Jean

Chapitre 3

La nouvelle naissance

(v. 1-13). — «Mais il y avait un homme d’entre les pharisiens, dont le nom était Nicodème, qui était un chef des Juifs. Celui-ci vint à lui de nuit, et lui dit: Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui» (v. 1, 2). En contraste avec les hommes auxquels Jésus ne se fiait pas, quoiqu’ils crussent en son nom, Nicodème vient à Jésus avec de vrais besoins. Il veut en savoir davantage sur ce qu’enseignait celui qu’il reconnaissait comme «un docteur venu de Dieu». Ce qui prouve la réalité des besoins chez Nicodème, c’est qu’il vient de nuit. Le désir d’être renseigné selon la vérité se lie à la conscience de l’opposition du monde. La nature n’aime pas l’opprobre; elle cherche instinctivement à l’éviter. Cependant il vaut mieux aller de nuit à Jésus pour écouter sa parole que de n’y pas aller du tout. Après avoir été de nuit, on recevra la force de rendre témoignage en plein jour, comme le fit Nicodème dans un moment critique (voir chap. 19:39).

Le Seigneur se plaît à répondre au désir de le connaître mieux; mais, pour apprendre, il faut souvent mettre de côté certaines choses qui font partie de nos connaissances religieuses et ne s’accordent pas avec la pensée de Dieu. Ainsi Nicodème vient à Jésus en pensant augmenter ses connaissances comme docteur de la loi. Il ne comprenait pas que Dieu rejetait le système dans lequel il voulait encore être instruit, et qu’il lui fallait une autre nature que celle de l’homme en Adam, tout religieux et bien intentionné qu’il fût, pour être enseigné de Dieu. Aussi Jésus lui répondit: «En vérité, en vérité, je te dis: Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu» (v. 3). Les mots «en vérité, en vérité», si souvent employés dans cet évangile, équivalent à «amen, amen» et affirment absolument la vérité des paroles du Seigneur.

Jésus veut faire comprendre d’emblée à Nicodème que Dieu n’enseignait plus la vieille nature. Le royaume de Dieu était présent dans la personne du Seigneur qui en manifestait tous les caractères moraux; mais, pour le voir et pour y entrer (v. 5), il fallait être né de nouveau; sans cela on ne voyait en Jésus que le fils du charpentier, ou, comme Nicodème, un docteur envoyé de Dieu pour enseigner son peuple. Nicodème ignorait tout cela; il se croyait, sans doute, comme enfant d’Israël, un fidèle sujet du royaume de Dieu, mais Israël ne présenta guère les caractères du royaume de Dieu, même dans les plus beaux jours de son histoire; car «le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint» (Rom. 14:17).

Nicodème ne comprend pas ce que c’est que la nouvelle naissance. Il demande: «Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? » (v. 4). Même s’il pouvait naître une seconde fois, ce ne serait qu’une seconde naissance avec la même nature, tandis qu’il faut une naissance d’une autre source, entièrement nouvelle et spirituelle (voir chap. 1:13). Jésus lui montre comment elle s’opère, lui en prouve la nécessité, non seulement pour voir le royaume dans la personne de Jésus, mais pour y entrer: «En vérité, en vérité, je te dis: Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair; et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit: Il vous faut être nés de nouveau» (v. 5-7). Pour naître de nouveau, il faut une œuvre tout autre que celle de la nature; il faut la puissance de Dieu comme pour la création; car c’est par sa Parole et son Esprit que Dieu tira du néant la première création. Pour la nouvelle, il faut aussi l’action de la Parole et de l’Esprit. Mais ici la Parole est appelée «l’eau» à cause de son action purificatrice. Elle apporte les pensées de Dieu à l’homme qui jusque-là y était étranger; elle le purifie des siennes propres, car ce qui vient du cœur naturel est souillé et s’oppose à Dieu. Elle apporte la vie, tout en opérant la mort sur tout ce qui appartient au premier Adam, et cela sous l’action de l’Esprit, l’agent par lequel Dieu opère toujours.

