Jean

Chapitre 20

Le Seigneur ressuscité, mais invisible

(v. 1-10) — Cet évangile ne mentionne que la présence de Marie de Magdala au sépulcre, ce qui ne veut pas dire que les femmes mentionnées dans les autres évangiles n’y fussent pas aussi venues. L’Esprit de Dieu n’a pas entrepris de nous donner un récit complet des faits qui eurent lieu, mais de présenter ceux propres à faire ressortir la vérité que Dieu veut nous communiquer. Ainsi, pour saisir la pensée de Dieu, il ne faut pas les mélanger, ni même chercher à les accorder. La foi en la Parole de Dieu suffit. Ce qui est dit du rôle des femmes à la résurrection du Seigneur se rapporte au caractère de chaque évangile.

En Matthieu, le Seigneur ressuscité renoue, en figure, ses relations avec le résidu juif en Galilée, où il commença son ministère, au milieu des pauvres du troupeau (Matt. 4:12 et suivants). De là, le Messie rejeté, mais Seigneur qui a reçu toute autorité, envoie ses disciples prêcher l’évangile à toutes les nations. Marc, tout en ressemblant beaucoup à Matthieu, mentionne des faits qui se rapportent à Luc et à Jean; le Seigneur délègue ses disciples dans le monde pour annoncer l’évangile; il coopère avec eux depuis la gloire et confirme la parole par les signes qui l’accompagnent, ce qui se rapporte à l’évangile qui présente l’activité du Serviteur parfait. Luc ne parle pas de la Galilée; il montre Jésus donnant aux disciples l’intelligence de ce qui le concernait dans la Parole et leur fournissant toutes les preuves de sa parfaite humanité quoique ressuscité; il leur ouvre l’intelligence pour qu’ils comprennent les Écritures et les envoie prêcher la repentance et la rémission des péchés en commençant par Jérusalem; le livre des Actes en continue le récit. Les disciples doivent attendre le Saint Esprit à Jérusalem. Marc et Luc seuls parlent de l’ascension du Seigneur. Mais revenons au récit de Jean.

«Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit; et elle voit la pierre ôtée du sépulcre» (v. 1). D’emblée nous nous trouvons sur un terrain nouveau. C’est le premier jour de la semaine. Pour Israël l’institution de la Pâque avait mis fin à l’ancienne manière de compter les années (Exode 12:2); maintenant que ce que typifiait la Pâque est accompli, un temps nouveau commence, celui de l’ère chrétienne et, on peut le dire, de l’ère éternelle, par la résurrection du Seigneur. Ce chapitre mentionne trois fois le premier jour, mais Marie n’en connaissait pas encore l’importance. Elle constate la disparition du corps du Seigneur, mais ne croit pas à sa résurrection. «Elle court donc, et vient vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit: On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis» (v. 3). Elle n’avait donc pas été seule au sépulcre, mais ici il ne s’agit que d’elle, le Saint Esprit a besoin d’elle seule pour l’enseignement qu’il veut nous donner. Pierre et l’autre disciple, Jean, courent ensemble au sépulcre; Pierre est devancé par son compagnon qui n’entre pas, mais aperçoit, en se baissant, les linges à terre. Pierre arrive; avec son ardeur habituelle, il entre dans le sépulcre et voit aussi les linges, ainsi que le suaire, qui avait couvert la tête de Jésus, «plié en un lieu à part» (v. 3-7). On voit chez Jean cette crainte respectueuse de la personne du Seigneur qui l’engage à se tenir hors du sépulcre, et chez Pierre, outre son impétuosité habituelle, le désir bien légitime de savoir ce qu’était devenu son cher Maître qu’il avait renié. Le sépulcre était vide; mais l’ordre dans lequel se trouvaient les linges montrait avec quel calme et quelle dignité le Fils de Dieu avait quitté le séjour des morts. De même qu’il avait lui-même remis son esprit, il était sorti lui-même de la mort à l’heure voulue, en laissant ce lieu dans un ordre parfait. Lazare sortit lié du tombeau à la parole puissante de Jésus; mais il fallut le délier pour qu’il marchât. Le Seigneur n’avait nul besoin de l’intervention d’autrui. Comme nous l’avons déjà remarqué dans cet évangile, Jésus traverse toutes les phases de l’œuvre qu’il avait entreprise, depuis son arrestation à sa résurrection, dans une obéissance absolue, mais dominant cette scène avec la dignité et la puissance du Fils de Dieu.

«Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et crut; car ils ne connaissaient pas encore l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts» (v. 8, 9). Les deux disciples constatent la résurrection de Jésus; Jean voit et croit. Leur foi en Jésus comme Messie avait limité leur intelligence quant à sa personne et à son œuvre. Elle les avait empêchés de croire à sa résurrection, dont il leur avait souvent parlé. Ils avaient cru en un Christ vivant; sa mort annulait tout ce qu’ils avaient pensé de lui. Et maintenant qu’après avoir vu, ils croient à la résurrection de Christ d’entre les morts, il leur manque la foi en sa personne vivante, ressuscitée. Il faut à la foi un objet et non seulement des faits constatés. N’ayant pas encore la foi en la personne de Christ ressuscité, ils ont un «chez eux», sans lui, dans ce monde: «Les disciples s’en retournèrent donc chez eux» (v. 10). Marie ne se contente pas d’une simple constatation; son cœur reste attaché à la personne de Jésus, mort ou ressuscité; elle n’a pas de chez elle sans lui; elle le cherchera et le trouvera.

 

Marie et les anges

(v. 11-13) — «Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. Comme elle pleurait donc, elle se baissa dans le sépulcre; et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. Et ils lui disent: Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur dit: Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis» (v. 11-13). Marie n’avait pas plus d’intelligence que les disciples; elle aurait dû savoir aussi bien qu’eux que Jésus ressusciterait. Mais elle leur était supérieure en ce que rien ne pouvait combler le vide immense qu’éprouvait son cœur en l’absence de son objet. Aucun des disciples n’avait bénéficié d’une délivrance semblable à celle de Marie: le Seigneur avait chassé hors d’elle sept démons. Elle n’a pas de demeure dans le lieu où son Seigneur a été mis à mort. Ce monde, sans Christ, est pour elle ce qu’il devrait être pour tout croyant: un sépulcre vide, car tous nous étions, comme elle, sous la puissance de l’ennemi et nous en avons été délivrés par le Seigneur. Marie représente aussi le résidu juif aux derniers jours, délivré de la puissance de Satan, que le peuple incrédule avait acceptée en rejetant Christ et sous laquelle se retrouveront, dans une plus grande mesure, les apostats dont le résidu aura été séparé (voir Luc 11:26).

Marie, en pleurs, ne peut détacher ses regards de l’endroit où elle avait vu déposer le corps de son Seigneur. Mais là «elle voit deux anges vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché» (v. 12). Venus du ciel dans leur pureté immaculée, ils n’attirent pas l’attention de Marie sur eux; elle a un objet bien supérieur à ces êtres célestes. À leur demande: «Pourquoi pleures-tu? » elle répond comme s’ils eussent été de ses semblables; leur aspect ne l’impressionne nullement. La valeur de la personne de son Seigneur absent, son amour pour lui, source de sa douleur, éclipsent entièrement ces gloires angéliques. Si nos cœurs étaient plus absorbés par la personne du Seigneur, plus attachés à lui, combien de choses dans ce monde perdraient leur importance et quelle joie nous éprouverions à être occupés de lui!

