Deutéronome

Chapitre 14

«Vous êtes les fils de l’Éternel, votre Dieu: Vous ne vous ferez pas d’incisions, et vous ne vous ferez pas de tonsure entre les yeux, pour un mort. Car tu es un peuple saint, consacré à l’Éternel, ton Dieu, et l’Éternel t’a choisi, afin que tu sois pour lui un peuple qui lui appartienne en propre, d’entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre» (vers. 1-2).

Ce commencement du chapitre met devant nos yeux la base de tous les privilèges et de toutes les responsabilités de l’Israël de Dieu. On sait qu’il faut être dans une relation avant de pouvoir connaître les affections qui s’y rapportent, ou de pouvoir remplir les devoirs qui s’y rattachent. Si un homme n’est pas père, aucun raisonnement, aucune explication ne pourra lui faire comprendre les sentiments ou les affections d’un cœur de père; mais dès le moment où il est entré dans cette relation, il sait ce qui en est.

Il en est ainsi dans les choses de Dieu. Nous ne pouvons comprendre les affections ou les devoirs d’un enfant de Dieu, jusqu’à ce que nous soyons sur ce terrain. Il nous faut être chrétiens avant de pouvoir accomplir les devoirs d’un chrétien. Même lorsque nous sommes chrétiens, ce n’est que par la grâce du Saint Esprit que nous pouvons marcher comme tels; mais il est clair que si nous ne sommes pas sur le terrain chrétien, nous ne pouvons rien savoir des affections ou des devoirs du chrétien.

Or c’est évidemment la prérogative de Dieu de prescrire à ses enfants comment ils doivent se conduire, tandis qu’à eux incombe le grand privilège et la sainte responsabilité de chercher en toutes choses son approbation. «Vous êtes les fils de l’Éternel, votre Dieu. Vous ne vous ferez pas d’incisions». Ils n’étaient plus à eux-mêmes; ils Lui appartenaient, c’est pourquoi ils n’avaient pas le droit de se faire aucune incision ou de se défigurer pour les morts. Dans son orgueil et sa volonté propre, l’homme naturel pourrait dire: «Pourquoi ne pouvons-nous pas faire comme les autres? Quel mal peut-il y avoir à nous faire des incisions ou à nous raser entre les yeux? C’est seulement l’expression de notre douleur, un témoignage d’affection donné à de bien-aimés défunts assurément il ne saurait y avoir rien de moralement mauvais là-dedans».

À cela il n’y avait qu’une réponse simple, mais concluante: «Vous êtes les fils de l’Éternel, votre Dieu». Ce fait change tout. Les pauvres gentils, ignorants et incirconcis, pouvaient se défigurer, en tant qu’ils ne connaissaient pas Dieu, et n’étaient pas en relation avec Lui; mais quant à Israël, ils étaient sur le terrain saint et élevé de proximité avec Dieu, et ce fait devait donner le ton et le caractère à toutes leurs habitudes. Ce n’était pas pour devenir enfants de Dieu qu’ils étaient appelés à s’abstenir de certaines coutumes ou habitudes, ou à en adopter d’autres. Qu’aurait été, comme l’on dit, commencer par la fin, mais étant ses enfants, leur devoir était d’agir comme tels.

«Tu es un peuple saint, consacré à l’Éternel, ton Dieu». Il n’est pas dit: Vous devriez être un peuple saint. Comment auraient-ils jamais pu être par eux-mêmes un peuple saint, précieux à l’Éternel? Impossible. S’ils n’étaient pas son peuple, aucun effort venant d’eux-mêmes n’aurait jamais pu les rendre tels; mais Dieu, dans sa grâce souveraine, conformément à son alliance avec leurs pères, les avait faits ses enfants, un peuple particulier d’entre toutes les nations qui étaient sur la terre. Telle était la base solide de l’édifice moral d’Israël. Toutes leurs habitudes, leurs usages, leurs actes, leur nourriture, leurs vêtements, tout ce qu’ils faisaient, tout ce dont ils s’abstenaient, devait découler du grand fait qui ne provenait pas plus d’eux que leur naissance naturelle, savoir, qu’ils étaient de fait les enfants de l’Éternel, leur Dieu, le peuple de son choix, un peuple qui était sa propriété spéciale.

Or c’est un immense privilège d’avoir l’Éternel si près de nous, et s’intéressant ainsi à toutes nos habitudes et toutes nos voies.

Sans doute, pour l’homme naturel qui ne connaît pas le Seigneur et n’est pas en relation avec Lui, la seule idée de sa sainte présence, la pensée d’être si près de Lui, serait intolérable. Mais pour tout vrai croyant, pour celui qui aime réellement Dieu, il est infiniment précieux de penser qu’il est si près de nous, et de savoir qu’il s’intéresse aux moindres détails de notre vie, qu’il s’occupe de nous de nuit comme de jour, endormis ou éveillés, à la maison ou au dehors; en un mot, que sa sollicitude pour nous surpasse celle de la plus tendre mère pour son nourrisson.

Tout cela est merveilleux, et assurément, si nous le réalisions plus pleinement, notre vie serait toute différente et notre témoignage tout autre. Quel saint privilège, quelle précieuse réalité de savoir que le Seigneur, dans son amour, nous suit constamment dans notre sentier et que son œil veille sur nous dans toutes nos occupations. Que ce sentiment devienne une puissance vivante dans le cœur de chaque enfant de Dieu!

