Ésaïe

Chapitre 6

Ce chapitre se relie au précédent par la mention d’un septième Malheur. Mais il s’agit d’un autre principe de jugement. Les Malheurs précédents sont prononcés sur ce qu’Israël a fait, étant déchu de la bénédiction première; ici, le dernier Malheur est prononcé sur ce que l’homme, et le meilleur, est devant le Dieu saint. C’est le Malheur sur le moi1. Au chapitre 5 ce sont les suites de la rébellion contre l’Éternel; ici, qu’allait devenir l’homme, fût-il le moins coupable, fût-il un prophète, quand il rencontrerait Dieu? Pourrait-il dire autre chose que: «Malheur à moi, car je suis perdu»? De fait, c’est là la première en date des prophéties d’Ésaïe2, et cela aussi a son importance capitale. Dès le début, l’homme est absolument condamné. Le Résidu même, dont Ésaïe est un type, ne mérite pas autre chose que la condamnation.

1 Disons en passant que nous trouverons aux ch. 28 à 33 six autres «Malheurs» précédés, mais non suivis comme ici, d’un même septième, Malheur à moi (24:16). En Matthieu 23 le Seigneur profère sept Malheurs sur les conducteurs du peuple, mais suivis du «Béni soit...» du v. 39 prononcé par ce même peuple acclamant la grâce dans la personne du Sauveur, alors que ces conducteurs maudits le conduisaient à sa perte. Ces sept Malheurs remplaçaient les neuf bénédictions de Matt. 5 (neuf, trois fois la plénitude divine), dont les chefs n’avaient pas voulu.

2 Dates des prophéties dans Ésaïe: 6:1; 7:8; 14:28; 20:1; 36:1.

Ce chapitre est en même temps le début d’une parenthèse qui se termine au chapitre 9:7. Au verset 12 de ce ch. 9, le prophète reprendra, comme nous le soulignons plus haut, la parole de 5:25 («Pour tout cela... sa main est encore étendue» et la répète aux v. 17, 21 et 10:4). Outre sa transposition dans le but que nous avons indiqué, cette parenthèse nous présente le Messie, sa réjection par les Juifs, et la bénédiction sous son règne futur.

Après ces remarques générales, reprenons en détail cet intéressant chapitre.

 

v. 1-7. La vision est de la gloire du royaume de Christ sur la terre. Le trône n’est pas dans le ciel mais au-dessus de la terre. Seule la manifestation de cette gloire est dans le temple (le lieu saint, non le lieu très saint), sur la terre. Les séraphins sont dans le ciel au-dessus de lui. C’est Christ homme, exalté comme roi, chef de l’armée des cieux, adoré par les séraphins. Les créatures les plus élevées proclament la sainteté de Christ roi, le Dieu d’éternité, le Créateur. Les séraphins (litt. les brûlants qui volent) se couvrent la face. Et un homme serait appelé à voir Sa gloire, à face découverte? Oui, mais il faut auparavant le «Malheur à moi» et le «je suis perdu». Aussitôt toute impureté disparaît, même des lèvres du croyant, par le jugement dont le feu a consumé l’holocauste et ne peut plus avoir qu’à consumer toute iniquité chez le croyant. Il fallait qu’il eût conscience du feu du jugement sans en être atteint, car tout ce qu’il était avait été déjà consumé dans la victime sur l’autel.

 

v. 8-13. Maintenant le prophète est capable de dire, comme son Maître: «Me voici, envoie-moi», quand le Seigneur demande: «Qui enverrai-je?». Le message au peuple est que son endurcissement est un jugement de Dieu (Jean 12:37-41). Mais la foi peut dire: «Jusques à quand?» (c’est le mot du Résidu dans les Psaumes), certaine que le Seigneur ne peut demeurer sur le jugement.

Alors trois choses sont révélées au prophète: 1° la désolation et la solitude actuelles, comme jugement de Dieu; — 2° un «dixième» rentrant après la captivité, mais pour être brouté de nouveau; — 3° enfin un tronc qui reste, une «semence sainte», le Résidu croyant, formant le noyau d’un peuple nouveau.

Ainsi la foi compte sur la fidélité de Dieu, et Dieu répond: Il y aura un Résidu. (J. N. D.)