Jean

Chapitre 16

La religion sans Christ

(v. 1-4) — Le Seigneur, dans les versets 18-25 du chapitre précédent, prévient ses disciples de la haine dont ils seront les objets de la part du monde qui le hait, afin qu’ils ne soient pas scandalisés. Ici il leur dit comment le monde les traitera, en croyant être agréable à Dieu: «Ils vous excluront des synagogues; même l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu. Et ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi» (v. 1-3). Après la transportation de Juda à Babylone, Dieu avait fait rentrer au pays un résidu pour y recevoir le Messie. Au lieu de reconnaître la bonté de Dieu à son égard, les Juifs continuaient de s’enorgueillir du privilège d’être le peuple élu, mais sans tenir compte des caractères de Dieu ni de ce qui lui était dû. Sans conscience de leur état de péché, ils refusaient le ministère de Jean le baptiseur qui les appelait à la repentance pour recevoir le Messie, et, lorsque celui-ci vint, ils ne l’accueillirent pas. Malgré cela, conduit par ses chefs religieux, le peuple demeurait dans son orgueil national avec la prétention de servir le vrai Dieu après l’avoir rejeté dans la personne de son Fils. Ils avaient osé dire à l’aveugle-né: «Donne gloire à Dieu; nous savons que cet homme est un pécheur». Ils allaient persister dans leur opposition à Christ en refusant de croire au témoignage du Saint Esprit et des apôtres, rendu à sa résurrection et à son exaltation à la droite de Dieu. Ils manifestèrent leur haine pour Christ en persécutant et en faisant mourir les chrétiens. C’est ce que Saul fit, croyant servir Dieu, jusqu’à ce qu’il fût arrêté sur le chemin de Damas.

Aujourd’hui, il en va de même dans la chrétienté. L’homme, dans son état naturel, admet du christianisme ce qui le distingue des peuples non civilisés et s’en enorgueillit; mais il ne veut rien de Jésus, présenté comme Sauveur et comme le Seigneur auquel il doit obéissance. Son orgueil n’admet pas qu’il ait mérité la mort que Christ a subie à la croix en portant à sa place le jugement qui lui était dû. Si les chrétiens ont été persécutés et mis à mort par les Juifs et ensuite par les païens, d’autres, tout aussi nombreux, l’ont été par les chrétiens de nom, et au nom de la religion chrétienne, parce qu’ils confessaient Jésus comme leur Sauveur et qu’ils maintenaient la vérité dans un christianisme corrompu, dans lequel on prétendait servir Dieu. On parle de garder la religion de ses pères, sans remonter à la vraie religion des pères; à «ce qui était dès le commencement», du christianisme (1 Jean 1:1; 2:7, 24). On veut un Dieu, le vrai Dieu, mais pas celui que Christ a révélé comme Père.

«Ils feront ces choses», dit le Seigneur, «parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi. Mais je vous ai dit ces choses, afin que, quand l’heure sera venue, il vous souvienne que moi je vous les ai dites; et je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous» (v. 3, 4). Pendant que le Seigneur était avec les disciples, il les gardait et les protégeait et le monde n’avait pas assumé définitivement son caractère d’ennemi de Christ et de Dieu. Maintenant qu’ils allaient être laissés seuls, ils sont prévenus, afin qu’ils ne soient pas surpris par les procédés d’un monde qui se prévaudra de ce qu’il sert Dieu, mais qui hait celui par lequel il s’est révélé en grâce et dont les disciples seront les témoins.