Depuis le verset 3 jusqu’au verset 20, nous avons la loi relative aux bêtes nettes et aux impures. Les principes qui s’y rapportent ont déjà attiré notre attention dans le chapitre 11 du Lévitique1. Mais il y a une différence très importante entre ces deux portions des Écritures. Dans le Lévitique, les instructions sont données premièrement à Moïse et à Aaron, tandis que dans le Deutéronome, elles sont données directement au peuple. Cela caractérise parfaitement les deux livres. Le Lévitique peut être appelé le guide du sacrificateur; dans le Deutéronome, au contraire, les sacrificateurs sont laissés à l’arrière-plan; le peuple occupe la première place. On le voit clairement dans tout le livre, de sorte qu’il n’y a pas le moindre fondement à l’assertion qui prétend que le Deutéronome n’est qu’une répétition du Lévitique. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Chaque livre a son sujet propre, son but spécial, son œuvre à lui. Toute personne qui étudie diligemment les Écritures, reconnaît cette vérité avec bonheur. Les incrédules sont volontairement aveugles; ils ne peuvent rien voir.

1 Nous prions le lecteur de voir dans nos «Notes sur le Lévitique», chap. 11, ce que nous croyons être le sens scripturaire des versets 4-20 de notre chapitre.

Au verset 21 de notre chapitre, la distinction entre l’Israël de Dieu et l’étranger est présentée d’une manière frappante: «Vous ne mangerez d’aucun corps mort; tu le donneras à l’étranger qui est dans tes portes, et il le mangera; ou tu le vendras au forain; car tu es un peuple saint, consacré à l’Éternel, ton Dieu». Le grand fait de la relation d’Israël avec l’Éternel, les séparait entièrement de toutes les nations qui sont sous le soleil. Ce n’était pas qu’ils fussent en eux-mêmes le moins du monde meilleurs ou plus saints que les autres; mais l’Éternel était saint, et ils étaient son peuple: «Soyez saints, car moi je suis saint».

Les gens du monde ont souvent l’idée que les chrétiens sont très pharisiens en se séparant des autres, et refusant de prendre part aux plaisirs et aux amusements du monde; mais en réalité ils ne comprennent pas la question. Le fait est que lorsqu’un chrétien participe aux vanités et aux folies d’un monde de péché, c’est comme si un Israélite avait mangé quelque bête morte d’elle-même. Dieu soit loué, le chrétien a pour se nourrir quelque chose de meilleur que les pauvres choses mortes de ce monde. Il a le pain vivant qui est descendu du ciel, la vraie manne; et non seulement cela, mais il mange «du crû du pays de Canaan» (Josué 5:12), type de l’Homme ressuscité et glorifié dans les cieux. Le pauvre mondain inconverti ne connaît absolument rien de ces choses si précieuses; il se nourrit de ce que le monde peut lui offrir. La question n’est pas si les choses sont bonnes ou mauvaises en elles-mêmes, car personne n’aurait jamais songé au mal qu’il peut y avoir à manger quelque animal mort de lui-même, si Dieu n’avait dit qu’il ne fallait pas le faire.

C’est le point important pour nous. On ne peut s’attendre à ce que le monde voie ou sente comme nous, touchant ce qui est bien ou mal; c’est notre affaire de considérer les choses à un point de vue divin. Beaucoup de choses qu’un mondain peut faire sans inconséquence, ne pourraient pas même être touchées par un chrétien, et cela parce qu’il est chrétien. La question que le vrai croyant doit se faire chaque fois qu’une chose se présente devant lui est simplement: «Puis-je faire ceci à la gloire de Dieu? Le nom de Christ peut-il y être associé?» Si non, il ne doit pas y toucher.

En un mot, le mobile et la pierre de touche en toute occasion pour le chrétien, c’est Christ. Cela rend tout très simple. Au lieu de se demander si telle ou telle chose s’accorde avec notre profession, nos principes, notre caractère ou notre réputation, nous avons à nous demander: Est-ce que cela s’accorde avec Christ? Tout ce qui est indigne de Christ est indigne d’un chrétien. Cela bien compris deviendra une règle pratique applicable à mille détails. Si le cœur est franchement à Christ, si nous marchons selon les instincts de la nature divine, fortifiés par l’action de l’Esprit, et guidés par l’autorité des Saintes Écritures, touchant ce qui est bien ou mal, ces questions ne nous troubleront pas dans notre vie journalière.

Avant de citer au lecteur les beaux versets qui terminent le chapitre, nous désirons attirer son attention sur la dernière partie du verset 21: «Tu ne cuiras pas le chevreau dans le lait de sa mère». Le fait que cette prescription est donnée en trois endroits différents, prouve qu’elle a un intérêt spécial et une importance pratique. Que signifie-t-elle? Quelle instruction devons-nous en tirer? Nous croyons que ce passage nous enseigne très clairement que le peuple du Seigneur doit éviter soigneusement tout ce qui est contraire à la nature. Or, c’était évidemment agir contrairement à la nature de faire cuire un animal dans ce qui était destiné à le nourrir. La parole de Dieu attache partout une grande importance à ce qui est selon la nature, à ce qui est convenable. «La nature même ne vous enseigne-t-elle pas?» (1 Cor. 11:14) dit l’apôtre inspiré à l’assemblée de Corinthe.

Il y a dans la nature certains sentiments et certains instincts que le Créateur y a placés et qu’il ne faut jamais outrager. On peut poser en principe qu’aucun acte faisant violence aux susceptibilités propres à la nature, ne peut être de Dieu. L’Esprit de Dieu peut souvent nous conduire au delà et au-dessus de la nature, mais jamais contre elle.

