Galates

Chapitres 1 et 2:1-10

Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts, et tous les frères qui sont avec moi, aux Assemblées de la Galatie: Grâce et paix à vous, de la part de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père, auquel soit la gloire aux siècles des siècles! Amen. (1:1-5)

Tout le chapitre dont nous venons de citer les premiers versets roule sur cette question capitale: Quelle est la pensée de Dieu au sujet de l’homme? Cette pensée, il l’a maintes fois exprimée dans sa Parole. Il suffit pour le prouver de citer un seul passage: «Finissez-en avec l’homme, dont le souffle est dans ses narines, car quel cas doit-on faire de lui?» (És. 2:22). Mais ici, correspondant à tout le sujet de cette épître, l’apôtre traite de l’homme en rapport avec le ministère chrétien. Or il y a un vrai et un faux ministère: «Le vrai ministère», comme l’a dit un frère, «est de Dieu, par Lui et pour Lui; le faux ministère est de l’homme, par l’homme et pour l’homme».

On voit ici, dès le début, que les docteurs judaïsants, ces faux frères, cherchaient à jeter du discrédit sur l’apostolat de Paul parce qu’il n’avait pas été institué, comme celui des douze, par un Christ vivant sur la terre depuis le baptême de Jean, jusqu’au moment où, montant dans le ciel, il fut séparé d’eux par la nuée. Or c’était précisément par le ministère de Paul que ces chrétiens avaient été convertis, car ce ministère avait son point de départ dans un Christ «ressuscité d’entre les morts». Cette parole est de toute importance. L’apostolat de Paul n’avait nullement affaire avec le Messie juif. Un nouvel ordre de choses avait été introduit par la résurrection de Christ, inauguré sur le chemin de Damas, révélé par Dieu lui-même (1:15), mis en activité effective en Actes 13:3-4. «En sorte», dit l’apôtre, «que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair; et si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi» (2 Cor. 5:16). La résurrection de Christ répondait d’emblée aux dangers que couraient les Galates dont l’Ennemi cherchait à ramener le christianisme à la pratique des principes de l’ancienne création, comme si cette dernière n’avait pas été irrémédiablement ruinée par la chute de l’homme. Tout au contraire (v. 4), la mort de Christ les avait entièrement séparés (retirés pour n’y plus appartenir en aucune manière) du «présent siècle mauvais». La résurrection d’entre les morts, ne les avait-elle pas introduits dans un tout nouvel ordre de choses invisible et céleste, où aucune chose vieille ne pouvait trouver place? La résurrection imprimait donc dès le début son cachet sur ces chrétiens, en danger plus tard de retourner au monde, et qui, de fait, avaient déjà en quelque mesure accompli cette volte-face.

De là vient que le chapitre 1, et nous y reviendrons en détail, nous entretient de la manière dont l’évangile apprécie la valeur de l’homme. Quel effondrement! Quel mépris divin quand l’apôtre nous en parle et en prend la mesure par le Saint Esprit! «Est-ce que je m’applique à satisfaire des hommes, ou Dieu?» (1:10).

Outre la résurrection qui d’emblée met fin à toute idée d’une religion basée sur l’ancien ordre de choses (chap. 1:1), nous avons cette vérité capitale (que nous allons voir imprimée sur tout le premier chapitre et au delà) que l’homme n’est pour rien dans l’Évangile confié à Paul. Il n’est pas «envoyé de la part des hommes». Son apostolat est absolument indépendant de toute influence, de toute source humaine quelconque. Il n’est pas non plus «par l’homme». L’homme n’a été en aucune manière et en aucune mesure l’instrument de cet apostolat. D’où vient-il donc? À qui remonter pour en trouver la source? À Jésus Christ, lorsqu’il se manifesta à Saul de Tarse sur le chemin de Damas, et non pas avant que Dieu le Père l’eût ressuscité. L’apostolat qui avait été le moyen de la conversion des Galates n’avait pas d’autre source. Il ne fallait pas y chercher quelque chose qui le reliât, en quoi que ce fût, à la tradition juive. Son point de départ se trouvait entièrement dans la nouvelle création. On voit en même temps ici le parfait accord entre Dieu le Père et Dieu le Fils pour le proclamer.