Les deux natures ne se mélangent pas. Ce qui est né de la chair reste chair, ne s’améliore pas et ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de l’Esprit, est esprit, participe à la nature divine. Ainsi Nicodème, comme le plus grand des pécheurs, devait changer de nature pour entrer dans le royaume de Dieu; c’est une vérité absolue: «il faut», dit le Seigneur. Le temps était passé, où Dieu s’occupait de l’homme dans la chair; l’épreuve avait pris fin. Comme il n’aboutit à rien, Dieu mit le premier homme de côté. Le Fils de Dieu vint dans ce monde pour introduire un nouvel ordre de choses et une œuvre toute nouvelle.

Dieu opère par son Esprit; c’est ce qui caractérise son action; Il n’y a rien de l’homme, qui n’y comprend rien. «Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son; mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va: il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit» (v. 8). Le souffle de l’Esprit agit dans une famille, dans une contrée; il y a des conversions. D’où cela vient-il? Dans le monde on attribuera le changement opéré à divers motifs; on l’appellera changement de religion, réforme, etc. L’homme naturel y est étranger; il constate des effets, comme avec le vent, mais il n’en connaît ni l’origine, ni le but. C’est la libre et souveraine action de Dieu dans le monde, sur «tout homme», non seulement chez les Juifs, ce qui caractérise toujours l’œuvre de Dieu dans cet évangile.

Nicodème dit: «Comment ces choses peuvent-elles se faire? Jésus répondit et lui dit: Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses? » Comme docteur de la loi, Nicodème aurait dû savoir que le peuple juif ne pouvait avoir part au règne millénaire sans l’œuvre de la nouvelle naissance. Ézéchiel prophétise très clairement à ce sujet. Après avoir dit que l’Éternel rassemblerait son peuple de tous les pays où il avait été transporté, pour le ramener sur la terre d’Israël, il ajoute: «Je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs: je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau» (Lire Ézéchiel 36:24-28; 37:9). De même que les disciples, Nicodème pensait que le Seigneur pouvait établir son règne sur le peuple tel qu’il était; qu’il suffisait d’être enfant d’Abraham selon la chair pour jouir des promesses; il ne tenait pas compte de l’état de péché du Juif comme de tout homme, et surtout il n’avait aucune idée de ce qui convenait à un Dieu juste et saint, afin de pouvoir introduire son peuple terrestre dans son royaume. Celui-ci devait porter les caractères de Dieu lui-même tels qu’ils étaient manifestés en Jésus et non ceux de l’homme en Adam. En un mot, Nicodème ne se connaissait pas plus qu’il ne connaissait les pensées de Dieu.

Jésus continue en disant: « En vérité, en vérité, je te dis: Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes? » (v. 11, 12). Jésus apportait la connaissance de Dieu, de ce qui lui convenait, de ce qui devait caractériser son royaume. Il rendait témoignage de ce qui était dans le ciel, car il était un avec son Père; c’est pourquoi il dit: «nous disons ce que nous connaissons, nous rendons témoignage de ce que nous avons vus». Si Nicodème et tous les Juifs avaient compris la gloire de la personne qui se trouvait là, quel changement se serait opéré en eux! Ils en eussent été émerveillés; ils l’auraient écouté; mais dans leur état naturel ils ne le pouvaient pas. Personne ne recevait son témoignage venu du ciel, même au sujet du royaume terrestre, pas même un docteur de la loi. Pour le recevoir il fallait croire, car Jésus dit: «Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes? » «Les choses terrestres» sont tout ce qui concerne le règne de Christ sur la terre; Nicodème aurait dû le comprendre, puisque c’était le grand sujet de la prophétie. «Les choses célestes», ne faisaient pas partie de la révélation de l’Ancien Testament; elles appartiennent au domaine de la vie éternelle, vie nécessaire pour en jouir. Jésus venait en parler et accomplir l’œuvre de la croix en vertu de laquelle elles deviendraient la part des croyants. Après l’ascension du Seigneur, les apôtres, Paul surtout, les ont pleinement révélées.