 

Ce qui était avantageux pour les disciples

(v. 5-7) — «Mais maintenant», dit Jésus, «je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et aucun d’entre vous ne me demande: Où vas-tu? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur» (v. 5, 6). On comprend qu’avec la perspective du départ de Jésus et des choses qui les attendaient, les disciples fussent remplis de tristesse. Cependant, d’après ce que le Seigneur leur avait dit relativement à son départ, ils auraient dû comprendre que tout n’était pas perdu pour eux, car il ne s’en allait pas comme une personne qui a échoué dans son entreprise. Si, pour le moment, tout était perdu pour Israël, il y avait des conséquences bénies, incalculables, pour ceux qui avaient reçu Jésus. Les disciples auraient dû demander au Seigneur où il allait et sachant combien il les aimait, comprendre que de son départ il découlerait pour eux de grands avantages. On voit au contraire combien ils pensaient que tout était fini, puisque le Seigneur les quittait. Les deux disciples, sur le chemin d’Emmaüs, ne disent-ils pas: «Nous espérions qu’il était celui qui doit délivrer Israël» (Luc 24:21)? Même après la résurrection du Seigneur, ils allaient reprendre leur vie de pêcheurs (chap. 21:3). Ils ne se préoccupaient que de ce qu’ils perdaient, et non des avantages qui résulteraient du fait que leur bien-aimé Seigneur s’en allait auprès du Père, quoiqu’il leur eût dit qu’il ne les laisserait pas orphelins. «Toutefois, je vous dis la vérité: Il vous est avantageux que moi je m’en aille; car si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai» (v. 7). En effet, l’Esprit Saint allait venir les introduire dans toutes les conséquences célestes et éternelles de l’œuvre accomplie par la venue de Jésus ici-bas. Il les remplirait d’une joie et d’une paix qu’ils ne connurent jamais en suivant le Seigneur, puisqu’ils espéraient le voir établir le royaume pour Israël. Il leur révélerait un Christ céleste et glorieux et leur part en lui pour le temps et l’éternité. Tout serait avantageux pour eux, malgré leurs tribulations. C’est ce que le Seigneur leur annonce dans la suite du chapitre, mais auparavant il leur dit ce que la présence du Saint Esprit sera pour le monde.

 

De la présence du Saint Esprit quant au monde

(v. 8-11) — «Et quand celui-là sera venu, il convaincra le monde de péché, et de justice, et de jugement: de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi; de justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus; de jugement, parce que le chef de ce monde est jugé». Jésus avait dit au chapitre 15, verset 22: «Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché». Au chapitre 8:21, il dit aux Juifs: «Moi, je m’en vais, et vous me chercherez; et vous mourrez dans votre péché», le péché de ne l’avoir pas reçu. Malgré ces déclarations le monde n’eût pas été convaincu de son état irrémédiable de péché, si le Seigneur fût resté ici-bas. Mais une fois monté au ciel, il envoie le Saint Esprit dont la présence dans le monde serait la démonstration de son péché. Si le Saint Esprit n’était pas ici-bas, il y aurait encore quelque espoir pour le monde. Sa présence prouve que Jésus est au ciel, rejeté par le monde dont le péché est démontré. Cela ne veut pas dire que le monde possède en lui-même cette conviction de péché qui le laisse sans espoir; il ne s’agit pas d’une conviction intérieure, mais de la démonstration d’un fait irrécusable. Admis ou non, la preuve en est établie. Lorsqu’une âme comprend sa culpabilité et son état de perdition, convaincue de péché, elle est heureuse de recevoir le Seigneur Jésus pour son Sauveur; elle est sauvée. C’est tout autre chose, bien que ce soit l’œuvre du Saint Esprit par la Parole de Dieu, tandis que la conviction de péché quant au monde le laisse dans l’état où son péché l’a placé. Il y a un salut pour le pécheur qui reçoit Jésus comme Sauveur, mais il n’y en a point pour le monde comme système qui a rejeté Christ.

