Deutéronome

Chapitre 28

En commençant l’étude de cette partie si remarquable de notre Livre, le lecteur doit bien se rappeler qu’elle ne doit nullement être prise comme une suite du chapitre 27. Pour expliquer l’absence de bénédictions dans ce dernier, quelques commentateurs ont voulu les voir ici. Mais c’est une grande erreur, — erreur tout à fait fatale à l’intelligence de chacun de ces chapitres. Le fait est qu’ils sont entièrement distincts dans leur base, leur but et leur application pratique. Pour dire la chose en deux mots, le chapitre 27 est moral et personnel; le chapitre 28 est dispensationnel et national. Celui-là traite du grand principe fondamental de la condition morale de l’homme comme pécheur entièrement ruiné et incapable de rencontrer Dieu sur le terrain de la loi; celui-ci s’occupe d’Israël comme nation, sous le gouvernement de Dieu. En un mot, une soigneuse comparaison des deux chapitres fera saisir au lecteur leur complète différence. Quel rapport, par exemple, pourrait-on trouver entre les six bénédictions de notre chapitre et les douze malédictions du chapitre 27? Il n’y en a aucun; tandis qu’un enfant peut voir le lien moral qui existe entre les bénédictions et les malédictions du chapitre 28.

Citons un ou deux passages à l’appui de ce que nous avançons. «Et il arrivera que si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel, ton Dieu, pour prendre garde à pratiquer tous ses commandements que je te commande aujourd’hui, l’Éternel, ton Dieu, te mettra très haut au-dessus de toutes les nations de la terre; et toutes ces bénédictions viendront sur toi et t’atteindront, si tu écoutes la voix de l’Éternel, ton Dieu. Tu seras béni dans la ville, et tu seras béni dans les champs. Le fruit de ton ventre sera béni, et le fruit de ta terre, et le fruit de tes bêtes, les portées de ton gros bétail, et l’accroissement de ton menu bétail; ta corbeille sera bénie, et ta huche. Tu seras béni en entrant, et tu seras béni en sortant» (vers. 1-6). N’est-il pas parfaitement clair que ce ne sont pas là les bénédictions prononcées par les six tribus sur le mont de Garizim? Ce qui nous est présenté ici, c’est la dignité nationale d’Israël, sa prospérité et sa gloire fondées sur l’observation diligente de tous les commandements placés devant lui dans ce livre. Le dessein éternel de Dieu était qu’Israël fût au-dessus de toutes les nations. Ce dessein s’accomplira certainement, bien qu’Israël, dans le passé, ait manqué honteusement à cette parfaite obéissance qui devait former la base de sa gloire et de sa prééminence comme nation.

Il ne faut jamais oublier ni abandonner cette grande vérité. Quelques commentateurs ont adopté un système d’interprétation par lequel les bénédictions accordées à Israël sont spiritualisées et appliquées à l’Église de Dieu. C’est une très fatale erreur, et il est difficile d’exprimer les pernicieux effets d’une semblable manière de traiter la précieuse parole de Dieu. Cette interprétation est diamétralement opposée à la pensée et à la volonté de Dieu. Il ne saurait la sanctionner, ni approuver que l’on détourne ainsi de leur vraie signification les bénédictions et les privilèges de son peuple d’Israël.

Il est vrai que nous lisons, dans le chapitre 3 de l’épître aux Galates: «… Afin que la bénédiction d’Abraham parvînt aux nations dans le Christ Jésus, afin que nous reçussions» — quoi? Des bénédictions dans la ville et aux champs? Des bénédictions dans notre corbeille ou dans notre huche? Non, mais — «afin que nous reçussions par la foi l’Esprit promis». Nous apprenons aussi par la même épître, au chapitre 4, qu’il sera permis à l’Israël restauré de compter parmi ses enfants tous ceux qui sont nés de l’Esprit pendant la période chrétienne. «Mais la Jérusalem d’en haut est la femme libre qui est notre mère. Car il est écrit: Réjouis-toi, stérile qui n’enfantes point; éclate de joie et pousse des cris, toi qui n’es point en travail d’enfant; car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que les enfants de celle qui a un mari».

