Deutéronome

Chapitre 15

«Au bout de sept ans, tu feras relâche. Et c’est ici la manière du relâche: tout créancier relâchera sa main du prêt qu’il aura fait à son prochain; il ne l’exigera pas de son prochain ou de son frère, car on aura proclamé le relâche de l’Éternel. Tu l’exigeras de l’étranger; mais ta main relâchera ce que ton frère aura de ce qui t’appartient, sauf quand il n’y aura point de pauvre au milieu de toi; car l’Éternel te bénira abondamment dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage pour le posséder, pourvu seulement que tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel, ton Dieu, pour prendre garde à pratiquer tout ce commandement que je te commande aujourd’hui. Car l’Éternel, ton Dieu, te bénira, comme il t’a dit; et tu prêteras sur gage à beaucoup de nations, mais toi tu n’emprunteras pas sur gage; et tu domineras sur beaucoup de nations, et elles ne domineront pas sur toi» (versets 1-6).

Combien il est édifiant de voir la manière dont le Dieu d’Israël cherchait toujours à attirer à Lui le cœur de son peuple par le moyen des sacrifices, des solennités et des institutions variées du rituel lévitique. Il y avait l’agneau offert soir et matin, chaque jour; il y avait le saint sabbat, chaque semaine; la nouvelle lune, chaque mois; il y avait la pâque, chaque année; les dîmes tous les trois ans; l’année de relâche, tous les sept ans; et enfin le jubilé, tous les cinquante ans.

Tout cela est du plus profond intérêt, a pour nous une précieuse signification, et enseigne à nos cœurs une précieuse leçon. L’agneau du matin et du soir, nous le savons, représentait «l’Agneau de pour Dieu qui ôte le péché du monde». Le sabbat est le type du repos qui reste pour le peuple de Dieu. La nouvelle lune préfigure d’une manière admirable le temps où Israël restauré reflétera les rayons du Soleil de justice sur les nations. La pâque était le mémorial perpétuel de la délivrance d’Israël de la servitude d’Égypte. L’année des dîmes représentait le fait de la possession du pays par l’Éternel, ainsi que la manière touchante dont son revenu devait être employé à subvenir aux besoins de ses ouvriers et de ses pauvres. L’année sabbatique était la promesse d’un heureux temps où toutes les dettes seraient éteintes, où l’on serait libéré des emprunts et débarrassé de tout fardeau. Enfin, le jubilé était le type magnifique du temps du rétablissement de toutes choses, où le captif sera rendu libre, où l’exilé rentrera dans son foyer longtemps abandonné, et où le pays d’Israël et la terre entière se réjouiront sous le gouvernement bienfaisant du Fils de David.

De toutes ces institutions ressortent deux traits principaux et caractéristiques, savoir la gloire de Dieu, et la bénédiction de l’homme. Ces deux choses sont unies ensemble par un lien divin et — éternel. Dieu a tout ordonné, de manière à ce que sa gloire et la bénédiction de sa créature fussent liées ensemble indissolublement, vérité qui procure une joie profonde à nos cœurs, et nous aide à comprendre mieux la force et la beauté de cette parole bien connue: «Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu» (Romains 5:2). Lorsque cette gloire brillera dans toute sa splendeur, alors assurément, les bénédictions, le repos et la félicité atteindront leur plein et éternel développement.

Nous voyons un beau type et une figure de cet heureux moment dans la septième année. C’était «le relâche de l’Éternel», dont l’influence bénie était sentie par chaque pauvre débiteur, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba. L’Éternel accordait à son peuple l’immense privilège d’avoir communion avec Lui, en faisant chanter de joie le pauvre débiteur. Il voulait enseigner à celui qui désirait l’apprendre, la profonde bénédiction qu’il y a à pardonner tout, sans réserve. C’est ce en quoi Lui-même prend plaisir, béni soit à jamais son nom grand et glorieux!

