Luc

Chapitre 20

Réponse de Jésus aux chefs du peuple

(v. 1-8). — Les chefs religieux survinrent dans le temple, lorsque Jésus enseignait et évangélisait, et lui demandèrent en vertu de quelle autorité il agissait et qui la lui avait donnée.

Indignés sans doute de la manière dont il avait purifié le temple, ils éprouvaient, plus qu’ils ne l’avouaient, qu’il agissait et parlait avec une puissance à laquelle ils ne pouvaient s’opposer. Ce qui était le plus insupportable à ces hommes religieux, c’était de sentir leur influence affaiblie en présence de celle qui résultait des actes et des paroles de Jésus (voir Marc 1:22). Le peuple reconnaissait l’autorité de ses paroles; cela empêchait les chefs de le faire mourir (chap. 19:48), tandis que leur haine et leur jalousie pour Jésus ne faisaient qu’augmenter. Ils prétendaient tenir leur autorité religieuse de Dieu, mais leur conscience témoignait que celle de Jésus était divine; ils se sentaient donc mal à leur aise, car il y avait désaccord absolu entre leur activité, leurs pensées et celles de Jésus, chose impossible si elles avaient découlé de la même source. Ce qui est de Dieu s’oppose toujours à ce qui est de l’homme, et jamais plus qu’en matière religieuse. Ces hommes auraient aimé que Jésus leur dise ouvertement d’où venait son autorité, afin de pouvoir discuter et le trouver en défaut. S’ils n’en admettaient pas l’origine divine, ils pensaient encore moins qu’ils se trouvaient en présence de celui «qui prend les sages dans leur ruse» (Job 5:13). Jésus leur dit: «Je vous demanderai, moi aussi, une chose, et dites-moi: Le baptême de Jean était-il du ciel, ou des hommes?» (v. 3-4). Ils raisonnèrent entre eux — lorsqu’on ne veut pas croire, on raisonne toujours — disant: «Si nous disons: Du ciel, il dira: Pourquoi ne l’avez-vous pas cru? Et si nous disons: Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car il est persuadé que Jean était un prophète» (v. 5-6). Ce raisonnement met en évidence leur volonté arrêtée de ne pas croire, et par conséquent leur culpabilité, résultat auquel ils ne s’attendaient pas quand ils interrogeaient Jésus. Jean était un prophète envoyé de Dieu (Jean 1:6; Luc 7:26-28), le plus grand des prophètes, car non seulement il avait annoncé le Messie, mais il avait eu le grand privilège de le voir; il était son précurseur immédiat. Si jamais on aurait dû croire et recevoir un prophète, c’était bien celui-là, car les Juifs avaient devant eux celui qui faisait l’objet de sa prophétie. On ne le crut pas et il mourut victime de la haine d’une femme. S’ils répondaient que le baptême de Jean était du ciel, ils se condamnaient; s’ils disaient qu’il était des hommes, ils redoutaient la foule. S’ils avaient craint Dieu plutôt que le peuple, ils auraient agi tout autrement. Combien il est vrai que «la crainte de l’Éternel est le commencement de la connaissance» (Proverbes 1:7). Ils préfèrent passer pour ignorants et ne pas recevoir la réponse à leur question, plutôt que de reconnaître leur double culpabilité, puisqu’ils ne croyaient ni Jean, ni le Seigneur. Ils répondent qu’ils ne savent pas et Jésus leur dit: «Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais ces choses» (v. 8).

Combien est grande la responsabilité de ceux qui, en tout temps, ont pris la place de conducteurs spirituels, lorsqu’ils ne conduisent pas les âmes à Jésus! Car s’ils ne le font pas, ils les attachent à eux-mêmes ou bien ils les laissent errer dans le monde. Les foules, qui considéraient Jean comme un prophète et se tenaient suspendues aux lèvres de Jésus pour l’entendre, se laissèrent finalement entraîner par les chefs religieux à demander à Pilate de relâcher Barabbas et de crucifier Jésus (Matthieu 27:20). Sans la foi à la Parole de Dieu, les impressions les plus profondes ne changent rien à l’état de l’âme.