Tout cela est très vrai, mais ne présente aucune raison pour transférer aux croyants du Nouveau Testament, les promesses faites à Israël. Dieu s’est engagé par serment à bénir la semence d’Abraham — son ami — à la bénir de toutes les bénédictions terrestres, au pays de Canaan. Cette promesse se maintient et est absolument inaliénable. Malheur à tous ceux qui tenteraient de mettre en doute son accomplissement littéral, au temps voulu de Dieu. — Ayant examiné ce sujet dans nos études de la première partie de ce livre, nous nous bornerons à avertir sérieusement le lecteur de se tenir en garde contre tout système d’interprétation qui entraîne d’aussi sérieuses conséquences quant à la parole, et aux voies de Dieu. Il ne faut jamais perdre de vue que les bénédictions d’Israël sont terrestres, et celles de l’Église, célestes. «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Éph. 1:3).

Ainsi la nature aussi bien que la sphère des bénédictions de l’Église, sont entièrement différentes de celles promises à Israël, et ne doivent jamais être confondues. Mais le système d’interprétation ci-dessus mentionné les confond au détriment de l’intégrité des Saintes Écritures, et porte ainsi un sérieux dommage aux âmes. Essayer d’appliquer à l’Église de Dieu, soit maintenant ou à l’avenir, sur la terre, ou dans le ciel, les promesses faites à Israël, c’est renverser complètement les choses, et jeter la confusion la plus désespérée dans l’exposition et l’application des Écritures. Nous sentons le besoin, par fidélité à la parole de Dieu et pour le bien de l’âme du lecteur, de le solliciter à apporter une sérieuse attention à ce sujet; qu’il soit persuadé que cette question est des plus importantes. Pour nous, nous avons la conviction que quiconque confond Israël et l’Église, ce qui est terrestre avec ce qui est céleste, ne peut être un sain ou exact interprète de la parole de Dieu.

Nous ne poursuivrons pas ici l’étude de ce sujet. Nous avons la confiance que l’Esprit de Dieu éveillera dans le cœur du lecteur le sentiment de l’intérêt et de l’importance qu’il mérite, et lui accordera de voir combien il est nécessaire que la parole de vérité soit exposée justement (voyez 2 Tim. 2:15). S’il en est ainsi, notre but sera pleinement atteint.

Pour ce qui concerne ce chapitre 28 du Deutéronome, si le lecteur a bien saisi le fait qu’il diffère entièrement du précédent, il sera capable de le lire avec une intelligence spirituelle et un profit réel. Il n’exige pas une longue étude; il se divise clairement et naturellement en deux parties. Dans la première, nous avons un exposé complet des résultats de l’obéissance (voyez vers. 1-15); dans la seconde partie, se trouve l’exposé solennel et frappant des terribles conséquences de la désobéissance (voyez vers. 16-68); et ce qui est bien digne de remarque, c’est que la division contenant les malédictions a plus de trois fois la longueur de celle qui renferme les bénédictions. Le chapitre entier développe avec puissance ce qu’est le gouvernement de Dieu et le fait que «notre Dieu est un feu consumant» (Héb. 12:29).

Toutes les nations de la terre peuvent apprendre par l’histoire merveilleuse d’Israël que Dieu doit punir la désobéissance, et tout premièrement chez les siens. Et s’il n’a pas épargné son peuple, quelle sera la fin de ceux qui ne le connaissent pas? «Les méchants seront repoussés jusque dans le shéol, toutes les nations qui oublient Dieu» (Ps. 9:18). «C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant» (Héb. 10:31). C’est le comble de la folie de chercher à éluder la portée de passages semblables, ou d’en détruire la force. On ne le peut pas. Qu’on lise ce chapitre en le comparant avec l’histoire actuelle d’Israël, et l’on verra que, aussi sûrement qu’il y a un Dieu sur le trône de la majesté dans les cieux, il punira ceux qui font le mal, maintenant déjà comme plus tard. Il ne peut en être autrement. Un gouvernement qui pourrait ou voudrait tolérer le mal sans le juger, le condamner et le punir, ne serait pas un gouvernement parfait, ne serait pas celui de Dieu. C’est en vain qu’on avancerait des arguments qui ne se fonderaient que sur la bonté, la longanimité et les compassions de Dieu. Béni soit son nom, il est tendre, bon, miséricordieux, plein de grâce, de support et de compassion. Mais il est saint et juste, droit et vrai; et «il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts» (Actes 17:31).

