Marc

Chapitre 2

(v. 1-12). — Obligé de rester en dehors de Capernaüm, pour éviter la foule curieuse qui le gênait dans son service, Jésus y rentra au bout de quelques jours afin de continuer son ministère. Dès qu’on apprit son arrivée, beaucoup de gens s’assemblèrent dans la maison où il se trouvait, de sorte qu’il n’y avait plus de place, même auprès de la porte. Là « il leur annonçait la parole ». La présentation de la Parole est la chose importante dans tout service de la part de Dieu. Dans celui de Jésus, elle tenait la première place (voir chap. 1:14, 15, 21, 22, 38, 39). Dans tous les chapitres nous le voyons prêchant et enseignant. Les miracles qu’il accomplissait accompagnaient la Parole; ils témoignaient de la puissance et de la présence de Dieu agissant en grâce au milieu de son peuple; mais Dieu opérait dans les cœurs par la Parole (Hébreux 2:3, 4). Aujourd’hui de même, c’est par la prédication de la Parole pure et simple que Dieu peut accomplir son œuvre. Aussi Paul écrivit-il à Timothée en vue des jours mauvais auxquels nous sommes parvenus: « Prêche la parole, insiste en temps et hors de temps » (2 Timothée 4:2). On peut entendre facilement de magnifiques discours sur des questions religieuses et morales, qui frappent par leur beauté et attirent des foules, mais s’ils ne présentent pas la parole de Dieu, ils ne produisent ni conviction de péché, ni conversion; car la parole de Dieu seule atteint la conscience et répond à ses besoins.

Dans le ministère de Jésus, des actes de puissance accompagnaient la prédication de la Parole, car il accomplissait au milieu de son peuple ce que leurs Écritures avaient annoncé. Quoique « fait à la ressemblance des hommes » (Philippiens 2:7, 8), il était celui dont David dit: « C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités, qui rachète ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de compassions » (Psaume 103:3, 4).

Convaincus de sa puissance et de sa bonté, quatre hommes amènent à Jésus un paralytique. Ne pouvant s’approcher à cause de la foule, ils font descendre le lit du malade par une ouverture pratiquée dans le toit de la maison. « Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: Mon enfant, tes péchés sont pardonnés ». Jamais on ne fait appel à la bonté de Jésus en vain; la foi trouve toujours en lui une pleine réponse aux besoins créés par le péché. Il faut simplement, à l’exemple de ceux qui apportaient ce malade à Jésus, avoir conscience de ses propres besoins et croire à la puissance et à la bonté de celui qui a quitté la gloire pour délivrer ses créatures des conséquences du péché. La réponse de Jésus fait bien comprendre que tous les maux proviennent du péché; mais, grâce merveilleuse! lui-même apportait le remède où se trouvait le mal, afin que l’homme, impuissant à se délivrer, puisse obtenir, par la foi, une complète guérison. Toute l’activité déployée dans ce but vient de Dieu.

Les scribes, témoins de ce miracle et méconnaissant Jésus, raisonnaient dans leurs cœurs, disant: « il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, sinon un seul, Dieu? » Cette dernière phrase était exacte, mais précisément Dieu se trouvait là, sous la forme d’un serviteur; Il était descendu du ciel, et avait voilé sa gloire pour être accessible à tous. Mais connaissant leurs raisonnements, il démontre pourtant sa divinité, car il leur dit: « Pourquoi faites-vous ces raisonnements dans vos cœurs? Lequel est le plus facile, de dire au paralytique: Tes péchés te sont pardonnés; ou de dire: Lève-toi, prends ton petit lit, et marche? » Les péchés ont causé tous les maux; c’est pourquoi, sous le gouvernement de Dieu sous lequel Israël se trouvait, une maladie pouvait résulter de tel ou tel péché, de sorte que c’était guérir celui qui en souffrait que de lui dire: « Tes péchés te sont pardonnés ». Dieu seul pouvait faire cela. On retrouve le même principe s’il s’agit du pardon éternel de nos péchés. Dire à un pécheur repentant et croyant: « Tu es sauvé », c’est lui dire: « Tes péchés te sont pardonnés ». Ceci résulte, pour le pécheur aujourd’hui, comme pour ce paralytique, de la venue de Jésus ici-bas; mais il ne se borna pas à déployer sa puissance et sa bonté en faveur de son peuple terrestre: il a porté nos péchés en son corps sur le bois et par sa meurtrissure nous avons été guéris (1 Pierre 2:24). Pour convaincre ces scribes raisonneurs, Jésus leur dit: « Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés (il dit au paralytique): Je te dis, lève-toi, prends ton petit lit, et va dans ta maison... Ils en furent tous étonnés et... glorifiaient Dieu, disant: Nous ne vîmes jamais pareille chose ». Jamais, en effet, dans ce monde on n’avait vu Dieu dans un homme, le Fils de l’homme, disposant de la grâce et de la puissance divines pour délivrer les hommes de leurs péchés et de leurs conséquences.

Nous sommes heureux d’être encore dans le temps où cette grâce et cette puissance agissent en faveur de tous, par l’Évangile qui est « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit, et au Juif premièrement, et au Grec » (Romains 1:16).