Les anges sont aussi à leur aise dans ce sépulcre, parfaitement saint, que dans le ciel; il avait été occupé par le corps de celui devant lequel ils se voilaient la face lorsqu’il était dans la gloire et qu’ils ne virent que lorsqu’il devint homme. Ils étaient là pour la même raison que Marie: parce que Jésus y avait été. Mais Marie avait de tout autres motifs que les êtres célestes. Eux y accomplissaient leur service; Marie se savait un objet de la grâce, ce que les anges ne sont pas. Il est dit en Hébreux 2:16: «Car, certes, il ne prend pas les anges, mais il prend la semence d’Abraham». Jésus n’a pas pris la cause des anges, mais celle des hommes. Aussi, Marie veut posséder un objet aussi précieux à son cœur, tel qu’elle pourra l’obtenir.

 

Marie rencontre le Seigneur

(v. 14-18) — «Ayant dit cela, elle se tourna en arrière, et elle voit Jésus qui était là; et elle ne savait pas que ce fût Jésus. Jésus lui dit: Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit: Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai» (v. 14, 15). Marie ne regarde plus vers le sépulcre, séjour des morts; elle se retourne du côté où se trouvent les vivants. Il nous arrive souvent de fixer nos regards du côté de la mort; comme Marie, il faut considérer Christ vivant et voir avec lui ceux qui ne sont plus avec nous. Jésus avait été dans le sépulcre; il n’y était plus. En se retournant, Marie le voit; mais ayant devant les yeux son Seigneur qu’elle croit mort, elle ne le reconnaît pas; elle croit avoir à faire au jardinier. Ne supposant pas qu’il y eût un cœur étranger à l’objet de ses recherches, elle lui dit, sans explications: «Si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai». Elle ne veut laisser le corps de son Seigneur entre les mains d’aucun autre. «Jésus lui dit: Marie! Elle, s’étant retournée, lui dit en hébreu: Rabboni (ce qui veut dire Maître)!» (v. 16). Si Marie cherchait le Seigneur, lui, le bon Berger, cherchait sa brebis, sachant tout ce qui se passait dans son cœur. C’est lui qui avait créé en elle cette affection si ardente pour lui. Lui savait que nul autre ne pouvait la satisfaire. Si nous cherchons le Seigneur, si nos cœurs ne peuvent se passer de lui dans le monde qui l’a rejeté, il se manifestera à nous dans tout son amour. Il faut désirer qu’il remplisse le cœur. Il nous arrive de le désirer en conservant d’autres objets: dans ce cas notre jouissance, très partielle, est exposée à disparaître. Il n’en était pas ainsi de Marie; son cœur était tout entier à son Seigneur. Lorsqu’elle entend le bon Berger l’appeler par son nom, son cœur tressaille. Elle répond: «Maître, (celui qui enseigne)». Il était là pour lui communiquer tout ce dont elle avait besoin. Jésus lui dit: «Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père; mais va vers mes frères, et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala vient rapporter aux disciples qu’elle a vu le Seigneur, et qu’il lui a dit ces choses» (v. 17, 18). Dans sa joie, Marie s’élance vers son Seigneur; mais lui arrête le geste d’un cœur qui pensait reprendre avec lui des relations juives. Il lui dit: «Ne me touche pas», pour l’élever bien au-dessus de ce qu’elle attendait et de ce qui concernait le peuple d’Israël, et diriger sa foi vers le ciel où il allait entrer. Il lui apprendra dans quelle relation nouvelle ses bien-aimés sont introduits par sa mort et sa résurrection. Nous avons vu qu’en Matthieu les femmes saisirent les pieds de Jésus lorsqu’elles le rencontrèrent, parce que, dans cet évangile, le Seigneur reprend place au milieu du résidu juif auquel il promet sa présence jusqu’à la consommation du siècle. Cet acte se rapporte au caractère de l’évangile qui présente Jésus comme Messie. En Jean, tout ce qui concerne l’homme en Adam et les Juifs est mis de côté. Sa rencontre avec son peuple terrestre aura lieu à son retour. En attendant, les disciples, au lieu d’être les sujets du royaume du Fils de David, sont introduits dans une position nouvelle et céleste et dans la même relation que le Seigneur avec son Dieu et son Père.