Il nous faut cependant terminer cette section; mais auparavant, nous sentons qu’il est de notre devoir d’appeler l’attention du lecteur sur un point très intéressant en rapport avec le verset 13 de notre chapitre. «Et l’Éternel te mettra à la tête, et non à la queue; et tu ne seras qu’en haut, et tu ne seras pas en bas, si tu écoutes les commandements de l’Éternel, ton Dieu, que je te commande aujourd’hui, pour les garder et les pratiquer».

Ceci, sans nul doute, se rapporte à Israël comme nation, car il est destiné à être à la tête de toutes les nations de la terre. Tel est le propos et le dessein arrêté de Dieu concernant ce peuple. Quelque bas qu’il soit tombé, dispersé et perdu parmi les nations, souffrant des terribles conséquences de sa désobéissance persistante, dormant, comme nous le lisons au chapitre 12 de Daniel, dans la poussière de la terre; toutefois, comme nation, il s’élèvera et brillera d’une gloire beaucoup plus grande que celle de Salomon.

Tout cela est vrai, et démontré d’une manière incontestable dans plusieurs passages de Moïse, des Psaumes, des Prophètes et du Nouveau Testament. Mais, en parcourant l’histoire d’Israël, nous trouvons quelques exemples très frappants d’individus qui, par la grâce de Dieu, se sont approprié les précieuses promesses contenues dans le verset 13, et cela même dans des périodes très sombres et très humiliantes de l’histoire nationale d’Israël, lorsque, comme nation, il était à la queue et non à la tête. Nous ne citerons qu’un exemple ou deux, non seulement pour rendre le sujet plus clair, mais aussi pour présenter au lecteur un principe d’une immense importance pratique et d’une application universelle.

Prenons, par exemple, le livre d’Esther — livre si peu compris ou apprécié, mais qui, certainement, a une place à lui et enseigne une leçon que ne donne aucun autre livre. Il appartient assurément à une période où Israël n’était pas à la tête, mais à la queue, et néanmoins nous y lisons l’histoire d’un fils d’Abraham se conduisant de manière à atteindre une position des plus élevées, et remportant une glorieuse victoire sur l’ennemi le plus acharné d’Israël.

Quant à la condition du peuple d’Israël aux jours d’Esther, elle était telle que Dieu ne pouvait le reconnaître publiquement. De là vient que, du commencement à la fin, son nom n’est pas mentionné dans ce livre. Le gentil était à la tête et Israël à la queue. La relation entre Dieu et Israël ne pouvait plus être ouvertement reconnue, mais le cœur de l’Éternel ne pouvait jamais oublier son peuple, et nous pouvons ajouter que le cœur d’un Israélite fidèle n’aurait jamais pu oublier l’Éternel ou sa sainte loi, et ce sont justement ces deux faits qui caractérisent cette partie si intéressante de la Parole. Dieu agissait pour Israël derrière la scène, et Mardochée agissait pour Dieu sur la scène. Il est digne de remarquer que ni le meilleur ami d’Israël, ni son plus grand ennemi, ne sont nommés une seule fois dans tout le livre d’Esther, quoique les actes de tous deux le remplissent d’un bout à l’autre. Le doigt de Dieu est imprimé sur chaque anneau de la merveilleuse chaîne providentielle qui se déroule en faveur des Juifs; tandis que d’un autre côté l’amère inimitié d’Amalek (Satan) se manifeste dans le cruel complot de l’orgueilleux Agaguite.