 

Appel de Lévi

(v. 13-17). — Dans son incessante activité, Jésus longeait la mer de Galilée, entouré d’une foule qu’il enseignait. En passant, il vit Lévi (appelé Matthieu en Matthieu 9:9) assis au bureau de recette et vaquant à son service de péager, emploi des plus vils aux yeux des Juifs, parce que le paiement des impôts leur faisait réaliser péniblement leur assujettissement aux Romains. Or, non seulement Jésus désirait chercher et sauver de tels individus, mais il voulait en avoir un avec lui pour l’employer à son service. Il dit à Lévi: « Suis-moi ». Lévi lui obéit aussitôt. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, le Seigneur lui-même choisit ses serviteurs, les appelle et les forme.

Après cela, nous trouvons Jésus à table chez son nouveau disciple avec beaucoup de publicains et de pécheurs. Là-dessus, les scribes et les pharisiens demandent: « Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les pécheurs? » Pas plus que les scribes témoins de la guérison du paralytique, ils ne connaissaient Jésus et la grâce qui l’a fait descendre au milieu des pécheurs, parce qu’ils ne pensaient pas avoir besoin de cette grâce. Ils ressemblaient bien peu à ceux qui apportaient le paralytique au Seigneur. Voyant Jésus à table avec ceux qu’ils appelaient des pécheurs, ils le considéraient comme souillé par leur contact et identifié avec eux, tandis qu’eux-mêmes se tenaient à l’écart avec une pharisaïque dignité. Ils ne connaissaient ni la pureté ni la sainteté parfaites de Jésus qui lui permettaient de toucher, sans être souillé, un lépreux, type des pécheurs pour lesquels il était venu. Comme il voyait tous les hommes dans un état moral représenté par la lèpre, la fièvre, la paralysie, la cécité, la surdité, le mutisme, il venait pour les guérir, les sauver. Rien donc d’étonnant à ce qu’on le trouve au milieu de ceux qui se reconnaissaient tels. C’est ce que la réponse de Jésus devait leur faire comprendre: « Ceux qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ».

Le Seigneur ne donnait pas à entendre qu’il y a ici-bas une classe de justes au milieu de laquelle se trouvent des pécheurs qu’il était venu sauver; Il veut dire que ceux qui se reconnaissent tels profitent de son appel. Dieu dit: « Tous ont péché » (Romains 3:23). Mais tous ne le reconnaissent pas et par conséquent n’éprouvent aucun besoin d’un Sauveur. Il faut souvent un long travail de Dieu pour amener quelqu’un à reconnaître son état de péché et de perdition devant Dieu et son incapacité à y changer quoi que ce soit. Inutile de présenter le Sauveur à ceux chez qui cette œuvre n’est pas accomplie. Mais dès qu’une âme a la conviction de sa culpabilité et de son incapacité à effacer un seul de ses péchés, elle accepte avec bonheur, simplement et gratuitement, le salut accompli par la mort de Christ sur la croix. Pour arriver à la conviction de sa culpabilité devant Dieu, il ne faut pas se comparer à d’autres pécheurs, parce qu’on est facilement disposé à se croire meilleur que son prochain. La seule mesure du bien et du mal est Dieu lui-même, dans sa parfaite sainteté. C’est à lui qu’il faut se comparer pour savoir si l’on a besoin du sang de Christ qui purifie de tout péché. C’est d’après cette mesure-là que tous ceux qui comparaîtront devant le grand trône blanc seront jugés (Apoc. 20:11, 12). La parole de Dieu apporte maintenant au pécheur la lumière à laquelle il doit s’examiner pour voir son état; elle lui présente le Sauveur et son œuvre parfaite à la croix, qui suffit pleinement pour sauver le plus grand des coupables. Devant le grand trône blanc, il sera trop tard pour comprendre que l’on avait besoin d’un Sauveur. Tous le comprendront; mais le Juge en présence duquel ils comparaîtront sera le Sauveur qu’ils auront méprisé.

 

L’Époux présent

(v. 18-22). — Quelle merveilleuse grâce Jésus apporte aux pécheurs! Ceux qui en étaient les objets avaient pour part la paix et la joie. On peut se représenter le bonheur de cette compagnie de pécheurs à table chez Lévi avec Jésus, de même que la joie des disciples entourant leur Maître bien-aimé, depuis longtemps attendu. Les disciples de Jean et les pharisiens n’avaient pas compris la grâce venue par Jésus Christ, ni le changement apporté dans le cœur de celui qui l’avait reçu. C’est pourquoi ils viennent à Jésus et lui demandent pourquoi ses disciples ne jeûnaient pas comme eux-mêmes le faisaient. Jésus leur répond: « Les fils de la chambre nuptiale peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux? Aussi longtemps qu’ils ont l’époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner ». Ceux qui avaient reçu Christ connaissaient une joie pareille à celle des amis d’un époux en un jour de noce. Personne ne songerait à jeûner dans un moment pareil. La raison pour laquelle les disciples de Jésus ne jeûnaient pas était aussi simple que merveilleuse: ils avaient l’Époux avec eux. Joie précieuse que celle qu’apporte dans le cœur la connaissance et la présence de Jésus, Celui qui est venu du ciel pour donner à l’homme un bonheur infiniment plus grand que celui de l’innocence perdue par le péché d’Adam! Tous nos lecteurs le connaissent-ils?