Dans ces quelques versets nous voyons donc que Christ a mis fin par sa résurrection à tout ce qui est de l’homme, après avoir mis fin par sa mort à nos péchés et nous avoir retirés du monde, du «présent siècle mauvais». En tant que nous sommes dans la chair nous sommes du monde. La justice légale, l’homme dans la chair et le monde vont ensemble. Le but de Christ en se donnant lui-même, était bien approprié à l’état des Galates. Cela mettait fin à tout ce à quoi la loi s’appliquait. La loi demeurait sans doute, mais ne pouvait s’appliquer au présent siècle pour l’améliorer, parce qu’il était foncièrement mauvais. Seul le sacrifice de Christ qui s’est donné pour nos péchés pouvait nous en faire sortir. La loi était donc inefficace sur de tels objets. Le présent siècle est, proprement la génération actuelle, le monde actuel et son cours. Voyez Luc 16:8; Rom. 12:2; 2 Tim. 4:10; Tite 2:12, où le «siècle» est l’état de choses présent en contraste avec celui qui devait être établi par le Messie. La question capitale ici et, pour ces Galates, la plus difficile à accepter, c’est qu’il n’y a plus rien à attendre de l’homme, c’est que le christianisme a mis fin à l’homme dans tout ce qu’il pourrait avoir de meilleur, pour introduire un tout nouvel homme, ressuscité d’entre les morts. «Tous les frères» qui étaient avec Paul rendaient le même témoignage. Ils dérivaient, comme lui, de Dieu le Père et d’un Christ ressuscité. De ce côté-là, leur était venue la grâce et la paix. Cela n’a pas affaire avec la loi, ni avec le Messie. C’est le don gratuit de Christ qui nous a donné cette part.

Il a réglé, disons-nous, par le sacrifice absolu de Lui-même, la question de nos péchés. Son but, en faisant cela, est de nous retirer du présent siècle. Nous ne pouvions l’être, tant que nos péchés subsistaient. C’est par le péché que le présent siècle, le monde actuel, est taxé de mauvais sans aucune atténuation, et sans aucun mélange de bien. La grande question, pour les Galates, était: Appartenaient-ils, oui ou non, au présent siècle? Notre Dieu et Père, lui-même y est intéressé. Cela a trait à sa volonté et à ses desseins. C’est un conseil entre le Père et le Fils et cela fait partie de la gloire éternelle de Dieu. Devant cette complète délivrance due à la volonté de notre Dieu et Père, il y a bien lieu de dire: «Auquel soit gloire au siècle des siècles. Amen!» — Le présent siècle à jamais aboli pour le chrétien avec le péché qui s’y rattache; les siècles des siècles ouverts enfin sur lui avec leur gloire!

 

Je m’étonne de ce que vous passez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, à un évangile différent, qui n’en est pas un autre; mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent pervertir l’évangile du Christ. Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il sait anathème. Comme nous l’avons déjà dit, maintenant aussi je le dis encore: si quelqu’un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème. Car maintenant, est-ce que je m’applique à satisfaire des hommes, ou Dieu? Ou est-ce que je cherche à complaire à des hommes? Si je complaisais encore à des hommes, je ne serais pas esclave de Christ. (v. 6-10)

