Exode

Chapitre 3

Reprenons maintenant l’histoire personnelle de Moïse, et considérons ce grand serviteur de Dieu pendant la période si intéressante de sa vie qu’il passa dans la retraite, cette période qui ne comprend pas moins de quarante de ses meilleures années, si l’on peut dire ainsi. Le Seigneur, dans sa bonté, sa sagesse et sa fidélité, mena son cher serviteur à l’écart, loin du regard et des pensées des hommes, pour le former sous sa direction immédiate. Moïse en avait besoin. Il est vrai qu’il avait passé quarante années dans la maison de Pharaon; mais, bien que son séjour à la cour du roi n’eût pas été sans profit pour lui, ce qu’il y avait acquis n’était rien cependant en comparaison de ce qu’il apprit dans le désert. Son séjour dans la maison de Pharaon a pu lui être utile, le séjour au désert lui était indispensable. Rien ne peut remplacer la communion secrète avec Dieu, ni l’éducation que l’on reçoit à son école et sous sa discipline. «Toute la science des Égyptiens» n’aurait pas rendu Moïse propre pour le service auquel il devait être appelé. Il eût pu poursuivre une brillante carrière dans les écoles de l’Égypte et en ressortir couvert d’honneurs littéraires, avec une intelligence enrichie de connaissances et le cœur plein d’orgueil et de vanité. Il eût pu avoir reçu ses diplômes à l’école des hommes et avoir encore à apprendre son a, b, c, à l’école de Dieu. Car la sagesse et la science humaine, quelque valeur qu’elles puissent avoir d’ailleurs, ne peuvent jamais faire de personne un serviteur de Dieu, ni qualifier quelqu’un pour remplir une charge quelconque dans le service divin. Elles peuvent rendre l’homme irrégénéré propre à jouer un rôle devant le monde; mais il faut que celui que Dieu veut employer soit doué de qualités bien différentes, et qui ne s’acquièrent que dans la sainte retraite de la présence de Dieu.

Tous les serviteurs de Dieu ont dû apprendre par expérience la vérité de ce que nous venons de dire: Moïse en Horeb, Élie au torrent de Kerith, Ézéchiel près du fleuve Kebar, Paul en Arabie et Jean à Patmos. Et si nous considérons le divin Serviteur, nous voyons que le temps qu’il passa dans la retraite a été à peu près dix fois aussi long que celui de son service public. Bien qu’il fût parfait en intelligence et en volonté, il passa trente années dans la maison obscure d’un pauvre charpentier de Nazareth avant que de paraître en public. Et encore quand il fut entré dans sa carrière active, combien de fois ne se retirait-il pas loin du regard des hommes, pour jouir dans la retraite de la douce et sainte présence de Dieu!

Mais comment, demandera-t-on peut-être, pourra-t-on jamais répondre au besoin pressant d’ouvriers qui s’est toujours fait sentir, s’il est nécessaire que tous passent par une éducation secrète aussi prolongée? C’est ici l’affaire du Maître, non la nôtre. C’est lui qui sait susciter les ouvriers, et c’est lui aussi qui sait les former. Ce n’est pas là une œuvre d’homme. Dieu seul peut susciter et former un vrai ministre, et s’il met du temps à l’éducation d’un tel homme, c’est qu’il le trouve bon, car nous savons que, si telle était sa volonté, un instant lui suffirait pour accomplir cette œuvre. Une chose est évidente, c’est que Dieu a tenu tous ses serviteurs beaucoup seuls avec Lui, soit avant, soit après leur entrée dans leur service public; et sans cette discipline, sans cet exercice secret, nous ne serons jamais que des théoriciens stériles et superficiels, Celui qui s’aventure dans une carrière publique sans s’être dûment pesé à la balance du sanctuaire, sans s’être mesuré lui-même en la présence de Dieu, ressemble à un vaisseau mettant à la voile sans être convenablement lesté, et qui ne peut que sombrer au premier coup de vent. En revanche, il y a dans celui qui a passé par les différentes classes de l’école de Dieu, une profondeur, une solidité, une constance qui sont des éléments essentiels dans la formation du caractère d’un vrai serviteur.

C’est pourquoi, quand nous voyons Moïse éloigné, à l’âge de quarante ans, de tous les honneurs et de toute la magnificence d’une cour, pour passer quarante années dans la solitude d’un désert, nous pouvons nous attendre à le voir fournir une carrière remarquable. La main de l’homme est inhabile à façonner «un vase à honneur, utile au Maître». (2 Tim. 2:21) Dieu seul en est capable.

