Galates

Chapitre 5

Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant; tenez-vous donc fermes, et ne soyez pas de nouveau retenus sous un joug de servitude. Voici, moi Paul, je vous dis que si vous êtes circoncis, Christ ne vous profitera de rien; et je proteste de nouveau à tout homme circoncis, qu’il est tenu d’accomplir toute la loi. Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu’il y a dans le Christ, vous tous qui vous justifiez par la loi; vous êtes déchus de la grâce. Car nous, par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice. Car, dans le Christ Jésus, ni circoncision, ni incirconcision, n’ont de valeur, mais la foi opérante par l’amour. Vous couriez bien, qui est-ce qui vous a arrêtés pour que vous n’obéissiez pas à la vérité? La persuasion ne vient pas de celui qui vous appelle. Un peu de levain fait lever la pâte tout entière. J’ai confiance à votre égard par le Seigneur, que vous n’aurez point d’autre sentiment; mais celui qui vous trouble, quel qu’il soit, en portera le jugement. (v. 1- 10)

Ces vers. 1 à 10 me semblent être la conclusion de tout ce qui précède. Le point capital, c’est que Christ nous a affranchis. Cet affranchissement ne comprend pas seulement la délivrance du joug de la loi, mais celle du joug du péché. Or il est rare de rencontrer des chrétiens qui réalisent une telle délivrance. La plupart d’entre eux se bornent à connaître la valeur de la mort de Christ, de son sang répandu sur la croix, pour effacer nos péchés aux yeux de Dieu, en sorte qu’il n’en soit plus jamais question entre Lui et nous. Précieuse assurance et qui nous donne un accès en justice devant la face de notre Dieu. Mais l’affranchissement comme l’épître aux Romains et celle que nous étudions en ce moment nous le présentent, va beaucoup plus loin que cela. Il est basé non seulement sur le fait que Christ est mort pour nous, mais que nous sommes morts avec lui, morts à la loi qui a épuisé sur Christ crucifié toute sa puissance de condamnation; morts au péché dans la chair, puisque ce jugement a été exécuté sur Christ quand il a été fait péché pour nous et que nous avons été crucifiés avec lui; morts enfin au monde, comme nous le verrons plus loin, quand le monde a été définitivement jugé par la résurrection de Christ qu’il avait fait mourir.

Désormais et avant tout une religion de la chair a perdu sa raison d’être, toute religion basée sur les principes de l’homme, dont l’apôtre a commencé, dans les deux premiers chapitres, de nous débarrasser définitivement, n’a aucune valeur. L’affranchissement nous a placés dans la liberté. Ainsi la vraie liberté nous est acquise, liberté de nous livrer nous-mêmes à Dieu (Rom. 6:13; 12:1). Nous ne sommes plus sous une obligation quelconque vis-à-vis du péché dans la chair; il n’a plus aucun droit sur nous. C’est une exhortation à rester fidèles au principe qui nous a été montré dans le chapitre précédent que nous ne sommes pas des enfants de la servante, mais de la femme libre. Paul exhorte ces Galates à tenir ferme contre l’ennemi qui voudrait de nouveau les réduire en esclavage. Comment cela? En les engageant à se faire circoncire. Ce seul acte insignifiant en apparence pour des chrétiens, et dont l’ennemi cherchait à leur faire croire que c’était une simple formalité, ou une preuve de condescendance envers leurs frères juifs, les privait de tout le bénéfice de Christ, en sorte que Christ ne leur profitait de rien. La circoncision était l’engagement solennel d’accomplir toute la loi; elle replaçait le gentil sous l’obligation de se charger d’un joug que jamais aucun homme, à commencer par le juif, n’avait pu porter. Voyons maintenant ce que les Galates, ces Gentils, y auraient gagné. Ils se séparaient par la circoncision de tout le bénéfice qu’il y a dans le Christ. Pour eux plus de liberté, mais obligation, sous menace de mort, d’accomplir toute la loi. Justification par la loi et par conséquent abandon de la grâce, car les deux choses ne peuvent subsister ensemble. Quel était donc l’état chrétien? Le régime le plus diamétralement opposé à celui de la loi: «Car nous, par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice» (v. 5).

Si la loi est un régime qui a la chair pour base, dans lequel on naît selon la chair et qui conduit au jugement, qui, en outre, persécute ce qui est né selon l’Esprit tout en retenant l’homme sous un joug de servitude, le régime de la grâce a sa source en Christ. Il se résume tout entier dans Son œuvre et dans Sa personne adorable. Il est le régime de la liberté. Il n’a rien à faire avec l’homme pécheur, avec le vieil homme, dont il proclame la condamnation définitive et la mort. Il met fin à la chair qui n’engendre que l’esclavage, la stérilité et le jugement, et dont il faut être délivré par la croix, par la mort de Christ.

