Deutéronome

Chapitre 26

«Et quand tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage, et que tu le posséderas, et y habiteras, alors tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, que tu tireras de ton pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, et tu les mettras dans une corbeille, et tu iras au lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire habiter son nom». — Non, en un lieu qu’ils choisiraient eux-mêmes, ou d’autres pour eux. — «Et tu viendras vers le sacrificateur qu’il y aura en ces jours-là, et tu lui diras: Je déclare aujourd’hui, à l’Éternel, ton Dieu, que je suis arrivé dans le pays que l’Éternel a juré à nos pères de nous donner. Et le sacrificateur prendra la corbeille de ta main, et la posera devant l’autel de l’Éternel, ton Dieu» (vers. 1-4).

Le chapitre auquel nous sommes arrivés renferme la touchante ordonnance de la corbeille des premiers fruits. Elle nous présente des principes du plus profond intérêt, en même temps que des vérités pratiques de la plus haute importance. C’était seulement après que l’Éternel avait introduit son peuple dans la terre promise, que les fruits de ce pays pouvaient être offerts. Il fallait donc nécessairement être en Canaan, avant que les fruits de Canaan puissent être apportés à l’autel. L’adorateur pouvait dire: «Je déclare aujourd’hui à l’Éternel, ton Dieu, que je suis arrivé dans le pays que l’Éternel a juré à nos pères de nous donner».

«Je suis arrivé». Voilà le point de départ. Il ne dit pas: «Je vais arriver, j’espère, je désire parvenir»; non, mais «je suis arrivé». Il en doit toujours être ainsi. Nous devons nous savoir sauvés, avant de pouvoir offrir les fruits d’un salut connu. Nous pouvons être parfaitement sincères dans notre désir du salut et pleins de zèle dans nos efforts pour atteindre ce but, mais les efforts pour être sauvé, et les fruits d’un salut connu et dont on jouit, sont deux choses entièrement différentes. L’Israélite n’offrait pas le panier des prémices des fruits afin d’entrer dans le pays, mais parce qu’il y était réellement. «Je déclare aujourd’hui que je suis arrivé». Il n’y a ni méprise, ni question, ni doute, ni même l’expression d’une espérance à ce sujet; je suis vraiment dans le pays, et en voici les fruits.

«Et tu prendras la parole, et tu diras devant l’Éternel, ton Dieu: Mon père était un Araméen qui périssait, et il descendit en Égypte avec peu de gens, et il y séjourna, et y devint une nation grande, forte, et nombreuse. Et les Égyptiens nous maltraitèrent, et nous humilièrent, et nous imposèrent un dur service; et nous criâmes à l’Éternel, le Dieu de nos pères, et l’Éternel entendit notre cri, et vit notre humiliation, et notre labeur, et notre oppression; et l’Éternel nous fit sortir d’Égypte à main forte, et à bras étendu, et avec une grande terreur, et avec des signes et des prodiges; et il nous a fait entrer dans ce lieu-ci, et nous a donné ce pays, pays ruisselant de lait et de miel. Et maintenant, voici, j’ai apporté les prémices du fruit de la terre que tu m’as donnée, ô Éternel! Et tu les poseras devant l’Éternel, ton Dieu, et tu te prosterneras devant l’Éternel, ton Dieu. Et tu te réjouiras de tout le bien que l’Éternel, ton Dieu, t’aura donné, et à ta maison, toi et le Lévite et l’étranger qui est au milieu de toi».

Il y a ici une belle image du culte: «Un Araméen qui périssait». Telle était leur origine. Il n’y avait pas lieu de se vanter pour ce qui touchait la nature; et dans quelle condition la grâce les avait-elle trouvés? Dans la dure servitude du pays d’Égypte, gémissant au milieu des fours à briques, sous le fouet des exacteurs de Pharaon. Mais alors «nous criâmes à l’Éternel». Là était leur sûre ressource. Ils ne pouvaient faire plus que de crier, mais c’était assez. Ce cri de leur impuissance monta droit au trône et au cœur de Dieu, et l’amena au milieu même des fours à briques d’Égypte. Écoutez les paroles de grâce de l’Éternel à Moïse: «J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs; car je connais ses douleurs. Et je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, un pays ruisselant de lait et de miel… Et maintenant, voici, le cri des fils d’Israël est venu jusqu’à moi; et j’ai aussi vu l’oppression dont les Égyptiens les oppriment» (Ex. 3:7-9).

