Luc

Chapitre 2

Naissance de Jésus

(v. 1-7). — Michée avait annoncé que la naissance de Jésus aurait lieu à Bethléem (chap. 5:2): «Et toi, Bethlehem Ephrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité». Nous avons vu, au chapitre précédent, que Marie habitait Nazareth et non Bethlehem. Pour que l’Écriture s’accomplit, Dieu se servit d’un édit de César Auguste, le premier empereur romain et l’un des plus puissants, qui prescrivait le recensement de toute la population de l’empire. Chacun devait se rendre dans sa propre ville pour y être inscrit. Obéissant à l’ordre d’Auguste, Joseph et Marie qui appartenaient à la famille de David, se rendirent à Bethlehem, la ville de leur ancêtre royal. Le recensement n’eut lieu que plus tard, lorsque Cyrénius eut le gouvernement de la Syrie. Dieu ne se préoccupe pas du dénombrement qui se fait dans les empires du monde; ce qui lui importait, c’était l’accomplissement des Écritures. Et Auguste ne se doutait guère qu’il devait ordonner, à une date trop hâtive, le recensement de ses peuples, afin que Celui qui, un jour, gouvernera le monde entier naquît au lieu indiqué par les prophètes. Dieu dispose de tout pour accomplir sa volonté, que ce soit un empereur, un grand poisson, une ânesse, un lion.

Quoique Bethlehem ait été la ville de David et que le couple venu de Nazareth ait appartenu à la famille royale, la naissance de Jésus, le Messie, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, n’eut pas lieu dans l’opulence. Dieu venant sur la terre pour sauver sa créature et affranchir la création de la servitude de la corruption, ne pouvait entrer dans ce monde au sein du luxe que l’homme y a introduit pour chercher à oublier les conséquences du péché. Le Sauveur du monde apparut ici-bas dans les conditions qui se rapprochent le plus de celles où se trouvait Adam après son péché, lorsque Dieu, en prononçant le jugement du serpent, annonça que la semence de la femme briserait la puissance du Diable, qui, sous la forme du serpent, venait de placer l’homme sous les conséquences du péché.

En Orient, maintenant encore, beaucoup de maisons se composent d’une cour intérieure et d’un rez-de-chaussée assez vaste où gens et bêtes trouvent un abri pendant la nuit ou le mauvais temps. Tel est le lieu où Marie mit au monde l’enfant Jésus, qu’elle emmaillota et coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Il y en aurait eu, sans doute, pour quelque grand personnage, mais non pour ce pauvre couple venu de Galilée, pour un charpentier. Cependant le petit enfant qui venait de naître «serait grand», avait dit l’ange à Marie; il serait appelé «Fils du Très-haut». Dans le langage prophétique, Ésaïe avait parlé de lui en ces termes: «Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule; et on appellera son nom: Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. À l’accroissement de son empire, et à la paix, il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours» (Ésaïe 9:6-7). Pour le moment, cette grandeur était cachée au monde. Jésus, le Fils de l’homme, faisait son entrée parmi les hommes dans l’humilité la plus profonde, sous l’empire Gentil qu’il détruira un jour. Dans la condition la plus obscure, il continuera son chemin, s’abaissant toujours, afin d’être accessible à tous et de mettre à la portée de chacun la grâce qu’il offrait. Et cette vie, commencée ici-bas dans une étable, se terminera à la croix, car Jésus, s’étant anéanti comme Dieu, trouvé en figure comme un homme, est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix (Philippiens 2:6-8), afin de sauver le pécheur.