Or voici, au v. 5, le commencement et la fin de tout ce nouvel ordre de choses que le christianisme nous apporte. En premier lieu la foi qui met entièrement de côté tout autre moyen de salut. En second lieu l’Esprit, le Saint Esprit de la promesse par lequel nous sommes scellés après avoir cru. En troisième lieu la justice divine que nous possédons à jamais par la grâce, «ayant été justifiés sur le principe de la foi» (Rom. 5:1). Que peut-on voir de plus complet, de plus indépendant de l’homme, de plus exclusivement dépendant de Dieu qu’un état pareil? Mais encore cette justice a une espérance et cette espérance de la justice est la gloire, la gloire de Dieu, la gloire de Christ lui-même! «Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu» (Rom. 5:2). Ajoutons-y, comme dans ce même passage de Rom. 5 la faveur ou grâce dans laquelle nous sommes actuellement. Tel est le christianisme et, pourrions-nous dire, dans sa plus simple expression, car le v. 5 de notre chapitre ne dépasse pas les conséquences de la justification par la foi, telles qu’elles nous sont présentées en Romains 5:1-2, avant même que la question de l’affranchissement soit abordée dans les chapitres 6 à 8 de cette même épître aux Romains. Mais de fait, l’affranchissement de la loi est le sujet capital de l’épître aux Galates et ce sujet a pour conséquence la mort du vieil homme, la condamnation de la chair à la croix de Christ, la mort au monde. L’épître aux Romains nous présente le combat qui mène à l’affranchissement; non pas les Galates, mais plutôt les conséquences du non-affranchissement. Ici, comme en Rom. 5:1-11, nous pouvons dire: Que nous faut-il de plus? Peut-on ajouter ou retrancher quelque chose à notre délivrance? L’incirconcision ou la circoncision ont-elles quelque valeur pour ceux qui possèdent «le Christ Jésus?»

Non! Dans le Christ Jésus, la seule chose efficace c’est la foi opérante par l’amour (v. 6). La foi nous introduit dans ce que l’amour nous a préparé: dans la jouissance de la faveur de Dieu. Ce même amour fait de nous, comme nous allons le voir, les serviteurs les uns des autres.

 

Mais moi, frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté? — alors le scandale de la croix est anéanti. Je voudrais que ceux qui vous bouleversent se retranchassent même. (v. 11-12)

Il est à supposer que, selon certains antécédents (Actes 16:3), les faux frères disaient que Paul, à l’occasion, prêchait encore la circoncision. S’il en était ainsi pourquoi était-il encore persécuté des juifs, ce que prouvait toute son histoire. Nous avons vu, au chap. 4:29, que c’était la seule chose qui attendît ceux qui étaient nés selon l’Esprit. Paul lui-même n’en avait-il pas fourni le meilleur exemple? Persécuteur aussi longtemps qu’il était dans la chair, persécuté du moment qu’il avait reçu l’Esprit Saint (Actes 9:17, 23). Et n’en était-il pas encore ainsi? Le scandale de la croix était-il anéanti pour l’apôtre, ou restait-il encore tout entier sur lui? L’apôtre voudrait que ces gens qui bouleversaient les âmes sous prétexte de sainteté allassent jusqu’à se faire eunuques pour en obtenir davantage. L’on verrait où les conduirait cette mutilation!

 

Car vous, frères, vous avez été appelés à la liberté; seulement n’usez pas de la liberté comme d’une occasion pour la chair, mais, par amour, servez-vous l’un l’autre; car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Mais si vous vous mordez et vous dévorez l’un l’autre, prenez garde que vous ne soyez consumés l’un par l’autre. (v. 13-15)

Nous entrons ici, insensiblement dans le troisième grand sujet de cette épître. Le premier traitait de ce qu’est l’homme aux yeux de Dieu; le second nous montrait ce qu’est la loi. Instituée par Dieu en rapport avec l’homme, elle ne peut que le condamner. Le troisième traite de la chair en contraste avec l’Esprit et nous amène peu à peu à voir la condamnation absolue et définitive de la chair, ainsi que celle du monde qui en est le domaine (6:14). Dans ces versets, l’apôtre se tourne maintenant vers ses chers Galates et leur montre que l’immense faveur qui leur a été accordée par l’affranchissement, c’est-à-dire la liberté (v. 1, v. 13), les oblige à une vie pratique que la loi ne pouvait jamais leur donner. S’ils étaient placés dans la liberté, ce n’était pas pour en user comme d’une occasion pour la chair. Il va leur montrer que ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair (v. 24). Cette liberté ne devait en aucune manière servir de prétexte à la chair, ce dont les chrétiens légaux et mondanisants ont toujours accusé les chrétiens réellement affranchis, mais elle devait, au contraire, pousser à la manifestation de l’amour dans le service de la famille de Dieu. Ce que la loi ordonnait: l’amour, l’Esprit de Dieu l’accomplissait. C’est à quoi tout aboutissait sous le régime de la grâce. Au v. 15, ayant la grâce en nous, il est parfaitement et tristement possible que nous nous mordions et nous dévorions les uns les autres». Quelle en sera la conséquence? Le renversement absolu du témoignage qui nous est confié.