Telle fut la réponse immédiate de l’Éternel au cri de son peuple: «Je suis descendu pour le délivrer». Oui, béni soit son nom, il descendit dans sa grâce libre et souveraine, pour délivrer son peuple, et aucune puissance des hommes ou des démons, de la terre ou de l’enfer, ne put les retenir un instant de plus que le moment fixé pour cette délivrance. C’est pourquoi, dans notre chapitre, nous avons le grand résultat présenté dans les paroles de l’adorateur et les fruits de sa corbeille. «Je suis arrivé dans le pays que l’Éternel a juré à nos pères de nous donner… Et maintenant, voici, j’ai apporté les prémices du fruit de la terre que tu m’as donnée, ô Éternel!» L’Éternel avait tout accompli, selon l’amour qui était dans son cœur, et selon la fidélité de sa parole. Il n’y manquait pas un iota. «Je suis arrivé». Et «j’ai apporté les prémices du fruit». De quel fruit? De l’Égypte? Non, mais «de la terre que tu m’as donnée, ô Éternel!» La bouche de l’adorateur proclamait la perfection de l’œuvre de l’Éternel; la corbeille de l’adorateur contenait les fruits de la terre de l’Éternel; rien ne pouvait être plus simple et plus réel. Il n’y avait pas lieu à un doute, ni à une question. Il n’avait qu’à déclarer ce que l’Éternel avait fait et à montrer les fruits. Tout était de Dieu du commencement à la fin. C’est Lui qui les avait fait sortir d’Égypte et amenés en Canaan; qui avait rempli leurs corbeilles des fruits savoureux de son pays et leurs cœurs de sa louange.

Et maintenant, bien-aimé lecteur, nous vous le demandons, croyez-vous que c’était de la présomption de la part de l’Israélite de s’exprimer comme il le faisait? Était-ce juste, était-ce de l’humilité pour lui de dire: «Je suis arrivé?» Aurait-il été plus convenable pour lui de se borner à exprimer le faible espoir de parvenir une fois ou l’autre? Est-ce que le doute et l’hésitation quant à sa position et à sa portion eussent honoré davantage le Dieu d’Israël et lui eussent été plus agréables? Quelle réponse ferez-vous? Il se peut que, voyant venir notre argument, vous disiez qu’il n’y a pas ici d’analogie. Mais pourquoi pas? Si un Israélite pouvait dire: «Je suis arrivé dans le pays que l’Éternel a juré à nos pères de nous donner», pourquoi le croyant ne peut-il pas dire maintenant: «Je suis venu à Jésus?» Il est vrai que, dans l’un des cas, c’était la vue, dans l’autre, c’est la foi. Mais l’un est-il moins réel que l’autre? L’apôtre ne dit-il pas aux Hébreux: «Vous êtes venus à la montagne de Sion?» Et encore: «Recevant un royaume inébranlable, retenons la grâce par laquelle nous servions Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte?» Si nous avons des doutes quant à être «venus», ou quant à avoir «reçu le royaume», alors il est impossible de rendre culte en vérité, ou de servir d’une manière agréable. C’est lorsque nous avons la possession paisible et consciente de notre place et de notre portion en Christ, que notre culte peut en réalité monter au trône céleste, et que nous pouvons servir d’une manière effective ici-bas dans le champ spirituel.

Car, nous le demandons, qu’est-ce que le vrai culte? C’est simplement déclarer, en la présence de Dieu, ce qu’il est et ce qu’il a fait. C’est le cœur s’occupant de Dieu, faisant ses délices de Lui et de toutes ses merveilleuses dispensations. Si donc nous ne connaissons pas Dieu et ne croyons pas à ce qu’il a fait, comment pouvons-nous Lui rendre culte? «Il faut que celui qui s’approche de Dieu, croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent». Mais connaître Dieu, c’est la vie éternelle. Je ne puis adorer Dieu, si je ne le connais pas, et je ne puis le connaître sans avoir la vie éternelle. Les Athéniens avaient élevé un autel «au Dieu inconnu», et Paul leur dit qu’ils adoraient dans l’ignorance, et leur annonce le vrai Dieu, révélé dans la personne et dans l’œuvre de l’Homme Christ Jésus.

