Luc

Chapitre 21

L’offrande de la veuve

(v. 1-4). — En regardant ceux qui déposaient leurs dons dans le trésor du temple, Jésus vit, au milieu des hommes riches, une pauvre veuve qui y jetait deux pites, la plus petite pièce de monnaie qui existait alors, ces deux pites valant ensemble à peine un sou de notre monnaie. Comparé aux dons faits par les gens fortunés, c’était peu de chose; mais le Seigneur juge nos dons à leur valeur non pas matérielle, mais morale. Il dit: «En vérité, je vous dis que cette pauvre veuve a jeté plus que tous les autres; car tous ceux-ci ont jeté aux offrandes de Dieu de leur superflu, mais celle-ci y a jeté de sa pénurie, tout ce qu’elle avait pour vivre» (v. 3-4).

Dieu apprécie, a-t-on dit, nos offrandes, non d’après ce que nous donnons, mais d’après ce que nous gardons pour nous. C’est bien ce que le Seigneur relève dans le cas de cette veuve: elle n’avait rien réservé pour elle. Pour donner ainsi, il faut avoir placé toute sa confiance en Dieu, le connaître comme la source intarissable à laquelle nous pouvons puiser chaque jour. En faisant l’expérience de sa bonté, le cœur éprouve le besoin de lui exprimer sa reconnaissance et de l’honorer en lui rendant ce qu’on a reçu de lui. Nous pouvons tous le faire, dans quelque mesure que ce soit, dans les diverses circonstances où nous sommes placés. Qu’il s’agisse des trésors que David destinait à l’Éternel pour sa maison, ou bien de la pite de la veuve, nous disons, comme le roi: «Tout vient de toi; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons. Car nous sommes étrangers devant toi, et des hôtes, comme tous nos pères... Éternel, notre Dieu, toute cette abondance que nous avons préparée afin de te bâtir une maison pour ton saint nom, est de ta main, et tout est à toi. Et je sais, ô mon Dieu, que tu sondes le cœur, et que tu prends plaisir à la droiture: moi, dans la droiture de mon cœur, j’ai offert volontairement toutes ces choses» (1 Chroniques 29:14-17). Les principes qui font agir David sont les mêmes que ceux de la veuve: ce qui vient de Dieu lui est rendu, et c’est lui qui apprécie ce qui se fait pour son nom. Pour cela, le cœur doit s’attacher au donateur et pas au don. Comme David, il faut se considérer des hôtes chez Dieu, avoir en vue sa gloire, comprendre, comme la veuve, que la valeur de ce que nous donnons est appréciée par Dieu qui connaît les cœurs et la position, et qui n’évalue pas les dons à l’échelle matérielle des hommes, qu’il s’agisse d’une pite ou d’une somme considérable.

C’est encourageant de savoir que Dieu met un si haut prix à ce que nous faisons pour lui, si peu que ce soit, d’après la disposition de nos cœurs envers lui. De la sorte, nous pouvons tous faire beaucoup, à ses yeux, lors même que c’est peu à nos yeux et à ceux d’autrui.

L’acte de cette veuve plaisait d’autant plus au Seigneur qu’il présentait un contraste absolu avec ce qu’il venait de dénoncer à la fin du chapitre précédent quant à l’état des hommes religieux, ces scribes qui dévoraient les maisons des veuves, sous le prétexte de faire de longues prières.

Souvenons-nous que Dieu regarde à l’état de nos cœurs, aux motifs qui nous font agir, pour apprécier nos cœurs et toute notre activité, car dans le siècle où nous vivons on cherche à paraître extérieurement, en matière religieuse, comme en toutes choses. Nous avons à faire à celui qui disait à Samuel: «L’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur» (1 Samuel 16:7).