«Et Moïse faisait paître le bétail de Jéthro, son beau-père, sacrificateur de Madian. Et il mena le troupeau derrière le désert, et il vint à la montagne de Dieu, à Horeb». (Chap. 3:1). Quel changement dans la vie de Moïse! Nous avons vu dans la Genèse, chap. 46:34, que «tous les bergers sont une abomination pour les Égyptiens»; néanmoins, Moïse, qui était «instruit dans toute la sagesse des Égyptiens,» est transporté de la cour d’Égypte derrière une montagne, pour y garder un troupeau de brebis et y être formé pour le service de Dieu. Telle n’est pas, assurément, «la manière d’agir des hommes» (2 Sam. 7:19), et le cours naturel des choses: c’est une voie incompréhensible pour la chair et le sang. Nous aurions pu croire que l’éducation de Moïse était achevée, lorsqu’il se fut rendu maître de toute la sagesse des Égyptiens, lui qui jouissait en même temps des rares avantages qu’offre à cet égard une vie de cour. Nous aurions pu supposer que nous trouverions dans un homme aussi privilégié, non seulement une instruction solide et étendue, mais encore une distinction de manières si remarquable qu’il eût été propre à remplir toute espèce de service. Mais voir un homme, ainsi doué et instruit, être appelé à quitter sa haute position pour garder des brebis derrière une montagne, est quelque chose d’incompréhensible pour l’homme, quelque chose qui abaisse jusque dans la poussière tout son orgueil et toute sa gloire, manifestant à tous les yeux que les avantages humains ont peu de valeur devant Dieu, bien plus, qu’ils ne sont que comme «des ordures» aux yeux du Seigneur et aux yeux de tous ceux qui ont été enseignés à son école. (Phil. 3:8).

Il y a une immense différence entre l’enseignement humain et l’enseignement divin. Le premier a pour but de cultiver et d’exalter la nature; le dernier commence par la «sécher» et la mettre de côté. (Ésaïe 40:6-8;1 Pierre 1:24). «L’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement». (1 Cor. 2:14). Vous aurez beau élever et instruire l’homme naturel, jamais vous n’en ferez un homme spirituel. «Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit». (Jean 3:6). Si jamais un homme naturel cultivé a pu s’attendre à avoir du succès dans le service de Dieu, ce fût Moïse: il était «grand», il était «savant», il était «puissant dans ses paroles et dans ses actions» (Actes 7:22); et néanmoins il avait à apprendre, «derrière le désert», quelque chose que les écoles de l’Égypte ne lui auraient jamais enseigné. Paul apprit plus en Arabie qu’il n’en avait jamais appris aux pieds de Gamaliel1. Nul ne peut enseigner comme Dieu, et il faut que tous ceux qui veulent apprendre de lui soient seuls avec lui. C’est au désert que Moïse reçut les leçons les plus précieuses, les plus profondes, les plus puissantes et les plus durables; c’est là aussi que doivent se rendre tous ceux qui veulent être formés pour le ministère.

1 Que mon lecteur se garde de supposer que, dans le, remarques ci-dessus, nous avons en vue de déprécier, en quoi que ce soit, la valeur d’une instruction réellement utile, ou la culture des facultés intellectuelles. Ce n’est nullement notre intention. S’il est un père, qu’il ait soin de garnir l’esprit de son enfant de toutes les connaissances utiles; qu’il lui enseigne tout ce qui pourra plus tard être utilisé au service du Maître; mais qu’il ne le charge point de ce qu’il aurait à mettre de côté en fournissant la carrière chrétienne; que, dans un but d’éducation, il ne le conduise pas à travers une région, dont il est presque impossible de se retirer avec une intelligence non souillée. Il serait presque aussi raisonnable de l’enfermer pendant dix ans dans une houillère, afin de le mettre en état de discuter sur les propriétés de la lumière et de l’ombre — que de le faire patauger dans le bourbier de la mythologie païenne, afin de le préparer à l’interprétation des oracles de Dieu, ou de le rendre propre à paître le troupeau de Christ.

Puissiez-vous, cher lecteur, éprouver par votre propre expérience ce que signifie «derrière le désert», ce lieu sacré où la nature est abaissée dans la poussière, et où Dieu seul est exalté. Là, les hommes et les choses, le monde et le moi, les circonstances présentes et leur influence sont tous estimés à leur juste valeur. Là, et nulle part ailleurs, vous trouverez une balance divinement juste et appropriée pour peser tout ce qui est au-dedans de vous, comme tout ce qui vous entoure. Là, il n’y a point de fausses couleurs, point de plumes empruntées, point de vaines prétentions! L’ennemi des âmes n’a pas le pouvoir de dorer le sable de ce lieu. Tout y est réalité; le cœur y a de justes pensées sur toutes choses; il est élevé bien au-dessus de l’influence fiévreuse des affaires de ce monde. Le tumulte étourdissant, l’agitation et la confusion de l’Égypte ne pénètrent pas dans ce lieu retiré; on n’y entend pas le bruit du monde commercial et monétaire; l’ambition n’y respire pas; on n’y est pas tenté par les lauriers périssables de ce monde, et la soif de l’or ne s’y fait pas sentir. Les yeux n’y sont jamais obscurcis par la convoitise; le cœur n’y est jamais gonflé par l’orgueil; on n’y est pas plus enflé par les louanges des hommes, que découragé par leur censure. En un mot, tout y est mis de côté, excepté le calme et la lumière de la présence divine; on n’y entend rien que la voix de Dieu; on y jouit de sa lumière; on y reçoit ses pensées. Tel est le lieu où doivent aller tous ceux qui veulent être enseignés pour le ministère; et où ils doivent tous rester, s’ils désirent travailler avec succès dans l’œuvre. Plût à Dieu que tous ceux qui se présentent sur la scène pour servir en public, connussent ce que c’est que de respirer l’atmosphère de ce lieu. Il y aurait alors moins de tentatives infructueuses dans l’exercice du ministère, mais il y aurait un service bien plus efficace pour la gloire de Christ.

