Jean

Chapitre 1er

La Parole

(v. 1-5). — «Au commencement était la Parole; et la Parole était auprès de Dieu; et la Parole était Dieu. Elle était au commencement auprès de Dieu» (v. 1, 2). Jésus est appelé «la Parole», l’expression parfaite de la pensée de Dieu. Cette parole a pris une forme: elle «devint chair» (v. 14). Elle vint dans un homme qu’on pouvait rencontrer chaque jour lorsqu’il était ici-bas et que nous verrons dans la gloire éternellement. Les évangiles de Matthieu et de Luc nous racontent comment la chose eut lieu, mystère insondable pour tout autre que Dieu lui-même. Au lieu de parler de la naissance de Jésus, Jean nous dit ce qu’il était éternellement avant sa venue dans ce monde, avant ce qui eut un commencement: anges, cieux et terre. Lorsque ce qui fut créé a commencé, la Parole était. «Au commencement était la Parole». Cette Parole «était auprès de Dieu», donc distincte de Dieu; mais «elle était Dieu». «Au commencement», non seulement dans l’éternité, «elle était auprès de Dieu». Nous apprenons, par ces déclarations que, de toute éternité, la personne du Seigneur, le Fils de Dieu, existait; il n’a jamais eu de commencement. Tout en étant Dieu, quant à sa nature, il était distinct de Dieu comme personne. Si nous pouvons parler d’un commencement quant à Jésus, cela ne concerne que son humanité; il n’a été Homme que depuis sa naissance, alors qu’il devint chair. En voyant le petit enfant dans la crèche à Bethlehem, on voyait celui qui, de toute éternité, était auprès de Dieu, était Dieu, et par qui toutes choses furent créées. Son humanité n’a rien changé aux gloires de sa personne; aucune n’en a été atténuée; au contraire, c’est en Jésus que les gloires de Dieu furent manifestées dans leurs perfections et mises à la portée des hommes. Les gloires sont les perfections de Dieu manifestées dans la personne de son Fils; l’amour, la lumière, la grâce, la bonté, la miséricorde, la patience, la justice, la sainteté, la vérité, la fidélité, et ainsi de suite. On ne peut rien concevoir de plus merveilleux que cette manifestation de Dieu en grâce dans la personne de celui qui, après s’être anéanti comme Dieu, a été trouvé en figure comme un homme afin de sauver le pécheur, Dieu venant au milieu des hommes, à leur portée, sans qu’ils fussent anéantis par sa présence, lui que nul ne peut voir et vivre (Exode 33:20). De tout temps, les incrédules se sont efforcés de nier l’inspiration de l’évangile selon Jean, parce que la divinité de Jésus le caractérise. Le croyant, au contraire, est rempli d’admiration en considérant les gloires merveilleuses de celui qui vint dans ce monde pour le sauver. Cela dépasse tout ce qui pouvait monter au cœur de l’homme et le remplit de louanges et d’adoration, ici-bas, en attendant que nous puissions louer et adorer, lorsque nous verrons face à face la glorieuse personne du Fils de Dieu, en jouissant pleinement de son amour parfait dans la lumière céleste.

«Toutes choses furent faites par elle», nous dit le verset 3, «et sans elle pas une chose ne fut faite de ce qui a été fait». En Genèse 1, nous lisons: «Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. Là, Dieu créa. Ici, la création est attribuée à la Parole, puisque la Parole était Dieu, tout en étant distincte de Dieu, ce que prouve aussi Genèse 1:26, lorsque Dieu dit: «Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance». Au chapitre 11:7, il est aussi dit: «Allons, descendons, et confondons là leur langage». Dieu parle au pluriel, les deux personnes étant une et distinctes. L’Ancien Testament ne parle que de Dieu ou de Jéhovah en fait de divinité; les personnes de la Trinité, bien qu’elles existassent, ne sont distinguées qu’à la venue de Jésus lorsqu’il fut scellé du Saint Esprit, au baptême de Jean. Une voix, venant du ciel, dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir». Jusqu’alors, tout ce qui est dit de Dieu peut être dit du Fils; il est l’Éternel de l’Ancien Testament.