Mais hélas! le pauvre cœur humain n’est pas à la hauteur de ces choses; il n’est pas pleinement préparé à marcher dans ce chemin céleste, il est malheureusement empêché par un misérable égoïsme, de saisir et de pratiquer le principe divin de la grâce; la chair ne se sent pas tout à fait à l’aise dans cette atmosphère céleste, elle n’est pas propre à être le vase et le canal de cette grâce royale qui brillé avec tant de splendeur dans toutes les voies de Dieu. Cela n’explique que trop bien les exhortations renfermées dans les versets suivants: «Quand il y aura au milieu de toi un pauvre, quelqu’un de tes frères, dans l’une de tes portes, dans ton pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, tu n’endurciras pas ton cœur, et tu ne fermeras pas ta main à ton frère pauvre; mais tu lui ouvriras libéralement ta main, et tu lui prêteras sur gage, assez pour le besoin dans lequel il se trouve. Prends garde à toi, de peur qu’il n’y ait dans ton cœur quelque pensée de Bélial, et que tu ne dises: La septième année approche, l’année de relâche, et que ton œil ne soit méchant contre ton frère pauvre, et que tu ne lui donnes pas, et qu’il ne crie contre toi à l’Éternel, et qu’il n’y ait du péché en toi. Tu lui donneras libéralement, et ton cœur ne sera pas triste quand tu lui donneras; car à cause de cela l’Éternel, ton Dieu, te bénira dans toute ton œuvre, et dans tout ce à quoi tu mettras la main. Car le pauvre ne manquera pas au milieu du pays; c’est pourquoi je te commande, disant: Tu ouvriras libéralement ta main à ton frère, à ton affligé et à ton pauvre, dans ton pays» (vers. 7-11).

Les sources profondes de l’égoïsme de nos pauvres cœurs sont ici mises à découvert et jugées. Il n’y a rien de tel que la grâce, pour manifester les racines cachées du mal dans la nature humaine. L’homme doit être renouvelé dans les profondeurs les plus intimes de son être moral, avant de pouvoir devenir le vase de l’amour divin; et, même, ceux qui sont ainsi renouvelés par la grâce ont à veiller continuellement contre les formes hideuses d’égoïsme dont notre nature déchue se revêt. La grâce seule peut maintenir le cœur ouvert à tous les besoins qui peuvent se présenter chez l’homme. Il est nécessaire que nous demeurions bien près des fontaines de l’amour céleste, pour devenir des canaux de bénédiction au milieu de la scène de misère et de désolation dans laquelle nous sommes appelés à vivre.

Combien sont belles ces paroles: «Tu ouvriras libéralement ta main!» Elles respirent l’air même du ciel. Un cœur ouvert et une main généreuse sont de Dieu. «Dieu aime celui qui donne joyeusement» (2 Cor. 9:7). Dieu donne à tous libéralement et ne fait pas de reproches (Jac. 1:5). Et il veut bien nous accorder le privilège d’être ses imitateurs. Merveilleuse grâce, dont la pensée seule remplit le cœur d’admiration, d’amour et de louange. Nous ne sommes pas seulement sauvés par grâce, mais nous demeurons dans la grâce, nous en respirons l’atmosphère même, et sommes appelés à être la manifestation vivante de cette grâce, non seulement pour nos frères, mais pour toute la famille humaine. «Ainsi donc, comme nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi» (Gal. 6:10).