 

Parabole des cultivateurs de la vigne

(v. 9-19). — Dans cette parabole, Jésus présente la manière dont Dieu a agi envers son peuple dès son origine, et les résultats obtenus; il fait ressortir la culpabilité des cultivateurs de la vigne, ces hommes responsables au milieu du peuple. Israël est souvent représenté par une vigne (Psaume 80; Ésaïe 5). On attend du fruit d’une vigne bien cultivée. C’est ce que Dieu cherchait en l’homme. Il avait placé Israël dans des conditions exceptionnellement favorables, dans un pays découlant de lait et de miel. Il l’avait entouré de sa puissante protection et placé en relation avec lui, afin de voir si, grâce aux soins qu’il lui prodiguait, il obtiendrait du fruit, savoir une marche qui répondit à ses pensées exprimées par la loi. «Il s’attendait à ce qu’elle produirait de bons raisins, et elle produisit des raisins sauvages», dit l’Éternel en Ésaïe 5:2 et 3. Cette parabole met en évidence la responsabilité et la culpabilité des chefs religieux, plutôt que l’incapacité de la nature humaine à produire du fruit pour Dieu.

«Un homme planta une vigne, et la loua à des cultivateurs, et s’en alla hors du pays pour longtemps». Quand vint le temps de la vendange, le maître de la vigne envoya un esclave pour chercher du fruit; mais les cultivateurs le battirent et le renvoyèrent à vide. Il en envoya un second qu’ils traitèrent tout aussi mal, puis un troisième qu’ils blessèrent et jetèrent hors de la vigne. Le traitement infligé aux esclaves nous montre comment furent reçus les prophètes que l’Éternel envoyait à son peuple pour l’engager à le servir. Jérusalem est appelée: «La ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés» (Luc 13:34). Malgré la triste expérience faite avec ses esclaves, le maître de la vigne dit: «J’enverrai mon fils bien-aimé; peut-être que, quand ils verront celui-ci, ils le respecteront» (v. 13). Dieu, dans sa patience et sa bonté, a voulu épuiser tous les moyens avant d’user de rigueur envers son peuple; il envoya encore son Fils, mais cela ne fit que manifester l’inimitié du cœur de l’homme envers Dieu, sa révolte et son indépendance: «Mais quand les cultivateurs le virent, ils raisonnèrent entre eux, disant: Celui-ci est l’héritier, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous. Et l’ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent» (v. 14-15). Autrefois un Pharaon, un païen, put dire: «Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix?... Je ne connais pas l’Éternel» (Exode 5:2). Mais ici, c’est ce peuple délivré de la main du Pharaon, le peuple que l’Éternel s’était choisi d’entre tous les peuples de la terre (voir Amos 3:1-2), auquel il s’était révélé d’une manière si merveilleuse, qui refuse de rendre ce qui est dû à son Dieu et met à mort son Fils.

Par l’exemple d’Israël, Dieu a mis en évidence ce qu’est le cœur de tout homme. Non seulement il ne veut pas rendre à Dieu ce qui lui revient, mais il veut posséder l’héritage; il exclut Dieu de tout pour être maître absolu sur cette terre. De nos jours, où l’on parle tant des «droits de l’homme», on frustre Dieu des siens, au point que, prochainement, c’est à l’homme de péché que l’on rendra ce qui appartient à Dieu seul (voir Daniel 11:36-39 et 2 Thessaloniciens 2:3-4).

Après qu’il eut envoyé son fils, la patience du maître de la vigne arriva à son terme. Les jugements de Dieu tombèrent sur les Juifs au moyen des Romains et les bénédictions apportées par le Seigneur échurent à l’Église. Hélas! au point de vue de sa responsabilité, l’Église se montra aussi infidèle qu’Israël. Lorsque sera enlevée la véritable Église, celle que Christ bâtit lui-même, les jugements de Dieu tomberont sur celle qui n’aura eu qu’une profession sans vie, comme ils frappèrent jadis Israël.

