer dans les cœurs sa parole vivifiante qui produira des fruits là où elle rencontrera un terrain préparé à la recevoir. Jusque-là, sous la loi, Israël était comparé à une vigne dont Dieu n’a pu obtenir que de mauvais fruits.

Nous avons déjà examiné cette parabole au chapitre 13 de Matthieu. Ici, nous ne ferons qu’énumérer les divers terrains sur lesquels la parole tombe lorsqu’elle est annoncée, ainsi que Jésus l’explique aux disciples. Il parlait en paraboles au peuple qui, en persistant dans son incrédulité, tombait sous le jugement prononcé par l’Éternel en Ésaïe 6:9, 10. Cependant, au v. 9, après avoir présenté les paraboles, il laisse chacun sous la responsabilité de ce qu’il a entendu, disant: « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Il faut la foi pour recevoir ce que Dieu dit, mais « la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Romains 10:17).

La première catégorie se compose de ceux dont le cœur ressemble à un chemin; la semence ne peut y pénétrer et le diable, qui s’oppose toujours à la conversion d’une âme, s’empresse d’enlever la semence restée à la surface, en présentant au cœur des choses qui le distraient. Cela lui est facile; il y a tant d’objets par lesquels il détourne de la Parole. La semence est souvent ravie avant même que l’on soit sorti du lieu où elle a été répandue.

La seconde catégorie est celle où la Parole tombe dans les lieux pierreux. Il n’y a pas de terre profonde, elle lève aussitôt; des effets sont produits, on a pu manifester de la satisfaction d’avoir entendu l’Évangile, on a pu même prendre cela pour la conversion; on a pris de bonnes résolutions, mais le fond du terrain, un cœur préparé, manque. Lorsque ces bons effets se heurtent à l’opposition que rencontre dans ce monde ce qui est de Dieu, ils disparaissent, le soleil de l’opprobre et de la persécution détruit tout, même lorsqu’il n’est pas très ardent.

Dans le troisième terrain, celui où croissent les épines, les manifestations de ce que l’on a entendu demeurent un peu plus longtemps que dans le cas précédent; mais la Parole n’a pas été assez assimilée pour délivrer le cœur des soucis de ce siècle, de la tromperie des richesses et des « convoitises à l’égard d’autres choses » (Marc est le seul évangéliste qui cite cette dernière phrase); on veut mener de front les choses du monde et celles de Dieu, cela dure un peu, puis finalement les épines étouffent la Parole et les effets qu’elle a pu produire pendant un temps: aucun fruit n’est venu à maturité.

Ceux qui entendent la Parole et la reçoivent forment la quatrième classe. C’est la bonne terre; il n’est pas dit comment cette terre devient bonne, ni combien il fallait de temps pour la préparer. Nous savons que cette préparation a lieu par l’action de la Parole, non seulement entendue, mais reçue lorsqu’elle fut présentée; du fruit a été produit: un trente, un soixante, et un cent. Ici l’énumération des fruits produits va en progressant, probablement parce que Marc présente l’œuvre du divin Serviteur; en Matthieu, l’énumération va en diminuant: cent, soixante et trente. En Luc, le fruit est produit au centuple, il est porté avec patience; c’est le travail de la grâce (Luc 8:15).