 

Prédictions touchant Jérusalem

(v. 5-28). — De même que dans les deux premiers évangiles, la vue du temple magnifique donne lieu aux enseignements qui concernent la fin. Dans la pensée des Juifs et même des disciples, ce temple merveilleux, maison de Dieu, centre de bénédiction pour Israël selon la chair, devait demeurer à toujours. Lorsque Jérusalem était assiégée par les Romains, les Juifs ne crurent pas, jusqu’au dernier moment, que leur temple tomberait aux mains de l’ennemi. Jésus ne veut pas laisser les siens dans l’illusion à cet égard. Il dit à ses disciples: «Quant à ces choses que vous regardez, les jours viendront où il ne sera laissé pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas. Et ils l’interrogèrent, disant: Maître, quand donc ces choses auront-elles lieu, et quel sera le signe quand ces choses devront arriver?» (v. 6-7). Dans notre évangile, l’Esprit de Dieu enseigne premièrement aux disciples ce qui concerne le témoignage qu’ils auront à rendre après le départ de Jésus et ce qui arrivera au peuple et à Jérusalem au moyen des armées romaines. Il n’est question de ce qui aura lieu à la fin de l’économie actuelle, avant le retour de Christ en gloire, qu’à partir du verset 25, tandis que, dans Matthieu et Marc, la réponse du Seigneur concerne surtout les événements qui précèdent sa venue en gloire comme Fils de l’homme. Il importe de discerner cela pour avoir la pensée de Dieu dans chaque évangile et profiter des enseignements du Seigneur. Tout est parfait dans la manière dont la parole de Dieu a été écrite. Chaque évangéliste avait à faire une description spéciale de ce qui s’accomplira. Matthieu, écrivant au point de vue juif, présente ce qui se rapporte à la responsabilité de ce peuple et aux événements antérieurs au moment où il entrera en possession des promesses faites aux pères par l’avènement de Christ. Luc parle surtout des jugements qui mettent fin à ce peuple, jusqu’à l’accomplissement des temps des Gentils, dans lesquels se trouve l’économie de la grâce; il ne mentionne que brièvement ce qui concerne la venue du Fils de l’homme. On comprend facilement que vouloir faire un seul récit des quatre évangiles rend impossible l’intelligence de toute la pensée divine et prive de la bénédiction que Dieu avait en vue en nous donnant quatre récits.

Jésus commence par avertir ses disciples des difficultés qu’ils rencontreront dans les jours qui suivront son départ. Ils ne devront pas se laisser séduire par ceux qui se présenteront comme le Christ: «Plusieurs», dit-il, «viendront en mon nom, disant: C’est moi, et le temps est proche; n’allez point après eux» (v. 8). L’ennemi recourt en général à deux sortes de moyens pour nuire aux fidèles: il imite la vérité (c’est là son caractère de serpent), ou bien il agit avec violence par la persécution, sous le caractère du lion rugissant. Pour lui résister, il faut vivre près du Seigneur, attaché à sa Parole. Dans ces jours mauvais qui devaient précéder la destruction de Jérusalem par les Romains, les disciples entendraient parler de guerres et de séditions. En effet, il n’a pas manqué de guerres en ce temps-là et de séditions au milieu du peuple juif. Jésus leur dit de ne pas se laisser épouvanter, «car il faut que ces choses arrivent premièrement; mais la fin ne sera pas tout aussitôt» (v. 9). Il y aura encore beaucoup d’autres événements avant la fin. «Nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume; et il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des famines, et des pestes; et il y aura des sujets d’épouvantement et de grands signes du ciel» (v. 10-11). Toutes ces choses devaient arriver pendant le temps de jugements qui aboutit à la destruction de Jérusalem et à la dispersion du peuple parmi les nations, et elles ont toutes eu lieu.

Le Seigneur prévient ses disciples, dans les versets 12 à 19, qu’avant ces événements ils subiront les persécutions les plus douloureuses. On les livrera «aux synagogues»; on les mettra en prison; on les conduira devant les gouverneurs et les rois, à cause du nom du Seigneur. Le livre des Actes des Apôtres nous raconte quelques-uns seulement de ces faits; car il ne parle que d’une partie de l’activité de Pierre et de Jean, et ne dit rien de celle des autres apôtres qui vécurent avec Jésus, si non que Jacques fut mis à mort par Hérode. Traduits devant les autorités civiles et religieuses, les disciples ne devront pas se préoccuper à l’avance de leur défense, car, dit le Seigneur: «Moi je vous donnerai une bouche et une sagesse, à laquelle tous vos adversaires ne pourront répondre ou résister» (v. 15). C’est ce qui eut lieu, non seulement pour les disciples d’alors, mais pour tous ceux qui, dès lors, durent rendre un témoignage public en réponse à leurs accusateurs. Tous ceux qui éprouvèrent leur faiblesse et leur incapacité furent soutenus merveilleusement par celui dont ils étaient les témoins. Aujourd’hui encore ceux qui veulent être fidèles, reçoivent du Seigneur ce qui leur est nécessaire pour rendre témoignage, quoique, depuis longtemps, nous n’ayons pas à le faire pour le nom de Christ au travers de persécutions. Dans les v. 16-19, le Seigneur parle de ce que les disciples auront à souffrir, non des autorités seulement, mais de la part des leurs, car ils seront livrés par leurs proches, leurs amis, haïs de tous à cause de son nom. Plusieurs seront mis à mort. La persécution de la part de sa propre famille occasionne d’extrêmes douleurs. On sait à quel point le fanatisme religieux, chez les Juifs, chez les païens, et plus encore dans l’Église romaine, a excité les membres de la même famille contre ceux des leurs qui étaient fidèles au Seigneur. Chez les Juifs, la haine pour Jésus, le crucifié, ne connaissait pas de bornes. Livrés à leur aveuglement sous la puissance de Satan, ils ne reculèrent devant aucun moyen pour faire souffrir et se débarrasser même de ceux des leurs qui confessaient le nom de Christ.