En réponse à la question de Jésus: «Que leur fera donc le maître de la vigne?» le Seigneur dit lui-même: «Il viendra et fera périr ces cultivateurs, et donnera la vigne à d’autres» (v. 16). Ceux qui entendirent cela dirent à Jésus: «Qu’ainsi n’advienne!» Une telle chose, pensaient-ils, ne saurait arriver. «Et lui, les regardant, dit: Qu’est-ce donc que ceci qui est écrit: La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin? (Psaume 118:22). Quiconque tombera sur cette pierre, sera brisé; mais celui sur qui elle tombera, elle le broiera» (v. 17-18). Jésus veut faire comprendre aux Juifs qu’il parlait véritablement d’eux, quoiqu’ils aient paru croire à l’impossibilité d’une telle manière d’agir.

Les chefs du peuple bâtissaient un édifice dont la maîtresse pierre du coin était Christ, la pierre qui donne toute solidité à la construction; mais dans leur incrédulité et leur haine, ils ne voulurent pas le reconnaître, quoique leur conscience leur dît qu’il était bien le Christ, le Fils de Dieu. Ils le rejetèrent, ce qui les fit tomber sur cette pierre et amena leur chute; ils furent brisés comme nation. Au lieu d’apporter la bénédiction, Jésus fut aux Juifs «une occasion de chute» (1 Corinthiens 1:23). Plus tard, une fois les Juifs rentrés dans leur pays, le Seigneur viendra en gloire, tombera en jugement sur ceux qui auront persévéré dans leur incrédulité à son égard et les broiera. Mais la minorité parmi eux, appelée «résidu», attendra le Seigneur qui viendra régner et jouira des bénédictions millénaires qu’il apportera.

Au verset 19, nous voyons que les principaux sacrificateurs et les scribes comprirent que Jésus parlait d’eux; aussi cherchaient-ils dès cette heure à le faire mourir, malgré leur crainte de la foule. C’est ainsi qu’ils couraient au devant de leur chute pour l’accomplissement de ce que Jésus venait d’annoncer par sa parabole. Tel est l’homme dans son aveuglement lorsqu’il ne veut pas croire ce que Dieu lui dit!

 

Rendre les choses de César à César et celles de Dieu à Dieu

(v. 20-26). — Les sacrificateurs et les scribes, implacables dans leur haine contre Jésus, veulent à tout prix le trouver en défaut. Ils lui envoient donc des agents secrets pour le surprendre dans ses paroles et le livrer aux magistrats romains. Ces agents, feignant d’être justes, s’adressèrent à Jésus et lui dirent: «Maître, nous savons que tu dis et que tu enseignes justement, et que tu n’as point égard à l’apparence des personnes, mais que tu enseignes la voie de Dieu avec vérité. Nous est-il permis de payer le tribut à César, ou non?» (v. 21). À vues humaines, cette question ne manquait pas d’habileté; mais à quoi servaient la flatterie et la subtilité de l’homme pervers en présence de l’Homme parfait? Il avait su répondre à Satan lors de la tentation du désert et l’avait vaincu. Ne découvrirait-il pas la perfidie de ses adversaires, agents d’un ennemi vaincu? Ces hommes pensaient que, si Jésus leur disait qu’il fallait payer le tribut à César, il contredirait son caractère de Messie, venu pour délivrer le peuple de la domination romaine. S’il disait l’inverse, c’était exciter à la rébellion vis-à-vis de l’autorité de Rome; ils pourraient alors le livrer à César. Connaissant leur perfidie, Jésus leur dit: «Pourquoi me tentez-vous? Montrez-moi un denier; de qui a-t-il l’image et l’inscription? Et répondant, ils dirent: De César. Et il leur dit: Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu» (v. 23-25). Le peuple subissait la domination Gentile à cause de sa désobéissance à Dieu; il supportait difficilement ce joug. Jésus reconnaissait l’état de choses existant sous le gouvernement de Dieu et montra aux Juifs qu’ils devaient subir les conséquences de leur infidélité en rendant à César ce qui lui était dû. Cela ne les dispensait nullement de leurs devoirs envers Dieu, ce dont les Romains les laissaient parfaitement libres, car ils ne s’ingéraient pas dans ce qui concernait leur culte (Actes 18:14-15). Hélas! comme aux temps d’Ésaïe, ils honoraient Dieu de leurs lèvres avec un cœur fort éloigné de lui (Ésaïe 29:13). Les adversaires de Jésus «ne pouvaient le surprendre dans ses paroles devant le peuple; et étonnés de sa réponse, ils se turent» (v. 26).

