Jean

Chapitre 2

Les noces de Cana

(v. 1-12). — Nous avons vu au premier chapitre deux jours symboliques: le premier représente le temps actuel, dans lequel les croyants suivent Christ après son rejet, depuis que Jean le baptiseur l’a présenté, jusqu’à ce qu’il renoue ses relations avec Israël. Dans le second nous voyons l’appel du résidu juif dans la personne de Nathanaël qui reconnaît Jésus comme le Fils de Dieu, le Roi d’Israël. Pour compléter le tableau symbolique de ce qui se passe depuis Jean le baptiseur jusqu’à l’établissement du règne de Christ, il fallait un troisième jour que notre chapitre présente par les noces de Cana, symbole de l’établissement du règne de Christ au point de vue de la joie qui caractérisera le règne millénaire.

«Et le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée, et la mère de Jésus était là. Et Jésus fut aussi convié à la noce, ainsi que ses disciples. Et le vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit: Ils n’ont pas de vin. Jésus lui dit: Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme? Mon heure n’est pas encore venue. Sa mère dit aux serviteurs: Faites tout ce qu’il vous dira» (v. 1-5).

Ce récit nous montre comment le Saint Esprit se sert d’un fait historique pour donner la pensée de Dieu. Lorsqu’on parle d’une noce, on s’attend à la description des époux, du menu du repas et de la gaieté qui régnait dans la fête. Ici, rien de pareil. Deux faits capitaux caractérisent ce récit: le vin vient à manquer, et le Seigneur en donne du meilleur. L’enseignement divin n’est pas difficile à trouver, si l’on se rappelle que, dans la Parole, le vin est l’emblème de ce qui donne la joie, soit pour Dieu, soit pour les hommes (voir Juges 9:13).

Le Seigneur et ses disciples sont conviés à cette noce. Sa mère était aussi là, symbolisant Israël dont le Christ est issu (Romains 9:5). L’ensemble de ces personnes représente ceux qui, au milieu des Juifs, ayant reçu le Seigneur comme Messie, s’attendaient à le voir établir son règne. Dans l’état où se trouvait le peuple, le vin manquait; il n’y avait pas de joie en Israël. Pour que la joie se produise, il faut que tout soit en rapport avec la pensée de Dieu, afin qu’il soit libre de faire jouir de sa présence et de ses bienfaits. La joie régna jadis en Israël, lors de certaines délivrances et manifestations de la grâce de Dieu, tout particulièrement sous le beau règne de Salomon; mais tout se gâta bientôt à cause de l’infidélité du peuple, et la joie disparut — le vin vint à manquer. Elle ne pouvait subsister ni pour Dieu ni pour les hommes alors qu’elle dépendait de l’obéissance du premier homme.

Pour qu’Israël jouît d’une pleine bénédiction, il fallait que vînt le Messie promis. Précisément il était là, et ceux qui l’entouraient, ceux qui l’avaient reçu, pensaient qu’il allait donner la bénédiction et la joie qui faisaient absolument défaut chez le peuple. Aussi la mère de Jésus lui dit: «Ils n’ont pas de vin». Au lieu de se mettre à l’œuvre pour en donner, Jésus lui répond: «Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme? Mon heure n’est pas encore venue». Pour que les bénédictions apportées par le Christ pussent s’accomplir à l’égard de son peuple terrestre, ce qui aura lieu dans son règne millénaire, il fallait sa mort. C’est ce que Jésus dit à sa mère. Son «heure n’était pas encore venue». L’expression: «Mon heure», que l’on rencontre souvent dans cet évangile, désigne sa mort (voir chap. 7:30; 8:20; 12:23, 27; 13:1). C’est comme si Jésus disait à sa mère: «Pourquoi me demandes-tu de donner la joie au peuple tant que je n’ai pas accompli l’œuvre en vertu de laquelle je pourrai le faire». Dans l’état de péché où se trouvait le peuple, ce n’était pas possible. Il fallait la mort de Christ pour mettre fin à l’homme en Adam et régler la question du péché selon les exigences de la justice de Dieu, afin que Dieu pût accomplir ses pensées sur le pied de la grâce, soit envers les Juifs, soit envers tous les hommes. La mère de Jésus, confiante en lui, dit aux serviteurs: «Faites tout ce qu’il vous dira». Faire ce que dit le Seigneur est le seul principe de bénédiction dans toutes les circonstances, lors même que, comme sa mère, on ne comprendrait pas la portée de ses paroles.