Secondement, le Saint Esprit convainc le monde de justice, parce que Jésus va à son Père et qu’on ne le voit plus ici-bas. La justice ne se trouve pas dans le monde. Ce qui le prouve, ce ne sont pas les injustices qui se commettent journellement, mais bien la présence du Saint Esprit. Comment cela? Lorsque Jésus était ici-bas, accomplissant son œuvre d’amour en faveur de chacun, il fut condamné à mourir comme un malfaiteur. Les chefs, qui auraient dû enseigner le peuple à le recevoir, incitèrent la foule à demander sa mort; était-ce juste? Lorsque Dieu retira son trône de Jérusalem, il confia le gouvernement du monde aux gentils. Pilate représentait ce pouvoir qui appartenait alors à Rome, le quatrième empire des nations. Pilate reconnut que Jésus avait été livré par envie; trois fois il déclara ne pas trouver de crime en lui et chercha à le relâcher. Mais, pour éviter le mécontentement des Juifs, il le condamna à mort après l’avoir fait fouetter. Où est la justice? Dieu, qui avait été glorifié par l’obéissance parfaite de son Fils, son unique, non seulement n’intervint pas pour le délivrer, mais, sur la croix, il l’abandonna et fit tomber sur lui le jugement que l’homme coupable et révolté contre lui avait mérité. Où donc est la justice? Nulle part dans ce monde, elle est au ciel. Dieu ayant été parfaitement glorifié à l’égard du péché, par la mort de son Fils qui a rendu possible que ses conseils d’amour envers les hommes pussent s’accomplir, manifesta sa justice envers son bien-aimé, en le ressuscitant et en l’élevant à sa droite, couronné de gloire et d’honneur. De cette façon la justice de Dieu a été démontrée. C’était juste de récompenser Jésus en le tirant de la mort où il entra par amour pour son Dieu et Père et par amour pour le pécheur; c’était juste de l’élever dans la gloire. Comment cette justice sera-t-elle démontrée au monde? Il ne croit pas à la résurrection de Christ; il paya les gardes pour dire que ses disciples avaient enlevé son corps de nuit; le monde ne le voit pas. Comme pour le péché, la démonstration ou conviction de justice a lieu par la présence du Saint Esprit sur la terre à la suite de la glorification de Christ. Car, s’il s’était trouvé de la justice dans le monde, Jésus n’aurait pas été mis à mort; il ne serait pas allé au ciel, d’où il a envoyé l’Esprit Saint pour ceux qui ont cru en lui.

En troisième lieu, le Saint Esprit convainc le monde de jugement parce que le chef de ce monde est jugé. Nous avons vu, à la fin du chapitre 14, que le titre de chef de ce monde est donné à Satan, parce que tous les hommes se sont coalisés sous son pouvoir, afin de mettre à mort le Fils de Dieu. Le peuple, les chefs des Juifs, le gouverneur gentil, les soldats romains, tous avaient leur part de respective responsabilité à faire valoir la justice, la bonté, la reconnaissance envers Jésus dans ce moment où Satan les incitait à le rejeter. Mais tous l’abdiquèrent en faveur de Satan et se rangèrent sous sa conduite pour faire mourir le Saint et le Juste. Dès lors le diable devenait le chef de ce monde. Il pensait réduire au silence Jésus, la semence de la femme, qui devait lui écraser la tête, selon le jugement prononcé sur lui à la chute, mais c’est précisément dans la mort du Seigneur qu’il a perdu son pouvoir; il est jugé. Jésus a remporté sur lui une victoire éclatante; il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, en la subissant lui-même. Satan sera lié pendant le règne de Christ, et finalement, jeté dans l’étang de feu et de soufre avec ceux qui l’auront écouté et se seront laissés égarer par lui. Actuellement il est jugé, ainsi que le monde qui l’a écouté en se plaçant volontairement sous sa conduite pour rejeter Christ. C’est ce qu’affirme la présence du Saint Esprit, envoyé du ciel par le Seigneur après l’accomplissement de l’œuvre par laquelle il a brisé la tête du «serpent ancien».

