Ésaïe

Chapitre 1er

Première partie — Chapitres 1 à 35

Cette première partie comprend elle-même 3 divisions:

  1. chapitres 1 à 12;
  2. chapitres 13 à 27;
  3. chapitres 28 à 35.

 

Première division — Chapitres 1 à 12

Nous trouvons là une histoire prophétique d’ensemble d’Israël, où la place prépondérante est donnée à l’attaque finale par l’Assyrien, terme des jugements nécessités par le péché du peuple, mais qui montre en même temps la formation d’un Résidu, sa délivrance par le Messie promis, et l’introduction du Règne de ce Messie.

 

Première série — Chapitres 1 à 4

Ces quatre chapitres servent de préface à tout le livre. On y voit le péché d’Israël, son jugement annoncé, son relèvement et sa gloire sous Christ, «le germe de l’Éternel» (4:2). Israël a oublié l’Éternel, s’est rebellé contre lui, de là le jugement. Cependant l’Éternel y garde un faible Résidu, futur noyau du peuple de Dieu sous le sceptre du Messie. La grâce triomphe: on remarquera en effet que, si la bénédiction est proposée à condition qu’il y ait repentance, de fait cette bénédiction est introduite par le jugement parce que la repentance du peuple, comme tel, n’a pas eu lieu.

 

Chapitre 1er

v. 1. Il s’agit dans cette prophétie de Juda et Jérusalem. Elle est prononcée sous quatre rois, dont trois (Ozias, Ézéchias, Jotham) ont «fait ce qui est droit aux yeux de l’Éternel» (2 Chron. 26:4; 27:2; 29:2) et un seul non (28:1); mais, bons ou mauvais, l’état de Juda et de Jérusalem sous leurs règnes n’a pas changé, comme le montre tout ce premier chapitre, et même la suite du prophète. Ce qui est dit ici s’adresse non aux rois seuls mais au peuple.

 

v. 2-9. Le prophète proclame l’amour de Dieu pour son peuple, et prend à témoins les cieux et la terre qu’Il a placé ce peuple dans la relation de fils avec Lui, dès sa naissance, jusqu’à sa pleine croissance. La seule réponse de leur part à cet amour a été la rébellion contre leur père et leur bienfaiteur (v. 2). Cependant ils sont encore appelés son peuple (v. 3), le lien n’est pas encore rompu comme dans d’autres prophètes, Lo-Ammi n’est pas encore prononcé. Cela donne un caractère particulier à cette grande prophétie: le peuple est censé pouvoir revenir encore.

 

Suivent les caractères du peuple infidèle (v. 3-5): 1° la méconnaissance ou l’ignorance de leur relation avec l’Éternel; des animaux sans intelligence reconnaissent leur maître, ne serait-ce que par la crèche, la nourriture qu’il leur dispense, mais Israël? il ne connaît pas Dieu et ses bienfaits; 2° la corruption qui les marque, quoique fils, portant Son nom (v. 4, cf. Deut. 21:18-21; 8:5); 3° l’abandon de l’Éternel et le mépris du Dieu saint, ils ont quitté la position dans laquelle Dieu les avait placés; 4° la révolte toujours plus accentuée à mesure que Dieu les frappe.

Leur déplorable état se trouve résumé en quelques traits au v. 6: le mal moral est complet, il n’y a plus rien à attendre d’eux, plus d’amélioration possible, tout est pourriture et il n’y a plus de remède pour panser les plaies.

En conséquence, le pays est dévasté (v. 7), Dieu les a livrés entre les mains des étrangers. La fille de Sion, Jérusalem, reste seule à tenir tête aux ennemis (v. 8), et il ne subsiste qu’un «bien petit résidu». C’est à quoi se réduit le témoignage que Dieu avait confié à son peuple. Cela ne nous amène-t-il pas à nous demander: Et nous, sommes-nous encore un «bien petit résidu»? Les croyants parmi eux sont de fait le peuple reconnu; tout en s’identifiant avec la nation coupable et châtiée, ils confessent que Dieu a eu pitié de son peuple en laissant au milieu de lui ce faible reste dont ils font partie (v. 9; cf. Rom. 9:29).

On peut se demander à quel règne correspond cette description. Il semble que ce soit celui d’Ézéchias. En effet ce ne peut être celui d’Ozias, qui est toujours victorieux (2 Chron. 26). On pourrait penser à Jotham, car il est dit que «le peuple se corrompait encore» (27:2) mais on ne voit pas Juda dévasté sous ce règne. Il l’est sous Achaz (28), mais les v. 10-17 de notre chapitre peignent l’état du peuple sous le règne de quelque roi fidèle, en tout cas pas sous celui d’Achaz qui ferma le temple (28:24), alors qu’ici le peuple allie l’iniquité et la fête solennelle.

 

v. 10-17. Il y avait les formes religieuses, mais sans vie ni sainteté, aussi l’Éternel déclare haïr les choses mêmes qu’il avait ordonnées, parce que le cœur du peuple s’est éloigné de Lui. Leurs offrandes sont rendues plus haïssables en ce qu’elles prétendent honorer l’Éternel tout en leur associant l’iniquité. Ce que la loi exigeait d’eux c’était de cesser de mal faire et d’apprendre à bien faire, et avant toute chose à marcher dans l’amour du prochain (10:16, 17). Israël est appelé à se laver, se purifier en cessant de mal faire pour apprendre à bien faire. Il ne le peut; alors l’Éternel le purifiera lui-même par le jugement (v. 25).

 

v. 18-20. Dieu attend que son peuple coupable plaide contre lui-même: il trouvera alors Dieu, son juge, plaidant pour lui, prenant sa cause en main, le lavant de toute iniquité; mais c’est une chose terrible quand Dieu plaide contre les coupables (3:13). En attendant la loi leur offre l’alternative ou d’écouter ou de refuser Celui qui leur parle, avec ses conséquences (19:20).

 

v. 21-23. Ces versets considèrent l’état de Jérusalem qui s’est corrompue comme une prostituée, s’est tournée vers l’idolâtrie et vers l’injustice. La responsabilité des princes est mise en évidence, les rois ne sont pas exclus de ces accusations, quoique de fait un seul d’entre eux, Achaz, soit ici en cause. Ils font à l’égard de la veuve et de l’orphelin le contraire de ce que demande la loi.

 

v. 24-31. Aussi Jérusalem infidèle ne peut être rachetée que par le jugement. Le jugement sur la maison de Dieu est la première chose quand Dieu visite le mal. L’Éternel dit: «Je me vengerai de mes ennemis» en parlant d’Israël: quoi de plus terrible que le peuple de Dieu soit placé comme ennemi! Cf. Héb. 10:27; 12.

 

Résumé du chapitre 1er. — Annonce le jugement de Dieu sur ses adversaires, et ses adversaires et ses ennemis sont son peuple et la ville de Jérusalem. Sion sera rétablie, mais par le jugement. Mais au milieu des châtiments, l’Éternel laissera subsister un petit Résidu, noyau du peuple futur restauré, selon la fidélité de Dieu «Les siens qui reviennent» (27) seront épargnés, quand, à la fin, le jugement tombera sur le peuple, ils seront rachetés par la justice, Sion par le jugement.