«Or il y avait là six vaisseaux de pierre, pour tenir de l’eau, placés là selon l’usage de la purification des Juifs, pouvant recevoir chacun deux ou trois mesures. Jésus leur dit: Emplissez d’eau les vaisseaux. Et ils les emplirent jusqu’au haut. Et il leur dit: Puisez maintenant, et portez-en au maître d’hôtel» (v. 6-8). Pour jouir des bénédictions promises, la mort de Christ ne suffit pas. Une œuvre profonde de repentance et de purification s’accomplira chez le peuple grâce à un travail de conscience, produit par les circonstances terribles qu’il traversera aux derniers jours. Alors ils regarderont vers celui qu’ils ont percé, «ils se lamenteront comme on se lamente sur un fils unique, (Lire Zacharie 12:10-14). Ils devront juger toute leur idolâtrie passée, aussi bien que le rejet de leur Messie. Après cela se réalisera ce que dit Sophonie (chap. 3:14-17), ainsi que nombre d’autres prophéties. «Exulte, fille de Sion, pousse des cris, Israël! Réjouis-toi et égaie-toi de tout ton cœur, fille de Jérusalem!... L’Éternel ton Dieu, au milieu de toi, est puissant; il sauvera; il se réjouira avec joie à ton sujet: il se reposera dans son amour, il s’égaiera en toi avec chant de triomphe». Sans un profond travail de repentance, ce que les prophètes avaient annoncé, ce que désiraient aussi la mère de Jésus et ses disciples, ne pouvait avoir lieu. Et ce travail était bien loin de s’accomplir chez les Juifs orgueilleux, remplis de propre justice et de haine pour le Seigneur. Semblables aux vases de pierre dans leur endurcissement, ils étaient vides de cette eau morale de la purification et de repentance. Il fallait que, par l’affliction et la souffrance, ils en fussent remplis jusqu’au haut. Alors leur détresse se changera en joie par la venue du Seigneur. L’eau deviendra du vin, un vin bien meilleur que le premier.

Le maître d’hôtel s’étonne de ce que ce bon vin n’a pas été servi le premier. Comme beaucoup, il ne comprenait pas que, dans ses voies parfaitement sages, Dieu commence par laisser l’homme à sa propre responsabilité, pour qu’il fasse l’expérience de son incapacité à produire quoi que ce soit qui attire sur lui la bénédiction de Dieu; cette expérience faite, Dieu entre en scène, et sur le pied de la grâce, en vertu de la mort de Christ, il donne ce qui est meilleur et qui demeure éternellement.

L’homme agit autrement; il sert le bon vin le premier. Il cherche à jouir d’abord de tout ce que lui offre la nature ou le monde: jeunesse, santé, famille; mais rien ne se maintient dans cette création où le péché a tout gâté. Le moindre vient ensuite, et finalement la mort. Il n’y a que ce qui est de Dieu, une nouvelle création, qui puisse se maintenir dans son éternelle fraîcheur.

Grâces à Dieu, de ce qu’il ait gardé le bon vin pour le dernier, joie offerte à chacun par l’évangile en attendant qu’Israël en jouisse dans le règne de Christ.

«Jésus fit ce commencement de ses miracles à Cana de Galilée, et il manifesta sa gloire; et ses disciples crurent en lui» (v. 11). La gloire du Seigneur consiste en ce qu’il est, ici, l’auteur de la bénédiction et de la joie millénaires. Quand ils le virent, ses disciples crurent en lui, comme le résidu juif, lorsqu’il verra le Seigneur.

Ce troisième jour nous présente donc l’introduction de la joie qui sera la part du peuple juif dans le millénium, en vertu de la mort et, par conséquent, de la résurrection de Christ. Il est appelé «troisième jour» au lieu de «lendemain» comme les jours précédents, la résurrection du Seigneur y étant impliquée. Le terme de «troisième jour» désigne souvent ce jour si important (voir versets 19; Marc 9:31; Luc 9:22; 24:21).

Après cette scène, le Seigneur descendit à Capernaüm avec sa mère, ses frères, ses disciples, figure du peuple réuni autour de lui après la manifestation de sa gloire.

 

Purification du temple

(v. 13-15). — «La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem» (v. 13). Nous remarquerons, ici, pour ne pas y revenir, que, dans cet évangile, les fêtes sont appelées: «Fêtes des Juifs» (chapitres 5:1; 6:4; 7:2), sauf la dernière Pâque (chapitre 13:1), parce qu’elle coïncidait avec la mort de Jésus, antitype de cette fête. À l’origine, ces fêtes étaient des «fêtes à l’Éternel», mais elles avaient perdu leur caractère, parce que l’Éternel, présent au milieu du peuple dans la personne de Jésus, avait été rejeté. Elles devenaient donc simplement une fête des Juifs.

Jésus trouva le temple encombré par les animaux et ceux qui les vendaient aux Juifs, venus de loin pour célébrer la fête. Il renversa les tables de ceux qui changeaient les monnaies et ordonna aux vendeurs de colombes d’éloigner ces oiseaux: «Ne faites pas» dit-il, «de la maison de mon Père une maison de trafic» (v. 14-17). Cette purification du temple figure celle que le Seigneur accomplira à sa venue en gloire. C’est pourquoi elle prend place, dans cet évangile, après la noce de Cana qui préfigure l’établissement du millénium. À sa venue glorieuse, où il apportera la joie au résidu souffrant, le Seigneur trouvera le temple souillé par l’idolâtrie des apostats et il le purifiera afin qu’il devienne non seulement le saint lieu du culte rendu à l’Éternel, mais comme le dit Ésaïe 56:6, 7: «Ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples».

