Juges

Chapitre 5

Le cantique de Debora

L’Éternel vient d’opérer une délivrance merveilleuse par la main de deux faibles femmes et d’un homme sans caractère, exaltant sa grâce et sa puissance par l’infirmité de ses instruments. Cette victoire, nous l’avons dit, est le signal du réveil du peuple. L’Esprit de Dieu donne une expression à ce réveil par la bouche de la prophétesse. Debora et Barak décrivent et célèbrent les bénédictions retrouvées par la délivrance d’Israël.

(v. 1). «Et Debora chanta, en ce jour-là, avec Barak, fils d’Abinoam, en disant:»

La première chose qui suit la délivrance, c’est la louange, bien différente, sans doute, en un temps de ruine, de ce qu’elle était au commencement. Jadis, quand ils sortirent d’Égypte, «Moïse et les enfants d’Israël, chantèrent un cantique à l’Éternel» (Ex. 15:1); le peuple tout entier entonna avec son conducteur le chant de la délivrance. Pas une voix n’y manquait. Représentons-nous l’harmonie de ces 600000 voix, fondues en une, pour célébrer sur le rivage de la mer, la victoire remportée par l’Éternel: «Je chanterai à l’Éternel, car il s’est hautement élevé». Toutes les femmes, Marie à leur tête, s’associant à ces louanges, répétaient les mêmes paroles: «Chantez à l’Éternel, car il s’est hautement élevé». Au chap. 5 des Juges, quel contraste! «Debora chante avec Barak». Une femme et un homme, deux êtres seuls, deux témoins d’un temps de ruine; mais le Seigneur est présent, l’Esprit de Dieu s’y trouve, et si ces deux sont les témoins de la ruine, ils ont cependant de quoi se réjouir et célébrer la grandeur de l’œuvre de l’Éternel. La louange retrouvée est la marque d’un vrai réveil, le premier besoin des enfants de Dieu qui se reconnaissent. Debora et Barak ne font pas bande à part, alors même que tout le peuple ne s’est pas joint à eux, ils reconnaissent l’unité du peuple et leur louange est l’expression de ce qu’Israël tout entier aurait dû dire.

(v. 2). «Parce que des chefs se sont mis en avant en Israël, parce que le peuple a été porté de bonne volonté, bénissez l’Éternel!»

Le motif de la louange, c’est ce que la grâce de Dieu a produit dans les conducteurs et chez le peuple. Dieu reconnaît cela et encourage ainsi les siens si chancelants et si faibles.

(v. 3). «Rois, écoutez! princes, prêtez l’oreille! Moi, moi, je chanterai à l’Éternel; je chanterai un hymne à l’Éternel, le Dieu d’Israël».

La louange appartient exclusivement aux fidèles. «Moi, moi», disent-ils. Les rois et les princes des nations sont invités à écouter; mais ils n’ont aucune part à ce cantique, car la délivrance d’Israël est leur ruine.

(v. 4-5). «Éternel! quand tu sortis de Séhir, quand tu t’avanças des champs d’Édom, la terre trembla, et les cieux distillèrent, et les nuées distillèrent des eaux. Les montagnes se fondirent devant l’Éternel, ce Sinaï, devant l’Éternel, le Dieu d’Israël».

Ces paroles rappellent le début du cantique de Moïse, en Deut. 33, auquel le Ps. 68:8, 9, fait aussi allusion. Nous y trouvons un autre principe important du réveil. Les âmes sont poussées à remonter aux bénédictions premières, recherchant ce que Dieu fit au début, ne se dirigeant pas d’après ce qu’elles ont sous les yeux, mais se demandant: «Qu’est-ce que Dieu a fait?» C’est notre sauvegarde en un temps de ruine. Ne disons pas, comme les chrétiens infidèles: Accommodons-nous aux jours où nous vivons. En un temps dont l’apôtre Jean disait: «C’est la dernière heure», les saints avaient pour ressource «ce qui était dès le commencement» (1 Jean 1:1).

(v. 6-8). «Aux jours de Shamgar, fils d’Anath, aux jours de Jaël, les chemins étaient délaissés, etc.».