Voyons maintenant les derniers versets de notre chapitre qui renferment quelques instructions particulièrement pratiques. «Tu dîmeras exactement tout le rapport de ta semence, que ton champ produira chaque année. Et tu mangeras devant l’Éternel, ton Dieu, au lieu qu’il aura choisi pour y faire habiter son nom, la dîme de ton froment, de ton moût, et de ton huile, et les premiers-nés de ton gros et de ton menu bétail, afin que tu apprennes à craindre toujours l’Éternel, ton Dieu. Et si le chemin est trop long pour toi, de sorte que tu ne puisses les transporter, parce que le lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y mettre son nom, sera trop éloigné de toi, parce que l’Éternel, ton Dieu, t’aura béni: alors tu les donneras pour de l’argent, et, tu serreras l’argent dans ta main, et tu iras au lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi; et tu donneras l’argent pour tout ce que ton âme désirera, pour du gros ou du menu bétail, ou pour du vin ou pour des boissons fortes, pour tout ce que ton âme te demandera, et tu le mangeras là, devant l’Éternel, ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta maison. Et tu ne délaisseras pas le Lévite qui est dans tes portes, car il n’a point de part ni d’héritage avec toi. — Au bout de trois ans, tu mettras à part toute la dîme de ta récolte de cette année-là, et tu la déposeras dans tes portes. Et le Lévite, qui n’a point de part ni d’héritage avec toi, et l’étranger, et l’orphelin, et la veuve, qui seront dans tes portes, viendront, et ils mangeront et seront rassasiés; afin que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans tout l’ouvrage de ta main que tu fais» (vers. 22-29).

Ce passage, profondément intéressant, est d’une haute importance, en ce qu’il place devant nous, avec une grande simplicité, la base, le centre et les traits pratiques de la religion nationale et domestique d’Israël. Le grand fondement du culte d’Israël était le fait que soit eux, soit leur pays, appartenait à l’Éternel. Le pays était à Lui, ils n’en étaient que les tenanciers. Ils étaient appelés à rendre périodiquement témoignage à cette précieuse vérité, en donnant fidèlement la dîme de ce que produisait leur pays. «Tu dîmeras exactement tout le rapport de ta semence, que ton champ produira chaque année» (vers. 22).

Ils reconnaissaient ainsi, d’une manière pratique, les droits de l’Éternel comme possesseur de la terre, et ne devaient jamais perdre de vue qu’ils n’avaient aucun autre maître que l’Éternel, leur Dieu. Tout ce qu’ils étaient et tout ce qu’ils avaient Lui appartenait. Tel était le solide fondement de leur culte national, — de leur religion.

Le centre de leur culte est indiqué tout aussi clairement. Ils devaient se rassembler au lieu que l’Éternel avait choisi pour y mettre son nom. Précieux privilège, pour tous ceux qui aimaient vraiment ce glorieux Nom! Nous voyons dans ce passage, comme aussi dans plusieurs autres portions de la parole de Dieu, quelle importance Dieu attachait aux rassemblements périodiques de son peuple autour de Lui-même. Il prenait plaisir à voir son peuple bien-aimé assemblé en sa présence, heureux en Lui, et les uns et les autres, se réjouissant ensemble dans leur lot commun, et se nourrissant dans une douce et fraternelle communion, du fruit du pays de l’Éternel. «Tu mangeras devant l’Éternel, ton Dieu, au lieu qu’il aura choisi pour y faire habiter son nom, la dîme de ton froment,… afin que tu apprennes à craindre toujours l’Éternel, ton Dieu» (vers. 23).

C’était le seul lieu de rassemblement pour tous les Israélites sincères, pour tous ceux qui aimaient vraiment l’Éternel. Tous ceux-là prenaient plaisir à venir en foule dans le lieu béni où ce nom révéré était invoqué. Ceux qui ne connaissaient pas le Dieu d’Israël, et ne se souciaient pas de Lui, pouvaient trouver étrange de voir ce peuple parcourir souvent une longue distance, pour apporter ses dîmes dans un lieu particulier. Quelqu’un demandera peut-être à quoi cela servait et pourquoi ne pas manger ces dîmes à la maison? Mais cela montrerait simplement l’ignorance de la chose, et l’entière incapacité d’en apprécier la valeur. La grande raison morale pour l’Israël de Dieu de voyager ainsi jusqu’à la place désignée, se trouvait dans cette glorieuse devise: Jéhovah-Shamma, «l’Éternel est là». Si un Israélite avait décidé de propos délibéré de rester chez lui, ou d’aller à quelque endroit de son propre choix, il n’aurait rencontré là ni l’Éternel, ni ses frères, et aurait ainsi dû prendre seul son repas. Une telle conduite aurait attiré un jugement de la part de Dieu; c’eût été une abomination. Il n’y avait qu’un seul centre, choisi non par l’homme, mais par Dieu lui-même. L’impie Jéroboam, pour servir ses vues politiques et égoïstes, eut la présomption de contrevenir au commandement divin et plaça des veaux d’or à Béthel et à Dan; mais le culte offert en ces endroits, l’était aux démons et non pas à Dieu. C’était un acte audacieux de méchanceté qui fit tomber sur lui et sur sa maison le juste jugement de Dieu; et nous voyons plus tard, dans l’histoire d’Israël, que faire comme «Jéroboam, fils de Nebath», caractérise l’iniquité de tous les méchants rois.

Quant à tous les Israélites fidèles, on était sûr de les trouver réunis autour du centre divin et nulle part ailleurs. On ne les aurait pas entendu présenter toutes sortes d’excuses pour rester chez eux; on ne les aurait pas vus courant ici et là, à des endroits de leur propre choix ou de celui des autres; non, vous les auriez trouvés rassemblés là où l’Éternel avait mis son nom et là seulement. Était-ce par étroitesse ou bigoterie? Non, c’était par crainte de Dieu et par amour pour Lui. Du moment que l’Éternel avait désigné un lieu où il voulait rencontrer son peuple, assurément son peuple devait s’y rendre.