Les autres évangiles racontent la purification du temple après l’entrée triomphale du Seigneur à Jérusalem (Matt. 21; Marc 11; Luc 19). En Jean, l’Esprit de Dieu ne présente pas Jésus au peuple pour être reçu comme Messie, mais il donne, dans les deux premiers chapitres, un tableau symbolique de ce qu’il accomplit sur la terre depuis son introduction par Jean le baptiseur jusqu’à l’établissement de son règne. C’est pourquoi ce tableau se termine tout naturellement par la purification du temple, qui aura lieu au commencement du règne. Malachie (chap. 3:1, 2) montre le Seigneur venant soudainement à son temple où il accomplit ses jugements. Une fois de plus, on peut admirer la beauté et la précision des écrits inspirés là où la raison humaine ne voit que des contradictions.

Témoins de ce que Jésus faisait, les disciples se souvinrent des paroles du Psaume 69:10: «Le zèle de ta maison m’a dévoré» (v. 17). On comprend l’effet que produisait sur le Seigneur, si ardemment dévoué aux intérêts de son Père, la profanation de ce temple, qu’il reconnaissait comme la maison de son Père, par le peuple qui l’honorait de ses lèvres, mais dont le cœur était fort éloigné de lui (voir Ésaïe 29:13).

Frappés de l’autorité du Seigneur, les Juifs lui disent: «Quel miracle nous montres-tu, que tu fasses ces choses? Jésus répondit et leur dit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs donc dirent: On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et toi, tu le relèveras en trois jours!1 Mais lui parlait du temple de son corps» (v. 18-20). Jésus donne sa mort et sa résurrection comme signe aux Juifs pour établir par quelle autorité il agissait de la sorte, lui, le vrai temple de Dieu, celui en qui Dieu habitait au milieu de son peuple, quoiqu’il appelât le temple «la maison de son Père». Dans cet évangile tout est en rapport avec la gloire de la personne divine de Jésus. C’est lui qui relèvera le temple, son corps, que les Juifs croiront avoir détruit; il ressuscitera le troisième jour. Au chapitre 10:17, 18, il laisse sa vie et il la reprend; il a le pouvoir de la laisser, et le pouvoir de la reprendre. Vu sous la dépendance de Dieu, c’est Dieu qui le ressuscite. Pierre dit en Actes 2:32: «Dieu l’a ressuscité». Mais vu dans la gloire de sa personne divine, c’est lui qui se ressuscite.

1 Il s’agit du temps mis pour la reconstruction du temple par Hérode.

Cette scène, comme celle de la noce de Cana, est fondée sur la mort et la résurrection du Seigneur. «Lors donc qu’il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela; et ils crurent à l’écriture, et à la parole que Jésus avait dite» (v. 22). Ce que le Seigneur disait avait la même valeur que les écritures qu’ils possédaient alors. Les disciples ont pleine foi en la personne de Jésus, quand ils voient sa gloire manifestée dans les deux scènes de ce chapitre (v. 11 et 22), qui présentent les deux côtés de l’exercice de sa puissance, en bénédiction et en jugement, lorsqu’il viendra établir son règne.

Les versets 23-25 se rattachent plutôt au chapitre 3. Pendant la fête, Jésus fit des miracles qui ne nous sont pas rapportés; en les voyant, plusieurs crurent en son nom, mais Jésus ne se fiait pas à eux, «parce qu’il connaissait tous les hommes, et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendit témoignage au sujet de l’homme; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme». Par ces paroles la divinité de Jésus est affirmée. Il savait ce qui se passait dans les cœurs de tous autour de lui.

La vue de ses miracles produisit, en ceux qui en avaient été témoins, une certaine conviction, mais pas la foi. La puissance que Jésus manifestait leur fournissait la preuve de ce qu’il était, mais ils s’arrêtaient à cette constatation. Pour avoir la vie, il faut croire la Parole. Les miracles, les événements sensationnels, les épreuves peuvent produire des impressions, disposer le cœur à écouter la Parole de Dieu; mais si l’on ne croit pas, ces effets ne sont que passagers sans vie, comme la semence tombée dans les lieux pierreux et les épines. Il est probable que nous retrouvons de ces gens parmi les disciples du Seigneur qui se retirèrent de lui, parce qu’ils ne pouvaient admettre sa parole (chap. 6:66). Le chapitre 6 des Hébreux mentionne des personnes de cette catégorie; elles avaient été sous l’action de l’Esprit, de la Parole et des miracles, sans avoir la foi. On peut tromper les hommes, mais non pas Dieu.