Le monde se doute fort peu des conséquences solennelles résultant du fait de la présence du Saint Esprit. C’est pourquoi Satan cherche toujours à faire méconnaître la présence et même l’existence de l’Esprit de Dieu; mais cela ne change rien au fait. Il est ici-bas et convainc le monde de péché, de justice et de jugement. Celui-ci s’exécutera lorsque le temps de la patience de Dieu aura pris fin par la venue du Seigneur pour enlever les siens. Jusque-là, quiconque croit au Fils a la vie éternelle. L’évangile invite les hommes à quitter ce monde perdu et jugé, pour venir au Sauveur recevoir le salut gratuit offert dans ce jour de grâce.

 

Ce que fait le Saint Esprit pour les croyants

(v. 12-15) — Contrairement à ce que le Saint Esprit est pour le monde, il agira dans les croyants, en les faisant jouir de tout ce qui leur appartient dans leur nouvelle position, liée à celle de Christ ressuscité et glorifié; ils ne sont donc plus du monde. Les disciples ne peuvent supporter tout ce que le Seigneur avait à leur dire, mais l’Esprit Saint le leur communiquera et les rendra capables de comprendre tout ce qui découlera pour eux de l’œuvre de Christ. Jésus leur dit: «Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité: car il ne parlera pas de par lui-même; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver» (v. 13). Si les disciples perdent tout quant à la terre, même Christ comme Messie, ils auront une part céleste que le Saint Esprit leur fera connaître. Il les conduira dans toute la vérité. Le monde gît dans l’erreur; il ne peut connaître les choses telles qu’elles sont aux yeux de Dieu; mais les disciples seront dirigés dans toute la vérité découlant de l’œuvre de Christ et connaîtront mieux sa glorieuse personne et ce que possèdent les croyants, pour le présent et l’éternité. De même que le Seigneur, l’Esprit ne parlera pas de son propre fonds; il dira ce qu’il a entendu, puisqu’il a été témoin de la glorification de Christ, et il annoncera les choses qui vont arriver, toujours en rapport avec la gloire du Seigneur qui viendra un jour établir son règne. Part bénie que celle des croyants, conduits par le Saint Esprit et la Parole dans toute la vérité au milieu d’un monde plongé dans les ténèbres et l’erreur! Ils peuvent marcher à la lumière des choses cachées au monde, en attendant la gloire.

«Celui-là me glorifiera», dit le Seigneur, «car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera» (v. 14, 15). Le monde a méprisé Jésus; le Saint Esprit le glorifiera en prenant ce qui constitue ses gloires, sa position nouvelle, pour nous les faire connaître. Le monde n’a rien voulu de ce que Christ lui apportait; mais ceux qui l’ont reçu ont une pleine part à tout ce qu’il possède comme homme, objet de l’amour du Père, centre glorieux d’un état de choses célestes. Là tout ce qu’a le Père est à lui, résultat des conseils éternels de Dieu le Père, dans lesquels le Seigneur a introduit les siens.

Laissons-nous instruire plus profondément dans ces choses divines et célestes par l’Esprit Saint qui est toujours ici-bas, pour nous occuper de celui qui en est le centre et la gloire, afin de réaliser mieux que nous n’avons aucune part dans ce monde jugé!