Il est bon de remarquer que la sagesse avec laquelle Jésus a toujours confondu ses interlocuteurs provenait de ses perfections humaines. Toujours en communion comme homme, avec son Dieu, il vivait de ses paroles, sous sa dépendance continuelle. Il a réalisé ce que dit le Psaume 119 où nous voyons la valeur de la Parole de Dieu et la place que lui donne dans toute sa vie l’homme dépendant et obéissant. Il est vrai que Jésus était Dieu; comme tel, il possédait la toute-science et la toute-puissance; mais ce n’est pas par ses attributs divins qu’il a vaincu l’ennemi, ni discerné la ruse de ses adversaires, et qu’il leur a répondu selon la pensée de Dieu; c’est comme homme parfait. C’est de lui qu’il est dit au Psaume 119: «Combien j’aime ta loi! tout le jour je la médite. Tes commandements m’ont rendu plus sage que mes ennemis, car ils sont toujours avec moi» (v. 97-98). «Ta parole est bien affinée, et ton serviteur l’aime» (v. 140). Si l’on s’approprie cette parole, on peut confondre ses ennemis et toujours plaire à Dieu, comme ce fut le cas pour Jésus. Nous pouvons en faire autant si nous avons la Parole de Dieu pour guide et Jésus pour modèle en toutes choses, si nous vivons, comme lui, non pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu pour la mettre en pratique.

Puissions-nous tous, jeunes et vieux, rester attachés à cette Parole divine; nous en nourrir tout particulièrement dans les jours actuels où le raisonnement des hommes s’élève souvent avec subtilité contre ce que Dieu a dit, afin de pouvoir résister à tous les artifices de l’Ennemi et demeurer fermes comme un rocher contre lequel viennent se briser toutes les vagues de la ruse et de l’incrédulité!

 

Les sadducéens interrogent Jésus

(v. 27-40). — Maintenant que le Seigneur a réduit au silence les sacrificateurs et les scribes, c’est le tour des sadducéens, la classe des raisonneurs incrédules d’alors, qui niaient la résurrection. Ils formulent une question aussi subtile en apparence que celle concernant le tribut à payer; mais par là ils étalent au grand jour leur ignorance et leur incrédulité. C’est ce qui arrive chaque fois que les pensées ténébreuses de la raison humaine entrent en contact avec la lumière de la Parole de Dieu. Ces raisonneurs citent à Jésus une ordonnance de Moïse en Deutéronome 25:5-10: lorsqu’un homme mourait sans enfant, son frère devait épouser sa veuve et lui créer une postérité. Ils supposent le cas de sept frères qui moururent tous sans enfants, la femme du premier ayant passé successivement à chacun selon la loi de Moïse. «Dans la résurrection», disent-ils, «duquel... sera-t-elle la femme?» Jésus leur répondit: «Les fils de ce siècle se marient et sont donnés en mariage; mais ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d’entre les morts, ne se marient ni ne sont donnés en mariage, car aussi ils ne peuvent plus mourir; car ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection» (v. 33-36). L’état de choses de la première création, purement matérielle, ne se continue pas au ciel, il faut une création nouvelle, spirituelle, éternelle. Au commencement, Dieu dit à l’homme: «Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre» (Genèse 1:28). Dans le ciel il n’en sera pas ainsi. La résurrection d’entre les morts amènera ceux qui sont estimés dignes d’y avoir part, corps et âme, dans un état spirituel, semblable à celui des anges, définitif et glorieux. Comme ils ne mourront plus, il n’y aura pas besoin de remplacer une génération qui s’en va par une suivante, comme c’est le cas maintenant sur la terre. Là, rien ne se gâtera; rien ne finira sur la nouvelle terre; tout s’y maintiendra dans une éternelle fraîcheur. Nous lisons en Apocalypse 21:4: «Et la mort ne sera plus; et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées». Heureux avenir où les relations naturelles seront remplacées avantageusement et glorieusement par les relations spirituelles, célestes et divines, où Jésus, en qui Dieu sera vu et connu dans toutes ses gloires, absorbera toutes les pensées et remplira les cœurs dans le repos de l’amour divin!