Il est de toute importance d’être au clair là-dessus. Il faut connaître Dieu avant de pouvoir l’adorer. On peut le chercher et, comme «en tâtonnant», s’efforcer de le trouver, mais chercher quelqu’un que je n’ai pas encore trouvé et adorer Celui que j’ai trouvé et que j’aime, sont deux choses totalement différentes. Dieu s’est révélé à nous, béni soit son nom! Il nous a donné la lumière de la connaissance de sa gloire dans la face de Jésus Christ. Il s’est approché de nous en la personne de ce précieux Sauveur, de sorte que nous pouvons le connaître, l’aimer, nous confier en Lui, nous réjouir en Lui, et avoir recours à Lui dans notre faiblesse et dans tous nos besoins. Nous n’avons plus à le chercher en tâtonnant dans les ténèbres de la nature, ni dans les brouillards d’une fausse religion sous ses milliers de formes; non, notre Dieu s’est fait connaître par une révélation si évidente que nul ne peut s’y tromper. Le chrétien peut dire: «Je sais qui j’ai cru». Voilà la base de tout vrai culte. Il peut y avoir beaucoup de formes de piété charnelle, de religion extérieure, de cérémonies routinières, sans un seul atome de vrai culte spirituel. Celui-ci ne découle que de la connaissance de Dieu.

Mais notre objet n’est pas de faire une dissertation sur le culte; nous avons simplement essayé de donner à nos lecteurs la signification de la belle ordonnance de l’offrande des prémices des fruits. Nous avons montré que le culte était la première chose pour un Israélite qui se trouvait en possession du pays, et que nous aussi, maintenant, nous devons connaître notre place et nos privilèges en Christ, avant de pouvoir adorer le Père d’une manière vraie et intelligente.

Un autre résultat important et pratique se voit dans notre chapitre, c’est celui de la bienfaisance active.

«Quand tu auras achevé de lever toute la dîme de ta récolte, dans la troisième année, qui est l’année de la dîme, tu la donneras au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve; et ils la mangeront dans tes portes et seront rassasiés. Et tu diras devant l’Éternel, ton Dieu: J’ai emporté de ma maison les choses saintes, et je les ai aussi données au Lévite, et à l’étranger, à l’orphelin, et à la veuve, selon tout ton commandement que tu m’as commandé; je n’ai transgressé aucun de tes commandements, ni ne les ai oubliés» (vers. 12-13).

Rien de plus beau que l’ordre moral de ces choses. C’est celui que nous retrouvons en Héb. 13: «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom.» Voilà le culte. «Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices». Voilà la bienfaisance active. En les unissant, nous avons ce que nous pouvons appeler le côté supérieur et le côté inférieur du caractère du chrétien — louer Dieu et faire du bien aux hommes. Précieux caractères! Puissions-nous les manifester plus fidèlement! Une chose est certaine, c’est qu’ils vont toujours ensemble. Qu’on nous montre un homme dont le cœur est rempli d’adoration envers Dieu, et on verra que le cœur de cet homme est aussi rempli de sympathie pour toutes les formes de la misère humaine. Il se peut qu’il ne possède pas de richesses selon le monde. Il se peut qu’il soit obligé de dire comme autrefois l’apôtre, qui n’en avait pas honte: «Je n’ai ni argent, ni or», mais il aura les larmes de la sympathie, le regard affectueux, la parole de consolation, et ces choses font plus de bien à un cœur sensible que de voir une bourse ouverte et que le bruit des pièces d’or et d’argent. Notre adorable Seigneur et Maître, notre grand Modèle, «allait de lieu en lieu faisant du bien», mais nous ne lisons nulle part qu’il donnât jamais de l’argent à qui que ce fût; de plus, nous avons tout lieu de croire qu’il ne posséda jamais même un denier. Lorsqu’il voulut répondre aux Hérodiens au sujet du paiement du tribut à César, il fut obligé de leur dire de lui apporter une pièce de monnaie; et quand on lui demandait de payer le tribut, il envoie Pierre le chercher dans la mer. Il ne portait jamais d’argent sur Lui, et certainement l’argent n’est jamais nommé dans la liste des dons qu’il conférait à ses serviteurs. Cependant il allait de lieu en lieu, faisant du bien, et nous devons faire de même dans notre faible mesure; c’est à la fois notre devoir et notre grand privilège.