Un nouveau principe apparaît ici. Les fidèles reconnaissent la ruine d’Israël. Ils ne cherchent ni à pallier, ni à excuser le mal, mais en jugent selon Dieu. Quatre faits caractérisent cette ruine: l° «Les chemins étaient délaissés, et ceux qui allaient par les grands chemins allaient par des sentiers détournés». Voilà ce que le joug de l’ennemi avait produit. Il n’y avait plus aucune sécurité pour le peuple sur les grands chemins, sur les chemins où tous avaient marché ensemble, car c’était là qu’on rencontrait l’ennemi, et la foule choisissait des chemins détournés, chacun selon ce que son cœur lui disait. N’est-ce pas ce qui caractérise aussi de nos jours l’Église de Dieu? — 2° «Les villes ouvertes étaient délaissées en Israël». Les lieux où le peuple habitait en famille et en paix, étaient abandonnés. Cette union visible du peuple avait disparu jusqu’au jour où Debora fût suscitée pour la restauration partielle d’Israël. Aperçoit-on davantage aujourd’hui l’unité de la famille de Dieu? Hélas! si un certain nombre de fidèles la manifestent, elle n’existe plus, comme ensemble, que pour la foi et dans les conseils de Dieu. — 3° «On choisissait de nouveaux dieux; alors la guerre était aux portes». Oui, l’idolâtrie était devenue la religion du peuple, qui avait abandonné Dieu, le Dieu d’éternité. Israël ayant offensé l’Éternel, était châtié par la guerre et par un ennemi qui le pressait sans relâche. — 4° «On ne voyait ni bouclier ni pique chez quarante milliers d’Israël». Il n’y avait plus d’armes contre le mal. Où sont-elles maintenant les armes? Qu’a-t-on fait de l’épée de l’Esprit? Où est la puissance de la Parole, pour résister aux fausses doctrines pullulant au milieu de la chrétienté, rongeant comme une gangrène, jetant dans la poussière le nom merveilleux de Christ? Pourquoi, dit le psalmiste, jetez-vous ma gloire dans l’opprobre? Même le bouclier de la foi a été jeté par terre, le mal domine, et le peuple de Dieu ne peut s’en garder.

Au milieu du désordre, la part du fidèle est d’apprécier la grandeur du mal en baissant la tête avec humiliation. Ce n’est pas tout de connaître nos bénédictions célestes, Dieu veut que nous reconnaissions pleinement, pour nous en séparer, l’état de choses par lequel nous avons déshonoré Dieu, nous son peuple. Si nous appartenons au témoignage de Dieu, retirons-nous du mal. Le caractère le plus affreux des temps de la fin, ce n’est pas l’immoralité ouverte, quoique les mœurs soient aujourd’hui profondément corrompues, ce sont spécialement les fausses doctrines. La 2° épître à Timothée nous exhorte, surtout au sujet de ces dernières, à nous retirer de l’iniquité, à nous séparer des vases à déshonneur. Mais cela ne suffit pas. La prophétesse ajoute:

(v 9). «Mon cœur est aux gouverneurs d’Israël qui ont été portés de bonne volonté parmi le peuple». C’est un autre principe. L’âme voit le bien là où l’Esprit de Dieu le produit, et s’y associe. Le cœur de Debora est avec les fidèles en Israël. Elle prend ouvertement position avec ceux qui étaient portés de bonne volonté, et reconnaissant ce que Dieu a fait au milieu de la ruine, elle dit: «Bénissez l’Éternel!» heureuse de voir ici-bas ce petit témoignage parmi les gouverneurs. Que tous nos cœurs l’apprécient et puissions-nous répéter avec elle: «Bénissez l’Éternel!»