Le verset 4 nous révèle un autre fait merveilleux: «En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes». Les hommes, dans leur état de péché, sont privés de vie et de lumière. Ils se meuvent dans les ténèbres et sont morts moralement quant à Dieu; mais, selon ses desseins éternels de grâce, Dieu leur destinait la vie qui était dans son Fils, vie-lumière par laquelle ils seraient en relation vitale avec lui et dans la lumière, capables d’apprécier toutes choses selon sa pensée. En elle, dans cette Parole, était la vie, et la vie était la lumière des hommes, ou la vie des hommes, à l’intention des hommes, non des anges. Cette vie-lumière a brillé dans toute sa beauté en Christ, ici-bas: «Et la lumière luit dans les ténèbres; et les ténèbres ne l’ont pas comprise» (v. 5). La présence de Jésus apportait la lumière de Dieu dans le chaos moral où se trouve l’homme naturel; comme au chapitre 1 de la Genèse, la lumière a lui dans les ténèbres et a apporté la vie. Là où la lumière se trouve physiquement, il y a la vie; la nature ne peut se développer dans les ténèbres. Il en va de même spirituellement. Mais contrairement à ce qui a lieu dans la nature, l’apparition de la lumière, dans la personne du Fils de Dieu, n’a pas fait disparaître les ténèbres morales dans lesquelles l’homme naturel se meut; sa nature déchue trouve dans les ténèbres l’élément qui lui convient, puisqu’elle est ténèbres elle-même. La lumière demeure lumière, et les ténèbres, ténèbres. C’est une question de nature immuable. Non seulement l’homme ne peut changer, mais il ne veut pas changer. Il a vu la lumière, et il a préféré les ténèbres: «Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises» (chapitre 3:19). L’homme a rejeté Jésus, parce qu’il lui apportait la pensée de Dieu, la lumière, sur son état de péché. L’homme se croit bon; Dieu dit qu’il est mauvais. Il se croit capable de faire le bien; Dieu dit le contraire. Dieu l’appelle à se repentir, il ne le veut pas. Il appelle bien ce que Dieu appelle mal. Le Saint et le Juste est venu dans la personne de Christ; l’homme l’a appelé un pécheur, un Samaritain, un fou. Il n’a rien vu en lui qui le fît désirer; cependant il faisait les délices de Dieu, le Père, qui trouvait en lui tout son plaisir. Il y a incompatibilité de nature entre l’homme et Dieu, comme elle existe entre la lumière et les ténèbres et entre la vie et la mort. Nous verrons, au cours de cet évangile, que celui qui recevait Jésus et croyait en lui, bénéficiait de tout ce qu’il apportait; vie, lumière, amour, puissance. Notre passage dit simplement que les ténèbres n’ont pas été changées par le rayonnement parfait de la lumière divine.

 

Témoignage de Jean le baptiseur

(v. 6-13). — Dans cet évangile, nous ne voyons pas Jean annoncer que le royaume de Dieu s’était approché, puisque Jésus n’est pas présenté au peuple comme Messie; il rend témoignage de Jésus sous divers caractères que nous énumérerons plus loin après les avoir considérés. Il n’est rien dit non plus de la naissance du prophète, mais simplement: «Il y eut un homme envoyé de Dieu; son nom était Jean. Celui-ci vint pour rendre témoignage, pour rendre témoignage de la lumière, afin que tous crussent par lui» (v. 6, 7). Jean est «l’envoyé de Dieu», qualificatif appliqué à Jésus quarante fois environ dans cet évangile. Comme dans les autres évangiles, Dieu veilla à ce qu’un témoignage précédât l’arrivée de son Fils pour préparer son chemin dans les cœurs, afin que les hommes fussent sans excuse s’ils ne recevaient pas Jésus. On voit, dans le verset 7, que Jésus était bien la lumière, puisque, après avoir parlé de la lumière, Jean dit: «afin que tous crussent par lui».

Il y avait chez Jean une telle conformité à Christ, il portait si fidèlement ses caractères divins, qu’il est dit de lui: «Lui n’était pas la lumière, mais pour rendre témoignage de la lumière: la vraie lumière était celle qui, venant dans le monde, éclaire tout homme» (v. 8, 9). La lumière divine, qui brillait dans la personne de Jésus, a lui sur tous les hommes, comme le soleil lorsqu’il éclaire l’univers. Cela ne veut pas dire que tous en ont profité; nous avons vu et verrons encore le contraire; mais tous l’ont vu et tous pouvaient être éclairés, tout homme, les gentils comme les Juifs. On voit au chapitre 8 les hommes sous l’effet de cette lumière, lorsque Jésus dit à ceux qui lui avaient amené une femme adultère: «Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle» (v. 7). La lumière leur montre qu’ils sont tous pécheurs; mais au lieu de profiter de la présence de Jésus venu pour eux, ils se retirent «un à un, en commençant depuis les plus anciens jusqu’aux derniers» (v. 9). Après avoir constaté cela, Jésus dit: «Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie» (v. 12). Ceux qui venaient à lui avec foi, quels qu’ils fussent, possédaient cette vie-lumière.

«Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui; et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez soi; et les siens ne l’ont pas reçu» (v. 10, 11). Depuis la création, le monde tomba dans un tel état moral qu’il ne put reconnaître son créateur lorsqu’il vint à lui. En outre, depuis la chute de l’homme, Dieu s’était formé un peuple auquel il avait annoncé la venue de son Fils. Ce peuple était comme sa famille: là, peut-être, sera-t-il reçu? Pas mieux! Si le monde ne l’a pas connu, les Juifs, appelés «les siens», l’ont repoussé. En Orient, lorsqu’on frappe à la porte d’une maison, ceux qui sont à l’intérieur, avant d’ouvrir, constatent par une ouverture pratiquée dans ce but, qui est la personne qui heurte; après l’avoir vue, ils ouvrent ou non, selon que cela leur convient. Il en fut de même avec Jésus; ils l’ont vu, mais n’ont pas voulu le recevoir. «Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père, dit le Seigneur au chapitre 15:24. Ils ont dit: «Celui-ci est l’héritier; venez, tuons-le» (Matt. 21:38). Terrible culpabilité!

