Galates

Chapitre 3

Ô Galates insensés, qui vous a ensorcelés, vous devant les yeux de qui Jésus Christ a été dépeint, crucifié au milieu de vous? Je voudrais seulement apprendre ceci de vous: Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi? Êtes-vous si insensés? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair? Avez-vous tant souffert en vain, si toutefois c’est en vain? (v. 1-4)

Après les deux chapitres de préface qui se terminent, aux versets 19 à 21 du chapitre 2 par la magnifique description d’un chrétien, individuellement affranchi, nous entrons, aux chap. 3 et 4 dans l’exposé doctrinal de notre épître. Cet exposé commence par mettre sous nos yeux l’état lamentable dans lequel, sous l’influence d’un faux enseignement, étaient tombées ces assemblées de Galatie. Avec quels termes, presque violents à force d’angoisse, l’apôtre décrit cet état moral! C’est que la ruine était à la porte! Satan réussissait à enlever la croix de devant les yeux de ces assemblées, la croix dont l’apôtre, en parlant de lui-même, venait de dire: «Je suis crucifié avec Christ!» Qui avait donc pu les tromper à ce point? Qui avait pu les frapper d’une telle folie? Le terme «ensorcelés» nous montre quelle est la source satanique de cette entreprise. Jésus n’avait-il pas été dépeint comme crucifié devant leurs yeux? Est-ce que, chaque fois que nous nous asseyons à la table du Seigneur, nous n’annonçons pas sa mort sur la croix jusqu’à ce qu’il vienne?

Avaient-ils donc abandonné la croix, ce fondement même de leur salut, dont il venait de leur montrer (2:20-21) qu’elle est la fin de toute l’existence de l’homme dans la chair? Bien plus encore, est-ce que leur vie nouvelle, caractérisée par le don du Saint Esprit avait trouvé son origine dans les œuvres de loi: Fais cela et tu vivras? Non, ils avaient reçu l’Esprit comme on le reçoit toujours: Par la foi dont la prédication était parvenue à leurs oreilles: «Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse» (Éph. 1:13). L’Esprit pouvait-il s’accorder avec la chair? Impossible! La croix avait entièrement mis fin à cette dernière. Par la foi le chrétien avait reçu une vie nouvelle, dans laquelle rien de ce qui est de la chair ne pouvait entrer. Est-ce à cette dernière qu’il leur faudrait s’intéresser dorénavant pour être rendus parfaits? Le corps de l’épître va nous répondre sur cette question capitale. Au chap. 2:16, l’apôtre commence par établir que, sur le principe des œuvres de loi nulle chair ne sera justifiée. Il nous montre ensuite que le chrétien, tant qu’il est ici-bas, soutient un combat continuel avec la chair, et que s’il est en combat avec elle, l’Esprit peut à chaque instant remporter la victoire et la foi avoir le dessus (2:20). Voilà pourquoi dans notre passage il montre la folie d’achever par la chair, quand on a commencé par l’Esprit. L’Esprit pouvait-il s’accorder avec la chair? Nullement: c’était la loi qui s’accordait avec elle. C’est à la chair que la loi a été donnée comme moyen de se justifier devant Dieu. Il fallait donc, après avoir commencé par l’Esprit qui communique une vie nouvelle et céleste, retourner à la chair qui ne communique rien que condamnation!

Cette vie de l’Esprit, où les avait-elle conduits dès le début? Dans les souffrances, et maintenant, retournant à la loi, il se trouvait que toutes leurs souffrances avaient été vaines!

 

Celui donc qui vous fournit l’Esprit et qui opère des miracles au milieu de vous, le fait-il sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi? comme «Abraham a cru Dieu, et cela lui fut compté à justice» (Gen. 15:6). Sachez donc que ceux qui sont sur le principe de la foi, ceux-là sont fils d’Abraham. Or l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations sur le principe de la foi, a d’avance annoncé la bonne nouvelle à Abraham: «En toi toutes les nations seront bénies» (Gen. 12:3). De sorte que ceux qui sont sur le principe de la foi sont bénis avec le croyant Abraham. (v. 5-9)

Il est remarquable, comme nous l’avons noté au chap. 1:6, que la personnalité de l’apôtre disparaisse quand Dieu nous parle de ce qu’Il a opéré par son moyen. Il est ici celui qui fournit l’Esprit et opère des miracles au milieu des Galates. Plus ces dons sont élevés, moins il y a de place pour l’homme, et ici encore se vérifie à ce sujet l’enseignement du chap. 1 sur l’homme. Les Galates avaient reçu l’Esprit et cette grâce continuait au milieu d’eux par les dons miraculeux. D’où cela provenait-il? De la foi et nullement des œuvres de loi. Abraham en est l’exemple. Il a cru Dieu et cela lui a été compté à justice. Abraham n’a eu son fils que sur ce principe-là. Bien plus, la bonne nouvelle de la bénédiction des nations ne dépendait pas d’un autre principe, et c’est en vertu de la foi qu’elle fut annoncée à Abraham et à sa race. Remarquons en passant, au sujet des attaques récentes des rationalistes contre la Parole, que la prescience absolue de Dieu est attribuée ici à l’Écriture à laquelle ces incrédules n’accordent qu’une valeur secondaire.