Avant sa mort, le Seigneur avait parlé de son Père, qu’il révélait; mais il n’avait jamais dit à aucun des siens que Dieu était leur Dieu et leur Père, parce que Dieu ne peut être en relation avec l’homme en Adam. Il fallait que s’accomplît l’œuvre de la rédemption, dans laquelle le jugement de Dieu sur l’homme naturel a été exécuté. Il fallait que Christ ressuscitât pour placer le croyant dans la même relation que lui avec son Dieu et son Père. Jusque-là, le Seigneur était le seul homme en relation de nature avec Dieu; il avait reçu le Saint Esprit, parce qu’il était Fils de Dieu tout en étant un homme. Il fallait que ce seul homme, seul grain de blé, tombât en terre pour porter du fruit, c’est-à-dire qu’il y eût des hommes semblables à lui, placés dans la même relation que lui comme homme avec son Dieu, leur Dieu, et comme enfant avec son Père, leur Père. Au Psaume 22, après avoir été délivré des cornes des buffles, il dit: «J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation». C’est ce que le Seigneur ressuscité s’empresse de faire. Marie a le privilège d’annoncer ce message aux disciples. Elle les informe qu’elle a vu le Seigneur et qu’il lui a dit «ces choses». Si nos cœurs avaient un plus grand besoin de jouir de la communion du Seigneur, il se révélerait à nous dans une plus grande mesure, et nous aurions quelque chose de lui à communiquer. Ce fut la part de Marie comme résultat de sa persévérance à chercher le Seigneur. Qu’il nous accorde à tous d’imiter Marie, car ce que nous recevons de Jésus dans ce monde demeurera notre part personnelle durant l’éternité.

 

Le premier rassemblement autour du Seigneur

(v. 19-23) — Le soir du premier jour de la semaine, les disciples étaient rassemblés. Comme nous l’avons déjà vu, ce premier jour est le premier d’un nouvel ordre de choses. Le Seigneur a passé le dernier sabbat dans le tombeau, ce qui met entièrement fin à l’économie dans laquelle Dieu s’occupait de l’homme en Adam. Par l’institution du sabbat, Dieu montrait son désir d’introduire l’homme dans son repos; mais la chose ne put avoir lieu sur le pied de sa responsabilité. Il l’introduira, non en vertu de ses œuvres, mais en vertu de l’œuvre de Christ: «Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu» (Héb. 4:9). Le Fils de Dieu vient dans ce monde, porte les conséquences du péché de l’homme; il meurt, passe le jour du sabbat dans le tombeau; il ressuscite le premier jour de la semaine et introduit un homme nouveau dans une ère nouvelle, céleste et éternelle, sur le pied de la grâce. Ainsi, rétablir le sabbat, c’est annuler l’œuvre de Christ et ses résultats. On trouve déjà le premier jour de la semaine en Lévitique 23:11, où la gerbe des prémices était tournoyée le lendemain du sabbat, type de Christ ressuscité, en dehors de l’ordre de choses présenté par les sept jours.

Marie avait porté son message aux disciples; ceux-ci avaient entendu les deux d’entre eux qui avaient rencontré le Seigneur sur le chemin d’Emmaüs; ils savaient qu’il était apparu à Simon (voir Luc 24:33-35). Aussi se réunissent-ils le soir, évidemment pour s’entretenir des choses merveilleuses qui s’étaient passées ce jour-là. «Le soir donc étant venu, ce jour-là, le premier de la semaine, et les portes du lieu où les disciples étaient, par crainte des Juifs, étant fermées, Jésus vint, et se tint au milieu d’eux. Et il leur dit Paix vous soit!» (v. 19). C’est à cause de Jésus que les disciples se rassemblaient; mais ils n’oubliaient pas la scène de la crucifixion où la haine des Juifs s’était donné libre cours; aussi avaient-ils fermé les portes du lieu où ils se trouvaient, crainte de voir les Juifs reporter leur fureur sur les pauvres disciples du crucifié. Mais l’homme et sa haine sont sans puissance contre les objets de la grâce que la résurrection du Seigneur et sa victoire sur la mort, le monde, et son chef, plaçaient dans une toute nouvelle position, une même relation que lui-même avec son Dieu et son Père. La résurrection introduisait un état de choses nouveau. La vie avait triomphé de la mort; tout ce qui avait précédé était passé pour Christ et les siens. Le premier jour d’une ère nouvelle et éternelle avait lui dans ce monde. La crainte des Juifs appartient à ce passé; bientôt elle sera bannie. Leur haine subsistera; mais nous voyons, dans les Actes, les disciples accomplir leur service malgré l’opposition des Juifs.