Lecteur chrétien! appliquons-nous diligemment à retenir dans nos cœurs ces enseignements divins. Nous n’en goûterons la valeur réelle qu’en les pratiquant. La misère humaine, les douleurs, les nécessités se présentent à nous sous mille formes diverses; partout nous voyons des cœurs brisés, des esprits abattus, des foyers vides. Chaque jour, dans nos allées et venues, nous rencontrons la veuve, l’orphelin et l’étranger. Comment nous comportons-nous à l’égard de tous ces souffrants? Nos cœurs restent-ils froids et insensibles envers eux? Leur fermons-nous nos mains? Ou bien cherchons-nous à agir dans l’esprit de miséricorde de l’Éternel, qui donnait «l’année de relâche?» Rappelons-nous que nous sommes appelés à réfléchir la nature et le caractère de Dieu, et à être directement les canaux de communication entre le cœur plein d’amour de notre Père et tous les besoins de l’homme. Nous ne devons pas vivre pour nous-mêmes; ce serait le plus triste démenti donné aux principes et aux traits moraux de ce christianisme glorieux que nous professons. C’est notre saint et grand privilège, oui, c’est notre mission spéciale, de répandre autour de nous la lumière bénie du ciel auquel nous appartenons. Où que nous soyons, dans le cercle de la famille, aux champs, au marché, à la fabrique ou au comptoir, partout, ceux qui sont en contact avec nous devraient voir la grâce de Jésus briller dans nos actes, nos paroles, nos regards mêmes. Et si alors se présente à nous quelque besoin, quelque souffrance à soulager, si nous ne pouvons autre chose, donnons au moins un mot consolant, une larme ou un soupir de vraie sympathie à celui qui souffre.

Lecteur, en est-il ainsi de nous? Vivons-nous assez près de la source de cet amour divin, et respirons-nous l’air même du ciel, de telle sorte que le précieux parfum en soit répandu tout autour de nous? Ou bien manifestons-nous l’odieux égoïsme de notre nature, le caractère et les dispositions impies de notre humanité déchue et corrompue? Quel objet difforme qu’un chrétien égoïste! il est une contradiction constante, un mensonge vivant. Le christianisme qu’il professe ne fait que mettre en relief l’affreux égoïsme qui gouverne son cœur et se montre dans ses actes.

Que le Seigneur veuille accorder à tous ceux qui ont la profession et le nom de chrétiens, de se conduire de telle manière dans la vie journalière qu’ils soient une épître sans tache de Christ, connue et lue de tous les hommes! De cette manière, l’incrédulité sera privée d’un de ses plus puissants arguments, d’une de ses objections les plus graves. Rien ne fournit un prétexte plus plausible à l’incrédulité que la vie inconséquente des chrétiens.

Ce n’est pas qu’une excuse pareille puisse avoir la moindre valeur devant le tribunal de Christ; car quiconque aura eu à sa portée les Saintes Écritures sera jugé d’après elles, n’y eût-il pas un seul chrétien conséquent sur toute la surface de la terre. Néanmoins, les chrétiens sont responsables de faire luire leur lumière devant les hommes, en sorte qu’ils voient leurs bonnes œuvres et qu’ils glorifient notre Père qui est dans les cieux (voyez Matt. 5:16). Notre vie de chaque jour doit être comme un exposé et un exemple des principes célestes que la parole de Dieu nous enseigne, de telle façon que l’incrédule n’ait pas le moindre prétexte à mettre en avant.

Puissions-nous prendre ces choses à cœur! Nous pourrons alors bénir Dieu pour cette méditation sur la belle institution du «relâche de l’Éternel».

Nous citerons maintenant le passage concernant le serviteur hébreu. Nous sentons toujours davantage combien il est important de présenter le langage même du Saint Esprit. Bien que nous pussions renvoyer le lecteur à sa Bible, nous savons que souvent on éprouve une certaine répugnance à interrompre sa lecture pour chercher les passages indiqués; d’ailleurs il n’y a rien de tel que la parole de Dieu, et le but des quelques remarques que nous offrons, est simplement d’aider le lecteur chrétien à comprendre et à apprécier les Écritures que nous citons.

«Si ton frère, un Hébreu, homme ou femme, t’a été vendu, il te servira six ans, et, la septième année tu le renverras libre de chez toi. Et quand tu le renverras libre de chez toi, tu ne le renverras pas à vide. Tu lui donneras libéralement de ton menu bétail, et de ton aire, et de ta cuve; tu lui donneras de ce en quoi l’Éternel, ton Dieu, t’aura béni» (vers. 12-14).

Avec quelle beauté ressort ici la grâce ineffable de notre Dieu! Il ne veut pas qu’on laisse aller le frère à vide. La liberté et la pauvreté ne seraient pas en harmonie morale. Le frère devait être renvoyé libre et comblé, émancipé et doté non seulement de sa liberté, mais d’une fortune à lui.