Cependant, en présence d’un tel état de choses, Dieu ne demeure pas sans ressources; il est actif en grâce et en puissance au milieu d’une scène de révolte et de mort: «Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu» (v. 12, 13). Quelle grâce merveilleuse! Il suffit de recevoir Jésus, de croire, pour devenir un enfant de Dieu et sortir d’une condition de ténèbres et de mort où l’homme ne saurait avoir de rapports avec Dieu, et, pour autant qu’il le discerne dans son Fils, ne veut rien de lui. Celui qui croit en Jésus le possède comme vie: «Celui qui a le Fils a la vie» (1 Jean 5:12). Il entre en relation avec Dieu comme un enfant bien-aimé. La nature humaine, la volonté de l’homme n’y sont pour rien; tout est de Dieu. Il est né de Dieu; il participe à sa nature. Dès lors, il est dans la lumière; il peut jouir de la communion avec Dieu; il a les pensées de Dieu; il est propre pour le ciel, le domaine glorieux de la vie-lumière et de l’amour.

Cher lecteur, êtes-vous un enfant de Dieu? Si non, vous êtes dans les ténèbres et dans la mort, sans autre perspective que les ténèbres de dehors éternellement, loin de la présence de Dieu. Afin que vous puissiez sortir de cet état et vivre de la vie divine ici-bas déjà et dans la bienheureuse éternité, le Fils de Dieu est venu dans ce monde vous apporter la vie. Recevez-le, et, malgré toute votre culpabilité, vous aurez le droit d’être enfant de Dieu. Comment le recevoir? Direz-vous. Croyez en lui, croyez qu’il est venu dans ce monde pour vous apporter de la part de Dieu ce que vous n’auriez jamais pu obtenir par vos propres ressources, mais ce que vous possédez en croyant.

 

La Parole devint chair

(v. 14-18). — Il est impossible de nous laisser quelque peu pénétrer de la grandeur de Dieu, autant que notre esprit peut le faire, sans que nous soyons remplis d’admiration et d’adoration en présence du fait que ce Dieu est venu comme un homme, tout en étant toujours Dieu, apporter lui-même la grâce dont avait besoin un monde coupable et révolté contre lui. Lorsque l’homme était à l’état d’innocence, l’Éternel-Dieu descendait et pouvait avoir des rapports avec lui; mais lorsque la Parole devint chair et habita au milieu des hommes, le péché était entré dans le monde et avait privé l’homme des rapports qu’il pouvait avoir avec Dieu dans l’état d’innocence; en plus, il s’était écoulé quatre mille ans durant lesquels Dieu avait usé de patience en fournissant aux hommes l’occasion de prouver s’ils étaient capables de quelque bien. Ils démontrèrent, au contraire, la corruption de leur nature et leur incapacité de changer. Tout autre qu’un Dieu d’amour aurait détruit un monde pareil; c’est pourtant ce moment-là que Dieu choisit pour venir, sous une forme humaine, se mettre en contact avec les hommes et leur apporter la grâce et la vérité, et cela dans une humilité telle qu’on vit le Seigneur assis sur la margelle d’un puits, lassé du chemin, demandant à boire à une pécheresse samaritaine, afin de lui communiquer l’eau vive de la vie éternelle. Quel sujet d’adoration et de louanges le fait merveilleux, énoncé dans ce verset 14, ne fournit-il pas dès maintenant et à toujours, à tous ceux qui ont profité de cette manifestation de Dieu en grâce?

«Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité» (v. 14). Autrefois Jéhovah avait habité au milieu du peuple d’Israël dans le tabernacle ou le temple; mais alors nul ne pouvait pénétrer dans le lieu très saint sans mourir. En son Fils, Dieu vint habiter au milieu des hommes; on pouvait le voir, lui parler, le toucher, et surtout l’écouter; c’était l’homme le plus accessible de tous, caractérisé par la grâce et la vérité.

La grâce vient en premier lieu; elle attire le cœur du pécheur et produit en lui la repentance. «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes» (2 Cor. 5:19). Cette grâce permettait à la pécheresse du chapitre 7 de Luc de s’approcher de Jésus chez Simon. La vérité vient ensuite, car, si la vérité de ce qu’est l’homme pécheur en présence du Dieu saint venait de prime abord, tous auraient fui; mais la grâce ayant gagné le cœur, le pécheur prend confiance et peut recevoir la vérité quant à son état et quant à Dieu, pour comprendre toujours mieux la beauté et la grandeur de la grâce dont il est l’objet.

L’apôtre Jean et ceux qui, avec lui, avaient reçu Jésus, avaient pu voir quelle gloire caractérisait cet homme divin, alors que d’autres ne voyaient en lui aucune beauté: «Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père». La gloire, avons-nous dit, est l’ensemble des perfections de Dieu, telles que Jésus les a manifestées ici-bas, et telles qu’il les manifestera éternellement. Ici c’est la gloire d’un fils unique de la part du Père, ou d’un Père; ce qui caractérise cette relation d’un Père avec son fils unique, c’est l’amour dont Jésus était l’objet et dont il fut l’expression parfaite. C’est donc, d’une manière toute particulière, l’amour que voyaient ceux qui l’entouraient, et surtout l’auteur de cet évangile, amour assez connu pour lui permettre de se pencher sur le sein de Jésus le soir du dernier repas; ce soir-là, cette attitude symbolisait celle que le bienheureux apôtre avait toujours eue vis-à-vis de son divin Maître.

