Ézéchiel

Chapitre 12

Après le groupe de visions servant d’introduction, le prophète est appelé à insister auprès du peuple sur la certitude de la fin imminente et complète de toutes les espérances présentes; car il n’y avait pas seulement le reste orgueilleux de gens du pays qui s’accrochait à des espoirs vains et naïfs, mais aussi beaucoup de captifs sur les bords du Kébar.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, tu demeures au milieu d’une maison rebelle; ils ont des yeux pour voir, et ne voient pas; ils ont des oreilles pour entendre, et n’entendent pas; car ils sont une maison rebelle. Et toi, fils d’homme, fais-toi un bagage de transporté, et va captif, de jour, sous leurs yeux; va captif, de ton lieu vers un autre lieu, sous leurs yeux; peut-être verront-ils, car ils sont une maison rebelle. Et, de jour, tu mettras dehors ton bagage, comme un bagage de transporté, sous leurs yeux; et toi, tu sortiras sur le soir, devant leurs yeux, comme ceux qui s’en vont en captivité. Perce le mur sous leurs yeux, et mets dehors par là ton bagage; tu le porteras sur l’épaule, sous leurs yeux; tu le mettras dehors dans l’obscurité; tu couvriras ta face, et tu ne verras pas le pays, car je t’ai donné pour signe à la maison d’Israël» (12:1-6).

C’est une représentation symbolique de ce que le pays devait être une fois de plus balayé par le balai de la destruction tandis que la plupart des Juifs attendaient une délivrance rapide, bien que Dieu assurait le contraire.

C’est pourquoi nous voyons que l’Éternel cherche, d’une manière vivante, à imprimer dans la conscience des captifs la folie de se laisser aller à de tels rêves. Hélas! ils étaient rebelles, et même la maison rebelle! Moïse, dans son cantique (Deut. 32), leur avait fait le reproche d’être une génération tortue, perverse et obstinée, des fils en qui il n’y a pas de fidélité; et David, au Psaume de l’ascension (68) les avait caractérisés comme «les rebelles». Si Ézéchiel entend et doit leur répéter la sentence divine, ce n’est pas une nouveauté, mais plutôt la manifestation de ce que le jugement était en cours d’exécution, que le mal ancien était toujours là rampant, et que rien n’avait pu l’extirper, ni la fraîche vigueur de la jeunesse, ni la fleur de l’âge et la puissance au point de vue national. Ce n’était pas là une tumeur ou une tache, mais bien la vieille plaie de lèpre, active et profonde (Lév. 13). «Et je fis comme il m’avait été commandé: je sortis de jour mon bagage, comme un bagage de transporté, et, sur le soir, je perçai le mur avec la main: je le mis dehors dans l’obscurité, je le portai sur l’épaule, sous leurs yeux» (12:7).