 

Les bergers de Bethléhem

(v. 8-14). — Si, quant au monde, la naissance de Jésus a lieu dans une obscurité complète, il n’en est pas de même pour le ciel. Dieu ne peut laisser passer un événement d’une si grande importance pour Lui sans le faire connaître. Mais qui choisira-t-il pour révéler ce fait merveilleux et pour dire ce que le ciel en pense? Ce ne sera ni la cour de Rome, ni celle d’Hérode, ni même les souverains sacrificateurs. Toute cette scène merveilleuse doit se dérouler dans le même cadre, dans un humble milieu où les cœurs, n’ayant rien ici-bas, peuvent s’unir au ciel pour donner gloire à Dieu. «Il y avait dans la même contrée des bergers demeurant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit. Et voici, un ange du Seigneur se trouva avec eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux; et ils furent saisis d’une fort grande peur». À ces humbles personnages, mais connus de Dieu, un ange est envoyé du ciel; la gloire du Seigneur les environne pendant que leur Sauveur et Seigneur repose dans une crèche; cette gloire les effraie, mais ils seront rassurés lorsqu’ils verront celui qui a quitté cette gloire et s’est anéanti comme Dieu pour venir les sauver. L’ange dit aux bergers: «N’ayez point de peur, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple; car aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci en est le signe pour vous, c’est que vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche» (v. 10-12). Ce n’était, en effet, pas un sujet de peur, mais de joie pour ces bergers, comme pour tout le peuple, que l’apparition d’un ange avec la gloire du Seigneur, venant annoncer la naissance du Christ, le Sauveur du peuple et du monde. Cette scène ne présentait rien pour la gloire de l’homme. La cité de David était une pauvre bourgade; ce qui causait cette grande joie, c’était un petit enfant couché dans une crèche. Mais ce qui est grand et glorieux, ce qui a de l’importance, aujourd’hui comme alors, c’est ce qui revêt ce caractère pour Dieu. Dieu ne se préoccupe pas des appréciations des hommes, car à l’égard des pensées de Dieu, «il n’y a personne qui ait de l’intelligence» (Romains 3:11). «Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Corinthiens 1:27-28). Quand le Seigneur sera manifesté en gloire, il en ira tout autrement: la gloire des hommes disparaîtra pour faire place à celle de Dieu, alors que «la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Habakuk 2:14). En ce jour-là: «l’Éternel seul sera haut élevé» (Ésaïe 2:11).

«Et soudain il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu, et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts; et sur la terre, paix; et bon plaisir dans les hommes!» (v. 13, 14). En attendant que Dieu fût glorifié dans l’univers entier, il l’était à ce moment-là par le chœur céleste. Un ange annonce le message aux bergers, mais une multitude d’anges proclame et célèbre les conséquences, pour Dieu et les hommes, de l’apparition dans ce monde du petit enfant couché dans la crèche. Trois choses merveilleuses sont annoncées:

«Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts!» La venue de Christ établit la gloire de Dieu dans les lieux très-hauts par la victoire du bien sur le mal, car Satan avait voulu ôter à Dieu sa gloire en amenant l’homme et toute la création sous le jugement. Au contraire, Dieu serait glorifié au milieu de la scène de mal où se trouve l’homme sous les conséquences du péché, en faisant triompher la grâce et obtenant ainsi une gloire qu’il n’aurait pas eue s’il avait exécuté sur les hommes le jugement que tous avaient mérité.

«Sur la terre, paix». Nous ne voyons pas la paix établie dans ce monde depuis la venue de Jésus jusqu’à nos jours, malgré tous les efforts des nations en vue de cela. Mais nous savons qu’il y a un règne de paix pour cette création, tourmentée depuis si longtemps par les conséquences du péché; elle sera «affranchie de la servitude de la corruption», dit Paul, en Romains 8:21, et cela, par l’Homme qui venait de naître à Bethléhem. Sans sa naissance et sa vie d’obéissance jusqu’à la mort, la terre fût demeurée sous la puissance de Satan, dans l’agitation et le trouble jusqu’à sa destruction. Bientôt le Fils de l’homme apparaîtra dans toute sa gloire, pour établir son règne de paix sur la terre; en ce jour-là personne ne pourra s’opposer à lui: Satan sera lié et les méchants seront comme le chaume dans l’ardeur du feu (Malachie 4:1).

