Ézéchiel

Chapitre 18

Ce chapitre et le suivant terminent cette partie de la prophétie qui suit la vision de la gloire de Dieu quittant Jérusalem après s’être servi de Nebucadnetsar comme instrument providentiel. C’est un jugement moral démontrant la nécessité d’un jugement extérieur par lequel ils apprendraient que Celui qui parlait et qui agit est l’Éternel.

«La parole de l’Éternel vint à moi, disant: Que voulez-vous dire, vous qui usez de ce proverbe dans la terre d’Israël, disant: Les pères mangent du raisin vert, et les dents des fils en sont agacées? Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si vous usez encore de ce proverbe en Israël! Voici, toutes les âmes sont à moi; comme l’âme du père, ainsi aussi l’âme du fils est à moi: l’âme qui péchera, celle-là mourra. Et si un homme est juste, et pratique le jugement et la justice; s’il n’a pas mangé sur les montagnes, et s’il n’a pas levé ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël, etc.» (18:1-6).

Ces versets méritent d’être soigneusement pesés. Lors de la captivité Dieu agit à l’égard des murmures de son peuple, et met fin à toute nouvelle action gouvernementale basée sur Exode 34:6-7. Désormais Il les prend au mot, et comme ils se plaignaient de devoir souffrir si durement pour les fautes de leurs pères, Il leur donnerait maintenant ce qu’ils méritaient eux-mêmes. Il est évident qu’un pécheur doit souffrir pour son péché; et s’il met en doute qu’il soit juste de payer pour la faute d’un parent, il doit admettre qu’il est bien juste d’être puni pour sa propre faute. Les âmes des pères comme celles des fils étaient à Dieu, et le pécheur doit mourir. Il n’y avait ni remède ni échappatoire sous aucun prétexte.

Le premier cas est celui d’un homme juste lui-même, et exerçant le jugement et la justice tant vis-à-vis de Dieu que de son prochain; qui s’est tenu éloigné de l’impureté et de l’injustice, et a en outre manifesté des soins d’amour envers les malheureux, s’est abstenu de l’iniquité, et a rendu un jugement juste entre homme et homme, en marchant dans les ordonnances divines: un pareil homme vivra certainement (18:5-9).

Mais si son fils est un homme violent, qui verse le sang, etc., devrait-il vivre? «Et s’il a engendré un fils qui soit un homme violent, qui verse le sang, et qui fasse seulement l’une de ces choses, et de ces autres choses n’en fasse aucune, — qui aussi a mangé sur les montagnes, a rendu impure la femme de son prochain, a foulé l’affligé et le pauvre, a dépouillé par violence, n’a pas rendu le gage, a levé ses yeux vers les idoles, a commis l’abomination, a donné à intérêt, et a pris de l’usure: vivra-t-il? Il ne vivra pas, il a fait toutes ces abominations: certainement il mourra, son sang sera sur lui» (18:11-13). Tel est le second cas.

Il y a un troisième cas: un fils mis en garde par le mauvais exemple de son père. «Mais voici, s’il a engendré un fils qui voie tous les péchés que son père a commis, et qui y prenne garde, et ne fasse pas selon ces choses: il n’a pas mangé sur les montagnes, et n’a pas levé ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël; il n’a pas rendu impure la femme de son prochain, et n’a opprimé personne; il n’a pas pris de gage, et n’a pas dépouillé par violence, il a donné son pain à celui qui avait faim, et a couvert d’un vêtement celui qui était nu; il a détourné sa main de dessus l’affligé, il n’a pris ni intérêt ni d’usure, il a pratiqué mes ordonnances et a marché dans mes statuts: celui-là ne mourra pas pour l’iniquité de son père; certainement il vivra» (18:14-17).