Examinons maintenant ce que vit et entendit Moïse, «derrière le désert». Nous l’avons déjà dit, il apprend là des choses qui surpassent de beaucoup l’intelligence des savants les plus doués de l’Égypte. Il peut sembler à la raison humaine que c’est une étrange perte de temps pour un homme comme Moïse, que de passer quarante années à garder des brebis dans le désert. Mais Moïse était avec Dieu au désert, et le temps passé avec Dieu n’est jamais perdu. Il est bien profitable pour nous de nous souvenir qu’il y a pour le serviteur de Christ quelque chose de plus que d’être actif seulement. Celui qui agit toujours est exposé à faire trop. Un tel homme aurait besoin de méditer avec soin ces paroles profondément pratiques du Serviteur parfait «Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne». (Ésaïe 50:4). «Écouter» est une partie indispensable de l’œuvre du serviteur: il faut qu’il se tienne fréquemment dans la présence du Maître, afin qu’il sache ce qu’il a à faire. «L’oreille» et «la langue» sont, de plus d’une manière, intimement liées; et si, au point de vue spirituel ou moral, l’oreille est fermée et la langue déliée, on ne peut manquer de dire bien des choses folles. «Ainsi, mes frères bien-aimés, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler». (Jac. 1:19). Cette exhortation opportune repose sur deux faits: savoir, que tout ce qui est bon vient d’en haut, et que le cœur est plein de méchanceté toujours prête à déborder. C’est pourquoi il faut que l’oreille soit ouverte et que la langue soit tenue en bride: rare et admirable science! — science dans laquelle Moïse fit de grands progrès «derrière le désert», et que tous peuvent acquérir, pourvu qu’ils soient disposés à apprendre à la même école.

«Et l’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson à épines; et il regarda, et voici, le buisson était (tout) ardent de feu, et le buisson n’était pas consumé. Et Moïse dit: Je me détournerai, et je verrai cette grande vision, pourquoi le buisson ne se consume pas». (Vers. 2, 3). C’était effectivement «une grande vision» qu’un buisson en feu, ne se consumant point. La cour de Pharaon n’aurait jamais pu offrir rien de pareil. Mais, outre qu’elle était grande, cette vision était l’expression de la grâce qui, au milieu de la fournaise de l’Égypte, gardait les élus sans qu’ils fussent consumés. «L’Éternel des armées est avec nous, le Dieu de Jacob nous est une haute retraite». (Ps. 46:8). Il y a là force et sécurité, victoire et paix! Dieu avec nous, Dieu en nous, et Dieu pour nous: — nous n’avons pas besoin d’autre chose.

Rien n’est plus intéressant ni plus instructif, que la manière dont il a plu à l’Éternel de se révéler à Moïse, dans le passage qui nous occupe, Dieu allait lui donner la charge de retirer son peuple hors d’Égypte, afin que ce peuple fût son assemblée, sa demeure dans le désert et au pays de Canaan, et c’est du milieu d’un buisson qu’Il lui parle. Beau, juste et solennel symbole de l’Éternel habitant au milieu de son peuple élu et racheté! «Notre Dieu est un feu consumant» (Héb. 12:29), non pour nous consumer, nous: mais pour consumer tout ce qui, en nous et autour de nous, est contraire à sa sainteté, et partant, ennemi de notre vrai et éternel bonheur. «Tes témoignages sont très sûrs. La sainteté sied à ta maison, ô Éternel! pour de longs jours». (Ps. 93:5).

L’Ancien et le Nouveau Testament renferment plusieurs cas où Dieu se manifeste comme «un feu consumant»; ainsi, en Lévitique 10, le feu dévore Nadab et Abihu. L’Éternel habitait au milieu de son peuple, et il voulait maintenir celui-ci dans une condition qui fût digne de Lui. Il ne pouvait faire autrement. Ce ne serait ni pour sa gloire, ni pour le profit des siens, s’il devait tolérer en ceux-ci quoi que ce soit d’incompatible avec la pureté de sa présence. Il faut que la demeure de Dieu soit sainte.

De même, lorsqu’il s’agit du péché d’Acan (Josué 7), nous voyons que l’Éternel ne peut sanctionner le mal par sa présence, quelle que soit la forme que ce mal puisse revêtir, et quelque caché qu’il puisse être. L’Éternel était «un feu consumant»; et comme tel, il devait agir à l’égard de tout ce qui pouvait venir souiller l’assemblée au milieu de laquelle il habitait. Chercher à unir la présence de Dieu à un mal non jugé est le dernier caractère de la méchanceté.

Ananias et Sapphira (Act. 5) nous apprennent la même leçon solennelle. Dieu habitait dans l’Église, par l’Esprit, non pas seulement comme influence, mais comme Personne divine, et de telle façon qu’on ne pouvait «mentir à l’Esprit saint». L’Église était, et est encore la demeure de Dieu; et il faut que ce soit lui qui gouverne et qui juge au milieu d’elle. Les hommes peuvent marcher de compagnie avec l’imposture, la convoitise et l’hypocrisie; mais Dieu ne le peut pas. Si Dieu doit marcher avec nous, il faut que nous jugions nos voies, sinon il les jugera pour nous. (Voyez aussi: 1 Cor. 11:29-32). Dans chacun de ces cas, et dans beaucoup d’autres que nous pourrions citer, nous voyons la force de cette solennelle parole: «La sainteté sied à ta maison, ô Éternel». (Ps. 93:5). Pour celui qui l’a comprise, cette vérité produira toujours un effet moral analogue à celui qu’elle eut sur Moïse: «N’approche pas d’ici; ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte» (Vers. 5). Le lieu de la présence de Dieu est saint; on ne peut y marcher qu’avec des pieds déchaussés. Dieu habitant au milieu de son peuple, communique à l’Assemblée de ce peuple un caractère de sainteté qui est le fondement de toute affection sainte et de toute sainte activité. Le caractère de l’habitation dérive du caractère de Celui qui l’habite. L’application de ce principe à l’Église, qui est maintenant l’habitation de Dieu, par l’Esprit, est de la plus haute importance pratique. Comme il est heureusement vrai que Dieu, par le Saint Esprit, habite dans chacun des membres de l’Église individuellement, et qu’il donne ainsi un caractère de sainteté à l’individu, il est également vrai qu’il habite dans l’assemblée, et que, par conséquent, l’assemblée doit être sainte. Le centre, autour duquel les membres sont rassemblés, n’est rien moins que la personne d’un Christ vivant, victorieux et glorifié. La puissance qui les rassemble n’est rien moins que le Saint Esprit; et le Seigneur Dieu Tout-Puissant demeure en eux et marche au milieu d’eux. (Voyez Matt. 18:20; 1 Cor. 6:19; 3:16, 17; Éph. 2:21, 22). Si telles sont la sainteté et la dignité qui appartiennent à la demeure de Dieu, il est évident que rien d’impur, soit en principe, soit en pratique, ne doit y être toléré. Tous ceux qui sont en rapport avec cette habitation devraient sentir l’importance et le sérieux de cette parole: «Le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte». «Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira». (1 Cor. 3:17). Ces paroles sont dignes de la plus sérieuse attention de la part de tout membre de l’assemblée de Dieu, de la part de toute «pierre vivante» faisant partie de son saint temple! Puissions-nous tous apprendre à fouler les parvis de l’Éternel avec des pieds déchaussés!

Quoi qu’il en soit, les visions du mont Horeb rendent témoignage à la grâce du Dieu d’Israël aussi bien qu’à sa sainteté. Si la sainteté de Dieu est infinie, sa grâce l’est aussi; et comme la manière dont il s’est révélé à Moïse fait connaître la première, le fait même qu’il s’est révélé atteste la dernière. Il descendit jusqu’à nous parce qu’il était miséricordieux; mais, après qu’il fut descendu, il fallait qu’il se révélât comme étant saint. «Et il dit: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. Et Moïse cacha son visage, car il craignait de regarder vers Dieu». (Vers. 6). La nature se cache toujours dans la présence de Dieu; et quand nous sommes ainsi devant Dieu, ayant les pieds déchaussés et la face voilée, c’est-à-dire dans la disposition d’âme que ces actes expriment si bien, nous sommes dans les conditions voulues pour écouter les doux accents de la grâce. Quand l’homme prend la place qui lui convient, Dieu peut lui parler le langage de la pure miséricorde.

«Et l’Éternel dit: J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs; car je connais ses douleurs. Et je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel… Et maintenant, voici, le cri des fils d’Israël est venu jusqu’à moi; et j’ai aussi vu l’oppression dont les Égyptiens les oppriment». (Vers. 7-9). La grâce du Dieu d’Abraham, et du Dieu de la postérité d’Abraham, grâce absolue, gratuite, inconditionnelle, brille ici de tout son éclat, sans être entravée par les «si» et les «mais», les vœux, les résolutions et les conditions de l’esprit légal de l’homme. Dieu était descendu pour se manifester Lui-même, en grâce souveraine, pour opérer l’œuvre du salut tout entière, pour mettre à exécution la promesse qu’il avait faite à Abraham et renouvelée à Isaac et à Jacob. Il n’était pas descendu pour voir si, de fait, les objets de cette promesse étaient dans une condition telle qu’ils méritassent son salut: ils avaient besoin de ce salut, et cela lui suffisait! Il avait considéré l’oppression sous laquelle ils gémissaient; il avait vu leurs douleurs, leurs larmes, leurs soupirs, leur dur esclavage, car, béni soit son nom, «Il compte les allées et les venues de son peuple et met leurs larmes dans ses vaisseaux» (Ps. 56:9); il n’était attiré ni par leurs mérites, ni par leurs vertus. Ce n’était pas pour quoi que ce soit de bon qu’il eût vu ou prévu en eux, qu’il se préparait à les visiter, car il savait ce qui était en eux. En un mot, le vrai fondement de l’intervention miséricordieuse de l’Éternel en faveur de son peuple nous est révélé dans ces paroles: «Je suis le Dieu d’Abraham», et: «J’ai vu l’affliction de mon peuple».

Ces paroles révèlent un grand principe fondamental dans les voies de Dieu. Dieu agit toujours en vertu de ce qu’il est. «Je suis» assure toutes choses pour «Mon peuple». Il est certain que l’Éternel n’allait pas laisser son peuple au milieu des fours à briques de l’Égypte, et sous le fouet des commissaires d’impôts de Pharaon. C’était son peuple; et il voulait agir à l’égard de ce peuple d’une manière qui fût digne de lui-même. Le fait qu’Israël était le peuple de l’Éternel, l’objet favorisé de son amour et de son élection, l’objet de sa promesse inconditionnelle, réglait toutes choses. Rien ne pouvait empêcher la manifestation publique de la relation de Dieu avec ceux auxquels, dans ses éternels conseils, il avait assuré la possession de la terre de Canaan. Il était descendu pour les délivrer; et les forces réunies de la terre et de l’enfer n’auraient pas pu les retenir en captivité une heure au-delà du temps qu’il avait fixé. Il a pu se servir, et s’est servi en effet, de l’Égypte comme d’une école et de Pharaon comme d’un maître; mais une fois l’œuvre nécessaire accomplie, le maître et l’école ont été mis de côté, et son peuple a été délivré à main forte et à bras étendu.

Tel est donc le double caractère de la révélation faite à Moïse sur le mont Horeb. La sainteté et la grâce se trouvaient réunies dans ce qu’il vit et entendit. Ces deux éléments entrent, comme nous le savons, dans toutes les voies et toutes les révélations de Dieu et les caractérisent d’une manière distincte: ils devraient caractériser également les voies de tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, agissent pour Dieu, ou en communion avec Lui. Tout serviteur fidèle est envoyé de devant la présence immédiate de Dieu, avec toute la grâce et toute la sainteté qui y habitent; il est appelé à être saint et plein de grâce, pour refléter sur la terre ce double trait du caractère de Dieu; et, pour cela, il faut non seulement qu’il vienne d’auprès de Dieu, mais encore qu’il demeure, en esprit, habituellement dans sa présence. C’est là le vrai secret d’un service efficace. Pour pouvoir agir pour Dieu au dehors, il faut être avec Lui au dedans. Il faut que je sois dans le sanctuaire secret de sa présence, autrement j’échouerai complètement dans mon service.

Plusieurs manquent à cet égard et succombent. Nous courons le plus grand danger de sortir de la solennité et du calme de la présence divine, au milieu de l’excitation du service actif et de l’agitation qu’amènent nos rapports avec les hommes. Nous avons à veiller soigneusement sur nous-mêmes à cet égard. Si nous perdons cette sainte disposition d’esprit, que représentent ici «les pieds déchaussés», notre service deviendra bien vite insipide et sans profit. Si nous souffrons que notre œuvre se place entre notre cœur et le Maître, elle ne vaudra pas grand-chose. Nous ne pouvons servir Christ d’une manière efficace qu’autant que nous jouissons de Lui. C’est pendant que le cœur est occupé des perfections qui attirent si puissamment vers Lui, que les mains servent Christ de la manière la plus agréable à ses yeux et la plus digne de son nom. Aussi, nul ne peut présenter Christ aux autres avec onction, avec fraîcheur et avec puissance, à moins qu’il ne se nourrisse de Christ dans le secret de sa propre âme. Il peut, il est vrai, prêcher un sermon, faire un discours, dire des prières, écrire des livres, et s’acquitter d’un bout à l’autre de tous les actes du service extérieur; mais, pour tout cela, il ne sert pas Christ. Celui qui veut présenter Christ aux autres doit être occupé de Christ pour lui-même.