N’est-il pas remarquable que, lorsqu’il s’agit de Paul lui-même, comme homme employé pour porter l’évangile aux Galates, il disparaisse ici? Il n’est plus que «celui qui les avait appelés par la grâce de Christ» (v. 6). Nous en rencontrerons d’autres exemples au cours de cette épître. La grâce de Christ avait été à la fois l’instrument et le sujet présenté aux Galates; il n’y avait là aucun rôle quelconque pour l’homme. Tout était pure grâce, aussi l’apôtre avait-il lieu de s’étonner qu’on pût remplacer un pareil sujet si complet, si merveilleux, par «un évangile différent». Il ne veut pas dire un autre, car il n’y a pas deux bonnes nouvelles; mais le pur et simple évangile de la grâce de Christ peut être perverti, gâté par l’homme, employé à de mauvaises fins. Entre les mains de l’homme, sous l’influence de Satan, cet évangile perverti devait servir, et c’est ce que voulait l’Ennemi, au renversement de la simple foi des Galates. «Évangéliser outre» c’était ajouter quelque chose à l’évangile qui leur avait été annoncé; or il n’y avait aucun moyen quelconque d’ajouter quelque chose à la bonne nouvelle de la grâce; elle était absolument parfaite en soi, absolument inconditionnelle. Quand l’apôtre, ou même un ange du ciel le ferait, qu’il soit anathème, c’est-à-dire exposé en public, aux yeux de tous, comme retranché et maudit par Dieu lui-même! L’apôtre ne craint pas de prononcer cette terrible sentence sur sa propre tête ou sur celle d’un ange, d’une créature sans péché qui, hormis les anges réprouvés, n’avait jamais eu part à quelque chose d’analogue à la chute de l’homme.

Au v. 9 il le leur répète: Qu’avaient-ils, eux-mêmes, reçu? Leur présentait-on l’évangile tel qu’ils l’avaient reçu, ou un évangile auquel on avait ajouté quelque chose qui l’altérait? De fait, cet Évangile était le chef-d’œuvre de Satan. Il semblait contenir tout l’Évangile, sans en rien retrancher, mais y ajoutait quelque chose, peu de chose, tout au plus un ou deux détails, qui, à tout prendre, venaient de Dieu, puisqu’ils avaient été ordonnés par Lui, telle, par exemple, la circoncision. Eh bien dit l’apôtre, je le répète: Qu’ils soient anathème!

On trouve aux v. 8 et 9 deux côtés distincts de cet Évangile: D’abord ce que Paul avait annoncé, ensuite, ce qu’eux avaient reçu. Leur intelligence pouvait être, et, de fait, était incomplète. Ces faux docteurs pouvaient se dire en droit de venir en aide à leur intelligence. Mais non! Seul l’Évangile de Paul pouvait ajouter à ce qu’ils avaient reçu. Toute soi-disant vérité, présentée autrement, était un appât trompeur! Ce qu’ils avaient reçu par l’apôtre venait directement de Dieu. Ce n’était pas une œuvre de compromis avec les hommes. Pour Paul: satisfaire Dieu, complaire à Christ, dont il était l’esclave, tout était là! Les hommes n’y entraient pour rien, ni pour les satisfaire, ni pour leur complaire. Avons-nous donc raison de dire: L’homme n’a aucune place, aucune part dans l’œuvre du salut et dans la prédication de l’évangile, sinon par ses péchés?

 

Or je vous fais savoir, frères, que l’Évangile qui a été annoncé par moi, n’est pas selon l’homme. Car moi, je ne l’ai pas reçu de l’homme non plus, ni appris, mais par la révélation de Jésus Christ. (v. 11-12)

Il restait encore à prouver que l’Évangile, prêché par Paul, n’avait aucune origine dans l’homme. Il n’était pas selon l’homme. L’apôtre ne l’avait pas reçu de l’homme. Il ne l’avait pas appris. S’il l’avait appris, l’homme le lui aurait enseigné. Au contraire, son origine était absolument divine. Il lui avait été révélé par Jésus Christ; mais plutôt: La révélation de Jésus Christ est cet évangile, et qui peut se révéler, si ce n’est Lui-même?

 

Car vous avez ouï dire quelle a été autrefois ma conduite dans le judaïsme, comment je persécutais outre mesure l’assemblée de Dieu et la dévastais, et comment j’avançais dans le judaïsme plus que plusieurs de ceux de mon âge dans ma nation, étant le plus ardent zélateur des traditions de mes pères. (v. 13-14)

Cet évangile selon l’homme, Saut de Tarse n’y était point étranger. Il avait commencé par en être le témoin le plus éminent et selon son caractère le plus élevé, puisque la loi avait été instituée de Dieu. Ce persécuteur du christianisme se basait, selon ce caractère, entièrement sur l’homme: lui-même d’abord, puis sa nation, ses pères et leurs traditions. Tous ces avantages avaient fait de lui un ennemi de Dieu, un persécuteur de Christ et des siens. Mais maintenant l’histoire de cet inexorable ennemi de Dieu était achevée pour toujours! Où avait-elle abouti?