Le Seigneur entre ensuite dans des détails concernant la prise de Jérusalem et les souffrances que devaient endurer les disciples et le peuple incrédule. «Quand vous verrez Jérusalem environnée d’armées, sachez alors que sa désolation est proche» (v. 20). Il s’agit des armées romaines, commandées par Titus, durant le siège terrible auquel la malheureuse ville succomba. Les disciples devaient fuir avant la prise de la ville: «Alors, que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes; et que ceux qui sont au milieu de Jérusalem s’en retirent; et que ceux qui sont dans les campagnes n’entrent pas en elle. Car ce sont là des jours de vengeance; afin que toutes les choses qui sont écrites soient accomplies... Il y aura une grande détresse sur le pays et de la colère contre ce peuple» (v. 21-23). Il ne faut pas confondre les recommandations que le Seigneur donne dans ces versets, avec celles qui paraissent semblables en Matthieu 24:16-20, et Marc 13:14-20. Dans ces deux évangiles, les paroles du Seigneur se rapportent, comme nous l’avons déjà dit, au commencement de ce chapitre, à un temps encore à venir, alors que les croyants du milieu des Juifs, rentrés dans leur pays, verront une idole établie dans le temple, appelée «l’abomination de la désolation»; ils devront fuir, car ce sera le signal de jours sans pareils sous le règne de l’Antichrist. Ici, il s’agit du jour où Jérusalem sera environnée d’armées; ils devront fuir pour éviter de périr dans la prise de la ville par les Romains. C’est ce qui eut lieu; les disciples mirent à profit les avertissements du Seigneur; ils se réfugièrent dans une petite ville appelée Pella, en Pérée, de l’autre côté du Jourdain, et furent épargnés.

Par tous les détails qui concernent la fuite des siens, nous voyons combien le Seigneur a soin d’eux, afin qu’ils soient à l’abri lorsque les jugements de Dieu atteindront le peuple incrédule et persécuteur. Les croyants d’aujourd’hui n’ont pas besoin de ces avertissements; ils seront préservés des jugements à venir d’une autre manière; nous attendons du ciel le Seigneur qui, par sa venue, nous délivrera de la colère qui tombera sur le monde.

Jésus annonce ensuite quels jugements atteindront ces malheureux Juifs coupables du rejet de leur Messie, puisqu’ils demandèrent que son sang soit sur eux et sur leurs enfants. «Il y aura une grande détresse sur le pays, et de la colère contre ce peuple. Et ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et seront menés captifs parmi toutes les nations; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis» (v. 23-24). Tout cela s’est réalisé à la lettre. On évalue à un million le nombre de ceux qui périrent lors de la prise de Jérusalem; les autres furent emmenés captifs, vendus comme esclaves, conduits à Rome pour figurer au cortège triomphal du vainqueur, jetés aux bêtes féroces dans les arènes, et, ceux qui pouvaient en rester, dispersés en tous lieux comme des esclaves sans valeur. Jérusalem fut détruite complètement, selon les paroles prononcées par le prophète Michée: «C’est pourquoi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ, et Jérusalem sera des monceaux de pierres, et la montagne de la maison, les hauts lieux d’une forêt» (Michée 3:12; voir aussi Jérémie 26:18). Ainsi prit fin la ville magnifique, centre et âme du peuple juif; mais appelée «la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés», et par-dessus tout la ville coupable de la mort de son Roi lorsqu’il lui fut présenté. Elle est demeurée jusqu’à aujourd’hui entre les mains des nations, reconstruite partiellement par elles, mais foulée aux pieds des Gentils jusqu’à ce que soit accompli leur temps. Le Seigneur désigne par «le temps des nations» la période des empires des Gentils, qui a commencé avec Nebucadnetsar pour se terminer par la destruction du dernier de ces empires, celui de Rome, dont la reconstitution est prochaine, en vue de cette fin. Alors Jérusalem redeviendra glorieuse, plus qu’aux temps de Salomon, par l’avènement du Christ, vrai Salomon, Prince de paix et de justice; sous ce règne, elle sera le centre universel de la gloire millénaire1.