Cela est vraiment divin; il n’est pas nécessaire de dire à quelle école s’enseigne une morale aussi exquise. Elle porte le cachet même du ciel, et exhale le parfum du paradis de Dieu. N’est-ce pas ainsi que Dieu a agi envers nous? Toute louange en soit à son nom glorieux! Non seulement il nous a donné la vie et la liberté, mais il pourvoit à tout ce dont nous pouvons avoir besoin pour le temps présent et pour l’éternité. Il nous a ouvert les trésors inépuisables du ciel; il a donné son Fils bien-aimé pour nous et à nous; pour nous, afin de nous sauver, et à nous, pour nous rendre heureux; il nous a donné tout ce qui appartient à la vie et à la piété; tout ce dont nous avons besoin pour la vie présente et pour celle qui est à venir nous est abondamment et parfaitement dispensé par la main libérale de notre Père céleste.

N’est-il pas profondément touchant de voir l’expression même du cœur de Dieu dans la manière dont il voulait que le serviteur hébreu fût traité? «Tu lui donneras libéralement.» Non par obligation, ni chichement, mais d’une manière digne de Dieu. Son peuple dans ses actes doit être le reflet de Lui-même; nous sommes appelés à la haute et sainte dignité d’être ses représentants moraux. C’est merveilleux, mais sa grâce infinie l’a voulu ainsi. Il ne nous a pas seulement délivrés des flammes éternelles de l’enfer, mais il nous appelle à agir pour Lui, et à Lui être semblables dans un monde qui a crucifié son Fils. Non seulement il nous a conféré cette sublime dignité, mais il nous a enrichis de manière à pouvoir la soutenir. Les ressources inépuisables du ciel sont à notre disposition. «Toutes choses sont à nous» (voyez 1 Cor. 3:22), par sa grâce infinie. Oh! puissions-nous réaliser mieux nos privilèges, et ainsi nous acquitter plus fidèlement de nos saintes responsabilités!

Le motif présenté au peuple au verset 15 de notre chapitre, est bien touchant et admirablement calculé pour réveiller ses affections et ses sympathies. «Et tu te souviendras que tu as été serviteur dans le pays d’Égypte, et que l’Éternel, ton Dieu, t’a racheté; c’est pourquoi je te commande ces choses aujourd’hui». Le souvenir de la grâce de l’Éternel qui les avait rachetés du pays d’Égypte, devait être le mobile permanent et tout-puissant de leur manière d’agir envers le frère pauvre. C’est un principe infaillible; rien de moins élevé ne pourra subsister. Si nous cherchons nos mobiles ailleurs qu’en Dieu lui-même et dans ses dispensations envers nous, ce sera bientôt fait de notre vie pratique. Ce n’est qu’autant que nous garderons devant nos cœurs la merveilleuse grâce de Dieu déployée envers nous dans la rédemption qui est dans le Christ Jésus, que nous serons capables d’exercer une vraie et active bienveillance, soit envers nos frères, soit envers ceux de dehors. De simples sentiments de compassion provenant de nos propres cœurs, ou éveillés par les chagrins, la détresse et les besoins de notre prochain, s’évanouiront bientôt. C’est dans le Dieu vivant lui-même que nous trouverons des mobiles continuels d’action.

Au verset 16, se présente le cas où un serviteur préférerait rester avec son maître: «Et s’il arrive qu’il te dise: Je ne sortirai pas de chez toi (car il t’aime, toi et ta maison, et il se trouve bien chez toi), alors tu prendras un poinçon et tu lui en perceras l’oreille contre la porte, et il sera ton serviteur pour toujours».