(v. 10,11). Ensuite la prophétesse, se tournant vers ceux qui jouissent en paix des bénédictions reconquises, leur dit: «Vous qui montez sur des ânesses blanches» un signe de richesse et de prospérité: les fils des familles nobles et des juges possédaient ce privilège (Conf. 10:4; 12:14). C’est comme un appel à ceux qui jouissent sans combat du fruit de la victoire. «Vous qui êtes assis sur des tapis»; ceux qui profitent d’un repos rempli de bien-être. «Vous qui allez par les chemins»; ceux qui jouissent de la sécurité acquise. Debora, dis-je, s’adresse à eux et les engage à «méditer». Ils ne sont pour rien dans cette victoire, sinon pour en goûter les fruits, car quelques-uns seulement avaient combattu, dont ils pouvaient entendre les voix au partage du butin, au milieu des lieux où l’on puise l’eau. Ce temps, il ne fallait pas l’oublier, quelque béni qu’il fût, n’était pas plus la restauration d’Israël, que les réveils de nos jours ne sont un rétablissement de l’Église. Si les vainqueurs pouvaient raconter les justes actes de l’Éternel envers ses villes ouvertes d’Israël, si le peuple s’était levé pour descendre aux portes et faire face à l’ennemi, ce n’en était pas moins un temps de ruine et une restauration partielle. Ah! qu’il sied bien au peuple de Dieu de nos jours, de ne pas oublier ces choses!

Mais il est pour nous des bénédictions plus grandes encore. Le ton du cantique s’exalte, les paroles s’envolent pressées de la bouche de Debora.

(v. 12). «Réveille-toi, réveille-toi, Debora! Réveille-toi, réveille-toi, dis un cantique! Lève-toi, Barak, et emmène captifs tes captifs, fils d’Abinoam!» Le Ps. 68, cet hymne magnifique dont tant de passages rappellent le cantique de Debora (conf. v. 8, 9, 13, 18), célèbre la pleine restauration milléniale d’Israël, à la suite de l’exaltation du Seigneur. L’Éternel, y est-il dit, demeurera au milieu de son peuple: «L’Éternel y demeurera pour toujours... le Seigneur est au milieu d’eux». D’où peut venir cette bénédiction? Le prophète répond: «Tu es monté en haut, tu as emmené captive la captivité; tu as reçu des dons dans l’homme, et même pour les rebelles, afin que l’Éternel, Dieu, ait une demeure». Or les mots de ce cantique qui célèbre la plénitude des bénédictions futures, nous les entendons sortir ici de la bouche d’une faible femme en un temps de ruine, où l’Éternel a marqué le front d’Israël du signe des bénédictions perdues! «Lève-toi, Barak, et emmène captive ta captivité, fils d’Abinoam!» Quel encouragement pour nous! Il est des vérités élevées entre toutes qui sont le partage spécial de la foi aux temps abaissés des juges, comme aux temps fâcheux que nous traversons. Le cantique de Moïse débordant de la joie du peuple racheté, après la traversée de la Mer Rouge, célébrait la délivrance par la mort, pour amener le peuple à la demeure de Dieu et plus tard au sanctuaire que ses mains avaient établi. Merveilleux cantique, hymne de l’âme à son début, contemplant la victoire dont l’antitype est à la croix, hymne où le cœur exhale, comme un parfum répandu, les louanges de la délivrance, cantique toutefois qui ne l’exprime pas tout entière.

C’est une femme qui, dans un temps d’obscurité et de ruine, entonne un cantique s’élevant au-delà de la mort, l’hymne de la délivrance par la résurrection. En effet, de qui s’agit-il ici? «Lève-toi, Barak!» Est-il question seulement du fils d’Abinoam? Nous n’hésitons pas, pour notre part, à voir en Barak un type encore mystérieux du Christ monté à la droite de Dieu, emmenant captive la captivité (cf. Éph. 4:8).

Les temps s’étaient bien assombris depuis le cantique de l’Exode, et voici que l’intelligence prophétique d’une femme nous fait monter en haut avec le type d’un Christ ressuscité. Elle se réveille; ses yeux sont ouverts pour contempler une scène glorieuse, Barak se levant pour emmener la captivité vaincue, faible image de cette liberté dans laquelle Christ vainqueur nous introduit pour en jouir éternellement avec lui. Si les choses énumérées au commencement de ce chapitre caractérisent le réveil d’aujourd’hui, il en est une qui doit le caractériser entre toutes, la connaissance d’un homme glorieux monté à la droite de Dieu, d’un homme que nos yeux et nos cœurs vont chercher dans cette scène céleste où lui, le vainqueur, est entré, après nous avoir délivrés par sa mort et par sa résurrection. — Encore une fois, bien-aimés, loin de nous décourager, n’avons-nous pas lieu de répéter avec Debora: «Bénissez l’Éternel!»