Non seulement il avait désigné un lieu, mais dans sa bonté infinie, il avait pourvu aux moyens de rendre ce lieu aussi accessible que possible pour son peuple d’adorateurs, comme nous le voyons ici: «Et si le chemin est trop long pour toi, de sorte que tu ne puisses les transporter, parce que le lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y mettre son nom, sera trop éloigné de toi, parce que l’Éternel, ton Dieu, t’aura béni alors tu les donneras pour de l’argent, et tu serreras l’argent dans ta main, et tu iras au lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi… Et tu le mangeras là, devant l’Éternel, ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta maison» (vers. 24-26).

Cela est d’une grande beauté. L’Éternel, dans ses tendres soins et sa sollicitude, tenait compte de tout; il ne voulait pas laisser la moindre difficulté sur le chemin de son peuple, quand il s’agissait de son rassemblement autour de Lui. Il trouvait sa joie à voir son peuple racheté, heureux en sa présence; et tous ceux qui aimaient son nom, répondaient avec délices au désir de son cœur en se rassemblant autour de ce centre divin.

Un Israélite qui aurait négligé l’occasion bénie de se réunir avec ses frères, au lieu et au moment désignés par l’Éternel, aurait prouvé qu’il n’avait pas de cœur pour Dieu ni pour son peuple, ou ce qui était pire, qu’il restait volontairement absent. Il aurait pu prétendre qu’il était heureux chez lui, heureux ailleurs, mais ç’aurait été un faux bonheur, puisqu’il se serait trouvé dans un sentier de négligence volontaire à l’égard de ce que Dieu avait établi.

Tout cela est rempli d’instructions précieuses pour l’Église de Dieu! La volonté de Dieu, maintenant non moins qu’alors, est que son peuple se réunisse en sa présence, sur un terrain et autour d’un centre, que Lui-même a indiqués. C’est ce qui ne saurait être mis en question par quiconque possède une étincelle de lumière divine dans son âme. Les instincts de la nature divine en nous, la direction de l’Esprit Saint, et les enseignements des Saintes Écritures, tout conduit le peuple de Dieu à se rassembler pour l’adoration, la communion et l’édification. Quoique les dispensations de Dieu puissent différer, il y a certains grands principes et certains traits caractéristiques qui demeurent toujours; et le rassemblement de nous-mêmes est assurément de ce nombre. Que ce soit sous l’ancienne ou sous la nouvelle économie, le rassemblement du peuple de l’Éternel est d’institution divine. Or cela étant, ce n’est pas de notre bonheur, de notre jouissance qu’il s’agit en aucune manière, quoique nous sachions bien que tous les vrais chrétiens seront heureux de se trouver à la place que Dieu leur a désignée. Il y a toujours joie profonde et bénédiction dans l’assemblée du peuple de Dieu.

Il est impossible de ne pas être réellement heureux, lorsque nous sommes réunis en la présence du Seigneur. C’est le ciel sur la terre pour les bien-aimés de l’Éternel, pour ceux qui aiment son nom, sa personne, pour ceux qui s’aiment l’un l’autre, que d’être réunis ensemble autour de sa table, autour de Lui-même. Quel bonheur plus grand peut-il y avoir que de rompre le pain ensemble, en commémoration de notre bien-aimé et adorable Sauveur; d’annoncer sa mort jusqu’à ce qu’il vienne; de faire monter dans un saint concert nos actions de grâces et nos louanges à Dieu et à l’Agneau; nous édifiant, nous exhortant et nous consolant l’un l’autre, selon les dons et la grâce qui nous sont dispensés par la Tête ressuscitée et glorifiée de l’Église; de répandre nos cœurs dans une douce communion, en prières, en supplications, en intercessions pour tous les hommes, pour les rois et toutes les autorités, pour toute la maison de la foi, l’Église de Dieu, le corps de Christ, pour l’œuvre du Seigneur, et ses ouvriers sur toute la terre?

Où y aurait-il un vrai chrétien, dans un bon état d’âme, qui ne prendrait tout son plaisir en ce que nous venons de mentionner, et ne dirait du fond de son cœur qu’il n’y a rien de comparable de ce côté-ci de la gloire?

Mais, je le répète, il ne s’agit pas de notre bonheur; c’est une chose toute secondaire. En ceci, comme en toute autre chose, nous devons être guidés par la volonté de Dieu, telle qu’elle est révélée dans sa sainte Parole. La question pour nous est simplement celle-ci: Est-il selon la pensée de Dieu que ses enfants se rassemblent pour le culte et l’édification commune? S’il en est ainsi, malheur à tous ceux qui, pour une raison quelconque, refusent de propos délibéré, ou négligent par indifférence de le faire; non seulement il y a une grande perte pour leurs âmes, mais ils déshonorent Dieu, contristent son Esprit et font injure à l’assemblée de son peuple.

Ce sont là des choses très importantes et qui demandent l’attention sérieuse de tous ceux qui appartiennent au Seigneur. C’est assurément la volonté de Dieu que les siens se réunissent en sa présence. Nous sommes exhortés, dans le chapitre 10 de l’épître aux Hébreux, à ne pas abandonner le rassemblement de nous-mêmes. Une valeur, un intérêt et une importance particulière se rattachent à l’assemblée. La vérité qui s’y rapporte commence à luire pour nous dans les premières pages du Nouveau Testament. Ainsi, dans Matt. 18:20, nous lisons ces paroles de notre Seigneur: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux». Nous avons ici le centre divin «Mon nom». Cela répond au «lieu que l’Éternel choisira pour y placer son nom», paroles si constamment répétées et sur lesquelles il est tant insisté dans le livre du Deutéronome. Il était absolument nécessaire qu’Israël se réunît en cet unique lieu. Nulle alternative n’était laissée au peuple. C’était «le lieu que l’Éternel, ton Dieu, choisira», et aucun autre.