En comparant ce passage avec Exode 21:1-6, nous remarquerons une différence provenant, comme nous pouvions nous y attendre, du caractère distinctif de chaque livre. Dans l’Exode, le trait typique est mis en relief; dans le Deutéronome, c’est le trait moral. De là vient que, dans ce dernier livre, l’écrivain inspiré omet tout ce qui a rapport à la femme et aux enfants, comme étranger à son but, quoique si essentiel à la beauté et à la perfection du type d’Exode 21. Nous mentionnons cela simplement comme une des nombreuses preuves que le Deutéronome est loin d’être une répétition aride des livres qui précèdent. Il n’y a ni répétition d’un côté, ni contradiction de l’autre, mais une merveilleuse variété en parfait accord avec le dessein de Dieu et son but dans chaque livre. Et c’est à la confusion des écrivains incrédules, qui dans leur méprisable étroitesse et leur ignorance ont eu la témérité impie de lancer leurs traits contre cette magnifique portion des oracles de Dieu.

Dans notre chapitre, donc, nous avons l’aspect moral de cette intéressante institution. Le serviteur aimait son maître, et était heureux avec lui. Il préférait un esclavage perpétuel et la marque de cette servitude, auprès d’un maître qu’il aimait, à la liberté loin de lui avec un don de sa libéralité. Cela, naturellement, parlait en faveur du maître et de l’esclave; c’est toujours bon signe quand des relations semblables sont de longue durée, tandis qu’en thèse générale, un changement perpétuel est preuve que quelque chose ne va pas moralement. Sans doute, il y a des exceptions; et dans les relations de maître à serviteur, comme dans toutes les autres, il y a deux côtés à considérer. Il faut examiner, par exemple, si c’est le maître qui change continuellement de domestiques, ou si c’est le domestique qui change de maîtres. Dans le premier cas, les apparences seraient contre le maître; dans le second, contre le serviteur.

Le fait est que nous avons tous à nous juger à ce sujet. Ceux d’entre nous qui sont maîtres ont à considérer s’ils cherchent réellement le bien, le bonheur et l’intérêt de leurs serviteurs. Rappelons-nous, relativement à nos serviteurs, que nous avons à penser à autre chose qu’à la quantité d’ouvrage que nous pouvons tirer d’eux. Même en ayant pour principe le commun adage «vivre et laisser vivre», nous sommes tenus de chercher de toute manière, à rendre nos serviteurs heureux, à leur faire sentir qu’ils ont un foyer sous notre toit, et qu’il ne nous suffit pas d’avoir le travail de leurs mains, mais que nous désirons aussi l’affection de leurs cœurs. On demandait une fois au chef d’un très grand établissement: «Combien de cœurs employez-vous?» Il secoua la tête, et avoua avec un chagrin réel combien il y a peu de cœur dans les relations de maître à serviteur. De là, cette expression banale «employer des mains».

Mais le maître chrétien est appelé à agir d’après un principe plus élevé; il a le privilège d’être un imitateur de son maître, Christ. S’il s’en souvient, tout sera bien réglé dans ses relations avec son serviteur; il aura soin d’étudier son divin Modèle, afin de reproduire son caractère dans tous les détails de la vie pratique journalière.

Il en est de même du serviteur chrétien. Aussi bien que son maître, il doit étudier le grand exemple mis devant lui dans le sentier et le ministère du seul vrai Serviteur qui ait jamais marché sur cette terre. Il est appelé à suivre ses traces, à s’abreuver de son Esprit, à étudier sa Parole. Il est très frappant de voir que le Saint Esprit donne plus de directions aux serviteurs qu’à toutes les autres relations prises ensemble. C’est ce que le lecteur peut voir d’un coup d’œil dans les épîtres aux Éphésiens, aux Colossiens et à Tite. Le serviteur chrétien peut orner l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur, en ne détournant rien et en n’étant pas contredisant. Il peut servir le Seigneur dans les devoirs les plus ordinaires de la vie privée, d’une manière aussi efficace que l’homme appelé à parler à des milliers d’âmes sur les grandes réalités de l’éternité.