(v. 13). «Alors descends, toi, le résidu des nobles, comme son peuple; Éternel descends avec moi au milieu des hommes forts»

Maintenant Israël est appelé à descendre de ce qui est devenu son lieu d’origine, pour combattre et rendre témoignage au milieu de la scène où Dieu le laisse encore. Nous ne pouvons nous attendre, même en un temps de réveil, à voir descendre le peuple tout entier. Ce ne sera jamais que «le résidu des nobles», mais, privilège immense, Dieu le compte «comme son peuple», car il en est à ses yeux le représentant béni. Quelle joie le cœur des fidèles ne devrait-il pas éprouver de voir, ne fût-ce qu’un témoin, se détacher pour Dieu du troupeau qui, comme Ruben, est «resté entre les barres des étables!» Nous pouvons désirer, mais non pas attendre davantage; s’il en était autrement, nous ne serions pas en un temps de ruine. Et pourtant, quelle part est la nôtre! «Éternel! descends avec moi au milieu des hommes forts». Mes frères, cela ne nous suffit-il pas? Celui qui est monté en haut est le même qui descend avec nous pour nous donner la victoire dans de nouveaux combats.

(v. 14-18). Dieu enregistre ceux qui ont été pour lui et ceux qui, pour un motif ou l’autre, sont restés en arrière. Éphraïm, Benjamin, Zabulon, Issacar, sont descendus avec des cœurs non partagés, dans le chemin de l’Éternel. Mais voici que Ruben s’arrête à ses frontières et délibère indécis. Pourquoi donc? «Pourquoi es-tu resté entre les barres des étables, à écouter le bêlement des troupeaux?» La trompette de rassemblement n’avait pas de voix pour le cœur de Ruben. Ruben, trop prospère, voulait jouir tranquillement des richesses qu’il s’était acquises; son repos à lui était entre les barres des étables. Alors il s’arrête aux ruisseaux qui forment ses frontières. Chrétiens d’aujourd’hui, est-ce là notre position? Avons-nous suivi les nobles qui nous ont montré le chemin? En sommes-nous restés aux «grandes délibérations de cœur?» Manquons-nous de décision dans le témoignage pour Christ?

«Galaad est demeuré au-delà du Jourdain». Ils n’étaient plus, ces jours où Galaad en armes accompagnait ses frères dans les victoires de Canaan. Maintenant, satisfait de sa position terrestre, — dirai-je, de sa religion terrestre? — en dehors des limites proprement dites du pays, au-delà du Jourdain, il n’éprouve pas d’autre besoin et demeure où il est. «Aser est resté au bord de la mer, et il est demeuré dans ses ports». Quand il s’agissait de combattre, où trouver Aser? À ses affaires, à son commerce. Il n’en avait pas sacrifié la moindre part pour livrer la bataille de l’Éternel. Toutefois, Debora ne s’attarde pas à la constatation du mal. Pleine de joie, elle se plaît à relater chaque trait de dévouement pour l’Éternel (v. 18). «Zabulon est un peuple qui a exposé son âme à la mort, Nephthali aussi, sur les hauteurs des champs».

Puis vient (v, 19-22) un autre caractère des fidèles. Ils ne se glorifient pas, ne pensent pas à eux-mêmes et, n’attribuant la victoire qu’à Dieu seul, en proclament le caractère céleste.

«On a combattu des cieux; du chemin qu’elles parcourent, les étoiles ont combattu contre Sisera». Cette partie du cantique se termine par une malédiction sans réserve sur Méroz: «Maudissez Méroz, dit l’Ange de l’Éternel; maudissez, maudissez ses habitants! car ils ne sont pas venus au secours de l’Éternel, au secours de l’Éternel, avec les hommes forts». Ceux qui, dans ces temps troublés, ne prennent pas parti pour Christ, ceux qui, tout en se réclamant de son nom et de celui du peuple de Dieu, n’ont que des cœurs indifférents pour lui, qu’ils soient maudits! «Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu’il soit anathème, Maranatha!» (1 Cor. 16:22).