Ces différents cas sont brièvement comparés dans les versets 18-20. «Quant à son père, parce qu’il a pratiqué l’extorsion, qu’il a dépouillé son frère par violence, et a fait au milieu de son peuple ce qui n’est pas bien, voici, il mourra dans son iniquité. Et vous direz: Pourquoi le fils ne portera-t-il pas l’iniquité de son père? Mais le fils a pratiqué le jugement et la justice, il a gardé tous mes statuts et les a pratiqués: certainement il vivra. L’âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera pas l’iniquité du fils; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui» (18:18-20). Le père méchant périra; le fils averti par son exemple vivra. Il en ressort cette maxime claire: «l’âme qui a péché, celle-là mourra». Le fils ne souffrira pas pour le péché du père, ni le père pour celui du fils, mais chacun récoltera ce qu’il aura semé.

Mais de nouveaux cas se présentent dans les versets suivants. Que se passera-t-il si le méchant se détourne de son péché, ou le juste de sa justice? Chacun portera son propre fardeau, récoltant de l’Esprit les fruits bénis et convenables, ou de la chair la corruption (Gal. 6:8). «Et le méchant, s’il se détourne de tous ses péchés qu’il a commis, et qu’il garde tous mes statuts, et qu’il pratique le jugement et la justice, certainement il vivra; il ne mourra pas. De toutes ses transgressions qu’il aura commises, aucune ne viendra en mémoire contre lui; dans sa justice qu’il a pratiquée, il vivra. Est-ce que je prends plaisir à la mort du méchant? dit le Seigneur, l’Éternel; n’est-ce pas plutôt à ce qu’il se détourne de ses voies, et qu’il vive? Et si le juste se détourne de sa justice et commet l’iniquité, faisant selon toutes les abominations que le méchant commet, vivra-t-il? De tous ses actes justes qu’il aura faits, aucun ne viendra en mémoire; dans son iniquité qu’il aura commise et dans son péché qu’il a fait, en eux il mourra» (18:21-24).

La bouche d’Israël est fermée. Ses murmures ne sont que de l’ergotage. Le juge de toute la terre n’agirait-il pas justement? « Et vous dites: La voie du Seigneur n’est pas réglée. Écoutez donc, maison d’Israël: Ma voie n’est-elle pas réglée? Ne sont-ce pas vos voies qui ne sont pas réglées? Quand le juste se détournera de sa justice, et qu’il pratiquera l’iniquité, il mourra pour cela; dans son iniquité qu’il aura commise, il mourra. Et quand le méchant se détournera de sa méchanceté qu’il aura commise, et qu’il pratiquera le jugement et la justice, celui-là fera vivre son âme. Puisqu’il prend garde, et se détourne de toutes ses transgressions qu’il a commises, certainement il vivra, il ne mourra point. Et la maison d’Israël dit: La voie du Seigneur n’est pas réglée. Maison d’Israël! mes voies ne sont-elles pas réglées? Ne sont-ce pas vos voies qui ne sont pas réglées?» (18:25-29). Il est juste qu’il en soit ainsi. Ceux qui attaquent les voies de l’Éternel en grâce ou en jugement ne se sont jamais vus dans Sa lumière. Quelle humiliation pour Israël ou pour nous, que Dieu daigne justifier Ses propres voies et de nous faire sentir notre propre condition de péché!

«C’est pourquoi je vous jugerai, chacun selon ses voies, maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel. Repentez-vous, et détournez-vous de toutes vos transgressions, et l’iniquité ne sera pas votre ruine. Jetez loin de vous toutes vos transgressions dans lesquelles vous vous êtes rebellés, et faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël? Car je ne prends point plaisir à la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l’Éternel. Revenez donc, et vivez» (18:30-32). C’est un appel à la conscience, non pas l’appel de la grâce dans lequel Dieu promet qu’Il leur donnera un nouveau cœur et qu’Il mettra en eux un nouvel esprit, vérité qui produira en eux l’aversion d’eux-mêmes, la vraie repentance, et les rendra propres pour la bénédiction future (ch. 36). La comparaison des deux chapitres de ce même prophète est des plus instructives, et frappante; le mauvais usage que l’on fait fréquemment de ce passage du ch. 18 est aussi commune que misérablement opposée à l’évangile. L’Esprit ici les pénètre profondément et totalement de la conviction de leur péché. Le jour est encore à venir où Dieu plantera Israël dans son pays, et le bénira de toutes les choses excellentes de la terre: eux-mêmes seront alors nés de nouveau.