Ainsi, quand maître et serviteur sont tous deux gouvernés par des principes célestes, cherchant chacun à servir et glorifier leur seul Seigneur, ils marcheront heureusement ensemble. Le maître ne sera pas sévère, absolu, exigeant; le serviteur ne cherchera pas son propre intérêt, ne sera pas emporté, arrogant; chacun d’eux remplissant fidèlement ses devoirs respectifs, contribuera au bien-être et au bonheur de l’autre, à la paix et au bonheur de tout le cercle domestique. Plût à Dieu que dans chaque maison chrétienne sur cette terre, il y eût plus de conformité avec le modèle céleste! Alors la vérité de Dieu serait justifiée, sa Parole honorée, et son Nom glorifié dans nos relations domestiques et notre vie pratique.

Au verset 18, nous avons une parole d’avertissement qui nous révèle très fidèlement, mais avec une grande délicatesse, une des choses qui se trouvent au fond du pauvre cœur humain. «Ce ne sera pas à tes yeux chose pénible de le renvoyer libre de chez toi, car il t’a servi six ans, ce qui te vaut le double du salaire d’un mercenaire; et l’Éternel, ton Dieu, te bénira dans tout ce que tu feras».

Ces paroles sont très touchantes. Voyez comment le Dieu haut élevé condescend à plaider auprès d’un cœur d’homme, — du cœur d’un maître, — la cause de son pauvre serviteur, et établit les droits de celui-ci! C’est comme si Il demandait une faveur pour Lui-même. Il n’omet rien de ce qui peut être en faveur du serviteur, rappelant au maître la valeur de ses six années de service, et l’encourageant par la promesse d’un surcroît de bénédictions comme récompense de sa générosité. C’est d’une beauté parfaite. L’Éternel ne veut pas seulement que l’acte de générosité s’accomplisse, mais qu’il soit fait de manière à réjouir le cœur de l’esclave. Il ne pense pas seulement à l’action en elle-même, mais à la manière dont elle est faite. Nous pouvons parfois nous astreindre à faire quelque bonne action; nous agissons par devoir, et tout le temps il nous semble dur d’avoir à la faire; ainsi tout le charme de cette action est ôté. C’est la générosité du cœur qui donne à l’acte sa valeur. Nous devrions faire le bien, de manière que celui qui en est l’objet soit assuré que notre propre cœur y trouve aussi sa joie. Voici la manière divine d’agir: «Et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il quitta la dette à l’un et à l’autre» (Luc 7:42). «Il fallait faire bonne chère et se réjouir» (Luc 15:32). «Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent» (Luc 15:10). Oh! puissions-nous refléter mieux cette précieuse grâce du cœur de notre Père!

Avant de terminer nos remarques sur cet intéressant chapitre, nous en citerons le dernier paragraphe. «Tu sanctifieras à l’Éternel, ton Dieu, tout premier-né mâle qui naîtra parmi ton gros bétail ou ton menu bétail. Tu ne laboureras pas avec le premier-né de ta vache; et tu ne tondras pas le premier-né de tes brebis tu le mangeras, toi et ta maison, devant l’Éternel, ton Dieu, d’année en année, au lieu que l’Éternel aura choisi. Et s’il a un défaut corporel, s’il est boiteux ou aveugle, s’il a un mauvais défaut quelconque, tu ne le sacrifieras pas à l’Éternel, ton Dieu; tu le mangeras dans tes portes; celui qui est impur et celui qui est pur en mangeront également, comme de la gazelle et du cerf. Seulement, tu n’en mangeras pas le sang; tu le verseras sur la terre, comme de l’eau» (vers. 19-23).

On ne pouvait offrir à Dieu que ce qui était parfait, — le premier-né mâle, sans tache, figure de l’Agneau de Dieu offert sans nulle tache à Dieu, sur la croix pour nous, — fondement impérissable de notre paix, et précieuse nourriture de nos âmes en présence de Dieu. C’était la chose divine: l’assemblée se groupant autour du centre divin, faisant la fête dans la présence de Dieu, mangeant de ce qui était le type de Christ qui est, à la fois, notre sacrifice, notre centre et notre nourriture. Hommage éternel à son nom glorieux!