Jésus donne ensuite une preuve de la résurrection, tirée des livres de Moïse, partie des Écritures que les sadducéens admettaient: «Or que les morts ressuscitent», dit-il, «Moïse même l’a montré, au titre «Du buisson», quand il appelle le Seigneur: le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. Or il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants; car pour lui tous vivent» (v. 37-38). Le fait que Dieu s’appelle le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, lorsqu’il se révèle à Moïse dans le buisson de feu, au désert de Madian (Exode 3:1-6), alors que ces patriarches étaient morts pour les hommes depuis plusieurs siècles, est la preuve de la résurrection. Dieu ne s’appellerait pas leur Dieu, s’ils avaient cessé d’exister; il ne dit pas qu’il avait été leur Dieu, mais qu’il l’est: «je suis», car Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Puisqu’il est leur Dieu, il les amènera, ainsi que tous ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là, le siècle éternel du bonheur glorieux, dans l’état de corps et âme réunis, au moyen de la résurrection d’entre les morts, dont Christ a été les prémices (1 Corinthiens 15:23). Dieu veut avoir, dans la bénédiction éternelle, non des âmes immortelles seulement, mais des hommes avec leur corps, toutefois dans une condition infiniment meilleure que dans la création présente (v. 36).

Dans cet évangile, Jésus ajoute: «Car pour Dieu tous vivent», mots qui ne se trouvent ni en Matthieu, ni en Marc. Non seulement tous ceux qui sont morts croyants, mais tous ceux qui sont morts n’ont pas cessé d’exister quant à leur âme; ils vivent pour Dieu, aux yeux duquel rien n’est caché, malgré l’état de séparation momentanée de l’âme et du corps, pour les sauvés, comme pour les perdus.

À la création Dieu forma l’homme d’un corps tiré de la terre et d’une âme constituée par le souffle de l’Éternel, par lequel il devint «âme vivante». À la suite du péché, par la mort, la partie matérielle de son être, le corps, retourna à la terre d’où il provenait et, dit l’Ecclésiaste: «L’esprit retourne à Dieu qui l’a donné» (Ecclésiaste 12:7). Dans ce passage, il s’agit de l’esprit de tout homme; «retourner à Dieu» ne veut pas dire: être dans la félicité éternelle, mais simplement retourner à son origine, sans préjudice des conséquences de ce qui s’est passé sur la terre. Ainsi pour Dieu, tous les esprits qui ont quitté leurs corps vivent; la mort ne s’applique qu’au corps, et cela pour un temps. Au moment voulu de Dieu, les esprits de tous rejoindront leur corps, les uns en résurrection de vie, les autres en résurrection de jugement (Jean 5:29), ceux-ci pour demeurer éternellement sous les conséquences de leurs péchés, ceux-là pour être éternellement sous les conséquences glorieuses de l’œuvre de Christ, à laquelle ils auront cru. Après avoir entendu la réponse de Jésus aux sadducéens, quelques-uns des scribes, la classe religieuse opposée aux sadducéens, dirent à Jésus: «Maître, tu as bien dit. Et ils n’osèrent plus l’interroger».