Tout cela offre le plus grand intérêt. Après avoir terminé l’étude de ce livre, on peut bien s’écrier: «Quel récit d’homme égalerait en intérêt cette simple histoire!» Mais nous ne pouvons maintenant nous étendre sur ce sujet autant que nous l’aimerions. Nous y avons fait allusion simplement pour faire ressortir l’indicible valeur et l’importance de la fidélité individuelle dans un moment où la gloire nationale s’était évanouie. Mardochée restait ferme comme un roc pour la vérité de Dieu. Il refuse inflexiblement de reconnaître Amalek. Il sauve la vie d’Assuérus et se soumet à son autorité comme expression de la puissance de Dieu, mais il ne veut pas s’incliner devant Haman. Sa conduite dans cette affaire était gouvernée simplement par la parole de Dieu. L’autorité par laquelle il agissait se trouve dans le livre du Deutéronome: «Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek, en chemin, quand vous sortiez d’Égypte: comment il te rencontra dans le chemin, et tomba en queue sur toi, sur tous les faibles qui se traînaient après toi, lorsque tu étais las et harassé, et ne craignit pas Dieu. Et quand l’Éternel, ton Dieu, t’aura donné du repos de tous tes ennemis à l’entour, dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage pour le posséder, il arrivera que tu effaceras la mémoire d’Amalek de dessous les cieux: tu ne l’oublieras pas» (Chap. 25:17-19).

Cela était assez clair pour toute oreille circoncise, pour tout cœur obéissant, pour toute conscience droite. Le langage d’Exode 17 est tout aussi net: «Et l’Éternel dit à Moïse: Écris ceci pour mémorial dans le livre, et fais-le entendre à Josué, que j’effacerai entièrement la mémoire d’Amalek de dessous les cieux. Et Moïse bâtit un autel, et appela son nom: Jéhovah-Nissi (l’Éternel mon enseigne); et il dit: Parce que Jah a juré, l’Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération» (vers. 14-16).

C’est sur cette autorité que Mardochée se fondait pour refuser de donner à Haman le moindre signe de déférence. Comment un membre fidèle de la maison d’Israël aurait-il pu s’incliner devant un homme de la maison contre laquelle l’Éternel était en guerre? C’était impossible. Mardochée pouvait se revêtir d’un sac, jeûner et pleurer pour son peuple, mais il ne pouvait, il ne voulait, il n’aurait osé s’incliner devant un Amalékite. Peu lui importait qu’on l’accusât de présomption, d’une aveugle obstination, de stupide bigoterie, ou encore d’une méprisable étroitesse d’esprit. Refuser de rendre au plus grand seigneur du royaume les marques ordinaires de respect, pouvait paraître une folie inouïe de sa part; mais ce seigneur était un Amalékite, et c’en était assez pour Mardochée. Sa folie apparente était simplement de l’obéissance.

C’est là ce qui rend le cas si intéressant et si important pour nous. Rien ne peut détruire notre responsabilité d’obéir à la parole de Dieu. On aurait pu dire à Mardochée que le commandement relatif à Amalek était une chose passée, qui ne se rapportait qu’aux jours glorieux d’Israël. C’était bien de la part de Josué de combattre contre Amalek; Saül, aussi, aurait dû obéir à la parole de l’Éternel, au lieu d’épargner Agag; mais au temps d’Esther tout était changé; la gloire avait quitté Israël, il était donc tout à fait inutile d’essayer d’agir d’après Exode 17, ou Deutéronome 25.

De semblables arguments, nous en sommes persuadés, n’auraient eu aucune valeur pour Mardochée. Il lui suffisait de savoir que l’Éternel avait dit: «Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek… Tu ne l’oublieras pas». Jusqu’à quand ces paroles étaient-elles valables? «De génération en génération». La guerre de l’Éternel avec Amalek ne devait pas cesser jusqu’à ce que le nom même de celui-ci et sa mémoire fussent effacés de dessous les cieux. Et pourquoi? À cause de la manière lâche et cruelle dont il avait agi envers Israël. Telle était la bonté de Dieu envers son peuple. Comment, après cela, un Israélite fidèle aurait-il pu jamais se prosterner devant un Amalékite? Non. Samuel le fit-il? Non, «il mit Agag en pièces devant l’Éternel, à Guilgal» (1 Sam. 15:33). Comment donc Mardochée aurait-il pu s’incliner devant lui? Il ne le pouvait pas, quoi qu’il pût lui en coûter. Peu lui importait que le gibet fût préparé pour lui; il pouvait y être pendu, mais non pas rendre hommage à Amalek.