À partir du v. 21, l’enseignement, tout à fait spécial à l’évangile selon Marc, est en rapport avec la responsabilité du serviteur, le service étant ici ce que l’Esprit de Dieu a en vue. C’est pourquoi il dit aux disciples et à tout croyant aujourd’hui: « La lampe vient-elle pour être mise sous le boisseau ou sous le lit? N’est-ce pas pour être mise sur le pied de lampe? » La parole de Dieu opérant en celui qui l’a reçue produit la lumière. Or personne de sensé n’allume une lampe avec la pensée qu’elle n’éclairera pas. Chaque croyant est une lampe que Dieu a allumée au moyen de sa Parole, afin qu’elle projette la lumière divine autour de lui, soit par le témoignage que tous nous devons rendre, soit par un service spécial comme l’évangélisation. Ainsi tous sont responsables de ne pas cacher la lumière, car il faudra avoir affaire avec Dieu, et alors tout viendra en évidence; nous savons que c’est inutile de vouloir cacher quelque chose à Dieu. Au v. 23, il est dit de nouveau: « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Au v. 9, cet avertissement s’adresse aux foules, aux inconvertis, chacun étant responsable de ce qu’il a entendu, mais ici l’exhortation est adressée à ceux qui ont reçu la Parole, afin qu’ils prennent garde à la manière dont ils accomplissent leur service, à l’emploi de ce qu’ils ont reçu. En vertu de la mort de Christ, le croyant échappe au jugement qu’il avait mérité; mais il a affaire au gouvernement de Dieu qui rétribuera chacun selon sa fidélité durant sa vie, à partir de sa conversion. C’est pourquoi Jésus dit: « Prenez garde à ce que vous entendez: de la mesure dont vous mesurerez il vous sera mesuré; et à vous qui entendez, il sera ajouté; car à quiconque a, il sera donné; et à celui qui n’a pas, cela même qu’il a sera ôté ». Paroles très sérieuses par lesquelles Dieu sonde nos cœurs et nos consciences, nous demandant dans quelle mesure nous mesurons à d’autres les paroles de grâce et de vérité que nous avons reçues, comme une lampe allumée répand autour d’elle sa lumière. Pour le moment, cela peut paraître n’avoir pas de graves conséquences; mais le jour approche où il n’y aura rien de secret qui ne soit manifesté, et rien de caché qui ne vienne en évidence. En ce jour-là, selon la juste appréciation de Dieu, il sera mesuré à chacun selon ce qu’il aura mesuré. Déjà maintenant Dieu ajoute des bénédictions à ceux qui sont fidèles: « À vous qui entendez, il sera ajouté, car à quiconque a, il sera donné ». Le moyen d’être enrichi, c’est de faire valoir ce que l’on a déjà, tandis qu’à celui qui s’est contenté d’une profession sans vie, au jour du jugement ce qu’il a eu lui sera ôté.

Puissent ces paroles du Seigneur nous rendre tous attentifs à la responsabilité qui nous incombe de répandre la lumière par une vie d’obéissance et de fidélité à Christ, durant le peu de temps qui nous sépare du moment où notre vie tout entière sera manifestée dans la pleine lumière alors que nous ne pourrons pas recommencer pour faire mieux! Souvenons-nous tous des deux avertissements des v. 9 et 23 de notre chapitre: « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende! »

 

Deux paraboles du royaume de Dieu

(v. 26-34). — Nous avons dans ces versets deux des paraboles du chapitre 13 de Matthieu, celle qui correspond à la parabole de l’ivraie et celle du grain de moutarde qui devient un grand arbre. Ici elles présentent un enseignement qui diffère passablement de celui de Matthieu; la raison se trouve dans la différence qui caractérise les deux évangiles.

Jésus est celui qui a commencé à semer sur cette terre; son œuvre s’est continuée par ceux qu’il a appelés à cela, et lui est monté au ciel. Là il attend le moment de la moisson, où il recueillera tout le fruit des semailles, comme en Matthieu 13:30. Pendant ce temps, il est comme un homme qui, après avoir semé, ne s’occupe plus de son champ; la semence germe, la plante croît, comme à son insu, et il ne s’en occupe que lorsque la moisson arrive. Cette parabole est une image du royaume de Dieu en l’absence de Christ; il a semé; il est monté au ciel; en apparence il ne s’occupe plus des résultats de son œuvre jusqu’au moment où il introduira dans le ciel ceux qui auront cru pendant son absence.

La parabole du grain de moutarde présente une autre forme extérieure du royaume de Dieu en l’absence de Christ; ce sont des résultats visibles, mais différents de ceux que le divin ouvrier voulait produire. Au lieu de garder son caractère primitif de petitesse, d’humilité, quand il ne tenait point de place dans le monde, le royaume de Dieu a pris la forme d’une puissance protectrice, que représente le grand arbre issu de la petite semence de moutarde, symbole de l’humilité qui aurait dû caractériser le royaume. Si l’on considère ce qu’est devenue l’Église extérieurement, elle apparaît comme une grande puissance qui a protégé non pas ceux qui sèment la parole, mais ceux qui lui reconnaissaient la grandeur qu’elle s’était acquise. Son autorité s’exerçait sur des rois et des peuples, et elle a protégé les plus grands ennemis de Christ, ainsi que l’histoire de l’Église nous le montre. Les vrais disciples du royaume de Dieu dépendent du Seigneur et ils n’ont pas à rechercher d’autre protection.

