Josué

Chapitre 23

Dernières instructions de Josué

Israël est maintenant en possession de son héritage; Josué, vieux et fort avancé en âge, est près de s’en aller par le chemin de toute la terre. Quand les soutiens extérieurs de l’ordre divin dans l’assemblée viennent à manquer, et que ceux qui étaient en avant dans le combat ne sont plus, tout manque en apparence; mais, en réalité, s’il y a la foi, rien ne manque. «L’Éternel, votre Dieu», dit Josué, «est celui qui a combattu pour vous» (v. 3 et 10). Les conducteurs peuvent partir; «l’issue de leur conduite» est une chose précieuse à considérer; mais Jésus Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement. Oui, rien ne manque s’il y a la foi; et là où elle n’est pas, tout s’écroule, comme cela est arrivé à Israël et à l’Église.

Il s’agissait désormais, pour que le peuple se maintînt à la hauteur de ses privilèges, que cette puissance de l’Esprit, qui, dans la personne de Josué, les avait conduits à la victoire, se réalisât dans leurs âmes et dans leur vie tout entière. «Fortifie-toi et sois ferme», avait-il été dit à Josué, au chap. 1:6, «car toi tu feras hériter à ce peuple le pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner». Voilà la puissance pour la victoire. Maintenant Josué dit au peuple: «Fortifiez-vous beaucoup» (v. 6). C’est la réalisation dans l’âme.

Or comment cette force spirituelle doit-elle se montrer chez le peuple? Dans l’obéissance à la Parole écrite: «pour garder» — et celle-ci est inséparable de la pratique — «et pour pratiquer tout ce qui est écrit dans le livre de la loi de Moïse». Pour obéir ainsi, le peuple avait non seulement la puissance de l’Esprit de Dieu avec lui, mais il avait sous ses yeux un homme, Josué, auquel les mêmes choses avaient été enjointes (1:7), qui avait suivi jusqu’au bout le chemin de l’obéissance, et qui, comme Paul, pouvait dire: «J’ai gardé la foi». Mais nous, chers lecteurs, nous avons le vrai Josué, le modèle parfait, le chef et le consommateur de la foi.

Remarquez encore ceci: comme Paul, Josué a pleine conscience des changements qui se préparent; un nouvel ordre de choses va être introduit par son départ. Ces deux hommes savaient que ce serait le déclin, mais, comme fil conducteur à travers les ruines, comme guide infaillible, ils recommandaient la Parole: «Je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, etc.». (Actes 20:32).

Oui, cette Parole a la puissance de nous édifier, de nous donner un héritage, mais avant tout de nous sanctifier. C’est pour l’avoir oubliée qu’Israël est tombé graduellement au niveau des nations idolâtres et de leurs abominations. Voyez, au v. 7, comment la pente est à la fois insensible et glissante; d’abord on prend place avec les nations: on oublie la séparation du monde; puis on fait mention du nom de leurs dieux; les principes qui règlent le monde nous deviennent familiers; puis nous faisons jurer par eux: nous trouvons naturel que d’autres les reconnaissent; puis nous les servons, et enfin nous nous prosternons devant eux. Nous sommes devenus nous-mêmes de pauvres esclaves du monde et de son prince! Quel chemin rétrograde!

Mais, outre l’obéissance à la Parole, Josué indique encore au peuple d’autres moyens de conserver leurs bénédictions. Le second est «l’attachement à l’Éternel» (v. 8); il faut que le cœur, que les affections soient attachés à la personne de Christ. Pensez-vous souvent, bien-aimés, à ce verset du Ps. 63: «Mon âme s’attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient»? Ne sent-on pas là un cœur qui s’est donné tout entier, et qui peut le dire au Seigneur, car ce ne sont pas des sentiments que l’on étale devant le monde. C’est une âme éprise de la beauté de son objet, qui se donne à lui tout entière. Alors elle découvre en lui une force qui l’élève au-dessus de toutes les difficultés et la préserve de tous les dangers: «Ta droite me soutient». Il en est de même dans notre chapitre; aux v. 9 et 10, le peuple a fait l’expérience de la force de l’Éternel en s’attachant à Lui. Oh! puissions-nous, dans nos jours troublés, trouver plus de cet attachement intime des âmes à Christ, — l’état d’un cœur qui ne cherche et ne veut que lui; qui ne fait pas montre devant le monde de ses sentiments ou de sa consécration à Dieu, d’un cœur qui ne dit pas: «Je suis riche, et je me suis enrichi», mais qui dit à Christ, dans le silence où son oreille toute seule peut entendre nos accents: «Je t’aime, parce que tu m’as aimé le premier», mais aussi pour ton incomparable beauté, ô modèle inimitable, dont j’aimerais pouvoir reproduire quelques traits! «Mon âme s’attache à toi pour te suivre».

Le troisième moyen, c’est la vigilance. «Prenez bien garde à vos âmes, pour aimer l’Éternel votre Dieu» (v. 11). Nous avons à veiller sur nos cœurs, à ne pas y tolérer l’entrée, souvent très subtile, des convoitises qui affaiblissent les affections pour le Seigneur, et le remplacent bientôt au-dedans de nous par des objets indignes d’être comparés avec lui, ce qui l’oblige à nous juger (v. 12-16). «Mais fuis les convoitises de la jeunesse», dit l’apôtre. «Soyez sobres, veillez».