Enfin la multitude de l’armée céleste proclame le «bon plaisir» de Dieu dans les hommes, dans les termes mêmes que Dieu emploie pour exprimer son bon plaisir en la personne de Jésus au baptême de Jean (chap. 3:22), manifesté par le fait que Jésus entrait dans ce monde dans la forme d’un homme. Dieu n’a pas pris son plaisir dans les anges; il n’a pas pris leur cause pour sauver ceux qui sont tombés, mais celle des hommes qu’il veut amener dans la même relation avec lui-même que son propre Fils qui sera au milieu des rachetés, «premier-né entre plusieurs frères» (Romains 8:29).

Que la grâce de Dieu est merveilleuse dans le don de son propre Fils, pour accomplir ses desseins! Il a trouvé sa gloire à sortir cette création de dessous les conséquences du péché et à placer dans sa faveur les hommes coupables de tous les maux dont souffre la création. Nous comprenons que Dieu ait voulu faire célébrer par les multitudes de l’armée céleste la naissance de Celui par lequel s’accompliront ces choses magnifiques; car les hommes demeuraient étrangers à ce qui se passait à Bethléhem cette nuit-là. La naissance de Jésus et sa mort sur la croix sont les faits les plus glorieux des annales de l’éternité; le ciel ne pouvait garder le silence.

 

Visite des bergers

(v. 15-20). — Lorsque les anges se furent retirés, les bergers dirent entre eux: «Allons donc jusqu’à Bethléhem, et voyons cette chose qui est arrivée que le Seigneur nous a fait connaître. Et ils allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche» (v. 15-16). Les nouvelles qu’ils avaient entendues touchant ce petit enfant produisirent chez les bergers le désir de le voir. Il doit en être de même pour nous aujourd’hui; plus nous apprenons ce qu’est Jésus pour Dieu et pour nous, plus le désir de le voir grandit dans nos cœurs, et plus il nous pousse à en apprendre davantage. Bientôt, avec les bergers et les rachetés, nous contemplerons, dans toutes ses gloires, Celui qui était couché dans la crèche de Bethléhem. Nous voyons dans ces hommes ce qui caractérise la foi: elle ne s’occupe que de ce que Dieu dit; elle n’élève aucun raisonnement sur ses paroles, ni sur les moyens par lesquels elles s’accomplissent. Le signe qui fit reconnaître aux bergers le Christ, le Seigneur, était un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche. Le message de Dieu leur en révélait la valeur. Leur foi le discernait aussi bien sous cette forme, que celle du brigand le voyait en l’homme crucifié à ses côtés, là où le centurion romain a reconnu le Fils de Dieu. À son apparition, le «signe» sera aussi lui-même, le Fils de l’homme venant en gloire (Matthieu 24:30).

«L’ayant vu, ils divulguèrent la parole qui leur avait été dite touchant ce petit enfant» (v. 17). Quel affermissement la foi de Marie ne reçut-elle pas par les paroles que rapportèrent les bergers! Il est dit que tous ceux qui les apprirent s’en étonnèrent; mais Marie «gardait toutes ces choses par devers elle, les repassant dans son cœur» (v. 19). Puissions-nous tous, après avoir entendu parler du Seigneur, ne pas être seulement impressionnés, étonnés, mais garder et repasser dans nos cœurs les paroles qui nous ont entretenus d’une telle personne! C’est là le moyen d’en profiter et d’apprendre à connaître toujours mieux notre Sauveur, notre Seigneur, notre vie, notre modèle, et le but que nous avons à poursuivre ici-bas. Occupés d’un tel objet, nous serons gardés des convoitises de ce monde; nous ressemblerons à Jésus dans toute notre vie, ce qui fera de nous ses véritables témoins. Pour ceux qui ne trouvent en Jésus aucun attrait, aucune beauté, dans le cœur desquels son nom n’éveille aucun besoin de le voir, ni d’entendre quelque chose de lui, que Dieu veuille ouvrir leur cœur afin qu’ils le reçoivent comme Sauveur, car dans cet état-là ils sont perdus, et peuvent, d’un instant à l’autre, être appelés à comparaître devant Dieu.

