Éphésiens

Chapitre 3

V. 1-6

Après avoir présenté ce grand déploiement de vérité, Paul commence à nous exhorter à marcher d’une manière digne d’un appel [ou: vocation] aussi élevé. Nous le voyons si nous lisons ensemble les premiers versets des chapitres 3 et 4. Tout le chapitre trois, sauf le premier verset, est une parenthèse dans laquelle il indique combien le Seigneur lui a précisément confié le ministère en rapport avec toute cette vérité — qu’il appelle, «le mystère»; et dans cette parenthèse, une nouvelle fois, il rapporte le contenu de ses prières pour les Éphésiens croyants.

 

V. 7-8

Évidemment, il sentait que son exhortation à marcher d’une manière digne de notre appel [ou: vocation] aurait plus de force si nous comprenions combien toute l’autorité du Seigneur était derrière cette exhortation. Une «dispensation» ou «administration» de la grâce de Dieu envers des êtres tels que nous, lui avait été confiée, car le «mystère» lui avait été spécialement révélé, et il venait juste d’écrire brièvement à ce sujet. C’est une allusion, évidemment, à ce qu’il avait écrit de 1:19 à 2:22. Un résumé encore plus bref est donné en 3:6, où il insiste de nouveau sur la merveilleuse place accordée aux Gentils (= nations). Les trois expressions «cohéritier», «d’un même corps» et «coparticipants» ont le mérite de faire voir la pensée principale de l’Esprit de Dieu dans ce verset. Or c’était un aspect du propos de Dieu en bénédiction qui était tout à fait inconnu dans les siècles précédents: forcément inconnu, bien sûr, car s’il avait été connu, l’ordre de choses établi en rapport avec la loi et Israël était ipso facto détruit. C’était donc un secret caché en Dieu jusqu’à ce que Christ fût exalté dans les lieux célestes et que le Saint Esprit soit envoyé ici-bas.

Mais maintenant ce mystère est révélé, et l’apôtre Paul en était fait le serviteur. Il n’a pas été révélé qu’à lui, mais aussi aux autres apôtres et prophètes. Ainsi la réalité de ce mystère était indubitable et incontestable. Cependant le service [ou: ministère] en a été donné à Paul, selon l’affirmation claire du verset 7. En accord avec ceci, il n’est fait aucune autre allusion au mystère dans les épîtres écrites par des apôtres autres que Paul.

Nous pouvons comprendre la grandeur de ce thème si nous avons un peu saisi ce que nous venons de survoler rapidement. Paul lui-même était si impressionné par sa grandeur qu’il parle de son ministère comme consistant à annoncer [ou: évangéliser] «les richesses insondables de Christ».

Si nous lisons cette expression «les richesses insondables de Christ» dans son contexte, nous nous apercevons qu’elle se réfère, non pas à toutes les richesses qui Lui appartiennent personnellement, mais plutôt à tout ce qui est en Lui pour les Siens. Si nous regardons de près le ch. 1, nous trouvons environ douze fois l’expression «en Christ», ou ses équivalents («dans le Bien-aimé», «en Lui», «en qui»; elle se trouve six fois au ch. 2, et trois fois au chapitre 3. Prenons l’un des passages seulement: «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». Pouvons-nous chercher et identifier ces bénédictions de manière à dominer entièrement le sujet? Nous ne le pouvons pas. Elles sont trop grandes pour notre petite compréhension. Elles sont insondables, et il en est de même pour tout ce que nous avons en Christ. Mais, bien qu’insondables, elles peuvent nous être données à connaître, et c’est ainsi qu’elles étaient le sujet du ministère de l’apôtre.

 

V. 9

Son ministère recouvrait un second sujet. Il était chargé de nous faire connaître à tous, non seulement ce qu’est le mystère, mais quelle est «l’administration du mystère». Le mystère concerne Christ et l’église, et plus particulièrement la place que les Gentils occupent en elle, comme Paul l’a déjà expliqué. L’administration concerne les dispositions pratiques pour la vie de l’assemblée, son ordre et son témoignage, que Paul avait établies partout. Ces dispositions étaient commandées par le Seigneur pour que, même dans la condition actuelle de l’église, il puisse y avoir une manifestation des choses qui sont vraies et établies concernant l’assemblée dans les conseils éternels de Dieu.