 

Car tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction; car il est écrit: «Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire» (Deut. 27:26). Or que par la loi, personne ne soit justifié devant Dieu, cela est évident, parce que: «Le juste vivra de foi» (Hab. 2:4). Mais la loi n’est pas sur le principe de la foi, mais: «Celui qui aura FAIT ces choses vivra par elles» (Lév. 18:5). Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous (car il est écrit: «Maudit est quiconque est pendu au bois») (Deut. 21:23), afin que la bénédiction d’Abraham parvînt aux nations dans le christ Jésus, afin que nous reçussions par la foi l’Esprit promis. (v. 10-14)

Or au lieu de nous placer comme la foi, sous la bénédiction, la loi nous place sous la malédiction, car la loi n’est pas: «croire», mais «faire» (Deut. 27:26); aussi n’y a-t-il point de Garizim, mais uniquement une montagne d’Ébal pour le peuple quand il a passé le Jourdain. C’est pourquoi aussi il ne s’agit pas dans Habakuk 2:4 de faire, mais de commencer par la justice et la vie de la foi1. En Lév. 18:5, comme dans le Deutéronome, il s’agit de faire, puis de vivre; en Habakuk, de croire, puis de vivre. Mais il y a plus pour nous: «Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous». Le seul homme qui ne méritât que bénédiction, qui ne pût en aucune manière être atteint par la malédiction, celui-là a été fait ce qu’il n’était pas, malédiction pour nous, sans aucun motif. Nous savons que son amour l’a fait se charger de nos péchés et prendre sur lui le jugement de Dieu pour nous en délivrer, mais ici, pour faire ressortir l’absence complète de motif pour le jugement qui l’a frappé, l’Écriture ne cite que ce passage, séparé de tout autre: «Celui qui est pendu est malédiction de Dieu» (Deut. 21:23). Alors le résultat béni ne se fait pas attendre: La bénédiction d’Abraham parvient aux nations dans le Christ Jésus et nous recevons par la foi l’Esprit promis.

1 Voyez le Livre du Prophète Habakuk, par H. R.

Nous avons vu que la justice de la foi était confirmée aux Galates par le don du Saint Esprit. Mais d’abord le fait que ce don leur avait été accordé ne pouvait pas être mis un instant en doute, et personne ne songeait à le leur contester; aussi tout ce chapitre est rempli de ces deux grandes vérités: la foi et l’Esprit.

 

Frères, je parle selon l’homme: personne n’annule une alliance qui est confirmée, même celle d’un homme, ni n’y ajoute. Or c’est à Abraham que les promesses ont été faites, et à sa semence. Il ne dit pas: «et aux semences», comme parlant de plusieurs; mais comme parlant d’un seul: — «et à ta semence» qui est Christ. Or je dis ceci: que la loi, qui est survenue quatre cent trente ans après, n’annule point une alliance antérieurement confirmée par Dieu, de manière à rendre la promesse sans effet.

Car si l’héritage est sur le principe de la loi, il n’est plus sur le principe de promesse; mais Dieu a fait le don à Abraham par promesse.

Pourquoi donc la loi? Elle a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la semence à laquelle la promesse est faite, ayant été ordonnée par des anges, par la main d’un médiateur. Or un médiateur n’est pas médiateur d’un seul, mais Dieu est un seul. (v. 15-20)

Maintenant les bénédictions d’Abraham, la foi, les promesses nous amènent à l’alliance et l’alliance à Christ. Quelle place la loi a-t-elle en tout cela? Aucune. C’est à Abraham que les promesses ont été faites. Ces promesses sont le fruit de l’Alliance de Dieu avec lui. Elles sont confirmées à la semence d’Abraham qui est Christ. La loi, survenue quatre cent trente ans après ne change rien aux promesses faites à Christ, semence d’Abraham. Ainsi tout le système de la loi n’abolit, ni ne change rien aux propos arrêtés de Dieu quant au système de la grâce.

Il en est de même de l’héritage; nous parlons de «l’héritage des nations»; il était donné à Abraham par promesse et nullement sur le principe de la loi. Cette dernière n’a du reste jamais rien donné; elle a toujours exigé.