 

Mais je dis: Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair. Car la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez. Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la loi. (v. 16-18)

Les versets 16 à 26 traitent des conséquences pratiques de l’affranchissement. Comment, ayant la chair en nous, pourrons-nous marcher de telle manière que Christ ne soit pas déshonoré? Le sujet est difficile. Voilà pourquoi l’apôtre y insiste davantage qu’il n’insiste sur le monde (6:14) et même sur l’homme (1-2). Il avait montré au v. 5 que le résultat de la foi c’était la possession de l’Esprit et finalement la gloire. Il nous dit au v. 16 que le résultat de cette possession de l’Esprit, qui fait de nous des enfants de Dieu, c’est de nous faire marcher par l’Esprit. La marche suit immédiatement la possession de la vie par l’Esprit. Du moment que je marche par l’Esprit, la convoitise de la chair est impossible. L’une de ces choses exclut l’autre: elles sont et resteront toujours en antagonisme et en lutte l’une avec l’autre «afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez». Outre ces deux principes: la chair et l’Esprit, il y a l’individu, l’homme qui les contient tous deux, en sorte qu’il peut succomber ou être victorieux dans la lutte engagée. C’est Pourquoi ces faux docteurs prétendaient et prétendent encore que la loi était l’aide dont nous avons besoin pour ne pas succomber. Grave erreur! L’Esprit et la loi sont antagonistes. «Si vous êtes conduits par l’Esprit vous n’êtes pas sous la loi».

 

Or les œuvres de la chair sont manifestes, lesquelles sont la fornication, l’impureté, l’impudicité, l’idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les colères, les intrigues, les divisions, les sectes, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les orgies, et les choses semblables à celles-là, au sujet desquelles je vous déclare d’avance, comme aussi je l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront pas du royaume de Dieu. (v. 19-21)

La loi, et cela montre son origine divine, s’oppose à toutes les œuvres de la chair qui sont manifestes. Elle n’en exclut aucune, car l’apôtre ajoute à sa liste «les choses semblables à celles-là». Elle ne fournit jamais le moyen d’y résister, elle les condamne. Ces œuvres sont la corruption des mœurs, l’idolâtrie païenne, la haine et la violence, les intrigues et les divisions, les meurtres, la corruption de la chair. À toutes ces choses, signalées par la loi, mais comme nous le voyons par l’Ancien Testament, bien loin d’être épuisées par elle, dans notre passage, Dieu répond par l’exclusion de son royaume. Elles n’ont aucun droit à subsister dans la sphère des bénédictions divines, même sur la terre. L’Esprit n’a aucun rapport quelconque avec tout cela.

 

Mais le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance: contre de telles choses, il n’y a pas de loi. Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit. Ne soyons pas désireux de vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres et en nous portant envie les uns aux autres. (v. 22-26)

L’Esprit n’a rien de commun avec les œuvres de la chair. Son fruit est tout autre; il forme un bloc où tout se tient. Contre son fruit, il n’y a pas de loi. Il y a d’abord ses résultats en nous relativement à Dieu, au nombre de 3; puis relativement aux hommes, au nombre de 5 — enfin, relativement à nous-mêmes, un seul résultat: la tempérance. Contre de telles choses il n’y a pas de loi. Cette dernière ne peut s’y opposer; elle peut sans doute les reconnaître, mais non les produire.

Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Ici à la fois la mort et la mortification sont considérées comme le résultat en nous de l’énergie divine (2:20, 21; Col. 3:5-7). L’apôtre conclut au v. 25: «Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit». L’Esprit est vie, il nous apporte la vie afin que nous marchions par elle, car ces deux choses sont inséparables (v. 16).

Le v. 26 me semble établir la liaison avec le chapitre suivant qui nous parlera du monde. Outre tous les fruits de la chair, il y a chez l’homme le désir de se faire une place, de s’acquérir un renom dans le monde. C’est ce que l’apôtre appelle ici la vaine gloire. La vanité qui nous met en antagonisme les uns avec les autres, met en jeu les sentiments d’envie et de jalousie contre le prochain. De fait, le sujet de l’antagonisme entre la chair et l’Esprit continue encore ici et en partie au chapitre suivant.