Luc

Samuel Prod'hom

Introduction

Dans ce troisième évangile, l’Esprit de Dieu nous présente Jésus sous son caractère de Fils de l’homme, apportant aux hommes, de la part de Dieu, la grâce dont tous ont besoin. Par conséquent, sur tout ce qui concerne l’humanité de Christ, nous trouvons plus de détails que dans les autres évangiles; en même temps, sa parfaite divinité brille dans chaque page. Tout le long du récit inspiré, nous voyons Jésus comme l’homme que nous aurions pu rencontrer, si nous avions vécu à cette époque, mais, pour la foi, il était «plus beau que les fils des hommes», car la grâce était répandue sur ses lèvres (Psaume 45:3).

Déjà présenté comme Messie et Prophète, Jésus devait l’être aussi comme Fils de l’homme. À la chute du premier homme, il fut annoncé comme tel, lorsque Dieu dit au serpent, en parlant de la semence de la femme: «Elle te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon» (Genèse 3:15) Les prophètes l’annoncèrent ensuite comme Fils de l’homme (voir Psaumes 8:5; 80:18; Daniel 7:13), celui que Dieu avait en vue dans ses conseils éternels; car Adam n’était que «la figure de celui qui devait venir» (Romains 5:14); il n’était pas fils de l’homme, ni semence de la femme, puisque Dieu l’avait créé homme fait, tandis que Jésus, pour être un homme, dut naître d’une femme. Quoique placé dans ce monde comme chef de la création, Adam perdit tout par son péché; Dieu ne pouvait compter sur lui pour l’accomplissement de ses conseils. C’est pourquoi il avait ses regards dirigés sur son Fils, second homme, dernier Adam. «Quand il décrétait les fondements de la terre», est-il dit, «j’étais alors à côté de lui son nourrisson (ou son artisan), j’étais ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui, me réjouissant en la partie habitable de sa terre, et mes délices étaient dans les fils des hommes» (Proverbes 8:29-31).

En venant dans ce monde, comme un homme, Jésus remplace donc le premier Adam; il porte les conséquences de la chute, ôte le péché de devant Dieu, et, en vertu de la rédemption, il devient chef et héritier de tout ce que Dieu destinait à l’homme selon ses conseils. Le temps venu, il régnera comme tel sur l’univers entier, qu’il aura délivré du pouvoir de l’ennemi, jusqu’à ce qu’il remette le royaume à Dieu le Père pour l’état éternel (Daniel 7:13-14; 1 Corinthiens 15:24).

Cet évangile présente la grâce de Dieu d’une manière touchante; elle s’étend à tous les hommes. C’est sans doute à cause de ce caractère universel de la grâce que l’auteur a été choisi, par l’Esprit de Dieu, en dehors des apôtres. Luc, très probablement un Gentil, l’adresse à un Grec nommé Théophile. Nous savons qu’au-dessus des intentions de Luc en écrivant au «très excellent Théophile», il y avait la pensée de Dieu qui l’a inspiré, afin que cet évangile nous parvienne comme expression de la vérité quant à Jésus, Fils de l’homme.

Luc était médecin (Colossiens 4:14). On sait peu de chose sur son compte; mais, d’après les Actes des Apôtres, dont il est l’auteur et qui font suite à notre évangile, nous voyons qu’il a suivi fidèlement l’apôtre Paul jusqu’à la fin de son ministère (2 Timothée 4:10). À partir de la Troade (Actes 16:8-10), il se met au nombre de ceux qui étaient avec l’apôtre, disant: «nous» en parlant de Paul et de ceux qui l’accompagnaient et non plus «ils» comme il l’avait fait jusque-là. Paul place Luc, de même que Marc, au nombre de ses compagnons d’œuvre (Philémon 24).

Plusieurs personnes, outre les évangélistes inspirés, avaient rédigé un récit de la vie du Seigneur. Du reste, selon les historiens, parmi eux tous, Matthieu était le seul qui ait composé son livre lorsque Luc écrivit le sien 1. Mais ces autres récits ne nous sont pas parvenus, parce que, sans être faux, ils n’étaient pas inspirés de Dieu.

1 On a lieu de croire que Matthieu écrivit en 38 et Luc en 63.