De ces choses toutes nouvelles, le Seigneur en parlait, lui, le fils de l’homme qui était dans le ciel; il rendait témoignage de ce qu’il avait vu. «Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme qui est dans le ciel» (v. 13). Le ciel demeurait inaccessible à l’homme pécheur; mais le fils de l’homme en était descendu, tout en étant toujours dans le ciel. Quoique homme ici-bas, Jésus restait Dieu, présent partout, vivant dans le ciel aussi bien que sur la terre: réalité insondable pour des êtres tels que nous, mais que nous avons le bonheur de croire. Elle remplit nos cœurs d’admiration et de reconnaissance quand nous contemplons la glorieuse personne de Jésus. Il vint révéler ce que Dieu avait dans son cœur pour de pauvres pécheurs perdus, qui ne pouvaient monter au ciel prendre connaissance de «ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment» (1 Cor. 2:9).

 

La vie éternelle

(v. 14-16). — Nous avons vu que Jésus, «Fils de l’Homme qui est dans le ciel», apportait ici-bas la connaissance des choses célestes dans lesquelles il vivait constamment; mais pour en profiter, il fallait la vie éternelle, que l’homme ne possédait pas. En outre il était pécheur, perdu, souillé, incapable de subsister dans la présence de Dieu à cause de sa souillure, impropre pour le ciel où, selon ses conseils éternels, Dieu voulait avoir des hommes parfaits. Semblables aux Israélites, mordus par les serpents brûlants dans le désert, tous les hommes sont atteints mortellement par le péché et ses conséquences, et tous, laissés à eux-mêmes, demeureraient éternellement dans cet état. Il fallait donc un moyen qui les mît en mesure de jouir de ce que Dieu leur destinait. Ce moyen devait, avant tout, satisfaire aux exigences du Dieu juste et saint que l’homme avait offensé, car, pour que le pécheur fût sauvé, Dieu devait recevoir pleine satisfaction à l’égard du péché, ce qui ne pouvait avoir lieu que par la mort, «salaire du péché». Si le pécheur entrait en jugement devant Dieu, c’était la mort éternelle selon la justice divine; mais que devenaient alors les pensées éternelles du Dieu qui est amour? Le Seigneur lui-même répond à cette question: «Et comme Moise éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle (v. 14). De même Jésus dit à Nicodème: «Il vous faut naître de nouveau»; nécessité absolue, vu la nature de l’homme en Adam. Et il dit ici: «Il faut que le fils de l’homme soit élevé», nécessité aussi absolue que la première, vu les exigences de la justice de Dieu. Il fallait une œuvre réparatrice, expiatoire, dans laquelle l’homme ne fût pour rien. Il a péché; c’est là le résultat de toute son activité; comment pourrait-il réparer le dommage causé à Dieu et effacer ses péchés? Jésus, le fils de l’homme, se présente pour cela, afin de subir, à la place du coupable, le jugement qu’il a mérité, en sorte que, par la foi, il ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Le serpent d’airain, dans le désert, est un type de Christ élevé sur la croix, fait péché pour nous. Dans la Bible, l’airain représente la justice de Dieu en jugement contre le péché. Elevé sur la perche, le serpent rappelait le jugement porté sur ce qui avait causé la mort du peuple; le mourant n’avait donc qu’à jeter un regard de foi sur lui pour obtenir délivrance et vie. Le fils de l’homme, cloué sur la croix, fait péché pour nous, a satisfait à toutes les exigences de la justice inflexible du Dieu trois fois saint que nous avions offensé. Dieu étant pleinement satisfait, il invite le pécheur à élever un regard de foi sur la croix où son propre Fils a subi le jugement à la place du coupable, afin de le délivrer des conséquences éternelles de ses péchés. Sans la foi le pécheur périra dans ses péchés, sous la morsure du serpent ancien. Par la foi, il trouve non seulement la délivrance de sa culpabilité, et du jugement, mais la vie éternelle, nécessaire pour jouir, dès ici-bas, des biens célestes.