 

Question touchant le fils de David

(v. 41-47). — Jésus adresse à ceux qui l’entouraient une question embarrassante à laquelle nul ne paraît avoir répondu. Il leur dit: «Comment dit-on que le Christ est fils de David? Et David lui-même dit, dans le livre des Psaumes: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour marchepied de tes pieds (Psaume 110:1). David donc l’appelle Seigneur; et comment est-il son fils?» (v. 41-44). La réponse à cette question impliquait toute l’histoire merveilleuse de l’abaissement, du rejet, de la mort de Christ et de ses conséquences en gloire. Selon la chair, Jésus était fils de David; mais venu ici-bas, il n’est pas monté sur le trône de David. Au contraire, au lieu de l’acclamer roi, les hommes le méprisèrent, l’humilièrent et le mirent à mort. Lui-même s’abaissa, accepta, sans ouvrir la bouche, toutes les humiliations que lui infligèrent ses créatures, obéissant à Dieu jusqu’à la mort de la croix; mais de la mort où il descendit, Dieu l’éleva, le fit asseoir sur son trône et lui donna un nom au-dessus de tout nom, en attendant qu’il fasse valoir son autorité sur la terre. Le Psaume cité présente Jésus dans sa position actuelle, attendant le moment de prendre en main sa grande puissance, alors que ses ennemis seront mis pour marchepied de ses pieds. Selon la chair, Jésus est bien fils de David, puisqu’il naquit des descendants de ce roi, ainsi que l’établissent les généalogies de Matthieu et de Luc, mais en vertu de la position que Dieu lui a donnée comme Fils de l’homme et en conséquence de son abaissement et de toute son œuvre, il est le Seigneur de David, car il a été élevé dans la gloire. Cette question mettait en évidence la culpabilité des Juifs; elle impliquait aussi leur inimitié contre lui, puisqu’ils l’avaient rejeté, et leur jugement comme tels au moment de l’établissement de son règne.

Les v. 45-47 constituent une sorte de résumé du chapitre 23 de Matthieu dans lequel le Seigneur prononce les sept «malheurs» sur les scribes, les pharisiens et les docteurs de la loi et enseigne aux disciples la marche à suivre au milieu du peuple juif que Dieu supportait encore. Ici il met simplement en garde contre l’hypocrisie des scribes qui recherchaient les honneurs et leur propre satisfaction, même au détriment des veuves, sous prétexte de s’intéresser à leur épreuve en faisant de longues prières. Aussi, dit Jésus, «ils recevront une sentence plus sévère». Une conduite pareille présente un contraste absolu avec celle de Jésus au milieu des hommes, conduite qui doit être celle de tout croyant. La vie du Seigneur se caractérisa par l’humilité, le renoncement, le dévouement, la recherche constante de la gloire de Dieu et du bien d’autrui selon la pensée de Dieu; en un mot ce fut une vie d’obéissance entière. Si nous sommes mis en garde contre l’esprit pharisaïque, c’est afin que nous imitions Jésus en toutes choses. Ceci est possible si nous le possédons comme notre vie, ayant été, dit Pierre, «sanctifiés pour l’obéissance... de Jésus Christ» (1 Pierre 1:2), c’est-à-dire pour obéir comme il a obéi. En contraste avec la recherche de la gloire qui vient des hommes, ce qui préoccupait à un haut degré les chefs religieux des Juifs, Jésus dit, en Jean 5:41: «Je ne reçois pas de gloire des hommes», et, au v. 44, il montre que ce qui empêche de croire, c’est le fait de recevoir la gloire qui vient de l’homme, parce que dans cet esprit-là, Dieu n’a pas sa place; il ne peut l’avoir dès le moment que l’homme ne recherche pas ce qui est dû à Dieu seul.

Puissions-nous tous nous exercer chaque jour, et en toutes choses, à être les imitateurs de l’Homme débonnaire et humble de cœur, qui fut l’Homme parfait parce qu’il obéit toujours à son Dieu et Père! Il entra dans ce monde en disant: «Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté», et, en la faisant, il a pu dire: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent».