Ézéchiel

Chapitre 7

Le chapitre 7 clôt ces accents préliminaires de malheur, ou groupes d’accents. Il est marqué par sa portée; mais au lieu d’être vague, il est caractérisé par la rapidité d’un style raccourci, étrange, abrupt, dans lequel l’Esprit proclame, par des répétitions fréquentes et emphatiques, la fin pour le pays d’Israël, une fin imminente. «Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Et toi, fils d’homme! Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, à la terre d’Israël: Une fin!... la fin est venue sur les quatre coins du pays. Maintenant la fin est venue sur toi, et j’enverrai sur toi ma colère, et je te jugerai selon tes voies, et je récompenserai sur toi toutes tes abominations. Et mon œil ne t’épargnera pas, et je n’aurai point compassion; mais je récompenserai tes voies sur toi, et tes abominations seront au milieu de toi; et vous saurez que je suis l’Éternel. Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Un mal, un mal unique! Voici, il est venu! La fin est venue, la fin est venue! Elle veille sur toi; voici, elle vient! Le deuil est venu sur toi, ô habitant du pays; le temps est venu, le jour de trouble est proche, et non le cri joyeux des montagnes. Maintenant, bientôt, je verserai sur toi ma fureur, et j’accomplirai ma colère contre toi, et je te jugerai selon tes voies, et je récompenserai sur toi toutes tes abominations. Et mon œil ne t’épargnera pas, et je n’aurai point compassion; mais je récompenserai tes voies sur toi, et tes abominations seront au milieu de toi; et vous saurez que je suis l’Éternel» (7:1-9).

Nous voyons ensuite que non seulement «les quatre coins du pays» tombent sous les jugements spécifiques et décisifs de Dieu, mais que les résultats en sont complets et écrasants. Aucun rétablissement n’est possible pour autant que l’homme puisse le voir ou le dire. «Voici le jour, voici, il est arrivé! Le matin a passé, la verge a fleuri, la fierté s’est épanouie. La violence s’élève pour être une verge de méchanceté. Il ne reste rien d’eux, ni de leur multitude, ni aucun de leurs biens: il n’y aura pas de lamentations pour eux» (7:10-11).

Les sentiments habituels des hommes disparaissent (7:12).

La colère est sur toute la multitude; les espérances particulières de l’Israélite sont anéanties, car le jubilé lui-même est supprimé, et avec lui toute perspective de rétablissement (7:13).

Comment des idoles pourraient-elles l’aider? Le son de la trompette qui visite l’homme, et qui, pour un Juif, devait être l’assurance que Dieu entendait et apparaissait pour agir en leur faveur comme d’habitude, était absolument sans effet, car la colère de Dieu est sur toute la multitude (7:14).

Ils sont ainsi comme enfermés dans les cercles concentriques d’une ruine qui dévore (7:15-18).

Le prophète de Dieu annonce — c’est terrible, rien que d’y penser — un coup après l’autre, de la part de Dieu contre Son peuple affaibli par le sentiment de sa culpabilité. Au jour de leur calamité, ils sont obligés de s’apercevoir que leurs dieux ne sont que vanité, rien que «de l’argent et de l’or», et «ils jetteront leur argent dans les rues, et leur or sera rejeté comme une impureté». Et il est impressionnant de voir le prophète ajouter: «leur argent ni leur or ne pourra les délivrer au jour de la fureur de l’Éternel; ils ne rassasieront pas leurs âmes et ne rempliront pas leurs entrailles, car c’est ce qui a été la pierre d’achoppement de leur iniquité» (7:19).

Mais Dieu n’avait-il pas choisi un endroit pour sa demeure et le lieu de son repos? Hélas! c’est là que s’était manifestée la pire des iniquités contre Lui. Leur gloire était leur honte. «De la beauté de son ornement, il a fait sa gloire; mais ils y ont fait des images de leurs abominations et de leurs choses exécrables. C’est pourquoi j’en ai fait pour eux une impureté abjecte, et je l’ai livrée en pillage aux mains des étrangers, et pour butin aux méchants de la terre, et ils la profaneront. Et je détournerai d’eux ma face, et ils profaneront mon lieu secret; et les violents y entreront et le profaneront» (7:20-22).

Enfin le prophète reçoit l’ordre de fabriquer les chaînes symboliques de l’esclavage pour ceux qui ne seraient pas retranchés; les iniques des nations prendraient possession de leurs maisons; la destruction venait, c’est en vain qu’on rechercherait la paix, et à sa place il y aurait calamité sur calamité, et rumeur sur rumeur, le prophète n’aurait pas de vision, mais «la loi est périe de chez le sacrificateur et le conseil de chez les anciens». Le roi menant deuil, les princes vêtus de stupeur, les mains du peuple rendues tremblantes, tel est le tableau (7:23-27) de ce trouble effroyable; toutes ces choses se sont accomplies à la lettre, comme nous le savons. «Je leur ferai selon leur voie, et je les jugerai par leurs propres jugements; et ils sauront que je suis l’Éternel». Telle est la conclusion de cet avertissement préliminaire si solennel.