Le but de la loi est tout autre. Elle a été, remarquez-le, non pas donnée, mais ajoutée à tout un système existant en soi, sans elle. Mais elle avait un but: le mal, le péché. Elle était établie pour le faire ressortir, car elle changeait le péché en transgression positive: «Elle a été ajoutée à cause des transgressions», lesquelles amenaient en jugement le pécheur convaincu. Tout cela jusqu’à l’arrivée de Jésus Christ, semence dépositaire des promesses données par la grâce aux pécheurs. La loi avait un caractère que les promesses n’avaient jamais. Elle était un système ordonné par les anges. Elle n’avait pas, comme la grâce et la promesse, sa source directe en Dieu. C’était, si l’on peut dire ainsi, un système secondaire avec un but spécial qui n’était pas établi pour l’éternité. Moïse, qui la donnait au peuple, était médiateur entre le peuple et Dieu. Dieu s’engageait, à condition d’obéissance de la part du peuple, à maintenir ce dernier et à le bénir. Le médiateur, d’autre part, s’engageait de la part de Dieu à bénir le peuple et de la part du peuple à obéir à Dieu. Ce système était absolument conditionnel. Le système opposé, celui de la grâce, introduisait le Dieu des promesses seul (v. 20), donnant tout, ne demandant rien, et cela pourquoi? À cause de Christ sur lequel toute bénédiction est éternellement établie!

 

La loi est-elle donc contre les promesses de Dieu? Qu’ainsi n’advienne! Car s’il avait été donné une loi qui eût le pouvoir de faire vivre, la justice serait en réalité sur le principe de la loi. Mais l’Écriture a renfermé toutes choses sous le péché, afin que la promesse, sur le principe de la foi en Jésus Christ, fût donnée à ceux qui croient. Or avant que la foi vint, nous étions gardés sous la loi, étant renfermés pour la foi qui devait être révélée; de sorte que la loi a été notre conducteur jusqu’à Christ, afin que nous fussions justifiés sur le principe de la foi; mais, la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un conducteur, car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus. Car vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtu Christ: il n’y a ni Juif, ni Grec; il n’y a ni esclave, ni homme libre; il n’y a ni mâle, ni femelle; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus. Or si vous êtes de Christ, vous êtes donc la semence d’Abraham, héritiers selon la Promesse. (v. 21-29)

Y a-t-il antagonisme essentiel entre la loi et les promesses? En aucune manière. Ici l’apôtre introduit la vie, entièrement en dehors de la loi, et il montre quel but Dieu avait en donnant la loi. Non pas celui de faire vivre, car la loi n’en avait pas le pouvoir, mais de montrer par l’Écriture que toutes choses étaient renfermées sous le péché. Sans la loi qui défendait le péché, jamais la complète perdition de l’homme n’aurait été prouvée. Il y aurait eu à chaque instant des cas où la chose aurait pu paraître échapper au contrôle ou douteuse. Avec la loi nul n’échappait. Dès lors, il ne restait à l’homme qu’un seul moyen, la foi qui saisit la promesse inconditionnelle offerte à tous sur le pied de la grâce.

Au v. 23, l’apôtre s’adresse aux Juifs. Ce n’est pas des Galates qu’il fait mention, mais de ceux auxquels la loi avait été donnée. Quant aux Galates, ils avaient été «renfermés», comme aussi toutes choses, sous le péché (v. 22); mais, quant aux Juifs, ils étaient «gardés sous la loi, renfermés là, en vue de la révélation que le principe de la foi allait leur apporter. À ce point de vue, la loi était leur conducteur, ou gouverneur, l’instituteur auquel a été confié l’enfant en bas âge, jusqu’à ce que le Christ vînt, apportant une justification nouvelle, celle de la foi en Christ.

Mais, la foi étant venue, les Juifs n’étaient plus sous un gouverneur, car, dit l’apôtre, vous êtes tous, les Galates Gentils, comme les Juifs, échappant à la tutelle de la loi et à l’enfance, fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus.

Tout était changé. Ces Galates n’avaient pas été baptisés pour Moïse (1 Cor. 10:2), mais pour Jésus Christ. La portée de leur baptême avait Christ et non pas Moïse pour sujet; ils n’avaient pas été baptisés «dans la nuée et dans la mer». C’était Christ qu’ils avaient revêtu. Il n’était plus question de Juif, ni de Grec. Toute distinction: esclave, homme libre, mâle, femelle, avait disparu; tous étaient un dans le Christ Jésus. Ces Galates étaient désormais de Christ et par conséquent la semence d’Abraham, héritiers selon la promesse accordée à la foi.

Dans ce passage, toute prétention à ramener les Galates à la loi a entièrement disparu. Il ne reste que Christ.