Heureux est l’homme qui sert ainsi, quel que soit le succès de son travail ou l’accueil fait à son ministère! Car, lors même que ce ministère n’attirerait pas l’attention, n’exercerait pas une influence visible, ou ne produirait pas des résultats apparents, il a en Christ une douce et bienheureuse retraite, et une part assurée, que rien ne peut lui ôter. Au contraire, celui qui ne se nourrit que des fruits de son ministère, qui prend son plaisir dans les jouissances qu’il lui procure, ou dans l’attention qu’il commande et l’intérêt qu’il inspire, ressemble à un conduit qui, apportant l’eau à d’autres, ne retient rien pour lui-même que de la rouille. C’est quelque chose de déplorable que d’être dans une condition pareille; et, néanmoins, c’est, de fait, la condition dans laquelle se trouve tout serviteur qui s’occupe davantage de son œuvre et des résultats de cette œuvre, que du Maître et de sa gloire.

Nous avons à nous juger nous-mêmes sévèrement sur ce sujet. Le cœur est rusé et l’Ennemi est habile; c’est pourquoi nous avons grand besoin de prêter une sérieuse attention à cette parole d’exhortation: «Soyez sobres, veillez». (1 Pierre 5:8). Quand l’âme a été amenée au sentiment des dangers nombreux et variés dont le sentier du serviteur de Christ est environné, alors elle est en état de comprendre le besoin qu’elle a d’être beaucoup seule avec Dieu: là, on est heureux et en sûreté. C’est quand nous commençons, quand nous poursuivons et achevons notre œuvre aux pieds du Maître, que notre service est le vrai service.

D’après tout ce que nous venons de dire, il doit être évident pour mon lecteur que l’air que l’on respire «derrière le désert», est un air fort salutaire pour tout serviteur de Christ. Horeb est le véritable point de départ de tous ceux que Dieu envoie pour qu’ils travaillent pour lui. C’est en Horeb que Moïse apprit à déchausser ses pieds et à se voiler la face. Quarante ans auparavant, il s’était mis à l’œuvre; mais ce mouvement avait été prématuré. Ce fut au milieu des solitudes de la montagne de Dieu et du milieu du buisson en feu que sortit le message divin qui vint frapper l’oreille du serviteur: «Et maintenant, viens, et je t’enverrai vers le Pharaon, et tu feras sortir hors d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël». (Vers. 10). Il y avait là vraie autorité dans Celui qui parlait. La différence est immense entre être envoyé de Dieu, et courir sans être envoyé; et il est évident que Moïse n’était pas mûr pour le service quand, d’abord, il voulut commencer à agir, et qu’il tua l’Égyptien, et chercha à mettre la paix entre ses frères. Si quarante années de discipline secrète étaient nécessaires pour lui, comment aurait-il pu accomplir son œuvre autrement? Il a fallu qu’il fût enseigné de Dieu et envoyé par Lui; il en est de même de tous ceux qui entrent dans une carrière de service et de témoignage pour Christ. Plût à Dieu que ces saintes leçons fussent profondément gravées dans nos cœurs, et qu’ainsi toutes nos œuvres portassent l’empreinte de l’autorité et de l’approbation du Maître.

Mais nous avons quelque chose d’autre encore à apprendre au pied du mont Horeb. L’âme trouve qu’il est bon de s’arrêter dans ce lieu. «Il est bon que nous soyons ici». (Matt. 17:4). Le lieu de la présence de Dieu est toujours un lieu d’exercice, où le cœur est sûr d’être mis à découvert. La lumière, qui luit dans cette sainte retraite, manifeste toutes choses; et c’est ce dont nous avons si grand besoin au milieu des vaines prétentions qui nous environnent, de l’orgueil et de la propre satisfaction qui sont au-dedans de nous.

Nous pourrions être tentés de croire qu’au moment même où Moïse reçut le message divin, il dut répondre: «Me voici,» ou «Seigneur, que faut-il que je fasse?» Mais non il fallait encore qu’il fût amené là. Le souvenir de sa première faute l’ébranlait, sans aucun doute; car quand on agit sans Dieu, en quoi que ce soit, on est sûr d’être découragé, alors même que Dieu nous envoie. «Et Moïse dit à Dieu: Qui suis-je, moi, pour que j’aille vers le Pharaon, et pour que je fasse sortir hors d’Égypte les fils d’Israël?» (Vers 11). Moïse, ici, ne ressemble guère à l’homme qui, quarante ans auparavant, «croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main». (Act. 7:25). Tel est l’homme! — tantôt trop prompt, tantôt trop lent à agir. Moïse avait appris bien des choses depuis le jour où il avait frappé l’Égyptien; il avait fait des progrès dans la connaissance de lui-même, et cette connaissance le rendait défiant et craintif. Mais Moïse manquait encore de confiance en Dieu, cela est manifeste. Si je ne regarde qu’à moi-même, je ne ferai «rien»; mais si je regarde à Christ «je puis toutes choses». Ainsi, quand Moïse, poussé par la défiance et la crainte, répondit: «Qui suis-je?» Dieu lui répliqua: «Je serai avec toi». (Vers 12). Cela aurait dû lui suffire. Si Dieu est avec moi, qu’importe qui je suis ou ce que je suis! Quand Dieu lui dit: «Je t’enverrai,» et «Je serai avec toi,» le serviteur est abondamment pourvu d’autorité et de puissance divines, et il devrait par conséquent être parfaitement à l’aise et content d’aller là où Dieu l’envoie.

Mais Moïse pose une autre question, car le cœur humain est tout plein de questions. «Et Moïse dit à Dieu: Voici, quand je viendrai vers les fils d’Israël, et que je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous, et qu’ils me diront: Quel est son nom? que leur dirai-je?» (Vers 13). Il est étrange de voir comment le cœur humain raisonne et questionne, alors qu’une obéissance implicite est ce qu’il doit à Dieu; mais ce qui est plus merveilleux encore, c’est la grâce qui supporte tous ces raisonnements, et répond à toutes ces questions, chacune d’elles devenant une occasion pour faire ressortir quelque trait nouveau de cette grâce.

«Et Dieu dit à Moïse: Je suis celui qui suis. Et il dit: Tu diras ainsi aux fils d’Israël: Je suis m’a envoyé vers vous». (Vers. 14). Le titre que Dieu prend ici est merveilleusement significatif. En recherchant, dans l’Écriture, les divers noms que Dieu y prend, nous voyons que ces noms sont en rapport intime avec les divers besoins de ceux avec lesquels Dieu s’est trouvé en relation. Il se révèle sous tous ces noms de «Jéhovah-Jiré» (l’Éternel y pourvoira) Gen. 22:14; «Jéhovah-Nissi» (l’Éternel mon enseigne) Exo. 17:15; «Jéhovah-Tsidkenou» (l’Éternel, notre justice) Jér. 33:16; «Jéhovah-Shalom» (l’Éternel de paix) Juges 6:24; pour satisfaire aux besoins de son peuple; et quand il s’appelle «Je suis», ce titre renferme tous les autres.

Quelle grâce que d’être appelé à marcher en compagnie de Celui qui porte un nom pareil! Nous sommes dans le désert et nous y rencontrons des épreuves, des afflictions et des difficultés; mais aussi longtemps que nous jouissons du privilège de pouvoir recourir, en tout temps et en toutes circonstances, à Celui qui se révèle à nous dans sa grâce infiniment variée, en vue de tous nos besoins et de toute notre faiblesse, nous n’avons pas à craindre le désert. Dieu allait faire traverser le désert à son peuple, quand il révéla son nom à Moïse; et, bien que le croyant, qui, maintenant, possède l’Esprit d’adoption, puisse dire: «Abba, Père», il n’est pas pour cela dépossédé du privilège de jouir de la communion avec Dieu dans toutes les diverses manifestations qu’il lui a plu de faire de Lui-même. Le nom de «Dieu», par exemple, est un titre qui le révèle comme agissant dans l’unité de sa propre essence, manifestant sa puissance éternelle et sa divinité dans les œuvres de la création. Il prend le nom de «l’Éternel Dieu» en connexion avec l’homme. Puis, comme «le Dieu Tout-Puissant», il apparaît à son serviteur Abraham pour l’affermir dans l’assurance qu’il accomplirait la promesse qu’il lui avait faite touchant sa «semence». Comme «l’Éternel», il se fait connaître à Israël, en le délivrant du pays d’Égypte, et en le conduisant dans le pays de Canaan.

C’est ainsi que, en diverses mesures et en des manières différentes, «Dieu a autrefois parlé aux pères par les prophètes» (Héb. 1:1); et le croyant, sous l’économie actuelle, parce qu’il possède l’Esprit d’adoption, peut dire: «c’est mon Père qui s’est révélé ainsi, qui a ainsi parlé, ainsi agi».

Il n’y a rien de plus intéressant, ou qui soit pratiquement plus important dans son genre, que d’étudier ces grands noms que Dieu prend dans les différentes dispensations. Ces noms sont toujours employés dans le plus strict accord moral avec les circonstances dans lesquelles ils ont été révélés; mais il y a dans le nom «Je suis» une hauteur et une profondeur, une longueur et une largeur qui surpassent toute conception humaine.