Après avoir vu le petit enfant et avoir rapporté les paroles de l’ange, «les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues, selon qu’il leur en avait été parlé» (v. 20). Bienheureux ceux qui sont en communion de pensées avec Dieu au sujet de son Fils, aujourd’hui comme alors!

Nous sommes très près, chers lecteurs, d’un événement glorieux, conséquence de celui qui nous occupe dans ce chapitre, et qui se passera d’une manière plus inaperçue des hommes que la naissance de Jésus, puisqu’il aura lieu en un clin d’œil. Vous savez tous quel il est. Vous réjouit-il?

 

Siméon

(v. 21-35). — Les parents de Jésus, — c’est ainsi que Marie et Joseph sont appelés au v. 27, — accomplirent à son égard tout ce que la loi exigeait. Au temps voulu, ils le portèrent au temple à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, car l’Éternel avait un droit spécial sur tous les premiers-nés d’Israël (Exode 13:2), parce qu’ils avaient été épargnés en Égypte lors de la destruction des premiers-nés des Égyptiens. Puis un sacrifice de purification devait être offert au bout de trente-trois jours, selon Lévitique 12. Le sacrifice de Joseph et de Marie montre qu’ils étaient pauvres, tout en appartenant à la famille de David. La loi prévoyait le cas où des parents ne pourraient pas offrir un agneau: ils le remplaçaient par deux tourterelles ou deux jeunes colombes. Joseph et Marie présentèrent deux colombes. Toutes les circonstances font ressortir dans quel abaissement est venu celui qui «vécut dans la pauvreté pour nous enrichir».

Pendant que Marie et Joseph se trouvaient dans le temple, un vieillard nommé Siméon y arriva, conduit par l’Esprit de Dieu. «Il était juste et pieux, et il attendait la consolation d’Israël». Sa justice pratique et sa piété ne lui permettaient pas de s’accommoder de l’état de choses qui caractérisait le peuple; il connaissait la promesse d’un libérateur; il l’attendait. Dieu, répondant à sa fidélité, l’avait averti «par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort, que premièrement il n’eût vu le Christ du Seigneur». C’est le même Esprit qui le conduisit au temple afin d’y rencontrer le libérateur promis. «Comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour faire à son égard selon l’usage de la loi, il le prit entre ses bras et bénit Dieu et dit: Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix selon ta parole; car mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples: une lumière pour la révélation des nations, et la gloire de ton peuple Israël» (v. 27-32). De même que Marie et Zacharie, Siméon voit dans l’avènement de l’enfant Jésus l’accomplissement des promesses faites aux pères, savoir, la bénédiction d’Israël et des nations. Il a tenu dans ses bras le petit enfant, cela lui suffit; il peut s’en aller en paix. La parole de Dieu l’avait encouragé dans sa foi en l’assurant de la délivrance; maintenant il a vu le salut de Dieu, le moyen par lequel Dieu sauvera son peuple et accomplira toutes ses promesses.

Joseph et Marie s’étonnaient des choses dites de Jésus. On voit qu’ils n’avaient pas compris les gloires de cet enfant merveilleux, ni toutes les conséquences glorieuses de sa venue ici-bas. Siméon les bénit et dit à Marie: «Voici, celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que l’on contredira (et même une épée transpercera ta propre âme), en sorte que les pensées de plusieurs cœurs soient révélées» (v. 34-35). Enseigné de Dieu, Siméon comprend l’effet que produirait au milieu du peuple plongé dans le péché la présence du bien suprême. Jésus serait une occasion de chute pour ceux qui le rejetteraient et de relèvement pour ceux qui le recevraient. Il devrait endurer la contradiction «des pécheurs contre lui-même» (Hébreux 12:3), et Marie aurait l’âme transpercée en voyant rejeter et mourir celui qu’elle pouvait appeler son fils. On se représente aisément la souffrance de cette mère, témoin de tout ce que Jésus endura de la part des Juifs durant son ministère d’amour qui se termina par sa mort à la croix.