Maintenant (v. 24-27) Jaël est honorée, celle qui a peu de force est bénie. «Il a demandé de l’eau, elle lui a donné du lait; dans la coupe des nobles elle lui a présenté du caillé». Quand l’ennemi du peuple de Dieu vient à elle, cette femme use de grâce. Allant chercher ce qu’il y a de meilleur dans sa tente et honorant la dignité de Sisera, elle lui présente le lait dans la coupe des nobles. N’est-ce pas le contraire du mépris? N’est-ce pas ainsi que nous avons à traiter les ennemis de Dieu, leur donnant pour les désaltérer et les nourrir, bien plus même qu’ils ne désirent? Les témoins de Dieu s’avancent avec la grâce au-devant des pires ennemis de Christ. Jaël est célébrée, parce qu’elle a fait cela; mais lisons la suite: «Elle a étendu sa main vers le pieu, et sa droite vers le marteau des ouvriers; elle a frappé Sisera, elle lui a brisé la tête, elle lui a fracassé et transpercé la tempe». Ah! le cœur de Jaël était néanmoins sans réserve avec le Dieu d’Israël, avec l’Israël de Dieu: quand il s’agissait de la vérité, qu’il fallait traiter l’ennemi comme tel, elle use de la plus grande énergie. Cette femme est à ce moment, dans l’enceinte étroite de la maison, le vrai conducteur des armées de l’Éternel. Elle est au premier rang, honorée de Dieu pour remporter la victoire, car elle a un cœur non partagé pour son peuple. Maudissez Méroz, mais que Jaël soit bénie!

(v. 28-30). Une autre scène se passe dans le palais de la mère de Sisera, dont l’orgueil est abaissé jusqu’en terre1.

1 Remarquez en passant que, malgré la position éminente que Dieu lui a donnée, Debora garde son caractère de femme en Israël, et montre une intelligence spéciale de ce qui touche le domaine de son sexe, célébrant ce qui honore Jaël, la femme croyante, et proclamant ce qui attire le jugement sur la femme hautaine. Plus tard, une autre femme, la reine de Séba, accueillie par Salomon, ne passait pas en revue les armées de ce roi, mais considérait «la maison qu’il avait bâtie, et les mets de sa table, et la tenue de ses serviteurs, et l’ordre de service de ses officiers, et leurs vêtements, et ses échansons, et la rampe par laquelle il montait dans la maison de l’Éternel» (1. Rois 10:4-5), avec une intelligence capable d’apprécier ce qui appartenait à ce domaine.

Le cantique de Debora se termine par ces mots «Qu’ainsi périssent tous tes ennemis, ô Éternel! mais que ceux qui t’aiment soient comme le soleil quand il sort dans sa force!» (v. 31). Encore une bénédiction retrouvée qui caractérise le réveil. Debora proclame son espérance. Elle regarde en avant vers le jour glorieux où, le Seigneur ayant exécuté le jugement, les saints d’Israël resplendiront comme le soleil lui-même, semblables à Celui dont le visage était, aux yeux du prophète, «comme le soleil quand il luit dans sa force» (Apoc. 1:16; cf. Matt. 13:43).

Au milieu de la nuit de ce monde, nous avons aussi, frères, mais bien mieux que Debora, cette espérance tout près de nous. Déjà l’étoile du matin s’est levée dans nos cœurs, déjà les yeux de la foi, perçant le voile, se réjouissent de la scène merveilleuse qu’il cache encore et qui se résume en une parole ineffable: Être toujours avec le Seigneur!

Et l’Épouse qui veille aux heures ténébreuses
Et qui pressent déjà ton lever matinal,
Tressaille, et saluant tes clartés glorieuses,
Jette au-devant de Toi son appel virginal.

Et voici qu’un vent frais, précurseur de l’aurore,
Soufflant des mots sacrés, annonce Ton retour.
Écoutez! des sommets descend un cri sonore...
Il éclate soudain. — Hosanna! C’est le jour!

Hosanna! l’Époux vient! l’Église est transmuée!
Pour les saints endormis, c’est le jour du réveil!
Nous montons, emportés vers Toi sur la nuée,
Comme une goutte d’eau qui retourne au soleil!