Ézéchiel

Chapitre 35

Au chapitre 25 le prophète avait menacé Séhir et Édom qui habitaient un pays de forteresses naturelles, et étaient tellement jaloux de la faveur que l’Éternel montrait à Son peuple. Ici, il reprend ce sujet avec plus de détails.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, tourne ta face contre la montagne de Séhir, et prophétise contre elle, et dis-lui: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Voici, j’en veux à toi, montagne de Séhir; et j’étendrai ma main sur toi, et je te réduirai en désolation et en désert. Je réduirai tes villes en déserts, et tu seras une désolation; et tu sauras que je suis l’Éternel. Parce que tu as eu une inimitié perpétuelle, et que tu as livré les fils d’Israël à la puissance de l’épée, au temps de leur calamité, au temps de l’iniquité de la fin» (35:1-5).

Cette accusation publique est d’autant plus solennelle qu’elle fait contraste avec la promesse de bonté et de grâce envers Israël, au chapitre précédent. Or c’est justement cette bénédiction accordée par la grâce divine au peuple élu, qui avait suscité dès le commencement la rancune toujours croissante de ce peuple apparenté qui regardait de mauvaise grâce les bénédictions promises à Israël du haut de leur orgueil et de leur confiance en soi. Ils allaient bientôt éprouver ce que c’est que d’avoir l’Éternel contre soi, d’avoir Sa main étendue pour rendre le pays désolé et dévasté. Le résultat final était annoncé; peu après, la parole et la main de l’Éternel allaient se manifester dans la désolation d’eux-mêmes et de leurs villes. À titre d’avertissement pour toute âme négligente qui pourrait lire ces pages, on peut ajouter ceci: S’il était déjà terrible de savoir que Celui qui avait ainsi parlé et agi était l’Éternel, manifesté dans le châtiment d’Israël et le jugement des païens, combien incomparablement plus terrible sera le sort de toute âme de la chrétienté qui aura badiné avec le nom et la Parole du Seigneur dans le temps présent.

Dieu connaît les véritables sentiments des cœurs, et fait des distinctions dans son jugement, comme dans tout le reste. Israël avait beaucoup d’ennemis arrogants, et tous étaient toujours prêts à faire du mal au peuple choisi par l’Éternel. Mais Il tient les yeux fixés sur «l’inimitié perpétuelle» d’Édom, et voit son caractère implacable, plus cruel que d’habitude «au temps de l’iniquité de la fin». Il n’avait pas un atome de générosité, et le sentiment naturel n’était plus que fiel et absinthe. Celui qui avait été si indignement déshonoré par Son propre peuple, le châtiait avec mesure: qu’étaient donc les Édomites, et qui étaient-ils pour en profiter pour écraser sans mesure et détruire sans pitié? «À cause de cela, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, que je te mettrai à sang, et le sang te poursuivra; puisque tu n’as pas haï le sang, le sang te poursuivra. Et je réduirai en désolation et en désert la montagne de Séhir, et j’en retrancherai les allants et les venants; et je remplirai ses montagnes de ses tués. Des tués par l’épée tomberont sur tes collines, et dans tes vallées, et dans tous tes ravins. Je te réduirai en désolations perpétuelles, et tes villes ne seront plus habitées; et vous saurez que je suis l’Éternel» (35:6-9). Il y a là des accents d’insistance très forts: non seulement le sang des Édomites serait versé et les poursuivrait dans leur soif de sang, mais eux-mêmes seraient réduits à une désolation perpétuelle, leurs montagnes et leurs vallées seraient remplies de tués, et leurs villes ne seraient pas restaurées: c’est de cette manière qu’ils apprendraient à connaître qu’Il est l’Éternel,

Redisons que Dieu tient compte de ce que les hommes disent et pensent; le Seigneur l’a dit lui-même de manière encore plus complète, profonde et solennelle, en Matthieu 12. «Parce que tu as dit: Les deux nations et les deux pays seront à moi, et nous les posséderons; — et l’Éternel y était; à cause de cela, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, que j’agirai selon ta colère et selon ta jalousie, comme tu as agi à cause de ta haine contre eux; et je me ferai connaître parmi eux, quand je t’aurai jugé. Et tu sauras que moi, l’Éternel, j’ai entendu tous tes outrages que tu as proférés contre les montagnes d’Israël, disant: Elles sont désolées, elles nous sont données pour les dévorer. Et vous vous êtes, de votre bouche, élevés contre moi, et vous avez multiplié contre moi vos paroles; moi, je l’ai entendu» (35:10-13).