Remarquez l’ordre divin exposé en Héb. 13, et dont le type se trouve en Deut. 26. Le culte a la première, la plus haute place, ne l’oublions jamais. Nous pourrions nous imaginer dans notre prétendue sagesse ou notre sentimentalité, que la bienfaisance, l’activité pour le bien, la philanthropie, devraient occuper le premier rang. Il n’en est pas ainsi. «Celui qui sacrifie la louange me glorifie» (Ps. 50:23). Dieu se tient au milieu des louanges de son peuple. Il aime à s’entourer de cœurs remplis, jusqu’à déborder, du sentiment de sa bonté, de sa grandeur et de sa gloire. C’est pourquoi, nous devons offrir «sans cesse» le sacrifice de louange à Dieu. De même aussi le psalmiste dit: «Je bénirai l’Éternel en tout temps; sa louange sera continuellement dans ma bouche» (Ps. 34:2). Ce n’est point seulement de temps en temps, ou lorsque tout va bien autour de nous; non, mais «en tout temps» — «continuellement». Le fleuve d’actions de grâces doit couler sans interruption, sans qu’il y ait d’intervalles pour les murmures, les plaintes, le mécontentement, la tristesse ou le découragement. La louange et l’action de grâce doivent nous occuper sans cesse. Nous devons toujours cultiver l’esprit d’adoration. Chacune de nos aspirations devrait être un alléluia. Il en sera ainsi un jour. La louange sera notre heureux et saint service durant toute l’éternité. Quand nous ne serons plus appelés à «faire part de nos biens», qu’il n’y aura plus lieu de témoigner ou de recevoir de la sympathie, quand nous aurons dit adieu à cette scène de douleurs, de peines, de mort et de désolation, alors nous louerons notre Dieu à jamais, sans obstacle, ni interruption, en haut, dans le sanctuaire, en sa présence.

«Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens». L’apôtre fait cette recommandation d’une manière particulièrement intéressante. Il ne dit pas: «Mais n’oubliez pas d’offrir le sacrifice de louanges». Non, mais de peur que, dans la pleine et heureuse jouissance de notre position et de notre part en Christ, nous n’oubliions que nous passons ici-bas à travers une scène de besoins, de misères, d’épreuves et de tribulations, il ajoute l’exhortation si salutaire et si urgente, d’exercer la bienfaisance et de faire part des biens. L’Israélite spirituel devait non seulement se réjouir de tous les biens que l’Éternel lui avait donnés, mais aussi se souvenir du Lévite, de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve; c’est-à-dire de celui qui n’a aucune portion terrestre, et est entièrement dévoué à l’œuvre du Seigneur, et de ceux qui n’ont pas de foyer, de protecteur naturel ou de demeure fixe ici-bas. — Il doit toujours en être ainsi; le riche courant de grâce qui coule du sein de Dieu, remplit nos cœurs et déborde au dehors, rafraîchissant et réjouissant toute la sphère où nous agissons. Si nous vivions constamment dans la jouissance de ce qui nous appartient en Dieu, chacun de nos actes et de nos mouvements, chacune de nos paroles, nos regards même, feraient du bien. Selon la pensée divine, le chrétien devrait habituellement avoir une de ses mains élevées vers Dieu, Lui présentant le sacrifice de louanges, et l’autre main remplie des fruits d’une bienveillance véritable envers tous les nécessiteux.

Ô bien-aimé lecteur! qu’il nous soit donné de peser sérieusement ces choses, d’y appliquer réellement nos cœurs, et de chercher une réalisation plus entière et une expression plus vraie de ces deux principales branches du christianisme pratique.

Jetons maintenant un coup d’œil rapide sur le troisième point du chapitre qui nous occupe. L’Israélite, ayant présenté sa corbeille et distribué ses dîmes, disait: «Je n’ai pas mangé de ces choses dans mon affliction, et je n’en ai rien emporté quand j’étais impur, et n’en ai point donné pour un mort; j’ai écouté la voix de l’Éternel, mon Dieu j’ai fait selon tout ce que tu m’as commandé. Regarde de ta sainte demeure, des cieux, et bénis ton peuple Israël et la terre que tu nous as donnée, comme tu avais juré à nos pères, un pays ruisselant de lait et de miel. Aujourd’hui l’Éternel, ton Dieu, te commande de pratiquer ces statuts et ces ordonnances; et tu les garderas et tu les feras de tout ton cœur et de toute ton âme. Tu as fait promettre aujourd’hui à l’Éternel qu’il sera ton Dieu, pour que tu marches dans ses voies, et que tu gardes ses statuts, et ses commandements, et ses ordonnances, et que tu écoutes sa voix; et l’Éternel t’a fait promettre aujourd’hui que tu seras pour lui un peuple qui lui appartienne en propre, comme il t’a dit, et que tu garderas tous ses commandements, pour qu’il te place très haut en louange et en renommée et en beauté, au-dessus de toutes les nations qu’il a faites; et que tu seras un peuple saint, consacré à l’Éternel, ton Dieu, comme il l’a dit» (vers. 14-19).