1 En rapport avec ce sujet, il est intéressant de considérer ce qui se passe aujourd’hui en faveur des Juifs et de leur pays. Nul doute qu’étant si près de la venue du Seigneur pour enlever son Église, nous n’assistions au commencement d’une action providentielle de la part de Dieu en vue de la libération de la Palestine et du retour des Juifs qui sera suivie par l’intervention directe de Dieu pour l’accomplissement de la prophétie lors de l’enlèvement de l’Église. Jérusalem a été prise par l’armée anglaise; il est probable qu’elle ne retombera pas entre les mains des Turcs. Les états influents de l’Europe et de l’Amérique désirent rendre aux Juifs leur pays; le mouvement sioniste gagne chaque année un plus grand nombre d’adhérents chez ce peuple qui aspire toujours plus à devenir indépendant des nations au milieu desquelles il est dispersé depuis près de deux mille ans. La guerre de 1914-18 a fait faire un grand pas à cette question; mais, comme nous le disions, ce n’est là qu’une action providentielle et préparatoire, car Dieu ne reprendra ses relations directes avec son peuple terrestre qu’après l’enlèvement de l’Église. C’est lorsque Jésus apparaîtra en gloire que le «temps des nations» prendra fin par la destruction de l’empire romain; nous voyons aussi actuellement les signes avant-coureurs de sa reconstitution. Alors Jérusalem ne sera plus «foulée aux pieds par les nations».

Dans les versets 25 à 28, le Seigneur, laissant de côté toute la période durant laquelle l’Église est sur la terre, parle de ce qui aura lieu entre sa venue pour enlever les saints et sa venue en gloire: «Et il y aura des signes dans le soleil et la lune et les étoiles, et sur la terre une angoisse des nations en perplexité devant le grand bruit de la mer et des flots, les hommes rendant l’âme de peur et à cause de l’attente des choses qui viennent sur la terre habitée, car les puissances des cieux seront ébranlées» (v. 25-26). Dans ce temps-là, les hommes qui ne croiront pas Dieu ne sauront pas ce qui va arriver; mais ils auront la conscience que des choses terribles se préparent. Les nations seront en perplexité devant «le grand bruit de la mer et des flots», expressions qui figurent l’agitation extraordinaire des peuples. En présence des bouleversements politiques, les hommes sont perplexes dans l’attente des choses qui vont arriver; ils les ignorent parce qu’ils n’ont pas cru la vérité alors qu’elle leur fut présentée dans le temps de la grâce, mais ce qu’ils présagent leur fait rendre l’âme de peur. Que sera-ce? Le v. 27 le dit: «Alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire». Il viendra pour juger ses ennemis et délivrer le résidu représenté par les disciples qui entouraient le Seigneur. Il leur dit: «Quand ces choses commenceront à arriver (les choses décrites aux v. 25, 26), regardez en haut, et levez vos têtes, parce que votre rédemption approche» (v. 28). Si les méchants tremblent et s’effraient, ne sachant ce qui va arriver, la foi et l’espérance des disciples se fortifient en voyant dans ces circonstances terribles les signes avant-coureurs de leur délivrance.

