Jean

Samuel Prod'hom

Introduction

Le sujet de l’évangile selon Jean est: «Dieu manifesté en chair», Dieu présenté aux hommes dans la personne de son Fils Jésus Christ, Dieu se révélant sous le caractère de Père, dont le «Fils unique qui est dans le sein du Père» a été l’expression parfaite. L’homme ne pouvait pas aller à Dieu à cause de la souillure du péché. C’est Dieu qui vient à lui en grâce et en vérité.

Nous voyons donc, dans ce merveilleux évangile, Jésus, le Fils de Dieu, au milieu des hommes, la parfaite révélation de ce que Dieu est dans sa nature: Lumière et Amour, mais sans l’éclat de cette lumière inaccessible, de cette gloire qui eût anéanti tous ceux qui en auraient aperçu le moindre rayon. Cependant tout ce qu’est Dieu, amour et lumière, a été présenté en grâce à tous les hommes, puisque Dieu vint sous une forme humaine, un homme réel, accessible à chacun, comme nous l’avons vu dans les trois premiers évangiles. Dans cette humanité parfaite, celui qui rencontrait Jésus ici-bas, rencontrait Dieu: Dieu manifesté en chair, la Parole faite chair. Dans cet abaissement, Dieu apportait aux hommes la vie. La loi l’avait promise à qui l’observait; mais aucun ne put l’obtenir par ce moyen. Au lieu d’exercer ses justes jugements sur les hommes, Dieu, en son Fils, leur apporte la vie qu’il leur destinait de toute éternité et qu’il donne gratuitement à quiconque le reçoit. Aussi personne n’a lu les quatre évangiles avec quelque peu d’attention sans avoir remarqué la grande différence qui existe entre celui qui nous occupe et les trois premiers. Celui-ci attire le cœur par l’amour et la grâce qui s’y manifestent, car Dieu y est révélé comme Père, Dieu le Fils venu au milieu des hommes pour nous apporter la grâce et la vérité, Dieu, donnant (chap. 4:10) et n’exigeant jamais rien.

Puisque l’évangile selon Jean traite de la manifestation au monde de Dieu en grâce, Dieu le Père, il ne présente pas au peuple juif Jésus pour le recevoir comme Messie, ainsi que cela a lieu dans les trois premiers, qui se terminent par l’histoire de son rejet. Jean constate, dès le début, le rejet de Christ: «Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui; et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez soi (chez les Juifs); et les siens ne l’ont pas reçu» (chap. 1:10-11. C’est pourquoi nous voyons Dieu s’élever au-dessus de l’état de l’homme pécheur et ruiné, pour agir en grâce et en puissance envers tous, non seulement envers les Juifs, mais envers le monde entier. Le sujet de l’évangile selon Jean est donc Jésus, Fils de Dieu, Dieu le Fils, Dieu homme. En présentant une telle personne, l’évangéliste ne pouvait commencer par une généalogie comme Matthieu et Luc qui montrent Jésus descendant d’Abraham ou d’Adam. Tel qu’il est en Jean, il n’a pas de commencement; il est éternel comme Dieu, puisqu’il est Dieu.

Comme dans les autres évangiles, nous voyons aussi que les différences dans les récits tiennent au caractère sous lequel l’Esprit de Dieu présente le Seigneur. Nous n’y trouvons pas, par exemple, l’expression: «Notre Père qui es aux cieux», puisque Dieu, comme Père, est présent sur la terre dans la personne du Fils. Nous n’y trouvons ni la transfiguration, ni l’institution de la cène, ni l’ascension.

Tous les miracles, au nombre de sept seulement, fournissent chacun l’occasion de développer les grandes vérités qui caractérisent l’évangile.

Les trois premiers chapitres servent d’introduction ou de préface. Le ministère du Seigneur ne commence proprement qu’avec le chapitre 4 et se poursuit jusqu’au douzième inclusivement. Une fois son service public accompli, Jésus donne à ses disciples, dans les chapitres 13 à 17, les instructions relatives à son départ et annonce la venue du Saint Esprit. Enfin les quatre derniers chapitres nous rapportent la mort, la résurrection et les apparitions de Jésus aux siens.