Josué

Chapitre 2

Rahab

Dans la seconde partie du chap. 1, nous avons vu deux classes de personnes appelées à traverser le Jourdain pour entrer dans le pays de la promesse, type des lieux célestes: le peuple, et les deux tribus et demie dont le caractère moral n’est pas à la hauteur de leur vocation, mais qui prennent part au combat pour assurer à Israël la possession de son héritage. Rahab et sa maison nous présentent une troisième classe de personnes: les gentils, partageant par la foi, en commun avec l’ancien peuple de Dieu, la jouissance des promesses. Rahab la prostituée était gentile; elle appartenait par sa naissance à cette vaste classe dont parle l’épître aux Éphésiens: «Vous, autrefois les nations dans la chair, qui étiez appelés incirconcision par ce qui est appelé la circoncision faite de main dans la chair, vous étiez en ce temps-là sans Christ, sans droit de cité en Israël, et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde»; et de plus, Rahab était une personne dégradée parmi les gentils eux-mêmes.

Mais la parole de Dieu vient à elle: «Nous avons entendu», dit-elle aux espions. C’était une parole qui établissait la grâce et la délivrance pour les uns, le jugement pour les autres. La foi en cette parole la range immédiatement, dans sa conscience, sous le poids du jugement: «Nous l’avons entendu et notre cœur s’est fondu» (v. 11). Comme son peuple, elle est remplie de crainte, mais tandis que celui-ci avait perdu tout courage, cette crainte pour elle était le commencement de la sagesse, car elle est la crainte de l’Éternel. La crainte la fait regarder à Dieu. Immédiatement elle acquiert une certitude (je sais, v. 9), c’est que ce Dieu est un Dieu de grâce pour son peuple. Elle cherchera donc sa ressource en ce Dieu qui est la ressource des siens. La foi n’est pas l’imagination humaine qui aime à se tromper et qui voit les choses sous le jour qui lui plaît. Ce n’est pas l’esprit humain échafaudant ses conclusions sur des possibilités ou des probabilités; elle dit simplement: «Je sais», parce qu’elle a entendu ce que l’Éternel a fait.

Rahab regarde à Dieu. Elle est sous la menace du jugement, mais elle voit que Dieu s’intéresse à son peuple. Elle se dit: Pour que Dieu me soit favorable, il faut que je sois avec ce peuple. Aussi, quand les espions se présentent, Rahab, par la foi, les reçoit «en paix» (Héb. 11:31); et tandis que le monde les cherche partout pour se débarrasser du témoignage de Dieu, elle les estime et les met en sûreté, car ils sont pour elle le moyen employé de Dieu qui la fera échapper au jugement futur. De leur conservation dépend sa délivrance; non seulement elle croit au Dieu d’Israël, mais, comme l’a dit quelqu’un, «elle s’identifie avec l’Israël de Dieu». — Sa foi reçoit une réponse immédiate. Elle n’a pas besoin, pour en acquérir la certitude, de voir Jéricho environnée de l’armée de l’Éternel. Ce ne serait pas la foi. Celle-ci est l’assurance des choses qu’on espère et la conviction de celles qu’on ne voit point. Remarquez combien la réponse est complète et digne de Dieu. Elle avait dit: «Jurez-moi... que vous sauverez nos âmes de la mort». Les messagers répondent: «Nos vies payeront pour vous». Sa foi trouve en d’autres (nous, en Christ) le garant par substitution que la mort ne l’atteindra pas.

Ce n’est pas tout. Un cordon de fil écarlate, symbole sans apparence de la mort d’un être qui aurait pu dire: «Je suis un ver et non pas un homme», lui suffit comme gage et sauvegarde. Comme le sang de l’agneau pascal, mis sur la porte de la maison, éloignait le jugement de l’ange exterminateur, ainsi le cordon écarlate, suspendu à la fenêtre d’une maison qui «était sur la muraille», va garantir la maison et tous ceux qui s’y trouvent, quand la muraille elle-même s’écroulera au bruit des trompettes de Jéhovah.

Encore un point: Ce sont des témoins vivants qui sont les garants que la mort est la sauvegarde de Rahab. Il en est de même pour nous: Christ est le témoin vivant devant Dieu de l’efficace parfaite, en rédemption, de son sang versé à la croix pour nous. «Non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, il est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle».

Cher lecteur, quelle belle foi que celle de Rabah! Elle n’attend pas, selon la recommandation des espions, que le peuple «soit entré dans le pays» (v. 18), pour lier le cordon à sa fenêtre; à peine sont-ils partis, elle se hâte de l’y mettre. Elle témoigne ainsi de ce qu’elle a cru; sa foi ne tarde pas, elle parle désormais hautement; de sa fenêtre elle proclame Christ, et l’efficace de son œuvre pour sauver la plus misérable des pécheresses.

Enfin, Rahab est non seulement un exemple de foi, mais aussi un exemple des œuvres de foi. «Et pareillement, Rahab aussi, la prostituée, n’a-t-elle pas été justifiée par les œuvres, ayant reçu les messagers et les ayant mis dehors par un autre chemin?» (Jacques 2:25). Il est impossible que la foi aille sans les œuvres. Il y a des œuvres mortes, celles qui ne sont pas le produit de la foi; et il y a une foi morte, celle qui ne produit pas les œuvres. Mais les œuvres de Rahab ne peuvent être que le fruit de la foi. Offrir son fils en holocauste comme fit Abraham, ou trahir sa patrie, briser un vase précieux pour dilapider son seul bien, un parfum de grand prix, ce sont des actes que le sens humain réprouve, et dont le monde blâme ou punit les auteurs; mais ce qui les rend approuvés de Dieu, c’est que la foi en est le mobile, une foi qui sacrifie tout pour Dieu et qui abandonne tout pour son peuple.

Aussi Rahab a trouvé sa récompense: une place d’honneur lui est réservée au nombre de celles qui, parmi le peuple terrestre de Dieu, forment la lignée du Messie (Matt. 1:5).