En principe, il en va de même aujourd’hui. Le monde ne sait ce qui résultera des événements actuels. Beaucoup croient que nous marchons vers un temps de paix et de prospérité; mais personne n’en est bien convaincu, et beaucoup vivent dans la crainte. Ceux qui croient la Parole de Dieu et se laissent enseigner par elle savent que le temps de paix et de prospérité, rêve des hommes depuis la chute, réponse aux soupirs de la création, ne peut exister que par le règne du Fils de l’homme, et que, jusque-là, la paix ne saurait exister sur la terre. Ils savent qu’auparavant le Seigneur vient enlever les siens et que ce moment est proche. Combien une telle certitude est propre à fortifier, à encourager et à consoler tous les croyants, mais tout particulièrement ceux qui ont été touchés de près par la guerre et ses terribles conséquences! Le croyant a une espérance; il sait de quel côté il se dirige, où il aboutira au travers de tout ce qui se passe sur la terre. Aussi il ne peut partager les craintes du monde, pas plus que ses illusions. La Parole de Dieu ne dit-elle pas pour des temps semblables: «Ne craignez pas leur crainte, et ne soyez pas effrayés; l’Éternel des armées, lui, sanctifiez-le, et que lui soit votre crainte, et lui, votre frayeur» (Ésaïe 8:12-13). Paroles encourageantes qui trouvent leur application actuelle, en attendant que le résidu d’Israël en expérimente toute la valeur.

Tous nos lecteurs jouissent-ils d’une sécurité parfaite au milieu du bruit actuel de la mer et des flots, car les peuples du monde entier sont agités? Attendent-ils le lever de l’Étoile du matin au milieu de la nuit orageuse, «Jésus qui nous délivre de la colère qui vient»? Que ceux qui ne possèdent pas cette sécurité dans la paix avec Dieu reçoivent sans tarder la précieuse assurance de leur salut par la foi! Le temps fuit rapidement. Le Seigneur est proche.

 

Derniers avertissements

(v. 29-38). — Par une parabole, le Seigneur prévient encore les disciples de ce qui aura lieu avant sa venue; il leur donne des exhortations quant à leur marche jusqu’à ce moment-là. «Voyez», leur dit-il, «le figuier et tous les arbres: quand ils ont déjà commencé à pousser, vous connaissez par vous-mêmes, en les voyant, que l’été est déjà proche. De même aussi vous, quand vous verrez arriver ces choses, sachez que le royaume de Dieu est proche» (v. 29-31). Durant le temps de son rejet, Israël est demeuré sans apparence de vie, comme les arbres en hiver; mais quand arriveront toutes les choses dont Jésus parle, elles constitueront comme les premières manifestations de vie chez les Juifs, après le long hiver qu’ils auront traversé, semblables aux bourgeons du figuier au retour du printemps.

Les disciples voyant cela sauront que le royaume de Dieu est proche. Luc, qui laisse toujours la porte ouverte aux nations, parle non seulement du figuier, mais de «tous les arbres», qui représentent les autres peuples. Ces mouvements précurseurs de la fin s’étendent aux nations aussi bien qu’à Israël.

Luc dit que c’est «le royaume de Dieu» qui s’est approché, savoir un état de choses qui répondra aux caractères de Dieu, en contraste avec les événements antérieurs qui auront porté les caractères de l’homme en chute et de Satan. En Luc, l’Esprit de Dieu présente le côté moral des choses. Dans les deux premiers évangiles, ce qui est proche est la venue glorieuse du Fils de l’homme. Les deux sont vrais; mais chacun a son point de vue différent, sous l’inspiration divine.

Jésus dit: «En vérité, je vous dis que cette génération ne passera point que tout ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point» (v. 32-33). Par «cette génération» il faut entendre le trait distinctif de la race, et non la durée de la vie d’une personne. Les Juifs, sauf le résidu, se retrouveront avec le même caractère d’incrédulité et d’opposition à Dieu et à Christ que dans les jours où vivaient les disciples. Les jugements tomberont sur cette génération avec la certitude qu’en donne la Parole immuable du Seigneur. Tout ce qu’elle dit s’accomplira sûrement, en bénédiction pour les uns et en jugement pour les autres. Lorsque le ciel et la terre auront passé, la vérité de ce qui a été prononcé sera prouvée par l’établissement des choses éternelles et l’accomplissement de tout ce qui aura eu lieu jusqu’à la dissolution de la première création.

Quel privilège de posséder une telle Parole au milieu de tout ce qui est instable et passager ici-bas, et de pouvoir se reposer sur elle avec foi! Elle fut une grande source de force et de courage pour les disciples de tous les temps.