Il n’en est pas autrement pour l’Église de Dieu. Il ne s’agit pas de choix humain, ni d’un jugement ou d’une opinion d’homme. Tout est divin. Le terrain de notre rassemblement est divin, car c’est la rédemption accomplie. Le centre autour duquel nous sommes rassemblés est divin, car c’est le nom de Jésus. La puissance par laquelle nous sommes rassemblés est divine, car c’est le Saint Esprit, et l’autorité sous laquelle notre rassemblement s’effectue est divin, car c’est la parole de Dieu.

Tout cela est aussi clair que précieux, et tous nous avons besoin de simplicité de foi pour accepter cette vérité et agir en conséquence. Raisonner nous conduit dans l’obscurité; écouter les opinions humaines, c’est se plonger dans une perplexité désespérante entre toutes les sectes et les partis en lutte dans la chrétienté. Notre seul refuge, notre seule ressource, notre seule force, notre seule autorité, c’est la précieuse parole de Dieu. Ôtez-la, et nous n’avons absolument rien. Donnez-nous ce trésor, et plus rien ne nous manque.

La vérité quant à notre rassemblement est aussi claire, aussi simple et aussi incontestable que la vérité concernant notre salut. C’est le privilège de tous les chrétiens d’être aussi sûrs qu’ils sont rassemblés sur le terrain de Dieu, autour du centre de Dieu, par la puissance de Dieu, et sous l’autorité de Dieu, qu’ils le sont d’être compris dans le cercle béni du salut de Dieu.

Si l’on demande comment nous pouvons être assurés d’être autour du centre de Dieu, nous répondrons simplement: par la parole de Dieu. Comment Israël pouvait-il avoir une certitude quant à l’endroit choisi de Dieu, pour qu’ils s’y rassemblassent. Par son commandement précis. Manquaient-ils de directions? Non certes; sa Parole était aussi claire et aussi distincte quant au lieu de leur culte que par rapport à tout autre chose. Il n’y avait lieu à aucune incertitude. La chose était placée si clairement devant eux, que la mettre en question n’aurait pu être que le fait de l’ignorance ou d’une désobéissance positive.

Les chrétiens seraient-ils donc moins bien instruits qu’Israël quant au lieu où ils ont à adorer, quant au centre et au terrain de leur rassemblement? Sommes-nous laissés dans le doute ou l’incertitude quant à cette question? Chacun peut-il la décider suivant ce qui lui semble le mieux? Dieu ne nous a-t-il donné aucune instruction positive et définie sur un sujet aussi important? Pourrions-nous croire un seul instant que Celui qui, dans sa grande miséricorde, a condescendu jusqu’à donner à son peuple d’autrefois des directions touchant des choses que, dans notre prétendue sagesse, nous jugerions indignes d’être mentionnées, que ce Dieu laisserait maintenant son Église sans une direction précise quant au terrain, au centre et aux traits caractéristiques du culte à Lui rendre? C’est tout à fait impossible. Toute âme spirituelle doit rejeter avec décision et énergie une semblable pensée.

Non, bien-aimé lecteur chrétien, vous savez que notre Dieu, plein de grâce, ne saurait agir ainsi avec son peuple céleste. Il est vrai qu’il n’existe actuellement aucun lieu particulier désigné, pour que tous les chrétiens s’y rendent périodiquement afin d’y adorer. Il y avait un tel lieu pour le peuple terrestre, et il y en aura un plus tard pour Israël rétabli dans sa terre, et pour les nations: «Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l’Éternel sera établie sur le sommet des montagnes, et sera élevée au-dessus des collines; et toutes les nations y afflueront et beaucoup de peuples iront, et diront: Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l’Éternel» (Ésaïe 2:2-3). Et encore: «Et il arrivera que tous ceux qui resteront de toutes les nations qui seront venues contre Jérusalem, monteront d’année en année pour se prosterner devant le roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles. Et il arrivera que celle des familles de la terre qui ne montera pas à Jérusalem pour se prosterner devant le roi, l’Éternel des armées,… sur celle-là, il n’y aura pas de pluie» (Zach. 14:16-17).

Voici deux passages tirés, l’un du premier, l’autre de l’avant-dernier des prophètes divinement inspirés, nous reportant par avance au temps glorieux où Jérusalem sera le centre choisi de Dieu pour Israël et pour toutes les nations. Et nous pouvons affirmer en toute confiance, que le lecteur trouvera tous les prophètes d’accord et en pleine harmonie avec Ésaïe et Zacharie, sur cet intéressant sujet. Appliquer de tels passages à l’Église ou au ciel, c’est faire violence aux déclarations les plus claires et les plus belles qui soient jamais parvenues à l’oreille de l’homme; c’est confondre les choses terrestres avec les célestes, et donner un démenti aux paroles des prophètes et des apôtres.

Multiplier les citations est inutile. Il est prouvé dans toute l’Écriture que Jérusalem était et sera le centre terrestre choisi de Dieu, pour son peuple et pour toutes les nations. Mais actuellement, c’est-à-dire depuis le jour de la Pentecôte où le Saint Esprit descendit pour former l’Église de Dieu, le corps de Christ, jusqu’au moment où notre Seigneur Jésus Christ descendra du ciel pour enlever les siens de la terre, il n’y a ni lieu, ni ville, ni localité sacrée, ni centre terrestre pour le peuple de Dieu. Parler aux chrétiens de lieux saints ou de terrains consacrés, leur est aussi étranger — ou au moins le devrait être — qu’il l’eût été pour un Juif d’entendre dire que son lieu de culte était le ciel.

Que le lecteur prenne le chapitre 4 de l’évangile de Jean; il y trouvera, dans le discours merveilleux de notre Seigneur avec la femme de Sichar, une précieuse instruction sur ce sujet: «La femme lui dit: Seigneur, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Jésus lui dit: Femme, crois-moi l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, vous adorez, vous ne savez quoi; nous, nous savons ce que nous adorons; car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité» (versets 19-24).