Le mystère lui-même était quelque chose d’entièrement nouveau, car depuis le commencement du monde jusqu’alors, il avait été caché en Dieu. Par conséquent l’administration du mystère était entièrement nouvelle. Auparavant Dieu ne s’était occupé que d’une seule nation, et Il l’avait fait sur la base de la loi. Or Dieu était en train d’appeler des gens élus d’entre toutes les nations selon Sa grâce, et ce qui était simplement national se retrouvait fondu dans ce propos plus vaste et plus complet. Dans l’assemblée de Dieu tout devait être mis en ordre et administré selon ces propos de Dieu. L’apôtre ne cesse pas dans cette épître de nous instruire sur les détails de cette administration ordonnée divinement; il le fera encore en écrivant sa première lettre aux Corinthiens.

L’assemblée à Corinthe ne marchait pas en ordre, contrairement à celles d’Éphèse et de Colosses. Il y avait beaucoup d’ignorance, d’erreur et de désordre parmi eux, et ceci fournit à l’Esprit de Dieu l’occasion de leur inculquer l’administration du mystère, au moins dans beaucoup de ses détails, traitant les affaires rendues publiques dont n’importe qui pouvait se rendre compte de l’extérieur. Pour ne pas passer à côté de ceci, prenons un détail parmi beaucoup d’autres pour servir d’exemple.

Notre épître établit que nous, Juifs ou Gentils, sommes «édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit» (2:22). C’est un des grands sujets inclus dans le mystère. Nous nous tournons alors vers l’épître aux Corinthiens, et nous découvrons que ce n’est pas une simple doctrine, une idée séparée de tout effet pratique sur les dispositions présentes concernant la vie de l’assemblée et le comportement. Tout au contraire; Paul déclare qu’en conséquence l’Esprit est souverain dans la maison où Il habite. Il habite là pour pouvoir agir à la gloire de Dieu: «Mais le seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît» (1 Cor. 12:11). Et vu que l’Esprit distribue et anime l’exercice des dons variés, nous trouvons au ch. 14 de la même épître qu’il nous est demandé de reconnaître que les instructions données sont «le commandement du Seigneur». Le Seigneur est, voyez-vous, le grand Administrateur dans l’assemblée de Dieu, et Paul était le serviteur choisi pour nous faire connaître Son administration.

 

V. 10-13

J’ai bien peur que de nos jours l’administration du mystère soit mise de côté, avec légèreté, par beaucoup de chrétiens, et même par de bons chrétiens sérieux; mais nous sommes assurés qu’ils le font pour leur grande perte, à la fois maintenant et dans le siècle à venir. Si nous négligeons une partie quelconque de la vérité, nous devenons sous-développés en ce qui concerne cette partie, «comme un gâteau qui n’a pas été retourné», selon l’expression d’Osée 7:8. Nous devons aussi prendre en considération les versets 10 et 11 de notre chapitre qui nous disent que l’administration du mystère, telle qu’elle est appliquée dans l’assemblée, est une sorte de livre de leçons sous les yeux des anges. Le livre de leçons d’aujourd’hui que les anges regardent, est bien tristement taché et obscurci. Mais, puisque les anges ne meurent pas, ces mêmes yeux ont regardé autrefois, et ont vu la beauté de la sagesse si diverse de Dieu, quand l’excellence de l’administration divine, exercée par Paul, était vue pour la première fois aux premiers jours de l’église.

Alors, durant un brève période, les choses ont été «selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le christ Jésus notre Seigneur» (3:11). Depuis, et pendant longtemps, les choses ont été surtout selon les désirs et arrangements décousus des hommes, bien que nombre d’entre ceux qui ont fait les arrangements étaient sans aucun doute des hommes pieux et bien intentionnés. Puissions-nous avoir la grâce de tenir, dans la mesure où cela dépend de nous, à l’administration telle qu’ordonnée par Dieu, car il est évident que ce qui était «caché en Dieu» doit être «maintenant donné à connaître par l’assemblée». En même temps, ne nous attendons pas à faire cela sans opposition ni troubles, car Paul rencontrait passablement de tribulation, comme il y fait allusion au verset 13.

 

V. 14-15

En outre nous n’entrons pas facilement ni rapidement dans la puissance et la jouissance de ces choses. C’est pourquoi, arrivé à ce point, l’apôtre se met à prier, et il est conduit à nous donner par écrit le contenu de sa prière, pour que nous en soyons ranimés. La prière est adressée au Père, et elle a trait aux opérations de l’Esprit en vue de ce que Christ ait la place qui Lui est due dans nos cœurs. Le Père, le Fils et Le Saint Esprit sont ainsi impliqués dans cette prière.