De plus, il importe de le remarquer, ce n’est qu’en relation avec son peuple que Dieu prend ce titre. Ce n’est pas sous ce nom qu’il s’est adressé à Pharaon. Quand il lui parle, il prend le titre imposant et majestueux de «l’Éternel, le Dieu des Hébreux», savoir Dieu en relation avec ce même peuple que Pharaon cherchait à écraser. Cela aurait dû suffire pour faire connaître à Pharaon l’épouvantable position dans laquelle il se trouvait vis-à-vis de Dieu. «Je suis» n’aurait fait entendre à une oreille incirconcise qu’un son inintelligible, et n’aurait communiqué aucune réalité divine à un cœur incrédule. Lorsque Dieu manifesté en chair fit entendre aux Juifs infidèles de son temps ces paroles: «Avant qu’Abraham fût, je suis» (Jean 8:58), ils levèrent des pierres pour les jeter contre lui. Il n’y a que le vrai croyant qui puisse, en quelque mesure, éprouver la puissance, et jouir de la valeur de ce nom ineffable «Je suis». Ce nom renferme pour lui, quelque faible et chancelant qu’il puisse être, une bénédiction sans mélange. Mais, bien que ce fût à son peuple élu que Dieu avait commandé à Moïse de dire. «Celui qui s’appelle Je suis m’a envoyé vers vous», ce nom, si nous le considérons en rapport avec l’infidèle, renferme quelque chose de profondément sérieux, une profonde réalité. Si un homme, encore dans ses péchés, contemple un instant ce titre merveilleux, il est impossible qu’il ne se demande pas: Quelle est ma position vis-à-vis de cet Être qui s’appelle «Je suis celui qui suis?» Si véritablement Il est, qu’est-Il pour moi? Je ne dépouillerai point cette question de sa solennité et de sa puissance en y répondant moi-même; mais je désire que Dieu la fasse pénétrer dans la conscience de tout lecteur qui aurait réellement besoin d’être scruté par elle.

Je ne puis terminer ce chapitre sans appeler l’attention de mon lecteur chrétien sur l’importante déclaration contenue dans le verset 15: «Et Dieu dit encore à Moïse: Tu diras ainsi aux fils d’Israël: L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous: c’est là mon nom éternellement, et c’est là mon mémorial de génération en génération». Cette déclaration renferme une vérité très importante, que semblent oublier grand nombre de chrétiens, savoir que la relation de Dieu avec Israël est une relation éternelle. Il est tout autant le Dieu d’Israël maintenant que lorsqu’il visita ce peuple au pays d’Égypte. De plus, il s’occupe de lui aussi positivement maintenant qu’alors, seulement d’une autre manière. Sa parole est claire et explicite: «C’est là mon nom éternellement!» Dieu ne dit pas: «C’est là mon nom pour un temps, pour aussi longtemps qu’ils continueront à être ce qu’ils doivent être;» non, mais: «C’est là mon nom éternellement, et c’est là mon mémorial de génération en génération». Que le lecteur pèse bien ceci. «Dieu n’a point rejeté son peuple, lequel il a préconnu». (Rom. 11:2). Obéissants ou désobéissants, réunis ou dispersés, manifestés aux nations ou cachés à leur vue, les enfants d’Israël sont encore son peuple. Ils sont son peuple, et Dieu est leur Dieu. La déclaration du vers. 15 du chapitre qui nous occupe est irrécusable. L’Église professante est injustifiable d’ignorer une relation que Dieu déclare devoir durer «éternellement». Prenons garde de ne pas transiger avec cette solennelle déclaration: «c’est là mon nom éternellement». Dieu veut dire ce qu’il dit; et bientôt il manifestera à la vue de toutes les nations de la terre que sa relation avec Israël est une relation éternelle. «Les dons et l’appel de Dieu sont sans repentir». (Rom. 11:29). «Je suis» a déclaré qu’il était le Dieu d’Israël éternellement; et tous les gentils seront amenés à comprendre cette vérité et à s’incliner devant elle, comme aussi à reconnaître que les voies providentielles de Dieu envers eux, gentils, que toutes leurs destinées sont liées, d’une manière ou d’une autre, avec ce peuple favorisé et honoré, bien que maintenant jugé et dispersé. «Quand le Très-Haut partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël. Car la portion de l’Éternel, c’est son peuple; Jacob est le lot de son héritage». (Deut. 32:8-9).

Ce que Dieu a dit a-t-il cessé d’être vrai? L’Éternel a-t-il abandonné «le lot de son héritage?» Le regard de son amour ne repose-t-il plus sur les tribus dispersées d’Israël, depuis longtemps perdues de vue par les hommes? Les murailles de Jérusalem ne sont-elles plus devant Lui, ou sa poussière a-t-elle cessé d’être précieuse devant ses yeux? Pour répondre à ces questions, il faudrait citer une grande partie de l’Ancien Testament et un grand nombre de passages du Nouveau; mais ce n’est pas ici le lieu d’examiner ce sujet en détail. Je rappellerai seulement, pour terminer ce chapitre, que la chrétienté ne doit pas «ignorer ce mystère; c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé en Israël, jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée; et ainsi tout Israël sera sauvé». (Rom. 11:25-26).