Puissions-nous tous vivre dans la proximité et dans la jouissance d’un tel amour pour le reproduire à notre tour!

Au verset 15, Jean le baptiseur rend témoignage à la manifestation de Dieu en chair dans la personne de Jésus, et à l’éternité de son être, comme au verset 7, il avait rendu témoignage à sa nature qui est lumière. «Jean rend témoignage de lui, et a crié, disant: C’était celui-ci duquel je disais: Celui qui vient après moi prend place avant moi; car il était avant moi». Quant à sa naissance, Jésus venait après Jean; mais il prenait place avant lui, car son existence était éternelle. Plus loin, il dira: «Il faut que lui croisse, et que moi je diminue» (chap. 3:30), faisant allusion à la gloire du ministère de Jésus qui remplirait la scène tout entière, alors que celui de Jean allait se terminer.

Aux versets 16-18 qui se relient au verset 14, Jean l’évangéliste reprend la parole. Dans cette Parole qui devint chair, pleine de grâce et de vérité, dont la gloire brillait aux yeux des croyants comme celle d’un fils unique de la part du Père, il y avait une telle plénitude de ce qu’est Dieu en grâce, que ceux qui croyaient en lui avaient reçu grâce sur grâce. En effet, la grâce répandue sur les lèvres du Seigneur, selon le Psaume 45:3, préparait le cœur à recevoir la vérité quant à son triste état; elle faisait face à toute la misère que la vérité mettait à découvert. La réponse à toutes les faiblesses, aux inconséquences, aux infidélités, aux peines des siens, ainsi que toutes les bénédictions qu’ils recevaient de Jésus, n’étaient que des grâces ajoutées les unes aux autres. Chaque croyant est un objet de cette grâce dont la plénitude était en Christ ici-bas. Quelle faveur pour des pécheurs tels que nous sommes tous par nature, de pouvoir puiser à une telle plénitude de bénédictions, toujours à la disposition de chacun! Que Dieu nous donne de le faire plus abondamment chaque jour!

Au verset 17, l’évangéliste met en contraste le service de Moïse, donnant la loi, avec ce que Jésus a apporté. «La loi a été donnée par Moïse; la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ». Moïse avait donné la loi à Israël, de la part de Dieu; lui n’en était pas l’expression, il n’était que médiateur, tandis que Dieu n’a pas donné la grâce et la vérité par le moyen de Jésus Christ; c’est par lui quelles sont venues; il en était l’expression; elles découlaient de sa plénitude. Mais il y a encore une autre différence; la loi ne présentait pas la vérité dans son ensemble, elle exprimait simplement ce que Dieu exigeait de l’homme afin qu’il pût vivre; elle n’était pas l’expression de ce qu’était Dieu, ni de ce qu’était l’homme, ni du péché, ni du monde, ni de toutes choses, comme était la vérité venue par Christ.

«Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (v. 18 ). Ni la loi, ni les prophètes n’avaient fait connaître Dieu; il ne pouvait mieux se faire connaître que par son Fils unique, celui qui, par sa nature, était toujours dans le sein du Père et jouissait sans interruption de la communion qui avait toujours existé entre le Père et le Fils, en qui «toute la plénitude de la déité s’est plu à habiter, (Col. 1:19), expression parfaite de celui que l’homme ne peut voir et vivre, «qui habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu ni ne peut voir» (1 Tim. 6:16), mais qui a bien voulu se rendre visible, en grâce, à tous les hommes, dans la personne de son propre Fils, «le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance (Héb. 1:3). Quiconque voulait contempler Jésus voyait Dieu en grâce; aussi a-t-il pu dire: «Celui qui m’a vu a vu le Père» (14:9).

Quel fait merveilleux et insondable que celui de l’humanité de Christ, vu ici-bas, un homme réel, en même temps Dieu, et toujours dans le sein du Père, «le Fils de l’homme qui est dans le ciel». Si l’incarnation demeure un mystère, nous pouvons croire et adorer celui qui a bien voulu devenir un homme pour nous apporter la grâce et la vérité, et subir à la croix le jugement que nous avions mérité, pour nous placer dans la même relation que lui avec son Dieu et Père. Et combien est insondable l’amour de Dieu, qui s’est révélé en donnant son Fils, son unique, pour des êtres perdus et coupables, sans aucun droit au bonheur dans sa présence, puisque nous avions commis le péché qui nous séparait éternellement de lui. On comprend que l’évangile selon Jean, en exposant un sujet pareil, attire le cœur vers celui qui y est révélé.