Ce passage met entièrement de côté la pensée qu’il puisse y avoir maintenant un lieu de culte spécial. «Le Très-haut n’habite point dans des demeures faites de main; selon que dit le prophète: Le ciel est mon trône, et la terre est le marchepied de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos? Ma main n’a-t-elle pas fait toutes ces choses» (Actes 7:48-50). Et encore: «Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main; et il n’est pas servi par des mains d’hommes, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et la respiration et toutes choses» (Actes 17:24-25).

L’enseignement du Nouveau Testament touchant le culte est très clair, du commencement à la fin; et le lecteur chrétien doit sérieusement y faire attention, chercher à le comprendre, et soumettre tout son être moral à son autorité. Dès les temps les plus reculés de l’histoire de l’Église, il y a toujours eu une forte et fatale tendance à retourner au judaïsme, non seulement quant à la justice devant Dieu, mais aussi quant au culte. C’est ainsi que les chrétiens ont été placés non seulement sous la loi quant à la vie et à la justice, mais aussi, jusqu’à un certain point, sous le rituel lévitique pour l’ordre et le caractère de leur culte. Nous avons traité le premier sujet dans les chapitres 4 et 5 de ces «Notes»; mais le dernier n’est pas moins important dans son effet sur l’ensemble et le caractère de la vie et de la conduite chrétiennes.

Il faut nous souvenir que le grand but de Satan est de faire déchoir l’Église de la place excellente qui lui appartient, quant à sa position, sa marche et son culte. À peine l’Église était-elle établie le jour de Pentecôte, qu’il a commencé à y introduire des principes de corruption et de ruine, et il n’a cessé durant dix-huit siècles de poursuivre son œuvre. En présence même des paroles si claires, citées plus haut, en rapport avec le caractère du culte que le Père cherche maintenant, et quant au fait que Dieu n’habite pas dans des temples faits de mains, nous avons vu dans tous les temps cette forte tendance à retourner à l’état de choses existant sous l’économie mosaïque. De là ce désir d’avoir de grands bâtiments, un rituel imposant, un ordre sacerdotal, des services splendides, des chœurs, etc., toutes choses qui sont en opposition directe avec la pensée de Christ et les enseignements les plus précis du Nouveau Testament. L’Église professante, en tout cela, s’est entièrement éloignée de l’Esprit du Seigneur et a méconnu son autorité, et cependant, chose triste et étrange à la fois, elle en appelle à ces choses comme preuves des progrès merveilleux du christianisme. Certains de ses docteurs disent même que l’apôtre Paul avait une faible idée de la grandeur que l’Église atteindrait, et que s’il voyait une de nos cathédrales avec ses vastes nefs et ses vitraux, et s’il entendait le son des orgues et les voix des chœurs, il serait surpris du changement et des progrès opérés depuis le temps où les disciples se réunissaient dans la chambre haute, à Jérusalem!1

1 Il faut se rappeler que l’auteur n’a pas seulement en vue l’église romaine dans ce passage, mais aussi ce nombreux parti que, dans l’église anglicane, on nomme les ritualistes. (Note du trad.).

Quelle séduction de l’ennemi, cher lecteur: L’Église a progressé, il est vrai, mais dans la fausse direction, pas en avant, mais en arrière, loin de Christ, loin du Père, loin de l’Esprit, loin de la Parole.

J’aimerais adresser au lecteur cette seule question: Si l’apôtre Paul arrivait ici ou ailleurs, un dimanche, où trouverait-il ce qu’il trouva en Troade en pareil jour, il y a dix-huit cents ans, comme cela nous est rapporté dans les Actes, chap. 20, vers. 7? Où trouverait-il des disciples rassemblés simplement par le Saint Esprit, au nom de Jésus, pour rompre le pain en mémoire de Lui, annonçant ainsi sa mort jusqu’à ce qu’il vienne? Tel était alors l’ordre divin, et tel il doit être maintenant. Nous ne pouvons croire que l’apôtre acceptât rien d’autre. Il chercherait seulement ce qui est selon l’ordre divin. Où donc le trouverait-il? Où pourrait-il aller et trouver la table de son Seigneur, dressée comme il l’avait commandé Lui-même, la nuit où il fut trahi?

Nous ne pouvons autrement que croire que l’apôtre Paul insisterait pour avoir la table et la cène de son Seigneur, telles qu’il l’avait reçu directement du Seigneur dans la gloire, et comme il l’a transmis par l’Esprit, dans son épître aux Corinthiens, chap. 10 et 11, — épître adressée «à tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur, et le nôtre» (1 Cor. 1:2). Nous ne pouvons croire que l’apôtre enseignât l’ordre de Dieu dans le premier siècle, et acceptât le désordre de l’homme dans le vingtième. L’homme n’a aucun droit de mêler du sien à une institution divine. Il n’a pas plus l’autorité de changer un seul iota ou un trait de lettre à ce qui se rapporte à la cène, qu’Israël ne l’avait de changer quoi que ce fût à l’ordonnance de la pâque.