 

Mais quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonçasse parmi les nations, aussitôt, je ne pris pas conseil de la chair ni du sang, ni ne montai à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, mais je m’en allai en Arabie, et je retournai de nouveau à Damas. (v. 15-17)

Dès lors tout vient de Dieu, et ne dépend aucunement d’une amélioration de l’homme. Avant que Saut entrât sur la scène du monde, Dieu lui-même l’avait mis à part dès le ventre de sa mère; ensuite Dieu l’appelle par sa grâce, enfin le moment vient où Dieu révèle son Fils en lui. C’est sur le chemin de Damas où Paul achève lui-même son histoire comme juif et comme homme, et met le dernier coup de pinceau à son portrait d’ennemi inexorable de Dieu.

Maintenant les desseins de Dieu s’accomplissent. Paul devient l’évangéliste de Christ parmi les nations. Dieu a commencé son histoire dès le ventre de sa mère, avant que l’homme, Saul de Tarse, ait écrit la sienne; mais Dieu lui laisse y mettre la dernière main. Il n’y a désormais rien à ajouter au tableau de l’homme: son histoire est achevée.

Il s’agit maintenant de faire connaître parmi les nations ce Christ dont Paul ne voulait pas et c’est lui-même que Dieu choisit pour cela. Dieu prouve ici, et va le développer dans le courant de cette épître, qu’il y a, dans le même individu deux hommes entièrement opposés l’un à l’autre: le vieil homme et le nouvel homme. L’histoire du vieil homme, ainsi que le récit de sa fin, nous est donnée à deux reprises de la bouche même de Paul dans les Actes. En revanche, l’histoire du nouvel homme nous est donnée ici en détail. Personne si ce n’est Dieu ne peut déterminer le moment de sa naissance. Il le choisit à sa convenance; Il l’a préparé d’avance; sa grâce le fait naître. La révélation de son Fils, du second homme a lieu; elle a lieu sans aucune participation du premier, sinon qu’il ne respire à ce moment même que menaces et meurtre. Dès lors Paul devient le porte-voix qui annonce Christ parmi les nations, dans ce milieu illimité. L’amour de Dieu fait ruisseler sur cette foule innombrable des nations le précieux nom de son Fils unique. Tel est le fait, mais aussitôt le vieil homme n’y met aucune entrave; Paul ne prend pas conseil de la chair ni du sang qui caractérisent le vieil homme et qui ne jouent ici aucun rôle. Il agit si indépendamment de l’homme qu’il ne monte pas même à Jérusalem vers les douze. Il se rend en Arabie. L’Arabie, c’est le désert: symbole de l’absence actuelle d’aucune ressource humaine. Quand Babylone faisait partie de l’Arabie, il avait pu sembler y avoir autrefois des ressources. Mais après il revient à Damas, origine de sa vie nouvelle et au théâtre de son ministère parmi les nations.

 

Puis, trois ans après, je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je demeurai chez lui quinze jours; et je ne vis aucun autre des apôtres, sinon Jacques le frère (lu Seigneur. Or dans les choses que je vous écris, voici, devant Dieu, je ne mens point. Ensuite j’allai dans les pays de Syrie et de Cilicie. Or j’étais inconnu de visage aux Assemblées de la Judée qui sont en Christ, mais seulement elles entendaient dire: Celui qui nous persécutait autrefois, annonce maintenant la foi qu’il détruisait jadis; et elles glorifiaient Dieu à cause de moi. (v. 18-24)