Les portes fermées sur le monde et tout ce qui le caractérise, le vainqueur du monde et de la mort apparaît au milieu des disciples rassemblés. Jésus leur dit: «Paix vous soit». Il leur apporte la paix sur le terrain de la rédemption, la paix qu’il vient d’obtenir pour eux à un si grand prix. Au dehors, le monde avec son agitation, sa haine, sa mauvaise conscience et sa religion. Au dedans, le Seigneur avec les siens et la paix qu’il leur apporte. Quel merveilleux tableau offre cette première assemblée autour du Seigneur. Par la grâce de Dieu, nous pouvons encore réaliser ce rassemblement aujourd’hui au milieu des ruines de la chrétienté. «Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur» (v. 20). Jésus leur apporte les preuves qu’il est bien celui qui a été sur la croix; il est le même; mais ces marques dans ses mains et son côté sont aussi le témoignage de son amour pour eux, de l’accomplissement d’une œuvre parfaite sur laquelle reposent désormais leur position, leur paix, leur sécurité. En Luc où les disciples eurent peur de lui, parce qu’ils croyaient voir un esprit devant eux, le Seigneur leur fournit les preuves qu’il est le même, véritablement un homme: il leur montre ses mains et ses pieds seulement et il mange devant eux. Cela suffisait pour les convaincre. Ici, Jésus montre son côté, ce côté percé, d’où sont sortis l’eau et le sang, en vertu desquels est faite la paix qu’il leur apporte. Les disciples pouvaient éprouver de la joie en voyant le Seigneur. Ce jour-là, le premier dimanche, le Seigneur inaugura la première réunion d’assemblée; il accomplissait ce qu’il avait dit en Matthieu 18:20: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux». Jusqu’à ce que nous soyons tous autour du Seigneur, dans la gloire, nous avons aussi le privilège de réaliser, par la foi, sa présence quand nous sommes réunis à son nom. Comme les disciples nous nous réjouissons en voyant le Seigneur. Il dit, au chapitre 14:19, en parlant de la présence du Saint Esprit: «Et le monde ne me verra plus; mais vous, vous me verrez». Le monde reste de l’autre côté de la porte et du tombeau vide; mais ceux qui sont au dedans, avec le Seigneur ressuscité, peuvent réaliser sa présence, avec une même joie que les disciples au premier rassemblement.

«Jésus donc leur dit encore: Paix vous soit! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit: Recevez l’Esprit Saint. À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis; et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus» (v. 22, 23). Aux versets 19 et 20, nous trouvons le privilège des saints réunis au nom du Seigneur en attendant d’être autour de lui dans la gloire. Mais pendant que nous sommes dans ce monde, il y a un service à accomplir pour que d’autres soient amenés à jouir des mêmes privilèges que nous. Le Père avait envoyé le Fils dans ce monde pour accomplir l’œuvre qui amène des hommes pécheurs dans la présence de Dieu, une fois leurs péchés ôtés. Le Fils peut maintenant rentrer dans la gloire qu’il avait quittée et il envoie ses disciples dans le monde pour faire valoir, auprès des pécheurs, l’œuvre qu’il a accomplie sur la croix. Ils rencontreront le mépris et la haine, mais le Seigneur leur dit encore: «Paix vous soit!» Cette paix les accompagnera, même au milieu de la guerre que suscitera le monde.