Le verset 16, bien connu de tous, indique la source d’un salut si merveilleux: c’est l’amour de Dieu. «Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle». «Dieu a tant aimé le monde», composé d’hommes pécheurs, envers lesquels il a usé de patience pendant quatre mille ans, avant la venue de Christ; ayant employé tous les moyens possibles pour les ramener à lui, mais sans autre résultat que le péché et la révolte. Ce monde, qui réservait à Jésus l’accueil le plus haineux, le plus meurtrier, a été aimé de Dieu au point qu’il donna son Fils, afin que quiconque crût en lui ne pérît pas, mais eût la vie éternelle. C’est l’amour pur, celui de Dieu qui est amour. Il donne ce qu’il avait de plus cher, son Fils, son unique, celui qui faisait ses délices dans l’éternité passée, son nourrisson, toujours en joie devant lui (Prov. 8:30), comme Sauveur à un monde qui le haïssait. Dieu avait, autrefois, demandé à Abraham un grand sacrifice en faisant ressortir tout ce qu’était Isaac pour lui. «Prends ton fils», lui dit-il, «ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t-en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai» (Gen. 22:2). Abraham devait faire ce sacrifice pour Dieu, auquel il devait tout. Au moment où il allait le consommer, l’Éternel lui cria des cieux de ne point mettre la main sur l’enfant. Mais personne ne demandait le sacrifice du Fils de Dieu. Il ne le faisait pas en faveur d’amis ou de gens auxquels Dieu fût redevable; il le consentait librement pour «des impies», «des pécheurs», «des ennemis», dit l’apôtre Paul en Romains 5:5-10. Aucune voix ne se fit entendre du ciel pour qu’il obtînt la délivrance; c’est Jésus qui crie et personne ne lui répond; au contraire, son Dieu l’abandonne sous le poids de nos péchés jusqu’au plein accomplissement de l’expiation. L’amour de Dieu a souffert de voir abandonné son propre Fils, son unique. Il ne l’a pas épargné, afin de délivrer ses ennemis et de leur donner la vie éternelle. Saurait-on demeurer indifférent en présence d’un tel amour, quand on sait que Dieu ne devait à l’homme rien que le jugement, mais que, pour le sauver, il a fait tomber ce jugement sur le Fils «de son amour»? Terrible sera la part de celui qui méprise un amour pareil. Que dire au jour du jugement? On comprend que «toute bouche sera fermée». Aujourd’hui le pécheur parle facilement contre Dieu. Il se plaint de lui. Il trouve qu’il satisfait mal les désirs de sa créature. Il le traite comme le méchant serviteur; il l’appelle un homme dur. Il ne s’occupe que de ses avantages présents et méprise le don inexprimable du Fils unique de Dieu qui seul assure au pécheur la vie éternelle, le bonheur dans ce monde et la gloire pour l’éternité.

La vie éternelle n’est pas seulement une vie qui dure éternellement; elle est la vie par laquelle il est possible d’être parfaitement heureux dans ce monde et dans le ciel par la connaissance du Père révélé dans le Fils. Nul n’a possédé cette part avant l’œuvre de la croix; non qu’il n’y eût pas auparavant des hommes sauvés qui ont joui de leurs rapports avec Dieu en possédant la nature divine. Mais ils ne pouvaient connaître Dieu comme Père, révélé dans le Fils, avant la rédemption accomplie et la venue du Saint Esprit. Jésus dit «C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ» (Jean 17:3).

 

Conséquences de l’incrédulité

(v. 17-21). — «Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu’il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui», nous dit le verset 17. C’est là l’intention de Dieu, et non comme quelques personnes le pensent, que le monde soit sauvé, puisque Dieu a envoyé son Fils pour cela. Le verset 18 dit le contraire; il applique le salut non pas au monde dans son ensemble, mais à celui qui croit: «Celui qui croit en lui n’est pas jugé».

Si Dieu avait été animé des sentiments de l’homme naturel envers ceux qui lui font tort, il aurait envoyé son Fils pour juger le monde, car qui peut avoir été offensé plus que Dieu par sa créature? Cependant il envoya son Fils non pour juger, mais pour sauver. Nous avons vu, dans les versets précédents, que tout a été accompli à la croix, afin que quiconque croit ait la vie éternelle: il est sauvé parce qu’il croit que Christ a porté sur la croix le jugement qui devait l’atteindre. Donc «celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu» (v. 18). Rien de plus clair et rien de plus simple. Tout ce que Dieu demande du pécheur, c’est qu’il croie en son Fils, venu pour régler la question du péché à sa pleine satisfaction. Celui qui ne croit pas demeure sous le jugement, non qu’il soit plus pécheur que d’autres, mais parce qu’il n’a pas cru en celui que Dieu a donné pour le sauver.