Il a fallu que trois ans s’écoulassent encore pour que Paul montât à Jérusalem. Dans Sa conversion qui le sépare d’un seul coup de ses attaches judaïques tout est absolument subit; rien de pareil dans son ministère. Ce dernier lui est enseigné lentement et à la longue dans les journées du désert. Il en est toujours ainsi. L’appel au ministère est subit et reçoit sa preuve immédiate. Tel fut le cas de Saul de Tarse, lors de sa conversion: «Aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant que Lui est le Fils de Dieu» (Actes 9:20), mais s’agit-il de la préparation au ministère, elle dure souvent d’autant plus que le ministère a plus de portée et de puissance. Combien le ministère, tel que le monde chrétien le comprend, est différent de tout cela! Enfin Paul monte à Jérusalem. Il ne va pas s’y rattacher à ceux qui étaient apôtres avant lui, ni puiser auprès d’eux les éléments de son ministère, mais il y demeure quinze jours chez Pierre pour faire sa connaissance, et ne voit aucun des autres apôtres, sinon Jacques, le frère du Seigneur. Pourquoi met-il tant d’insistance à .déclarer qu’il ne ment pas? C’est qu’il faut prouver qu’en tout cela ni l’homme, ni les règles données à l’homme, ni la justice acquise par l’homme, ni l’intervention de la loi n’entrent pour une part quelconque. Son ministère avait une toute autre origine que celui des douze, caractérisé en Actes 1:21-22. De Jérusalem l’apôtre se rend dans les pays de Syrie et de Cilicie, territoire entièrement gentil, où son activité ne nous est pas décrite parce qu’elle ne fait pas partie du but spécial pour lequel il a été appelé. Ce but n’est pleinement mis en lumière que lorsque Barnabas et Saul sont mis à part pour l’œuvre à laquelle l’Esprit Saint les a appelés et partent d’Antioche pour l’accomplir (Actes 13:1-4). Pendant son séjour en Syrie et en Cilicie, Paul était inconnu, même de visage, aux assemblées de la Judée. Elles entendaient dire seulement que ce persécuteur de jadis prêchait maintenant l’Évangile et annonçait la foi qu’il détruisait autrefois dans ses représentants; et elles glorifiaient Dieu à cause de lui. Ce n’était pas Paul, mais Dieu qui était devant les yeux de ces chrétiens assemblés et sortis du judaïsme. À leurs yeux Paul annonçait comme bonne nouvelle la foi, l’ensemble des vérités chrétiennes acquises par la mort et la résurrection de Christ. La conséquence de leur manque de relation personnelle avec l’apôtre était que toute occasion leur était ôtée de glorifier Paul qu’elles n’avaient jamais vu et qu’il était prouvé qu’il n’y avait chez lui aucun retour vers le judaïsme dont un Christ glorieux l’avait subitement et à toujours arraché.

En terminant nos remarques sur ce premier chapitre, il nous paraît utile de résumer le rôle que Dieu reconnaît à l’homme dans le ministère de l’Évangile. Ce rôle, chose profondément humiliante, est absolument nul. Le ministère n’est pas de la part des hommes, comme s’ils en étaient la source, le moyen ou l’instrument; il n’est pas par l’homme, car il n’a pas besoin de son intervention ni d’être reconnu par lui (v. 1); Il ne s’adresse pas à l’homme pour le satisfaire ou lui complaire (v. 10). La prédication de Paul n’était pas selon l’homme, ni apprise à l’école de l’homme (v. 11-12). L’homme éminent, Paul lui-même, avait été mis de côté pour lui substituer Christ, mais Christ révélé en lui, dans un homme nouveau, uni à Lui, dans un homme en Christ!

Pour montrer combien Dieu refuse une place à l’homme dans cette épître, je citerai encore chap. 2:6, 16; 5:3; 6:7.

 

Ensuite, au bout de quatorze ans, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabas, prenant aussi Tite avec moi. Or j’y montai selon une révélation, et je leur exposai l’évangile que je prêche parmi les nations, mais, dans le particulier, à ceux qui étaient considérés, de peur qu’en quelque manière je ne courusse ou n’eusse couru en vain (cependant, même Tite qui était avec moi, quoiqu’il fût Grec, ne fut pas contraint à être circoncis): et cela à cause des faux frères, furtivement introduits, qui s’étaient insinués pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire à la servitude; auxquels nous n’avons pas cédé par soumission, non pas même un moment, afin que la vérité de l’évangile demeurât avec vous. Or, de ceux qui étaient considérés comme étant quelque chose..., quels qu’ils aient pu être, cela ne m’importe en rien: Dieu n’a point égard à l’apparence de l’homme..., à moi, certes, ceux qui étaient considérés n’ont rien communiqué de plus; mais au contraire, ayant vu que l’évangile de l’incirconcision m’a été confié, comme celui de la circoncision l’a été à Pierre (car celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat de la circoncision, a opéré en moi aussi envers les nations), et ayant reconnu la grâce qui m’a été donnée, Jacques, et Céphas, et Jean, qui étaient considérés comme étant des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main d’association, afin que nous allassions vers les nations, et eux vers la circoncision, voulant seulement que nous nous souvinssions des pauvres, ce qu’aussi je me suis appliqué à faire. (Chap. 2:1-10)