 

Réponse de Jean aux Juifs

(v. 19-28). — Le ministère de Jean le baptiseur captivait l’attention des Juifs, car, durant plus de quatre siècles, il ne s’était levé aucun prophète au milieu d’eux. La perfection de la vie de Jean, son témoignage divin qui répondait pleinement aux pensées de Dieu, sa séparation absolue du peuple à cause de l’état moral de celui-ci, tout cela pouvait faire supposer qu’il était le Christ, ce qui du reste est dit en Luc 3:15: «Et comme le peuple était dans l’attente, et que tous raisonnaient dans leurs cœurs à l’égard de Jean si lui ne serait point le Christ...» Les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des lévites pour lui demander qui il était (v. 19). Cette demande donne à Jean l’occasion de rendre témoignage à la gloire de la personne de Christ, encore inconnu de lui et du peuple au milieu duquel il vivait depuis trente ans. Il leur répondit: «Moi, je ne suis pas le Christ. Et ils lui demandèrent: Quoi donc? Es-tu Élie? Et il dit: Je ne le suis pas. Es-tu le prophète? Et il répondit: Non. Ils lui dirent donc: Qui es-tu, afin que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés? Que dis-tu de toi-même? » (v. 20-22). Dans sa grande humilité, conscient de la grandeur de celui dont il était le précurseur et le témoin, Jean dit ce qu’il n’est pas. Il ne veut rendre témoignage qu’à Jésus. Il n’est pas le Christ. Il n’est pas Élie promis en Malachie 4:5 qui doit venir avant «le grand et terrible jour de l’Éternel», jour de jugement. Il n’est pas non plus «le prophète» dont Moïse avait parlé en Deutéronome 18:18: «Je leur susciterai un prophète comme toi, du milieu de leurs frères, et je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai». Ce prophète était le Christ. Mais, sur les instances de ses interlocuteurs, Jean leur dit qu’il est une voix. Il s’efface entièrement lui-même, comme tous devraient le faire et surtout ceux que le Seigneur emploie à un service quelconque en public, se contentant de n’être qu’une voix. Ésaïe (chap. 40:3) avait annoncé le ministère de Jean dans les termes employés par lui-même: «Moi, je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Faites droit le chemin du Seigneur» (v. 23). Il était la voix de Dieu, qui annonçait l’arrivée prochaine du Seigneur et prêchait ce qui convenait au peuple pour jouir du règne du Messie; il préparait ainsi son chemin. Mais cette voix se faisait entendre dans «le désert». Effectivement Jean le baptiseur vivait dans le désert (Luc 1:80); figure de l’état du peuple juif — du monde — où Dieu ne pouvait rien recueillir et où personne ne répondait à cette voix. Quant à Dieu, l’homme est sourd. Triste tableau de ce monde! Sans l’intervention de Dieu en grâce, par la venue de son Fils, il n’y avait aucun remède à cet état.

Les envoyés des pharisiens (v. 24), ne comprenant pas la réponse de Jean, lui demandent encore: «Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète? » (v. 25). Ces hommes reconnaissaient que, pour baptiser, il fallait être revêtu d’une autorité divine1. Si les Juifs n’avaient pas été sourds à la voix de Jean, ils auraient compris sa dignité; ils auraient vu que son baptême était d’autorité divine, lui que Jésus appelle «le plus grand des prophètes»; ils auraient saisi que leur Messie allait enfin apparaître. Leur question donne lieu au témoignage rendu à la gloire de la personne du Seigneur. «Jean leur répondit, disant: Moi, je baptise d’eau: mais au milieu de vous il y en a un que vous ne connaissez pas, celui qui vient après moi, duquel moi je ne suis pas digne de délier la courroie de la sandale (v. 26, 27).

1 Baptiser (mot qui signifie plonger ou baigner), c’est le fait d’introduire en général dans un état de choses nouveau ou dans un nouveau service.

Que devait être pour le cœur de Jean la pensée de la manifestation imminente de la personne du Seigneur, quand il était pénétré si profondément de sa gloire? Aussi, lorsqu’il le vit, il put dire que sa joie était accomplie (chap. 3:29).

 

Les lendemains

Dès le chapitre 1, v. 29 jusqu’au v. 22 du second chapitre, les faits rapportés forment une histoire symbolique de tout ce qui se passe depuis le moment où Jean le baptiseur voit apparaître Jésus jusqu’à l’établissement du règne millénaire. Ce temps est divisé en trois parties représentées par trois jours introduits au verset 29 par «le lendemain» qui forme le premier de ces jours, auquel appartient un «lendemain encore» (v. 35). Ce premier «lendemain» est donc divisé en deux parties, parce qu’il contient deux témoignages distincts rendus à Jésus. La première partie nous présente le temps où Jésus est introduit sur la scène (v. 29-31); la seconde (v. 32-43), celui dans lequel il est absent, depuis sa mort, le temps de l’Église sur la terre, où les croyants le suivent et sont rassemblés autour de lui.

Le second lendemain, ou second jour (v. 44-52), symbolise le temps dans lequel Jésus sera reconnu du résidu des Juifs, représenté par Nathanaël.

Le troisième jour (chap. 2), représente le millénium où le bon vin, emblème de la joie, sera apporté au peuple par Jésus en vertu de sa mort. Le chapitre 2 se termine par la purification du temple, acte qui appartient aussi à la période du troisième jour.