Jésus prononça encore, dans ce moment, plusieurs paraboles de cette sorte, est-il dit, sans doute celles rapportées en Matthieu 13. Il les interprétait en particulier aux disciples, mais aux foules il ne parlait qu’en paraboles. Remarquons que Jésus ne prend cette forme de langage qu’à partir du moment où son rejet est manifeste; jusqu’à ce chapitre il n’a pas prononcé de paraboles, ni en Matthieu jusqu’au chapitre 13, ni en Luc jusqu’au chapitre 8. Dans l’évangile selon Jean, il n’y en a pas; dans cet évangile, Jésus n’est pas présenté au peuple. Dès le début, les Juifs sont considérés comme réprouvés et Jésus rejeté. La nouvelle naissance est immédiatement introduite (voir chap. 1:10-13). Au chapitre 12, qui termine le ministère public du Fils de Dieu, nous lisons les mêmes citations d’Ésaïe 6:9, 10 qui avaient leur accomplissement parce que le peuple n’avait pas cru les paroles du Fils de Dieu, malgré tous les miracles qu’il avait accomplis (Jean 12:37-43).

 

Jésus dort pendant la tempête

(v. 35-41). — Le soir venu, Jésus dit à ses disciples: « Passons à l’autre rive ». Après avoir congédié les foules, ils s’embarquèrent, ayant pris Jésus « comme il était », est-il dit; mais peu après, une tempête se leva et les vagues remplissaient le bateau. Malgré l’orage, Jésus dormait à la poupe, sur un oreiller. Les disciples, en détresse, ne comprenant pas qu’il puisse dormir dans un tel moment, le réveillèrent en lui disant: « Maître, ne te mets-tu pas en peine que nous périssions? » Les disciples n’avaient pas encore compris qui était leur Maître, et ils n’avaient pas pris garde à la parole qu’il leur avait dite: « Passons à l’autre rive ». S’ils l’avaient crue, ils auraient été certains d’arriver malgré l’orage. Leur Maître était Dieu, le créateur des ondes et des disciples; malgré son humanité et son humilité, il était toujours le même; il n’était pas possible qu’il périsse par les eaux qu’il avait créées, ni qu’il laisse périr ceux qu’il était venu sauver. Parfaitement calme, Jésus, le Serviteur fatigué, trouvait du repos dans un moment où son service le laissait libre de dormir, repos qui fut troublé par le manque de foi des disciples plus que par l’orage. « S’étant réveillé, il reprit le vent et dit à la mer: Fais silence, tais-toi! Et le vent tomba, et il se fit un grand calme ». Jésus use de sa puissance divine en faveur des siens; jamais il ne le fit pour lui-même. En imposant le silence aux éléments déchaînés, il calmait le cœur des disciples qui ignoraient qu’ils n’étaient pas plus en danger dans la tempête qu’avec le temps calme, du moment que Jésus était avec eux. Aussi il put leur dire: « Pourquoi êtes-vous ainsi craintifs? Comment n’avez-vous pas de foi? » Lorsque Jésus eut calmé la tempête, « ils furent saisis d’une grande peur, et ils dirent entre eux: Qui donc est celui-ci, que le vent même et la mer lui obéissent? » Combien l’homme est un être petit et faible! S’il se trouve en présence des éléments naturels plus puissants que lui, il est effrayé, et il ne l’est pas moins devant la puissance de Dieu, même lorsqu’elle opère en sa faveur.

Dans cette circonstance, le Seigneur voulut apprendre à ses disciples, et à nous aujourd’hui, que nous ne devons pas nous laisser effrayer par les circonstances que nous rencontrons sur notre route, au travers de la mer agitée de ce monde, car Jésus est avec nous selon sa promesse. Si Dieu permet que nous rencontrions des difficultés insurmontables à nos yeux, c’est afin de nous apprendre ce que sont sa bonté, son amour, sa puissance, toujours actifs en faveur des siens et à la disposition de la foi. Si nous avons pris avec nous le Seigneur, « comme il était », méprisé, rejeté, mais le Dieu sauveur, le Tout-puissant, invisible aux yeux de la chair, toujours présent à la foi, nous n’aurons rien à craindre. C’est lui qui nous a mis en chemin pour le ciel, et jusqu’à ce que nous ayons atteint ce rivage éternel, il est avec nous et pour nous, et il désire voir notre foi se manifester dans la tranquillité, au milieu des circonstances les plus adverses.