L’importance de la présence du Saint Esprit, troisième personne de la Trinité, est aujourd’hui fort méconnue dans l’église professante et même par beaucoup de croyants. On ne saurait assez apprécier les avantages de sa présence, ni assez en profiter. Pour cela, il faut demeurer dans l’enseignement de la Parole à cet égard, car beaucoup méconnaissent le vrai but de la venue du Saint Esprit et sa véritable activité, en limitant son rôle à l’accomplissement de miracles ou au don de parler en langues inconnues. On demande à Dieu qu’il envoie l’Esprit Saint afin qu’on en soit rempli; mais on ignore, ou l’on veut ignorer qu’il est venu une fois pour toutes à la Pentecôte, dix jours après l’ascension du Seigneur. On veut le voir agir comme aux premiers temps de l’Église; on prétend même qu’il le fait. On ne tient pas compte que l’état où l’Église se trouve le contriste et qu’un déploiement de grande puissance sanctionnerait un état de choses qui déshonore le Seigneur. Mais, outre ces notions erronées, on oublie que le Seigneur n’a pas envoyé le Saint Esprit pour accomplir des actes miraculeux seulement, mais comme Consolateur des siens, pour les enseigner, leur rappeler les choses qu’il leur avait dites, et, comme nous venons de le voir, pour les conduire dans toute la vérité, et leur annoncer les choses qui doivent arriver. En un mot, il est le divin Éliézer qui accompagne l’épouse au travers du désert en l’entretenant des gloires de son Époux tout le long de son voyage, jusqu’au moment où elle le rencontrera dans la gloire. Il ne veut évidemment pas la distraire de son Bien-aimé en l’occupant de miracles et d’autres manifestations de puissance qui, loin d’occuper le cœur de Christ, l’occupent de lui-même et des autres dans une sorte de mysticisme. L’Esprit de Dieu a déployé une grande puissance, il est vrai, au commencement; il a doué les croyants de la capacité de prêcher l’évangile dans des langues à eux inconnues. Des miracles remarquables ont été accomplis pour confirmer la parole du Seigneur et en témoignage devant les incrédules, Juifs et gentils, mais ce n’est pas par ces moyens que l’Église, alors comme aujourd’hui, était entretenue des beautés du Seigneur en vue de refléter ses caractères devant ce monde.

 

Joie du monde et joie des disciples

(v. 16-22) — Pour que les disciples pussent jouir du ministère de l’Esprit Saint, il fallait que le Seigneur les quittât pour retourner auprès de son Père. Cependant ils le reverraient sous peu. «Un peu de temps et vous ne me verrez pas», leur dit-il, «et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je m’en vais au Père» (v. 16). Mais les disciples ne comprennent pas, ils raisonnent, disant: «Qu’est-ce que ceci qu’il nous dit? » (v. 17-19). S’en aller, le revoir, aller au Père, c’étaient des vérités tellement hors du cadre des pensées qu’ils s’étaient faites de Jésus et des conséquences de sa venue, qu’il fallait bien le secours du Saint Esprit pour les rendre intelligents. En attendant le Seigneur leur donne le sens de ses paroles: «En vérité, en vérité, je vous dis, que vous, vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira; et vous, vous serez dans la tristesse; mais votre tristesse sera changée en joie» (v. 20). Le monde se réjouira de s’être défait du Seigneur qui répandait sur lui une lumière insupportable, tandis que les disciples éprouveront de la tristesse; mais la résurrection du Seigneur les remplira de bonheur, puisqu’ils le verront le même, au-delà de la mort, dans une position nouvelle, dans laquelle il se les associera. En effet, quelle joie pour les disciples et les femmes lorsqu’ils revirent le Seigneur! Toutefois, le sujet de cette joie dépassait infiniment tout ce que les disciples pouvaient comprendre alors; il était plus profond encore que simplement le fait de revoir le Seigneur ressuscité, car à ce fait se rattachent toutes les conséquences glorieuses de sa mort. La joie des disciples est comparée à celle de la femme qui, après la naissance d’un enfant, oublie son angoisse en se réjouissant de ce qu’«un homme est né dans le monde». En Christ ressuscité, le nouvel homme, l’homme des conseils de Dieu, surgissait de la mort avec toutes les conséquences de la victoire qu’il venait de remporter; car, sans la mort et la résurrection du Seigneur, tous les hommes demeuraient dans la mort où le péché les avait placés pour l’éternité et il n’y avait pas de nouvelle création, pas d’hommes nouveaux. «Vous donc», dit le Seigneur, «vous avez maintenant de la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira: et personne ne vous ôte votre joie» (v. 22). Cette joie, qui demeure, est liée à la vie qui a triomphé de la mort pour l’éternité. Elle appartient à un état de choses nouveau. Elle remplit le cœur des disciples lorsqu’ils revirent le Seigneur. Eux seuls le virent, le monde ne l’a plus vu, car il n’avait aucune part aux bénédictions dans lesquelles Jésus ressuscité introduisait les siens. Quelle joie lorsque le Seigneur sera vu dans sa gloire par les siens ressuscités et transmués, introduits dans la maison du Père! En attendant, par le Saint Esprit, nous avons la joie de le voir par la foi, ainsi qu’il l’a dit au chapitre 14:19. En ce jour-là (le jour où l’Esprit Saint sera venu), «vous me verrez; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez».