Dans l’attente du royaume de Dieu, au travers des temps difficiles qui le précéderont, les disciples ne devront pas rechercher leur satisfaction dans les choses de ce monde, ni se laisser préoccuper par les soucis de la vie, car cela nuirait à la vigilance qu’ils devront exercer et les détournerait de leur espérance; au lieu d’attendre ce jour, ils seraient surpris par lui, parce qu’il tombera d’une manière inattendue sur ceux qui ne l’attendent pas comme un filet dont ils ne pourront pas se débarrasser. «Prenez garde à vous-mêmes», dit Jésus, «de peur que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise et l’ivrognerie, et par les soucis de la vie, et que ce jour-là ne vous surprenne inopinément; car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre. Veillez donc, priant en tout temps, afin que vous soyez estimés dignes d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver, et de vous tenir devant le Fils de l’homme» (v. 34-36).

Ces exhortations contiennent les principes d’après lesquels nous devons aussi nous conduire en attendant le Seigneur. Ceux qui ont le privilège de le connaître et de l’attendre ont à vivre séparés du monde et de tout ce qui peut détourner leur cœur de cette attente. Notre conduite doit être gouvernée par l’espérance d’être, d’un instant à l’autre, ravis à la rencontre du Seigneur. Si sa venue délivre des jugements qui atteindront ce monde, ne pratiquons pas les choses qui attirent ces jugements. C’est ainsi que, par leur conduite, les disciples et tous les croyants, seront estimés «dignes d’échapper» aux jugements et «de se tenir devant le Fils de l’homme».

Lorsqu’il est question du gouvernement de Dieu1, la délivrance finale s’envisage toujours comme conséquence de la marche. Au point de vue de la grâce, où il s’agit de l’amour de Dieu et de l’accomplissement de ses conseils éternels, notre salut dépend de la foi en l’œuvre de Christ; mais les deux choses ne se contredisent nullement: si, par la foi, quelqu’un possède la vie éternelle, celle-ci doit se manifester par des actes, que la Parole appelle «bonnes œuvres»; elles font contraste avec la vie du monde étranger à cette vie; par sa conduite on prouve qu’on est sauvé. Qui sera donc, à la fin, enlevé à la rencontre du Seigneur, en l’air, pour échapper aux jugements à venir? Ne sera-ce pas ceux dont la marche a prouvé qu’ils étaient du ciel? C’est pourquoi, en la considérant, le Seigneur dit: «Afin que vous soyez estimés dignes d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver et de vous tenir devant le Fils de l’homme».

1 On entend par gouvernement de Dieu, la manière dont Dieu agit relativement à la conduite.

Il importe de retenir cet enseignement, car on est enclin à se reposer sur le salut que l’on possède par la foi. Nous savons qu’il ne dépend pas de nos œuvres, mais nous ne nous préoccupons pas suffisamment de la marche, seul moyen de prouver que nous sommes enfants de Dieu, et de témoigner au Seigneur la reconnaissance que nous lui devons. Notre vie ne peut trouver sa satisfaction dans les choses du monde. Il est à désirer que tous les jeunes chrétiens soient pénétrés de ces vérités dès le début de leur carrière chrétienne; sans cela, il n’y a pas de témoignage; Dieu est déshonoré par une vie qui ne répond pas à la position que sa grâce nous a faite. Si nous ne vivons pas pour plaire au Seigneur, auquel nous devons notre vie et nous-mêmes en entier, nous ne cherchons que notre propre satisfaction dans une existence égoïste qui s’approprie ce qui est dû au Seigneur.

Jésus continuait son œuvre d’amour tant que durait le jour de son service (voir Luc 13:33 et Jean 11:9); ce jour touchait à sa fin. «Il passait les jours dans le temple à enseigner; et les nuits il sortait et demeurait dans la montagne qui est appelée des Oliviers. Et tout le peuple, dès le point du jour, venait à lui dans le temple, pour l’entendre» (v. 37-38). Jérusalem était déjà jugée; quoique le Seigneur s’y acquittait de son service en faveur des foules, il ne pouvait y demeurer pour son repos. Nous avons à nous trouver en certains lieux pour y remplir la tâche que le Seigneur place devant nous, mais non pour y chercher nos aises, principe général auquel il est bon de prendre garde. Nous sommes «dans le monde», mais pas «du monde», comme Jésus n’en était pas; mais nous avons tous un service à y accomplir. Qu’il nous soit donné à tous, de remplir notre devoir en imitant le Modèle parfait!