 

Premier lendemain ou premier jour

Première partie

(v. 29-43). — Ce lendemain est celui d’un jour qui n’est pas nommé, dans lequel Jean le baptiseur annonçait la venue du Christ, comme nous l’avons vu aux versets 19-28. À ce fait succède naturellement ce lendemain où Jésus apparaît publiquement. «Le lendemain, il voit Jésus venant à lui, et il dit: Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde!» (v. 29). Quel moment solennel et glorieux, que celui dans lequel apparaissait à Jean et au monde l’Agneau de Dieu, «préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps» (1 Pierre 1:19-20); il avait pour type l’Agneau que l’Israélite en Égypte tenait en garde jusqu’au quatorzième jour, afin de le sacrifier. Jésus était l’agneau de Dieu, celui que Dieu avait choisi, sur lequel ses yeux reposaient de toute éternité pour accomplir ses conseils éternels. Il établirait un monde nouveau, après avoir réglé, à la croix, par ses souffrances, la question du péché et de la culpabilité de l’homme ruiné et corrompu, et cela selon les exigences de la majesté de Dieu. L’expression «Agneau» implique l’idée de souffrances de la part du monde et de rejet: c’est l’emblème de l’innocence sans protection, exposée à la haine des hommes.

Ce qui caractérise l’œuvre de l’Agneau de Dieu, c’est qu’il ôte le péché du monde, c’est non seulement son œuvre à la croix, mais tout ce que Christ accomplira en vertu de sa mort, soit la réconciliation de toutes choses avec Dieu pour le millénium, soit l’établissement des cieux nouveaux et de la nouvelle terre où la justice habitera; en effet, le péché une fois ôté, il ne reparaîtra plus jamais. C’est pourquoi l’Apocalypse, où il s’agit de l’accomplissement des conseils de Dieu envers la terre, présente le Seigneur comme un Agneau.

Jean ajoute: «C’est de celui-ci que moi, je disais: Après moi vient un homme qui prend place avant moi, car il était avant moi. Et pour moi, je ne le connaissais pas; mais afin qu’il fût manifesté à Israël, à cause de cela, je suis venu baptiser d’eau» (v. 30, 31). Ici, Jean l’appelle: «un homme», mais un homme qui n’était rien moins que le Fils de Dieu, possesseur de toutes les gloires divines, venu du ciel pour ôter du monde, par son sacrifice expiatoire, toute trace de l’activité du premier homme. Cette œuvre merveilleuse a été entreprise et menée à bonne fin par cet Homme glorieux, l’homme des conseils de Dieu.

Quoique venu après Jean par sa naissance comme homme, Jésus était avant lui (v. 30), en vertu de son existence éternelle. Jean ne le connaissait pas; mais il administrait le baptême en vue de sa manifestation «à Israël», non pas «aux Juifs», ni «à Juda»; il reconnaît le peuple dans son ensemble selon les pensées de Dieu, parce que le peuple entier, les douze tribus, sera au bénéfice de sa venue.

Jean continue le témoignage qu’il rend à Jésus et dit: «J’ai vu l’Esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui. Et pour moi, je ne le connaissais pas; mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, celui-là me dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise de l’Esprit Saint» (v. 32, 33). Comme nous l’avons remarqué dans les autres évangiles, le Saint Esprit pouvait venir sur Jésus homme en vertu de ses propres perfections, tandis qu’il ne peut être reçu par le croyant qu’en vertu de l’œuvre de Christ qui le purifie de tous ses péchés. Il descend sur Jésus sous la forme d’une colombe, emblème de la douceur, de la grâce, de la débonnaireté avec lesquelles il a accompli tout son service. Lorsqu’il vint sur les disciples (chapitre 2 des Actes), c’est sous la forme de langues divisées comme de feu, l’Esprit leur donnant la capacité d’annoncer l’évangile en diverses langues et il était la puissance de la Parole qui juge tout ce qui n’est pas selon Dieu. Le feu est toujours l’emblème du jugement. En Christ, il n’y avait rien à juger; tout était parfait.

Jean relie à la descente du Saint Esprit sur Jésus le fait qu’il baptiserait de l’Esprit Saint. C’est la seconde partie de son œuvre; mais auparavant il devait accomplir l’œuvre de la purification des pécheurs, afin de pouvoir les baptiser de l’Esprit Saint. Ce baptême eut lieu le jour de la Pentecôte (Actes 2:1-4), quand le Saint Esprit, comme personne, vint sur la terre et dans le croyant. Dès lors, à mesure qu’un pécheur croit à l’évangile, il reçoit le Saint Esprit qui seul le rend capable de comprendre les choses de Dieu (voir 1 Cor. 2:10-16). Le Saint Esprit venant à la suite du départ du Seigneur, le remplace auprès des siens, comme nous le voyons dans les chapitres 14, 15 et 16. Le monde qui a rejeté Christ ne peut le recevoir. Il n’est venu que pour les croyants.

Au verset 34, Jean rend témoignage que cet homme qui existait avant lui, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, était bien le Fils de Dieu.