 

Anne

(v. 36-38). — En même temps que Siméon, une femme pieuse, fort avancée en âge, Anne, une prophétesse, se trouvait dans le temple qu’elle ne quittait pas. Elle servait Dieu en jeûnes et en prières, nuit et jour. Survenant à ce moment, elle louait le Seigneur et parlait de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance apportée par le Messie. Malachie en avait parlé: «Alors ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom» (chap. 3:16). Malachie décrit l’état moral dans lequel se trouvait le peuple depuis le retour de la captivité jusqu’à la naissance du Seigneur. Le peuple lui-même était satisfait de son état qui, extérieurement, paraissait en ordre, mais n’avait que la forme de la piété, comme la chrétienté actuellement. Une personne pieuse comme Anne ne pouvait que jeûner et prier dans un milieu semblable. Le jeûne indiquait qu’elle ne prenait aucune part à la satisfaction et aux jouissances du peuple. Par la prière elle s’attendait à Dieu qui seul était sa part et pouvait seul amener le changement nécessaire pour jouir de la bénédiction promise. Le service de cette pieuse femme, en attendant la naissance du Christ, est le même pour ceux qui aujourd’hui attendent la venue du Seigneur. Elle ne quittait pas le temple, lieu de bonheur et de paix pour l’Israélite pieux. Au Psaume 84:2, 3, 5, 11, David exprime en ces termes ses sentiments et ceux du résidu d’Israël chassé de son pays aux derniers jours: «Combien sont aimables tes demeures, ô Éternel des armées! Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel... Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison; ils te loueront incessamment... Car, un jour dans tes parvis vaut mieux que mille». Actuellement, le croyant peut réaliser individuellement la présence de Dieu, en vivant à part du mal, et collectivement là où deux ou trois sont réunis au nom du Seigneur. Nous avons donc le privilège de vivre, comme Anne, séparés du monde, dans la présence de Dieu en jeûnes et en prières, et aussi en parlant du Seigneur à tous ceux qui l’attendent. Ainsi, nous serons bien placés pour avertir ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, qui s’étourdissent dans un monde mûr pour le jugement.

Peu nombreux étaient ceux qui craignaient l’Éternel et qui pensaient à son nom en attendant la délivrance. Malachie dit qu’ils «parlaient l’un à l’autre»; mais l’Éternel prêtait attention à ces entretiens. Un livre de souvenir était écrit devant lui pour ceux qui le craignaient et pensaient à son nom. Les rois inscrivaient dans un livre les exploits que leurs sujets accomplissaient pour eux (voir Esther 2:23 et 6:1-2). Ainsi Dieu enregistre encore maintenant les grandes actions de ceux qui le craignent et agissent en conséquence, en attendant la délivrance par la venue du Seigneur. Comme le résidu d’alors, ils sont le trésor particulier du Seigneur. Quelle grande chose, en effet, que de pouvoir, comme Anne et ses semblables, nous comporter dans ces temps de la fin de manière à donner satisfaction au cœur du Seigneur, alors petit enfant, maintenant personne glorifiée que nous attendons. Qu’il s’agisse de la venue du Seigneur à sa naissance, ou pour enlever les saints, ou encore pour régner, il apparaît toujours «à ceux qui l’attendent» (Hébreux 9:28).

Anne avait vécu sept ans avec un mari et l’avait perdu depuis quatre-vingt-quatre ans environ. Elle était donc très âgée. Avec les chiffres donnés, cette femme peut représenter le peuple d’Israël: les sept ans passés avec son mari seraient une figure du temps pendant lequel Israël réalisait sa relation avec Dieu au commencement de son histoire, sept exprimant un temps parfait; et quatre-vingt-quatre ans — 7 fois 12 — représenteraient le temps pendant lequel ce malheureux peuple était comme une veuve sans son mari, parce qu’il avait rejeté son Dieu.