Puis Jésus souffle en eux l’Esprit Saint, cette vie de l’Esprit qui l’avait caractérisé lorsqu’il était le seul homme sur qui l’Esprit pût descendre. Ce n’est pas encore l’Esprit comme personne; il n’est venu qu’après la glorification de Christ. C’est la vie de résurrection qui, en vertu de la mort de Jésus, devient la vie des croyants. Lorsque Dieu fit le premier homme de la poussière de la terre, il souffla en lui une respiration de vie et Adam devint une âme vivante. C’est ce qui fait la différence entre l’homme et la bête: la bête vit, mais pas du souffle de l’Éternel. Avec son âme vivante, dont l’existence ne peut cesser, l’homme, devenu pécheur, tombe sous l’empire de la mort. Le Fils de Dieu, le Créateur, devient un homme et il porte les conséquences du péché du premier homme en mourant sur la croix. En lui, dans sa mort, l’homme en Adam a pris fin. Il ressuscite et devient un esprit vivifiant, ou faisant vivre (1 Cor. 15:45). Nous le voyons ici communiquer la vie du nouvel homme à ceux qui avaient cru en lui. Dans la Genèse nous assistons à la création du premier homme et ici à celle du nouvel homme. Dès lors, possédant cette vie de l’Esprit, qui appartient au nouvel homme, les disciples, en annonçant le pardon des péchés, reçoivent la capacité de reconnaître en qui l’œuvre du salut est accomplie, quels sont ceux dont les péchés sont pardonnés. C’est ce que veut dire: «À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis; et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus». Il ne s’agit pas du pouvoir de pardonner les péchés, que s’est attribué certain clergé, mais de la capacité de discerner qui se trouve dans l’un ou l’autre cas, en affirmant au croyant que ses péchés sont pardonnés et en certifiant à celui qui ne croit pas que ses péchés ne le sont pas. Avant la mort et la résurrection de Christ, cela ne pouvait se faire. Sous l’ancienne alliance on ne connaissait que le pardon gouvernemental, quoique tous ceux qui croyaient Dieu fussent justifiés en vertu de l’œuvre que Christ accomplirait. Le pardon gouvernemental consistait à délivrer quelqu’un du jugement qui aurait dû l’atteindre pour des péchés qu’il avait commis. Il existe un jugement gouvernemental qui atteint les croyants et les non-croyants, et un pardon gouvernemental qui atteint ces deux catégories de personnes, mais il n’a rien à faire avec le salut ou la perdition éternelle. On voit un exemple du pardon gouvernemental à l’égard d’un homme qui n’était pas croyant, Achab, en 1 Rois 21:29; et un exemple du jugement gouvernemental sur un homme de Dieu, en David (2 Sam. 12:10). À cause de son péché, l’enfant de Bath-Shéba mourut et l’épée ne s’éloigna pas de sa maison, tandis que le jugement qui devait tomber sur l’impie Achab ne fut exécuté que dans les jours de son fils.

D’après le verset 22 de notre chapitre, ce n’est donc pas de la présomption de dire que l’on peut savoir qui a ses péchés pardonnés ou non, comme le prétendent certaines personnes. C’est une conséquence toute naturelle de la possession de la vie de l’Esprit, vie de résurrection, vie du nouvel homme, qui rend celui qui la possède, capable de discerner si d’autres l’ont ou ne l’ont pas.

 

Le second dimanche

(v. 24-31) — Thomas n’était pas avec les autres disciples le soir du premier jour de la semaine. Lorsqu’ils lui dirent qu’ils avaient vu le Seigneur, il leur répondit: «À moins que je ne voie en ses mains la marque des clous, et que je ne mette mon doigt dans la marque des clous, et que je ne mette ma main dans son côté, je ne le croirai point» (v. 24, 25). Dans la première rencontre du Seigneur avec les disciples, l’Esprit de Dieu nous présente, symboliquement, l’économie actuelle avec ses privilèges, comme elle est aussi symbolisée au premier chapitre (v. 35-43). Le Seigneur, au milieu des siens réunis en dehors du monde, leur apporte la paix, l’Esprit Saint, et les envoie dans le monde comme son Père l’avait envoyé. La rencontre du Seigneur avec Thomas, huit jours après, symbolise le moment où Jésus sera reconnu du résidu d’Israël qui ne croira qu’en voyant. Et nous verrons, au chapitre suivant, une troisième manifestation (v. 14), symbolisant l’introduction du règne millénaire et l’évangile du royaume annoncé aux gentils.