Depuis que Dieu a envoyé son Fils pour sauver le monde, les hommes se sont trouvés sous une responsabilité et une culpabilité inconnues jusqu’alors. «C’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises (v. 19). Plus que jamais la lumière a resplendi sur leur état, et cette lumière était la vie (chapitre 1:4), Jésus qui, «venant dans le monde, éclaire tout homme» (chapitre 1:9). Toute conscience a été éclairée par la lumière de la présence du Fils de Dieu. Mais dans leur nature ténébreuse et opposée à Dieu, désirant faire le mal qui est l’aliment du pécheur, les hommes ont préféré les ténèbres pour continuer à satisfaire leur mauvaise nature, plutôt que de venir à la lumière qui, tout en les reprenant, leur apportait la vie éternelle. «Car», dit le Seigneur, «quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu» (v. 20, 21).

Le monde gît dans les ténèbres, état favorable à la pratique du mal; mais, au milieu de cette obscurité, la lumière divine a brillé dans tout l’éclat de ses perfections: tout ce que Dieu est dans sa nature a été manifesté en Christ en contraste avec l’homme. On comprend que ceux qui veulent continuer à pratiquer le mal se détournent de la lumière qui les juge, tandis que ceux qui en ont profité, désirent qu’elle contrôle toutes leurs œuvres; ils la cherchent au lieu de la fuir, afin qu’on voie que leurs œuvres répondent à la pensée de Dieu. Le croyant désire toujours plus de lumière sur lui-même et sur tout ce qu’il fait. C’est ainsi que, pratiquement, «le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi» (Prov. 4:18). Salomon met ce chemin en contraste avec celui des méchants, qui «est comme l’obscurité, ils ne savent contre quoi ils trébucheront».

Il importe de ne pas oublier les vérités pratiques qui découlent de ces versets 20 et 21, car les épaisses ténèbres morales de ce monde nous enveloppent de tous côtés, et conviennent, malheureusement, à notre cœur naturel qui aime cette atmosphère. C’est pourquoi nous devons tous veiller pour demeurer pratiquement sous l’effet de la lumière. Le chrétien est «lumière dans le Seigneur» (Éph. 5:8), parce qu’il participe à la nature de Dieu qui est lumière. Il est «dans la lumière» comme Dieu lui-même est dans la lumière (1 Jean 1:7), l’œuvre de Christ l’ayant placé là. Il doit revêtir «les armes de la lumière» (Rom. 13:12), c’est-à-dire pratiquer dans toute sa vie ce qui ne peut se faire que dans la lumière, afin d’être protégé contre l’influence des ténèbres. Marcher selon la lumière, c’est avoir le Seigneur Jésus comme modèle, en tout ce que nous faisons. Modèle des petits et des grands, soumis à ses parents dans son enfance, et, dans tout son ministère, à la volonté de Dieu son Père, il faisait «toujours les choses qui lui plaisent». Chacun peut ainsi l’imiter facilement. Dans ce chemin-là, nous éprouverons le besoin de nous développer en toutes choses, et nous contrôlerons notre marche à la lumière de la Parole, afin de voir si nos œuvres sont réellement «faites en Dieu», si elles supportent cette lumière. Il y aura souvent quelque chose à corriger dans ce que nous aurons cru bien faire; mais laissons-nous corriger et ainsi nous progresserons dans cette heureuse voie qui aboutira au plein éclat du jour dans la gloire éternelle où nous entrerons bientôt.

