Ézéchiel

Chapitre 8

Chapitres 8 à 19

Les chapitres 8 à 11 sont réellement les quatre parties d’une même vision.

Le ch. 8 expose l’idolâtrie excessive de Juda à Jérusalem, en commençant par la maison de Dieu.

Au ch. 9 la destruction est ordonnée de Dieu sur tous ceux qui sont laissés dans la ville, à l’exception d’un résidu qui reçoit une marque, et qui est composé de ceux qui soupirent et gémissent à cause de toutes les abominations qui s’y commettent. Cette destruction commence expressément par le sanctuaire de l’Éternel.

Au ch. 10, on a le rôle des chérubins et autres agents du jugement divin, avant que la gloire de l’Éternel ne prenne lentement ses dispositions de départ.

Au ch. 11, on a l’annonce des malheurs sur les princes et le peuple laissé de reste, tout en assurant les justes qu’ils auraient un sanctuaire en l’Éternel lui-même, alors qu’il n’y en avait aucun autre dans les pays païens de leur dispersion, et qu’à la fin la miséricorde de Dieu les rassemblerait dans leur pays tandis que tout le reste périrait. Cependant la gloire se retirait de la ville sur la montagne des oliviers.

Les chapitres 12 à 19 relatent diverses circonstances se rapportant à ce qui précède et l’exposé des voies de Dieu à cet égard.

 

Chapitre 8

«Et il arriva, en la sixième année, au sixième mois, le cinquième jour du mois, qu’étant assis dans ma maison, et les anciens de Juda étant assis devant moi, la main du Seigneur l’Éternel tomba là sur moi. Et je vis, et voici une ressemblance comme l’aspect d’un feu: depuis l’aspect de ses reins vers le bas, c’était du feu; et depuis ses reins vers le haut, c’était comme l’aspect d’une splendeur, comme la couleur de l’ambre. Et il étendit la forme d’une main, et me prit par les boucles de ma tête; et l’Esprit m’éleva entre la terre et les cieux, et m’emmena à Jérusalem, dans les visions de Dieu, à l’entrée de la porte intérieure qui regarde vers le nord, où était le siège de l’image de jalousie, qui provoque à la jalousie» (8:1-3).

La sixième année mentionnée au verset 1 est l’année qui suit celle de la première vision: comparer 1:2. Le décompte part de la captivité de Jéhoïakin. Le prophète a de nouveau affaire avec Dieu, tandis que les anciens de Juda sont assis devant lui. C’est en Esprit, non pas corporellement, qu’il est emmené à Jérusalem, «dans les visions de Dieu»; il voit là, à l’entrée de la porte intérieure regardant vers le nord, c’est-à-dire vers la Chaldée, le siège de l’idole de jalousie, qui provoque à la jalousie.

«Et voici, là était la gloire du Dieu d’Israël, selon la vision que j’avais vue dans la vallée. Et il me dit: Fils d’homme, lève tes yeux vers le nord. Et je levai mes yeux vers le nord; et voici, au nord de la porte de l’autel, cette image de jalousie, à l’entrée. Et il me dit: Fils d’homme, vois-tu ce qu’ils font, les grandes abominations que la maison d’Israël commet ici, pour m’éloigner de mon sanctuaire?» (8:4-6). Le nom de l’idole ne nous est pas indiqué; était-ce Baal ou Ashtoreth? (voir 2 Rois 21, 2 Chr. 33). En tout cas elle était un défi au Dieu d’Israël, et sollicitait l’hommage de tous ceux qui entraient dans le temple. On voit par là combien Juda était enclin à offenser l’Éternel et à le forcer moralement d’accomplir Sa menace d’abandonner Sa maison. Cela donne toute son importance à la vision de Sa gloire dans ce contexte: L’Éternel n’était pas encore parti définitivement, et Il se plait à justifier Sa manière d’agir si solennelle envers Son peuple.

«Mais tourne-toi de nouveau, et tu verras de plus grandes abominations. Et il me mena à l’entrée du parvis; et je regardai, et voici, un trou dans le mur. Et il me dit: Fils d’homme, perce le mur. Et je perçai le mur, et voici, une porte. Et il me dit: Entre, et regarde les mauvaises abominations qu’ils commettent ici. Et j’entrai, et je regardai; et voici toute sorte de figures de reptiles, et de bêtes exécrables, et toutes les idoles de la maison d’Israël tracées sur le mur, tout autour» (8:7-10). C’est une scène plus intime d’idolâtrie grossière, une reproduction de l’avilissement de l’Égypte, et devant elles se tenaient, non pas la lie du peuple, mais ses chefs, soixante dix hommes des anciens d’Israël.