Le message suivant explique tout clairement et complètement: «Et la parole de l’Éternel vint à moi, le matin, disant: Fils d’homme, la maison d’Israël, la maison rebelle, ne t’a-t-elle pas dit: Que fais-tu? Dis-leur: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Cet oracle concerne le prince qui est dans Jérusalem, et toute la maison d’Israël qui est au milieu d’eux. Dis: Je suis pour vous un signe; comme j’ai fait, ainsi il leur sera fait: ils iront en exil et en captivité. Et le prince qui est au milieu d’eux portera son bagage sur l’épaule, dans l’obscurité, et sortira; on percera le mur pour le faire sortir par là; il couvrira sa face, afin qu’il ne voie pas de ses yeux le pays. Et j’étendrai sur lui mon filet, et il sera pris dans mon piège; et je l’amènerai à Babylone, dans le pays des Chaldéens; mais il ne le verra point, et là il mourra. Et tout ce qui l’entoure pour l’aider, et toutes ses troupes, je les disperserai à tout vent; et je tirerai l’épée après eux. Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand je les aurai dispersés parmi les nations et que je les aurai disséminés dans les pays. Et je laisserai de reste d’entre eux quelque peu de gens sauvés de l’épée, de la famine et de la peste, afin qu’ils racontent toutes leurs abominations parmi les nations où ils seront venus. Et ils sauront que je suis l’Éternel» (12:8-16). Le prophète devait se préparer au départ de jour, et partir couvert dans l’obscurité de la nuit; cet acte si étrange de sa part devait exciter la curiosité des Juifs, et on a ici la réponse qu’il devait donner comme explication. Le prince de Jérusalem, Sédécias et toute la maison d’Israël étaient représentés par ce «fardeau» ou «oracle» porté par Ézéchiel. Il est très frappant que cette prédiction, tout comme celle de Jérémie, allait s’accomplir à la lettre. L’historien Josèphe nous dit que le roi pensant voir une contradiction dans ces deux prophéties, décida de n’en croire aucune. Il est bien certain que Sédécias ne put échapper aux Chaldéens, mais fut livré aux mains du roi de Babylone, lui parla face à face et le vit de ses yeux; il est certain qu’après être tombé dans le piège il fut emmené à Babylone, mais ne vit pas cette ville quoiqu’il y mourut. Le fait que le prophète devait couvrir son visage de manière à ne pas voir le pays n’était que l’image d’une dure réalité (Jér. 52:11). Combien il était solennel et humiliant pour le peuple de l’Éternel de savoir par les jugements qui le désolaient et le dispersaient, que c’était Lui qui était l’Éternel! Mais de cela même, l’Éternel tirait parti, en laissant quelques-uns du peuple épargnés de ce jugement pour déclarer toutes leurs abominations parmi les païens; car qui aurait pu porter un témoignage aussi accablant contre l’idolâtrie si ce n’est ceux qui avaient ainsi souffert en succombant à ce piège?

Ézéchiel devait ensuite partager le pain et l’eau avec tous les signes de frayeur, et en cela il devait être une figure représentative pour le peuple. «Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, mange ton pain dans le trouble, et bois ton eau avec tremblement et dans l’inquiétude; et dis au peuple du pays: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, touchant les habitants de Jérusalem, sur la terre d’Israël: Ils mangeront leur pain avec inquiétude, et ils boiront leur eau avec stupeur, parce que leur pays sera désolé, vide de tout ce qu’il contient, à cause de la violence de tous ceux qui l’habitent; et les villes habitées seront rendues désertes, et le pays sera une désolation; et vous saurez que je suis l’Éternel» (12:17-20).

Le chapitre se termine par des messages de reproches contre l’incrédulité du peuple à l’égard de la parole prophétique, incrédulité si générale qu’elle en était devenue proverbiale. «Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, quel est ce proverbe que vous avez dans la terre d’Israël, disant: Les jours seront prolongés, et toute vision a péri? C’est pourquoi dis-leur: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Je ferai cesser ce proverbe, et on ne s’en servira plus comme proverbe en Israël; mais dis-leur: Les jours se sont approchés, et l’accomplissement de chaque vision; car il n’y aura plus aucune vision vaine, ni divination flatteuse, au milieu de la maison d’Israël. Car moi, je suis l’Éternel; je parlerai, et la parole que j’aurai dite sera exécutée, elle ne sera plus différée; car en vos jours, ô maison rebelle, je dirai une parole et je l’exécuterai, dit le Seigneur, l’Éternel. Et la parole de l’Éternel vint de nouveau à moi, disant: Fils d’homme, voici, la maison d’Israël dit: La vision que celui-ci voit est pour des jours lointains, et il prophétise pour des temps éloignés. C’est pourquoi dis-leur: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Aucune de mes paroles ne sera plus différée; la parole que j’aurai dite sera exécutée, dit le Seigneur, l’Éternel» (12:21-28). Dieu allait donner en ce jour un tel échantillon de tout ce qui arrivait que le peuple aurait honte de croire que c’était pour la fin des jours. «En vos jours, ô maison rebelle, je dirai une parole et je l’exécuterai, dit le Seigneur, l’Éternel» (12:25). Quel témoignage porté à l’inimitié de l’homme contre Dieu au point qu’il avale si facilement l’appât de l’ennemi affirmant que le temps de l’accomplissement était encore éloigné! L’homme n’aime pas l’intervention de Dieu, dont la domination lui parait intolérable. Mais que dit le prophète? «Aucune de mes paroles ne sera plus différée; la parole que j’aurai dite sera exécutée, dit le Seigneur, l’Éternel» (12:28).