 

L’ami de l’époux

(v. 22-36). — Jésus et ses disciples baptisaient au pays de Judée en même temps que Jean le baptiseur continuait son service un peu de temps, quoique Jésus fût là. Cela donna occasion à quelques disciples de Jean de faire remarquer à leur maître que tous venaient à Jésus et qu’ils étaient baptisés. Ils voyaient, sans doute, avec une certaine jalousie s’accroître l’importance de Jésus aux dépens de celle de leur maître. Si telle était leur pensée, Jean la corrigea bientôt en établissant la vérité concernant son ministère et celui de Jésus. Il leur répondit: «Un homme ne peut rien recevoir, à moins qu’il ne lui soit donné du ciel. Vous-mêmes, vous me rendez témoignage que j’ai dit: Ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais je suis envoyé devant lui. Celui qui a l’épouse est l’époux; mais l’ami de l’époux, qui assiste et l’entend, est tout réjoui à cause de la voix de l’époux; cette joie donc, qui est la mienne, est accomplie» (v. 27-29). Jean marque ainsi devant ses disciples le contraste qui existe entre lui et Jésus, en faisant ressortir la supériorité de celui dont il n’était pas digne, disait-il, de délier la courroie de la sandale. Jean ne possédait rien qui ne lui fût donné d’en haut. Il avait reçu son ministère du ciel, tandis que Jésus venait du ciel, «le fils de l’homme qui est dans le ciel». Il avait dit au premier chapitre qu’il n’était qu’une voix. Nous verrons ce contraste établi plus fortement aux versets 31 et 32. Il rappelle à ses disciples qu’ils l’ont entendu affirmer qu’il n’était pas le Christ, mais envoyé devant lui; ils auraient dû comprendre pourquoi tous venaient au Seigneur. Puis, au lieu de manifester un esprit de rivalité, il compare Christ à un époux, tandis que lui est l’ami de l’époux. L’épouse appartient à l’époux, et la joie qu’il a de posséder son épouse fait la joie de son ami. Heureux d’entendre sa voix, il ne cherche pas à prendre sa place. Il aime si fortement l’époux qu’on ne peut lui procurer un plus grand bonheur que celui d’assister à sa joie. Cette joie, celle de Jean le précurseur du Messie, était accomplie; il ne pouvait rien désirer de plus; il avait atteint l’apogée du bonheur, qui n’avait été celui d’aucun prophète.

Nous savons que le grand sujet de la prophétie était Jésus le Messie et, que de tous les prophètes, Jean le baptiseur était le plus grand selon la déclaration du Seigneur en Matthieu 11:11, parce que, seul de tous, il vit celui dont ils avaient annoncé la venue. Maintenant le ministère prophétique se terminait et celui de Jésus commençait; il introduisait un état de choses tout nouveau, bien supérieur au précédent.

Jésus dit de Jean, dans le passage de Matthieu cité plus haut, que «le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui». Dans ce royaume, la part du croyant, ses bénédictions, ses privilèges, sont célestes et en union avec Christ, ce qui ne saurait être la part d’un saint de l’économie précédente, ni même celle des heureux participants du millénium. Jean parvint au faîte de ce qu’il pouvait atteindre dans l’ordre de choses auquel il appartenait. Il avait pour objet le Seigneur; il l’avait vu; il était satisfait; sa joie était complète. Les saints qui suivraient jouiraient, en vertu de la mort et de la résurrection du Seigneur, de bénédictions plus grandes, comme épouse de Christ, tout spécialement; quoique cette part ne lui appartînt pas, il se montrait content de la sienne. Par son ministère, il avait clôturé l’économie légale; il avait introduit Christ sur la scène. Désormais il allait disparaître, comme il le dit lui-même: «Il faut que lui croisse, et que moi je diminue». Semblable à l’étoile qui brille avant le lever du soleil et qui pâlit et disparaît devant l’astre du jour, Jean allait s’effacer pour laisser toute la place à Jésus. Le prophète continue en disant: «Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est de la terre, et parle comme étant de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous; et de ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage; et personne ne reçoit son témoignage» (v. 31, 32). Jésus était «celui qui vient d’en haut»; Jean celui qui «est de la terre»; il parlait des choses de Dieu en rapport avec la terre, son lieu d’origine, tandis que celle de Jésus étant éternelle et céleste, il était au-dessus de tous ou de tout. Jean avait parlé de la part de Dieu; Jésus parlait de ce qu’il avait vu et entendu dans le ciel; ces choses-là faisaient le sujet de son témoignage, comme il le dit lui-même au verset 11: personne ne recevait ce témoignage; il dépassait ce que l’homme pouvait saisir dans son entendement naturel. Il fallait l’œuvre de Dieu pour le recevoir, et «celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai; car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure» (v. 33, 31). Jésus était si parfaitement l’expression de Dieu lui-même, de ses propres pensées, de ses paroles, que celui qui recevait son témoignage avait scellé que Dieu était vrai, parce qu’il avait entendu, non un intermédiaire, de la part de Dieu, comme Jean et les prophètes, mais Dieu lui-même. Jésus avait reçu le Saint Esprit dans toute sa plénitude et non par mesure, comme les prophètes qui se trouvaient sous une action momentanée de l’Esprit de Dieu, pour dire ce que Dieu voulait qu’ils disent, ainsi que nous le lisons souvent: «L’Esprit se saisit de lui» (voir Juges 11:29; 14:6; 1 Samuel 16:13; 2 Chroniques 20:14, etc.).