 

Les disciples en relation avec le Père

(v. 23-28) — Le Seigneur allait placer les disciples en relation avec son Père; c’est ce qu’il s’empressa de leur faire connaître par Marie de Magdala le jour de sa résurrection (chap. 20:17). C’est pourquoi il leur dit: «En ce jour-là vous ne me ferez pas de demandes. En vérité, en vérité, je vous dis, que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie» (v. 23, 24). Dans ce jour, inauguré par la résurrection de Jésus, où les disciples seraient placés en relation avec le Père, ils n’auraient pas besoin de s’adresser à lui pour obtenir ce qu’ils désiraient. Ils jouiraient du même privilège que le Seigneur, lorsqu’il était sur la terre; comme lui, ils s’adresseraient directement au Père, aimés du Père, comme il aimait son Fils. Tout ce qu’ils demanderaient en son nom leur serait accordé. Ayant la même vie que le Fils, ils auraient les mêmes pensées, les mêmes désirs; ils demanderaient les mêmes choses que lui. Ainsi, l’exaucement serait certain, et, dans la jouissance de cette relation qui assurait les réponses de la part du Père, leur joie serait accomplie. Privilège immense que celui de pouvoir s’adresser à Dieu comme Père, en se présentant au nom de son Fils! Si nous le possédons, c’est parce que ce Fils, objet de l’amour du Père, a rendu possible que nous soyons aimés du même amour que lui, accueillis par le Père comme lui-même, en vertu de l’œuvre parfaite qui nous a placés dans une pareille relation.

Le Seigneur dit ensuite aux disciples qu’il leur avait parlé en similitudes, mais que l’heure venait dans laquelle il leur parlerait ouvertement du Père. Il fait toujours allusion au moment où, triomphant de la mort, il les placerait dans un état nouveau où ils seraient enseignés ouvertement et comprendraient tout ce qui leur restait caché avant sa mort. «En ce jour-là», dit-il, «vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes au Père pour vous; car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de Dieu» (v. 26, 27). Le Seigneur ne sera pas un intermédiaire entre le Père et ses disciples; aimés du Père comme le Fils et parce qu’ils ont aimé le Fils, ils s’adresseront directement au Père en son nom. Les croyants n’ont pas besoin d’un médiateur entre Dieu et eux, puisqu’ils ont été amenés à lui selon toute la valeur qu’a l’œuvre du Fils pour son Père. C’est sur la croix que le Seigneur a été médiateur entre Dieu et les hommes, parce que nul ne peut, dans ses péchés, s’approcher de Dieu et vivre. Le Sauveur s’est placé entre Dieu et le pécheur; il s’est chargé de ses péchés, les a expiés; dès lors, le pécheur croyant peut s’approcher de Dieu qu’il connaît comme Père.

Le Seigneur dit à ses disciples qu’ils ont cru qu’il était venu de Dieu. C’était vrai et nous voyons, au verset précédent, que Dieu leur en tient compte. Mais ils auraient dû savoir qu’il était venu du Père, et le révélait. Reconnaître que Jésus était venu de Dieu, c’était le recevoir comme Messie, car ce n’est pas du Père que vient le Messie. Aussi le Seigneur leur dit ce qui est vrai et qui caractérisait sa position: «Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père» (v. 28). Il était venu du Père, qu’il avait révélé, et, après avoir accompli l’œuvre par laquelle il plaçait dans la même relation que lui ceux qui l’avaient reçu, il retournait au Père. Ceux qui l’avaient reçu ne feraient que gagner par son départ, instruits, dirigés et réjouis par la présence et l’action du Saint Esprit.