Mais le Seigneur informe les disciples qui l’entourent qu’ils auront à jeûner: « Mais des jours viendront, lorsque l’Époux leur aura été ôté; et alors ils jeûneront en ce jour-là ». Jésus fait pressentir sa mort; la haine des hommes ne le supportera pas au milieu d’eux. Moment bien douloureux pour les disciples que sa présence avait réjouis! En Jean 16:20, Jésus leur dit: « Vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira; et vous, vous serez dans la tristesse », et au v. 22: « Et vous donc, vous avez maintenant de la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira: et personne ne vous ôte votre joie ». Ces paroles indiquent la cause et le caractère de la joie du monde et de celle des croyants. Le monde se réjouit sans Christ et même parce que Christ ne le gêne plus par sa présence; le croyant ne peut avoir de vraie joie qu’en lui; la foi le rend présent à ceux qui attendent de le voir dans sa gloire. Au milieu même des tribulations, le croyant peut se réjouir toujours dans le Seigneur (Philippiens 4:4). Aussi le monde qui se réjouit sans Christ ressentira la plus grande terreur lorsqu’il apparaîtra en gloire pour le jugement.

Jésus montre, par l’exemple du morceau neuf ajouté au vieil habit et du vin nouveau versé dans de vieilles outres, que les formes propres au système de la loi ne pouvaient convenir à la puissance de la grâce qui apportait ce que la loi n’avait jamais pu donner. Il ne faut pas mêler les deux choses: elles ne s’accordent pas plus qu’un morceau neuf à un vieil habit, car le neuf ne fait que mettre en évidence l’infériorité du vieux; le morceau neuf emporte le vieux et la déchirure en est plus mauvaise, comme de vieilles outres ne peuvent supporter la force du vin nouveau. Chaque chose doit demeurer à sa place. Le système de la loi n’ayant rien amené à la perfection, il doit faire place à la grâce apportée par Jésus. Le mélange de ces deux systèmes, celui de la loi et celui de la grâce, caractérise l’état actuel de la chrétienté, qui n’est autre qu’un système de formes revêtu du nom de Christ.

 

Le sabbat

(v. 23-28). — Le récit suivant, en nous rapportant de nouvelles objections des pharisiens, fait aussi ressortir la différence qui découle du changement de dispensation. Les disciples de Jésus, tout en passant par les blés, arrachaient des épis pour les manger, chose que la loi permettait de faire (Deutéronome 23:25). Les pharisiens en furent scandalisés parce qu’ils faisaient cela un jour de sabbat; ils voulaient à tout prix conserver les ordonnances légales dont ils ne comprenaient pas la signification.

Le mot sabbat, qui signifie « repos », s’appliquait au septième jour dans lequel Dieu se reposa lors de la création (Genèse 2:2, 3). Lorsque Dieu appela à lui le peuple d’Israël, il lui imposa le sabbat comme signe entre lui et Israël (Exode 31:13 à 17). Dieu montrait ainsi son intention d’introduire l’homme dans son repos. Cette institution faisait partie des ordonnances par lesquelles l’homme vivrait s’il les pratiquait. Mais il leur désobéit, en sorte que la venue de Christ mit de côté le sabbat comme ordonnance, mais non la pensée de Dieu d’introduire l’homme dans son repos. Dieu allait y travailler lui-même; c’est pourquoi Jésus était ici-bas, disant aux Juifs dans une circonstance analogue: « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » (Jean 5:17). Il a travaillé; il a accompli sur la croix l’œuvre en vertu de laquelle le croyant peut entrer par grâce dans le repos de Dieu. Le pécheur n’a qu’à croire. C’est pourquoi la foi au sacrifice de Christ a remplacé le sabbat et tout le système légal. Voilà pourquoi nous voyons si souvent dans les évangiles Jésus accomplir des miracles le jour du sabbat: il montrait par là l’inutilité de la loi pour exécuter les pensées de la grâce de Dieu.

Le Seigneur présente encore une autre raison pour laquelle les ordonnances étaient mises de côté. Il cite le cas où David, fuyant devant Saül, avait mangé, ainsi que sa suite, les pains de proposition, chose permise aux seuls sacrificateurs. David, le roi selon le cœur de Dieu, type de Christ, était rejeté, de sorte que le système qui se rattachait à sa royauté n’avait plus sa raison d’être. Ainsi, Jésus étant rejeté, les ordonnances tombaient aussi, et si le Juif voulait être sauvé, il devait croire à un Sauveur rejeté, et non plus pratiquer vainement quelques formes de son culte. Au reste le sabbat, fait pour l’homme, ne lui avait servi de rien; et l’homme n’était pas fait pour le sabbat. Ainsi le Fils de l’homme, celui dont les droits s’étendent à tout, est seigneur aussi du sabbat; il pouvait donc en disposer, sans que personne ait le droit de l’en empêcher.