Nous répétons notre question, et nous supplions le lecteur de la peser sérieusement et d’y répondre en présence de Dieu et à la lumière de sa Parole: Où l’apôtre trouverait-il cela à Londres, à Paris ou dans quel endroit que ce soit dans toute la chrétienté, le premier jour de la semaine? Où pourrait-il aller prendre place à la table de son Seigneur, dressée au milieu d’un rassemblement de disciples réunis sur le terrain d’un seul corps, autour d’un seul centre, le nom de Jésus, par la puissance du Saint Esprit et sous l’autorité de la parole de Dieu? Où trouverait-il une sphère dans laquelle il pourrait exercer ses dons sans une autorité, un appel, ou une consécration humaine? Nous posons ces questions, afin d’exercer le cœur et la conscience du lecteur. Nous sommes pleinement convaincus qu’il y a des endroits, ici et là, où Paul pourrait trouver ces choses réalisées, quoique dans la faiblesse et avec bien des manquements, et nous croyons qu’une solennelle responsabilité est imposée au lecteur chrétien de les découvrir aussi. Hélas! hélas! ils sont en petit nombre et bien disséminés en comparaison de la masse des chrétiens qui se réunissent d’une autre manière. On nous dira peut-être que si les gens savaient que c’est l’apôtre Paul, ils lui permettraient volontiers d’exercer son ministère. Mais il ne demanderait ni n’accepterait leur permission, puisqu’il nous dit clairement, au chapitre 1er des Galates, que son ministère était «non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts» (1:1).

Non seulement cela, mais nous pouvons être sûrs que l’apôtre insisterait pour que la table du Seigneur fût dressée sur le terrain divin d’un seul corps, et il ne pourrait consentir à participer à la cène du Seigneur que selon l’ordre divin tel qu’il est donné dans le Nouveau Testament. Il n’accepterait rien d’autre que la réalité divine. Il ne pourrait admettre aucune intrusion de l’homme dans une institution divine; il n’accepterait non plus aucun nouveau terrain de rassemblement, ni aucun nouveau principe d’organisation. Il répéterait ses propres paroles inspirées: «Il y a un seul corps et un seul Esprit.»; et aussi: «Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps; car nous participons tous à un seul et même pain». Ces paroles s’appliquent à «tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ»; et ces paroles sont vraies dans tous les temps de l’existence de l’Église sur la terre.

Il est important que le lecteur soit tout à fait au clair quant à cette question. Le principe de Dieu quant au rassemblement et à l’unité, ne doit à aucun prix être abandonné. Dès l’instant que les hommes commencent à organiser, à former des sociétés, des églises, ils agissent en opposition directe avec la parole de Dieu, la pensée de Christ, et l’action actuelle du Saint Esprit. L’homme pourrait tout aussi bien se mettre à former un monde qu’à former une église; c’est une œuvre essentiellement divine. Le Saint Esprit descendit le jour de la Pentecôte, pour former l’Église de Dieu, le corps de Christ; et c’est la seule Église, le seul corps que l’Esprit reconnaisse; toute autre organisation est contraire à Dieu, quelque sanctionnée et défendue qu’elle pût être par des milliers de vrais chrétiens.

Que le lecteur nous comprenne bien. Nous ne parlons pas de salut, de vie éternelle, ou de justice divine, mais du vrai terrain de rassemblement, du principe divin sur lequel la table du Seigneur doit être dressée, et la cène célébrée. Des milliers de bien-aimés enfants de Dieu ont vécu et sont morts dans la communion de l’église de Rome; et l’église de Rome n’est pas l’Église de Dieu, mais une horrible apostasie; et le sacrifice de la messe n’est pas la cène du Seigneur, mais une misérable invention du diable. Si, dans l’esprit du lecteur, la question était simplement celle-ci: Quelle somme d’erreurs peut-on sanctionner sans perdre le salut de son âme? il serait inutile de poursuivre le grand et important sujet dont nous nous occupons. Mais quel est le cœur attaché à Christ qui pourrait se contenter d’être placé sur un terrain aussi bas? Que penserait-on d’un Israélite qui, content d’être fils d’Abraham et de jouir de sa vigne, de son figuier et de ses troupeaux, n’aurait jamais eu la pensée d’aller adorer au lieu que l’Éternel avait assigné pour y invoquer son nom? Où était le fidèle Juif qui n’aimât pas ce lieu sacré? «Éternel! j’ai aimé l’habitation de ta maison, et le lieu de la demeure de ta gloire» (Ps. 26:8).

Et lorsque, à cause du péché d’Israël, le gouvernement national eut pris fin et que le peuple eut été mené en captivité, nous entendons les exilés sincères d’entre eux élevant leurs cris de lamentation dans ces paroles si touchantes et si éloquentes du Ps. 137:1-7: «Auprès des fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré quand nous nous sommes souvenus de Sion», etc.

Et encore, dans le sixième chapitre de Daniel, nous trouvons cet homme aimé de Dieu, ouvrant dans son exil, sa fenêtre du côté de Jérusalem, trois fois le jour, pour prier, quoiqu’il sût bien que la fosse aux lions serait son châtiment. Mais pourquoi se tourner ainsi du côté de Jérusalem? Était-ce par une superstition juive? Non, c’était une application magnifique du principe divin, un témoignage rendu au milieu des tristes et humiliantes conséquences de la folie et du péché d’Israël. Jérusalem, il est vrai, était en ruines; mais les pensées de Dieu concernant Jérusalem n’étaient pas en ruines; elle était toujours le centre divin, pour son peuple terrestre. «Jérusalem, qui est bâtie comme une ville bien unie ensemble en elle-même! C’est là que montent les tribus, les tribus de Jah, un témoignage à Israël, pour célébrer le nom de l’Éternel. Car là sont placés les trônes de jugement, les trônes de la maison de David. Demandez la paix de Jérusalem; ceux qui t’aiment prospéreront. Que la paix soit dans tes murs, la prospérité dans tes palais! À cause de mes frères et de mes compagnons, je dirai: Que la paix soit en toi! À cause de la maison de l’Éternel, notre Dieu, je rechercherai ton bien» (Ps. 122:3-9).

