Ézéchiel

Chapitre 30

La première des deux prophéties contenues dans ce chapitre est un exemple frappant de ce qui caractérise la parole de prophétie: le lien étroit entre les désastres présents ou imminents, et le grand jour où Dieu interviendra en puissance pour juger les vivants (non pas les morts en premier). Il y avait alors le gouvernement direct de Dieu sur Israël, et Il s’occupait aussi des nations qui se mêlaient des affaires de Son peuple; mais bientôt, il y aura un déploiement du gouvernement de Dieu incomparablement meilleur quand le Seigneur viendra régner sur la terre. En attendant, le cours des événements est régi par une providence souveraine mais invisible, tandis que les Juifs sont abandonnés pour le temps présent à cause de leur apostasie et de leur rejet du Messie.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, prophétise, et dis: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Hurlez: Ah! quel jour! Car le jour est proche; oui, le jour de l’Éternel est proche, un jour de nuées: c’est le temps des nations. Et l’épée viendra sur l’Égypte, et il y aura de l’angoisse dans l’Éthiopie, quand ils tomberont blessés à mort en Égypte, et qu’on ôtera sa multitude, et que ses fondements seront détruits. L’Éthiopie et la Lybie et la Lydie, et tout le peuple mélangé, et Cub, et les fils du pays de l’alliance, tomberont par l’épée avec eux» (30:1-5). L’intervention de l’Éternel dans la chute de l’Égypte s’identifie en principe avec le jour de l’Éternel qui termine «le présent siècle» et recouvre le siècle à venir. Non seulement les races africaines devaient tomber, mais aussi les fils du pays de l’alliance, ce qui me paraît désigner des Juifs partis vivre loin des détresses de leur patrie.

«Ainsi dit l’Éternel: Les appuis de l’Égypte tomberont, et l’orgueil de sa force sera abaissé; ils tomberont au milieu d’elle par l’épée, depuis Migdol à Syène, dit le Seigneur, l’Éternel. Et ils seront désolés au milieu des pays désolés, et ses villes seront entre les villes dévastées. Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai mis le feu en Égypte, et que tous ceux qui lui aident seront brisés. En ce jour-là des messagers sortiront de devant moi sur des navires pour effrayer l’Éthiopie dans sa sécurité; et il y aura au milieu d’eux de l’angoisse comme au jour de l’Égypte; car voici, il vient» (30:6-9). Il ne s’agit pas seulement de la contrée renommée pour sa sagesse parmi les anciens, mais aussi de ses alliés ou de ses appuis: de Migdol à Syène ils tomberont au milieu d’elle. D’autres pays étaient-ils désolés? tels seraient les Égyptiens au milieu d’une dévastation générale, pas d’oasis dans le désert, mais le désert partout. Même un peuple éloigné qui pouvait s’estimer à l’abri, serait terrifié et non sans raison: une grande angoisse serait sur eux. Voici, le jour venait!

«Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Je mettrai fin aussi à la multitude de l’Égypte par la main de Nebucadretsar, roi de Babylone. Lui, et son peuple avec lui, les terribles d’entre les nations, seront amenés pour détruire le pays: et ils tireront leurs épées contre l’Égypte, et rempliront le pays de blessés à mort. Et je mettrai les fleuves à sec, et je vendrai le pays en la main des méchants, et, par la main des étrangers, je désolerai le pays et tout ce qu’il contient. Moi, l’Éternel, j’ai parlé» (30:10-12). L’instrument de la vengeance divine est ici nommément désigné: non pas que Dieu eût la moindre sympathie pour les terribles d’entre les nations et leurs épées dégainées, ni pour les méchants auxquels le pays était vendu, ni pour les étrangers qui le dévastaient. Mais l’heure était venue de juger sa méchanceté et son orgueil, et le plus méchant de tous était désigné pour être l’exécuteur de cette action redoutable.

«Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Je détruirai aussi les idoles, et je mettrai fin aux images de Noph; et il n’y aura plus de prince du pays d’Égypte; et je mettrai la frayeur dans le pays d’Égypte; et je désolerai Pathros, et je mettrai le feu dans Tsoan, et j’exécuterai des jugements dans No; et je verserai ma fureur sur Sin, la forteresse de l’Égypte, et je retrancherai la multitude de No; et je mettrai le feu en Égypte: Sin sera dans une grande angoisse, et No sera ouverte par des brèches, et il y aura à Noph des ennemis en plein jour. Les jeunes hommes d’Aven et de Pi-Béseth tomberont par l’épée, et elles-mêmes iront en captivité. Et à Takhpanès le jour sera obscurci lorsque j’y romprai le joug de l’Égypte, et que l’orgueil de sa force y aura cessé; une nuée la couvrira elle-même, et ses filles iront en captivité. Et j’exécuterai des jugements en Égypte; et ils sauront que je suis l’Éternel» (30:13-19).

Comme jadis, Dieu avait maintenant surtout affaire aux dieux de l’Égypte. C’est ce qu’Il avait eu devant Lui quand le destructeur avait passé à travers le pays pour frapper les premiers nés la nuit de la Pâque (Exode 12:12); c’est ce qu’Il a devant Lui ici, lorsqu’il dit qu’il n’y aura plus de prince du pays d’Égypte. Il y aurait de la frayeur en Égypte, de la désolation à Pathros, le feu dans Tsoan, des jugements dans No (Thèbes ou Diospolis), la fureur de l’Éternel sur Sin (Pelusium), No-Ammon serait retranchée, et il y aurait les détresses en plein jour à Noph (autrefois Memphis). Tous seraient abaissés et humiliés et dans la douleur, tant dans la Haute Égypte qu’en Moyenne et Basse Égypte. La jeunesse des villes célèbres par leurs temples d’idoles, Aven ou On (Héliopolis) et Pi-Béseth ou Pasht (Bubastis) périrait par l’épée, et les femmes seraient emmenées captives; Takhpanès, le siège de l’autorité et de la puissance royales serait enveloppée de ténèbres, et ses filles iraient en captivité. Quel tableau de la ruine complète, et quel témoignage rendu à l’Éternel par la parole et par les faits eux-mêmes!

Si le premier message s’adressait au pays, au peuple et aux villes d’Égypte, le suivant est pour le roi. «Et il arriva, la onzième année, au premier mois, le septième jour du mois, que la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, j’ai cassé le bras du Pharaon, roi d’Égypte, et voici, il n’a point été bandé pour y appliquer des remèdes, pour y mettre des ligatures pour le bander, afin de le fortifier pour qu’il tienne l’épée» (30:20-21). Le Pharaon Neco avait poussé au loin les succès et les conquêtes de l’Égypte, mais les revers qui allaient briser la puissance de son pays en seraient d’autant plus humiliants. C’est en vain qu’ils espéraient la guérison et le rétablissement: l’Éternel avait abaissé le Pharaon, sans remède possible. Nous le voyons plus en détails dans les versets suivants (30:22-26): «C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Voici, j’en veux au Pharaon, roi d’Égypte, et je lui casserai les bras, celui qui est fort et celui qui est cassé, et je ferai tomber l’épée de sa main. Et je disperserai les Égyptiens parmi les nations et je les disséminerai dans les pays. Et je fortifierai les bras du roi de Babylone, et je mettrai mon épée dans sa main; et je casserai les bras du Pharaon, et il gémira devant lui des gémissements d’un blessé à mort. Et je fortifierai les bras du roi de Babylone, et les bras du Pharaon tomberont. Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai mis mon épée dans la main du roi de Babylone, et qu’il l’aura étendue sur le pays d’Égypte. Et je disperserai les Égyptiens parmi les nations, et je les disséminerai dans les pays; et ils sauront que je suis l’Éternel» (30:22-26). Les Égyptiens eux-mêmes seraient dispersés parmi les nations (non pas seulement leurs mercenaires étrangers) tellement le roi de Babylone ferait une déchirure profonde, une démoralisation complète, et une ruine écrasante. Si c’était Nebucadnetsar, ce n’en était pas moins l’épée de l’Éternel étendue par lui contre le royaume du midi. C’était dans la douleur que les Égyptiens apprendraient dans la dispersion, et sauraient que c’était l’œuvre de l’Éternel.