 

Seconde partie

Avec le verset 35 commence la seconde partie du premier lendemain, où nous avons encore un autre témoignage de ce qu’était Jésus et de ce qu’il ferait ici-bas. «Le lendemain encore, Jean se tint là, et deux de ses disciples; et regardant Jésus qui marchait, il dit: Voilà l’Agneau de Dieu! Et les deux disciples l’entendirent parler, et ils suivirent Jésus (v. 35-37). Ici, Jean ne dit pas ce que fait Jésus, comme dans les versets 29 et 33; il le regarde marcher. Une fois introduit sur la scène, Jésus attire les regards du cœur renouvelé, rendus capables de voir, dans sa marche ici-bas, les perfections divines et humaines du Fils de Dieu devenu homme. En le considérant dans son activité merveilleuse, la foi ne peut que reconnaître en lui l’Agneau de Dieu, celui que Dieu a choisi pour accomplir l’œuvre de la rédemption. Toutes les perfections de sa marche le désignaient comme l’Agneau de Dieu sans défaut et sans tache. En le contemplant ainsi, on peut en parler de manière à attirer d’autres cœurs à lui. C’est ce qui eut lieu avec Jean et ses deux disciples: «Et les deux disciples l’entendirent parler, et ils suivirent Jésus». Chaque croyant devrait être capable de voir en Christ toutes ses beautés et d’en parler de manière à attirer à lui ceux qui l’entourent. Comme David, au Psaume 45, il devrait pouvoir dire ce qu’il a «composé su sujet du roi», avec «le style d’un écrivain habile». Jean ne retient pas ses disciples; il est trop pénétré des gloires de son objet pour ne pas désirer qu’ils en jouissent et le suivent. On voit en Jean les véritables caractères du ministère conforme à la pensée de Dieu ayant pour but d’amener les âmes à Christ, en contraste avec l’esprit clérical qui les attire après l’homme (voir Actes 20:30). Nous avons déjà vu un de ses caractères dans les versets 19-28, où Jean n’est qu’une voix, mettant en relief celui dont il est le témoin en s’effaçant lui-même. Si le vrai ministère conduit les âmes à Christ, nous voyons Christ lui-même prendre soin de ceux qui le suivent. «Et Jésus se retournant, et voyant qu’ils le suivaient, leur dit: «Que cherchez-vous? Et ils lui dirent: Rabbi (ce qui, interprété, signifie maître), où demeures-tu? Il leur dit: Venez et voyez. Ils allèrent donc, et virent où il demeurait; et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là: c’était environ la dixième heure» (v. 38-40). Dès que l’on connaît Jésus comme objet du cœur, on se sent entraîné à sa suite. C’est l’enseignement symbolique que nous donne la conduite des disciples de Jean. Tant que Jésus n’était pas manifesté, ils demeuraient avec leur maître; mais une fois manifesté, il y a en lui une attraction qui agit sur les affections renouvelées et attire vers lui. C’est une chose anormale pour un croyant que de connaître le Seigneur et de ne pas le suivre. Le suivre, cela implique la séparation de tout ce que Dieu désapprouve pour agir selon le modèle que nous avons en Jésus. Pour le connaître, il nous faut «le regarder marcher», comme le faisait Jean. En le suivant, on demeure auprès de lui. «Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là». Ce jour-là représente toute la période qui s’écoule depuis la manifestation de Jésus ici-bas jusqu’à son retour pour enlever les siens. Ce jour commence à la dixième heure, la neuvième heure étant l’heure de sa mort. C’est le temps où il est rejeté. Par la foi, le croyant demeure auprès de lui.

Dans les versets 41-43, nous voyons que l’un de ceux qui avaient suivi Jean, André, s’emploie à le faire connaître à son frère Simon, en lui disant: «Nous avons trouvé le Messie», et il le mena à Jésus. André représente ceux qui, après avoir trouvé Jésus pour leur propre compte, éprouvent le besoin de le révéler à d’autres. Au chapitre 11 des Actes, les Juifs n’annonçaient le Seigneur qu’à leurs frères; mais les Cypriotes et les Cyrénéens en parlèrent aussi aux leurs, «et un grand nombre, ayant cru, se tournèrent vers le Seigneur». Quand Jésus vit Simon, il lui dit «Tu es Simon, le fils de Jonas; tu seras appelé Céphas (qui est interprété Pierre)» (v. 43). Jésus use de l’autorité qu’il possède sur les siens pour donner à Pierre le nom qu’il savait lui convenir avec la position qu’il aurait comme pierre de l’édifice dont il ferait partie.

Les versets 37 à 40 nous présentent donc d’une manière symbolique ce qui caractérise la vie du croyant pendant l’économie de la grâce, depuis le rejet de Jésus jusqu’à son retour. Il doit le contempler dans sa marche pour apprendre à connaître ses perfections, le suivre, demeurer avec lui, le faire connaître à ceux qui l’entourent. Telle est la part du croyant en attendant d’être avec lui dans la gloire. Puissions-nous tous réaliser une vie pareille!

 

Second lendemain ou second jour

(v. 44-52). — La scène symbolique relatée dans ces versets nous transporte dans la période qui suit celle de l’histoire de l’Église, telle que nous venons de le voir dans les versets qui précèdent. Ce temps étant terminé, Jésus reprend ses relations avec son peuple terrestre, représenté par un faible résidu qui le reconnaît. C’est ce que l’Esprit de Dieu nous fait voir dans le récit qui caractérise le second lendemain.

«Le lendemain, il voulut s’en aller en Galilée. Et Jésus trouve Philippe, et lui dit: Suis-moi. Or Philippe était de Bethsaïda, de la ville d’André et de Pierre. Philippe trouve Nathanaël et lui dit: Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth» (v. 44-46).