Et quel fut le résultat de cette fidélité? Un triomphe magnifique. — D’un côté, nous voyons le fier Amalékite près du trône, se réjouissant aux rayons de la faveur royale, se glorifiant dans ses richesses, sa grandeur, sa gloire, prêt à écraser sous ses pieds la semence d’Abraham. D’un autre côté, le pauvre Mardochée couvert du sac et de la cendre, dans les larmes, était à la porte du palais. Que pouvait-il faire? Obéir. Il n’avait ni glaive, ni épée, mais il avait la parole de Dieu, et en obéissant simplement à cette Parole, il remporta une victoire sur Amalek, aussi décisive et aussi éclatante dans son genre, que celle que remporta Josué, en Exode 17, — victoire que Saül ne put remporter, bien qu’il fût entouré d’une armée de guerriers choisis d’entre les douze tribus d’Israël. Amalek cherchait à faire pendre Mardochée; mais au lieu de cela, il fut obligé d’être comme son serviteur, et de le conduire avec une pompe et une splendeur royales à travers les rues de la ville. «Et Haman dit au roi: Quant à l’homme que le roi se plaît à honorer, qu’on apporte le vêtement royal dont le roi se revêt, et le cheval que le roi monte, et sur la tête duquel on met la couronne royale; et que le vêtement et le cheval soient remis aux mains d’un des princes du roi les plus illustres; et qu’on revête l’homme que le roi se plaît à honorer, et qu’on le promène par les rues de la ville, monté sur le cheval, et qu’on crie devant lui: C’est ainsi qu’on fait à l’homme que le roi se plaît à honorer. Et le roi dit à Haman: Hâte-toi, prends le vêtement et le cheval, comme tu l’as dit; et fais ainsi à Mardochée, le Juif, qui est assis à la porte du roi. N’omets rien de tout ce que tu as dit. Et Haman prit le vêtement et le cheval, et revêtit Mardochée et le promena à cheval par les rues de la ville, et il criait devant lui: C’est ainsi qu’on fait à l’homme que le roi se plaît à honorer! Et Mardochée revint à la porte du roi. Et Haman se rendit en hâte à sa maison, triste et la tête couverte» (Esther 6:7-12).

Ici, assurément, Israël était à la tête et Amalek à la queue — Israël, non pas comme nation, mais individuellement. Mais ce n’était que le commencement de la défaite d’Amalek et de la gloire d’Israël. Haman fut pendu au gibet même qui avait été préparé pour Mardochée. «Et Mardochée sortit de devant le roi, avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande couronne d’or, et un manteau de byssus et de pourpre; et la ville de Suse poussait des cris de joie et se réjouissait» (Chap. 8:15).

Ce ne fut pas tout l’effet de cette merveilleuse victoire se fit sentir au loin et au près, dans les cent vingt-sept provinces de l’empire. «Et, dans chaque province et dans chaque ville, partout où parvenait la parole du roi et son édit, il y eut de la joie et de l’allégresse pour les Juifs, un festin et un jour de fête; et beaucoup de gens parmi les peuples du pays se firent Juifs, car la frayeur des Juifs tomba sur eux» (Chap. 8:17). Et, pour couronner le tout, nous lisons que «Mardochée, le Juif, fut le second après le roi Assuérus, et il fut grand parmi les Juifs et agréable à la multitude de ses frères, cherchant le bien de son peuple et parlant pour la paix de toute sa race» (Chap. 10:3).

Tout cela ne nous prouve-t-il pas de la manière la plus frappante l’immense importance de la fidélité individuelle? Ce récit n’est-il pas propre à nous encourager à tenir ferme pour la vérité de Dieu, quoi qu’il puisse nous en coûter? Considérez seulement les merveilleux résultats de la conduite d’un seul homme! Plusieurs auraient condamné Mardochée, et taxé d’obstination inconcevable le refus de donner une simple marque de respect au plus grand seigneur de l’empire. Mais ce n’était pas cela c’était simplement de l’obéissance; provenant d’un cœur décidé pour Dieu, et les conséquences en furent une magnifique victoire, dont les fruits furent recueillis par ses frères jusqu’aux extrémités de la terre.