N’y a-t-il pas une leçon à tirer de ces déclarations? N’est-ce pas analogue à ce qu’on trouve dans la chrétienté? Je le crois, même si ce n’est guère saisi et même supposé par ceux qui montrent une jalousie aiguë contre ce qui est réellement selon la Parole et l’Esprit de Dieu aujourd’hui. Eux aussi oublient que Dieu est un Dieu de vérité parmi Ses saints, et que leur rassemblement au nom du Seigneur, dans la dépendance de la présence et de l’action du Saint-Esprit est le chemin où l’on montre sa foi et où l’on marche fidèlement à cet égard. Il est pourtant difficile de trouver quelque chose d’aussi haï et craint par les chrétiens mondains, même là où il y a de la réalité, tout en étant indifférent ou opposé à la vérité sur l’assemblée de Dieu. Cela n’est pas surprenant parmi les clergés de tout genre qui, bien sûr, ne peuvent pas aimer ce qui condamne leur position et leur existence comme entièrement contraires à l’Écriture. C’est général chez ceux qui supportent et défendent un état de choses injustifiable selon l’Écriture. Une mauvaise conscience ravive le mal du cœur naturel, et il n’y a pas de mots assez amers, d’insinuations assez basses, contre ceux qui s’attachent aujourd’hui à la volonté révélée du Seigneur au sujet de l’Assemblée. Qu’ils sachent que le Seigneur agira selon la colère et la jalousie que Babylone ressent contre ceux qui restent fidèles. La fausse Église orgueilleuse sera jugée au moment des noces de l’Épouse, la femme de l’Agneau. Tout ce qui est dit contre l’Église et ses privilèges bien compris et mis en pratique, n’est pas un petit péché aux yeux de Dieu: il en est aujourd’hui comme avec Israël autrefois: ce qui est dit contre Son peuple qui dans sa faiblesse s’attache à Sa grâce et à Sa parole, le Seigneur le considère comme prononcé contre Lui-même: «Je l’ai entendu».

Le chapitre se termine par cette sentence contre l’ennemi: «Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Quand toute la terre se réjouira, je te réduirai en désolation. Comme tu t’es réjouie sur l’héritage de la maison d’Israël, parce qu’il a été désolé, j’en ferai de même envers toi; tu seras une désolation, montagne de Séhir, et Édom tout entier; et ils sauront que je suis l’Éternel» (35:14-15). Il n’y a jamais eu d’opinion plus fausse que celle qui prétend que l’Éternel ne restaurera pas et ne bénira pas Israël. Ce ne sera pas à cause de leurs mérites, mais dans sa propre grâce et par le moyen du Messie jadis rejeté; Celui-ci ravagera les ennemis d’Israël aussi sûrement qu’Il accomplira les promesses faites à leurs pères. Mais ni l’une ni l’autre de ces opérations n’est l’Évangile, qui tout au contraire rassemble maintenant indifféremment Juifs et Gentils pour la gloire céleste avec Christ, le Sauveur, mais aussi la tête de l’Église dans le ciel. Nous ne Le connaissons pas selon la chair (2 Cor. 5:16), ni par les jugements qu’Il exécute contre Édom, ni même par Sa miséricorde envers Israël, mais nous Le connaissons comme mort, ressuscité et glorifié dans le ciel, suivant les conseils de Dieu, autrefois cachés, mais maintenant révélés en Lui et dans Son corps.