Nous savons qu’après l’enlèvement des saints, Dieu suscitera, parmi les Juifs rentrés dans leur pays, des serviteurs pour leur prêcher l’évangile du royaume et leur annoncer que le Christ rejeté par leurs pères doit venir établir son règne. Dans le récit que nous avons sous les yeux, Philippe est une figure des messagers que le Seigneur appellera à ce service. Il va vers Nathanaël qui représente le résidu juif trouvé sous le figuier, figure bien connue d’Israël, et lui parle du Christ sous le caractère du méprisé de Nazareth. De même, dans le jour à venir, le résidu juif apprendra que celui qu’il a méprisé était son Messie. Au lieu de voir en Christ premièrement le personnage glorieux qui doit paraître, il devra le reconnaître en celui qui, venu chez les siens, a été méprisé et rejeté. «Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé», est-il dit en Zacharie 12:10. Ces messagers trouveront au premier abord, chez ce résidu, l’incrédulité de l’ignorance, comme celle de Nathanaël: «Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? Philippe lui dit: Viens, et vois». Comme Nathanaël, ils auront tout à apprendre au sujet du Christ, puisqu’ils n’auront pas cru jusque-là en celui qu’ils ont percé. Quand Jésus vit venir à lui Nathanaël, il dit de lui: «Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude. Nathanaël lui dit: D’où me connais-tu? Jésus répondit et lui dit: Avant que Philippe t’eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais. Nathanaël répondit et lui dit: Rabbi, tu es le Fils de Dieu; tu es le roi d’Israël» (v. 48-50). En venant à Jésus, Nathanaël apprend à le connaître; il voit que, sous la forme du rejeté d’Israël, il a à faire avec Dieu qui connaît tout. En effet, bien avant que l’œuvre s’accomplisse dans le résidu juif, le Seigneur le connaît. Quoique ignorant, Nathanaël porte le caractère de sincérité du résidu: «un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude». Droit de cœur, il se laisse enseigner et, immédiatement convaincu de la gloire de Jésus, il ne discute plus sur son origine; la parole du Seigneur l’a placé devant Dieu: «Tu es le Fils de Dieu; tu es le roi d’Israël». C’est ainsi que le résidu apprendra à connaître son roi, comme Thomas, au chapitre 20, lui aussi une figure du résidu, dit en reconnaissant Jésus ressuscité: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Mais Jésus a d’autres titres et d’autres gloires que celle de Messie: il dit à Nathanaël: «Parce que je t’ai dit que je te voyais sous le figuier, tu crois? tu verras de plus grandes choses que celles-ci. Et il lui dit: En vérité, en vérité, je vous dis: Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l’homme» (v. 51, 52). Christ sera vu et connu non seulement comme roi d’Israël, mais aussi dans sa gloire de fils de l’homme, titre sous lequel il dominera sur l’univers entier durant le millénium; par son moyen, les bénédictions divines se répandront sur la terre, alors qu’il y aura par lui une relation établie entre les cieux et la terre purifiés. Comme fils de l’homme, il sera l’objet du service des anges qui monteront et descendront sur lui, de même qu’au chapitre 28 de la Genèse, l’Éternel fit voir à Jacob les agents qui le protégeraient dans son pèlerinage. Ici le Seigneur lui-même est l’objet du service des anges durant le jour millénaire. Au chapitre 2 de l’épître aux Hébreux (v. 5 et suivants), il est dit que «ce n’est point aux anges qu’il a assujetti le monde habité à venir dont nous parlons»; il s’agit du monde du millénium. L’auteur de l’épître veut montrer aux Hébreux que tout glorieux que fussent les anges, pour lesquels les Juifs avaient une si grande considération, c’était au fils de l’homme, fait inférieur à eux, puisqu’ils ne peuvent mourir, qu’appartenait le gouvernement du règne millénaire; que déjà maintenant, en attendant de régner en gloire, la foi le voit couronné de gloire et d’honneur (v. 6 à 9).

Dans ce merveilleux chapitre, dont nous venons à peine d’effleurer les sujets insondables, le Seigneur nous est présenté avec tous les titres qui lui appartiennent, sauf ceux qui sont relatifs à l’Église. Nous l’y trouvons comme Parole, comme Dieu, Créateur, vie, lumière, Fils unique, Agneau de Dieu, Fils de Dieu, Roi d’Israël et Fils de l’homme. On comprend qu’un chapitre présentant un objet aussi glorieux soit inépuisable: il le prend dans l’infini du passé; il présente sa manifestation dans un homme, jusqu’à la fin du service qui lui a été confié, savoir son œuvre et toutes ses conséquences jusqu’au gouvernement du monde entier comme Fils de l’homme, jusqu’à ce qu’il remette le royaume à Dieu le Père (1 Cor. 15:24). Ce chapitre nous a aussi montré les divers témoignages rendus par Jean le baptiseur à Jésus: à sa nature, comme lumière (v. 7); à sa manifestation en chair (v. 12-15); à la gloire de sa personne (v. 19-28); à son œuvre (v. 29-33); à ce qu’il est, à savoir le Fils de Dieu (v. 34).

Dieu veuille que nous puissions avoir tous appris quelque chose de cette personne merveilleuse du Fils de Dieu, et que le peu que nous avons été capables de saisir produise en tous le désir de le connaître mieux et de le suivre plus fidèlement en attendant le moment, qui est proche, où nous serons avec lui, semblables à lui, pour le contempler éternellement dans toutes ses gloires.