 

Enfance de Jésus

(v. 39-52). — Dieu n’a pas trouvé à propos de nous donner l’histoire de la vie de Jésus dès sa naissance jusqu’à son entrée dans son ministère. Mais l’Esprit de Dieu, en choisissant Luc pour nous présenter tout particulièrement l’humanité de Christ, nous parle suffisamment de ce temps dans le reste de notre chapitre, pour préserver notre esprit de toute pensée imaginaire et erronée à l’égard de la divinité et de l’humanité de ce précieux Sauveur, en nous montrant que, de la crèche à la croix, Jésus avait toujours conscience de sa divinité, en même temps qu’il réalisait tout ce qui appartient à une humanité parfaite, de sa naissance jusqu’à l’âge mûr.

Se laissant aller à leur imagination, certaines personnes ont prétendu que Jésus, avant le commencement de son ministère, accomplissait des miracles en travaillant avec Joseph à son métier de charpentier, et ont allégué d’autres faits encore que la Parole ne mentionne pas. Il faut rejeter tout ce que l’on a raconté de Jésus pendant les trente premières années de sa vie, sauf ce que nous en disent les deux premiers chapitres de Luc.

Lorsque Marie et Joseph eurent accompli tout ce que la loi exigeait, «ils s’en retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville». C’est dans cette cité et dans cette contrée méprisées que devait s’écouler, humblement, la vie de Jésus avant sa présentation au peuple. Ce séjour lui valut le nom dédaigneux de Nazarénien. Rien dans sa vie, durant ce temps-là, n’avait attiré l’attention des hommes; Jean le Baptiseur ne le connaissait pas, les habitants de Galilée encore moins; il était connu d’eux comme «le fils du charpentier», et même comme «le charpentier» (Marc 6:3).

Au v. 40, nous lisons: «Et l’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse; et la faveur de Dieu était sur lui». Son évolution intellectuelle et physique suivait un cours absolument naturel et normal, toujours en rapport avec son âge. Il était rempli de sagesse. Sa vie humaine avait une origine divine. Sa sagesse était aussi parfaite que son développement physique; aucune trace de péché n’entravait sa croissance. La faveur de Dieu ne pouvait que reposer sur un tel enfant.

Comme tout Israélite devait le faire selon la loi, les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, «à la fête de Pâque». Lorsque Jésus eut douze ans, il y monta aussi avec eux. La fête terminée, Joseph et Marie reprirent le chemin de la Galilée avec leurs compatriotes. Croyant Jésus dans la troupe des voyageurs, ils firent une journée de marche avant de s’apercevoir qu’il ne les suivait pas. Aussitôt ils revinrent à Jérusalem à sa recherche. Après trois jours, «ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient s’étonnaient de son intelligence et de ses réponses» (v. 46-47). Remarquez comment tout est parfait dans l’attitude de cet enfant de douze ans, au milieu des docteurs juifs: «Il les écoutait et les interrogeait». Il aurait pu les enseigner, mais il aurait abandonné la perfection de son humanité correspondant à son âge; car il ne sied pas à un enfant de douze ans d’enseigner des docteurs, parmi lesquels pouvaient se trouver des vieillards; sa sagesse et son intelligence extraordinaires se manifestaient par ses réponses et ses questions qui étonnaient son entourage. Interroger et répondre à ce qu’on lui demande, c’est ce qui convient à un enfant. Plus tard, c’est l’enseignement de Jésus qui surprendra les Juifs. En Marc 1:22, il est dit: «Et ils s’étonnaient de sa doctrine; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes». Les huissiers envoyés pour le prendre reviennent en disant: «Jamais homme ne parla comme cet homme» (Jean 7:46). En attendant, Jésus suit le développement humain en tout ce qui convient à son âge. Il se soumet, en venant dans ce monde, aux lois naturelles que lui-même, comme Dieu, avait créées. Combien l’humanité de Christ est merveilleuse, qu’on la considère dans son enfance, aussi bien que dans son ministère! Cela fait aussi admirer et comprendre cet amour merveilleux, source et cause de l’abaissement volontaire de celui qui a consenti à devenir homme au milieu des hommes pour leur manifester l’amour de Dieu et prendre sur lui les conséquences de leur désobéissance sous le jugement de Dieu.