Jean rend un témoignage éclatant à la gloire de Jésus. Il personnifie le ministère selon Dieu qui a pour but de faire ressortir les gloires de la personne de Christ. C’est ce qui l’a caractérisé depuis son entrée en scène, comme nous l’avons remarqué au chap. 1:38. Maintenant, son témoignage terminé, cet évangile ne parle plus de lui; Jésus occupera toute la place.

Le ministère de Jean étant accompli, c’est Jean l’évangéliste qui prend la parole aux versets 35 et 36. «Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains. Qui croit au Fils a la vie éternelle; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui». Par ses paroles, Jean résume, en quelque sorte, le ministère de Jésus et ses conséquences. «Le Père aime le Fils», il trouve en lui tout son plaisir, cela de toute éternité, et maintenant, d’une manière particulière, en venant accomplir ses desseins éternels. Au chapitre 10:17, Jésus dit: «À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne». À un tel objet de son amour, Dieu le Père pouvait tout remettre, tout ce qui regarde le salut des pécheurs, l’accomplissement de tous ses conseils, comme l’exercice de ses jugements, lorsque le temps sera venu. On a beau prétexter son humanité, son abaissement, son humiliation, pour ne pas croire en lui, dire comme les Juifs au chapitre 9: «Donne gloire à Dieu, nous savons que cet homme est un pécheur», cela ne change rien aux déclarations de Dieu. Beaucoup de personnes, aujourd’hui, veulent avoir à faire avec Dieu et ne rien savoir de son Fils; c’est inutile; elles mourront dans leur péché. Dans son Fils, Dieu se révèle aux hommes; il a mis toutes choses entre ses mains. Il n’existe aucun autre moyen d’être sauvé qu’en croyant en lui. L’évangéliste tire conclusion de cette déclaration en disant: «Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; mais celui qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui». Rien de plus explicite: Dieu le Père voulait sauver les pécheurs, leur donner la vie éternelle; il ne pouvait le faire depuis le ciel: il envoie son Fils sur la terre, lui remet toutes choses, lui donne toute autorité; il sait qu’il accomplira tout selon ses propres pensées pour sauver le pécheur; si quelqu’un refuse ce moyen et désobéit en refusant de croire, il demeure sous la colère de Dieu, éternellement privé de la vie refusée dans la personne du Fils de Dieu. On voit, par plusieurs passages, que ne pas croire, c’est désobéir (voir Actes 5:32; 2 Thess. 1:8; 1 Pierre 3:1; 4:17).

Le grand sujet de notre évangile est la révélation du Père et la vie éternelle. Jean l’introduit pour ainsi dire par ces versets 35, 36, comme il conclut au chapitre 20:31 en disant: «Ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom».

Nous pouvons encore remarquer que les vérités contenues dans ces deux derniers versets sortent entièrement du cadre de l’enseignement de Jean le baptiseur, qui présentait simplement Jésus venant dans le monde et ne pouvait parler ni du Père, ni de la vie éternelle. L’évangéliste commence son témoignage là où finit celui de Jean le baptiseur.