Jérusalem était le centre pour les douze tribus d’Israël, aux jours d’autrefois, et il en sera ainsi à l’avenir. Appliquer le passage ci-dessus et d’autres semblables à l’Église de Dieu maintenant, ou à son avenir sur la terre ou dans le ciel, c’est simplement mettre les choses sens dessus dessous, confondre ce qui est essentiellement différent, et ainsi faire un tort incalculable soit à l’Écriture, soit aux âmes. On ne peut se permettre de prendre des libertés aussi inexcusables avec la parole de Dieu.

Jérusalem était et sera le centre terrestre pour le peuple de Dieu; mais maintenant l’Église de Dieu ne devrait reconnaître d’autre centre que le nom infiniment précieux et glorieux de Jésus. «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux». Précieux centre! C’est celui-là seul que le Nouveau Testament montre, autour de celui-là seul que le Saint Esprit rassemble. Peu importe où nous sommes réunis, à Jérusalem, à Rome, à Londres, à Paris ou à Canton; la question n’est pas , mais comment on se rassemble.

Mais souvenons-nous que ce doit être une chose d’une réalité divine. Il ne sert à rien de professer d’être réunis au nom de Jésus, si nous ne le sommes pas réellement. Les paroles de l’apôtre au sujet de la foi, peuvent s’appliquer avec une égale force à la question de notre centre de rassemblement: «Mes frères, quel profit y a-t-il si quelqu’un dit» qu’il est réuni au nom de Jésus? (Jac. 2:14). Dieu agit par des réalités morales, et, tandis qu’il est parfaitement clair qu’un homme qui désire être vrai en Christ, ne peut absolument pas consentir à reconnaître quelque autre centre ou terrain de rassemblement que son Nom, cependant il est très possible, hélas! et combien souvent cela arrive, que des personnes font profession d’être sur ce terrain saint et béni, tandis que leur esprit, leur conduite, leurs habitudes, en un mot toute leur vie et leur caractère, prouvent qu’elles ne connaissent pas la puissance de leur profession.

L’apôtre dit aux Corinthiens: «Pas en parole, mais en puissance» (1 Cor. 4:20), paroles d’une grande importance, assurément, et bien nécessaires en tout temps, mais particulièrement utiles en rapport avec l’important sujet placé devant nous. Nous désirons ardemment placer sur la conscience du lecteur chrétien, la responsabilité où il est de considérer ce sujet dans un saint recueillement en présence du Seigneur et à la lumière du Nouveau Testament. Qu’il ne le laisse pas de côté sous prétexte que ce n’est pas une question essentielle. Au contraire, elle l’est au plus haut degré, en tant que cela concerne la gloire de Dieu et le maintien de sa vérité, et c’est la seule pierre de touche pour décider ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. Était-il essentiel pour Israël de se rassembler au lieu que Dieu avait désigné? Était-ce une chose à discuter? Chacun pouvait-il se choisir un centre pour lui-même? Pesez votre réponse à la lumière de Deut. 14. Il était absolument essentiel que l’Israël de Dieu s’assemblât autour du centre du Dieu d’Israël, cela ne peut être mis en question. Malheur à l’homme qui aurait prétendu tourner le dos au lieu où l’Éternel avait mis son nom. Il aurait bientôt été forcé de reconnaître son erreur. Et si cela était vrai pour le peuple terrestre, n’est-ce pas également vrai pour l’Église et pour le chrétien individuellement? Assurément. Nous sommes tenus par tout ce qu’il y a de plus élevé et de plus sacré, de répudier tout terrain de rassemblement, sauf celui du seul corps, tout centre excepté le nom de Jésus, toute puissance de rassemblement autre que le Saint Esprit, toute autorité de rassemblement sinon la parole de Dieu. Puissent tous les bien-aimés de Dieu, en tout lieu, être amenés à considérer ces choses dans la crainte et l’amour de son saint nom!

Nous terminerons en citant le dernier paragraphe de notre chapitre, dans lequel nous trouverons quelques enseignements très pratiques: «Au bout de trois ans, tu mettras à part toute la dîme de ta récolte de cette année-là, et tu la déposeras dans tes portes. Et le Lévite, qui n’a point de part ni d’héritage avec toi, et l’étranger, et l’orphelin, et la veuve, qui seront dans tes portes, viendront, et ils mangeront et seront rassasiés; afin que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans tout l’ouvrage de ta main, que tu fais» (vers. 28-29).

Nous avons ici une scène de famille bien touchante, qui met en lumière le caractère divin, et fait resplendir les rayons de la grâce et de la miséricorde du Dieu d’Israël. Le cœur est réjoui en respirant l’air vivifiant d’un passage comme celui-là. Quel contraste frappant avec le froid égoïsme de la scène qui nous entoure. Dieu enseignait à son peuple à penser à tous les nécessiteux et à prendre soin d’eux. Les dîmes Lui appartenaient, mais il laissait aux siens le délicieux privilège de les employer de manière à réjouir le cœur des autres.

Il y a une douceur particulière dans ces mots «viendront», «mangeront», et «seront rassasiés». Comme cela peint bien la grâce de notre Dieu! Il prend son plaisir à répondre aux besoins de tous. Il ouvre sa main, et rassasie à souhait toute créature vivante. Et non seulement cela, mais il trouve son plaisir à faire des siens les canaux à travers lesquels la grâce, la bonté et la sympathie de son cœur, découlent pour tous. Combien cela est précieux! Quel privilège d’être des donateurs de la part de Dieu, les dispensateurs de sa bonté et de sa grâce. Plût à Dieu que nous entrions plus pleinement dans les profondeurs de ces vérités! Puissions-nous respirer davantage l’atmosphère de la présence divine, et alors nous réfléchirons plus fidèlement le caractère divin!

Comme le sujet si profondément intéressant et pratique des vers. 28 et 29, nous sera présenté de nouveau dans notre étude du chap. 26, nous ne nous y arrêterons pas davantage pour le présent.