Nous avons ici la sainteté personnelle, la sanctification pratique, et une entière, séparation d’avec tout ce qui ne convenait pas au lieu saint et à la relation dans laquelle Israël avait été introduit par la grâce souveraine et la miséricorde de Dieu. Il ne peut y avoir là ni deuil, ni souillure, ni œuvres mortes. Nous n’avons ni place, ni loisir pour de telles choses; elles n’appartiennent pas à cette heureuse sphère dans laquelle nous avons le privilège de vivre, de nous mouvoir, et où nous sommes. Nous avons trois choses à faire élever nos regards vers Dieu et offrir le sacrifice de louanges, — regarder autour de nous dans ce monde de misère, et y faire du bien, — regarder dans le cercle de notre propre être, notre vie intérieure, et chercher, par la grâce, à nous conserver sans souillure. «Le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, de se conserver pur du monde» (Jac. 1:27). Ainsi, soit que nous écoutions Moïse au chapitre 26 du Deutéronome, Paul au chapitre 13 des Hébreux, ou Jacques dans son épître, si sainement pratique et utile, c’est le même Esprit qui nous parle et nous donne les mêmes instructions, — instructions d’une valeur inexprimable et d’une immense importance morale, particulièrement dans ces jours de profession relâchée où les doctrines de la grâce sont saisies et retenues par l’intelligence seulement et unies à toute sorte de mondanité et de relâchement.

Nous avons certainement un besoin urgent qu’il y ait au milieu de nous un ministère plus puissant et plus pratique. Il y a dans notre ministère un manque fâcheux de l’élément pastoral et prophétique. Par élément prophétique, nous entendons ce caractère du ministère qui agit sur la conscience et amène l’âme dans la présence immédiate de Dieu. Cela est extrêmement nécessaire. Il y a dans le ministère beaucoup pour l’intelligence; mais malheureusement trop peu pour le cœur et pour la conscience. Le docteur parle à l’intelligence; le prophète parle à la conscience1; le pasteur parle au cœur. Nous parlons d’une manière générale, cela va sans dire. Il peut arriver que les trois éléments se rencontrent dans le ministère du même homme, mais ils sont distincts; et nous avons le sentiment que si les dons de prophète et de pasteur manquent dans une assemblée, les docteurs devraient supplier le Seigneur d’accorder la puissance spirituelle nécessaire pour agir sur les cœurs et sur les consciences des siens. Béni soit son nom, il a par devers Lui toutes les ressources nécessaires de grâce et de puissance pour ses serviteurs. Tout ce que nous avons à faire, c’est de nous attendre à Lui, en toute sincérité de cœur, avec une réelle sollicitude, et certainement il nous pourvoira de toute la grâce et de la capacité morale nécessaires pour tout service auquel nous pourrions être appelés dans son Église.

1 Un grand nombre de personnes ont l’idée qu’un prophète est quelqu’un qui prédit les événements à venir; mais ce serait une erreur de limiter ainsi la signification du mot. 1 Cor. 14:28-32, nous fait connaître ce que veulent dire les expressions «prophète» et «prophétiser». Le docteur et le prophète sont étroitement liés. Le docteur démontre la vérité d’après la parole de Dieu; le prophète l’applique à la conscience; et, nous pouvons ajouter, le pasteur voit comment ce double ministère agit sur le cœur et dans la vie pratique.

Oh! puissent tous les serviteurs de Dieu être animés d’un zèle plus profond et plus ardent dans les divers services de son œuvre! Puissions-nous «insister en temps et hors de temps» (2 Tim. 4:2), et ne nous laisser en aucune manière décourager par l’état de choses qui nous entoure, mais plutôt considérer cet état même comme une raison d’autant plus forte d’être plus entièrement dévoués!