La prière s’adresse au Père comme à Celui qui confère Son nom et Son caractère à toute famille qui finalement remplira les cieux et la terre. Le Seigneur Jésus est notre Chef, et Il est aussi, en un certain sens, le Chef et le Conducteur de chacune de ces différentes familles. La traduction est bien «toute famille», et non pas «toute la famille». Dieu aura plusieurs familles, certaines pour le ciel et d’autres pour la terre. Parmi les familles célestes il y aura l’église et les esprits des hommes justes rendus parfaits [ou: «consommés»; Héb. 12:23], c’est-à-dire les saints de l’Ancien Testament. Parmi les familles terrestres, il y aura Israël, les Gentils rachetés, etc. De nos jours, parmi les hommes, les familles tirent leur nom de celui qui en est le père, de celui qui en est à l’origine. Or la paternité parmi les hommes n’est qu’un reflet de la paternité divine.

 

V. 16-17

Le sujet principal de la prière est que Christ habite par la foi dans nos cœurs, qu’Il reste à demeure le centre de direction de nos plus profondes affections. Cela ne peut avoir lieu que si nous sommes fortifiés par la puissance de l’Esprit quant à l’homme intérieur, car par nature, c’est l’égoïsme qui nous contrôle, et nous sommes inconstants et incertains. Si Christ habite dans nos cœurs, nous devenons enracinés et fondés dans l’amour (Son amour, non pas le nôtre). C’est seulement quand nous sommes enracinés et fondés dans l’amour, que nous pouvons commencer à connaître l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance.

 

V. 18-19

Le verset 17 parle de ce qui se trouve au centre de tout, Christ habitant en nous, et nous étant enracinés et fondés dans l’amour. Aux versets 18 et 19, on passe au cercle le plus large possible de bénédiction, d’amour et de gloire. Une paire de compas peut servir d’illustration. Il n’est pas facile de dessiner un cercle à moins que l’une des branches ne soit fixée fermement. Une fois l’une des branches fixée, le cercle peut être facilement dessiné. Il en est ainsi ici. Une fois enraciné et fondés dans l’amour, le vaste et puissant embrassement du verset 18 devient possible.

Si le verset 19 nous dit que nous devons connaître ce qui surpasse toute connaissance, le verset 18 implique que nous devons comprendre ce qui échappe à toute vraie définition. Quatre dimensions sont énumérées, mais il ne nous est pas dit à quoi elles se réfèrent. Les dimensions de quoi? Sans doute celles de toute la grande vérité que Paul avait déployée, les dimensions des richesses insondables de Christ. Ces choses ne doivent être comprises qu’avec tous les saints. Nous avons besoin l’un de l’autre quand nous commençons à les apprendre. Tous les saints devraient être désireux de les comprendre, et on ne peut les comprendre qu’en gardant en vue tous les saints. En ces jours d’éclatement et de division dans l’église de Dieu, on ne peut rassembler tous les saints ensemble, et on ne peut pas non plus inciter tous les saints à saisir ces choses, mais on peut tenir avec beaucoup de ténacité à la pensée divine de tous les saints, et dans la mesure où cela tient à nous, vivre et agir en ayant tous les saints en vue. Ceux qui font cela sont les plus propres à comprendre la portée puissante des richesses insondables de Christ, à connaître Son amour qui est centré sur tous les saints, et à être remplis de toute la plénitude de Dieu.

 

V. 20-21

La contemplation, en prière, de telles hauteurs de lumière, d’affections et de bénédiction spirituelles poussait le cœur de l’apôtre à adorer, et le chapitre se termine par une doxologie attribuant la gloire au Père. Ce qu’il avait désiré dans sa prière serait impossible à accomplir s’il n’y avait pas la puissance qui opère en nous, le Saint Esprit de Dieu. Par cette Puissance, le Père peut accomplir ce qui surpasse irrésistiblement nos pensées et nos désirs. Beaucoup d’entre nous, en lisant les désirs de l’apôtre pour nous, ont pu se dire: Tout à fait merveilleux, mais tout à fait hors de ma portée. Rappelons-nous pourtant, que cela ne dépasse pas la Puissance qui opère en nous. Toute cette bénédiction peut être réellement et consciemment à nous, et à nous comme possession présente.

La gloire que le dernier verset attribue à Dieu sera certainement la Sienne. Pendant tous les âges, l’église irradiera Sa gloire. En tant qu’épouse, femme de l’Agneau, on dira d’elle: «Ayant la gloire de Dieu: son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin» (Apoc. 21:11). Et tout ce que l’église est, et tout ce qu’elle sera à jamais, est par et dans le Christ Jésus. Jésus Christ est le plus glorieux Serviteur de la gloire de Dieu. Il a opéré cette gloire, et s’est couvert de gloire en le faisant. C’est ainsi que nous pouvons chanter avec tant de joie:

Christ, le centre de la multitude,
Brillera là dans toute Sa gloire,
Et tous les yeux de cette troupe immense
Ne verront que Sa gloire.