Lorsque les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs, «ils furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi? Voici, ton père et moi nous te cherchions, étant en grande peine. Et il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père» (v. 48-49). Marie et Joseph ne comprenaient pas que, pour un enfant doué d’un pareil développement spirituel, il y avait quelque chose qui l’attirait plus à Jérusalem que le retour immédiat, après la fête, aux affaires de la vie ordinaire. «Les affaires de son Père» occupaient son cœur. À Jérusalem, dans la maison de Dieu, il se sentait naturellement attiré de ce côté-là. C’était en parfait accord avec le développement qu’il avait atteint et dont ses parents ne pouvaient se rendre compte: ils ne comprenaient pas suffisamment sa relation avec Dieu, dont lui-même avait toujours conscience, lui, le Fils de Dieu. «Et ils ne comprirent pas la parole qu’il leur disait» (v. 50). Quelle merveille qu’un tel enfant dans ce monde! mais quel sujet d’adoration et de reconnaissance pour ceux qui, éclairés par l’Esprit de Dieu, peuvent contempler sa personne et dire: «C’est pour moi que le Fils de Dieu a été trouvé tel ici-bas!»

«Et il descendit avec eux, et vint à Nazareth, et leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces paroles dans son cœur» (v. 51). Lors même que Marie ne pouvait entrer intelligemment dans tout ce qu’était Jésus, son cœur éprouvait une jouissance profonde à conserver ses paroles qui, sans doute, lui devinrent plus intelligibles plus tard. Jésus «leur était soumis»: paroles que doivent méditer tous les enfants aujourd’hui où l’on travaille si activement à développer l’intelligence de la jeunesse en la meublant de beaucoup de choses, autrefois réservées à un âge plus avancé. Il n’est pas rare de voir des enfants se prévaloir de leur prétendue supériorité intellectuelle pour ne pas se soumettre à leurs parents qu’ils considèrent comme des arriérés dans la voie du progrès. Que pensent-ils de Jésus qui était Dieu, qui possédait la toute-science et la toute-puissance, et qui pourtant était soumis à des parents humains incapables de s’élever à la hauteur de ses propres pensées? Nous aimons à répéter que la plénitude de la déité, qui habitait en lui corporellement, ne l’a jamais empêché de réaliser la perfection de l’humanité; celle-ci ne consiste ni dans la grandeur, ni dans la puissance selon les hommes, mais dans la dépendance et l’obéissance absolues. Modèle de l’homme fait, Jésus est aussi le modèle de l’enfant. Que Dieu nous accorde à tous de l’imiter!

«Et Jésus avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes» (v. 52). Ce verset, comme le v. 40, nous fait voir que le développement humain de Jésus était progressif en sagesse et en stature, comme le serait celui de tout homme dans son état normal, mais sans péché. Il importe de distinguer entre «nature humaine» et «nature pécheresse». Jésus a participé à la première, mais pas à la seconde. Il a participé «au sang et à la chair» (Hébreux 2:14), mais non à notre nature déchue qui est péché. L’humanité est la création de Dieu, tandis que notre mauvaise nature résulte de la chute. Jésus devint homme afin de pouvoir mourir, et aussi souffrir, être tenté en toute chose à part le péché, afin de pouvoir sympathiser avec ceux qui, après lui, passent par la souffrance, dans le chemin qui conduit à la gloire, après avoir cru. Mais le Seigneur demeure homme pour l’éternité, et tous les rachetés seront aussi des hommes éternellement, hommes selon les conseils de Dieu, car Adam n’était qu’une figure de celui qui devait le remplacer et amener les hommes coupables et perdus dans un état de perfection, hors d’atteinte du péché et de la mort, la mort ayant été annulée et les péchés effacés par son œuvre à la croix. «Ses délices étaient dans les fils des hommes» (Proverbes 8:31), dans l’éternité passée. C’est pourquoi, comme nous l’avons vu, à sa naissance les anges célèbrent le «bon plaisir de Dieu dans les hommes». Dans l’éternité les hommes célèbreront le Seigneur qui s’est fait homme afin d’avoir des compagnons dans la gloire. Déjà sur la terre ceux qui ont cru commencent le culte qui lui sera rendu éternellement.