Pour éclaircir davantage le sujet suggéré par Deut. 28:13, rappelons encore Dan. 3 et 6. Là nous verrons quels résultats moralement glorieux peuvent être obtenus par la fidélité individuelle au vrai Dieu, au moment où c’en était fait de la gloire nationale d’Israël, où la ville sainte et le temple étaient en ruines. Les trois hommes fidèles refusent de se prosterner devant la statue d’or. Ils osent affronter le courroux du roi, résister à la voix universelle de l’empire, s’exposer même à la fournaise ardente plutôt que de désobéir. Ils pouvaient donner leur vie, mais non pas abandonner la vérité de Dieu. Et quel fut le résultat de leur fidélité? Une glorieuse victoire! Ils marchèrent au milieu de la fournaise avec le Fils de Dieu, et furent appelés hors de la fournaise pour être les témoins et les serviteurs du Dieu Très-Haut. Glorieux privilège! Merveilleuse dignité! Et tout cela est le simple résultat de l’obéissance. S’ils avaient suivi la foule et courbé leur tête devant le dieu national, afin d’échapper à la terrible fournaise, combien n’auraient-ils pas perdu! Mais, béni soit Dieu, ils furent rendus capables de tenir ferme la confession de cette grande vérité fondamentale d’un Dieu unique — vérité qui avait été foulée aux pieds au milieu des splendeurs du règne de Salomon, et le récit de leur fidélité nous a été transmis par le Saint Esprit, afin de nous encourager à marcher d’un pas ferme dans le sentier du dévouement individuel, en face d’un monde qui hait Dieu et qui rejette Christ, et en face d’une chrétienté qui néglige la vérité. Il est impossible de lire ce récit, sans que le nouvel homme en nous n’en soit saisi et animé d’un désir sincère de se dévouer plus entièrement à Christ et à sa cause précieuse.

L’étude de Daniel 6 doit produire le même effet. Nous ne pouvons ni citer, ni développer ce sujet. Nous voulons seulement recommander à l’attention du lecteur ce récit bien propre à stimuler nos âmes, et qui présente une leçon tout à fait appropriée à nos jours de profession relâchée, de recherche de ses aises, et où il ne coûte rien de donner un assentiment de bouche aux vérités du christianisme, tandis qu’il y a en réalité si peu de désir ou de promptitude à suivre, avec un cœur entier et décidé, un Seigneur rejeté, ou à se soumettre à ses commandements avec une obéissance implicite.

En face de tant de froide indifférence, combien il est rafraîchissant de lire le récit de la fidélité de Daniel! Avec une décision inflexible, il persistait dans sa sainte habitude de prier trois fois par jour, ayant sa fenêtre ouverte du côté de Jérusalem, bien qu’il sût que la fosse aux lions l’attendait. Il aurait pu fermer sa fenêtre et tirer ses rideaux, et se retirer dans le secret de son cabinet pour prier, ou bien attendre l’heure de minuit, lorsqu’aucun œil humain ne pouvait le voir ou aucune oreille l’entendre. Mais non; ce fidèle serviteur de Dieu ne voulait pas cacher sa lumière sous un boisseau. Un grand principe était en jeu. Ce n’était pas simplement qu’il voulait prier le seul Dieu vivant et vrai, mais il voulait le faire avec «ses fenêtres ouvertes du côté de Jérusalem». Et pourquoi du côté de Jérusalem? Parce que là était le centre établi de Dieu. Mais la ville était en ruines. C’est vrai, pour le moment, à un point de vue humain. Mais pour la foi, et au point de vue de Dieu, Jérusalem était le centre établi de Dieu pour son peuple terrestre. Elle l’était et le sera. Et non seulement cela, mais sa poussière même est précieuse à l’Éternel, et c’est pourquoi Daniel était en pleine communion avec la pensée de Dieu quand il ouvrait ses fenêtres du côté de Jérusalem pour prier. En le faisant, il avait pour lui les Écritures, comme le lecteur peut le voir dans 2 Chr. 6:38: «Et s’ils reviennent à toi de tout leur cœur et de toute leur âme, dans le pays de leur captivité, où on les aura emmenés captifs, et te prient en se tournant vers leur pays que tu as donné à leurs pères, et vers la ville que tu as choisie, et vers la maison que j’ai bâtie pour ton nom».