«Et soixante-dix hommes d’entre les anciens de la maison d’Israël se tenaient là, et au milieu d’eux se tenait Jaazania, fils de Shaphan: chacun avait son encensoir dans sa main, et il montait une épaisse nuée d’encens» (8:11). Dieu avait choisi autrefois soixante-dix juges, et une de leurs fonctions la plus importante était de réprimer le culte des idoles. Ici nous trouvons le même nombre, surpris sur le fait même de rendre culte comme prêtres à des images de serpents et de bêtes (ou bétail) abominables et de dieux exécrables. Shaphan était le scribe qui avait lu le livre de la loi devant le pieux Josias: quel sinistre changement en Juda, où c’était maintenant son fils Jaazania qui se tenait au milieu des soixante-dix idolâtres!

Et ce n’était pas tout. «Et il me dit: As-tu vu, fils d’homme, ce que les anciens de la maison d’Israël font dans les ténèbres, chacun dans les chambres d’images? Car ils disent: L’Éternel ne nous voit pas, l’Éternel a abandonné le pays (8:12). Non seulement ils avaient cessé de maintenir la vérité, et de le faire dans l’injustice, aussi mauvais que cela soit; mais pire que cela, ils avaient sombré dans les plus basses profondeurs de nier les attributs fondamentaux de Dieu: c’était l’apostasie, disant: «L’Éternel ne nous voit pas, l’Éternel a abandonné le pays».

«Et il me dit: Tourne-toi encore de nouveau, et tu verras de plus grandes abominations qu’ils commettent. Alors il me mena à l’entrée de la porte de la maison de l’Éternel, qui est vers le nord; et voici des femmes assises là, pleurant Thammuz» (8:13-14). Ce n’était plus l’idolâtrie syrienne ou égyptienne, mais celle de Phénicie, du caractère le plus grossièrement dépravé. C’est apparemment celle que les Grecs adoptèrent sous la forme de la fable d’Adonis et d’Aphrodite.

Mais il y avait derrière quelque chose de pire encore, tant à cause de l’endroit où la scène se passait que des personnes occupées à adorer le soleil, le grand objet d’idolâtrie des Sabéens et plus tard des Perses. «Et il me dit: As-tu vu, fils d’homme? Tu verras des abominations plus grandes que celles-là. Puis il me fit entrer au parvis intérieur de la maison de l’Éternel; et voici, à l’entrée du temple de l’Éternel, entre le portique et l’autel, environ vingt-cinq hommes, le dos tourné vers le temple de l’Éternel, et leurs faces vers l’orient; et ils se prosternaient vers l’orient devant le soleil» (8:15-16). Le prophète note particulièrement leur nombre qui correspond aux classes de la sacrificature avec le souverain sacrificateur. Ils tournent le dos au temple de l’Éternel et leurs faces sont vers l’Orient.

Il n’y a pas de raison suffisante à mon avis pour délaisser la traduction ordinaire du v. 17 et changer le mot hébreu de «branche» ou «rameau», en chant» ou «cantique». Il n’est pas non plus nécessaire de tenir compte de la notion Rabbinique que le texte doit être rangé parmi les Tikkun Sopherim, dont le texte original voudrait dire «à mon nez» au lieu de «à leur nez». C’est ce que les Septante paraissent avoir lu, du fait qu’ils traduisent «ils sont comme des moqueurs». Mais les manuscrits hébreux supportent le texte ordinaire qui donne un sens excellent et cohérent.

«Et il me dit: As-tu vu, fils d’homme? Est-ce une chose légère à la maison de Juda de commettre les abominations qu’ils commettent ici, pour qu’ils remplissent encore le pays de violence, et qu’ils reviennent me provoquer à colère? Et voici, ils mettent le rameau à leur nez. C’est pourquoi j’agirai avec fureur: mon œil n’épargnera pas, et je n’aurai point compassion; et quand ils crieront à mes oreilles à haute voix, je ne les écouterai point» (8:17-18). Un châtiment tout à fait extrême doit tomber sur les Juifs, sans miséricorde: l’Éternel lui-même y veillerait.