Ecclésiaste

Chapitre 5

Versets 1-12

La partie proverbiale de l’Ecclésiaste1 dans laquelle nous entrons et qui atteindra sa pleine expression dans les chap. 10 et 11 pourrait sembler, à première vue, trahir un manque de suite dans la structure de ce Livre, mais il suffit, pour se convaincre du contraire, de noter que le mot vanité domine aussi bien cette partie proverbiale que le discours du commencement. Toutes les sentences de l’Ecclésiaste aboutissent, en effet, à ce mot.

1 Cette partie proverbiale commence, à proprement parler, au v. 5 du chapitre 4.

Les v. 1-7 poursuivent le cours de pensées présentées dans les v. 5-16 du chapitre précédent, c’est-à-dire qu’ils font la part de ce qui peut être conforme aux pensées de Dieu sous le soleil. Ils nous montrent ce qui appartient à la crainte de Dieu au milieu des vanités de la terre (voyez v. 7). La crainte de Dieu, comme nous l’avons dit, fait partie des buts de l’Ecclésiaste. Ce principe est même le seul qui dirige la conduite du sage dans un monde où tout est vanité et poursuite du vent. La nécessité de cette crainte est déjà énoncée au chap. 3:14; les derniers mots du Livre nous montreront qu’elle est «le tout de l’homme». C’est, en effet, la seule chose qui doive caractériser l’homme en relation avec Dieu par la foi, sans qu’il ait encore reçu de Lui une Révélation positive.

Nous trouvons donc dans ces premiers versets quels doivent être les rapports de l’homme avec Dieu quand il s’approche de Lui, dans sa maison. Ce qu’il a à faire, en premier lieu, c’est d’écouter ce que Dieu a à lui dire, tandis que les insensés, dans leur ignorance du caractère de Dieu, viennent y offrir des sacrifices sans valeur à Ses yeux. — Nous trouvons ensuite (v. 2, 3) que la crainte de Dieu nous fera user nous-mêmes de peu de paroles devant Celui qui est dans les cieux, tandis que l’insensé fait exactement le contraire. Enfin (v. 4-7) il est nécessaire de s’acquitter d’un vœu, c’est-à-dire de la décision, librement prise, de se dévouer à Dieu et de le servir sans restriction. Il y a péché, après avoir prononcé un vœu, à s’en dédire, donnant pour prétexte que c’était une erreur involontaire devant l’ange1 qui en a été témoin. L’insensé fait de telles choses; celui qui craint Dieu ne révoque pas la parole qu’il Lui a donnée. Tous les rapports avec Dieu se résument donc dans ce seul mot: la crainte. Ne pas oublier qu’il y a des vanités, même dans la prétention d’avoir reçu des communications directes de la part de Dieu (des songes) et que souvent le songe, au lieu d’être une communication divine, est le fruit de toutes les occupations du jour (v. 3, 7).

1 Nous doutons beaucoup qu’il s’agisse ici du souverain sacrificateur, comme on l’a prétendu.

Les v. 8, 9, se relient aux trois premiers versets du chapitre 4. Le sage n’a pas à s’étonner quand il voit le pauvre opprimé et le droit foulé aux pieds, car Dieu prend garde à toutes les injustices qui se commettent dans le monde et il est le Juge suprême (Ps. 11:5).

Les v. 9-17 accentuent de nouveau la vanité des richesses et de l’amour de l’argent en contraste avec la culture du sol. L’augmentation des biens augmente aussi le nombre de ceux qui les mangent. L’homme qui les possède ne jouit jamais du repos, tandis que ce dernier est doux à celui qui travaille dans quelque position matérielle qu’il se trouve.

Tout ce passage, depuis le v. 4 du chap. 4, nous montre donc, à côté du mal et de l’oppression qui règnent dans le monde, certaines conséquences heureuses d’une conduite selon les principes du gouvernement de Dieu.

 

Versets 13-20

Depuis le v. 13 jusqu’à la fin du chap. 6 le Prédicateur reprend le sujet des maux douloureux qu’il a vus sous le soleil au chap. 4:1-3.

Vers. 13-17. — Les richesses sont au détriment de ceux qui les possèdent (ne pas oublier que, pour le Juif, les richesses étaient un signe de la faveur de Dieu); ou bien elles périssent et le fils qui devait en hériter n’a rien; ou enfin le riche les quitte lui-même par la mort et s’en retourne nu, comme lorsqu’il sortit du sein de sa mère. Il naît pour mourir et ce qu’il y a entre la naissance et la mort n’est que ténèbres, chagrin, maladie, rongement d’esprit.

Enfin (v. 18-20) nous rencontrons pour la troisième fois (voyez 2:24, 25; 3:12, 13) la conclusion de toutes ces amères et douloureuses expériences: «Voici ce que j’ai vu de bon et de beau: c’est de manger et de boire et de jouir du bien-être dans tout le travail dont l’homme se tourmente sous le soleil tous les jours de sa vie, que Dieu lui a donnés; car c’est là sa part». Il n’y a pour l’homme que cette courte jouissance présente, car le souvenir de l’homme n’est que celui de la peine et du travail et l’avenir, étant inconnu, ne peut être mentionné. Ce n’est qu’à la fin du Livre que nous voyons à quoi aboutit cette jouissance.