Esther

Chapitre 9

Pleine délivrance

Ce chapitre nous amène à la pleine délivrance. Au chap. 8, la frayeur des Juifs avait poussé beaucoup de gens à se faire Juifs pour échapper au jugement. Au chap. 9:2, «personne ne tint devant eux, parce que la frayeur des Juifs tomba sur tous les peuples». On voit encore ici l’action secrète de la providence de Dieu en faveur de son peuple. Les nations de l’empire auraient pu se coaliser contre l’infime minorité juive qui habitait au milieu d’elles, mais personne ne résiste devant cette frayeur des Juifs. Bien plus, «tous les chefs des provinces, et les satrapes, et les gouverneurs, et ceux qui faisaient les affaires du roi, assistaient les Juifs, car la frayeur de Mardochée était tombée sur eux». Il en sera de même à la fin du siècle; la crainte que le Christ inspirera, fera que «des rois fermeront leur bouche en le voyant», et devront lui obéir. Pour comprendre la sévérité de la répression, il faut se souvenir des sentiments qui animaient contre les Juifs tous les peuples de l’empire. S’ils sont saisis de frayeur quand le jugement est décrété, il n’en était pas ainsi quand leur animosité semblait près d’être assouvie. À ce moment-là, ils étaient «ennemis» des Juifs et «espéraient se rendre maîtres d’eux»; ils les «haïssaient» et «cherchaient leur malheur». Cette haine devait nécessairement rencontrer sa rétribution, et, le moment arrivé, c’était la frayeur seule de Mardochée qui engageait les grands à «assister les Juifs». «Tes ennemis», est-il dit de Christ, «se soumettent à toi à cause de la grandeur de ta force». «Les fils de l’étranger se sont soumis à moi en dissimulant» (Ps. 66:3; 18:44).

Quant à Mardochée, «il était grand dans la maison du roi, et sa renommée se répandait dans toutes les provinces; car cet homme, Mardochée, allait toujours grandissant» (v. 4). Il représente bien le Seigneur avançant en force dans la possession de sa souveraineté terrestre. Comme pour David, lors de son avènement, cette souveraineté ne s’établit pas par un coup de théâtre, selon le langage des hommes. Ce n’est pas encore sa royauté établie, mais en voie de formation; elle ne sera définitive qu’après la victoire finale sur le dernier de ses ennemis, mais sa suprématie est reconnue, avant que toutes les nations lui soient assujetties.

L’oppresseur des Juifs est jugé, ainsi que toute sa race (v. 6-10); de même périra la race apostate de l’Antichrist en un jour futur, car l’heure de la vengeance a sonné. Seulement le peuple «ne met pas la main sur le butin» (v. 10, 15, 16), d’accord avec ce qui était prescrit à l’égard d’Amalek ou des ennemis d’Israël (1 Sam. 15:9; Jos. 6:19-20). Il ne s’agit que d’accomplir le jugement de Dieu, sans aucun profit pour ceux qui en sont les exécuteurs. Assuérus accepte la vengeance comme une nécessité. Sa capitale, où a été fomenté le complot contre les Juifs, est livrée, un jour de plus que les autres villes du royaume, au jugement de Dieu. Le quatorzième et le quinzième jour deviennent partout des jours de joie, de festin et de repos.

Ainsi se termine l’année de la grande tribulation.

Le roi des nations ne paraît plus sur la scène que sous la dépendance d’Esther et de Mardochée; il n’est question que d’eux jusqu’à la fin du chapitre. C’est Mardochée qui, comme le Messie futur, ordonne la joie et le repos. «Les Juifs, acceptèrent de faire ce qu’ils avaient commencé et ce que Mardochée leur avait écrit.» Ils se soumettent à la parole écrite par celui qui avait été inconnu et ignoré de tous, et d’eux-mêmes, et que Dieu a maintenant exalté à tous les yeux1.

1 La parole écrite de Mardochée prend une importance toute nouvelle dans un livre où la loi n’est pas mentionnée une seule fois.

La mémoire de ces jours se perpétue d’âge en âge. Une seule fête, celle des Purim, est mentionnée dans ce livre, fête nouvelle qui dure à toujours en commémoration de la délivrance du peuple terrestre de Dieu. Il y a accord parfait entre Esther et Mardochée, et le peuple; ce que les premiers établissent, le second l’établit pour lui-même (v. 31). Ce qui est «écrit dans le livre» à l’occasion de leurs jeûnes et de leur cri, est célébré dans toutes les générations. Ainsi se termine ce récit qui nous conduit à l’aube du temps glorieux qui suit la délivrance, et nous amène prophétiquement au seuil du règne millénaire de Christ.