C’est sur ce fondement que Daniel agissait; et cela sans égard aucun pour les opinions humaines, et sans regarder non plus aux peines et au châtiment. Il préférait être jeté dans la fosse aux lions plutôt que d’abandonner la vérité de Dieu. Il aimait mieux le ciel avec une bonne conscience, que de rester sur la terre avec une mauvaise.

Et quel fut le résultat? Un autre splendide triomphe! «Daniel fut tiré de la fosse, et aucun mal, ne fut trouvé sur lui, parce qu’IL S’ÉTAIT CONFIÉ EN SON DIEU».

Serviteur béni! Noble témoin! Assurément il était à la tête, dans cette occasion, et ses ennemis à la queue. Et par quel moyen? En obéissant simplement à la parole de Dieu. C’est là ce que nous jugeons être d’une si grande importance morale de nos jours; et c’est avec le désir de mettre en lumière et d’appuyer cette vérité, que nous mentionnons ces brillants exemples de fidélité individuelle dans un temps où la gloire nationale d’Israël était dans la poussière, son unité perdue et où, comme peuple, il n’avait plus de gouvernement. C’est un fait des plus intéressants, plein d’encouragements et propre à fortifier, que de voir dans ces jours les plus sombres de l’histoire d’Israël comme nation, ces exemples si remarquables de foi et de dévouement personnels. Nous appelons l’attention sérieuse du lecteur chrétien sur ce point éminemment propre à fortifier et à relever nos cœurs, et à tenir ferme pour la vérité de Dieu au temps actuel, où il y a tant de sujets de découragement dans l’état général de l’église professante. Ce n’est pas que nous devions nous attendre à des résultats aussi prompts, aussi frappants et aussi magnifiques, que dans les cas que nous avons mentionnés. Là n’est pas la question. Ce que nous avons à retenir dans nos cœurs, c’est le fait que, quel que soit l’état de ce qui porte le nom de peuple de Dieu à une époque donnée, le privilège de tout homme de Dieu individuellement est de suivre le sentier étroit, et de recueillir les précieux fruits d’une simple obéissance à la parole de Dieu et aux commandements de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. C’est là, nous en sommes persuadés, une vérité essentielle pour nos jours. Puissions-nous tous en éprouver la sainte puissance! Nous sommes dans un danger imminent, vu l’état général des choses, d’abaisser le niveau du dévouement personnel. Ce serait une erreur fatale, une suggestion positive de l’ennemi de Christ et de sa cause. Si Mardochée, Shadrac, Méshac, Abed-Nego et Daniel avaient agi de cette manière, quel en aurait été le résultat?

Prenons-y garde, cher lecteur. Ayons toujours présent à l’esprit que notre grande affaire est d’obéir et de laisser les résultats à Dieu. Il se peut qu’il trouve bon d’accorder à ses serviteurs de voir de grands résultats, comme aussi de les laisser attendre le grand jour à venir, où il n’y aura aucun danger que nous soyons enflés d’orgueil en voyant les quelques fruits de notre témoignage. Quoiqu’il en soit, notre devoir clair et simple est de suivre le sentier lumineux et rempli de bénédictions, qui nous est tracé par les commandements de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Que Dieu nous en rende capables par la grâce de son Saint Esprit! Puissions-nous demeurer attachés de tout notre cœur à la vérité de Dieu, sans nous soucier de l’opinion des hommes qui nous accuseront peut-être d’étroitesse, de bigoterie ou d’intolérance. Nous n’avons qu’à suivre le Seigneur!