Pour terminer le sujet du rôle de l’homme quand il s’agit de l’œuvre de Dieu, il restait encore à savoir si les hommes considérés ne pouvaient et ne devaient y avoir aucune part. C’est ce que l’apôtre nie de la manière la plus positive: «Or de ceux qui étaient considérés comme étant quelque chose.... quels qu’ils aient pu être, cela ne m’importe en rien; à moi, certes ceux qui étaient considérés n’ont rien communiqué de plus». Ces faux frères auraient voulu insinuer aux Galates que l’évangile de Paul lui était suggéré par les frères Juifs considérés. L’apôtre repousse une telle supposition avec indignation. Il a précisément démontré jusqu’ici que la vérité qu’il prêche n’a absolument rien à faire avec l’homme, sinon pour le sauver et le retirer du présent siècle. La considération est une impression humaine, qui s’impose soit par le mérite, soit par les qualités de ceux qui nous entourent. Elle n’a pas de valeur aux veux de Dieu, car «Dieu n’a point égard à l’apparence de l’homme» (v. 6), et «quels qu’ils aient pu être, cela n’importait en rien à l’apôtre, aussi ceux qui étaient considérés ne lui avaient-ils rien communiqué de plus. Cela était en contradiction directe avec les principes du judaïsme qui, comme on le voit dans les évangiles et les Actes, attribuait à cet élément un rôle tout particulier dans les choses de Dieu. En s’adressant à eux, l’apôtre n’avait nullement l’intention de se faire approuver, mais il désirait écarter tous les obstacles que l’ignorance de ces gens considérés, mais ayant de ce fait la confiance du public, aurait pu soulever à son évangile. En cela comme en toutes choses, c’était Dieu qui dirigeait son serviteur pour le faire agir avec sagesse. On le voit d’une manière particulière dans le cas de Tite. Ce dernier, étant grec, était incirconcis et ne fut pas contraint à Jérusalem d’être circoncis (v. 3). Cela enlevait absolument tout prétexte aux «faux frères, furtivement introduits qui s’étaient insinués pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire à la servitude». Leur caractère, leur fausseté, leur but, leur haine contre la liberté chrétienne sont, en quelques mots, pleinement mis en lumière ici — et voilà ce que les Galates étaient en voie d’échanger contre la pleine liberté du ministère de l’Esprit!

Les apôtres Jacques, Céphas et Jean comprenaient bien cela. Ils n’étaient pas simplement considérés comme les autres, mais «considérés comme étant des colonnes». Ces trois témoins de la transfiguration appartenaient au fondement sur lequel le Seigneur avait bâti son Assemblée. Ceux-là ne pouvaient agir dans un autre sens que Paul et Barnabas, à moins de détruire l’œuvre même à laquelle ils avaient été appelés. C’est ainsi que le Seigneur lui-même accréditait et bénissait son œuvre, en sorte qu’elle fût une parmi les Juifs et les nations.

Remarquez qu’il n’y a aucune pensée chez Paul de s’attribuer un rôle à lui-même. Il dit: les apôtres «Jacques et Céphas et Jean donnèrent à moi et à Barnabas la main d’association». Or il va montrer (v. 13), que Barnabas lui-même fut entraîné par la dissimulation d’un apôtre (Pierre), et des autres Juifs, mais il ne cherche en aucune manière à atténuer le rôle que Dieu a donné d’emblée à ce dernier dans l’Évangile annoncé aux nations.