Les disciples pensent comprendre ce que Jésus leur disait, mais ils ne le pouvaient alors. Ils disent: «Voici, maintenant tu parles ouvertement, et tu ne dis aucune similitude. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et que tu n’as pas besoin que personne te fasse des demandes; à cause de cela, nous croyons que tu es venu de Dieu» (v. 29, 30). On aurait pu s’attendre à ce qu’ils disent: «Nous croyons que tu es venu du Père», mais pour cela ils auraient dû être transportés sur le terrain de la résurrection, avec une capacité nouvelle. «Jésus leur répondit: Vous croyez maintenant? Voici, l’heure vient, et elle est venue, que vous serez dispersés chacun chez soi, et que vous me laisserez seul; — et je ne suis pas seul, car le Père est avec moi» (v. 31, 32). La foi que les disciples pensaient avoir ne leur donnerait pas la force de suivre le Seigneur dans l’heure qui s’approchait. La même nuit ils allaient être dispersés; ils allaient laisser le Seigneur seul, seul capable de soutenir le combat qui permettrait de placer les siens de l’autre côté de la mort, sur le terrain de la rédemption, avec lui-même ressuscité. Mais le Père serait avec lui.

Au dernier verset, le Seigneur prend, pour ainsi dire, congé de ses disciples: «Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix. Vous avez de la tribulation dans le monde; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde» (v. 33). Jésus laissait les siens dans ce monde ennemi, hostile à Dieu, troublé, agité, où ils ne pouvaient avoir la paix que dans le Seigneur, en se souvenant de tout ce qu’il leur avait dit. On voit, dans tous ces enseignements du Seigneur en vue de son départ, avec quelle sollicitude il les prévient de ce qui arriverait, afin qu’ils ne soient surpris en rien. Au chapitre 13:19, c’est afin qu’ils croient que c’est bien lui la personne du Fils de Dieu qui avait été avec eux. Au chapitre 15:11 c’est afin que leur joie soit accomplie. Au verset 1 de notre chapitre, c’est afin qu’ils ne soient pas scandalisés. Au verset 4, c’est afin qu’ils se souviennent qu’il leur a dit ces choses; enfin, au verset 33, afin qu’ils aient la paix. Du côté du monde ils ne pouvaient rencontrer que tribulation et choses propres à les faire reculer; mais ce monde, tout effrayant qu’il paraisse, est vaincu. «Vous avez de la tribulation dans le monde; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde». On ne peut avoir la paix qu’en Celui qui a vaincu le monde en le traversant comme homme du ciel. Il est resté en dehors de tout ce qui le caractérisait, sans jamais se laisser influencer par aucun de ses principes. Il a pu dire: «Le chef du monde vient et il n’a rien en moi». La victoire du chrétien s’obtient non en combattant le monde, mais en fuyant le mal. Seul Jésus pouvait marcher en vainqueur de ce monde, manifestant toujours ses propres caractères d’homme céleste, obéissant. Placés dans la même position que lui, avec la même vie, nous pouvons le suivre dans le chemin qu’il nous a tracé, et comme lui, remporter la victoire. N’a-t-il pas dit «Ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde? » L’apôtre Jean dit dans sa première épître (chap. 5:4 et 5): «Tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde; et c’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi. Qui est celui qui est victorieux du monde sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? ». Le monde est demeuré tel qu’il était lorsque le Seigneur l’a quitté; il n’a pas changé pour nous. Souvenons-nous-en, afin d’apprécier les ressources mises à notre disposition pour le traverser comme Lui.

Les discours du Seigneur à ses disciples en vue de son départ se terminent avec ce chapitre. Il leur a dit tout ce qu’ils pouvaient supporter avant de recevoir l’Esprit Saint. Le chapitre 17 nous fait assister à la sublime prière que le Seigneur adresse à son Père, en lui remettant ceux qui avaient reçu ses paroles et cru qu’il l’avait envoyé.