«Et huit jours après, ses disciples étaient de nouveau dans la maison, et Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant fermées; et il se tint au milieu d’eux et dit: Paix vous soit! Puis il dit à Thomas: Avance ton doigt ici, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais croyant. Thomas répondit et lui dit: Mon Seigneur et mon Dieu!» (v. 26-28). Nous voyons d’abord, dans ce récit, que les croyants se rassemblèrent, dès le début, le premier jour de la semaine, appelé jour du Seigneur ou jour dominical (voir Apoc. 1:10). Ils continuèrent de le faire comme on le voit en Actes 20:7, pour rompre le pain. Symboliquement, avons-nous dit, Thomas représente le résidu juif lorsque le Seigneur se fera reconnaître par lui. Privé des privilèges de l’Église par son incrédulité, puisqu’il n’avait pas eu la foi en un Christ ressuscité, comme Thomas, il était absent alors que les chrétiens jouissaient des privilèges que Christ ressuscité leur avait apportés. Thomas croyait en un Christ mort, comme croira le résidu au début de son réveil, jusqu’à ce qu’il voie «celui qu’ils ont percé». Ils s’écrieront comme Thomas: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Ceux qui croient en lui sans le voir, le connaissent comme leur Seigneur, leur Sauveur, dans la gloire; ils savent que leur position est en lui en attendant d’être avec lui. Ils le connaissent aussi comme chef de son corps, époux de l’Église dont ils font partie. Le résidu juif le connaîtra comme le Seigneur qu’il a rejeté, et comme son Dieu, Jéhovah. Jésus dit à Thomas: «Parce que tu m’as vu, tu as cru; bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru!» (v. 29). Ces bienheureux sont ceux de l’économie actuelle, celle de la grâce, mais aussi de la foi. Pierre, s’adressant à des chrétiens d’origine juive, leur dit: «Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez; et croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes» (1 Pierre 1:8, 9).

Ces bienheureux attendent le Seigneur pour être introduits en un clin d’œil dans sa glorieuse présence, semblables à lui. Ils n’auront pas à passer par la tribulation qui amènera le résidu à reconnaître «celui qu’ils ont percé», puisqu’ils l’ont connu par la foi, dans le temps de son rejet. Ils ont leur part céleste avec lui dans la gloire. Les bénédictions du peuple juif étant terrestres, il faudra une intervention toute puissante de Dieu pour l’y introduire, car son héritage est actuellement entre les mains de ses ennemis. Il subira auparavant la grande tribulation qui le préparera à recevoir son Libérateur jadis rejeté.

«Jésus donc fit aussi devant ses disciples beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom» (v. 30, 31). Jean nous indique le but de Dieu en donnant cet évangile. Ce n’était pas de raconter tous les agissements du Seigneur, puisqu’il ne nous rapporte que sept de tous ses miracles, mais, parmi ses actes et ses paroles, ce qui était nécessaire pour produire la foi et donner la vie. Il faut croire que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Le même apôtre dit dans sa première épître (chap. 5, v. 1): «Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu». On remarquera, en lisant cet évangile, que «quelques-uns» crurent après plusieurs des miracles rapportés, et après plusieurs des paroles que Jésus a dites (chapitres 2:11, 22; 4:39, 41, 53; 8:30; 10:42; 11:45; 12:11). Aujourd’hui beaucoup de gens nient la divinité du Seigneur, il est important de proclamer qu’il est le Christ, le Fils de Dieu, afin que ceux qui l’entendent croient et aient la vie par ce nom merveilleux.